ACTUALITÉ PRODUCTION GRAVURE Un procédé pour le 20 nm et en deçà La technologie Alde mise au point par Nanoplas est un procédé de gravure plasma révolutionnaire à très grande sélectivité. Il permet de résoudre le problème de gravure et d'élimination des spacers des transistors en 20 nm et en deçà. N GILLES BAUJON, Pdg de Nanoplas Outre les nœuds “20 nm et en deçà, le procédé Alde intéresse le 28 nm qui présente des problèmes de rendement. ” Nanoplas anoplas, spécialiste français des équipements dédiés aux nouvelles générations de circuits intégrés (technologies 20, 14, 10 nm…), révolutionne la gravure en annonçant une technologie à très forte sélectivité. Rappelons que la gravure cible un matériau particulier (nitrure de silicium, par exemple). Et la sélectivité est définie comme étant la capacité de ciblage de cette gravure, c'est-à-dire la capacité de celle-ci à ne pas interférer avec les autres matériaux. Dans la pratique, une sélectivité de 10 pour 1 pour le nitrure de silicium, par exemple, signifie que si on grave 10 nm de nitrure, on grave aussi 1 nm des autres matériaux. A noter que cette sélectivité est liée à la vitesse de gravure : l’action sur un matériau se caractérise en effet par la rapidité de gravure de ce matériau (10 nm par minute, par exemple) ainsi que par la moindre action sur les autres matériaux (gravure de seulement 1 nm par minute, par exemple) ; dans le cas exposé, on aura une sélectivité de 10:1 (10 pour 1). Donc, plus la sélectivité est importante, moins il y a de gravures « parasites ». Actuellement, la fabrication des transistors en technologies évoluées (20 nm et en deçà) se heurte à la difficulté de gravure ou d’élimination sélective des spacers ; il est en effet difficile de retirer ceux-ci sans affecter les matériaux environnants. D’où un amoindrisse- ment des caractéristiques de ces transistors. Cela provient d’une sélectivité insuffisante. « Aujourd’hui, la sélectivité atteint ses limites dans le cas de la gravure humide [gravure chimique dont un inconvénient est d’être isotropique] », rappelle Gilles Baujon, président de Nanoplas. Et les alternatives que représentent les solutions de gravure par plasma RIE (gravure ionique réactive), qui permettent de graver dans une direction (de façon anisotropique, donc) ne permettent pas de dépasser les 50:1. « Alors qu’Intel réclame du 200:1 et Samsung, du 100:1 », remarque M. Baujon. Avec sa technologie Alde (AtomicLayer Downstream Etching), Nanoplas résout ce problème. Et si actuellement cette technologie concerne la gravure du nitrure de silicium, Nanoplas étudie son extension aux oxydes et au polysilicium. « Ce procédé breveté est le fruit de deux années de travail », précise M. Baujon. Dans la pratique, la PME grenobloise a mis au point cette technologie dans le cadre d’un partenariat avec un grand fabricant japonais d’équipements de production. Des machines incluant des modules Alde seront en Bêta-test cette année, dans des centres de production de circuits intégrés à partir de technologies avancées. Et l’exclusivité à laquelle est soumise Nanoplas dans le cadre de son accord avec le groupe japonais devant arriver à échéance à la fin 2013, la PME française envisage d’étendre la commercialisation de son procédé à d’autres fournisseurs d’outils de production. C'est heureux car le procédé Alde ne laisse pas indifférent : « plusieurs utili- UNE LEVÉE DE FONDS POUR CHANGER D’ÉCHELLE > Ayant vu le jour en 2006, Nanoplas, qui se définit comme un spécialiste des machines dédiées aux nouvelles générations de circuits intégrés, s’appuie aujourd’hui sur 15 personnes basées à Grenoble. La société dispose également d’une filiale aux Etats-Unis. > Dans la pratique, Nanoplas se charge de la conception des matériels et fait appel pour la fabrication de ceux-ci, à un sous-traitant grenoblois. Elle a réalisé, l’an passé, un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros et prévoit, pour 2013, entre 5 et 6 M€. Avec la mise au point de la technologie Alde de gravure à haute sélectivité, 18 l’entreprise compte démarrer une activité de cessions de licences. « Nous prévoyons d’embaucher une quinzaine de personnes dans les 18 mois à venir et visons les 50 M€ de chiffre d’affaires en 2016 », indique Gilles Baujon, son président. > Pour aborder cette nouvelle étape de son histoire, Nanoplas, qui est déjà soutenu par des business angels, a prévu de lever de nouveaux fonds. « Outre pour les nœuds 20 nm et en deçà, il y a un marché pour le 28 nm qui affiche des problèmes de rendement », constate M. Baujon. sateurs ont pris contact avec nous pour se faire expliquer son fonctionnement », nous a ainsi déclaré le président de Nanoplas. Dans la pratique, cette technologie utilise non pas une, mais plusieurs sources plasma… « ce qui facilitera l’extension du procédé Alde aux tranches de 450 mm », remarque M. Baujon. Des partenariats avec le Leti et l’Imec Spécialiste des solutions plasma à destination de la nanoélectronique, Nanoplas est également à l’origine d’une technologie dite HDRF (High Density Radical Flux) dédiée notamment au nettoyage des Mems, des Led et des composés III-V. La source plasma à couplage inductif utilisée génère mille fois plus de radicaux électriquement neutres que ceux produits par les sources traditionnelles. C’est cette concentration en radicaux neutres qui améliore grandement l’efficacité du nettoyage des wafers. En effet, les particules chargées sont, pour leur part, lentes et émettent beaucoup de chaleur en entrant en collision avec les surfaces à nettoyer. Dans la pratique, Nanoplas a réalisé et commercialise des appareils de nettoyage à chargement manuel ou automatique. L’entreprise a vendu 25 de ces machines. La PME grenobloise poursuit aussi des recherches dans le cadre de partenariats technologiques. Avec le CEA-Leti, elle a un contrat d’une durée de 4 ans pour des travaux portant sur les transistors FD-SOI (Fully Depleted - Silicon on Insulator) ; le financement global de ce programme atteint 14 millions d’euros. L'entreprise coopère également avec l’Imec belge à des études sur la gravure sur tranche de 450 mm. « Une première machine sera livrée en 2015 », annonce M. Baujon. DIDIER GIRAULT ELECTRONIQUES - N°37 - Avril 2013