M.HSAIRI, H.BEN GOBRANE, N.BEN ALAYA, R.BELLAAJ, N.ACHOUR
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Santé publique
2007,volume 19,n° 2,pp. 119-132
Introduction
Lecancerdu sein etle cancerducol utérin représententen Tunisie lesdeux
localisations tumoraleslesplus fréquenteschezlafemme ;l'incidencedu
cancerdu sein etducancerducol utérin ontété estiméesen Tunisie respec-
tivementà19,7/100000 et5,8/100000 pour lapériode 1993-1997[13].Ce
cancerest caractérisé en Tunisie par son diagnosticrelativement tardif dans
lamajoritédescas, avec des tumeurs assez volumineuses(5 cmdediamètre
en moyenne),etd’emblée un pourcentage élevéd’extension métastatique. Le
diamètre moyen de latumeur est de 49 ± 29,7mm,etlamédiane est de
45 mm. La taille tumorale étaitcomprise entre2et5cm, chez55,7%des
patientes,etinférieureà2cmuniquementchez 7,6%d’entre elles[3].
Actuellement,la Tunisie est sur le pointdeconcrétiserlamise en place
d’un plancancerpour lapériode2006-2010[21].Ce plan,quirepose
principalement sur les structurespubliques,prévoitpour laluttecontre le
cancerducol utérin,undépistage de masse parle frottiscervicalàraison
d’un frottis tous les5ans.Concernantlaluttecontre le cancerdu sein,le
plan prévoitlapromotion de la détection précocedececanceràtravers
l’examen physique effectué parlesmédecinsetles sages-femmesexerçant
en première ligne. La mammographie est réservée pour le diagnosticetle
suividesfemmesayantdesantécédents familiaux dececancer.C’est ainsi
que le plancanceraccordeune place importanteaux médecinsetaux sages-
femmesexerçanten première ligne,quidevrontappliquerlesméthodes
dedépistage (frottiscervical,examen physiquedes seins, demandede
mammographie dedépistage pour lesfemmesàrisque élevé),motiverles
femmespour adhéreraudépistage,suivre lescasquisesont révéléspositifs
audépistage etassurer une bonne coordination avecleslaboratoiresde
cytologie, descentresde mammographie,les structuresdetraitementdes
maladescancéreux.Ils sontamenésaussià détecter une éventuelle
extension de latumeur oul’apparition d’autrescomplications.
La sensibilisation desfemmes revêt une placetrèsimportantedansces
programmesdedétection précoce;en effet,une étude menée dansdeux
gouvernorats duNord de la Tunisie,l’un plutôt urbain etmieux loti (Ariana)
etl’autre plutôt rural etmoinsloti (Zaghouan), a misen évidence que le
recours aumédecin ouàlasage-femme pour le dépistage ducancerdu sein
est relativementfaible (22,4 % àl’Ariana
vs
5,8 % à Zaghouan) ;il en est de
même pour le recours àlamammographie dedépistage (14,3%àl’Ariana
vs
4,31à Zaghouan) [11].
D’unautrecôté,pour cesactivitésdedépistage ducancerducol utérin et
de la détection précoceducancerdu sein,lesfemmesobservent une certaine
réticencevis-à-visdesmédecinshommes,etpréfèrent recouriraux sages-
femmesetaux médecinsdesexe féminin pour bénéficierdeces
prestations[11].
Pour ce qui est desattitudesetpratiquesdesmédecinsgénéralistesde
première ligne vis-à-visdudépistage ducancerducol utérin etde la
détection précoceducancerdu sein,il aétédémontrédans untravail
précédent sur l’attitude etpratiques[12]que leur niveaud’adhésion à ces
programmesdedépistage n’est pas satisfaisant.D’oùl’intérêtdecetravail
quise proposederemonterauniveaude laformation desfuturs médecins,
pour évaluerdansquellesmesures,lesétudiants en médecine sont