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respect des rites de purification peut être considéré comme une transgression de la loi,
entraînant une impureté morale assimilée au péché ou à une désobéissance.
Il n'y a donc pas de notion d'impureté substantielle du non-musulman, tout simplement parce
que la personne ne peut pas être essentiellement impure, de même que tout être vivant. Les
substances considérées impures comme le sang, le sperme, le corps mort, ne le sont pas non
plus substantiellement, mais le deviennent dans certains contextes notamment lorsqu’elles
causent l'impureté de la personne.
Aussi, pour l'islam la question de l'impureté des non-musulmans se pose principalement dans
le contexte de la pureté rituelle, état obtenu par des rites de purification corporelle : les
lustrations en vue du culte (prière, jeun, pèlerinage, usage(s) du Coran et de la mosquée). Les
questions de pureté du non-musulman qui se posent aux juristes découlent alors de la
préoccupation à conserver cet état cultuel, et de discerner si le contact avec le mécréant
n’entraîne pas l'annulation de cet état et de l'effet des rites accomplis : Le non-musulman
peut-il entrer dans une mosquée, toucher le coran, saluer un musulman en état de pureté
rituelle sans annuler la purification ?
Mais la question de la pureté se pose aussi dans la vie profane, puisque bien que le musulman
soit autorisé à pratiquer la commensalité et le mariage avec les non-musulmans, ces derniers
sont en contact avec des choses prohibées comme le vin et le porc ; et les épouses
scripturaires ne respectent pas les rites de purification après la menstruation par exemple. Or
le vin, le porc et le sang dans ces contextes sont non seulement absolument illicites mais
considérés impurs.
Aussi faut-il se demander comment la loi1 rend-elle possible le contact interconfessionnel tout
en prémunissant le musulman d'un contact avec l’impureté véhiculée par les non-musulmans ?
Conçoit-elle des règles spécifiques pour les non-musulmans ou bien engendre-t-elle des
obligations ou des dérogations pour les musulmans ? La loi islamique peut-elle s'appliquer
aux non-musulmans ? Devient-elle plus souple au musulman devant la nécessité du contact
interreligieux ? Dans ce contexte, la compétence juridique devrait moins viser l'établissement
de frontières ségrégatives que rendre possible la relation. Lorsqu'elle s’interroge sur les
modalités du possible, comment crée-t-elle des règlements pragmatiques qui permettent les
contacts interconfessionnels tout en tenant compte de la loi sur la pureté ?
Le Coran étant déclaré par les docteurs de la loi, la source primordiale de la loi, il se doit
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1 Nous entendons par « loi », la traduction de shar‘îa, c’est-à-dire les règlements juridiques conçus par le fiqh
(science du droit islamique) à partir notamment des Sources textuelles religieuses (nass) - Coran et Sunna – qui
contiendraient selon les juristes les principes fondateurs de ces règlements.