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Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 2
1 Introduction
J’ai effectué mon stage dans l’équipe Mesure et
Bruits Fondamentaux du Laboratoire Kastler Brossel.
Cette équipe s’intéresse aux effets fondamentaux des
bruits (bruit thermique, bruit quantique, etc.) dans des
mesures de grande précision. Mon stage portait plus par-
ticulièrement sur une expérience d’opto-mécanique, i.e.
l’étude du couplage entre la lumière et la matière.
L’objectif de mon stage était de concevoir une détec-
tion hétérodyne afin d’étudier les modes de résonance
d’un cristal de fluorure de calcium (CaF2). Le prin-
cipe de la détection hétérodyne est d’amener un signal à
haute fréquence vers une fréquence plus faible afin d’en
faciliter l’étude. Pour amener le signal à plus basse fré-
quence, il suffit de le mélanger au signal connu d’un os-
cillateur local. La fréquence du signal obtenu est alors la
différence de fréquence de l’oscillateur local et du signal
que l’on souhaite étudier. En effet, si l’on suppose que
le signal est de la forme Esigeiωsig tet l’oscillateur local
de la forme ELOeiωLOt, on détecte une intensité :
I=Isig +ILO + 2<hEsigE∗
LOei(ωsig −ωLO )ti(1.1)
L’intensité détectée se met ainsi sous la forme de la
somme d’un signal continu et d’un signal à la fréquence
ωsig −ωLO.
Dans notre cas, la détection hétérodyne se fait à
l’aide de deux lasers de même type, donc de fréquence re-
lativement proche. Le premier laser porte l’information
que l’on souhaite étudier, et en le faisant battre avec le
second laser, on amène cette information à une fréquence
de battement que l’on peut facilement détecter.
La détection hétérodyne est ainsi utilisée dans de
nombreux domaines. Ici, les modes mécaniques sont si-
tués vers 17 GHz, et le laboratoire ne disposait ni d’un
photodétecteur, ni d’un analyseur de spectre capable
d’atteindre cette gamme de fréquence, d’où le choix
d’une détection hétérodyne. Les modes mécaniques se-
ront ainsi amenés vers une fréquence de l’ordre du GHz.
Pour pouvoir détecter un signal à une telle fréquence,
on utilise un photodétecteur rapide que l’on a construit
et caractérisé (section 2). On l’utilise ensuite pour faire
battre deux lasers Nd:YAG (neodymium-doped yttrium
aluminium garnet) [1] entre eux (section 3). C’est ce si-
gnal de battement qui constitue le signal de la détection
hétérodyne. On en profite aussi pour caractériser la sta-
bilité en fréquence typique d’un Nd:YAG.
On se sert aussi de ce signal de battement pour as-
servir un laser sur l’autre (section 4), avant de tester la
détection hétérodyne sur un modulateur électro-optique
(section 5). Nous n’avons pas eu le temps de la tester
directement sur le cristal de CaF2.
Dans l’ensemble des expériences, les lasers utilisés
sont des Nd : YAG qui émettent à 1064.52(6) nm (ce ré-
sultat sera obtenu en section 3). Aussi, de nombreux
résultats (obtenus à l’analyseur de spectre) sont donnés
en dBm. On rappelle donc qu’il s’agit d’une mesure de
puissance : xmW = 10 log10(x) dBm.
2 Photodétecteur : réalisation et caractérisation
Les photodétecteurs sont des outils indispensables
à toute expérience d’optique. Les photodétecteurs sont
composés d’une photodiode (un dipôle qui délivre un
courant proportionnel à la puissance lumineuse qu’il re-
çoit) et d’un circuit électronique qui permet d’obtenir,
en sortie, une tension proportionnelle à la puissance lu-
mineuse. Pour nos expériences, nous avons besoin d’un
photodétecteur relativement rapide (qui peut détecter
des signaux à haute fréquence, de l’ordre du GHz), ce
qui est relativement cher à l’achat. Le photodétecteur
utilisé dans l’ensemble de nos expériences a donc été
construit au laboratoire.
2.1 Montage du photodétecteur
Le photodétecteur que nous avons construit est lar-
gement inspiré de [2]. Le schéma du circuit est donné en
figure 2.1.
La photodiode utilisée est une photodiode Fermio-
nics FD150S2 [3]. Il s’agit d’une photodiode InGaAs (de
type PIN), dont la zone active a un diamètre de 150 µm.
Ce type de photodiode fonctionne très bien dans l’infra-
rouge, ce qui est bien le domaine des lasers utilisés.
L1
470 nH
L2
470 nH
R2
47 Ω
C2
55 nF
470 nF
6
+
3
−
2
7
4
Rfb
469 Ω
470 nF
470 nF
50 Ω
−5V
+5V+5V
RF
DC
LM6702
FD150S2
6
+
3
−
2
7
4
1 kΩ
22 pF
10 kΩ
R4
10 kΩ
2.2 Ω470 nF
2.2 Ω
470 nF
R7
10 kΩ
R11
1 kΩ
+15V
−15V
8
1
OP27Z
Fig 2.1 – Schéma du circuit électronique du photodétecteur
construit. Les résistances R7et R11 sont des poten-
tiomètres pour lesquelles les valeurs indiquées ne cor-
respondent pas aux valeurs effectives dans le circuit.