Normes
Prologue
Ce chapître introduit la notion générale de norme sur un espace vectoriel
quelconque. Grossièrement, une norme sur un espace vectoriel est une mesure
de la « taille de ses vecteurs. L’archétype en est la norme Euclidienne usuelle
de R2ou de R3qui mesure la distance entre deux points Aet Bdu plan ou de
l’espace : la « norme » du vecteur Ð→
AB .
Plus généralement, une « norme » sur un espace vectoriel Eest une fonction
à valeurs réelles qui associe à chaque élément de Eun réel positif, sa « norme »,
de façon à vérifier certaines propriétés naturelles imposées par l’idée intuitive
que l’on se fait d’une norme. Par exemple, une norme devra être homogène : si
on multiplie un vecteur quelconque par un facteur réel positif, on devra multi-
plier sa « taille », quelque soit la façon dont on la mesure, par ce même facteur.
De même, la norme de la somme de deux vecteurs devra toujours être au plus
égale à la somme de leurs normes respectives. Enfin, le seul vecteur de norme
nulle devra être le vecteur nul. Toute fonction définie sur un espace vectoriel
Equelconque, et à valeurs dans l’ensemble des réels positifs, vérifiant ces trois
propriétés élémentaires est une « norme » sur E.
Sur tout espace de dimension finie, il existe une infinité de normes. Parmi
elles, les normes Euclidiennes, associées à un produit scalaire sur E, rencontrées
au chapître 2, mais bien d’autres aussi, également utiles en pratique, comme les
normes Npsur Rn(1 ≤p≤+∞), ou la norme spectrale sur MR(n).
Le résultat essentiel de ce chapître est l’équivalence des normes définies sur
un même espace de dimension finie (Corollaire ??). Il permet le recours à une
norme quelconque pour établir la convergence d’une suite (Théorème 5.4.2), ou
vérifier le caractère borné d’une partie donnée (Théorème 5.4.3). Le chapître se
conclut par l’introduction des notions de fonction Lipschitzienne et de suite de
Cauchy , illustrées par le Théorème de contraction (Théorème 5.6.2), mais aussi
et surtout par celle de fonction coercive , essentielle en optimisation pour pallier
l’absence de compacité de l’ensemble admissible (Corollaire 5.6.1). Toute fonc-
tion quadratique dont la partie quadratique est DP, par exemple, est une fonction
coercive (Exercice 5.12), et donc atteint nécessairement son minimum sur toute
partie fermée, même non bornée, de l’espace sur lequel elle est définie.