AMBASSADE DE FRANCE AU ROYAUME-UNI
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL
part tombée à 9 % début 2016). Le plan de recapitalisation du secteur financier, dont le coût s’est élevé
à 67 Md£, a profondément marqué les esprits et entrainé une réforme sans précédent du système
bancaire britannique : le régulateur unique du secteur financier (Financial Services Authority) a été
remplacé en avril 2013 par deux institutions : un superviseur des grandes banques et assureurs
(Prudential Regulation Authority, filiale de la Banque d’Angleterre) et un superviseur des marchés
financiers (Financial Conduct Authority). Sous l’impulsion du rapport Vickers publié en 2011, la loi de
réforme bancaire de décembre 2014 prévoit la séparation en 2019 des activités de détail et des activités
d’investissement des grandes banques, ce ring-fencing visant à protéger les dépôts des particuliers des
risques de marché. Le régime de responsabilité des dirigeants des banques a été durci (introduction de
sanctions pénales en cas de faute grave entraînant une faillite bancaire) et leurs rémunérations
encadrées (possibilité de reprise des bonus sur une période pouvant aller jusqu’à 10 ans). Sous la
pression du superviseur, les grands établissements ont nettement renforcé leurs fonds propres : la
capitalisation moyenne des 10 principales banques britanniques est ainsi passée de 8 % fin 2008 à
12 % à la fin 2015. Enfin, la Banque d’Angleterre soumet depuis 2014 les banques à des tests de
résistance annuels pour évaluer leur solidité en cas de chocs économiques et financiers.
La toute-puissance des « big four » est remise en cause depuis la crise de 2008. Leur modèle
économique est fragilisé par les nouvelles réglementations bancaires, en particulier la mise en œuvre
de la séparation bancaire et la hausse des exigences en matière de fonds propres, qui touche en
particulier les activités de marché. Elles ont dû faire face au coût des scandales financiers : les amendes
et provisions liés aux manipulations de l’indice Libor, à celles sur le marché des changes et aux ventes
abusives d’assurances emprunteurs (PPI) se sont élevées à 38,7 Md£ entre 2011 et 2014. Au total, les
coûts des cinq grandes banques britanniques (le « big four » et la grande banque d’investissement
Standard Chartered) ont fortement augmenté, et représentaient 69 % de leur produit net bancaire en
2014, contre 56 % en 2009. Dans ce contexte, les grandes banques procèdent à des restructurations
d’ampleur et réduisent la taille de leur bilan : baisse des effectifs et du nombre d’agences au Royaume-
Uni (le pays comptait 8 400 agences bancaires fin 2015 soit une baisse de 25% en 10 ans), recentrage
des activités sur le marché domestique (vente de filiales à l’étranger), diminution des activités de banque
d’investissement. Ce dernier développement inquiète certains acteurs, qui déplorent la domination
croissante des grandes banques d’affaires américaines sur le marché européen.
Face à la défiance du public vis-à-vis des grandes banques, les « challenger banks » rivalisent
d’offres innovantes pour gagner des parts de marché. Plusieurs nouveaux établissements sont
entrés sur le marché depuis la crise, avec le soutien des autorités qui cherchent à accroître la
concurrence. Ces « challengers banks » forment un groupe hétérogène : les banques totalement
nouvelles (Metro Bank, Aldermore ou la future banque en ligne Atom) côtoient celles qui ont acheté des
réseaux existants (Santander UK a repris d’Abbey National et Alliance & Leicester, Virgin Money a repris
Northern Rock) et les anciennes filiales des « big four » (Lloyds a dû se séparer de TSB et RBS va
vendre Williams & Glyn). Le transfert automatique de compte sous 7 jours a été mis en place en 2013.
En 2014, les petites banques de détail ont ainsi vu leur portefeuille de prêts augmenter de 16 % tandis
que celui des cinq plus grandes banques déclinait de 2,5 %. Toutefois, seuls 3 % des Britanniques
changent de banque chaque année et les parts de marché des « challenger banks » n’ont que
faiblement progressé sur la période récente. Les banques traditionnelles doivent en outre faire face à
la concurrence des fintech, c’est-à-dire des start-up qui utilisent les nouvelles technologies pour offrir
des services bancaires de façon plus simple et à moindre coût. Le financement participatif (crowfunding)
et le crédit communautaire (peer-to-peer lending) se sont ainsi fortement développés et représentaient
un marché de 3,2 Md£ en 2015.
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