Les services d’urgence au Québec :
caractéristiques et utilisation des
infirmières auxiliaires
Gaétan Lévesque
Directeur
Service de la recherche
JANVIER 2009
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Sommaire
Près de 3 millions de visites ont été faites dans les urgences des hôpitaux québécois en 2007-
2008. Sur une population de 100 personnes, on constate que près de 38 visites ont été faites
au Québec comparativement à 36,3 visites au Canada. Près de 12 % des patients qui se sont
présentés aux urgences des hôpitaux québécois ont été hospitalisés comparativement à 10,5 %
au Canada.
Contrairement à la croyance tenace à l’effet que les patients ambulatoires sont un facteur
d’encombrement des urgences, il s’avère, selon la littérature scientifique, que les délais pour
l’obtention d’un lit et ceux attribuables à l’accès aux services de radiologie et de laboratoire
sont à pointer du doigt. On évalue que les délais à l’urgence dépassent la norme souhaitée
lorsque le taux d’occupation des lits excède 85 %. Au Québec en 2006-2007, le taux
d’occupation moyen des lits dressés est de 84 % et 4 régions au Québec présentent un taux
d’occupation égal ou supérieur à 90 %. Ces régions sont celles de Laval, de Lanaudière, des
Laurentides et de la Montérégie. La population de ces régions compte pour 36 % de la
population totale du Québec.
La DMS des patients ambulatoires qui ne sont pas hospitalisés est de 3,9 heures
comparativement à 2,2 heures au Canada. L’écart semble élevé de prime abord et défavorable
au Québec.
La DMS moyenne canadienne des hôpitaux à forts volumes et des hôpitaux universitaires
s’établirait à environ 3,0 heures relativement à 3,9 heures à Montréal. Cet écart d’une heure
entre les DMS montréalaise et canadienne serait assez fidèle à la réalité.
La DMS québécoise pour les patients sur civière qui sont hospitalisés est de 23,3 heures et de
6,7 heures au Canada. Il s’agit d’un écart considérable qui nous interpelle.
Les dépenses des urgences québécoises se chiffrent à 401 millions de dollars en 2006-2007
comparativement à 336 millions de dollars en 2002-2003. La hausse annuelle moyenne des
dépenses des urgences de 2002-2003 à 2006-2007 s’établit à 4,5 % comparativement à 6,2 %
pour les programmes de la santé physique et de la santé mentale et à 5,3 % pour l’ensemble
des dépenses du réseau de la santé et des services sociaux. La part relative des dépenses des
urgences comparativement à celle des programmes de la santé physique et de la santé
mentale est de 6,5 % en 2006-2007 en baisse par rapport à l’année 2002-2003 où elle
s’établissait à 7,0 %.
Les soins infirmiers en services d’urgence sont une sphère de spécialité de la profession. Le
rôle de l’infirmière professionnelle est de prodiguer des soins de qualité à des patients de tout
âge. L’infirmière professionnelle doit posséder des compétences générales et spécifiques
concernant les soins de santé afin de prodiguer des soins de qualité à des patients de tout âge
et de diverses conditions de santé ou de traumatismes. L’infirmière professionnelle en soins
d’urgence doit être prête à traiter une large variété de maladies ou de blessures évoluant d’un
simple mal de gorge à un arrêt cardiaque. Compte tenu de la nature du travail en services
d’urgence, les champs de spécialisation sont plutôt rares dans ce domaine excepté la
traumatologie, la gériatrie, la pédiatrie et la prévention des blessures. Les infirmières
professionnelles en services d’urgence travaillent dans plusieurs secteurs : hôpitaux, centres
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de soins d’urgence, secteur préhospitalier, armée, prisons, centres d’intervention de crise,
enseignement, etc.
Les soins infirmiers en services d’urgence sont multidimensionnels. Ils s’exercent dans un
environnement sous haute pression soumis aux contacts avec la souffrance, aux maladies et
aux blessures des patients qui peuvent entraîner un stress énorme sur les dispensateurs de
soins infirmiers. Plusieurs études internationales ont montré que le stress est un enjeu majeur
pour les dispensateurs de soins en services d’urgence. Spécifiquement pour les infirmières,
on a trouvé que le faible contrôle sur le travail, la surcharge de travail, l’exposition à la mort
et à la maladie et de faibles relations interpersonnelles et interprofessionnelles au travail
étaient de grands facteurs de stress.
En outre, on considère que le surpeuplement des urgences ajoute des contraintes
additionnelles déjà présentes dans les services d’urgence. Les directeurs canadiens des
services d’urgence considèrent dans une forte proportion de 82 % que le surpeuplement des
urgences accroît le stress du personnel infirmier, qu’il affecte la rétention du personnel
infirmier (68 %) et qu’il réduit considérablement le taux de satisfaction du personnel infirmier
(68 %).
Le personnel infirmier professionnel en soins infirmiers en urgences se compose d’infirmières
et d’infirmières auxiliaires. D’après les données des ordres professionnels, l’OIIQ et
l’OIIAQ, en 2007-2008 on comptait 5 047 infirmières (en hausse de 3,9 % par rapport à
l’année 2006-2007) et 216 infirmières auxiliaires (hausse de 118 % par rapport à l’année
2006-2007.
Le personnel infirmier professionnel en urgences œuvre principalement dans la région de
Montréal avec 26,3 %, suivie des régions de la Montérégie et de la Capitale-Nationale avec
des proportions respectives de 12,4 % et 12,3 %. On en trouve dans toutes les régions
répondant ainsi aux besoins de leurs populations respectives. Par contre, les infirmières
auxiliaires sont plus fortement concentrées dans la région montréalaise avec 40,2 % et dans
les Laurentides et en Montérégie avec 17,8 % et 10,3 %. Elles sont absolument ou
pratiquement absentes des urgences des régions du Saguenay-Lac-St-Jean, de la Mauricie, de
l’Estrie, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec, de Lanaudière et
du Centre-du-Québec.
Le ratio infirmières/infirmières auxiliaires qui était de 50 en 2006-2007 est maintenant à
environ 24 en 2007-2008. Les infirmières auxiliaires comptent maintenant pour 4 % du
personnel infirmier professionnel à comparer à 2 % en 2006-2007. Le ratio
infirmières/infirmières auxiliaires est le plus favorable aux infirmières auxiliaires dans les
régions des Laurentides (7,7), de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (14) et de Montréal avec
15. Le ratio de la Capitale-Nationale est de 37.
La croissance annuelle moyenne du personnel infirmier professionnel entre 2000-2001 et
2007-2008 fut de 4,0 %, soit de 3,8 % chez les infirmières et de 11,6 % chez les infirmières
auxiliaires (mais de – 0,5 % lorsque nous tenons compte de la période 2000-2001 à 2006-
2007). En guise de comparaison, soulignons que la croissance annuelle moyenne de
l’ensemble de l’effectif des infirmières et des infirmières auxiliaires de 2000-2001 à 2007-
2008 est de 1,1 % et de 3,4 %.
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Le ratio infirmières/infirmières auxiliaires (I/IA) est passé de 39,3 en 2000-2001 à 50,6 en
2006-2007 et serait d’environ 24 si l’on tient compte de la forte progression observée en
2007-2008.
L’année 2007-2008 est donc une année faste pour les infirmières auxiliaires qui oeuvrent en
services d’urgence. D’après les données du Tableau 2007-2008 de l’OIIAQ, 216 infirmières
auxiliaires auraient comme emploi principal un travail en services d’urgence. Il s’agirait d’un
doublement de l’effectif des infirmières auxiliaires en services d’urgence par rapport à l’an
dernier. L’utilisation quantitative plus intense des infirmières auxiliaires en services
d’urgence révèle la possibilité d’un changement de tendance marqué par rapport aux années
2000-2001 à 2006-2007 qui devrait se poursuivre dans les prochaines années.
L’âge moyen des infirmières auxiliaires oeuvrant en urgence qui était de 39,8 ans en 2006-
2007 a fortement diminué à 37,7 ans en 2007-2008, soit une réduction dans une seule année
de 2 ans. L’âge moyen est nettement inférieur à celui de l’ensemble de l’effectif de l’Ordre
qui est 41,7 ans. Les 35-50 ans qui représentaient 51,5 % de l’effectif qui oeuvrait en
services d’urgence en 2006-2007 ne compte plus que pour 41,6 % en 2007-2008 ce qui
équivaut à la proportion observée dans l’ensemble de l’effectif de l’Ordre. Le groupe d’âge
des 50 ans et plus qui comptait pour 17,2 % de l’effectif en services d’urgence en 2006-2007
ne représente plus que 14 % relativement à 29 % pour l’ensemble de l’effectif de l’Ordre. Par
contre, le groupe des 20-35 ans voit sa part relative à 44 % en 2007-2008 comparativement à
31 % l’année précédente. Ce phénomène explique l’abaissement radical de l’âge moyen de 2
ans entre les deux années.
On constate également que les infirmières auxiliaires oeuvrant en services d’urgence
occupent leur poste sur une base de TCR dans une proportion légèrement plus élevée avec
38,4 % que celle que nous observons dans l’ensemble de l’effectif de l’Ordre avec 35,1 %.
La proportion de TPO a augmenté en 2007-2008 par rapport à l’année précédente. Cette
augmentation n’est pas préoccupante en soi car elle s’explique par la forte embauche de
jeunes infirmières auxiliaires dans la dernière année.
On constate qu’à l’échelle canadienne l’utilisation relative des infirmières auxiliaires en
services d’urgence, exprimée par le ratio I/IA est de 26,4 ce qui signifie que les infirmières
auxiliaires sont très peu utilisées dans ce secteur d’activités par rapport à leur implication dans
d’autres champs d’activités. Par contre, on remarque que le ratio I/IA diffère grandement
selon les provinces. Il est de 113 au Manitoba et de 45 en Nouvelle-Écosse mais de 7,2 au
Nouveau-Brunswick. Dans le cas du Québec, il est nettement supérieur à la moyenne
canadienne (55,7 vs 26,4). Il est nettement plus élevé au Québec qu’en Ontario (30,3)
indiquant ainsi que l’infirmière auxiliaire ontarienne est plus impliquée en services d’urgence
que ne l’est sa consoeur québécoise.
L’intention récente de plusieurs établissements hospitaliers d’utiliser les infirmières
auxiliaires dans les salles d’urgences est une réponse adéquate à des besoins réels. Les
infirmières auxiliaires procureront une plus grande stabilité (moins de stress dans l’unité de
soins) aux équipes de soins et la rétention du personnel infirmier devrait aller en s’améliorant.
Une efficacité accrue sera tout probablement au rendez-vous.
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Table des matières
Sommaire ................................................................................................................................... 2
Table des matières...................................................................................................................... 5
Liste des tableaux et graphique ................................................................................................. 6
Liste des annexes........................................................................................................................ 7
Introduction ................................................................................................................................ 9
État de situation........................................................................................................................ 10
Autres constats ..................................................................................................................... 12
Dépenses des urgences hospitalières........................................................................................ 13
Dépenses des urgences au Québec....................................................................................... 13
Dépenses des urgences au Canada ....................................................................................... 14
Main-d’œuvre professionnelle en urgences au Québec ........................................................... 15
Évolution du personnel infirmier professionnel en services d’urgences.................................. 16
Caractéristiques du personnel infirmières auxiliaires oeuvrant en services d’urgence............ 17
Utilisation comparée : comparaisons entre provinces.............................................................. 19
Situation à l’étranger ................................................................................................................ 21
États-Unis............................................................................................................................. 21
Australie ............................................................................................................................... 22
Personnel infirmier professionnel en services d’urgence......................................................... 22
Caractéristiques des conditions de travail en services d’urgence ............................................ 24
Conclusion................................................................................................................................ 25
Bibliographie............................................................................................................................ 27
ANNEXES ............................................................................................................................... 34
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