24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS OPHTALMOLOGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEMO Examen des annexes de l’œil Frank FAMOSE DV, DESV Ophtalmologie Clinique Vétérinaire des Acacias - 42 Avenue Lucien Servanty - 31700 BLAGNAC Les paupières Les paupières sont les fins replis cutanés prolongeant ventralement et dorsalement la peau de la face. Les bords libres des deux paupières se rejoignent médialement et latéralement pour constituer respectivement le canthus (ou angle) interne et le canthus externe. Le rebord de la paupière peut présenter une ou plusieurs rangées de cils, dirigés vers l’extérieur de la fente palpébrale. Dans la plupart des espèces domestiques, la paupière inférieure est dépourvue de cils. Les points lacrymaux se trouvent en face interne de la paupière, à 3-4 mm du canthus médial. Chez le chien la paupière supérieure repose sur le globe et la fente palpébrale laisse apparaître une partie de la sclère et du limbe cornéen. Chez le chat, les paupières reposent sur le globe et ni le limbe cornéen ni la sclère ne sont visibles. Les paupières ne portent pas de cils dans cette espèce. La peau de la face externe des paupières est plus fine et plus mobile que partout ailleurs. Plusieurs types de glandes sont associés dont les glandes tarsales (Glandes de Meibomius), les plus volumineuses. Leur sécrétion grisblanc peut être expurgée par la pression digitale sur le bord de la paupière. Le muscle orbiculaire entoure la fente palpébrale et se trouve en avant du tarse et est innervé par le nerf palpébral, une branche du nerf facial (VIIème paire crânienne). Chez les Carnivores, la paupière supérieure est beaucoup plus mobile que l’inférieure. L’innervation sensitive est assurée par la branche ophtalmique du nerf trijumeau (Vème paire). La conjonctive La conjonctive est une membrane muqueuse mobile couvrant la face interne des paupières, la face interne et externe de la membrane nictitante et la partie antérieure du globe oculaire adjacente au limbe cornéen. Elle est constituée de trois couches : le film lacrymal pré cornéen en continuité avec le FLP de la cornée, l’épithélium (non kératinisé et contenant de nombreuses cellules à mucus) et la substance propre (couche glandulaire et couche fibreuse). La couche glandulaire de la substance propre de la conjonctive contient de nombreux lymphocytes qui, activés par une stimulation antigénique, forment des follicules actifs. Ces follicules sont présents dans toutes les zones conjonctivales mais sont particulièrement abondants à la face postérieure (face bulbaire) de la membrane nictitante. Les follicules lymphoïdes sont le témoin d’une stimulation antigénique chronique mais ne sont pas spécifiques d’une cause. La membrane nictitante Examen des annexes de l’œil L’examen des annexes, paupières, conjonctives et membrane nictitante est réalisé grâce à un appareil grossissant sous une source lumineuse suffisante. La lampe à fente peut être utilisée en lumière diffuse. L’examen des conjonctives bulbaires et palpébrales est réalisé par traction ou éversion de la paupière vers le haut pour la supérieure et vers le bas pour l’inférieure. L’examen de la face antérieure de la membrane nictitante est facilité par la pression sur le globe oculaire à travers la partie latérale de la paupière supérieure. L’examen de la face postérieure est réalisé, après anesthésie locale topique, par traction à l’aide d’ une pince de Graefe ou par soulèvement grâce à un coton-tige. La membrane nictitante (syn. : corps clignotant, 3ème paupière, repli semi-lunaire) est un repli conjonctival mobile situé entre la cornée et la paupière inférieure, dans la partie nasale du cul-de-sac conjonctival inférieur. Très développée chez le cheval et les ruminants, sa musculature propre est vestigiale chez les carnivores. Ses mouvements sont passifs et associés à la rétraction du globe oculaire par le muscle rétracteur du globe oculaire sous l’effet du nerf oculomoteur (III). Sa position est déterminée également par le tonus orthosympathique des muscles lisses intra orbitaires. L’interruption de la stimulation orthosympathique (ex : Syndrome de Claude Bernard-Horner) s’accompagne d’une procidence du corps clignotant et d’une rétraction du globe oculaire. La membrane nictitante est constituée d’un squelette cartilagineux en forme de T : la barre horizontale du T est parallèle au bord libre de la nictitante et elle se situe à 1,5 à 2 mm. La glande lacrymale nictitante (ou glande lacrymale superficielle) a une sécrétion séromuqueuse et contribue à environ 50 % de la sécrétion lacrymale totale. 1 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS OPHTALMOLOGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEMO Savoir-faire : la cytologie conjonctivale et cornéenne Jean-Yves DOUET DV, PhD, DESV ophtalmologie - Maître de Conférences en ophtalmologie vétérinaire et comparée INP-École Nationale Vétérinaire - 23 chemin des Capelles - BP 87614 -31076 TOULOUSE Cedex 3 – France La cytologie permet, dans certains cas, d’établir un diagnostic étiologique des conjonctivites, par l’identification d’agents infectieux ou de cellules cancéreuses, par exemple. Chez les carnivores domestiques, les conjonctivites peuvent être classées en 3 catégories, selon qu’elles sont d’origine allergique ou dysimmunitaire, infectieuse ou parasitaire, ou encore tumorale. L’analyse du frottis conjonctival est utile dans tous les cas pour tenter d’établir un diagnostic étiologique. C’est un examen rapide et simple à mettre en œuvre, mais qui nécessite un certain nombre de précautions afin d’être interprétable. Méthodes de prélèvement Le mucus et les débris présents à la surface du globe gênent la lecture du frottis conjonctival. Ils doivent être éliminer avant la réalisation de celui-ci, à l’aide de sérum physiologique ou de solutions nettoyantes oculaires. Une goutte d’anesthésique local (oxybuprocaïne ou tétracaïne) instillée dans chaque œil permet, une perte de la sensibilité en une minute. Il est indispensable d’y avoir recours notamment pour les prélèvements cornéens. En cas de douleur oculaire importante, le protocole utilisé est une goutte d’oxybuprocaine toutes les 30s pendant 3 minutes. NB : si des prélèvements pour bactériologie ou mycologie sont envisagés, il est préférable de les réaliser avant anesthésie locale, car ces molécules sont susceptibles d’interférer sur la croissance des micro-organismes (effet bactériostatique notamment) Lorsque les lésions sont diffuses, le prélèvement peut être effectué sur la face antérieure de la membrane nictitante ou sur la conjonctive palpébrale, car elles sont plus accessibles. Lors d’atteinte circonscrite, il est pratiqué directement sur la lésion. C’est le cas en générale des lésions cornéennes. Il est réalisé à l’aide soit par raclage à l’aide d’une spatule de Kimura, soit en tournant délicatement une cytobrosse à la surface de la lésion (technique la plus répandue). Pour les prélèvements à la spatule, le produit de raclage est déposé di- rectement sur la lame porte objet et étalé par des mouvements rotatifs de faible amplitude, en prenant soin de ne pas écraser les cellules. Pour le prélèvement à la cytobrosse, il est nécessaire de faire plusieurs tours (au moins 3) à la surface de la lésion en exerçant une pression assez importante pour récupérer de nombreuses cellules. Le prélèvement est alors étalé en faisant tourner très délicatement la cytobrosse sur toute la longueur de la surface de la lame. Les lames sont ensuite séchées à l’air par agitation, identifiées puis colorées au May Grünwald Giemsa. Notons qu’il existe des techniques par « empreinte » sur filtre millipore qui nécessite une méthodologie plus sophistiquée (fixation au formol, transparisation,…) mais une simple apposition de quelques secondes de sa face rugueuse au niveau de cette muqueuse puis le transfert sur une lame à la manière d’un « autocollant » permet d’obtenir de véritables placards de cellules intactes. Enfin, lors de la présence d’une néoformation solide (néoplasie, lésion granulomateuse), la cytologie par ponction à l’aiguille assure une meilleure représentativité de l’échantillon (aiguille 25g ou 21g et seringue de 5 ml). Principales indications et éléments recherchés Inclusions La plupart des agents infectieux bactériens et viraux impliqués dans les conjonctivites ou les ulcères de la cornée ont un tropisme épithélial. Ils sont à l’origine d’une réponse inflammatoire neutrophilique dans les phases aiguës. C’est à ce stade que des inclusions peuvent le plus souvent être identifiées. Par exemple, les Chlamydia se caractérisent par des inclusions basophiles, coalescentes dans le cytoplasme. La maladie de Carré, quant à elle, donne lieu à des inclusions roses (corps de Lentz) dans les cellules épithéliales, de forme et de taille variables. L’herpèsvirose se présente sous divers aspects, tels qu’une infiltration neutrophilique avec des signes d’hyperplasie associés, 2 ou bien des infiltrats mastocytaires ou lymphocytaires concomitants également d’une hyperplasie épithéliale. Contrairement aux formes cutanées, il n’y a d’inclusions visibles lors d’infection herpétique oculaire. Après la phase aiguë, ces conjonctivites évoluent vers des formes inflammatoires mixtes ou lympho-plasmocytaires, témoignant de la mise en place d’une immunité cellulaire spécifique. Lors d’ulcères cornéens, l’identification du type de population bactérienne impliquée (coques, bacilles ou mixtes) est intéressante pour orienter le choix de l’antibiotique. Bien que plus compliquée à réaliser « au chevet du patient », la coloration de gram est également est égalmenent un atout précieux dans cette indication. Inflammation Les infiltrats lympho-plasmocytaires peuvent être retrouvés lors de maladies infectieuses chroniques, ou dans des affections non infectieuses, comme une conjonctivite chronique ou folliculaire, etc. Les infiltrats éosinophiliques sont également rencontrés dans 2 cas : une infection par un herpèsvirus ou des maladies non infectieuses telles qu’une conjonctivite éosinophilique ou allergique, une kératite éosinophilique (chez le chat), etc. Enfin, des inflammations granulomateuses sont parfois observées lors de conjonctivite leishmanienne, avec un infiltrat inflammatoire lympho-plasmocytaire, parfois neutrophilique, associé à une hyperplasie épithéliale. Tumeurs Dans le cas du carcinome épidermoïde, le prélèvement est souvent nécrotique, riche en neutrophiles et parfois pauvre en cellules épithéliales malpighiennes tumorales. Une plurinucléation avec une anisocaryose intracellulaire, ainsi qu’une nucléolation souvent importante sont fréquemment observées. La chromatine apparaît fine et dentelée. 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS Lors de lymphome, une population globalement monomorphe de cellules rondes à fort rapport nucléo-cytoplasmique est présente, dont le cytoplasme est hyperbasophile, le noyau, nucléolé, et la chromatine, peu dense. Le diagnostic cytologique du mastocytome est, quant à lui, simple à établir et comparable à celui des autres localisations. Une infiltration souvent massive de cellules rondes, qui contiennent des granulations violettes et de taille homogène pouvant masquer le noyau lorsqu’elles sont nombreuses, est retrouvée. En ce qui concerne le mélanome, il se caractérise par des cellules dont le cytoplasme renferme des quantités variables de granulations noirâtres à verdâtres. Les atypies cytonucléaires sont souvent marquées (avec la présence de gros nucléoles), tout comme l’anisocaryose et l’anisocytose. 3 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS OPHTALMOLOGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEMO Techniques chirurgicales pour l’exérèse des tumeurs palpébrales Frank FAMOSE DV , DESV Ophtalmologie Clinique Vétérinaire des Acacias - 42 Avenue Lucien Servanty - 31700 BLAGNAC Les tumeurs palpébrales sont les tumeurs les plus fréquentes de la région oculaire. Les tumeurs les plus courantes sont l’adénome de la glande tarsale (50 % des cas), le mélanome bénin et le papillome. Les tumeurs palpébrales sont pour la plupart histologiquement bénignes même si certaines tumeurs révèlent des caractères malins prononcés (fibrosarcomes, histiocytomes fibreux malins, carcinomes, lymphomes malins…). Le carcinome épidermoïde, retrouvé de façon anecdotique sur la paupière du chien, reste le premier néoplasme palpébral dans l’espèce féline. L’exérèse tumorale constitue la première étape incontournable du traitement et les techniques de blépharoplasties reconstructives sont nombreuses. Le choix est tributaire de différents paramètres tels que le chirurgien et de ses habitudes (la maîtrise de quelques plasties est suffisante dans la plupart des cas), le type, la topographie et la taille de la tumeur. L’identification précise de la tumeur (cytologie, biopsie) est souvent inutile chez le chien (malignité réduite et exérèse généralement d’emblée curative) Tumeurs inférieures au 1/4 de la longueur palpébrale Une exérèse tissulaire en forme de triangle dans toute l’épaisseur de la paupière convient parfaitement pour ces petites tumeurs. La suture bord à bord est identique à celle employée lors de lacérations palpébrales. Il convient de commencer par le limbe palpébral afin d’obtenir une bonne continuité de ce dernier. Un point en « 8 » (« lacet de bottine ») ou l’emprisonnement des premiers chefs dans les sutures suivantes (à la manière d’une « tresse indienne ») évitent le frottement des fils sur la cornée. Une fermeture en deux plans (fils résorbables, avec le nœud enfoui pour la lamelle postérieure et fils irrésorbables pour la lamelle antérieure) permet un bon affrontement à tous les niveaux de la paupière. Tumeurs volumineuses Lors de l’exérèse de tumeurs palpébrales volumineuses, l’affrontement bord à bord des marges de résection est impossible. Une plastie par glissement d’un lambeau cutané adjacent est nécessaire. Il existe de nombreuses possibilités chirurgicales. Les règles suivantes restent valables quelle que soit la plastie envisagée. Une tonte large permet d’anticiper une zone chirurgicale parfois difficile à estimer. Le marquage cutané au feutre facilite le repérage des futures incisions et des glissements. L’incision régulière des paupières, réalisée à la lame de bistouri, est facilitée par un contre appui sous la conjonctive palpébrale à l’aide de l’index ou d’une spatule. La conjonctive adjacente et notamment celle située sous la tumeur (qu’il convient de respecter au maximum), la conjonctive de la paupière opposée, la muqueuse labiale ou jugale permettent de reconstruire un cul-desac conjonctival. Après reconstruction, l’absence de limbe palpébral est une source de trichiasis et donc d’irritation chronique de la cornée. L’orientation initiale du poil doit être analysée notamment pour la paupière supérieure. Un recouvrement du bord du lambeau par la conjonctive est une solution simple pour obtenir une surface glabre. Si des tensions cutanées sont jugées excessives, une blépharorraphie provisoire (de 4 à 6 semaines) procure une contre-pression évitant toute déhiscence cutanée prématurée. Des techniques en deux temps (2 anesthésies différées de 3 semaines pour reconstituer l’ouverture palpébrale) sont possibles, notamment lorsqu’une paupière sert à reconstruire l’autre et évite des greffes libres au devenir incertain. La réparation par la technique du lambeau en H est une des techniques les plus utilisées car elle reste simple dans sa réalisation et s’adapte à de nombreux sites tumoraux. Dans le principe, deux triangles équilatéraux sont 4 dessinés à la base d’un lambeau (de longueur équivalente à deux fois, environ, la hauteur du rectangle de la résection tumorale) ; le côté du triangle étant égal à la hauteur de ce rectangle. La libération du lambeau par dissection mousse autorise une mobilisation vers le déficit tissulaire. Cette technique est susceptible d’être mise en œuvre pour la réparation d’une paupière opposée (technique en 2 temps avec réouverture de la fente palpébrale). La technique du lambeau semi-circulaire (figure 8) permet également l’exérèse de tumeurs de grande taille (30 à 60 % du centre de la paupière inférieure ou supérieure). Elle présente, de plus, l’avantage de maintenir au centre de la paupière un limbe palpébral « sain» et de reporter les risques de trichiasis en périphérie de l’ouverture palpébrale. L’incision démarre au canthus latéral par une incision légèrement incurvée et dont la longueur correspond a minima à la largeur du déficit tissulaire. Un triangle équilatéral de peau est retiré à l’extrémité de l’incision permettant le glissement médial du lambeau semi-circulaire. L’énucléation est conseillée d’emblée lors de tumeurs extensives, infiltrantes et répondant très médiocrement aux thérapeutiques adjuvantes (schwannome malin, carcinome extensif, tumeurs du complexe fibrosarcome,…). L’exérèse large, située en tissu sain, très largement à distance de la lésion sacrifie souvent un globe fonctionnel mais procure un meilleur pronostic vital. Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS OPHTALMOLOGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEMO Ponction d’humeur aqueuse et injection en chambre antérieure Frank FAMOSE DV , DESV Ophtalmologie Clinique Vétérinaire des Acacias - 42 Avenue Lucien Servanty - 31700 BLAGNAC La ponction de chambre antérieure est une technique qui consiste à insérer une aiguille dans la chambre antérieure d’un animal dans le but de : réaliser un prélèvement pour cytologie, bactériologie ou PCR dans le cadre d’un diagnostic d’uvéite antérieure, de réduire la pression intraoculaire dans le cas d’un glaucome aigu ou d’éviter l’augmentation de la pression intraoculaire (PIO) lorsque l’on réalise une injection intra vitréenne (IVT). Elle est le temps préalable à l’injection en chambre antérieure. Le matériel nécessaire est simple et consiste en un blépharostat type colibri pour le maintien de l’ouverture des paupières, d’une pince d’Adson pour immobiliser le globe lors de la ponction, de seringues de petit volume (1 ml) et d’aiguilles fines (aiguille Havane 0,5 mm). L’animal, sous anesthésie générale, est placé en décubitus dorsal, le plan de l’iris est placé à l’horizontale. Le globe oculaire est exposé grâce au blépharostat. Après préparation aseptique du globe oculaire, une goutte d’anesthésique local est instillée. Le globe est saisi par la conjonctive et l’aiguille, montée sur la seringue est insérée en région limbique en partie conjonctivale à environ 1 mm du limbe. Sa trajectoire est horizontale, parallèle à l’iris et le biseau est dirigé vers le haut. Par une traction douce sur le piston de la seringue, une quantité variable d’humeur aqueuse est prélevée (0,1 - 0,3 ml pour un examen complémentaire, jusqu’à 0,5-0,8 ml pour le traitement ou la prévention de l’hypertension oculaire. Une fois la ponction réalisée, l’aiguille est retirée doucement, parallèlement au plan de l’iris. La pince d’Adson permet de comprimer la conjonctive en regard du point de ponction pour limiter l’écoulement de l’humeur aqueuse sous la conjonctive. Les conséquences normales de la ponction sont une réduction de la tension oculaire et une inflammation intraoculaire d’intensité variable. La réduction de la PIO s’accompagne de la sécrétion d’une humeur aqueuse dite « seconde » qui compense le volume ponctionné : il n’est donc pas nécessaire de la remplacer. Un traitement anti-inflammatoire local est parfois nécessaire. 5 Les complications liées à la technique sont de deux natures. La première est la ponction accidentelle de l’iris. Elle s’accompagne d’un saignement parfois abondant mais qui cesse spontanément. La résorption de l’hyphéma peut prendre quelques jours. La deuxième conséquence est l’écoulement d’humeur aqueuse sous la conjonctive, en regard du point de ponction. Cet écoulement est parfois abondant au point de déformer la conjonctive. Il peut être prévenu par une pression modérée au point de ponction lors du retrait de l’aiguille. Sa résorption est spontanée, en quelques heures. Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt 24>26 novembre 2016 LILLE GRAND PALAIS OPHTALMOLOGIE PROGRAMME GÉNÉRAL Savoir-Faire du GEMO Techniques chirurgicales pour l’enfouissement de la glande nictitante Pierre MAISONNEUVE DV, CES Ophtalmologie vétérinaire, DIU de surface oculaire 26 avenue de La Libération – 45000 ORLÉANS Le prolapsus de la glande nictitante est une affection fréquente chez le chien (cocker, cane corso, beagle, bouledogue français, petits brachycéphales, basset hound, etc..) mais beaucoup plus rare chez le chat. Le traitement médical est le plus souvent décevant et le traitement chirurgical reste la règle. Historiquement, l’affection était, soit non traitée, soit la glande était retirée, partiellement ou dans sa totalité. Mais ces pratiques montrent des effets iatrogènes certains (changement des propriétés du film lacrymal, altération de la surface cornéenne, changement des qualités du film lacrymal, diminution de la sécrétion basale, voire kératoconjonctivite sèche, dans 43 à 57 % des cas suivant les études) Les techniques de remise en place de la glande luxée se sont donc imposées. De nombreuses variantes ont été publiées que l’on peut classer en deux groupes : les techniques de fixation (ou ancrage) de la glande, et les techniques d’enfouissement de la glande. Objectif Ne pas léser la glande ; Replacer la glande derrière la membrane nictitante ; Ne pas limiter les mouvements de la membrane nictitante qui sont indispensable à la protection de la surface oculaire ; Et si possible maintenir un résultat esthétique satisfaisant. Technique Nous préférons intervenir après une préparation médicamenteuse anti inflammatoire locale de 1-2 semaines afin de réduire l’inflammation des tissus et le volume de la glande, ce qui facilite l’intervention. La technique de fixation au périoste orbitaire par abord antérieur (technique de Kaswan modifiée) est simple et rapide. Elle est plus adaptée chez les petits brachycéphales, lors de luxations chronique ou en cas de glande volumineuse. La technique d’enfouissement de Morgan, et toutes ses variantes, est généralement choisie chez les jeunes animaux avec luxation de taille modérée. Bien que plus délicate à réaliser, et un peu plus longue, cette méthode, avec ses modifications, est adaptable à la plupart des luxations et a souvent la faveur des vétérinaires ophtalmologues. Dans une étude réalisée à l’ENVL, elle présentait moins de risques de récidives que la précédente. plus rarement entropion médial (fixation) ou inversion de la branche montante du cartilage de la membrane nictitante (enfouissement). Conclusion Au regard de l’importance de la sécrétion lacrymale, et cela encore plus chez les races sujettes à l’œil sec, et vu le faible taux de complications des chirurgies de repositionnement, on ne peut que conseiller d’épargner la glande nictitante et d’éviter au maximum sont ablation, même partielle (l’ablation ne se concevant qu’après des échecs répétés et nécessite dans tous les cas le consentement éclairé du propriétaire). Mais quel que soit la technique envisagée, le risque de récidives reste faible si la chirurgie est bien maitrisée (suivant les études 0 à 5 %). Soins Post opératoires : application locale d’un topique antibiotique + corticoïdes. Complications : elles sont peu fréquentes Récidive de la luxation, aspect esthétique médiocre, récidive de luxation, diminution de mobilité de la membrane nictitante (fixation), 6 Déclaration publique d’intérêts sous la responsabilité du ou des auteurs : • Aucun conflit d'intérêt