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Elle accentua la manifestation des tendances fondamentales et des lois du mouvement de la société
capitaliste, ses contradictions et ses antagonismes fondamentaux.
La loi de concentration et de la centralisation du capital aboutit à la formation de puissants
groupements monopolistes (cartels, syndicats, trusts), à une nouvelle forme d'entreprises géantes
combinées, liées en un seul faisceau par les banques. La fusion du capital industriel et du capital
bancaire, l'entrée de la grande propriété foncière dans le système général du capitalisme désormais
caractérisé par les monopoles, transformèrent la période du capital industriel en celle du capital
financier. La "libre concurrence" du capitalisme industriel, qui remplaça autrefois le monopole féodal
et le monopole du capital commercial, se transforma elle-même en monopole du capital financier.
Les monopoles capitalistes, issus de la libre concurrence, ne la suppriment cependant pas, mais la
dominent ou coexistent avec elle, provoquant ainsi des contradictions, des heurts et des conflits
d'une acuité et d'une gravité particulières.
L'emploi grandissant de machines compliquées, des procédés chimiques et de l'énergie électrique, la
croissance de la composition organique du capital sur cette base et la chute du taux du profit qui en
est la conséquence ─ et qui n'est enrayée qu'en partie, en faveur des plus grandes associations
monopolistes, par la politique des hauts prix des cartels ─ provoquant la continuation de la course
aux surprofits coloniaux et la lutte pour un nouveau partage du monde.
La production en masse, standardisée, exige de nouveaux débouchés extérieurs.
La demande croissante de matières premières et de combustibles provoque d'âpres rivalités pour en
accaparer les sources.
Enfin, le haut protectionnisme, empêchant l'exportation des marchandises et assurant un surprofit
au capital exporté, crée des stimulants complémentaires à l'exportation des capitaux qui devient la
forme décisive et spécifique de la liaison économique entre les différentes parties de l'économie
capitaliste mondiale.
En résumé, la possession monopolisée des débouchés coloniaux, des sources de matières premières
et des sphères d'investissements de capitaux, accroît d'une manière extrêmement rapide l'inégalité
du développement capitaliste et aggrave, entre les "grandes puissances" du capital financier, les
conflits pour un nouveau partage des colonies des sphères d'influence.
La croissance des forces productives de l'économie mondiale conduit donc à une plus grande
internationalisation de la vie économique et, en même temps, à la lutte pour un nouveau partage du
monde, déjà partagé entre les grands États du capital financier ; elle provoque aussi un changement
et une aggravation des formes de cette lutte : le remplacement de plus en plus fréquent de la
concurrence au moyen de la baisse des prix, par appel direct à la force (boycottage, haut
protectionnisme, guerres douanières, guerres au sens propre du mot, etc.).
Le capitalisme, sous sa forme monopoliste, est, par conséquent, accompagné de guerres
impérialistes inévitables, qui, par leur ampleur et la puissance destructive de la technique employée,
n'ont pas de précédent dans l'histoire du monde.
3. Les forces de l'impérialisme et les forces de la révolution
La forme impérialiste du capitalisme qui exprime la tendance à la cohésion des diverses factions de la
classe dominante, oppose les grandes masses du prolétariat non à un patron isolé, mais, de plus en
plus, à la classe entière des capitalistes et à son État.
D'autre part, cette forme de capitalisme brise les frontières des États nationaux devenues trop
étroites et élargit les cadres du pouvoir capitaliste des grandes puissances, opposant à ce pouvoir les
millions d'hommes des nationalités opprimées, des "petites" nations et des peuples coloniaux.
Enfin, cette forme de capitalisme oppose avec plus d'acuité les États impérialistes les uns aux autres.