ARGUMENTAIRE :
Le syndrome d’Asperger et les formes non déficitaires voire de hauts niveaux du
spectre autistique diffèrent fondamentalement de la description classique de l’autisme
typique et majoritairement déficitaire. Pour autant, et quels que soient les débats
classificatoires actuels, certains invariants concernant les spécificités autistiques de
fonctionnement de ces personnes font bien de ces syndromes des « cousins germains » de
l’autisme.
Et pour les personnes présentant ce type de syndromes les souffrances restent
grandes et méritent toute notre attention ; l’insertion sociale et l’épanouissement individuel
restent particulièrement difficiles. Être autiste de haut niveau, ou souffrir du Syndrome
d’Asperger, n’est au final pas moins grave ou « moins autistique », simplement différent.
Essayer de survivre dans un monde que l’on ne comprend pas bien, entouré de codes que l’on
ignore, dans la nécessité de poursuivre des relations sociales que l’on ne maitrise pas, est
terriblement angoissant et épuisant, même si les capacités intellectuelles permettent de faire
écran et parfois de donner le change.
Nous pensons que la meilleure appréhension des prototypes non-déficitaires et
Asperger dans la grande famille des troubles du spectre autistique aiguise notre
compréhension générique des comportements et des fonctionnements autistiques pour
tenter d’améliorer nos modes de rencontres, d’intégrations et d’accompagnements de ces
personnes, y compris pour ceux qui relèvent de plus graves déficits et de profonds retards
développementaux.
Les personnes avec autisme sans déficience et les personnes « Asperger »
communiquent plus que les autres, et avec quelle acuité parfois, sur leurs difficultés, leurs
particularités et leurs souffrances : à ce titre ils méritent une attention extrême et nous
aident à mieux comprendre et à mieux accompagner aussi tous ceux qui ne peuvent exprimer
aussi aisément leurs spécificités et leurs difficultés.
Une approche complexe et intégrative sera ici proposée du syndrome d'Asperger et à
travers lui de la compréhension psychopathologique et développementale des troubles du
spectre autistique. Des éléments de compréhension psychodynamiques et psychanalytiques
également intégrées notamment dans l'approche et le soutien psychothérapeutique à
apporter aux personnes "Asperger" (à leurs souffrances considérables, à leurs difficultés
relationnelles et socio-cognitives, à leurs difficultés corporelles et sensorielles, à leurs
difficultés affectives et aux enjeux du narcissisme et de l'estime de soi si abîmés dans ces
régions autistiques dites "de bons niveaux").
Fabien Joly, Dijon.