L’émission du CNDP et de La Cinquième pour les écoles et les collèges SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE Histoires géologiques Traces de volcans IDENTIFIER, SUR LE TERRAIN L’EXISTENCE d’anciens volcans, rien de plus facile apparemment en repérant cônes et dômes. Et bien, pas seulement.! L’activité volcanique passée peut être repérée à l’aide de roches volcaniques : c’est le cas près de Cap-d’Agde, ou dans les Alpes. Dans le massif du Chenaillet, on observe les laves en coussins qui se sont épanchées au fond d’un océan aujourd’hui disparu. © CNDP Que cherche donc ce géologue à Saint-Véran dans le Queyras ? Un océan perché ! Les roches du pic des Lauzes - basalte, gabbro, serpentinite - sont des roches de fond d’océan. Des matériaux du manteau sont remontés à l’aplomb de l’axe des dorsales et trois types de roches se sont mises en place : la serpentinite du manteau ; le gabbro, dans les chambres magmatiques ; les basaltes « en coussins » provenant du dépôt de la lave au fond de l’océan. La promenade dans les Alpes se poursuit. Voici le massif du Chenaillet et ses laves en coussins, le lac Blanchet dont les rives montrent les sédiments d’origine océanique superposés au basalte. Comment expliquer que le fond de l’océan soit maintenant à 2 000 mètres d’altitude ? Il y a 220 millions d’années, le seul et unique continent de la planète Terre s’est fractionné ; les nouveaux continents se sont déplacés ; l’océan qui séparait l’Afrique de l’Europe s’est fermé. Le module Le sable noir nous conduit sur la côte du Languedoc vers la plage de la Conche. D’où vient ce sable si différent du sable clair qu’on trouve partout ailleurs ? De l’érosion du basalte qui constitue les rochers et la falaise. Et l’origine de cette roche volcanique ? Le mont Saint-Loup, qui domine Agde du haut de ses cent treize mètres. CENTRE NATIONAL DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE Information DÉCOUPAGE Un océan perché 00 min 00 s Quel est le point commun entre les façades des boutiques de luxe et certains monuments ? la serpentinite, une roche du fond des océans. 00 min 33 s Atelier dans les Alpes : on y scie et polit la serpentinite. 00 min 47 s À Saint-Véran, un géologue montre les roches dans le paysage : serpentinite, gabbro et basalte. Ce sont des roches d’un océan disparu. 01 min 43 s Au pic des Lauzes, on retrouve la même superposition de roches que dans les océans actuels. 03 min 06 s Schéma explicatif de la mise en place de ces roches au niveau d’une dorsale. Carte du fond de l’Atlantique. 04 min 00 s Plongée d’un submersible. Observation des laves en coussins ou en tubes. 04 min 49 s Retour sur le terrain, au massif du Chenaillet constitué de laves en coussins semblables à celles du fond des océans. 05 min 10 s Un peu plus loin, contact du basalte et du calcaire. Celui-ci provient de la transformation des sédiments déposés sur le basalte il y a 150 à 160 millions d’années. Existence de fossiles marins dans le calcaire. 06 min 55 s Dessin animé explicatif : le continent unique, la Pangée, se fracture, les continents se déplacent, l’Afrique vient percuter l’Europe, l’océan alpin se ferme par subduction, mais une partie du fond de l’océan est entraînée sur le continent. 07 min 25 s La collision des continents entraîne la formation de plis bien visibles sur le terrain. Le sable noir 00 min 00 s La côte languedocienne et ses plages de sable clair ; une des plages du Cap-d’Agde dont le sable est noir. 00 min 22 s L’origine de ce sable noir : le basalte des rochers et de la falaise. 01 min 46 s Recherche du volcan, le mont Saint-Loup. 02 min 10 s L’éruption du volcan il y a un million d’années. Images d’une éruption actuelle. Histoire géologique de la région. 2 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 CARTE D’IDENTITÉ Discipline, classe et programmes concernés en priorité SVT, 4e. Partie D. La Terre change en surface 2. L’évolution des paysages : effets de l’activité interne du globe. L’existence de roches ou d’édifices volcaniques atteste une activité volcanique dans le passé. Partie E. « La machine Terre ». Objectifs de l’émission Transposer les observations actuelles vers les phénomènes du passé. Mettre en relation la formation et l’évolution d’un océan, la constitution d’une chaîne de montagnes et les mouvements des plaques. Montrer l’existence des plis, ces déformations qui témoignent de l’affrontement des masses continentales. Établir l’existence d’un volcanisme ancien dans une région donnée. Principaux thèmes abordés Le rapprochement des plaques : fermeture d’un océan, disparition du plancher océanique par subduction et du charriage d’une partie du fond océanique sur le continent. Les roches de la croûte et du manteau : couleur, structure, conditions de formation. La mise en place du fond de l’océan. La formation des laves en coussins au niveau des dorsales océaniques. Les déformations des roches dans les zones de collision. L’échelle des temps en géologie. L’existence d’un volcanisme ancien, établie à partir de la collecte de nombreux indices. Représentations préalables à prendre en compte Pour les élèves, le volcanisme ancien se repère uniquement par les édifices volcaniques : cônes et dômes. Il conviendra de leur faire remarquer que d’autres éléments témoignent de l’activité volcanique. Vocabulaire prérequis Volcan, basalte, cristaux, magma, sédiment. Vocabulaire à expliquer Gabbro, serpentinite, submersible. Vocabulaire à mettre en place Dorsale, croûte et plancher océaniques, lave en coussins, cendre, bombe volcanique, coulée de lave, projection, olivine, cône volcanique. 3 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 En classe SUGGESTIONS PÉDAGOGIQUES Ø Pistes sur le module Un océan perché SVT, 4e • Faire établir une comparaison entre les observations sur le terrain dans les Alpes et les renseignements collectés au cours des plongées au niveau d’une dorsale. Les séquences tournées dans les Alpes devront être projetées une première fois, et les élèves noteront ce qu’ils ont retenu ainsi que leurs questions. Un second visionnement permettra de lister toutes les informations contenues dans le document : superposition de roches d’origine océanique dans un ordre bien établi de bas en haut : serpentinite, gabbro, basalte au sommet du pic des Lauzes ; tubes et coussins de laves basaltiques dans le massif du Chenaillet ; calcaire marin directement en contact avec le basalte au lac Blanchet. La séquence du submersible de l’IFREMER en plongée permettra de noter la présence des laves en coussins sur le fond de l’océan, au niveau de l’axe de la dorsale, recouvertes par endroits de sédiments pas encore consolidés en roche. • La structure des roches du plancher océanique et du manteau. Les trois roches seront observées à l’œil nu, puis en lames minces. Les minéraux qui entrent dans la composition de ces roches seront nommés, en particulier l’olivine qui donne la couleur verte à la serpentinite. Les gabbros contiennent aussi du pyroxène et du feldspath. Le basalte contient quelques cristaux d’olivine et de pyroxène et des microlites de feldspath. On fera distinguer la structure microlitique (hémicristalline) du basalte de celle des deux autres roches, qui est entièrement cristallisée • La mise en place des fonds océaniques. Procéder à un arrêt sur image (03 min 06 s) afin de faire réaliser par les élèves le schéma annoté du fonctionnement de la chambre magmatique à l’aplomb de la dorsale. Le volcanisme de l’axe de la dorsale est caractérisé par un fonctionnement en plusieurs étapes (il a été simplifié afin de rester accessible aux élèves de 4e) : – montée des matériaux du manteau à l’état solide en direction de la surface, une partie de ces matériaux non fondus donnera la future serpentinite ; – fusion partielle par décompression d’une partie de ces matériaux, qui poursuivent leur ascension ; – mise en place de ces matériaux fondus dans la chambre magmatique sous la dorsale, le refroidissement très lent d’une partie de ce liquide donnera naissance aux gabbros ; – épanchement de l’autre partie de ce liquide qui atteint la surface et forme les laves en coussins de nature basaltique, naissance de la croûte océanique. 4 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 • La disparition « incomplète » d’un océan. Faire retracer les étapes de la disparition de l’océan alpin. Pour cela, partir du dessin animé concernant la Pangée, continent unique, il y a 220 millions d’années, puis de son fractionnement en différentes masses continentales qui dérivent. Insister sur la durée des temps géologiques : l’Afrique séparée de l’Europe par l’océan alpin il y a 150 à 160 millions d’années dérive en direction de l’Europe. Elle entre en collision avec elle il y a 65 millions d’années. L’océan alpin disparaît par subduction sous le continent européen mais on retrouve de la croûte océanique coincée entre les deux blocs. Ø Activité sur le module Le sable noir SVT, 4e • Retrouver les indices d’une activité volcanique passée. Le point de départ est l’observation du sable noir qui conduit au basalte. Repérage des blocs d’une roche sombre, puis de la falaise faite de cendres, de bombes volcaniques et de petits morceaux de basalte. Établir l’origine volcanique de ces différents éléments repérés sur le terrain. En classe, faire observer le basalte à l’œil nu ; nommer les minéraux visibles. Passer à l’étude au microscope d’une lame mince observée en lumière polarisée afin de définir ce qu’est la structure hémicristalline de la plupart des roches volcaniques. Revenir sur les indices que présente le module : observation dans le paysage du mont Saint-Loup, cône volcanique constitué de scories (montrer des scories), repérage d’une coulée de lave dont la partie en contact avec l’air (qui a donc refroidi rapidement) a pris l’allure de prismes réguliers appelés « orgues basaltiques ». • La reconstitution de l’éruption du mont Saint-Loup. Montrer comment à partir des indices, on peut imaginer le déroulement de cette éruption en utilisant des images réelles. Éruption dans la mer donc éruption violente à cause du contact du magma chaud et de l’eau froide. Ce n’est pas pour autant un volcan appartenant au type explosif : en effet la lave est fluide, elle s’épanche en coulées, le cône est formé par l’accumulation de scories et la roche volcanique est le basalte. • Recherche au CDI du volcanisme ancien en France. Orienter l’enquête en direction des volcans de la chaîne des Puys, du Cantal et/ou de l’Esterel. 5 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 FICHE ÉLÈVE 1 À la recherche de l’océan disparu [À utiliser en SVT, 4e, après visionnement du module Un océan perché.] • Je relie chaque mot à sa définition. Dorsale • • Matériel liquide provenant de la fusion de roches en profondeur Plancher océanique • • Déformations souples des roches Magma • • Particules qui ont subi un transport puis se sont déposées Plis • • Chaîne de montagnes au fond des océans Sédiments • • Couche de roches constituant le fond de l’océan • Je réponds aux questions. – Quelles sont les trois roches rencontrées au pic des Lauzes et qui sont les témoins d’un fond océanique ? – Quels sont les deux arguments qui permettent d’affirmer que la région du lac Blanchet est un vestige du fond de l’océan alpin ? – Pourquoi la lave basaltique a-t-elle l’aspect de tubes ou de coussins, quand elle s’épanche à 2 500 mètres de profondeur ? – Comment s’explique la présence d’un fond océanique dans les Alpes ? • Je complète un tableau. Roches Particularités Basalte Gabbro Serpentinite Couleur Structure Passage par l’état fondu Répondre par + ou Couche à laquelle appartient la roche • Je remets dans l’ordre chronologique les étapes de la mise en place des roches du fond de l’océan en utilisant les chiffres. 1. Les laves basaltiques s’épanchent en coussins au fond de l’océan. 2. Vers 50 à 60 km de profondeur, les roches du manteau remontent à l’état solide en direction de la surface au niveau de l’axe de la dorsale. 3. Les gabbros d’origine magmatique cristallisent lentement dans les chambres magmatiques. 4. Une partie du manteau fond et donne un magma. 5. La partie du manteau qui n’a pas fondu est à l’origine des serpentinites. 6 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 FICHE ÉLÈVE 2 Sur les traces d’un volcan éteint [À utiliser en SVT, 4e ; après le visionnement du module Le sable noir.] • Je relie un mot à sa définition. Cône volcanique • • Fines particules résultant de la pulvérisation de matériaux volcaniques Cendres • • Lave en fusion qui se répand à la surface du sol Coulée • • Petit édifice constitué par l’accumulation de matériaux Lave • • Morceau de lave projeté par un volcan qui se solidifie dans l’air Bombe volcanique • • Magma arrivé en surface • Je découvre le mot caché et je donne des exemples. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 1. Minéral de couleur verte fréquent dans certaines roches volcaniques 2. Abaisser la température 3. Roche volcanique de couleur sombre 4. Projections volcaniques bulleuses rudes au toucher 5. Matériaux en fusion 6. Ensemble des produits expulsés par une éruption volcanique et qui participent à l’édification du cône • Je réponds rapidement aux questions suivantes. – Quelle est l’origine du sable noir de la plage de la Conche ? – Quel est le minéral caractéristique du basalte ? – Comment peut-on expliquer l’allure en piliers du front de la coulée de basalte ? – Comment s’est déroulée l’éruption du volcan « le mont Saint-Loup » ? • Je construis une phrase avec les mots proposés. Phrase 1 : éruption, cendres, bombes volcaniques, coulée de lave. Phrase 2 : cône volcanique, scories, accumulation. Phrase 3 : Refroidissement, lave basaltique, piliers géométriques. Phrase 4 : basalte, érosion, sable noir, mer. 7 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 Documentation COMPLÉMENTS 1. Les ophiolites « Les ophiolites se présentent toujours sous la forme d’une séquence où les mêmes éléments occupent toujours les mêmes positions relatives… au moins en théorie. […] Dans la réalité, les choses sont moins nettes. L’épaisseur des différents étages des ophiolites varie selon les régions du monde. Les étages du haut peuvent avoir disparu. Et, souvent, les différentes roches composant le “cortège” sont difficiles à reconnaître ; elles ont été soumises, au cours des temps géologiques, à des circulations d’eau de mer, à des contraintes, à des températures telles qu’elles ont été métamorphisée, c’est-à-dire que leur constitution physique, et parfois chimique, a été modifiée. Ce qui rend parfois délicate l’identification des roches d’origine. […] En l’état actuel des connaissances – encore bien incomplètes – le “cortège” ophiolitique s’expliquerait par les phénomènes qui se produisent sous les dorsales océaniques. […] Sous la zone axiale des dorsales, monte le matériau chaud ultrabasique (les péridotites) dont est fait le manteau supérieur. En montant, ces péridotites visqueuses sont soumises à des pressions décroissantes au fur et à mesure que la profondeur diminue. Or, la température de fusion des roches baisse avec la pression. Les péridotites commencent donc à fondre entre 100 et 50 kilomètres de profondeur, la fusion partielle étant maximale vers 30 kilomètres de profondeur. Le “jus” de fusion, plus “léger” que le matériau originel, monte plus vite. Ainsi, les magmas basaltiques liquides peuvent-ils parvenir à la surface des fonds marins. Là, ils se solidifient et les “giclées” suivantes s’injectent à travers le basalte solidifié. Les “giclées” successives se figent sous la forme de filons intrusifs grossièrement parallèles et verticaux qui ont alimenté les épanchements superficiels de laves. Refroidis et solidifiés, les basaltes constituent le toit d’une chambre magmatique où est emprisonnée la partie du matériau liquide qui n’a pu sortir en surface, le plancher de cette chambre étant constitué par le résidu réfractaire et donc solide des péridotites. Au sein du liquide de la chambre magmatique, les minéraux cristallisent selon des modes différents. Des cristaux de pyroxène, de feldspath, d’olivine et de chromite tombent sur le plancher, où ils se déposent en lits réguliers. Ainsi le plancher se recouvre-t-il de cumulats, dont l’essentiel est constitué de gabbros lités. Dans le même temps, d’autres cristaux, surtout feldspath et pyroxène, se collent en désordre contre les parois supérieures et relativement froides de la chambre pour donner les gabbros non orientés. L’existence d’une chambre magmatique sous la zone axiale des dorsales est donc une partie essentielle de ce modèle de formation des ophiolites. Sans elle, comment, par exemple, expliquer les cumulats ? […] 8 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 Parmi les spécialistes des sciences de la Terre, il était assez couramment admis que sous les dorsales rapides existait une chambre magmatique vaste et permanente, “en forme d’oignon”, selon l’expression du Dr J. Cann, de l’université de Newcastle upon Tyne (Grande-Bretagne), mais que, sous les dorsales lentes, il n’y avait qu’une chambre magmatique étroite (“en forme de poireau”, selon les Dr E. Nisbet et M. Fowler, de l’université de Cambridge), et surtout intermittente. De telles chambres, pensait-on, permettaient d’expliquer les différences morphologiques des dorsales et les différences minéralogiques des croûtes océaniques et des roches constituantes des ophiolites. Malheureusement, l’étude de la structure des dorsales par la sismique réflexion (analogue à celle qui est utilisée pour l’exploration pétrolière) ne fait que commencer et cette structure est encore très mal connue. Et diverses observations sont déjà venues jeter le doute dans les esprits. Comment, entre autres, expliquer que les épanchements de basalte soient toujours cantonnés dans une étroite zone axiale, même là où une vaste chambre magmatique était censée exister de façon permanente sous la dorsale ? Si l’on ne sait plus très bien ce qu’il faut penser des chambres magmatiques permanentes et de grandes dimensions, tous les spécialistes sont d’accord sur l’existence d’une très importante circulation d’eau de mer dans la nouvelle croûte océanique encore proche de la zone axiale. En dérivant, la nouvelle croûte océanique est soumise, en effet, à de fortes tensions qui ouvrent des fissures dans les roches déjà durcies. Par ces fissures, de grands volumes d’eau de mer s’infiltrent et percolent dans la croûte océanique encore chaude avant de ressortir par d’autres fissures. […] Les volumes circulant ainsi sont tels que tout l’océan mondial (1,3 milliard de kilomètres cubes) passe par la croûte océanique des dorsales en 3 à 5 millions d’années. La circulation d’eau de mer joue donc un rôle primordial dans l’équilibre chimique de l’océan mondial. Elle joue aussi manifestement un rôle capital dans la formation des gîtes de matières premières. En circulant dans le matériau chaud, l’eau de mer dissout certains des éléments qui y sont présents. Quand elle ressort à 250 ou 350 °C, dans de l’eau de mer à 2 °C, les éléments dont elle est chargée précipitent et forment autour des bouches de sortie des amas de sulfures de fer, de zinc, de cuivre et de manganèse, de sulfates de calcium et de baryum, des oxydes, des silicates… La circulation d’eau de mer dans les basaltes encore chauds concentre incontestablement certains éléments : la teneur en métaux des basaltes est de l’ordre de quelques dizaines de parties par million au maximum alors que, dans ces amas, elle peut atteindre 50 % pour le zinc, 1,5 % pour le cuivre… Il est encore trop tôt pour savoir si les dépôts présents sur certaines dorsales actives sont exploitables. Mais il est généralement admis que le cuivre de Chypre est situé dans du basalte en coussinets d’ophiolites, que le nickel de Nouvelle-Calédonie résulte de l’altération des roches ultrabasiques d’ophiolites, entre autres exemples. Et selon Adolphe Nicolas, professeur à l’université de Nantes, le chrome de Turquie et celui des Philippines résulte d’une accumulation de ce métal qui s’est faite dans les cheminées par lesquelles les péridotites montent pour alimenter en magma frais l’axe des dorsales. 9 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 Encore faut-il que des morceaux de croûte océanique aient pu aller se percher sur de la croûte continentale. Quelle que soit leur vitesse de fabrication, les plaques dérivent pendant des temps qui varient en fonction de la distance séparant la dorsale où elles naissent et le fossé océanique (appelé aussi zone de subduction où elles disparaissent). Mais le mouvement est bloqué lorsqu’une masse continentale, entraînée par la dérive mais insubmersible en raison de sa légèreté, parvient sur le rebord d’un fossé océanique. Selon une des hypothèses les plus courantes, la masse continentale, tirée par la partie plongeante de sa plaque porteuse, commence à se glisser sous l’autre plaque. Si celle-ci est purement océanique, un morceau de croûte océanique peut ainsi s’installer sur la croûte continentale. Toutefois, la plongée de la croûte continentale s’arrête très vite. La plaque plongeante casse au ras de la masse continentale et, celle-ci, plus légère, remonte, faisant émerger le morceau de croûte océanique qu’elle porte désormais. Ainsi se seraient mises en place les ophiolites de Nouvelle-Calédonie et de Nouvelle-Guinée. Mais un fossé océanique peut aussi être situé le long d’une masse continentale. L’arrivée d’un autre continent porté, lui par la plaque plongeante, aura pour effet de coincer, entre ces deux masses, une portion de croûte océanique. Dans ce cas, les ophiolites intégrées dans un continent marqueront la suture où se sont soudés autrefois deux fragments de continents, concrétisant ainsi une des innombrables collisions continentales qui se sont produites au cours des âges géologiques. Au Tibet, par exemple, la collision de l’Inde contre l’Asie a été précédée par les collisions successives de fragments de continents, marquées chacune par une ceinture d’ophiolites. C’est ce qu’ont vu, en 1980, les participants à la première campagne franco-chinoise de géologie, de géophysique et de géochimie, dans le cadre du programme d’études du Tibet, qui devait continuer en 1981 et en 1982. Quoi qu’il en soit, la mise en place des ophiolites est toujours liée aux zones de subduction ou aux collisions continentales. Elle ne se fait jamais facilement, et d’autant moins qu’elle implique des déplacements latéraux sur des dizaines ou même des centaines de kilomètres. Il en résulte un métamorphisme au cours duquel les roches ultrabasiques peuvent se transformer en serpentine, en amiante ou en talc. L’histoire de la mise en place des ophiolites vient donc s’entremêler à l’histoire de leur formation, ce qui complique singulièrement l’étude de ces formations géologiques. En outre, dès leur émersion, les ophiolites sont attaquées par l’érosion continentale. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles on ne connaît pas actuellement d’ophiolites d’un âge supérieur à 800 millions d’années. Des ophiolites mises en place probablement il y a une cinquantaine de millions d’années en Nouvelle-Calédonie, ne subsistent plus que les roches ultrabasiques. Et celles-ci, exposées à des conditions climatiques tropicales humides, ont été altérées par des phénomènes de latérisation qui ont permis au nickel de se concentrer en gisements exploitables. » Yvonne REBEYROL, La Terre toujours recommencée, © La Découverte/Le Monde éditions, coll. « Histoire des sciences », vol. 1 « La terre et le feu », 1990, pp. 69-75. 10 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 POUR EN SAVOIR PLUS À lire BOILLOT Gilbert, La Dynamique de la lithosphère, une introduction à la géologie, Masson, coll. « Enseignement des sciences de la terre », 1996. CARON J.-M., GAUTHIER A., SCHAAF A., Comprendre et Enseigner la planète terre, Ophrys, 1992. DECOECQ Dominique, Les Volcans, éd. Du Chêne, coll. « Carnets nature », 1997. GÖET Hervé DE, Volcans d’Auvergne : menace d’une éruption ?, éd. Ouest France, 1997. JUTEAU Thierry, La Naissance des océans : journal de bord d’un océanographe, Payot, coll. « Documents », 1993. JUTEAU Thierry, MAURY René, Géologie de la croûte océanique, Masson, coll. « Enseignement des sciences de la terre », 1997. NICOLAS Adolphe, Les Montagnes sous la mer, éd. du BRGM, 1990. POIRIER Jean-Paul, Les Profondeurs de la terre, Masson, coll. « Carnets des sciences de l’univers », 1996. REBEYROL Yvonne, La terre toujours recommencée : trente ans de progrès dans les sciences de la terre, La Découverte/Le Monde, 1990. À voir E=M6 : Quand la terre gronde, VM production, 1993, cassette VHS 60 min, réf. 00Z 20011, 240 F. Les Colères de la terre, Films Production, 1991, cassette VHS (52 min). Haroun Tazieff raconte la terre : les volcans, Film Office, 1993, cassette VHS (53 min). Les Profondeurs de la terre, Film Office, 1993, cassette VHS (57 min). Les Volcans, TF1, 1996, cassette VHS. À consulter http://www.ac-amiens.fr/svt/alpes/excursio.htm : excursion géologique dans le massif du Chenaillet et au Mont Crouzore. Confrontation des résultats obtenus sur le terrain et le modèle généralement admis de croûte océanique. http://.district-parthenay.fr/jp.htm : des documents pédagogiques simples autour des roches, de la tectonique des plaques, du volcanisme, sont proposés aux élèves. http://volcano.und.nodak.edu/ : un site d’information très important sur les volcans de l’univers. En anglais mais très bien illustré. À utiliser Volcans : connaître la terre et volcans du monde, Syrinx, 1998, cédérom MAC et PC. 11 Galilée : Traces de volcans © CNDP 1998 RENSEIGNEMENTS PRATIQUES Diffusion Émission de Durée Module Public Indexation Vendredi 4 février 1998 / La Cinquième / 10 h 10 Roger Foucher assisté de Valérie Chelle 13 minutes Un océan perché, auteur Anne-Marie Rosetto, réalisatrice Micheline Paintault Le sable noir, auteur-réalisateur Jean-Baptiste de Panafieu SVT, 4e Descripteurs Motbis : Alpes – Dérive des continents – Ère géologique – Fossile – Lave – Sable OBJECTIFS DE LA SÉRIE HISTOIRES GÉOLOGIQUES Cette série a pour objectif de faire saisir aux élèves la portée de la géologie en tant que science. Science utile à l’homme, consommateur et citoyen : sans ses apports, comment prévoir séismes ou éruptions, exploiter sans détruire, aménager sans ravager ? Science utile à l’honnête homme qui s’interroge sur le passé de la Terre et de ses habitants… Science concrète à aborder comme un jeu de piste ou plutôt un jeu d’arcanes : pour qui veut comprendre l’histoire d’une région, ou l’origine d’un phénomène, quel plaisir de savoir trouver les indices dans le paysage, imaginer des hypothèses et d’avoir les meilleurs spécialistes pour répondre. Chaque émission de 13 minutes est ainsi composée de deux modules complémentaires : pour poser en premier lieu un problème géologique à partir d’une activité humaine, puis, à partir de l’analyse d’un paysage, pour raconter une histoire géologique. Guide élaboré par Claudette Tortora et Anne-Marie Ferrand Coordination : Yvan Amar Assistantes d’édition : Séverine Blondeau, Pauline Guinand