Février 2016 © DG Trésor
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Le secteur bancaire au Royaume-Uni
Le secteur bancaire représente plus de 4 % du PIB du Royaume-Uni. Les grandes banques britanniques
sont dominantes sur le marché de détail mais en concurrence pour la banque d’investissement avec les
établissements étrangers installés à Londres, la City étant l’une des premières places financières au
monde. La crise financière, qui a forcé l’État à sauver de la faillite plusieurs établissements, a conduit à
une profonde réforme du système de supervision et force les banques à revoir leur modèle économique.
Un secteur majeur pour l’économie et très internationalisé
Le secteur bancaire britannique est le plus important des grands pays développés en proportion
du PIB. Le secteur financier (banques et assurances) contribuait pour 7,4 % au PIB du Royaume-Uni
en 2014, dont 4,3 % pour les banques. Selon la banque d’Angleterre, les actifs des établissements
bancaires représentaient 450 % du PIB du Royaume-Uni en 2013 (cette proportion était de 383 % en
France). Le Royaume-Uni accueille environ 250 banques étrangères (dont 150 filiales et 100
succursales) représentant plus de 50 pays. 416 600 personnes étaient employées au Royaume-Uni
dans le secteur bancaire à la fin 2014. Sur les 3 178 banquiers européens gagnant plus de un million
d’euro par an en 2013, 2 086 travaillaient au Royaume-Uni soit 66 %. Le Royaume-Uni représente
moins d’un quart du secteur financier européen en termes de valeur ajouté et d’emploi en 2013 mais il
est majoritaire sur plusieurs segments clés de marché dans l’Union Européenne, en particulier celui des
changes (78 % des transactions) et des dérivés de taux (74 %).
Le secteur bancaire est particulièrement important à Londres. La capitale concentre 36 % de la
valeur ajouté du secteur financier britannique, ce qui s’explique par l’attrait international de la place
financière de Londres. A fin 2014, 143 000 personnes sont employées dans le secteur bancaire dans
la capitale, notamment 51 000 à la City (centre historique des affaires au cœur de Londres) et 41 000 à
Canary Wharf (nouveau quartier d’affaires construit dans les anciens docklands de l’est londonien). Les
15 premières banques d’affaires emploient 70 000 employés. Près de deux tiers des employés
bancaires britanniques travaillent toutefois en dehors de Londres. Certaines banques n’hésitent pas à
délocaliser certaines activités en particulier celles de back office, hors de la capitale afin de réduire leurs
coûts. Ainsi, plus de 21 000 banquiers travaillent à Edimbourg et 12 000 à Leeds en 2014.
Les banques britanniques sont dominantes sur l’activité de détail tandis que la banque de
financement et d’investissement (BFI) est très ouverte à la concurrence internationale. Le « big
four » britannique contrôle à lui seul plus de 75 % des comptes courants des particuliers et 80 % des
comptes des entreprises. Leurs parts de marché respectives en 2013 pour les particuliers étaient de
27 % pour Lloyds, 20 % pour Royal Bank of Scotland, 18 % pour Barclays et 12 % pour HSBC. En
revanche, dans la banque de financement et d’investissement, la concurrence internationale est très
forte et les banques étrangères occupent souvent les premières places des « league tables » sur les
différents segments de marché. Les cinq plus grandes banques américaines (Goldman Sachs,
JPMorgan Chase, Bank of America, Morgan Stanley et Citigroup) ont leur siège européen à Londres et
y emploient 40 000 personnes. Plus récemment, les banques chinoises ont été autorisées par le
régulateur à ouvrir des succursales à Londres et le Royaume-Uni a été le premier pays de l’Union
Européenne à autoriser les banques islamiques (6 sont agrées par la régulateur britannique).
Un secteur profondément transformé par la crise
La crise financière de 2008 a remis en cause la régulation bancaire au Royaume-Uni et a entrainé
de profondes réformes. Le gouvernement a nationalisé Northern Rock en février 2008 puis pris une
participation majoritaire dans RBS (81 %, et encore 73 % début 2016) et minoritaire dans Lloyds (43 %,
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part tombée à 9 % début 2016). Le plan de recapitalisation du secteur financier, dont le coût s’est élevé
à 67 Md£, a profondément marqué les esprits et entrainé une réforme sans précédent du système
bancaire britannique : le régulateur unique du secteur financier (Financial Services Authority) a été
remplacé en avril 2013 par deux institutions : un superviseur des grandes banques et assureurs
(Prudential Regulation Authority, filiale de la Banque d’Angleterre) et un superviseur des marchés
financiers (Financial Conduct Authority). Sous l’impulsion du rapport Vickers publié en 2011, la loi de
réforme bancaire de décembre 2014 prévoit la séparation en 2019 des activités de détail et des activités
d’investissement des grandes banques, ce ring-fencing visant à protéger les pôts des particuliers des
risques de marché. Le régime de responsabilité des dirigeants des banques a été durci (introduction de
sanctions pénales en cas de faute grave entraînant une faillite bancaire) et leurs rémunérations
encadrées (possibilité de reprise des bonus sur une période pouvant aller jusqu’à 10 ans). Sous la
pression du superviseur, les grands établissements ont nettement renforcé leurs fonds propres : la
capitalisation moyenne des 10 principales banques britanniques est ainsi passée de 8 % fin 2008 à
12 % à la fin 2015. Enfin, la Banque d’Angleterre soumet depuis 2014 les banques à des tests de
résistance annuels pour évaluer leur solidité en cas de chocs économiques et financiers.
La toute-puissance des « big four » est remise en cause depuis la crise de 2008. Leur modèle
économique est fragilisé par les nouvelles réglementations bancaires, en particulier la mise en œuvre
de la paration bancaire et la hausse des exigences en matière de fonds propres, qui touche en
particulier les activités de marché. Elles ont faire face au coût des scandales financiers : les amendes
et provisions liés aux manipulations de l’indice Libor, à celles sur le marché des changes et aux ventes
abusives d’assurances emprunteurs (PPI) se sont élevées à 38,7 Md£ entre 2011 et 2014. Au total, les
coûts des cinq grandes banques britanniques (le « big four » et la grande banque d’investissement
Standard Chartered) ont fortement augmenté, et représentaient 69 % de leur produit net bancaire en
2014, contre 56 % en 2009. Dans ce contexte, les grandes banques procèdent à des restructurations
d’ampleur et réduisent la taille de leur bilan : baisse des effectifs et du nombre d’agences au Royaume-
Uni (le pays comptait 8 400 agences bancaires fin 2015 soit une baisse de 25% en 10 ans), recentrage
des activités sur le marché domestique (vente de filiales à l’étranger), diminution des activités de banque
d’investissement. Ce dernier développement inquiète certains acteurs, qui déplorent la domination
croissante des grandes banques d’affaires américaines sur le marché européen.
Face à la défiance du public vis-à-vis des grandes banques, les « challenger banks » rivalisent
d’offres innovantes pour gagner des parts de marché. Plusieurs nouveaux établissements sont
entrés sur le marché depuis la crise, avec le soutien des autorités qui cherchent à accroître la
concurrence. Ces « challengers banks » forment un groupe hétérogène : les banques totalement
nouvelles (Metro Bank, Aldermore ou la future banque en ligne Atom) côtoient celles qui ont acheté des
réseaux existants (Santander UK a repris d’Abbey National et Alliance & Leicester, Virgin Money a repris
Northern Rock) et les anciennes filiales des « big four » (Lloyds a se séparer de TSB et RBS va
vendre Williams & Glyn). Le transfert automatique de compte sous 7 jours a été mis en place en 2013.
En 2014, les petites banques de détail ont ainsi vu leur portefeuille de prêts augmenter de 16 % tandis
que celui des cinq plus grandes banques déclinait de 2,5 %. Toutefois, seuls 3 % des Britanniques
changent de banque chaque année et les parts de marché des « challenger banks » n’ont que
faiblement progressé sur la période récente. Les banques traditionnelles doivent en outre faire face à
la concurrence des fintech, c’est-à-dire des start-up qui utilisent les nouvelles technologies pour offrir
des services bancaires de façon plus simple et à moindre coût. Le financement participatif (crowfunding)
et le crédit communautaire (peer-to-peer lending) se sont ainsi fortement développés et représentaient
un marché de 3,2 Md£ en 2015.
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