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La politique de l’Union européenne vis-à-vis des pays méditerranéens est ancienne mais
elle a beaucoup évolué au cours du temps. Dans les années 1960, les premières relations
euro-méditerranéennes étaient essentiellement limitées aux échanges commerciaux (Erwan
Lannon, 1999). Les années 1970 voient un premier renforcement important puisque la
Communauté européenne adopte une politique méditerranéenne plus globale ayant pour
objectif essentiel l’établissement d’une coopération financière et technique en vue du
développement économique et social avec les pays arabes de la rive Sud et Est de la
Méditerranée. Vingt années plus tard, face aux résultats décevants de la coopération avec ces
pays, les pays membres de l’Union européenne prennent enfin conscience qu’il est
indispensable de ne pas laisser s’accroître la fracture économique et sociale entre les deux
rives méditerranéennes. Dans ce contexte, la première conférence ministérielle euro-
méditerranéenne se tenant à Barcelone les 27 et 28 novembre 1995 a permis de définir le
nouveau cadre des relations euro-méditerranéennes et de lancer le processus de Barcelone
grâce à l’adoption de la Déclaration de Barcelone et de son programme de travail. Le
processus de Barcelone est à l’origine du partenariat euro-méditerranéen qui élargit le cadre
des relations politiques, économiques et sociales entre, à l’époque, les quinze Etats membres
de l’Union européenne et les douze partenaires de la rive Sud de la Méditerranée : l’Algérie,
l’Autorité palestinienne, Chypre, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la
Syrie, la Tunisie et la Turquie.
Cette initiative européenne apparaît comme une véritable innovation dans la tradition de la
coopération au développement. En effet, elle s’appuie sur le concept de partenariat. Le
partenariat est un mode de coopération actif et participatif entre les partenaires. Ce concept de
partenariat évoque des objectifs conjoints, des responsabilités partagées au niveau des
réalisations, des engagements réciproques et une obligation de rendre compte. Ce nouveau
mode de coopération a des priorités de fonctionnement quant au développement des capacités
locales, la décentralisation des interventions et la responsabilisation des partenaires
notamment par l’association au processus de développement des pouvoirs publics, de la
société civile et du secteur économique privé.
Géographiquement, l’initiative européenne est d’une nature beaucoup plus ambitieuse
qu’une simple coopération au développement puisqu’elle propose une véritable construction
régionale euro-méditerranéenne regroupant des Etats riches et industrialisés du Nord et des
Etats en développement de la rive Sud. Cette nouvelle résolution européenne repose sur
l’emblème de la mer Méditerranée. La stratégie européenne a privilégié l’image braudelienne
de la Méditerranée : « Qu’est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois. Non pas un