Quelle place réserver à la jet-ventilation ?
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rapide sur ces interventions souvent courtes. Les halogénés ne peuvent être utilisés du fait de la
ventilation avec fuite de la jet-ventilation. On utilisera un mélange gazeux classique avec O
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et air. La
curarisation avec monitorage est de règle pour obtenir une immobilité parfaite des CV, surtout lors
de l’utilisation du laser. L’atropine permet d’assécher les muqueuses en présence de salive qui
diminue l’efficacité du laser dont l’énergie risque d’être en partie absorbée.
La surveillance clinique est importante : coloration, auscultation symétrique et la palpation
thoracique à la recherche d’emphysème.
La chirurgie étant peu douloureuse, l’emploi d’antalgiques classiques est suffisant : paracétamol avec
anti-inflammatoires non stéroïdiens ou néfopam/tramadol. En fonction du geste chirurgical, des
corticoïdes intraveineux sont administrés avant extubation.
Le réveil se fera sur un patient réintubé avec un TET classique ou après introduction d’un dispositif
supraglottique (masque laryngé, Igel). La décurarisation est systématique. L’antibioprophylaxie n’est
pas recommandée.
Il est possible de réveiller un patient sur un cathéter de jet-ventilation. A l’inspiration, la pression
trachéale devient négative, permettant l’insufflation par la jet-ventilation. A l’expiration, la pression
trachéale étant positive, la jet-ventilation s’arrête permettant l’expiration du patient.
3. La jet-ventilation en pratique
De nombreux problèmes peuvent se poser au bloc opératoire :
- Une PIP haute : présence de sécrétions, bronchospasme ou baisse de la compliance. Il faudra
renforcer l’anesthésie après avoir aspiré le patient.
- Une PTE haute : elle signe une gêne à l’expiration avec un airway non dégagé. La subluxation de
la mâchoire, l’introduction d’une canule oropharyngée voire la suspension par la spatule
chirurgicale, régleront le problème. Il peut aussi s’agir de l’obstruction par les mouvements du
cathéter ou par les instruments chirurgicaux.
- Une désaturation avec hypoxémie : la ventilation est insuffisante ou sélective unipulmonaire. Il
faudra stopper le geste et reventiler le patient avec une FiO
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à 1.
La jet-ventilation peut être administrée par 3 voies différentes :
- La voie supra ou préglottique avec un cathéter de jet-ventilation est peu pratiquée car elle
expose au risque d’insufflation gastrique. Par contre, elle est possible lors d’une bronchoscopie
en ventilant par le canal latéral.
- La voie infra ou transglottique avec un cathéter de jet-ventilation qui peut être oro ou
nasotrachéal est la voie la plus utilisée. Le cathéter est introduit après une laryngoscopie
classique comme un TET. Le guide du cathéter permettant de le rigidifier est retiré après
intubation.
- La voie transtrachéale par abord percutané de la membrane intercricothyroïdienne garde
quelques indications. Les repères sont souvent faciles chez l’homme : sous le cartilage thyroïde
(pomme d’Adam) et au-dessus du cartilage cricoïde. Ils peuvent être plus difficiles chez la femme,
chez le patient obèse, en présence d’un goitre ou après radiothérapie. Les échecs [4] sont faibles
(3/1000). La technique de pose est simple et nécessite peu d’apprentissage. Après l’induction
anesthésique et désinfection cutanée, le larynx est maintenu par une main. L’autre main effectue
une ponction médiane avec un angle de 15° vers le bas et une profondeur de 1 à 3 cm. Le
cathéter sur lequel est monté une seringue remplie d’air est introduit en le faisant coulisser et en
retirant le guide rigide. Il est possible d’injecter 3 à 5 ml de lidocaïne 2 %. Nous utilisons le
cathéter de Ravussin 13 G qui possède 2 connexions (« luer lock » et standard 15 mm). Mais il
existe d’autres dispositifs avec guide (cathéter de Cook, de Patil, de Melker ou Minitrach 2
Seldinger) ou sans guide (Trachéoquick, Quicktrach ou Minitrach). Quel que soit le dispositif, il
faut éviter les bricolages maison tels que la ponction avec un cathéter intraveineux 14 G sur
lequel est montée une seringue de 2 ml avec un raccord de TET de 7 mm.
Des complications ont été décrites, souvent sans conséquence, parfois gravissimes : cathétérisme
bronchique sélectif, déplacement secondaire, emphysème sous-cutané, pneumothorax, hémorragie,