Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique Thomas Chalopin Stage de L3 Formation Interuniversitaire de Physique - ENS Responsables : Pierre-François Cohadon et Leonhard Neuhaus Laboratoire Kastler Brossel Juillet 2014 Résumé L’objet de ce stage est le développement d’une détection hétérodyne optique afin d’étudier les modes de vibration au-delà de 10 GHz d’un cristal de CaF2 . On commence par monter un photodétecteur comportant une voie basse fréquence et une voie haute fréquence, avant de caractériser chacune de ces voies. On utilise ensuite ce photodétecteur pour faire battre deux lasers Nd : YAG entre eux, ce qui permet de terminer la caractérisation de la voie haute fréquence du photodétecteur, puis de quantifier les fluctuations en fréquence des lasers. Ce pic de battement est ensuite asservi à une fréquence fixe pour s’affranchir de ces fluctuations. On conclut en testant la détection hétérodyne sur des bandes latérales générées par un modulateur de phase. Abstract The goal of this internship is the development of an optical heterodyne detection to study the vibration modes above 10 GHz of a CaF2 crystal. We start with assembling a photodetector containing both high and low frequency channels, before characterizing these channels. We use this photodetector to produce a beat note between two Nd : YAG lasers, which ends the characterization of the high frequency channel. We also use this beat note to quantify the frequency fluctuations of the lasers. The beat note is then locked to a specific frequency to get rid of these fluctuations. Finally, we test the heterodyne detection on sidebands produced by a phase modulator. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 1 Table des matières 1 Introduction 2 2 Photodétecteur : réalisation et caractérisation 2.1 Montage du photodétecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Voie DC et mesure de l’efficacité quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Voie RF et mesure du shot noise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2 3 4 3 Battements optiques et caractérisation des lasers 3.1 Caractérisation du laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Battements optiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3 Stabilité relative des deux lasers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 6 6 7 4 Asservissement de la fréquence de battement 4.1 Boucle d’asservissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 Gain et stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 8 9 5 Détection hétérodyne : preuve 5.1 Montage et bandes latérales . 5.2 Calibration du modulateur . . 5.3 Bruit de mesure . . . . . . . . 6 Conclusion de . . . . . . principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 11 11 12 12 Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 1 2 Introduction J’ai effectué mon stage dans l’équipe Mesure et Bruits Fondamentaux du Laboratoire Kastler Brossel. Cette équipe s’intéresse aux effets fondamentaux des bruits (bruit thermique, bruit quantique, etc.) dans des mesures de grande précision. Mon stage portait plus particulièrement sur une expérience d’opto-mécanique, i.e. l’étude du couplage entre la lumière et la matière. L’objectif de mon stage était de concevoir une détection hétérodyne afin d’étudier les modes de résonance d’un cristal de fluorure de calcium (CaF2 ). Le principe de la détection hétérodyne est d’amener un signal à haute fréquence vers une fréquence plus faible afin d’en faciliter l’étude. Pour amener le signal à plus basse fréquence, il suffit de le mélanger au signal connu d’un oscillateur local. La fréquence du signal obtenu est alors la différence de fréquence de l’oscillateur local et du signal que l’on souhaite étudier. En effet, si l’on suppose que le signal est de la forme Esig eiωsig t et l’oscillateur local de la forme ELO eiωLO t , on détecte une intensité : i h ∗ (1.1) I = Isig + ILO + 2< Esig ELO ei(ωsig −ωLO )t second laser, on amène cette information à une fréquence de battement que l’on peut facilement détecter. La détection hétérodyne est ainsi utilisée dans de nombreux domaines. Ici, les modes mécaniques sont situés vers 17 GHz, et le laboratoire ne disposait ni d’un photodétecteur, ni d’un analyseur de spectre capable d’atteindre cette gamme de fréquence, d’où le choix d’une détection hétérodyne. Les modes mécaniques seront ainsi amenés vers une fréquence de l’ordre du GHz. Pour pouvoir détecter un signal à une telle fréquence, on utilise un photodétecteur rapide que l’on a construit et caractérisé (section 2). On l’utilise ensuite pour faire battre deux lasers Nd : YAG (neodymium-doped yttrium aluminium garnet) [1] entre eux (section 3). C’est ce signal de battement qui constitue le signal de la détection hétérodyne. On en profite aussi pour caractériser la stabilité en fréquence typique d’un Nd : YAG. On se sert aussi de ce signal de battement pour asservir un laser sur l’autre (section 4), avant de tester la détection hétérodyne sur un modulateur électro-optique (section 5). Nous n’avons pas eu le temps de la tester L’intensité détectée se met ainsi sous la forme de la directement sur le cristal de CaF2 . Dans l’ensemble des expériences, les lasers utilisés somme d’un signal continu et d’un signal à la fréquence sont des Nd : YAG qui émettent à 1064.52(6) nm (ce réωsig − ωLO . Dans notre cas, la détection hétérodyne se fait à sultat sera obtenu en section 3). Aussi, de nombreux l’aide de deux lasers de même type, donc de fréquence re- résultats (obtenus à l’analyseur de spectre) sont donnés lativement proche. Le premier laser porte l’information en dBm. On rappelle donc qu’il s’agit d’une mesure de que l’on souhaite étudier, et en le faisant battre avec le puissance : x mW = 10 log10 (x) dBm. 2 Photodétecteur : réalisation et caractérisation +5V 470 nF +5V 470 nF 7 FD150S2 3 + LM6702 − 2 4 C2 55 nF 6 470 nF 50 Ω L1 −5V Rfb L2 470 nH 470 nH RF 469 Ω R2 47 Ω Les photodétecteurs sont des outils indispensables à toute expérience d’optique. Les photodétecteurs sont composés d’une photodiode (un dipôle qui délivre un courant proportionnel à la puissance lumineuse qu’il reçoit) et d’un circuit électronique qui permet d’obtenir, en sortie, une tension proportionnelle à la puissance lumineuse. Pour nos expériences, nous avons besoin d’un photodétecteur relativement rapide (qui peut détecter des signaux à haute fréquence, de l’ordre du GHz), ce qui est relativement cher à l’achat. Le photodétecteur utilisé dans l’ensemble de nos expériences a donc été construit au laboratoire. 470 nF 2.2 Ω +15V DC R7 1 kΩ 7 3 2.1 Montage du photodétecteur OP27Z − 2 4 10 kΩ 18 6 2.2 Ω 10 kΩ R4 22 pF 10 kΩ 470 nF Le photodétecteur que nous avons construit est largement inspiré de [2]. Le schéma du circuit est donné en figure 2.1. −15V R11 1 kΩ La photodiode utilisée est une photodiode Fermionics FD150S2 [3]. Il s’agit d’une photodiode InGaAs (de type PIN), dont la zone active a un diamètre de 150 µm. Ce type de photodiode fonctionne très bien dans l’infrarouge, ce qui est bien le domaine des lasers utilisés. + Fig 2.1 – Schéma du circuit électronique du photodétecteur construit. Les résistances R7 et R11 sont des potentiomètres pour lesquelles les valeurs indiquées ne correspondent pas aux valeurs effectives dans le circuit. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 2.2 Voie DC et mesure de l’efficacité quantique YAG1 Nd :YAG Pour que le montage soit efficace, il est nécessaire de focaliser le faisceau laser sur la photodiode. Cette focalisation est effectuée par la lentille de focale 100 mm placée avant le photodétecteur. Pour vérifier que le faisceau est correctement focalisé, on commence par vérifier que l’on est bien placé sur son waist (il suffit de déplacer le photodétecteur sur l’axe du faisceau, noté z, et de constater que l’on est sur un maximum d’intensité). On peut ensuite effectuer un balayage selon x ou selon y. J’ai donc effectué ce balayage et obtenu les graphes de la figure 2.3. 500 Fit Waist large Fit Waist fin 400 Tension (mV) Ce montage permet en principe d’obtenir deux signaux : un signal DC (courant continu) et un signal que l’on note RF (pour Radio Fréquence). Cette séparation est effectuée par les bobines L1 et L2 (qui laissent passer la voie DC) et par le condensateur C2 (voie RF). Quelques modifications ont été effectuées par rapport au photodétecteur de [2], en particulier l’ajout d’une bobine supplémentaire L2 en série avec L1 . Cet ajout nous a permis d’améliorer la bande passante de la voie RF (que l’on va caractériser en détail en section 2.3). La voie DC pourra être utilisée, après caractérisation, comme outil de détection et de mesure de puissance lumineuse. La voie RF permettra d’effectuer une détection hétérodyne. 3 300 200 100 0 -0.6 200 Légende Mirroir Lentille λ/2 -0.4 -0.2 0 0.2 Déplacement (mm) 0.4 0.6 Fig 2.3 – Tension observée à l’oscilloscope en fonction du déplacement horizontal du photodétecteur dans le cas où le waist du faisceau est plus large que la photodiode (fit du type I(x) = I0 exp −x2 /σ 2 ) et dans le cas où le waist du faisceau est plus petit que la photodiode (fit du type I(x) = I0 {erf [(r − x)/σ] + erf [(r + x)/σ]}). Cube Bloqueur 100 Coupleur fibre Oscillo. Isolateur optique Densité réglable PD Le profil d’intensité d’un faisceau gaussien au niveau de son waist est donné par : 2ρ2 I(ρ) = I0 exp − 2 (2.1) w0 Avec ρ la distance à l’axe optique, et w0 le waist du faisceau. Les données du fit dans le cas où le waist est Fig 2.2 – Montage optique effectué pour caractériser la voie DC plus large que la photodiode permettent de remonter au √ de la photodiode. Les nombres désignent la distance waist du fasiceau, puisque l’on a alors w0 = 2σ. On focale en mm des lentilles correspondantes. obtient ainsi w0 = 207(1) µm, ce qui est effectivement Sur ce shéma j’ai indiqué l’ensemble du montage sur plus grand que le rayon de la photodiode. lequel je me suis installé, et j’ai donc représenté certains faisceaux qui n’aboutissent pas (ce sont des Dans le cas où le waist est plus petit que le rayon faisceaux utilisés dans d’autres expériences). Chaque de la photodiode, on peut approximer la réponse R du couple (cube, λ/2) permet de réguler la puissance luphotodétecteur en fonction de la position x du faisceau mineuse en sortie du cube. sous la forme : Z r R(x) ∝ I(y − x)dy La voie DC comporte deux potentiomètres, R7 et −r (2.2) R11 . R7 est un potentiomètre qui permet de régler r−x r+x l’offset en sortie de l’amplificateur opérationnel (AO) ∝ erf + erf w0 w0 − on règle cet offset à 0 lorsque la photodiode n’est pas éclairé. R11 permet de régler le gain du circuit, i.e. Dans cette formule, on écrit que la réponse de la photole rapport Vout /iin , avec Vout la tension en sortie et iin diode est proportionnelle à l’intensité totale du faisceau l’intensité du courant en entrée de l’AO. qui la recouvre, et on suppose pour simplifier que l’on On peut ensuite tester la voie DC en effectuant le est en une seule dimension. Les résultats du deuxième fit nous donnent alors un waist w0 = 42(3) µm. Notons montage de la figure 2.2. DC Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique toutefois que la correspondance entre le fit et les données n’est pas parfaite, en particulier sur les bords : la décroissance est plus forte pour le fit que pour les données. Cela est du à la géométrie du problème (qui est en réalité un problème en deux dimensions). La différence entre le fit et les données provient donc des effets de bords qui apparaissent lorsque le faisceau n’est qu’à moitié sur la photodiode. Il est aussi possible que le faisceau ne soit pas parfaitement gaussien. Les données du fit permettent alors d’évaluer les pertes liées à la taille de la photodiode. On estime en effet que 99.83(2) % de l’intensité totale du faisceau est absorbée par la photodiode, si le faisceau est correctement centré sur la photodiode. Il est toujours possible de diminuer les pertes en focalisant encore plus le faisceau, mais cela risque alors de saturer localement la photodiode. Une fois que le faisceau est correctement focalisé sur la photodiode, on peut commencer à caractériser la voie DC. Il s’agit simplement de déterminer la réponse du photodétecteur, i.e. la tension en sortie en fonction de la puissance en entrée. La puissance incidente est contrôlée à l’aide de la densité réglable placée juste avant le photodétecteur (voir figure 2.2) et d’un puissance-mètre. On obtient le graphe de la figure 2.4. Tension (mV) 5000 photodiode à la tension Vout en sortie du photodétecteur par la relation : i= Vout R2 (1 + R4 /R11 ) Avec k le coefficient de réponse calculé précédemment. La résistance R11 est mesurée sur le circuit, ce qui permet d’obtenir au final η = 0.958(65). Cette valeur semble compatible avec les photodiodes d’autres équipes de recherche [4]. 2.3 Voie RF et mesure du shot noise Caractériser la voie RF permet non seulement de déterminer la bande passante du photodétecteur, mais peut aussi permettre d’évaluer sa sensibilité. Cette caractérisation se fait par le montage de la figure 2.5. from YAG 100 SpecAn Oscillo. PD 3000 DC 2000 (2.4) En combinant les deux équations précédentes, on obtient : khc (2.5) η= R2 (1 + R4 /R11 )qλ Fit linéaire Données 4000 4 +24 dB Ampli RF Fig 2.5 – Montage optique réalisé pour caractériser la voie RF. SpecAn désigne un analyseur de spectre. 1000 0 0 2 4 6 8 Puissance (mW) 10 Fig 2.4 – Tension observée à l’oscilloscope en fonction de la puis- On mesure ainsi la réponse de la voie RF jusqu’à 1 GHz et en faisant varier la puissance incidente jusqu’à 10 mW environ. On obtient les courbes de la figure 2.6. sance lumineuse incidente. Le fit a été effectué avec une fonction linéaire. η= ihc qP λ (2.3) Avec i le courant produit par la photodiode, q la charge élémentaire, P la puissance incidente et λ la longueur d’onde du laser. On peut relier le courant produit par la 0.00 1.20 2.38 3.57 4.78 -50 -55 Puissance (dBm) Le graphe 2.4 nous indique ainsi que la réponse de la photodiode est proportionnelle à la puissance lumineuse incidente au moins jusqu’à 10 mW. On notera donc R = kP , avec R la réponse de la photodiode (en V), P la puissance incidente (en W) et k le coefficient de réponse (en V/W). Les résultats du fit linéaire nous donnent alors k = 420.14(87) V/W (l’incertitude est obtenue par les données du fit). Une fois cette caractérisation effectuée, on est en mesure d’évaluer l’efficacité quantique du photodétecteur, notée η. L’efficacité quantique est le rapport du nombre d’électrons produits par la photodiode sur le nombre de photons incidents, soit : -45 mW mW mW mW mW 5.95 7.16 8.33 9.52 mW mW mW mW -60 -65 -70 -75 -80 -85 0 200 400 600 Fréquence (MHz) 800 1000 Fig 2.6 – Bruit de la voie RF du photodétecteur amplifié de 24 dB et moyenné 200 fois. Chaque courbe correspond à une puissance lumineuse fixée. La courbe correspondant à 0.00 mW a été obtenue en cachant la photodiode. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique Le bruit de la voie RF a plusieurs sources, la principale étant le shot noise du laser. Les autres sources sont directement reliées au photodétecteur : le bruit thermique de la voie RF (bruit de Johnson-Nyquist), et le bruit de l’amplificateur opérationnel [5]. De manière générale, on définit la fonction de corrélation g(τ ) d’une quantité fluctuante x(t) par 2 g(τ ) = hx(t)x(t + τ )i − hx(t)i . On introduit alors la densité spectrale Sxx de la quantité x comme la transformée de Fourier de sa fonction de corrélation : Z +∞ Sxx (ν) = g(τ )e−2iπντ dτ (2.6) 5 laser et P sa puissance. Si on ontroduit le coefficient de réponse ρ de la photodiode (en A/W), cela correspond à une densité spectrale de courant Sii = 2ρ2 hνP . On peut déterminer ρ à l’aide de l’efficacité quantique calculée précédemment : ρ= qλ η hc (2.9) Et on trouve ainsi ρ = p0.82(6) A/W. Si on prend √ shot = 17.4(12) pA/ Hz, P = 1.2 mW, on trouve Sii ce qui semble compatible avec les données de la figure 2.7. −∞ ν−δν/2 SV V (ν 0 ) 0 dν 4R (2.7) Avec R = 50 Ω la résistance d’entrée de l’analyseur de spectre. Le facteur 4 provient du fait qu’une seconde résistance 50 Ω est placée à la sortie de l’AO pour adapter l’impédance, et que l’analyseur de spectre ne mesure que la puissance dissipée sur les 50 Ω à son entrée. Le resolution bandwidth de l’analyseur est noté δν. On peut relier la densité spectrale de tension à la densité spectrale de 2 courant par la relation SV V = Rfb Sii , avec Rfb la résistance de feedback de l’AO (Rfb = 469 Ω dans notre cas). Ainsi, en supposant δν suffisamment petit devant l’échelle de variation de SV V , on relie les données de l’analyseur de spectre à la densité spectrale de courant par : 2 δνRfb Sii (2.8) PSA = 4R Or chaque source de bruit est caractérisée par sa densité spectrale que l’on peut ramener à une densité spectrale de courant équivalente. Par exemple, le bruit de Johnson-Nyquist √ de courant lié à la résistance Rfb vaut p fb = 5.94 pA/ Hz, et le bruit de courant de l’AO est Sii p √ AO = 18.5 pA/ Hz. fourni dans [5] et vaut Sii Pour n’obtenir que le shot noise, on doit s’affranchir de l’ensemble des autres bruits (que l’on nommera dark noise) qui sont contenus dans la courbe obtenue pour une puissance incidente nulle. On trace ainsi la densité spectrale de courant pour chaque puissance incidente après avoir retiré le dark noise. Les résultats sont donnés à la figure 2.7. Le pic situé entre 1 MHz et 2 MHz correspond au pic de relaxation du Nd : YAG (normalement situé vers 1 MHz, mais on n’observe ici qu’une partie de ce pic qui est en réalité attenué par le filtre passe haut de la voie RF). On observe donc sur ce graphe que la réponse du photodétecteur est relativement plate entre 10 MHz et quelques centaines de MHz, mais qu’au-delà il ne parvient pas à détecter le shot noise. Le shot noise est caractérisé par une densité spectrale de puissance SP P = 2hνP , avec ν la fréquence du √ Densité spectrale de courant (A/ Hz) ν+δν/2 PSA (ν) = 1.20 2.38 3.57 4.78 5.95 7.16 8.33 9.52 10−9 mW mW mW mW mW mW mW mW 10−10 10−11 1 10 100 Fréquence (MHz) 1000 Fig 2.7 – Densité spectrale de courant équivalente calculée à partir de la formule (2.8) correspondant aux courbe de la figure 2.6. Les calculs ont été réalisés après le retrait du dark noise pour ne conserver que le shot noise. 10−13 Coefficient de réponse (Hz−1 ) Z 10−8 gexp gth 10−14 10−15 10−16 (a) 10−17 0 200 400 600 Fréquence (MHz) 800 1000 15 4 ×10 Signal/bandwidth (mW/Hz) L’analyseur de spectre mesure la puissance d’un signal (dans notre cas la puissance électrique) en fonction de la fréquence. Ainsi, si à la sortie de la voie RF la tension est caractérisée par sa densité spectrale de puissance SV V , l’analyseur de spectre nous donne PSA (ν) défini par : 3 Fit Données 2 1 (b) 0 0 2 4 6 Puissance (mW) 8 10 Fig 2.8 – (a) Résultats obtenus pour le coefficient de réponse g(ν). La courbe en pointillée correspond à la valeur théorique attendue. (b) Exemple de fit linéaire pour ν0 = 100 MHz. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 6 opt ∼ 1.7 mW. de ce coefficient. On trouve PDN Le photodétecteur permet donc au final de détecter efficacement le shot noise du Nd : YAG et de le mesurer. Sa courbe de réponse est par ailleurs relativement plate jusqu’à 1 GHz. Il est certainement encore possible d’améliorer la bande passante de la voie RF en modifiant légèrement le circuit, par exemple en changeant les valeurs des bobines, en modifiant la géométrie des pistes ou en utilisant un amplificateur opérationnel plus rapide. Nous sommes cependant suffisamment satisfaits de ces résultats pour conserver le photodétecteur dans cette configuration. R2 hcρ2 Cette dernière courbe conclut ainsi la caractérisation (2.10) g = fb 2Rλ des mesures de bruit de la voie RF. On se sert mainSoit g = 2.76(40) × 10−16 Hz−1 . On peut enfin exprimer tenant du photodétecteur pour effectuer un battement le dark noise en puissance optique équivalente à l’aide entre deux Nd : YAG. L’analyseur de spectre mesure donc un signal qui est proportionnel à la puissance incidente. On peut ainsi définir un coefficient de réponse g(ν) tel que PSA = gδνP + PDN , avec P la puissance lumineuse incidente et PDN la contribution du dark noise. Pour calculer ce coefficient, on se place à fréquence fixée ν0 , on effectue un fit linéaire du signal sur bruit divisé par le bandwidth de l’anlyseur de spectre, et le résultat du fit donne g(ν0 ). On obtient alors les graphes de la figure shot permettent 2.8. La formule (2.8) et l’expression de Sii de donner une valeur théorique pour g : 3 Battements optiques et caractérisation des lasers Effectuer un battement optique entre deux lasers pourra permettre d’avoir une idée plus précise de la réponse du photodétecteur (notamment à plus haute fréquence) et pourra aussi nous donner une idée de la limite de saturation de la voie RF du photodétecteur. C’est aussi ce pic de battement qui permettra l’asservissement d’un laser sur l’autre. 3.1 Caractérisation du laser brusquement. En effectuant un fit linéaire sur chacune de ces plages, on peut déterminer un coefficient de réponse α (en GHz/K) qui caractérise le changement de fréquence ∆ν relatif à un changement de température ∆T . On trouve ainsi α = −3.03(13) GHz/K. Les changements brutaux de fréquences apparaissent lorsque le laser fait un saut de mode dont la valeur est par définition son intervalle spectral libre (ISL). Les données des fits linéaires permettent d’évaluer cet ISL, on trouve νISL = 6.050(55) GHz. Fréquence (GHz) Pour observer un pic de battement entre deux lasers, il faut que la différence de fréquence des deux lasers soit dans la gamme de sensibilité du photodétecteur. On peut 3.2 Battements optiques controler la fréquence d’un laser en modifiant sa tempéPour observer un pic de battement, on effectue le rature. On mesure ainsi, à l’aide d’un spectromètre com- montage de la figure 3.2. mercial, la fréquence du laser Nd : YAG en fonction de La fréquence à laquelle le pic de battement apparaît la température de son cristal. les résultats sont donnés correspond à la différence de fréquence entre les deux à la figure 3.1. lasers. Pour déplacer le pic, il suffit de changer la température d’un des deux lasers. En pratique, l’analyseur 40 + 281.6 THz de spectre utilisé ne peut pas détecter de signal au-delà de 8.5 GHz, il est donc possible de balayer toute cette 35 plage avec le pic de battement en changeant la tempé30 rature de quelques degrés. 25 On effectue ainsi ce balayage de 0 GHz à 2 GHz en 20 observant l’amplitude du pic de battement, et en faisant 15 par ailleurs varier la puissance incidente arrivant sur la 10 1 photodiode . Dans chaque cas, la puissance délivrée par 5 chaque laser est environ la moitié de la puissance totale. 20 25 30 35 40 On obtient les courbes de la figure 3.3. Température (◦ C) Ces dernières courbes permettent alors de finaliser Fig 3.1 – Mesure de la fréquence du laser en fonction de la tem- la caractérisation du photodétecteur. Elles nous renpérature du cristal. Les fréquences ont été prises avec seignent tout d’abord sur son seuil de saturation : les un lambdamètre, la température étant directement afcourbes correspondant à 4.794 mW et à 10.020 mW sont fichée sur le laser. différentes des autres courbes, notamment à basse fréquence. Le seuil de saturation est donc situé à quelques Cette courbe nous permet alors de contrôler plus pré- mW. On observe de plus que la réponse est relativement cisément la fréquence des lasers. On distingue clairement plate jusqu’à environ 1 GHz : on perd environ 6 dBm que la fréquence diminue linéairement avec la tempéra- entre 0 MHz et 500 MHz, puis 3 dBm entre 500 MHz et ture sur des plages de 2 à 3 degrés, avant de changer 1 GHz. Au-delà, la réponse n’est plus plate, mais le pho1. En pratique, il était difficile de mesurer avec précision des puissances de l’ordre du µW. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique todétecteur détecte tout de même un signal. Le photodétecteur parvient de plus à détecter des signaux très faibles (10 à 20 dBm de signal sur bruit à 1 µW en dessous de 500 MHz). Autre table YAG2 La puissance du signal de battement étant proportionnelle à la puissance totale incidente (cf. équation (1.1)), l’analyseur de spectre, en mesurant une densité spectrale, fournit une mesure qui est proportionnelle (après retrait du dark noise) au carré de la puissance lumineuse incidente. On peut le vérifier sur la figure 3.3 en comparant la trace d’une puissance donnée et de son double, et constater qu’elles sont séparées par environ 6 dBm. Coefficient de réponse (mW−1/2 ) Nd :YAG 100 10−1 10−2 (a) 10−3 0 from YAG1 100 PL 75 SpecAn DC 101 Signal sur bruit (mW1/2 ) Oscillo. PD RF à l’analyseur de spectre. PL désigne un polariseur. Le second faisceau provient d’une autre table, j’ai donc indiqué en détail le montage de cette autre table. La fibre optique utilisée est une fibre PM (polarization maintaining). 0.000 0.001 0.002 0.004 0.011 0.023 0.046 40 Puissance (dBm) 20 0 mW mW mW mW mW mW mW 0.123 0.239 0.487 1.185 2.354 4.794 10.020 mW mW mW mW mW mW mW -40 -60 500 10−2 (b) 1000 1500 0.01 0.1 1 Puissance (mW) 10 Fig 3.4 – (a) Résultats obtenus pour le coefficient de réponse g 0 (ν). (b) Exemple de fit linéaire pour ν0 = 250 MHz. Le seuil de saturation est visible (entre 3 et 4 mW). 3.3 0 10−1 Plus précisément, on peut définir un coefficient de réponse g 0 (ν) tel que PSA = (g 0 P )2 + PDN , avec P la puissance lumineuse incidente et PDN la contribution du dark noise (i.e. la trace où P = 0 µW). Pour calculer ce coefficient, on se place à fréquence fixée ν0 , et on effectue un fit linéaire de la racine du signal sur bruit √ en fonction de la puissance lumineuse incidente ( PSA − PDN en fonction de P ). Le résultat de ce fit donne g 0 (ν0 ). Pour effectuer ce fit, on ne considère pas les traces correspondant à 4.794 mW et à 10.020 mW. On obtient les graphes de la figure 3.4. En somme, le photodétecteur permet de caractériser correctement un signal de battement entre 0 et 1 GHz pour une puissance incidente inférieure à 3 mW, et en pratique, pour une puissance incidente suffisamment forte, il détecte un signal jusqu’à plusieurs GHz. -20 -80 2000 Fit Données 0.001 Fibre PM 60 100 500 1000 1500 Fréquence (MHz) 10−3 Fig 3.2 – Montage effectué pour observer un pic de battement 7 2000 Fréquence (MHz) Fig 3.3 – Amplitude du pic de battement entre 0 GHz et 2 GHz pour différentes puissances lumineuses. Dans chaque cas, la puissance lumineuse est équitablement répartie entre les deux lasers. Stabilité relative des deux lasers Le montage de la figure 3.2 permet par ailleurs de mesurer la stabilité relative des deux lasers. En effet, la fréquence de chacun des lasers fluctue, ce qui se traduit par une fluctuation de la fréquence de battement, et donc une dérive du pic sur l’analyseur de spectre. Pour avoir une idée de l’amplitude de ces fluctuations on effectue de façon régulière (toutes les secondes) une mesure de la Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique Fréquence (MHz) position du pic de battement, et ce sur une période de plusieurs jours. On obtient le graphe de la figure 3.5(a). 180 160 140 120 100 80 8 moyen de la fréquence ν, noté yn : Z 1 tn+1 tn+1 − tn = τ et yn = (ν(t) − hνi)dt (3.1) τ tn Écart-type d’Allan (MHz) La variance d’Allan est alors définie de la façon suivante [6] : 1 σ 2 (τ ) = h(yn+1 − yn )2 i (3.2) 2 (a) La figure 3.5(b) représente l’écart-type d’Allan σ(τ ) correspondant au graphe de la figure 3.5(a). 07/18 07/19 07/19 07/20 07/20 07/21 On ne constate donc pas de structure particulière. 18h 06h 18h 06h 18h 06h La variance d’Allan augmente jusqu’à τ ∼ 103 s, se stabilise jusqu’à τ ∼ 5 × 104 s, puis augmente par la suite. On peut ainsi interpréter la forme de la courbe de la 10 façon suivante : — On observe, sur les courtes périodes de temps 1 (entre 1 s et 100 s) une augmentation des fluctua(b) tions. 0.1 — À partir de 100 s, cette augmentation semble 100 101 102 103 104 105 commencer à saturer, et l’écart-type d’Allan augTemps (s) mente relativement peu par la suite. — À partir de 1000 s, les fluctuations saturent et Fig 3.5 – (a) Fréquence de battement en fonction du temps. Les l’écart-type d’Allan correspondant est alors enmesures ont été prises à chaque seconde du vendredi viron 7 MHz. 18 juillet à 18h au lundi 21 juillet à 9h. — Dans tous les cas, les fluctuations de fréquence (b) Écart-type d’Allan associé. ne dépassent jamais 10 MHz sur une période de quelques heures. La fréquence ν de battement peut donc varier de plus Cette mesure permet alors de s’assurer que la fréquence de 100 MHz en quelques jours. La variance d’Allan, notée d’un laser ne fluctue pas plus que 10 MHz pour une durée σ 2 (τ ), permet d’avoir une idée plus précise des échelles raisonnable de mesure. On peut toutefois complètement de variations. Pour cela, on découpe les données en N s’affranchir de ces fluctuations en asservissant un laser intervalles de longueur τ , sur lesquelles on calcule l’écart sur l’autre. 4 Asservissement de la fréquence de battement Dans cette partie, on utilise notre signal de battement pour asservir en phase un laser sur l’autre. Cet asservissement permettra de choisir avec précision la différence de fréquence entre les deux lasers. De plus, une fois l’asservissement effectué, l’étude du pic de battement sera beaucoup plus facile. à travers un amplificateur d’asservissement (ampli) [9]. C’est cet ampli qui permet de contrôler tous les paramètres de l’asservissement : le signal d’entrée est amplifié avec un gain qui dépend de la fréquence, c’est la fonction de transfert de l’ampli. Le signal de sortie est ensuite envoyé vers l’AOM, qui ajoute à la fréquence du YAG1 une fréquence proportionnelle à la tension de sortie de l’ampli. 4.1 Boucle d’asservissement De façon plus quantitative, le signal Vpd produit par la voie RF du photodétecteur et le signal VLO produit La boucle d’asservissement utilisée est inspiré de la par l’oscillateur local sont de la forme : méthode Pound-Drever-Hall [7, 8], avec pour différence que la modulation du laser asservi provient du batteVpd (t) = V1 sin(ω1 t + φ1 ) ment avec un autre laser. Pour asservir un laser sur (4.1) VLO (t) = V2 sin(ω2 t + φ2 ) l’autre, on effectue le montage de la figure 4.1. Dans ce montage, c’est le YAG1 qui est asservi sur le Où ω1 désigne la fréquence de battement et ω2 la fréYAG2. La fréquence du YAG1 est modifiée par le moduquence de l’oscillateur local. Le mixer multiplie ces deux lateur acousto-optique (AOM), puis le YAG1 et le YAG2 signaux pour obtenir : créent un signal de battement sur la photodiode. Ce signal est amplifié (+24 dB), puis mélangé électroniqueV1 V2 [cos(δωt + δφ) − cos(Ωt + Φ)] (4.2) V (t) = ment (par le mixer) avec le signal d’un oscillateur local. 2 La fréquence d’asservissement (la fréquence de battement) est choisie sur cet oscillateur local. Une fois mé- Où δω = ω2 − ω1 , δφ = φ2 − φ1 , Ω = ω1 + ω2 et langé, le signal passe à travers un filtre passe bas puis Φ = φ1 + φ2 . Ainsi, après le filtre passe bas, le signal Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 9 l’ampli, puis récupère le signal de sortie S2 . Il donne ensuite le rapport S2 /S1 exprimé en dB. Cela revient à V1 V2 π mesurer la fonction de transfert en “boucle ouverte”. On Vin (t) = (4.3) sin δωt + δφ + 2 2 obtient les graphes de la figure 4.2. Les valeurs indiquées pour G et pour GLF sont arOù l’on a supposé que δω ≤ 5 MHz. Le signal à l’enbitraires (en pratique, on règle ces valeurs à l’aide d’un trée de l’ampli est donc un signal oscillant à la pulsation potentiomètre sur l’ampli, et on note ici les valeurs inδω. L’idée de l’asservissement est d’amener δω vers 0, diquées sur le potentiomètre). On peut donc clairement car dans ce cas, le signal d’erreur Vin est proportionnel distinguer le rôle de G et de νPI . GLF permet de fixer LF à la différence de phase entre les deux lasers, dans la le gain maximum et ν permet de fixer la fréquence PI limite où |δφ + π/2| 1. L’AOM permet alors de corrià laquelle l’asservissement passe du mode intégrateur ger les fluctuations de phase - donc de fréquence - entre (pente descendante à basse fréquence) au mode proporles deux lasers. Comme il y a un déphasage important ◦ tionnel (courbe plate). Enfin, les courbes de la figure 4.2 (∼ 180 ) dans la boucle d’asservissement aux fréquences nous indiquent aussi que l’ampli a une bande passante supérieures à quelques centaines de kHz, il est impératif d’environ 1 MHz. d’avoir un gain inférieur à l’unité pour cette gamme de fréquence pour éviter que l’AOM n’agisse dans le mau20 vais sens. Légende Diaphragme λ/4 75 AOM 75 from YAG1 100 Coefficient de transmission (dB) d’entrée de l’ampli est : 75 Mixer from YAG2 SpecAn Splitter +24 dB Coefficient de transmission (dB) 100 LPF @ 5 MHz LO -20 -40 -60 Ampli. RF Fig 4.1 – Montage effectué pour asservir le YAG1 sur le YAG2. LO désigne un oscillateur local, LPF désigne un filtre passe-bas et Ampli. désigne un aplificateur d’asservissment (ServoAmp). La boucle d’asservissement agit directement sur le modulateur acousto-optique (AOM). Globalement, un asservissement est efficace s’il est stable, s’il est précis, et s’il est rapide. On peut optimiser l’efficacité de l’asservissement en modifiant la fonction de transfert de l’ampli. Plus précisément, on peut jouer ici sur trois paramètres : le gain global noté G, la fréquence de passage intégrateur/proportionnel notée νPI et la limite du gain à basse fréquence notée GLF . Augmenter le gain permet d’améliorer la précision au détriment de la stabilité (le système se met à osciller autour de la valeur de consigne lorsque le gain est trop fort). L’intégrateur augmente le gain à basse fréquence (inférieure à νPI ), ce qui permet d’améliorer la précision. Enfin la limite de gain à basse fréquence permet de limiter l’action du gain et de l’intégrateur à basse fréquence afin d’améliorer la stabilité. En pratique dans notre cas, la rapidité de l’asservissement est suffisante pour ne pas avoir à s’en soucier. On peut ainsi mesurer la fonction de transfert de l’ampli à l’aide d’un analyseur de réseau. Cet appareil envoie un signal S1 sinusoïdal de fréquence variable dans (a) 0 GLF GLF GLF GLF GLF = = = = = 20 30 40 50 60 (b) 0 -20 -40 νPI = 3 kHz νPI = 10 kHz νPI = 30 kHz -60 10−2 10−1 100 101 102 Fréquence (kHz) 103 104 Fig 4.2 – (a) Fonction de transfert de l’ampli à G = 4.0 et à νPI = 30 kHz pour différentes valeurs de GLF . (b) Fonction de transfert de l’ampli à G = 4.0 et à GLF = 40 pour différentes valeurs de νPI . 4.2 Gain et stabilité Pour visualiser les effets du gain sur la boucle d’asservissement, on regarde d’une part le signal de la voie RF à l’analyseur de spectre, et d’autre part le signal d’erreur de l’ampli (signal d’entrée) que l’on envoie vers un oscilloscope. L’idée est de trouver un compromis entre précision et stabilité. La précision sera d’autant plus grande que le gain est fort, mais à partir d’une certaine valeur, le système n’est plus stable et le signal d’erreur se met à osciller. On asservit ainsi le pic de battement à 139 MHz, avec comme paramètres d’asservissement GLF = +∞ et νPI = 30 kHz, en faisant varier le gain. On montre sur la figure 4.3 les courbes obtenues à l’analyseur de spectre (pic de battement) et à l’oscilloscope (signal d’erreur) pour le cas G = 5.5 (courbes rouges) et le cas G = 7.0 (courbes bleues). Dans le cas G = 5.5, le signal d’erreur n’oscille pas, Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 10 -100 -120 G = 7.0 Amplitude (mV) -400 (b) -200 0 200 Fréquence (kHz) Amplitude (mV) 50 -140 -20 -40 -60 -80 -100 -120 400 20 40 30 20 10 0 5.4 5.6 5.8 (c) 10 6 6.2 6.4 6.6 Gain (sans unité) 6.8 7 Fig 4.4 – Amplitude des oscillations du signal d’erreur en fonction de gain. On distingue clairement que les oscillations arrivent brusquement pour G ∼ 6.45. 0 -10 -20 0 0.5 1 1.5 Temps (ms) 2 Fig 4.3 – (a) Pic de battement observé à l’oscilloscope et recentré pour un gain G = 5.5. (b) Pic de battement observé à l’oscilloscope et recentré pour un gain G = 7.0. (c) Signal d’erreur observé à l’oscilloscope pour G = 5.5 (courbe rouge) et G = 7.0 (courbe bleue). Dans le cas G = 7.0, c’est l’inverse. L’asservissement est précis, mais instable. Le signal d’erreur oscille fortement, et on peut observer ces oscillations sur le signal de battement (des pics apparaissent à environ 200 et 400 kHz de la fréquence de battement), et sur l’oscilloscope (oscillation à 3 kHz environ). Il existe une valeur seuil Gs du gain à partir de laquelle le système se met brutalement à osciller. Dans notre cas, on a Gs = 6.45. On peut mettre en évidence cette valeur en traçant l’amplitude des oscillations en fonction de gain (cette amplitude est simplement calculée en prenant la demi différence de la valeur maximale et de la valeur minimale du signal obtenu à l’oscilloscope). On obtient le graphe de la figure 4.4. Ainsi en pratique, pour optimiser la stabilité et la précision, on choisit G = 6.4. Cependant, cet asservissement seul est insuffisant pour stabiliser la fréquence de battements sur des durées suffisamment longues (typiquement l’asservissement fonctionne pendant quelques minutes avant de décrocher). Cela s’explique facilement par la courbe 3.5(b) : les lasers subissent des fluctuations de température qui font déplacer le pic de battement. À partir d’une déviation trop importante, la plage des fréquences accessibles à l’AOM ne parvient plus à corriger δω De cette façon, on parvient à asservir le pic de battement suffisamment longtemps pour l’étudier plus en détail. On obtient ainsi par exemple la courbe de la figure 4.5 -20 Puissance (dBm) Puissance (dBm) Puissance (dBm) et l’asservissement est stable. On remarque cependant Pour légèrement améliorer la stabilité, on asservit que le signal d’erreur n’est pas exactement nul, et l’as- aussi la température. On utilise ainsi un autre ampli qui servissement n’est donc pas précis. prend en signal d’entrée le signal de sortie du premier ampli, et qui, en sortie, est branché sur le contôle de la température du YAG1. On espère alors que l’asservisse-20 ment AOM corrige les fluctuations à court terme, et que (a) G = 5.5 -40 l’asservissement en température corrige les fluctuations -60 à plus long terme, en stabilisant le point de fonctionne-80 ment de l’AOM dans sa plage de fonctionnement. Fit -40 -60 -80 -100 -120 -100 -50 0 Fréquence (Hz) 50 100 Fig 4.5 – Pic de battement observé en détail à l’analyseur de spectre (recentré). La courbe bleue correspond à un fit gaussien en échelle logarithmique. Sur cette dernière courbe, le bandwith de l’analyseur de spectre est δν = 1 Hz. Le choix du fit a été effectué en considérant que la fenêtre de l’analyseur est de type gaussien avec une largeur à mi-hauteur δν. Or les paramètres du fit donnent comme largeur à mi-hauteur δνexp = 0.9938(4) Hz. On peut donc en conclure que la finesse du pic est ici limitée par la fenêtre de l’analyseur de spectre, et que finalement l’asservissement fonctionne correctement (le pic, une fois asservi, est théoriquement infiniment fin). Les pics situés à ±40 Hz, à ±50 Hz et à ±80 Hz de part et d’autre du pic central sont des pics parasites que l’on retrouve aussi dans le spectre de l’oscillateur local. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 5 11 Détection hétérodyne : preuve de principe Dans cette partie, on utilise le photodétecteur pour la profondeur de modulation à V0 : détecter des bandes latérales générées par un modulaπV0 β= (5.2) teur électro-optique (EOM). Ces bandes latérales sont Vπ censées simuler les bandes latérales produites par un osCette tension Vπ dépend aussi de la fréquence d’excillateur mécanique (un cristal de CaF2 ), pour lesquelles citation Ω. En effet, l’EOM est constitué d’un cristal le photodétecteur est initialement conçu. non linéaire (du MgO :LiNbO3 dans notre cas) monté en série avec une bobine pour former un circuit LC, et la from tension Vπ est ainsi minimale lorsque le circuit est excité YAG1 à résonance. Dans notre cas, cette résonance est située EOM 75 AOM 75 100 à 50 MHz. On asservit ainsi notre pic de battement à 500 MHz, et on génère des bandes latérales à ±50 MHz. On obtient le signal de la figure 5.2 à l’analyseur de spectre. 100 75 -40 Puissance (dBm) Asserv. from YAG2 RF Fig 5.1 – Montage effectué pour générer et détecter des bandes latérales avec le photodétecteur. 5.1 -70 -80 -90 k=1 # -100 -50 0 50 Fréquence (MHz) 100 150 Fig 5.2 – Signal de battement obtenu à l’analyseur de spectre Pour observer les bandes latérales produites par l’EOM, on effectue le montage de la figure 5.1. Ce montage permet d’asservir le pic de battement entre le YAG1 et le YAG2, tout en générant des bandes latérales à ce pic avec l’EOM. On utilise l’EOM en modulateur de phase : le champ Ein = E0 eiωt entrant dans l’EOM en ressort avec une phase supplémentaire : Eout = E0 eiωt+iφ . La phase φ est proportionnelle à la tension à laquelle est soumis l’EOM. Ainsi, si on soumet l’EOM à une tension alternative de pulsation Ω, le champ sortant de l’EOM s’écrira Eout = E0 eiωt+iβ sin(Ωt) , avec β la profondeur de modulation. On développe alors cette dernière expression, par le développement de Jacobi-Anger, sous la forme : " +∞ X iωt Eout = E0 e J0 (β) + Jk (β)eikΩt + -60 -150 Montage et bandes latérales +∞ X -50 (5.1) (−1)k Jk (β)e−ikΩt k=1 Où Jk désigne la k ième fonction de Bessel. Cette expression fait apparaître un champ portant la fréquence d’entrée (que l’on appellera la porteuse) et d’amplitude E0 J0 (β), et des bandes latérales situées à ω ± kΩ et d’amplitude E0 Jk (β). Chaque EOM est caractérisé par une tension notée Vπ , correspondant à la tension à appliquer pour que la phase φ vale π. Ainsi, si on soumet l’EOM à une tension de la forme V (t) = V0 sin(Ωt), on peut directement relier (moyenné et recentré). On distingue le pic principal (la porteuse) et des bandes latérales situées à ±50 MHz et à ±100 MHz. Sur cette dernière figure, on distingue les bandes latérales du premier ordre et du deuxième ordre. On peut noter que la bande située à +50 MHz a une puissance légèrement plus faible que son homolgue située à −50 MHz, de même que la bande à +100 MHz par rapport à la bande à −100 MHz. Cette différence, qui n’apparaît pas dans l’équation (5.1), est due à la réponse de la photodiode qui n’est pas parfaitement plate et qu’il faut prendre en compte (figure 3.4). 5.2 Calibration du modulateur La figure 5.2 permet de montrer le principe de la détection hétérodyne. On utilise maintenant cette détection pour déterminer Vπ . On peut simplifier l’expression (5.1) dans la limite où β est petit par : i E0 β h i(ω+Ω)t Eout = E0 eiωt + e − ei(ω−Ω)t (5.3) 2 Dans l’expression 5.3 seules les premières bandes latérales apparaissent. Ainsi, la puissance dans la porteuse sera proportionnelle à |E0 |2 et la puissance dans chaque bande latérale sera proportionnelle à |E0 |2 β 2 /4. En faisant varier l’amplitude V0 de la tension qui alimente l’EOM, on fait varier la puissance dans les bandes latérales sans que la puissance de la porteuse ne change significativement. Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique 12 14 12 10 8 6 4 2 0 Hauteur du pic (dBm) Puissance relative (%) Pour chaque V0 , on effectue un fit des pics par des obtient la courbe de la figure 5.4. gaussiennes d’amplitudes Ac (porteuse) et As (bande la-40 térale à −50 MHz). On trace ensuite la racine carrée du Fit rapport As /Ac (corrigé par la fonction de transfert du Données -50 photodétecteur) en fonction de la tension. On obtient la Bruit de fond courbe de la figure 5.3. -60 Fit Données -90 0.05 0.1 0.15 0.2 Profondeur de modulation (rad) 0.25 Fig 5.4 – Hauteur de la bande latérale à −50 MHz en fonc0 1 2 3 Tension (V) 4 5 p de la tension appliquée. Le fit a été effectué par une fonction linéaire. Le coefficient directeur de la droite de la figure 5.3 est directement relié p à Vπ . On peut en effet écrire d’après la relation (5.2) As /Ac = β/2 = πV0 /2Vπ . Autrement dit, le coefficient directeur de la droite est π/2Vπ . Les données du fit nous permettent de conclure : Vπ = 66.92(23) V. Cette valeur est plus grande (d’un facteur 2.5 environ) que la valeur indiquée dans la documentation du modulateur (environ 25 V à 1064 nm) [10]. Cela provient du fait que la modulation est sensible à la polarisation du faisceau incident, que nous n’avons pas réglée. Bruit de mesure Une fois le modulateur calibré, on peut calculer le bruit lié à cette méthode de mesure, et ainsi donner une idée des limites de la détection hétérodyne. Pour cela, on commence par exprimer la hauteur du pic de modulation en fonction de la profondeur de modulation. La hauteur du pic de modulation est obtenue avec les fits effectués précédemment, et la profondeur de modulation est donnée par Vπ et la relation (5.2). On 6 -80 0 Fig 5.3 – Racine de la puissance relative ( As /Ac ) en fonction 5.3 -70 tion de la profondeur de modulation. Le fit a été effectué avec une fonction logarithmique du type f (x) = 20 log(ax + b). Le bruit de fond représenté ici correspond à la moyenne des bruits de fond pris pour chaque aquisition. Pour le fit, on considère que la puissance est proportionnelle au carré de la profondeur de modulation. Après passage en échelle logarithmique, on obtient la forme f (x). La profondeur de modulation β ∗ qui correspond au bruit de fond peut ainsi être calculée. On trouve β ∗ = 2.44(74) × 10−5 rad. La densité spectrale associée, notée Sφφ (ν), est alors simplement : Sφφ (ν) = β∗2 δν (5.4) Avec δν le bandwith de l’analyseur de spectre. On trouve Sφφ (ν) = 1.39(84) × 10−15 rad2 /Hz. On peut comparer cette valeur au bruit de phase quantique caractérisé par une densité spectrale [11] : Q Sφφ (ν) = hc 4λP (5.5) Où ici P est la puissance optique. On obtient alors Q une densité spectrale Sφφ (ν) ∼ 4.67 × 10−18 rad2 /Hz (à 10 mW). On constate donc que le bruit de notre mesure est bien au-dessus de la limite quantique. Conclusion Ce stage avait initialement pour but la mise au point d’une détection hétérodyne pour étudier les modes de résonance d’un cristal de CaF2 . Le manque de temps ne nous a pas permis de tester cette détection en situation “réelle”, mais nous avons pu tout de même pu montrer le fonctionnement de cette méthode de détection. Ce manque de temps a été causé principalement par la contruction du photodétecteur, qui nous a pris près de dix jours. Nous avons en effet procédé par petites étapes, en remplaçant composant par composant le modèle de [2] jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant (peu de pertes jusqu’à 1 GHz, un pic de battement détecté jusqu’à 8 GHz, une efficacité quantique proche de 95 %, et le dark noise à 1.7 mW en puissance optique équivalente). Ce photodétecteur nous a aussi permis de caractériser plus en détail les lasers Nd : YAG que nous utilisons. Nous avons pu en effet d’une part observer le shot noise produit par un laser, puis par l’intermédiaire d’un signal de battement, caractériser les fluctuations temporelles de la fréquence des lasers. Nous avons donc décidé d’effectuer un asservissement de la fréquence d’un laser sur l’autre, ou plus précisément de stabiliser le signal de battement à une fréquence Montage et caractérisation d’un photodétecteur pour une détection hétérodyne optique fixe. En s’affranchissant de ces fluctuations de fréquence, on simplifie l’étude du pic de battement, et on améliore par conséquent l’efficacité de la détection hétérodyne. Cet asservissement, bien que suffisamment stable pour nos expériences, aurait besoin d’être amélioré et de gagner en robustesse (l’asservissement tient sur quelques dizaines de minutes seulement). Nous avons donc conclu ce stage avec une “preuve de principe” de la détection hétérodyne sur un modulateur électro-optique. Nous avons pu détecter les bandes latérales créées par ce modulateur de phase et s’en servir pour le caractériser. 13 Sur le plan personnel, ce stage m’a aussi permis de découvrir de nombreuses techniques expérimentales. J’ai en premier lieu pu apprendre les bases de l’électronique en construisant moi-même le photodétecteur. J’ai aussi pu me familiariser avec le fonctionnement des modulateurs acousto-optique et électro-optique, et mettre en place un asservissement. J’ai par ailleurs utilisé et manipulé des lasers de classe IV (1.2 W de puissance en sortie, largement attenuée par la suite). Enfin, ce stage a été l’occasion de découvrir le langage Python (l’ensemble du traitement des données a été effectué avec des scripts Python). Remerciements Je tiens avant tout à remercier Leonhard Neuhaus, qui m’a guidé et encadré tout au long de ce stage, pour sa patience, et pour avoir su répondre à toutes mes questions. Je voudrais aussi remercier Pierre-François Cohadon pour m’avoir acceuilli dans l’équipe Mesure et Bruits Fondamentaux du LKB, ainsi que toute l’équipe pour son accueil. Merci aussi à Tristan Briant pour ses bonnes idées, et à Samuel Deléglise pour son aide sur les aspects informatiques. Enfin, merci à Brigitte Delamour et Jean-Pierre Okpisz de l’atelier électronique pour m’avoir guidé dans le montage du photodétecteur. Références [1] Coherent. Nd : YAG Data Sheet, 2013. [2] Malcolm B. Gray, Daniel A. Shaddock, Charles C. Harb, and Hans-A. Bachor. Photodetector Designs for Experiments in Quantum Optics. 1998. [3] Fermionics Opto-Technology. FD150 Data Sheet. [4] Communication personnelle avec J. Laurat (LKB - Optique Quantique). [5] Texas Instruments. LM6702 Data Sheet, 2002. [6] Pierre Lemonde. Étude d’une horloge spatiale utilisant des atomes refroidis par laser, réalisation d’un prototype. PhD thesis, 1997. [7] R. W. P. Drever et al. Laser Phase Frequency Stabilization Using an Optical Resonator. Appl. Phys. B, 31 :97–105, 1983. [8] Eric D. Black. An introduction to Pound-Drever-Hall laser frequency stabilization. Am. J. Phys., 69(1), January 2001. [9] New Focus. LB1005 High-Speed Servo Controller, 2009. [10] Thor Labs. Electro-Optic Phase Modulator manual, 2012. [11] Tristan Briant. Caractérisation du couplage optomécanique entre la lumière et un miroir, bruit thermique et effets quantiques. PhD thesis, 2004. [12] Karl Johan Astrom and Richard M. Murray. Feedback Systems : An Introduction for Scientists and Engineers. 2006.