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RAPPORT SIGNATURE
Ne soyez pas surpris, mais après avoir mené l’économie
mondiale vers la récession en 2007, les États-Unis montrent
des signes de vouloir mener la reprise pour en sortir. Le secteur
manufacturier américain est maintenant un intervenant
concurrentiel après avoir pasdix ans à s’adapter au choc de
l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du
commerce en 2001. De nouveaux emplois se créent avec
l’augmentation de la production. Et le secteur attire des
investissements aux dépens de pays développés, comme
le Canada, et qui proviennent de pays émergents,
comme la Chine. Ce n’est pas une anomalie, mais cela
reflète plutôt l’augmentation de la compétitivité des
États-Unis, découlant de coûts de la main-d’œuvre et de
l’énergie plus faibles.
La prochaine décennie connaîtra une robuste reprise
du secteur manufacturier aux États-Unis, ce qui stimulera
la croissance économique, créera de l’emploi et réduira le
déficit. Une solide croissance manufacturière aidera à mettre fin
à la croissance nationale inférieure à la normale, tandis qu’une
croissance plus robuste du secteur privé peut aider le pays à
régler son déficit. Une recherche sur l’activité manufacturière
mondiale par Boston Consulting a cerné des industries de
« point tournant » qui pourrait stimuler la production
américaine de 100 milliards de dollars US, créer de deux
à trois millions d’emplois et réduire le déficit commercial
non-pétrolier de 35 % au cours des cinq prochaines années.
Entre-temps, le rapport de Citigroup, Energy 2020, North
America, the New Middle East?, indique que : « Pour la
première fois depuis 1949, les États-Unis sont devenus un pays
exportateur net de trole et a devancé la Russie comme plus
important exportateur mondial de pétrole raffiné. Du côté de
l’approvisionnement, les États-Unis sont devenus la région
productrice de pétrole et de gaz naturel qui connaît la
plus grande croissance du monde et la source principale
d’approvisionnement pétrolier et gazier supplémentaire. Avec
le boom de la production de gaz de schiste, les États-Unis
pourraient commencer à transformer d’autres secteurs, dont
celui de la production et du transport d’électricité. Mais
le changement le plus crucial sera probablement la
réindustrialisation des États-Unis grâce à une baisse des charges
d’alimentation plus marquée que n’importe ailleurs dans
le monde. » Bien qu’il reste des obstacles à surmonter, les
conséquences potentielles sont extraordinaires.
Deux tendances distinctes émergent. Cela peut sembler
une coïncidence, mais toutes deux prennent leur source en
2001 l’année la Chine est entrée à l’OMC et a libéré un
apport massif de main-d’œuvre à bon marché dans l’économie
mondiale. Cela a alimenté la vague d’externalisation et
entraîné un ajustement du secteur manufacturier mondial. C’est
également l’année les prix du pétrole ont commencé leur
montée de 20 $ US à 100 $ US le baril. Cette hausse marquée
a stimulé l’exploration et les changements technologiques.
Après dix ans d’ajustement et d’innovation, les États-Unis en
récolteront maintenant les fruits et les investisseurs doivent en
prendre acte.
Individuellement, l’un ou l’autre de ces événements exigerait
de revoir les perspectives des États-Unis sur les cinq prochaines
années, mais leur émergence simultanée requiert un nouveau
point de vue sur le fonctionnement de l’économie mondiale. Il
est impératif de comprendre les conséquences de ces tendances
sur les investissements.
Drummond Brodeur, vice-président, Gestion de portefeuille et stratège des placements mondiaux; Signature Global Advisors
Les États-Unis
connaissent un
renouveau industriel
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Renaissance du secteur manufacturier aux
États-Unis
Depuis l’entrée de la Chine à l’OMC, ce pays est devenu la
destination par défaut de l’externalisation et de la mondialisation
des chaînes d’approvisionnement manufacturières. Des
salaires moins coûteux et une infrastructure en expansion ont
incité les industries à y déménager leur production, menées par
les secteurs aux coûts de main-d’œuvre non qualifiée les plus
élevés, comme le vêtement, et suivi par des produits comme
la technologie. En dix ans, la Chine est devenue le plus
important exportateur mondial. Aujourd’hui, cette évolution est
bien comprise. Ce qu’on comprend moins, c’est pourquoi elle
est terminée!
L’égalisation des prix des facteurs nous dit qu’après un choc,
comme l’accroissement de la main-d’œuvre bon marché en
Chine, le coût de la main-d’œuvre aux États-Unis doit chuter,
tandis qu’en Chine, il doit augmenter jusqu’au point cet
avantage concurrentiel est éliminé. Cela ne signifie pas que
les salaires doivent être égaux, mais que l’avantage sur le plan
des coûts de main-d’œuvre est compensé par les différences de
productivité et d’autres frais, comme ceux du transport. Pour
beaucoup d’industries, avec des coûts de main-d’œuvre en
hausse rapide en Chine, et ces mêmes coûts stables ou en recul
aux États-Unis, le marché du travail mondial atteint un nouvel
équilibre. L’avantage de la Chine sur le plan des coûts inférieurs
disparaît, tandis qu’une main-d’œuvre hautement productive
et flexible rend à nouveau les États-Unis concurrentiels pour
beaucoup de biens vendus en Amérique du Nord.
Les États-Unis de moins en moins chers
Bien qu’on parle depuis des décennies de la saignée du secteur
manufacturier des États-Unis, des données du Bureau of
Labor Statistics montrent que le nombre d’employés est resté
relativement stable depuis les années 80 jusqu’en 2001, soit de
17 à 18 millions. En 2004, il avait chuté à 14 millions et, en
2010, était descendu jusqu’à 11,5 millions (voir le graphique
1). La saignée des emplois n’a donc commencé qu’en 2001 et
coïncidé avec l’entrée de la Chine à l’OMC. La perte de six
millions d’emplois dans le secteur manufacturier aura été un
ajustement douloureux, mais il est essentiel de comprendre
que les États-Unis se sont effectivement ajustés. Et après
rajustement en tenant compte de la productivité, les coûts de
main-d’œuvre aux États-Unis sont restés stables depuis 30 ans.
D’après Boston Consulting, d’ici 2015, beaucoup de biens
fabriqués aux États-Unis seront aussi bon marché que ceux de
Chine. Avec des augmentations salariales annuelles de 15 à
20 %, l’avantage de la Chine sur le plan des coûts par rapport
à certains États américains, comme l’Alabama, se réduira,
passant de 55 % aujourd’hui à 39 % d’ici 2015. Comme la
main-d’œuvre ne représente qu’une portion des coûts globaux,
pour beaucoup de produits, les économies liées à l’externalisation
chuteront sous les 10 %. Si on intègre au calcul le transport, les
droits douaniers, les dépenses immobilières, etc., les économies
de coûts peuvent disparaître. Il n’est pas inconcevable que, pour
certaines industries, certains États américains puissent émerger
comme les sites aux plus bas coûts de production dans le monde.
La Chine devient coûteuse
Les jours de la Chine comme exportateur aux plus bas
coûts du monde sont révolus, avec la hausse des salaires et les
pénuries de main-d’œuvre. Il y a dix ans, la main-d’œuvre y a
explosé, avec le boom de sa population active, l’exode rural vers
les zones urbaines et le démantèlement de certaines sociétés
d’État. Aujourd’hui, en raison de sa politique de l’enfant unique,
la Chine devient une société vieillissante dont la population
active plafonnera sous peu. La Chine a délibérément
déplacé son économie plus haut dans la chaîne de valeur
ajoutée et s’est réorientée sur la consommation intérieure comme
principal facteur de croissance économique. Les salaires
en hausse soutiennent la croissance de la demande de
consommation, mais moins pour un fabricant à faibles coûts
axé sur l’exportation. Ce qui ne veut pas dire que la Chine
cessera d’être le plus grand manufacturier du monde non,
mais de plus en plus, le secteur manufacturier sera centré sur
l’approvisionnement du marché chinois local.
Pas seulement la Chine
L’avantage des États-Unis ne s’applique pas seulement à
la Chine. En effet, les États-Unis dégageront un plus grand
avantage par rapport à des pays comme l’Allemagne et le
Canada, qui ont des structures industrielles similaires. Les coûts
de main-d’œuvre unitaires des États-Unis par rapport aux autres
pays développés ont atteint un sommet au milieu des années
80 et, depuis, ont diminué de 50 % comparativement à un
groupe de 14 pays développés. Ces dix dernières années, les
États-Unis sont devenus un manufacturier à faibles coûts,
avec la baisse des salaires et l’affaiblissement du dollar. Et la
main-d’œuvre devient plus flexible à mesure que la productivité
s’accroît. L’industrie automobile en est un bon exemple. Même
les syndicats semblent collaborer avec les entreprises pour
Graphique 1– L’emploi aux États-Unis dans l’industrie manufacturière, en milliers
Source : US Bureau of Labour Statistics
10 000
12 000
14 000
16 000
18 000
20 000
62 64 66 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12
Juin 1977 : 22 % des salaires non
agricoles dans l’industrie manufacturière
Mars 2012 : 9 % des salaires non
agricoles dans l’industrie manufacturière
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duire les coûts, augmenter la compétitivité et lutter pour
attirer des emplois aux États-Unis. La récente fermeture d’une
usine de locomotives de Caterpillar à London (Ontario) et son
déménagement en Indiana est un exemple de la vulnérabilité
du Canada envers la compétitivité américaine.
Les devises ont leur importance
Un autre facteur a été la dévaluation du dollar américain, qui
a reculé du tiers depuis 2002. Une devise moins coûteuse est la
façon la plus simple pour une économie de restaurer sa
compétitivité mondiale. Le fléchissement du dollar américain y a
grandement contribué.
Différenciation industrielle
Chaque industrie a ses propres paramètres. La notion derrière
l’avantage comparatif est que les pays produisent des produits
pour lesquels ils ont cet avantage. Les produits manufacturés qui
demandent beaucoup de main-d’œuvre, comme les chaussures
et les vêtements, ne reviennent pas aux États-Unis. Ces
emplois quittent la Chine pour aller au Vietnam ou en
Thaïlande. Mais le Boston Consulting Group a cerné sept
industries qu’il s’attend à voir accroître leur production aux
États-Unis, soit : matériel de transport, informatique et
électronique, produits en métal usiné, machinerie, plastiques
et caoutchouc, appareils et matériel électrique et meubles.
Pour beaucoup d’industries, le nouveau mot d’ordre est
localisation, localisation, localisation. Aujourd’hui, les entreprises
veulent produire plus près de leurs clients, avec des chaînes
d’approvisionnement moins étendues, plus réactives, un risque
de change moindre et des délais d’exécution plus courts. Les
États-Unis, qui sont l’économie la plus importante du monde,
profiteront de cette tendance. La Chine, comme deuxième
économie en importance dans le monde, en néficiera
également, avec le déménagement d’entreprises pour y
pondre à la demande intérieure.
Les États-Unis – superpuissance énergétique?
Un deuxième facteur de productivité très important pour
les États-Unis est l’explosion de la production de gaz naturel,
stimulée par l’innovation technologique. Il est presque impossible
d’exagérer l’importance de ces événements sur les marchés
nord-américains de l’énergie. Les prix ont ainsi fléchi de 8 $
US par million de BTU en 2008 à environ 2 $ US aujourd’hui.
Pour les industries utilisant le gaz naturel comme charge
d’alimentation, les États-Unis sont devenus un producteur
mondial à faibles coûts. La difficulté d’exportation du gaz
naturel liée aux limitations infrastructurelles indique que les
États-Unis conserveront cet avantage sur le plan des coûts
jusqu’à la fin de la décennie. Pour équilibrer leur bilan, les
entreprises américaines à coûts plus faibles consommeront
le gaz naturel local et exporteront les produits en amont.
L’investissement dans l’extraction gazière et les industries
pétrochimiques et la conversion des centrales électriques du
charbon au gaz continueront de s’accroître.
Le gaz naturel est utilisé comme intrant dans la production de
l’éthylène, des matières plastiques, des engrais, de l’électricité
et, dans certains cas, peut être utilisé dans les transports. Déjà,
les États-Unis profitent du boom pétrolier et gazier. Nous
prévoyons que cette tendance se maintienne et s’étende, car
plusieurs sociétés ont déjà annoncé des projets d’expansion de
leurs installations pétrochimiques aux États-Unis.
Conclusions
Après dix ans de rééquilibrage, une base manufacturière
américaine dynamique émerge. Elle offre aux entreprises des
coûts de main-d’œuvre concurrentiels, un taux de change
favorable et des prix immobiliers plus faibles. Combiné avec
la chute des prix gaziers, ce qui offre un approvisionnement
énergétique sûr et stable, le boom manufacturier s’amorce. Il
n’évoluera pas en ligne droite et ne résoudra pas les difficultés
structurelles, mais il stimulera la croissance économique future.
Malgré tous ces défis ou grâce à ceux-ci, les États-Unis demeurent
l’économie la plus souple du monde. Pour les investisseurs et
pour nous, à Signature, la reconnaissance que les États-Unis
et leurs nombreuses entreprises récupèrent leur compétitivité
mondiale constituera un important facteur de rendement dans
les prochaines années. Non seulement cela influera-t-il sur
l’intérêt relatif que présenteront certains titres et certains
secteurs, mais cela influera sur le comportement de toutes les
catégories d’actifs, dont les taux d’intérêt, les taux de change, les
tendances immobilières et les prix des matières de base.
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