Pourquoi étudier et faire de la philosophie - Jean

8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ?
Université de Fribourg (Suisse) Philosophie Moderne et Contemporaine
Pourquoi étudier et faire de
la philosophie ?
Quelques éléments de réflexion
>> Premier essai <<
Version 2
© Jean-Roch Lauper, Mars 2006
Yves KLEIN (1962) : « MG 8 »
8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 1
Sommaire
1. La question ............................................................................................................ 2
2. Première réponse possible .................................................................................... 3
3. Première difficulté : qu’est-ce que la philosophie ? ................................................ 3
3.1. Ignorance ou conception très floue de ce qu’est la philosophie ........................... 4
3.2. La philosophie comme l’activité du donneur de conseils (voire de leçons)
et/ou de l’homme perdu dans les nuages et autres conceptions erronées .......... 5
3.3. Conception de la philosophie admise, présupposée et défendue
dans le cadre de mon enseignement : la philosophie, une démarche
essentiellement argumentative............................................................................. 7
3.4. Autres conceptions de la philosophie .................................................................. 8
4. Deuxième difficulté : comment comprendre la question ? ..................................... 9
4.1. Pourquoi étudiez-vous et faites-vous de la philosophie ? .................................. 10
4.2. L’utilité de la philosophie ................................................................................... 11
4.3. Valeur et utilité de la philosophie ....................................................................... 12
4.4. La valeur de la philosophie ................................................................................ 14
5. La philosophie a de la valeur : Montrez-le ! ......................................................... 15
8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 2
1. La question
« Quoi ?! On paie des impôts pour ça ?!
[c'est-à-dire, pour que des personnes étudient et
fassent de la philosophie à l’université] »
(1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ?
Cette question est très fréquemment posée aux étudiants en philosophie et également aux
personnes continuant à travailler et à faire de la recherche en philosophie après leurs
études.
Parfois, cette question est une question authentique : la personne qui la pose trouve
surprenant ou incompréhensible que l’on puisse consacrer du temps et de l’énergie afin
d’étudier et de faire de la philosophie, mais pose sérieusement et sincèrement cette question
en pensant que, puisqu’il existe des gens qui consacrent du temps et de l’énergie afin
d’étudier et de faire de la philosophie, il doit finalement y avoir une réponse satisfaisante à
cette question.
Lorsqu’elle est posée, cette question est également parfois, voire souvent, une « fausse »
question, une question non-authentique : les personnes qui la posent, la posent en pensant
d’ores et déjà posséder la réponse : il n’y a aucune raison valable d’étudier et de faire de la
philosophie. En effet, ces personnes pensent en général quelque chose qui peut être
présenté de la manière suivante :
(2) [après flexion et observation] La philosophie (et donc, étudier et faire de la
philosophie) ne sert à rien.
Puisque (2), alors :
(3) La philosophie (et donc, étudier et faire de la philosophie) n’a aucune valeur.
Et donc :
(4) [de (3)] Il n’y a aucune raison valable d’étudier et de faire de la philosophie.
Par conséquent :
(5) [de (4)] Toute ponse qui peut être donnée à (1) sera insatisfaisante.
Et : (6) [de (4)] L’étude et la pratique de la philosophie est quelque chose qui ne
devrait pas être fait et qui devrait même être évité autant que faire se peut.
Ajoutons également que, la personne qui pose non-authentiquement cette question le fait
parfois avec une intention claire de dénigrement et/ou de mépris.
La question (1) est souvent posée à une personne se consacrant à la pratique de la
philosophie. Cependant, l’intérêt, la pertinence et l’importance de cette question dépassent
ces situations. En effet, au-delà de ces situations où un tiers la questionne, une personne
faisant de la philosophie ne peut normalement pas écarter cette question et la traiter comme
8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 3
une chose sans importance. Ainsi, l’étudiant ou le « professionnel » de la philosophie ne
peut pas ne pas sentir une urgence : une urgence de trouver, avant tout pour lui-même, mais
également pour les autres, une réponse satisfaisante à cette question.
Dans les lignes qui suivent, je ne prétends, ni donner la réponse à cette question (que je
trouve aussi difficile qu’importante), ni fournir une réponse qui serait complètement
satisfaisante et définitive. Je souhaite simplement partager avec le lecteur de ce document et
soumettre à son esprit critique quelques éléments de réflexions qui, je l’espère, nourriront
quelque peu sa propre flexion.
2. Première réponse possible
La première réponse qui peut être donnée à la question (1) est une réponse qui peut partre
naïve, voire un peu « simplette », ou également une boutade :
« Il faut étudier la philosophie pour pouvoir répondre à la question (1). »
« J’étudie la philosophie afin de pouvoir répondre à la question (1). »
Nous laisserons de côté cette réponse car elle laissera généralement (peut-être à tort ?)
insatisfaite la personne posant ou se posant la question (1).
3. Première difficulté : qu’est-ce que la
philosophie ?
(1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ?
Afin de répondre à cette question de manière satisfaisante, il semble qu’il faille tout d’abord
répondre à la question suivante :
(7) Qu’est-ce que la philosophie ?
En effet, comment peut-on chercher à répondre à la question (1) tant que l’on ne sait pas ce
qu’est la philosophie ?
8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 4
Cependant, la question (7) est elle-même une question philosophique problématique et il
n’existe (donc) pas parmi les philosophes eux-mêmes un consensus concernant la réponse
qui devrait y être done. Ainsi, on pourrait dire :
Pour le moment la question (1) ne peut pas être traitée. En effet, afin de pouvoir le faire, il
faudrait d’abord répondre à la question (7) qui n’a, pour le moment, pas reçu de réponse
définitive et satisfaisante. De ce fait, la question (1) doit, pour le moment, rester en suspens.
Néanmoins, une telle réponse est, à plus d’un titre, insatisfaisante : insatisfaisante pour celui
qui se pose à lui-même la question (1) et qui ressent un besoin, une urgence d’y répondre,
aussi bien que pour celui qui doute fortement de la valeur et de l’utilité de la philosophie et
qui ne se trouve, par une telle réponse, que conforter dans ses doutes.
Il est peut-être vrai que pour répondre de manière véritablement satisfaisante à la question
(1), il faudrait déjà avoir répondu à (7). Cependant, afin de chercher tout de même à
répondre à la question (1) et d’éviter l’ « écueil » exprimé par la réponse que nous venons de
considérer, nous pouvons affirmer, plus modestement, que, afin de répondre à (1), il faut
d’abord que nous intéressions à :
(8) Qu’est-ce qu’une personne qui pose la question (1) pourquoi étudier et faire
de la philosophie ? ») entend généralement par le terme « philosophie » ?
Une chose est sûre, toute personne qui pose la question (1) n’entend pas forcément le terme
« philosophie » de la même manière. Ainsi, une première chose à faire, lorsqu’une personne
vous demande « pourquoi étudier et faire de la philosophie ? », est de lui demander ce
qu’elle entend par « philosophie », ce qu’est la philosophie selon et pour elle (Cela est aussi
valable pour vous-mêmes : si vous vous demandez « pourquoi étudier et faire de la
philosophie ? », la première chose à faire est de vous demander ce que vous entendez par
ce terme, ce qu’est la philosophie pour vous). Parmi les choses qu’une personne qui pose la
question (1) peut entendre par le terme « philosophie », j’aimerais retenir et examiner les
possibilités suivantes :
3.1. Ignorance ou conception très floue de ce qu’est la philosophie.
3.2. La philosophie comme l’activité du donneur de conseils (voire de leçons) et/ou
de l’homme perdu dans les nuages et autres conceptions erronées.
3.3. La philosophie une démarche essentiellement argumentative
3.4. Autres conceptions de la philosophie
3.1. Ignorance ou conception très floue de ce qu’est la philosophie
La personne qui pose la question (1) à une personne étudiant ou faisant de la philosophie
peut n’avoir pratiquement aucune idée de ce qu’est la philosophie. Cela est tout de même
très fréquemment le cas, puisque beaucoup de personnes n’ont eu ni la chance de connaître
cette discipline dans le cadre de leurs études, ni l’occasion et/ou l’envie de s’intéresser de
plus prêt à cette discipline par eux-mêmes. Le plus fréquemment, une telle personne
possède alors une conception très lacunaire et assez floue de ce qu’est la philosophie : cette
conception repose alors essentiellement sur l’usage du mot « philosophie » dans différentes
expressions courantes telles que :
« Il faut savoir prendre la vie avec philosophie. »
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