R a pp o r t S i g n a t u r e Les États-Unis connaissent un renouveau industriel Drummond Brodeur, vice-président, Gestion de portefeuille et stratège des placements mondiaux; Signature Global Advisors Ne soyez pas surpris, mais après avoir mené l’économie mondiale vers la récession en 2007, les États-Unis montrent des signes de vouloir mener la reprise pour en sortir. Le secteur manufacturier américain est maintenant un intervenant concurrentiel après avoir passé dix ans à s’adapter au choc de l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001. De nouveaux emplois se créent avec l’augmentation de la production. Et le secteur attire des investissements aux dépens de pays développés, comme le Canada, et qui proviennent de pays émergents, comme la Chine. Ce n’est pas une anomalie, mais cela reflète plutôt l’augmentation de la compétitivité des États-Unis, découlant de coûts de la main-d’œuvre et de l’énergie plus faibles. l’approvisionnement, les États-Unis sont devenus la région productrice de pétrole et de gaz naturel qui connaît la plus grande croissance du monde et la source principale d’approvisionnement pétrolier et gazier supplémentaire. Avec le boom de la production de gaz de schiste, les États-Unis pourraient commencer à transformer d’autres secteurs, dont celui de la production et du transport d’électricité. Mais le changement le plus crucial sera probablement la réindustrialisation des États-Unis grâce à une baisse des charges d’alimentation plus marquée que n’importe où ailleurs dans le monde. » Bien qu’il reste des obstacles à surmonter, les conséquences potentielles sont extraordinaires. Deux tendances distinctes émergent. Cela peut sembler une coïncidence, mais toutes deux prennent leur source en 2001 – l’année où la Chine est entrée à l’OMC et a libéré un apport massif de main-d’œuvre à bon marché dans l’économie mondiale. Cela a alimenté la vague d’externalisation et entraîné un ajustement du secteur manufacturier mondial. C’est également l’année où les prix du pétrole ont commencé leur montée de 20 $ US à 100 $ US le baril. Cette hausse marquée a stimulé l’exploration et les changements technologiques. Après dix ans d’ajustement et d’innovation, les États-Unis en récolteront maintenant les fruits et les investisseurs doivent en prendre acte. La prochaine décennie connaîtra une robuste reprise du secteur manufacturier aux États-Unis, ce qui stimulera la croissance économique, créera de l’emploi et réduira le déficit. Une solide croissance manufacturière aidera à mettre fin à la croissance nationale inférieure à la normale, tandis qu’une croissance plus robuste du secteur privé peut aider le pays à régler son déficit. Une recherche sur l’activité manufacturière mondiale par Boston Consulting a cerné des industries de « point tournant » qui pourrait stimuler la production américaine de 100 milliards de dollars US, créer de deux à trois millions d’emplois et réduire le déficit commercial non-pétrolier de 35 % au cours des cinq prochaines années. Individuellement, l’un ou l’autre de ces événements exigerait de revoir les perspectives des États-Unis sur les cinq prochaines années, mais leur émergence simultanée requiert un nouveau point de vue sur le fonctionnement de l’économie mondiale. Il est impératif de comprendre les conséquences de ces tendances sur les investissements. Entre-temps, le rapport de Citigroup, Energy 2020, North America, the New Middle East?, indique que : « Pour la première fois depuis 1949, les États-Unis sont devenus un pays exportateur net de pétrole et a devancé la Russie comme plus important exportateur mondial de pétrole raffiné. Du côté de Page 1 R a pp o r t S i g n a t u r e Renaissance du secteur manufacturier aux États-Unis ajustement douloureux, mais il est essentiel de comprendre que les États-Unis se sont effectivement ajustés. Et après rajustement en tenant compte de la productivité, les coûts de main-d’œuvre aux États-Unis sont restés stables depuis 30 ans. Depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, ce pays est devenu la destination par défaut de l’externalisation et de la mondialisation des chaînes d’approvisionnement manufacturières. Des salaires moins coûteux et une infrastructure en expansion ont incité les industries à y déménager leur production, menées par les secteurs aux coûts de main-d’œuvre non qualifiée les plus élevés, comme le vêtement, et suivi par des produits comme la technologie. En dix ans, la Chine est devenue le plus important exportateur mondial. Aujourd’hui, cette évolution est bien comprise. Ce qu’on comprend moins, c’est pourquoi elle est terminée! D’après Boston Consulting, d’ici 2015, beaucoup de biens fabriqués aux États-Unis seront aussi bon marché que ceux de Chine. Avec des augmentations salariales annuelles de 15 à 20 %, l’avantage de la Chine sur le plan des coûts par rapport à certains États américains, comme l’Alabama, se réduira, passant de 55 % aujourd’hui à 39 % d’ici 2015. Comme la main-d’œuvre ne représente qu’une portion des coûts globaux, pour beaucoup de produits, les économies liées à l’externalisation chuteront sous les 10 %. Si on intègre au calcul le transport, les droits douaniers, les dépenses immobilières, etc., les économies de coûts peuvent disparaître. Il n’est pas inconcevable que, pour certaines industries, certains États américains puissent émerger comme les sites aux plus bas coûts de production dans le monde. Graphique 1– L’emploi aux États-Unis dans l’industrie manufacturière, en milliers Juin 1977 : 22 % des salaires non agricoles dans l’industrie manufacturière 20 000 18 000 16 000 La Chine devient coûteuse 14 000 Les jours de la Chine comme exportateur aux plus bas coûts du monde sont révolus, avec la hausse des salaires et les pénuries de main-d’œuvre. Il y a dix ans, la main-d’œuvre y a explosé, avec le boom de sa population active, l’exode rural vers les zones urbaines et le démantèlement de certaines sociétés d’État. Aujourd’hui, en raison de sa politique de l’enfant unique, la Chine devient une société vieillissante dont la population active plafonnera sous peu. La Chine a délibérément déplacé son économie plus haut dans la chaîne de valeur ajoutée et s’est réorientée sur la consommation intérieure comme principal facteur de croissance économique. Les salaires en hausse soutiennent la croissance de la demande de consommation, mais moins pour un fabricant à faibles coûts axé sur l’exportation. Ce qui ne veut pas dire que la Chine cessera d’être le plus grand manufacturier du monde – non, mais de plus en plus, le secteur manufacturier sera centré sur l’approvisionnement du marché chinois local. 12 000 10 000 Mars 2012 : 9 % des salaires non agricoles dans l’industrie manufacturière 62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 Source : US Bureau of Labour Statistics L’égalisation des prix des facteurs nous dit qu’après un choc, comme l’accroissement de la main-d’œuvre bon marché en Chine, le coût de la main-d’œuvre aux États-Unis doit chuter, tandis qu’en Chine, il doit augmenter jusqu’au point où cet avantage concurrentiel est éliminé. Cela ne signifie pas que les salaires doivent être égaux, mais que l’avantage sur le plan des coûts de main-d’œuvre est compensé par les différences de productivité et d’autres frais, comme ceux du transport. Pour beaucoup d’industries, avec des coûts de main-d’œuvre en hausse rapide en Chine, et ces mêmes coûts stables ou en recul aux États-Unis, le marché du travail mondial atteint un nouvel équilibre. L’avantage de la Chine sur le plan des coûts inférieurs disparaît, tandis qu’une main-d’œuvre hautement productive et flexible rend à nouveau les États-Unis concurrentiels pour beaucoup de biens vendus en Amérique du Nord. Pas seulement la Chine L’avantage des États-Unis ne s’applique pas seulement à la Chine. En effet, les États-Unis dégageront un plus grand avantage par rapport à des pays comme l’Allemagne et le Canada, qui ont des structures industrielles similaires. Les coûts de main-d’œuvre unitaires des États-Unis par rapport aux autres pays développés ont atteint un sommet au milieu des années 80 et, depuis, ont diminué de 50 % comparativement à un groupe de 14 pays développés. Ces dix dernières années, les États-Unis sont devenus un manufacturier à faibles coûts, avec la baisse des salaires et l’affaiblissement du dollar. Et la main-d’œuvre devient plus flexible à mesure que la productivité s’accroît. L’industrie automobile en est un bon exemple. Même les syndicats semblent collaborer avec les entreprises pour Les États-Unis de moins en moins chers Bien qu’on parle depuis des décennies de la saignée du secteur manufacturier des États-Unis, des données du Bureau of Labor Statistics montrent que le nombre d’employés est resté relativement stable depuis les années 80 jusqu’en 2001, soit de 17 à 18 millions. En 2004, il avait chuté à 14 millions et, en 2010, était descendu jusqu’à 11,5 millions (voir le graphique 1). La saignée des emplois n’a donc commencé qu’en 2001 et coïncidé avec l’entrée de la Chine à l’OMC. La perte de six millions d’emplois dans le secteur manufacturier aura été un Page 2 R a pp o r t S i g n a t u r e réduire les coûts, augmenter la compétitivité et lutter pour attirer des emplois aux États-Unis. La récente fermeture d’une usine de locomotives de Caterpillar à London (Ontario) et son déménagement en Indiana est un exemple de la vulnérabilité du Canada envers la compétitivité américaine. Les devises ont leur importance Un autre facteur a été la dévaluation du dollar américain, qui a reculé du tiers depuis 2002. Une devise moins coûteuse est la façon la plus simple pour une économie de restaurer sa compétitivité mondiale. Le fléchissement du dollar américain y a grandement contribué. Différenciation industrielle Chaque industrie a ses propres paramètres. La notion derrière l’avantage comparatif est que les pays produisent des produits pour lesquels ils ont cet avantage. Les produits manufacturés qui demandent beaucoup de main-d’œuvre, comme les chaussures et les vêtements, ne reviennent pas aux États-Unis. Ces emplois quittent la Chine pour aller au Vietnam ou en Thaïlande. Mais le Boston Consulting Group a cerné sept industries qu’il s’attend à voir accroître leur production aux États-Unis, soit : matériel de transport, informatique et électronique, produits en métal usiné, machinerie, plastiques et caoutchouc, appareils et matériel électrique et meubles. Pour beaucoup d’industries, le nouveau mot d’ordre est localisation, localisation, localisation. Aujourd’hui, les entreprises veulent produire plus près de leurs clients, avec des chaînes d’approvisionnement moins étendues, plus réactives, un risque de change moindre et des délais d’exécution plus courts. Les États-Unis, qui sont l’économie la plus importante du monde, profiteront de cette tendance. La Chine, comme deuxième économie en importance dans le monde, en bénéficiera également, avec le déménagement d’entreprises pour y répondre à la demande intérieure. Les États-Unis – superpuissance énergétique? Un deuxième facteur de productivité très important pour les États-Unis est l’explosion de la production de gaz naturel, stimulée par l’innovation technologique. Il est presque impossible d’exagérer l’importance de ces événements sur les marchés nord-américains de l’énergie. Les prix ont ainsi fléchi de 8 $ US par million de BTU en 2008 à environ 2 $ US aujourd’hui. Pour les industries utilisant le gaz naturel comme charge d’alimentation, les États-Unis sont devenus un producteur mondial à faibles coûts. La difficulté d’exportation du gaz naturel liée aux limitations infrastructurelles indique que les États-Unis conserveront cet avantage sur le plan des coûts jusqu’à la fin de la décennie. Pour équilibrer leur bilan, les entreprises américaines à coûts plus faibles consommeront le gaz naturel local et exporteront les produits en amont. L’investissement dans l’extraction gazière et les industries pétrochimiques et la conversion des centrales électriques du charbon au gaz continueront de s’accroître. Le gaz naturel est utilisé comme intrant dans la production de l’éthylène, des matières plastiques, des engrais, de l’électricité et, dans certains cas, peut être utilisé dans les transports. Déjà, les États-Unis profitent du boom pétrolier et gazier. Nous prévoyons que cette tendance se maintienne et s’étende, car plusieurs sociétés ont déjà annoncé des projets d’expansion de leurs installations pétrochimiques aux États-Unis. Conclusions Après dix ans de rééquilibrage, une base manufacturière américaine dynamique émerge. Elle offre aux entreprises des coûts de main-d’œuvre concurrentiels, un taux de change favorable et des prix immobiliers plus faibles. Combiné avec la chute des prix gaziers, ce qui offre un approvisionnement énergétique sûr et stable, le boom manufacturier s’amorce. Il n’évoluera pas en ligne droite et ne résoudra pas les difficultés structurelles, mais il stimulera la croissance économique future. Malgré tous ces défis ou grâce à ceux-ci, les États-Unis demeurent l’économie la plus souple du monde. Pour les investisseurs et pour nous, à Signature, la reconnaissance que les États-Unis et leurs nombreuses entreprises récupèrent leur compétitivité mondiale constituera un important facteur de rendement dans les prochaines années. Non seulement cela influera-t-il sur l’intérêt relatif que présenteront certains titres et certains secteurs, mais cela influera sur le comportement de toutes les catégories d’actifs, dont les taux d’intérêt, les taux de change, les tendances immobilières et les prix des matières de base. Ce commentaire est publié par CI Investments Inc. 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