Traces de volcans

publicité
L’émission du CNDP et de La Cinquième
pour les écoles et les collèges
SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE
Histoires géologiques
Traces de volcans
IDENTIFIER, SUR LE TERRAIN L’EXISTENCE
d’anciens volcans, rien de plus facile
apparemment en repérant cônes et
dômes. Et bien, pas seulement.!
L’activité volcanique passée peut être
repérée à l’aide de roches
volcaniques : c’est le cas
près de Cap-d’Agde,
ou dans les Alpes.
Dans le massif du Chenaillet, on observe les
laves en coussins qui se sont épanchées au
fond d’un océan aujourd’hui disparu.
© CNDP
Que cherche donc ce géologue à Saint-Véran dans le Queyras ? Un océan
perché ! Les roches du pic des Lauzes - basalte, gabbro, serpentinite - sont
des roches de fond d’océan. Des matériaux du manteau sont remontés à
l’aplomb de l’axe des dorsales et trois types de roches se sont mises en place :
la serpentinite du manteau ; le gabbro, dans les chambres magmatiques ; les
basaltes « en coussins » provenant du dépôt de la lave au fond de l’océan. La
promenade dans les Alpes se poursuit. Voici le massif du Chenaillet et ses
laves en coussins, le lac Blanchet dont les rives montrent les sédiments
d’origine océanique superposés au basalte. Comment expliquer que le fond de
l’océan soit maintenant à 2 000 mètres d’altitude ? Il y a 220 millions d’années,
le seul et unique continent de la planète Terre s’est fractionné ; les nouveaux
continents se sont déplacés ; l’océan qui séparait l’Afrique de l’Europe s’est
fermé.
Le module Le sable noir nous conduit sur la côte du Languedoc vers la plage
de la Conche. D’où vient ce sable si différent du sable clair qu’on trouve partout
ailleurs ? De l’érosion du basalte qui constitue les rochers et la falaise. Et
l’origine de cette roche volcanique ? Le mont Saint-Loup, qui domine Agde du
haut de ses cent treize mètres.
CENTRE NATIONAL
DE DOCUMENTATION
PÉDAGOGIQUE
Information
DÉCOUPAGE
Un océan perché
00 min 00 s Quel est le point commun entre les façades des boutiques de luxe
et certains monuments ? la serpentinite, une roche du fond des
océans.
00 min 33 s Atelier dans les Alpes : on y scie et polit la serpentinite.
00 min 47 s À Saint-Véran, un géologue montre les roches dans le paysage :
serpentinite, gabbro et basalte. Ce sont des roches d’un océan
disparu.
01 min 43 s Au pic des Lauzes, on retrouve la même superposition de roches
que dans les océans actuels.
03 min 06 s Schéma explicatif de la mise en place de ces roches au niveau
d’une dorsale. Carte du fond de l’Atlantique.
04 min 00 s Plongée d’un submersible. Observation des laves en coussins ou
en tubes.
04 min 49 s Retour sur le terrain, au massif du Chenaillet constitué de laves en
coussins semblables à celles du fond des océans.
05 min 10 s Un peu plus loin, contact du basalte et du calcaire. Celui-ci
provient de la transformation des sédiments déposés sur le
basalte il y a 150 à 160 millions d’années. Existence de fossiles
marins dans le calcaire.
06 min 55 s Dessin animé explicatif : le continent unique, la Pangée, se
fracture, les continents se déplacent, l’Afrique vient percuter
l’Europe, l’océan alpin se ferme par subduction, mais une partie
du fond de l’océan est entraînée sur le continent.
07 min 25 s La collision des continents entraîne la formation de plis bien
visibles sur le terrain.
Le sable noir
00 min 00 s La côte languedocienne et ses plages de sable clair ; une des
plages du Cap-d’Agde dont le sable est noir.
00 min 22 s L’origine de ce sable noir : le basalte des rochers et de la falaise.
01 min 46 s Recherche du volcan, le mont Saint-Loup.
02 min 10 s L’éruption du volcan il y a un million d’années. Images d’une
éruption actuelle. Histoire géologique de la région.
2
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
CARTE D’IDENTITÉ
Discipline, classe et programmes concernés en priorité
SVT, 4e. Partie D. La Terre change en surface 2. L’évolution des paysages :
effets de l’activité interne du globe. L’existence de roches ou d’édifices
volcaniques atteste une activité volcanique dans le passé.
Partie E. « La machine Terre ».
Objectifs de l’émission
Transposer les observations actuelles vers les phénomènes du passé. Mettre
en relation la formation et l’évolution d’un océan, la constitution d’une chaîne de
montagnes et les mouvements des plaques. Montrer l’existence des plis, ces
déformations qui témoignent de l’affrontement des masses continentales.
Établir l’existence d’un volcanisme ancien dans une région donnée.
Principaux thèmes abordés
Le rapprochement des plaques : fermeture d’un océan, disparition du plancher
océanique par subduction et du charriage d’une partie du fond océanique sur le
continent.
Les roches de la croûte et du manteau : couleur, structure, conditions de
formation.
La mise en place du fond de l’océan.
La formation des laves en coussins au niveau des dorsales océaniques.
Les déformations des roches dans les zones de collision.
L’échelle des temps en géologie.
L’existence d’un volcanisme ancien, établie à partir de la collecte de nombreux
indices.
Représentations préalables à prendre en compte
Pour les élèves, le volcanisme ancien se repère uniquement par les édifices
volcaniques : cônes et dômes. Il conviendra de leur faire remarquer que
d’autres éléments témoignent de l’activité volcanique.
Vocabulaire prérequis
Volcan, basalte, cristaux, magma, sédiment.
Vocabulaire à expliquer
Gabbro, serpentinite, submersible.
Vocabulaire à mettre en place
Dorsale, croûte et plancher océaniques, lave en coussins, cendre, bombe
volcanique, coulée de lave, projection, olivine, cône volcanique.
3
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
En classe
SUGGESTIONS PÉDAGOGIQUES
Ø Pistes sur le module Un océan perché
SVT, 4e
• Faire établir une comparaison entre les observations sur le terrain dans les
Alpes et les renseignements collectés au cours des plongées au niveau d’une
dorsale. Les séquences tournées dans les Alpes devront être projetées une
première fois, et les élèves noteront ce qu’ils ont retenu ainsi que leurs
questions. Un second visionnement permettra de lister toutes les informations
contenues dans le document : superposition de roches d’origine océanique
dans un ordre bien établi de bas en haut : serpentinite, gabbro, basalte au
sommet du pic des Lauzes ; tubes et coussins de laves basaltiques dans le
massif du Chenaillet ; calcaire marin directement en contact avec le basalte au
lac Blanchet. La séquence du submersible de l’IFREMER en plongée permettra
de noter la présence des laves en coussins sur le fond de l’océan, au niveau de
l’axe de la dorsale, recouvertes par endroits de sédiments pas encore
consolidés en roche.
• La structure des roches du plancher océanique et du manteau. Les trois
roches seront observées à l’œil nu, puis en lames minces. Les minéraux qui
entrent dans la composition de ces roches seront nommés, en particulier
l’olivine qui donne la couleur verte à la serpentinite. Les gabbros contiennent
aussi du pyroxène et du feldspath. Le basalte contient quelques cristaux
d’olivine et de pyroxène et des microlites de feldspath. On fera distinguer la
structure microlitique (hémicristalline) du basalte de celle des deux autres
roches, qui est entièrement cristallisée
• La mise en place des fonds océaniques. Procéder à un arrêt sur image
(03 min 06 s) afin de faire réaliser par les élèves le schéma annoté du
fonctionnement de la chambre magmatique à l’aplomb de la dorsale. Le
volcanisme de l’axe de la dorsale est caractérisé par un fonctionnement en
plusieurs étapes (il a été simplifié afin de rester accessible aux élèves de 4e) :
– montée des matériaux du manteau à l’état solide en direction de la surface,
une partie de ces matériaux non fondus donnera la future serpentinite ;
– fusion partielle par décompression d’une partie de ces matériaux, qui
poursuivent leur ascension ;
– mise en place de ces matériaux fondus dans la chambre magmatique sous la
dorsale, le refroidissement très lent d’une partie de ce liquide donnera
naissance aux gabbros ;
– épanchement de l’autre partie de ce liquide qui atteint la surface et forme les
laves en coussins de nature basaltique, naissance de la croûte océanique.
4
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
• La disparition « incomplète » d’un océan. Faire retracer les étapes de la
disparition de l’océan alpin. Pour cela, partir du dessin animé concernant la
Pangée, continent unique, il y a 220 millions d’années, puis de son
fractionnement en différentes masses continentales qui dérivent. Insister sur la
durée des temps géologiques : l’Afrique séparée de l’Europe par l’océan alpin
il y a 150 à 160 millions d’années dérive en direction de l’Europe. Elle entre en
collision avec elle il y a 65 millions d’années. L’océan alpin disparaît par
subduction sous le continent européen mais on retrouve de la croûte océanique
coincée entre les deux blocs.
Ø Activité sur le module Le sable noir
SVT, 4e
• Retrouver les indices d’une activité volcanique passée. Le point de départ est
l’observation du sable noir qui conduit au basalte. Repérage des blocs d’une
roche sombre, puis de la falaise faite de cendres, de bombes volcaniques et de
petits morceaux de basalte. Établir l’origine volcanique de ces différents
éléments repérés sur le terrain. En classe, faire observer le basalte à l’œil nu ;
nommer les minéraux visibles. Passer à l’étude au microscope d’une lame
mince observée en lumière polarisée afin de définir ce qu’est la structure
hémicristalline de la plupart des roches volcaniques. Revenir sur les indices que
présente le module : observation dans le paysage du mont Saint-Loup, cône
volcanique constitué de scories (montrer des scories), repérage d’une coulée
de lave dont la partie en contact avec l’air (qui a donc refroidi rapidement) a pris
l’allure de prismes réguliers appelés « orgues basaltiques ».
• La reconstitution de l’éruption du mont Saint-Loup. Montrer comment à partir
des indices, on peut imaginer le déroulement de cette éruption en utilisant des
images réelles. Éruption dans la mer donc éruption violente à cause du contact
du magma chaud et de l’eau froide. Ce n’est pas pour autant un volcan
appartenant au type explosif : en effet la lave est fluide, elle s’épanche en
coulées, le cône est formé par l’accumulation de scories et la roche volcanique
est le basalte.
• Recherche au CDI du volcanisme ancien en France. Orienter l’enquête en
direction des volcans de la chaîne des Puys, du Cantal et/ou de l’Esterel.
5
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
FICHE ÉLÈVE 1
À la recherche de l’océan disparu
[À utiliser en SVT, 4e, après visionnement du module Un océan perché.]
• Je relie chaque mot à sa définition.
Dorsale
•
• Matériel liquide provenant de la fusion de
roches en profondeur
Plancher océanique •
• Déformations souples des roches
Magma
•
• Particules qui ont subi un transport puis se
sont déposées
Plis
•
• Chaîne de montagnes au fond des océans
Sédiments
•
• Couche de roches constituant le fond de
l’océan
• Je réponds aux questions.
– Quelles sont les trois roches rencontrées au pic des Lauzes et qui sont les
témoins d’un fond océanique ?
– Quels sont les deux arguments qui permettent d’affirmer que la région du lac
Blanchet est un vestige du fond de l’océan alpin ?
– Pourquoi la lave basaltique a-t-elle l’aspect de tubes ou de coussins, quand
elle s’épanche à 2 500 mètres de profondeur ?
– Comment s’explique la présence d’un fond océanique dans les Alpes ?
• Je complète un tableau.
Roches
Particularités
Basalte
Gabbro
Serpentinite
Couleur
Structure
Passage par l’état
fondu
Répondre par + ou Couche à laquelle
appartient la roche
• Je remets dans l’ordre chronologique les étapes de la mise en place des
roches du fond de l’océan en utilisant les chiffres.
1. Les laves basaltiques s’épanchent en coussins au fond de l’océan.
2. Vers 50 à 60 km de profondeur, les roches du manteau remontent à l’état
solide en direction de la surface au niveau de l’axe de la dorsale.
3. Les gabbros d’origine magmatique cristallisent lentement dans les chambres
magmatiques.
4. Une partie du manteau fond et donne un magma.
5. La partie du manteau qui n’a pas fondu est à l’origine des serpentinites.
6
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
FICHE ÉLÈVE 2
Sur les traces d’un volcan éteint
[À utiliser en SVT, 4e ; après le visionnement du module Le sable noir.]
• Je relie un mot à sa définition.
Cône volcanique •
• Fines particules résultant de la pulvérisation de
matériaux volcaniques
Cendres
•
• Lave en fusion qui se répand à la surface du sol
Coulée
•
• Petit édifice constitué par l’accumulation de
matériaux
Lave
•
• Morceau de lave projeté par un volcan qui se
solidifie dans l’air
Bombe volcanique •
• Magma arrivé en surface
• Je découvre le mot caché et je donne des exemples.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
1. Minéral de couleur verte fréquent dans certaines roches volcaniques
2. Abaisser la température
3. Roche volcanique de couleur sombre
4. Projections volcaniques bulleuses rudes au toucher
5. Matériaux en fusion
6. Ensemble des produits expulsés par une éruption volcanique et qui
participent à l’édification du cône
• Je réponds rapidement aux questions suivantes.
– Quelle est l’origine du sable noir de la plage de la Conche ?
– Quel est le minéral caractéristique du basalte ?
– Comment peut-on expliquer l’allure en piliers du front de la coulée de
basalte ?
– Comment s’est déroulée l’éruption du volcan « le mont Saint-Loup » ?
• Je construis une phrase avec les mots proposés.
Phrase 1 : éruption, cendres, bombes volcaniques, coulée de lave.
Phrase 2 : cône volcanique, scories, accumulation.
Phrase 3 : Refroidissement, lave basaltique, piliers géométriques.
Phrase 4 : basalte, érosion, sable noir, mer.
7
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
Documentation
COMPLÉMENTS
1. Les ophiolites
« Les ophiolites se présentent toujours sous la forme d’une séquence où les
mêmes éléments occupent toujours les mêmes positions relatives… au moins
en théorie. […]
Dans la réalité, les choses sont moins nettes. L’épaisseur des différents étages
des ophiolites varie selon les régions du monde. Les étages du haut peuvent
avoir disparu. Et, souvent, les différentes roches composant le “cortège” sont
difficiles à reconnaître ; elles ont été soumises, au cours des temps
géologiques, à des circulations d’eau de mer, à des contraintes, à des
températures telles qu’elles ont été métamorphisée, c’est-à-dire que leur
constitution physique, et parfois chimique, a été modifiée. Ce qui rend parfois
délicate l’identification des roches d’origine. […] En l’état actuel des
connaissances – encore bien incomplètes – le “cortège” ophiolitique
s’expliquerait par les phénomènes qui se produisent sous les dorsales
océaniques. […] Sous la zone axiale des dorsales, monte le matériau chaud
ultrabasique (les péridotites) dont est fait le manteau supérieur. En montant,
ces péridotites visqueuses sont soumises à des pressions décroissantes au fur
et à mesure que la profondeur diminue. Or, la température de fusion des roches
baisse avec la pression. Les péridotites commencent donc à fondre entre
100 et 50 kilomètres de profondeur, la fusion partielle étant maximale vers
30 kilomètres de profondeur. Le “jus” de fusion, plus “léger” que le matériau
originel, monte plus vite. Ainsi, les magmas basaltiques liquides peuvent-ils
parvenir à la surface des fonds marins. Là, ils se solidifient et les “giclées”
suivantes s’injectent à travers le basalte solidifié. Les “giclées” successives se
figent sous la forme de filons intrusifs grossièrement parallèles et verticaux qui
ont alimenté les épanchements superficiels de laves. Refroidis et solidifiés, les
basaltes constituent le toit d’une chambre magmatique où est emprisonnée la
partie du matériau liquide qui n’a pu sortir en surface, le plancher de cette
chambre étant constitué par le résidu réfractaire et donc solide des péridotites.
Au sein du liquide de la chambre magmatique, les minéraux cristallisent selon
des modes différents. Des cristaux de pyroxène, de feldspath, d’olivine et de
chromite tombent sur le plancher, où ils se déposent en lits réguliers. Ainsi le
plancher se recouvre-t-il de cumulats, dont l’essentiel est constitué de gabbros
lités. Dans le même temps, d’autres cristaux, surtout feldspath et pyroxène, se
collent en désordre contre les parois supérieures et relativement froides de la
chambre pour donner les gabbros non orientés. L’existence d’une chambre
magmatique sous la zone axiale des dorsales est donc une partie essentielle de
ce modèle de formation des ophiolites. Sans elle, comment, par exemple,
expliquer les cumulats ? […]
8
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
Parmi les spécialistes des sciences de la Terre, il était assez couramment
admis que sous les dorsales rapides existait une chambre magmatique vaste et
permanente, “en forme d’oignon”, selon l’expression du Dr J. Cann, de
l’université de Newcastle upon Tyne (Grande-Bretagne), mais que, sous les
dorsales lentes, il n’y avait qu’une chambre magmatique étroite (“en forme de
poireau”, selon les Dr E. Nisbet et M. Fowler, de l’université de Cambridge), et
surtout intermittente. De telles chambres, pensait-on, permettaient d’expliquer
les différences morphologiques des dorsales et les différences minéralogiques
des croûtes océaniques et des roches constituantes des ophiolites.
Malheureusement, l’étude de la structure des dorsales par la sismique réflexion
(analogue à celle qui est utilisée pour l’exploration pétrolière) ne fait que
commencer et cette structure est encore très mal connue. Et diverses
observations sont déjà venues jeter le doute dans les esprits. Comment, entre
autres, expliquer que les épanchements de basalte soient toujours cantonnés
dans une étroite zone axiale, même là où une vaste chambre magmatique était
censée exister de façon permanente sous la dorsale ?
Si l’on ne sait plus très bien ce qu’il faut penser des chambres magmatiques
permanentes et de grandes dimensions, tous les spécialistes sont d’accord sur
l’existence d’une très importante circulation d’eau de mer dans la nouvelle
croûte océanique encore proche de la zone axiale.
En dérivant, la nouvelle croûte océanique est soumise, en effet, à de fortes
tensions qui ouvrent des fissures dans les roches déjà durcies. Par ces
fissures, de grands volumes d’eau de mer s’infiltrent et percolent dans la croûte
océanique encore chaude avant de ressortir par d’autres fissures. […]
Les volumes circulant ainsi sont tels que tout l’océan mondial (1,3 milliard de
kilomètres cubes) passe par la croûte océanique des dorsales en 3 à 5 millions
d’années.
La circulation d’eau de mer joue donc un rôle primordial dans l’équilibre
chimique de l’océan mondial. Elle joue aussi manifestement un rôle capital dans
la formation des gîtes de matières premières. En circulant dans le matériau
chaud, l’eau de mer dissout certains des éléments qui y sont présents. Quand
elle ressort à 250 ou 350 °C, dans de l’eau de mer à 2 °C, les éléments dont
elle est chargée précipitent et forment autour des bouches de sortie des amas
de sulfures de fer, de zinc, de cuivre et de manganèse, de sulfates de calcium
et de baryum, des oxydes, des silicates…
La circulation d’eau de mer dans les basaltes encore chauds concentre
incontestablement certains éléments : la teneur en métaux des basaltes est de
l’ordre de quelques dizaines de parties par million au maximum alors que, dans
ces amas, elle peut atteindre 50 % pour le zinc, 1,5 % pour le cuivre… Il est
encore trop tôt pour savoir si les dépôts présents sur certaines dorsales actives
sont exploitables.
Mais il est généralement admis que le cuivre de Chypre est situé dans du
basalte en coussinets d’ophiolites, que le nickel de Nouvelle-Calédonie résulte
de l’altération des roches ultrabasiques d’ophiolites, entre autres exemples. Et
selon Adolphe Nicolas, professeur à l’université de Nantes, le chrome de
Turquie et celui des Philippines résulte d’une accumulation de ce métal qui s’est
faite dans les cheminées par lesquelles les péridotites montent pour alimenter
en magma frais l’axe des dorsales.
9
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
Encore faut-il que des morceaux de croûte océanique aient pu aller se percher
sur de la croûte continentale. Quelle que soit leur vitesse de fabrication, les
plaques dérivent pendant des temps qui varient en fonction de la distance
séparant la dorsale où elles naissent et le fossé océanique (appelé aussi zone
de subduction où elles disparaissent). Mais le mouvement est bloqué
lorsqu’une masse continentale, entraînée par la dérive mais insubmersible en
raison de sa légèreté, parvient sur le rebord d’un fossé océanique.
Selon une des hypothèses les plus courantes, la masse continentale, tirée par
la partie plongeante de sa plaque porteuse, commence à se glisser sous l’autre
plaque. Si celle-ci est purement océanique, un morceau de croûte océanique
peut ainsi s’installer sur la croûte continentale. Toutefois, la plongée de la
croûte continentale s’arrête très vite. La plaque plongeante casse au ras de la
masse continentale et, celle-ci, plus légère, remonte, faisant émerger le
morceau de croûte océanique qu’elle porte désormais. Ainsi se seraient mises
en place les ophiolites de Nouvelle-Calédonie et de Nouvelle-Guinée.
Mais un fossé océanique peut aussi être situé le long d’une masse continentale.
L’arrivée d’un autre continent porté, lui par la plaque plongeante, aura pour effet
de coincer, entre ces deux masses, une portion de croûte océanique. Dans ce
cas, les ophiolites intégrées dans un continent marqueront la suture où se sont
soudés autrefois deux fragments de continents, concrétisant ainsi une des
innombrables collisions continentales qui se sont produites au cours des âges
géologiques. Au Tibet, par exemple, la collision de l’Inde contre l’Asie a été
précédée par les collisions successives de fragments de continents, marquées
chacune par une ceinture d’ophiolites. C’est ce qu’ont vu, en 1980, les
participants à la première campagne franco-chinoise de géologie, de
géophysique et de géochimie, dans le cadre du programme d’études du Tibet,
qui devait continuer en 1981 et en 1982.
Quoi qu’il en soit, la mise en place des ophiolites est toujours liée aux zones de
subduction ou aux collisions continentales. Elle ne se fait jamais facilement, et
d’autant moins qu’elle implique des déplacements latéraux sur des dizaines ou
même des centaines de kilomètres. Il en résulte un métamorphisme au cours
duquel les roches ultrabasiques peuvent se transformer en serpentine, en
amiante ou en talc. L’histoire de la mise en place des ophiolites vient donc
s’entremêler à l’histoire de leur formation, ce qui complique singulièrement
l’étude de ces formations géologiques.
En outre, dès leur émersion, les ophiolites sont attaquées par l’érosion
continentale. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles on ne connaît pas
actuellement d’ophiolites d’un âge supérieur à 800 millions d’années. Des
ophiolites mises en place probablement il y a une cinquantaine de millions
d’années en Nouvelle-Calédonie, ne subsistent plus que les roches
ultrabasiques. Et celles-ci, exposées à des conditions climatiques tropicales
humides, ont été altérées par des phénomènes de latérisation qui ont permis au
nickel de se concentrer en gisements exploitables. »
Yvonne REBEYROL, La Terre toujours recommencée, © La Découverte/Le Monde
éditions, coll. « Histoire des sciences », vol. 1 « La terre et le feu », 1990, pp. 69-75.
10
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
POUR EN SAVOIR PLUS
À lire
BOILLOT Gilbert, La Dynamique de la lithosphère, une introduction à la géologie,
Masson, coll. « Enseignement des sciences de la terre », 1996.
CARON J.-M., GAUTHIER A., SCHAAF A., Comprendre et Enseigner la planète
terre, Ophrys, 1992.
DECOECQ Dominique, Les Volcans, éd. Du Chêne, coll. « Carnets nature »,
1997.
GÖET Hervé DE, Volcans d’Auvergne : menace d’une éruption ?, éd. Ouest
France, 1997.
JUTEAU Thierry, La Naissance des océans : journal de bord d’un océanographe,
Payot, coll. « Documents », 1993.
JUTEAU Thierry, MAURY René, Géologie de la croûte océanique, Masson, coll.
« Enseignement des sciences de la terre », 1997.
NICOLAS Adolphe, Les Montagnes sous la mer, éd. du BRGM, 1990.
POIRIER Jean-Paul, Les Profondeurs de la terre, Masson, coll. « Carnets des
sciences de l’univers », 1996.
REBEYROL Yvonne, La terre toujours recommencée : trente ans de progrès dans
les sciences de la terre, La Découverte/Le Monde, 1990.
À voir
E=M6 : Quand la terre gronde, VM production, 1993, cassette VHS 60 min, réf.
00Z 20011, 240 F.
Les Colères de la terre, Films Production, 1991, cassette VHS (52 min).
Haroun Tazieff raconte la terre : les volcans, Film Office, 1993, cassette VHS
(53 min).
Les Profondeurs de la terre, Film Office, 1993, cassette VHS (57 min).
Les Volcans, TF1, 1996, cassette VHS.
À consulter
http://www.ac-amiens.fr/svt/alpes/excursio.htm : excursion géologique dans le
massif du Chenaillet et au Mont Crouzore. Confrontation des résultats obtenus
sur le terrain et le modèle généralement admis de croûte océanique.
http://.district-parthenay.fr/jp.htm : des documents pédagogiques simples autour
des roches, de la tectonique des plaques, du volcanisme, sont proposés aux
élèves.
http://volcano.und.nodak.edu/ : un site d’information très important sur les
volcans de l’univers. En anglais mais très bien illustré.
À utiliser
Volcans : connaître la terre et volcans du monde, Syrinx, 1998, cédérom MAC
et PC.
11
Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Diffusion
Émission de
Durée
Module
Public
Indexation
Vendredi 4 février 1998 / La Cinquième / 10 h 10
Roger Foucher assisté de Valérie Chelle
13 minutes
Un océan perché, auteur Anne-Marie Rosetto, réalisatrice
Micheline Paintault
Le sable noir, auteur-réalisateur Jean-Baptiste de Panafieu
SVT, 4e
Descripteurs Motbis : Alpes – Dérive des continents – Ère
géologique – Fossile – Lave – Sable
OBJECTIFS DE LA SÉRIE HISTOIRES GÉOLOGIQUES
Cette série a pour objectif de faire saisir aux élèves la portée de la géologie en
tant que science. Science utile à l’homme, consommateur et citoyen : sans ses
apports, comment prévoir séismes ou éruptions, exploiter sans détruire,
aménager sans ravager ?
Science utile à l’honnête homme qui s’interroge sur le passé de la Terre et de
ses habitants…
Science concrète à aborder comme un jeu de piste ou plutôt un jeu d’arcanes :
pour qui veut comprendre l’histoire d’une région, ou l’origine d’un phénomène,
quel plaisir de savoir trouver les indices dans le paysage, imaginer des
hypothèses et d’avoir les meilleurs spécialistes pour répondre.
Chaque émission de 13 minutes est ainsi composée de deux modules
complémentaires : pour poser en premier lieu un problème géologique à partir
d’une activité humaine, puis, à partir de l’analyse d’un paysage, pour raconter
une histoire géologique.
Guide élaboré par Claudette Tortora et Anne-Marie Ferrand
Coordination : Yvan Amar
Assistantes d’édition : Séverine Blondeau, Pauline Guinand
Téléchargement