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24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
PROGRAMME GÉNÉRAL OPHTALMOLOGIE
rectement sur la lame porte objet et étalé par
des mouvements rotatifs de faible amplitude,
en prenant soin de ne pas écraser les cellules.
Pour le prélèvement à la cytobrosse, il est
nécessaire de faire plusieurs tours (au moins
3) à la surface de la lésion en exerçant une
pression assez importante pour récupérer de
nombreuses cellules. Le prélèvement est alors
étalé en faisant tourner très délicatement la
cytobrosse sur toute la longueur de la surface
de la lame. Les lames sont ensuite séchées à
l’air par agitation, identifiées puis colorées au
May Grünwald Giemsa.
Notons qu’il existe des techniques par « em-
preinte » sur filtre millipore qui nécessite une
méthodologie plus sophistiquée (fixation au
formol, transparisation,…) mais une simple
apposition de quelques secondes de sa face
rugueuse au niveau de cette muqueuse puis
le transfert sur une lame à la manière d’un «
autocollant » permet d’obtenir de véritables
placards de cellules intactes.
Enfin, lors de la présence d’une néoformation
solide (néoplasie, lésion granulomateuse), la
cytologie par ponction à l’aiguille assure une
meilleure représentativité de l’échantillon (ai-
guille 25g ou 21g et seringue de 5 ml).
Principales indications et éléments
recherchés
Inclusions
La plupart des agents infectieux bactériens et
viraux impliqués dans les conjonctivites ou les
ulcères de la cornée ont un tropisme épithélial.
Ils sont à l’origine d’une réponse inflamma-
toire neutrophilique dans les phases aiguës.
C’est à ce stade que des inclusions peuvent le
plus souvent être identifiées. Par exemple, les
Chlamydia se caractérisent par des inclusions
basophiles, coalescentes dans le cytoplasme.
La maladie de Carré, quant à elle, donne lieu à
des inclusions roses (corps de Lentz) dans les
cellules épithéliales, de forme et de taille va-
riables. L’herpèsvirose se présente sous divers
aspects, tels qu’une infiltration neutrophi-
lique avec des signes d’hyperplasie associés,
La cytologie permet, dans certains cas, d’éta-
blir un diagnostic étiologique des conjoncti-
vites, par l’identification d’agents infectieux
ou de cellules cancéreuses, par exemple.
Chez les carnivores domestiques, les conjonc-
tivites peuvent être classées en 3 catégories,
selon qu’elles sont d’origine allergique ou
dysimmunitaire, infectieuse ou parasitaire, ou
encore tumorale. L’analyse du frottis conjonc-
tival est utile dans tous les cas pour tenter
d’établir un diagnostic étiologique. C’est un
examen rapide et simple à mettre en œuvre,
mais qui nécessite un certain nombre de pré-
cautions afin d’être interprétable.
Méthodes de prélèvement
Le mucus et les débris présents à la surface du
globe gênent la lecture du frottis conjonctival.
Ils doivent être éliminer avant la réalisation de
celui-ci, à l’aide de sérum physiologique ou de
solutions nettoyantes oculaires.
Une goutte d’anesthésique local (oxybupro-
caïne ou tétracaïne) instillée dans chaque
œil permet, une perte de la sensibilité en une
minute. Il est indispensable d’y avoir recours
notamment pour les prélèvements cornéens.
En cas de douleur oculaire importante, le pro-
tocole utilisé est une goutte d’oxybuprocaine
toutes les 30s pendant 3 minutes. NB: si des
prélèvements pour bactériologie ou mycologie
sont envisagés, il est préférable de les réaliser
avant anesthésie locale, car ces molécules sont
susceptibles d’interférer sur la croissance des
micro-organismes (effet bactériostatique notam-
ment)
Lorsque les lésions sont diffuses, le prélève-
ment peut être effectué sur la face antérieure
de la membrane nictitante ou sur la conjonc-
tive palpébrale, car elles sont plus accessibles.
Lors d’atteinte circonscrite, il est pratiqué
directement sur la lésion. C’est le cas en gé-
nérale des lésions cornéennes. Il est réalisé
à l’aide soit par raclage à l’aide d’une spatule
de Kimura, soit en tournant délicatement une
cytobrosse à la surface de la lésion (technique
la plus répandue). Pour les prélèvements à la
spatule, le produit de raclage est déposé di-
ou bien des infiltrats mastocytaires ou lym-
phocytaires concomitants également d’une
hyperplasie épithéliale. Contrairement aux
formes cutanées, il n’y a d’inclusions visibles
lors d’infection herpétique oculaire.
Après la phase aiguë, ces conjonctivites évo-
luent vers des formes inflammatoires mixtes
ou lympho-plasmocytaires, témoignant de la
mise en place d’une immunité cellulaire spé-
cifique.
Lors d’ulcères cornéens, l’identification du
type de population bactérienne impliquée
(coques, bacilles ou mixtes) est intéressante
pour orienter le choix de l’antibiotique. Bien
que plus compliquée à réaliser « au chevet du
patient », la coloration de gram est également
est égalmenent un atout précieux dans cette
indication.
Inflammation
Les infiltrats lympho-plasmocytaires peuvent
être retrouvés lors de maladies infectieuses
chroniques, ou dans des affections non infec-
tieuses, comme une conjonctivite chronique
ou folliculaire, etc.
Les infiltrats éosinophiliques sont également
rencontrés dans 2 cas : une infection par un
herpèsvirus ou des maladies non infectieuses
telles qu’une conjonctivite éosinophilique ou
allergique, une kératite éosinophilique (chez
le chat), etc.
Enfin, des inflammations granulomateuses
sont parfois observées lors de conjonctivite
leishmanienne, avec un infiltrat inflammatoire
lympho-plasmocytaire, parfois neutrophi-
lique, associé à une hyperplasie épithéliale.
Tumeurs
Dans le cas du carcinome épidermoïde, le
prélèvement est souvent nécrotique, riche
en neutrophiles et parfois pauvre en cellules
épithéliales malpighiennes tumorales. Une
plurinucléation avec une anisocaryose intra-
cellulaire, ainsi qu’une nucléolation souvent
importante sont fréquemment observées. La
chromatine apparaît fine et dentelée.
Savoir-Faire du GEMO
Savoir-faire : la cytologie conjonctivale et cornéenne
Jean-Yves DOUET
DV, PhD, DESV ophtalmologie - Maître de Conférences en ophtalmologie vétérinaire et comparée
INP-École Nationale Vétérinaire - 23 chemin des Capelles - BP 87614 -31076 TOULOUSE Cedex 3 – France