instruments des politiques publiques et instruments de marche

POLITIQUES PUBLIQUES ET INSTRUMENTS DE MARCHÉ POUR LA DUCTION
DE LA VULNERABILITÉ
La vulnérabilité du Burkina Faso face aux chocs
Typologie des risques
1.1 Le Burkina Faso est un pays en développement pauvre situé au Sahel et très dépendant
d’une seule matière première ; l'économie burkinabé reste donc très vulnérable aux chocs
climatiques défavorables et extérieurs, y compris les termes de l'échange, l’envolée des prix
des produits alimentaires et des hydrocarbures. L’encad 1-1 fournit une typologie des
risques auxquels le pays est directement exposé.
Encad1-1: Typologie des principaux risques auxquels le Burkina Faso est exposé
Les risques économiques (choc en termes commerciaux)
L'agriculture constitue plus d'un tiers du PIB du Burkina Faso. Avant le boom minier des dernières années, le coton et
le bétail étaient les deux principaux produits d'exportation du Burkina. La vulnérabilité du pays face à la volatilité des
cours mondiaux des produits agricoles limite la capacité d'exportation du pays et entraîne
des fluctuations
imprévisibles des revenus des ménages dans les zones rurales, en plus de l’instabilité des recettes d'exportation et des
finances publiques du pays. Ces risques économiques peuvent réduire l'accès des ménages aux produits alimentaires
par la perte de sources de revenus entraînée soit par le chômage soit par la réduction des revenus provenant de
l'agriculture, du petit commerce et de l’entreprise de transformation à petite échelle.
Les risques naturels (l'insécurité alimentaire)
Tout comme dans la plupart des autres pays d'Afrique subsaharienne, il existe une forte corrélation entre la production
agricole et la pluviométrie au Burkina. Les activités agricoles du pays restent à haut risque en raison des fluctuations
intra-annuelles. En outre, les précipitations varient beaucoup du pic d'une année au pic suivant. La variabilité des
rendements agricoles et, partant, des niveaux de revenu de l’agriculteur (la consommation / le bien-être) ainsi que les
coûts de production en augmentation sont liés aux pertes élevées, à l'irrigation, au traitement des infections et aux
insecticides. Les risques environnementaux affectent négativement la production moyenne sous forme de dégradation
des sols et baisse de la productivité, mais aussi par l’augmentation des coûts unitaires de production.
La stabilité régionale
Le Burkina est un pays enclavé, qui dépend de ses voisins pour la livraison des marchandises entrant et sortant du pays,
et cette dépendance géographique rend l'économie du pays vulnérable à toute instabilité politique dans la région. Par
exemple, le conflit en Côte d'Ivoire touche l'économie du Burkina de plusieurs façons : (i) l'interruption des échanges
commerciaux en raison des difficultés de transport de marchandises en provenance et à destination du port d'Abidjan
par la route et le chemin de fer; ( ii) le manque à gagner du gouvernement : un ralentissement des importations devrait
entraîner la baisse des recettes fiscales (douanières) ; (iii) l'augmentation des dépenses dues au retour des immigrés au
Burkina Faso ; et (iv) la chute des envois de fonds des travailleurs émigrés.
Les risques sanitaires
Le mauvais état de santé du pays est caractérisé par un taux élevé de mortalité juvénile et infantile, de mortalité
maternelle, de fécondité et la prévalence relativement élevée du VIH / SIDA. La malnutrition est également très
répandue. Le paludisme est la principale source de morbidité et de mortalité infantile au Burkina ; les maladies liées à
la diarrhée et les infections aiguës des voies respiratoires en sont les autres causes les plus fréquentes. Les épidémies
récurrentes de rougeole et de méningite cérébro-spinale sont également des préoccupations majeures au Burkina Faso.
De tels risques frappent plus durement les enfants et augmentent leur insécurité alimentaire immédiate. Ces risques liés
à la santé augmentent aussi la vulnérabilité en ayant un impact négatif sur les résultats scolaires en raison des taux
d’absence plus élevés et d’une capacité cognitive moindre due à un mauvais état nutritionnel. En outre, les risques
sanitaires impliquent la réduction du temps de travail soit périodiquement soit en permanence, ce qui signifie moins de
revenus et moins d’accès aux produits alimentaires, la réduction de la capacité d’absorption à la fois des macro et
micronutriments, et dans les cas où la majorité d'une communauté est touchée, la réduction de la production alimentaire
sur le plan local.
La sécheresse et la famine
L’impact de la sécheresse sur la production alimentaire et la famine sont les risques prédominants qui touchent les
villageois burkinabés. Une évaluation des risques et de la vulnérabilité a été initiée en 2002, basée sur des enquêtes à la
fois quantitatives et qualitatives (Banque mondiale, 2002). Presque tous les villageois ont été affectés par ces deux
chocs à plusieurs reprises au cours de la période 1999-2002, sans qu’aucun individu ne se soit remis complètement des
effets négatifs des chocs. Bien que la famine constitue une conséquence majeure de la sécheresse, les villageois
estiment que ces deux risques sont distincts.
Les risques sociaux
Au niveau des ménages, les risques sociaux, économiques, sanitaires et du cycle de vie affectent surtout l’accès aux
produits alimentaires et à leur consommation. Pour les ménages qui vivent de l’agriculture de subsistance sans source
de revenus de remplacement ou sans accès aux marchés, de tels chocs peuvent aussi réduire la disponibilité
alimentaire. Des événements du cycle de vie, comme les funérailles ou les mariages, entraînent souvent d’importantes
dépenses supplémentaires qui réduisent les ressources disponibles pour l’achat des produits alimentaires. De même, les
maladies, l'infirmité et les blessures entraînent des dépenses supplémentaires et la baisse des emplois et des revenus et
peuvent conduire à la consommation d’aliments pauvres en nutriments.
Risques le long de la chaîne de valeur agricole
1.2 Les intermédiaires s’exposent à des risques divers à différents stades de la chaîne de
valeur agricole. Les agriculteurs burkinabés et les intermédiaires de la chaîne
d'approvisionnement sont particulièrement vulnérables aux risques du taux de change et de la
volatilité des prix des matières premières.
1.3 La compétitivité de la filière coton est devenue plus vulnérable face aux chocs des
facteurs extérieurs en raison de la fluctuation des taux de change du CFA par rapport au
dollar US et des multiples transferts financiers relatifs aux recettes d'exportations et aux
paiements à l'importation. Le taux de change est l'une des principales variables macro-
économiques qui influent sur la compétitivité globale de l'économie ainsi que la dynamique de la
filière coton et la performance du secteur. Le coton est commercialisé en dollars sur les marchés
mondiaux, mais les producteurs ouest-africains sont payés en francs CFA. L'appréciation de
l'euro par rapport au dollar amoindrit la compétitivité des producteurs de coton en raison de
l'érosion de leurs marges bénéficiaires. L'appréciation de l'euro ajoutée à une hausse de l'IPC a
conduit aux difficultés fiscales des producteurs de coton. Un taux de change défavorable menace
la viabilité financière du secteur et intensifie les effets néfastes de la pauvreté. Actuellement, il
n'existe aucun mécanisme de compensation des paiements des importations en dollars US sur les
recettes des exportations en dollars US avant la conversion des devises en CFA par les sociétés
d'égrenage de coton du Burkina Faso, ce qui leur permettrait d’atténuer les coûts de transaction
assez élevés de la conversion des devises au détriment de la rentabilité du secteur du coton. (Voir
la section sur la Dynamique des taux de change et la compétitivité)
1.4 Les agriculteurs burkinabés font face à deux problèmes distincts des risques de prix.
Le premier se rapporte à l'incertitude des prix de la campagne agricole en cours : les agriculteurs
consacrent du temps et des apports matériels selon leurs attentes au début de la campagne
agricole. D’une part, si les prix d’achat se révèlent au dessous des prévisions, les producteurs ne
pourront pas couvrir les coûts matériels et d’autre part, si les prix augmentent, les agriculteurs
auront raté des opportunités de marché. Le second problème se rapporte à la chute durable des
prix qui compromet leurs moyens d'existence. Le refus du risque conduit les agriculteurs à
réduire les apports si bien que les prix des récoltes sont soumis à l'incertitude. Par conséquent,
l'incertitude des prix tend à réduire les rendements et donc les revenus. Étant donné que les chocs
négatifs sont susceptibles d’avoir un impact sur l’investissement ainsi que la consommation, ces
effets peuvent s’étendre à long terme et continuer après le rétablissement des prix (Raddatz,
2005).
1.5 Les intermédiaires sont sensibles à la variabilité des prix et même une légère baisse des
cours du coton sur une période peut facilement réduire les marges bénéficiaires. Les
exportateurs font face à la fois aux risques de change et aux risques politiques, en particulier aux
risques liés à la disponibilité et aux conditions des permis d'exportation. Les banques ont une
exposition indirecte au risque, résultant du risque d’insolvabilité associé au prêt aux
intermédiaires exposés à des risques précis. Une baisse du prix des matières premières peut
entraîner un déficit de remboursement de l'intermédiaire qui a beaucoup de matières premières et
a emprunté pour financer les opérations de la chaîne d'approvisionnement. Lorsque les banques
ont connu ces cessations de paiements, elles deviennent réticentes à prêter au secteur. La
réduction de l'accès au crédit dans la chaîne d'approvisionnement et l’augmentation du coût du
crédit (où il est disponible) deviennent ainsi des résultats directs des risques de prix mal gérés.
1.6 Les gouvernements sont eux aussi exposés directement ou indirectement à la
profitabilité du secteur du coton. L’exposition directe vient des recettes fiscales ou des
subventions budgétaires qui dépendent du niveau des prix. L’exposition peut être indirecte
lorsque les gouvernements agissent soit implicitement soit explicitement comme garants des
fonds de stabilisation et des organismes parapublics. C'est certainement le cas au Burkina Faso
où la recapitalisation du Fonds de lissage a entraîné un passif de prévoyance sur le bilan
gouvernemental de près de 1 % du PIB et une quote-part de 65 %. En outre, le gouvernement
garantit l'apurement de la dette des sociétés cotonnières. À la fin de l'année 2006, 44 milliards de
francs CFA ont été restructurés sur une période de cinq ans (PASF, 2008).
Le Burkina Faso et le Fonds de lissage
1.7 Le Fond de lissage (FdL), qui est géré par l'Association du Fonds de lissage (AFDL), a
été créé en accord avec l'association de commercialisation du coton burkinabé (qui
rassemble les producteurs et les sociétés cotonnières). Un nouveau mécanisme de fixation du
prix plancher garanti aux producteurs de coton fut introduit au début de la saison en avril 2007,
déterminé à partir des moyennes mobiles quinquennales du prix mondial de l'Indice Cotlook A
exprimé en francs CFA au niveau FOB. L'écart entre le prix plancher et le prix du marché
international est financé par le fonds de lissage. Toutefois, après paiement du prix de soutien du
marché aux producteurs après la crise sévère de la saison 2005/2006, les estimations actuelles
donnent à penser qu'à moins que des capitaux additionnels soient constitués, une ligne de crédit
d'au moins 30 millions d'euros sera nécessaire pour que le fonds de lissage puisse être crédible
dans la fourniture du prix de soutien dans l'avenir (PASF, 2008).
1.8 Les fonds de lissage ne gèrent pas les risques. Les fonds de lissage, dont le but est
d’atténuer l’effet des chocs de prix, ne visent pas à empêcher ces chocs ou à remédier la tendance
à la baisse. L'objectif est double. À court terme, ces fonds permettent d'éviter une explosion
possible du lien entre les coûts fixes et les coûts variables en cas de chute spectaculaire de la
production. L'objectif à moyen terme est de maintenir l'évolution prévisible de la production. Les
fonds de lissage ne peuvent absorber qu'une partie limitée des effets potentiels des chocs de prix.
Les fonds de lissage ne suppriment pas les problèmes de gestion des risques ; ils transfèrent tout
simplement l'exposition à court terme des agriculteurs au fonds sans gérer le risque ainsi
transféré.
1.9 Les régimes de stabilisation couverts sont plus susceptibles d'être financièrement
viables que les régimes de stabilisation non couverts. La stabilisation des prix (ou lissage) est
fondamentalement différente de la gestion des risques de prix (Gilbert, 2007). La stabilisation est
une activité qui se rapporte à l'épargne tandis que la gestion des risques est une activité
contractuelle. Le fonds de lissage du coton du Burkina Faso est structuré comme un mécanisme
de stabilisation puisqu’il offre un programme d'épargne collective qui fonctionne selon le
principe de limitation des versements par le niveau de l'épargne accumulée par rapport aux
années précédentes. Cependant, le fonds de lissage du coton lui-même n’a pas encore couvert
son exposition au risque, que ce soit au prix, aux fluctuations des taux de change ou aux
précipitations.
Se rapprocher de la détermination des prix aux producteurs basée sur le marché
1.10 La résolution de la tendance à la baisse des cours mondiaux du coton passe
inévitablement par des stratégies de diversification et d'amélioration de l'efficacité. Le
manque d'incitations des sociétés cotonnières à réduire leurs coûts ou maximiser leur prix de
vente est une préoccupation lorsque le prix de vente réel (par opposition aux prix du marché)
détermine le niveau du Fonds de soutien du prix ainsi que la prime versée aux producteurs. Le
coton n’est plus rentable pour les petits agriculteurs qui ne peuvent pas atteindre un rendement
rentable minimum de 900 kg / ha. (Gergely, 2008) Le fonds de lissage doit être clair dans son
objectif de réduction de l'impact de la volatilité des prix sur les producteurs de coton sans
ingérence des signaux du marché relatifs à l'impact de la croissance mondiale de
l'approvisionnement en coton associée à une demande morose qui a entraîné une baisse des prix
à l'exportation de l'industrie mondiale du coton.
1.11 La garantie d’un prix plancher aux producteurs, non couvert, et soutenu par le fonds
de lissage introduit l’exposition aux prix des matières premières pour l'industrie cotonnière
burkinabé et par conséquent pour le gouvernement du Burkina Faso. Les prix à la
production fixés sans mécanismes d'ajustement deviennent insoutenables quand les prix
mondiaux chutent nettement en dessous du prix plancher. La réduction du mécanisme de soutien
des prix à plusieurs reprises et le déficit actuel du fonds de lissage laissent suggérer qu'un
mécanisme plus robuste de couverture doit être institué. Toutefois, les alternatives proposées
jusqu'à présent ont tendance à faire appel à plus de capitalisation du fonds de stabilisation et un
meilleur accès aux lignes de crédit pour contenir l'écoulement régulier des fonds de ce qui est en
fait un mécanisme de stabilisation des revenus aux producteurs de coton par rapport à la baisse
des prix du coton sur le marché mondial.
1.12 Évoluer vers la détermination du prix basée sur le marché en fixant le prix au
producteur au début de la saison sur la base du prix coté à la bourse des matières
premières à terme. Le fonds de stabilisation devrait utiliser les marchés à terme mondiaux pour
déterminer l'engagement du prix au producteur pour l'année de récolte. Une annonce du prix au
producteur basé sur les prix du coton sur les marchés à terme mondiaux réaffirme l'engagement
des autorités à réduire la dépendance du secteur coton des subventions et des appels répétés des
sociétés d’égrenage à la capitalisation. Les avantages d'un prix au producteur basé sur les prix
des marchés à terme devront assurer que le mécanisme de signalisation du prix du marché ne soit
pas atténué par l'annonce du prix au producteur. Ainsi, les incitations au producteur au début de
la saison seront alignées sur les forces du marché de l'offre et de la demande du coton sur les
marchés mondiaux, stimulant ainsi les efforts de production par des mesures telles que
l'utilisation efficace des sous-produits du coton ainsi que l’adoption de la technologie du coton
génétiquement modifié (CGM). Le gouvernement du Burkina et la filière coton burkinabé
recevront également l’impulsion nécessaire pour promouvoir les stratégies de diversification et
pour accroître la flexibilité de la filière coton à s'adapter aux changements de profitabilité
relative. Inversement, il se pourrait que les GPC résistent au changement du mécanisme existant
pour aller vers une nouvelle méthodologie de détermination du prix au producteur qui ne
garantit pas un prix minimum et au moins un revenu minimum de subsistance à la récolte. En
fait, les risques sont transférés du fonds de stabilisation et des sociétés d'égrenage aux GPC.
Gestion des risques des prix agricoles par les marchés à terme des matières premières
1.13 Les problèmes actuels concernant l'accès aux crédits et aux réglementations donnent
aux acteurs de la chaîne d'approvisionnement des multinationales et à leurs affiliés des pays
en développement un avantage concurrentiel indéniable par rapport aux intermédiaires
situés dans les pays producteurs eux-mêmes. La réglementation du marché mondial limite la
capacité du Burkina Faso à profiter des instruments de gestion des risques. Les acteurs de la
chaîne d'approvisionnement doivent utiliser les marchés des matières premières et les contrats à
terme pour compenser les risques de taux de change et la volatilité des prix des matières
premières. Mais l'accès à ces instruments est plus difficile pour les acteurs situés dans les pays en
développement. Une marge suffisante de ligne de crédit dans une monnaie convertible est une
condition préalable pour prendre des positions sur le marché de change à terme d’un pays
développé. En l'absence d'une ligne de crédit, les acteurs sont limités aux options sans marge de
couverture avec paiement complet à l’avance.
1.14 Surmonter les contraintes de l'accessibilité des pays en développement à utiliser des
instruments de change à terme en maximisant l’effet de levier des fonds de lissage du
Burkina à un niveau de taux de change libellé en euro par rapport à une ligne de crédit en
dollar US. Les marchés à terme exigent des lignes de crédit substantielles et le suivi au quotidien
contre les appels de marge des courtiers en contrats à terme. Les appels de marge sont basés sur
une marque du processus du marché qui ouvre des positions par rapport au prix du marché en
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