Vivre en Guyane
Guyane temps vécu, temps réel
par Isabelle DONNET
On entend souvent le lundi matin au CSG, après un week-end à peine pluvieux, des
remarques comme : « Il pleut beaucoup plus souvent maintenant. Il n’y a plus de
saison ! Quand cela va-t-il s’arrêter ? », ceci même s’il a fait beau durant plusieurs
semaines auparavant.
La station météorologique du CSG a été implantée dès le démarrage de la base de
lancement en 1969 et désormais, des statistiques trentenaires sont disponibles sur la
période 1971 à 2000 et permettent de présenter une synthèse plus objective des
caractéristiques du temps « kouroucien ».
Caractéristiques du climat
D’un point de vue climatique, le type de temps d’une région se caractérise principalement
par ses valeurs moyennes mensuelles de température, de hauteur de précipitations et de
durée d’insolation. Ainsi au CSG, les températures moyennes mensuelles restent quasi
stationnaires toute l’année, aux alentours de 26°C, avec une amplitude annuelle maximale
de l’ordre de 15°C, ce qui est caractéristique d’un climat tropical.
Pour les hauteurs de précipitations mensuelles, on retrouve une courbe en double
sinusoïde, caractéristique du cycle équatorial de deux saisons des pluies et deux saisons
sèches.
L’insolation mensuelle présente ses valeurs les plus fortes en pleine saison sèche, la plus
ensoleillée le long du littoral guyanais, de juillet à novembre.
Enfin, il faut rappeler que d’un point de vue éolien, il n’y aucun risque de cyclone en Guyane
et que les vents très forts y sont rarissimes (la valeur maximale instantanée de vent relevée
à la station Météo depuis l’ouverture de la station en 1968 est de 23 m/s, c’est-à-dire 83
km/h). Simultanément, la région de Kourou bénéficie d’une ventilation agréable par les
alizés d’Est, très présents le long de la côte.
Variabilité inter annuelle
Une des questions souvent posées aux météorologistes porte sur la perception et la réalité
du réchauffement climatique. Il est possible d’appréhender en un lieu comme Kourou
l’évolution des températures et des précipitations, en étudiant la variabilité de leurs valeurs
moyennes annuelles au cours des ans. De 1971 à 2002 ces deux paramètres ont été
relevés par la station météorologique du Centre spatial guyanais et positionnés par rapport
à leur moyenne sur la période de référence 1971/2000 (aussi appelée valeur normale).
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L’augmentation de la température moyenne annuelle relevée au CSG est nette (d’une
valeur de 26°C vers celle de 27°C).
A contrario, d’un point de vue précipitations, il n’y aucune tendance visible. Le seul constat
reste celui d’une forte variabilité d’une année sur l’autre, comme l’ont montré les trois
dernières années :
- 2000 très pluvieuse avec plusieurs records mensuels battus et, sur la région de Cayenne,
le tragique épisode de l’effondrement de Cabassou ;
- 2001 beaucoup plus sèche ; puis de nouveau 2002 excédentaire par rapport à la normale
du fait d’un premier semestre très pluvieux.
Guyane ou métropole?
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, si l’on compare le climat de Kourou à celui de
plusieurs villes de métropole, à bien des égards, il fait vraiment bon vivre en Guyane.
Si les hauteurs de précipitations sont incomparables entre Guyane et métropole, les durées
de précipitations associées montrent, certes le caractère diluvien des averses tropicales,
mais également que ces pluies ultramarines se produisent sur une durée plus courte que
les pluies et bruines métropolitaines, ce qui nous permet de profiter de belles périodes
ensoleillées. Ceci est d’ailleurs confirmé par la valeur de l’insolation annuelle de Kourou, qui
est largement supérieure à celle de Paris et aussi de celle de Toulouse.
Et pour 2003 ?
Cette année 2003 est caractérisée par une petite saison sèche (aussi improprement
appelée « petit été de mars ») exceptionnelle, qui perdure depuis le tout début de l’année.
La Zone Intertropicale de Convergence (ZIC) reste positionnée au niveau de l’Equateur,
permettant à toute la Guyane de bénéficier d’un temps largement ensoleillé, sous un alizé
de Nord-Est fort.
Un premier bilan partiel des précipitations cumulées de janvier à mars 2003 et relevés à la
station météorologique du CSG montre un net déficit de 60 %, avec 287 mm pour une
quantité moyenne de 909 mm, pour ce premier trimestre.
D’après les dernières analyses diffusées par les services météorologiques nationaux, cette
situation de quasi-sécheresse semble associée à l’apparition au second semestre 2002
d’un phénomène El Niño de faible amplitude sur le Pacifique Est, qui devrait se dissiper d’ici
l’été 2003 et permettre à cette échéance de revenir à des conditions climatiques plus
habituelles.
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