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éloigné de grands centres hospitaliers (voire encore avoir ou non des gardes à
répétition5)… sont autant de facteurs favorisant ou limitant le stress au travail.
- Leurs capacités à filtrer, imposer les patients et à se reposer sur d’autres
professionnels pour leurs accompagnements et celui de leurs proches (tris,
décharges et/ou relégation de clients).
Autrement dit, au-delà des types d’exercice, bien vivre son travail, c’est non seulement
pouvoir accéder à des conseils, des savoirs et/ou des relais techniques et pouvoir « se
couvrir », mais aussi maîtriser l’afflux de clients afin 1. de limiter les risques d’erreurs
diagnostics ; 2. d’approfondir une expertise reconnue et ainsi 3. de favoriser la captation
de clientèle.
- Les ressentis des charges de travail étant in fine étroitement liés aux possibilités de
pouvoir refuser des patients éloignés de centres d’intérêts de chaque praticien et/ou
leur faisant prendre trop de responsabilités.
D’où des pénibilités du travail jugées plus importantes chez l’ensemble des praticiens de
première (MG, urgences6) ou de dernière ligne (gériatries) – la médecine générale étant
ressentie comme l’exercice le plus périlleux. En effet, il démultiplie les risques de solitude
professionnelle, c’est-à-dire les risques de fautes professionnelles (hantise présente chez tous
les médecins ou presque, et qui tendraient à augmenter avec l’arrivée de patients de plus en
plus âgés dans les services) liés à une médecine non spécialisée et non hospitalière, synonyme
en outre de sacrifice obligé à des clients-patients non triés (médecins prestataires de
services)7.
Constantes et paradoxes médicaux
- Les échanges interprofessionnels restent limités. En effet, outre des problèmes
récurrents de concurrence, de querelles individuelles (logiques de captation de
clientèle), et de conceptions des soins (césure entre la psychiatrie et la médecine), le
véritable collaborateur tend à n’être envisagé qu’entre même niveau hiérarchique.
De plus, il existe une relative méconnaissance des ressources extra-hospitalières
et/ou non médicales (ex. kinésithérapies). Enfin, le rapport toujours problématique à
la mort reste source de nombreux stress médicaux, voire à l’origine de pratiques de
relégations. Ainsi, les prises en charge complexes, particulièrement les fins de soins
curatifs, tendraient à se reporter in fine non seulement vers les libéraux, mais aussi
5 Comme aux Urgences ou dans certaines régions sous médicalisées (absence de médecins de ville), où se
poserait douloureusement la multiplication des gardes et des laminations des temps de récupération.
6 Saturation des services causée également par le détournement des urgences par les autres médecins : pour
écourter les itinéraires de leurs clients, leur faire bénéficier de techniques performantes, pour ne pas prendre le
risque de passer à côté d’une vraie urgence, faute d’être parvenu à joindre d’autres médecins (indisponibles ou
ayant refusé de prendre leur patient dans les services).
7 La médecine générale cumule l’ensemble des représentations négatives, ce qui limite sûrement les tentatives de
re déploiement extra hospitaliers, et en particulier les volontés de faire des médecins généralistes des acteurs
« pivots » (les hiérarchisations médicales les rendant en outre invisibles dans la chaîne des soins et des
collaborateurs). Autrement dit, les médecins généralistes resteraient « les plus à plaindre », par opposition aux
praticiens exerçant dans des spécialités « qui rapportent ».