interagissent avec le système immunitaire, et à part l’essence de térébenthine, très peu de
solvants sont allergisants, leur action directe étant essentiellement irritante et inflammatoire,
mais du reste souvent attribuée à tord à un effet immunotoxique. Au niveau moléculaire, les
effets aigus sont dus à une action directe des solvants qui vont interagir tel quel sur les cibles
biologiques (biomembranes, constituées de lipides insaturés et de protéines) avec apparition
d’un processus inflammatoire (irritations) et parfois des dégénérescences cellulaires (nécroses
cutanées, entraînant de l’eczéma).
En fait, la majorité des solvants organiques lipophiles, pour éviter leur stockage prolongé dans
l’organisme (graisses de soutien, foie …) doivent être pris en charge par les systèmes de
biotransformation des produits étrangers à l’organisme (les xénobiotiques) qui vont les
modifier chimiquement pour les rendre soluble dans l’eau et ceci en faisant apparaitre des
fonctions chimiques polaires (alcools, phénols, acides carboxyliques …). Les métabolites
hydrosolubles ainsi formés, seront éliminés par les reins et se retrouveront dans les urines où
dans quelques cas, ils pourront être dosés et servir de biomarqueurs sélectifs, afin de
déterminer en médecine du travail le taux d’exposition à ces produits. Si cette réaction
bénéfique de détoxication est en général efficace, par contre elle peut se compliquer par suite
d’une déviation de la métabolisation, et entraîner des effets néfastes. Dans ce cas, lors de la
biotransformation du solvant va se former transitoirement un intermédiaire réactif, qui au lieu
de s’éliminer sous forme de métabolite hydrosoluble, va attaquer les macromolécules
biologiques qui l’entourent. Si ce sont les protéines qui sont dégradées, on ira vers des
nécroses cellulaires avec inflammation. Par contre, si cet intermédiaire réactif dénommé
« toxique ultime » est capable d’aller jusqu’à l’ADN, stocké dans le noyau, il va l’attaquer et
le transformer en ADN modifié (un adduit de l’ADN), au message erroné : c’est une mutation.
Si par malheur cette erreur n’est pas immédiatement réparée (grâce à des enzymes contenues
dans le noyau, qui sont des protéines nucléaires dites « réparases »), cette mutation va se
transmettre lors de la division cellulaire et les cellules-filles modifiées aboutiront à une cellule
cancéreuse. Si ce sont des cellules sexuelles qui sont touchées, on ira vers des malformations
dans la descendance (effets tératogènes).
Globalement les effets à long terme toucheront des systèmes physiologiques (nerveux,
reproductif, endocrinien, immunitaire …) mais aussi plus spécifiquement ils vont affecter des
organes (foie, reins, moelle osseuse …).
Résultat, il peut apparaitre des effets immunotoxiques (allergie …), des organotoxicités
spécifiques (foie, reins, moelle osseuse, vessie …) mais aussi des troubles endocriniens,
reproductifs et surtout des dégénérescences neuronales, des atteintes cardio-vasculaires et des
cancers. Plusieurs solvants, à long terme, peuvent entrainer de telles pathologies, qui le plus
souvent sont très handicapantes.
Le schéma 4 permet de suivre, comment un solvant donné, peut entrainer des pathologies les
plus diverses.