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Intérêt naissant pour la Salsa au cours des années 1970 et 1980
La musique des Caraïbes hispaniques est donc peu
présente en France à La fin des années 1960. Le
public parisien s’intéresse alors si peu à la musique
cubaine que Don Barreto a pratiquement cessé de
se produire sur les scènes de la capitale. Et la
naissance de la Salsa new-yorkaise passe à l’époque
presque totalement inaperçue dans notre pays.
Au cours des années 1970, un fait précurseur se
produit cependant, avec une forte poussée de la
présence culturelle latino-américaine dans la
capitale française. De nombreux artistes progressistes argentins, chiliens, uruguayens ou brésiliens,
chassés par les dictatures militaires, arrivent alors en France [Hatem, 2002]. Cette petite
communauté très marquée à gauche écoute la Nueva trova dans quelques bars et clubs latinos,
comme l’Escale (photo ci-contre) ou la Chapelle des Lombards, organise des soirées à connotation
politique dans des lieux comme la Cité universitaire [Escalona, 2001]. Quelques orchestres et
chanteurs étrangers de Salsa, comme la Tipica 73 ou Cheo Feliciano, se produisent également en
France.
Ce n’est qu’à la fin de décennie 1970, cependant, qu’un petit milieu salseros encore assez
confidentiel, commence à se former à Paris. Quelques artistes viennent peu à peu s’installer dans
notre capitale, comme le pianiste cubain Alfredo Rodriguez ou le chanteur panaméen Luis Camillo
Argumedes Rodriguez dit Azuquita (voir photo ci-contre), qui s’était auparavant produit avec Rafael
Cortijos et la Tipica 73. Ils seront bientôt rejoints par d’autres, comme Charuto, Otto Palma,
Roosevelt Vasquez, Alfredo Cutufla, Freddy Rinco, Bolivarito, ou encore le danseur Milvio Rodriguez
[Escalona, 2001].
Se forment également à l’époque quelques orchestres
latinos où se regroupent des musiciens d’origines
diverses. Comme le dit un témoin de l’époque : « On
cherchait à s’adapter entre un chanteur panaméen, un
bassiste vénézuélien, un choriste colombien, un
percussionniste martiniquais, un guitariste chilien, un
bogoncero cubain…» [Forum SalsaFrance, 2002]. Parmi
les précurseurs, on peut citer l’orquesta Malanga, Salsa
y control, Los salseros. Puis apparaissent, au cours des
années 1980, les groupes Cumbaiamba, Combo Ven Tu,
La Manigua, Aguacate, Grupo Café. « Il y avait Azuquita,
Alfredo Rodriguez, Yuri Buenaventura qui commençait…
Il y avait l’émission radio de Maya Roy, qui était
concurrente avec José el Loco… », se souvient le Dj Ariel Wizman [Boyer, 2006a].