Océanographie - Variabilité climatique De nouvelles grilles de salinité de surface dans le Pacifique Tropical mises à disposition de la communauté scientifique Communiqué de presse | Marseille | 21 janvier 2010 Des chercheurs de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), appartenant au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS1) viennent de publier, en partenariat, les premières grilles de données concernant la salinité de surface de l’océan Pacifique Tropical, couvrant la période 1950-2008. Ces grilles, d’une couverture spatiale et temporelle sans précédent, sont disponibles en ligne pour la communauté scientifique. Elles permettront d’améliorer la compréhension et la simulation de la variabilité du climat et du cycle de l’eau dans l’océan Pacifique Tropical. L’océan, acteur primordial de la variabilité climatique En échangeant l’énergie thermique avec l’atmosphère, l’océan joue un rôle primordial dans les mécanismes qui régissent le climat planétaire. En effet, l’océan stocke la chaleur reçue en excès dans les tropiques, la transporte et la redistribue vers les régions tempérées et polaires, contribuant à rendre la Terre habitable. Ainsi, l’étude des caractéristiques de l’océan est déterminante pour comprendre et simuler la variabilité climatique. Plusieurs indicateurs, établis à partir d’observations océaniques, sont utilisés dans les modèles de simulation climatique, tels la température de surface, le niveau de la mer, la profondeur de la couche d’eau chaude et beaucoup plus rarement la salinité de surface de la mer. Ce dernier paramètre est cependant un précieux indicateur des modifications du cycle de l’eau à l’interface océan-atmosphère, où ont lieu la plupart des échanges. En effet, la salinité diminue quand les précipitations augmentent (suite à l’apport d’eaux douces) et croît sous l’effet de l’évaporation. La salinité de surface joue également un rôle important sur la circulation océanique, de par son influence sur la densité de l’eau de mer (la densité augmente quand la salinité s’accroît). © IRD/ J.M. Boré Une compilation de données sur la salinité de surface sans précédent Le Service d’observation de la salinité de surface des océans2, labellisé par le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), permet, grâce à des mesures réalisées par des navires marchands dans les grands bassins océaniques mondiaux, d’obtenir des données essentielles de suivi de la salinité. Ces données sont notamment utilisées dans le cadre des programmes internationaux CLIVAR3 et PAGES4. Grâce à ce réseau et à des observations complémentaires issues de mouillages TAO/TRITON, de profileurs ARGO et de campagnes océanographiques, des chercheurs du LEGOS, en partenariat avec des chercheurs de l’Université de Bordeaux et de la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) de Seattle, ont rassemblé et validé plus de dix millions d’observations in situ de salinité de surface. A partir de ces observations, ils ont produit un champ de données sur une grille régulière (1° de latitude par 1° de longitude par 1 mois) pour la période 1950-2008, sur l’ensemble du Pacifique Tropical. Ce champ régulier de salinité de surface, d’une couverture spatiale et temporelle sans précédent, est mis à disposition de la communauté scientifique sur le site du LEGOS. Améliorer les modèles de prévision du climat Ces grilles devraient permettre aux scientifiques d’améliorer les modèles de simulation de la variabilité climatique. En effet, à partir des données de salinités obtenues, les chercheurs du LEGOS viennent d’évaluer la capacité des modèles climatiques du projet CMIP35, utilisés dans le dernier rapport d’avancement du Groupe d’experts IRD Siège, 44, boulevard de dunkerque – 13572 Marseille cedex 02 Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), à reproduire de manière plus ou moins réaliste la moyenne et la variabilité observées de la salinité de surface aux échelles saisonnières et interannuelles (en lien avec le phénomène El Niño Oscillation Australe). Ils ont ainsi mis en évidence le besoin d’améliorer la capacité de la plupart de ces modèles à simuler le cycle hydrologique à ces échelles de temps. Par ailleurs, les chercheurs ont montré la pertinence de ces grilles de données pour étalonner et valider des reconstructions de paléo-salinité déduites d’analyses de carottes coralliennes. © Delcroix et al. (2011) Salinité de surface moyenne dans l'océan Pacifique Tropical et anomalies associées au phénomène El Niño Oscillation Australe. On notera que ces anomalies apparaissent surtout dans la moitié ouest du Pacifique, avec une baisse (en bleue) de salinité dans la bande équatoriale et une augmentation (en rouge) sous la position moyenne de la zone de convergence du Pacifique sud. Ces anomalies résultent pour l'essentiel des modifications de la circulation océanique et du régime des pluies pendant El Niño. Contacts presse IRD : C. Duos | [email protected] | T : 04 91 99 94 87 T. Delcroix, Directeur de Recherche IRD : [email protected] Pour en savoir plus Référence : T. Delcroix, G. Alory, S. Cravatte, T. Corrège, and M.J. McPhaden, 2011. A gridded sea surface salinity data set for the tropical Pacific with sample applications (1950-2008). Deep Sea Research, part I, vol. 58, 38-48, doi: 10.1016/j.dsr.2010.11.002 Télécharger les grilles de salinité de surface : http://www.legos.obs-mip.fr/en/observations/sss/datadelivery/products/ Site web du LEGOS : http://www.legos.obs-mip.fr/ Site web du CNRS : www.cnrs.fr Site web de l’INSU : http://www.insu.cnrs.fr/ Site web de l’Observatoire Midi-Pyrénées : http://www.obs-mip.fr/ A propos de l’IRD L’IRD est un organisme de recherche original et unique dans le paysage européen de la recherche pour le développement. Etablissement public français à caractère scientifique et technologique, placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération, l’IRD a pour vocation de mener des recherches au Sud, pour le Sud et avec le Sud. Privilégiant l’interdisciplinarité, l’IRD centre ses recherches, depuis plus de 65 ans, sur les relations entre l’homme et son environnement dans les régions tropicales et méditerranéennes. Ses activités de recherche, de formation et d’innovation ont pour objectif de contribuer au développement social, économique et culturel des pays du Sud. L’IRD rayonne à l’international depuis son siège, à Marseille, et ses deux centres métropolitains (Montpellier et Bondy). Il intervient dans une cinquantaine de pays, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, sur le pourtour méditerranéen et dans l’outre mer tropical français. Ainsi, 829 chercheurs, 1 040 ingénieurs et techniciens et 339 personnels locaux participent aux grands chantiers de la recherche déclinés en priorités scientifiques pour le développement : lutte contre la pauvreté, migrations internationales, maladies infectieuses émergentes, changements climatiques et aléas naturels, accès à l’eau, écosystèmes et ressources naturelles. A travers l’Agence Inter-établissements de Recherche pour le Développement (AIRD), l’IRD amplifie l’effort de recherche national et européen en faveur du développement, en mobilisant le potentiel des organismes français de recherche et les universités. www.ird.fr | www.aird.fr UMR CNES, CNRS, IRD, Université Paul Sabatier - Toulouse 3 4 PAst Global changES (www.pages-igbp.org) Sea Surface Salinity observation service, Réseau SSS 3 CLimate VARiability and predictability (www.clivar.org) 5 Coupled Model Intercomparaison Project, phase 3 IRD Siège, 44, boulevard de dunkerque – 13572 Marseille cedex 02 1 2