Page 4juillet - août 2006
Echos des services
LLe cancer bronchique est la première cause de dé-
cès liée au cancer dans le monde. Le stade de la
maladie au moment du diagnostic est un des fac-
teurs pronostic principaux. La chirurgie est recom-
mandée pour les cancers limités au poumon et
aux ganglions hilaires (les stades I et II), tandis que
la chimiothérapie couplée à la radiothérapie est
proposée lorsque la tumeur envahit les ganglions
médiastinaux (stade III). En cas de métastase
ailleurs (stade IV) seule la chimiothérapie est indi-
quée. La stadifi cation précise notamment au ni-
veau médiastinal, est dès lors très importante
pour éviter des interventions chirurgicales futiles.
Imagerie ou chirurgie
Pour nous aider, plusieurs techniques d’imagerie
ou chirurgicales sont actuellement utilisées. Le CT
scan thoracique est le plus habituel, mais n’a pas
une bonne sensibilité (57%) ou spécifi cité (82%). Sa
valeur prédictive négative n’est que de 82%. Le PET
scan qui se base sur la captation du FDG (fl uoro-
deésoxy-glucose) par les cellules très métaboli-
ques comme les cellules tumorales obtient une
meilleure sensibilité (84%) et spécifi cité (89%)
avec une valeur prédictive négative de 93%. Dès
lors un PET négatif au niveau médiastinal autorise
à proposer une intervention chirurgicale à visée
curative. Dans le cas contraire, une médiastinosco-
pie est, à ce jour, souvent nécessaire. Cette techni-
que chirurgicale est en effet encore considérée
comme le gold standard de l’évaluation médiasti-
nale. Elle nécessite une anesthésie générale et est
grevée d’une morbidité de 0.5 à 2.5%.
Echographie et endoscopie
Depuis une dizaine d’années, une autre technolo-
gie a vu le jour : l’échographie couplée à l’endosco-
pie.
Sous anesthésie locale, il est devenu possible de-
puis 5 ans d’explorer le médiastin par voie endo-
bronchique et de repérer les ganglions suspects.
Une ponction dite transbronchique est alors réali-
sable dans un deuxième temps. La sensibilité dia-
gnostique atteint 90% dans la majorité des étu-
des et la spécifi cité 100%. La valeur prédictive
L’EBUS ou EndoBronchial
UltraSound
Pneumologie : cancer bronchique
Grâce aux progrès
de la technologie
dans le domaine
de l’échogra-
phie couplée à
l’endoscopie, il
est maintenant
possible d’éviter,
dans certains cas,
la chirurgie pour
établir la stadifi-
cation médiasti-
nale d’un cancer
bronchique.
négative reste modeste de l’ordre de 70%. Cela si-
gnifi e qu’en cas de ponction négative, la médiasti-
noscopie reste toujours indiquée.
Il est également possible aujourd’hui de ponc-
tionner en temps réel, sous contrôle endoscopi-
que les anomalies médiastinales. Les gastro-enté-
rologues furent les premiers à disposer de cet
outil. Les progrès de la technologie ont abouti à la
conception d’endoscopes autorisant également
cette technique au niveau bronchique.
Echographie linéaire
Le Service de pneumologie des Cliniques uni-
versitaires Saint-Luc vient d’acquérir le troisiè-
me exemplaire en Belgique. L’échographie est
dite linéaire. La position de l’aiguille de ponc-
tion est connue avec précision, ce qui est un
atout important dans l’environnement très vas-
culaire qu’est le médiastin. Les données de la
littérature sont très optimistes. La sensibilité,
spécificité et valeur prédictive négative sont de
l’ordre de 95, 100 et 90% respectivement. Dans
un cas sur trois ou quatre, il est maintenant
possible d’éviter la chirurgie pour établir la sta-
dification médiastinale.
L’acquisition de cet outil permettra de démarrer
des protocoles d’études pour affi ner la place de
cette technique en oncologie, dans l’environne-
ment technologique de notre pays. Il permettra
aussi de faciliter le diagnostic des atteintes mé-
tastatiques de cancers extrathoraciques (sein, co-
lon, rein...) et de pathologies non malignes du mé-
diastin comme la sarcoïdose ou la tuberculose
par exemple. [Dr Thierry Pieters]
Dr Thierry Pieters, pneumologue,
Tél. : 02 764 28 33,
Renseignements
© Olympus
Le bronchoscope.