
pas un risque qu’un jour ou l’autre, les
travailleurs les moins en forme soient
sanctionnés d’une façon ou d’une autre?
Les entreprises, de leur côté, se défen-
dent de poursuivre un quelconque objec-
tif «caché» derrière ces programmes.
Toutes les sociétés contactées dans le
cadre de ce dossier nous ont affirmé
qu’elles n’étaient pas intéressées par les
données privées de leur personnel. «Nous
ne collectons pas les données de manière
individuelle. Tous les trois mois, nous
extrayons simplement le chiffre global
du nombre de kilomètres parcourus par
l’ensemble des participants», explique
Siviglia Berto.
Que ce soient les entreprises elles-
mêmes ou les intermédiaires comme
Energy Lab, tous indiquent collecter des
données globalisées et anonymisées. Reste
que dans certains cas, les données se font
plus précises, notamment quand il s’agit
d’un challenge par équipes comme chez
GSK. Même si le chiffre individuel n’est
pas connu, l’idée même de l’action est de
créer une petite compétition, qui débou -
che forcément sur un classement.
Pour rester dans les clous légaux,
les entreprises doivent informer correc-
tement leurs travailleurs sur les objectifs
et les contours de l’action. «Lorsqu’il traite
avec des données qui peuvent être consi-
dérées comme liées à la santé du travail-
leur, l’employeur doit s’assurer qu’il
obtient le consentement éclairé de son
collaborateur. Sachant que ce consente-
ment peut être retiré à tout moment»,
pointe Thierry Vierin, associé spécialisé
en droit du travail chez Osborne Clarke.
L’avocat conseille aux entreprises de pré-
parer un document à faire signer par le
travailleur, qui lui indique précisément
quelles données sont collectées, comment
elles seront traitées, à quelles fins, et qui
pourra y avoir accès. Cela permettra de
dissiper les craintes légitimes que peu-
vent avoir les travailleurs vis-à-vis de ce
genre d’outil, qui ne pourra en aucun cas
être imposé à ses collaborateurs, mais pro-
posé sur une base volontaire.
ligne Siviglia Berto (Delta Lloyd). Nous
avons réalisé cette année plus de 500 tests
permettant aux collaborateurs et aux cour-
tiers faisant partie de notre réseau de vente
d’évaluer leur condition physique. Nous
proposons des cours de pilates, de nata-
tion, de course à pied et de spinning. Nous
motivons aussi le personnel à participer
à des événements comme les 10 miles
d’Anvers. Toutes ces actions créent un
état d’esprit positif au sein des équipes.»
Des données très personnelles
Les objectifs en termes de bien-être et de
motivation du personnel peuvent facile-
ment être partagés et acceptés par les col-
laborateurs. En témoignent les propor-
tions plutôt significatives d’employés qui
participent à ces programmes. Cela n’em-
pêche pas que ceux-ci soulèvent des ques-
tions importantes en matière de respect
de la vie privée. Si mon employeur col-
lecte toutes ces données personnelles
concernant mon état de forme et mon
activité physique, cela ne va-t-il pas un
jour se retourner contre moi? N’y a-t-il
champions de l’activité physique: bons
d’achat pour des box repas Hello Fresh,
massages des pieds, workshop pour des
conseils santé, etc. Chez l’assureur Delta
Lloyd, on est allé un cran plus loin. Si les
participants atteignent ensemble l’ob-
jectif établi en termes de nombre de pas,
tous les travailleurs accèdent à un bonus
collectif. «Ce n’est pas lié à la performance
individuelle. Personne n’est obligé de par-
ticiper, tout se fait sur une base volon-
taire. Mais le résultat profite à tout le
monde», explique Siviglia Berto, events
and sponsoring expert chez Delta Lloyd.
Dans l’entreprise, une centaine de per-
sonnes (sur 450 environ) sont équipées
d’un bracelet connecté et participent quo-
tidiennement à ce programme.
La collecte de données sportives ou
d’activité physique via des wearables fait
toujours partie d’une action plus large
visant à améliorer le bien-être au travail
via la pratique du sport. Pour éviter que
l’objectif de pas ne semble inatteignable
au travailleur, l’entreprise doit aussi pro-
poser des possibilités concrètes de faire
de l’exercice pendant la journée de tra-
vail. Quand on a un travail de bureau assez
statique, comme c’est souvent le cas dans
les sociétés de services, le compteur de
pas risque fort de rester bloqué. «Nous
ne forçons pas les gens à bouger. Mais
nous mettons à leur disposition une infra-
structure qui leur permet de le faire, sou-
WWW.TRENDS.BE 8 DÉCEMBRE 2016 49
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Au-delà de l’aspect ludique, certaines entreprises
ajoutent des incitants: bons d’achat pour des box
Hello Fresh, conseils santé, massages, etc.
LE PROGRAMME MOVE DE GSK
Le succès est au rendez-vous:
2.800 employés participent,
soit près d’un tiers du personnel
basé en Belgique.