POLITIQUES PUBLIQUES ET INSTRUMENTS DE MARCHÉ POUR LA RÉDUCTION DE LA VULNERABILITÉ La vulnérabilité du Burkina Faso face aux chocs Typologie des risques 1.1 Le Burkina Faso est un pays en développement pauvre situé au Sahel et très dépendant d’une seule matière première ; l'économie burkinabé reste donc très vulnérable aux chocs climatiques défavorables et extérieurs, y compris les termes de l'échange, l’envolée des prix des produits alimentaires et des hydrocarbures. L’encadré 1-1 fournit une typologie des risques auxquels le pays est directement exposé. Encadré 1-1: Typologie des principaux risques auxquels le Burkina Faso est exposé Les risques économiques (choc en termes commerciaux) L'agriculture constitue plus d'un tiers du PIB du Burkina Faso. Avant le boom minier des dernières années, le coton et le bétail étaient les deux principaux produits d'exportation du Burkina. La vulnérabilité du pays face à la volatilité des cours mondiaux des produits agricoles limite la capacité d'exportation du pays et entraîne des fluctuations imprévisibles des revenus des ménages dans les zones rurales, en plus de l’instabilité des recettes d'exportation et des finances publiques du pays. Ces risques économiques peuvent réduire l'accès des ménages aux produits alimentaires par la perte de sources de revenus entraînée soit par le chômage soit par la réduction des revenus provenant de l'agriculture, du petit commerce et de l’entreprise de transformation à petite échelle. Les risques naturels (l'insécurité alimentaire) Tout comme dans la plupart des autres pays d'Afrique subsaharienne, il existe une forte corrélation entre la production agricole et la pluviométrie au Burkina. Les activités agricoles du pays restent à haut risque en raison des fluctuations intra-annuelles. En outre, les précipitations varient beaucoup du pic d'une année au pic suivant. La variabilité des rendements agricoles et, partant, des niveaux de revenu de l’agriculteur (la consommation / le bien-être) ainsi que les coûts de production en augmentation sont liés aux pertes élevées, à l'irrigation, au traitement des infections et aux insecticides. Les risques environnementaux affectent négativement la production moyenne sous forme de dégradation des sols et baisse de la productivité, mais aussi par l’augmentation des coûts unitaires de production. La stabilité régionale Le Burkina est un pays enclavé, qui dépend de ses voisins pour la livraison des marchandises entrant et sortant du pays, et cette dépendance géographique rend l'économie du pays vulnérable à toute instabilité politique dans la région. Par exemple, le conflit en Côte d'Ivoire touche l'économie du Burkina de plusieurs façons : (i) l'interruption des échanges commerciaux en raison des difficultés de transport de marchandises en provenance et à destination du port d'Abidjan par la route et le chemin de fer; ( ii) le manque à gagner du gouvernement : un ralentissement des importations devrait entraîner la baisse des recettes fiscales (douanières) ; (iii) l'augmentation des dépenses dues au retour des immigrés au Burkina Faso ; et (iv) la chute des envois de fonds des travailleurs émigrés. Les risques sanitaires Le mauvais état de santé du pays est caractérisé par un taux élevé de mortalité juvénile et infantile, de mortalité maternelle, de fécondité et la prévalence relativement élevée du VIH / SIDA. La malnutrition est également très répandue. Le paludisme est la principale source de morbidité et de mortalité infantile au Burkina ; les maladies liées à la diarrhée et les infections aiguës des voies respiratoires en sont les autres causes les plus fréquentes. Les épidémies récurrentes de rougeole et de méningite cérébro-spinale sont également des préoccupations majeures au Burkina Faso. De tels risques frappent plus durement les enfants et augmentent leur insécurité alimentaire immédiate. Ces risques liés à la santé augmentent aussi la vulnérabilité en ayant un impact négatif sur les résultats scolaires en raison des taux d’absence plus élevés et d’une capacité cognitive moindre due à un mauvais état nutritionnel. En outre, les risques sanitaires impliquent la réduction du temps de travail soit périodiquement soit en permanence, ce qui signifie moins de revenus et moins d’accès aux produits alimentaires, la réduction de la capacité d’absorption à la fois des macro et micronutriments, et dans les cas où la majorité d'une communauté est touchée, la réduction de la production alimentaire sur le plan local. La sécheresse et la famine L’impact de la sécheresse sur la production alimentaire et la famine sont les risques prédominants qui touchent les villageois burkinabés. Une évaluation des risques et de la vulnérabilité a été initiée en 2002, basée sur des enquêtes à la fois quantitatives et qualitatives (Banque mondiale, 2002). Presque tous les villageois ont été affectés par ces deux chocs à plusieurs reprises au cours de la période 1999-2002, sans qu’aucun individu ne se soit remis complètement des effets négatifs des chocs. Bien que la famine constitue une conséquence majeure de la sécheresse, les villageois estiment que ces deux risques sont distincts. Les risques sociaux Au niveau des ménages, les risques sociaux, économiques, sanitaires et du cycle de vie affectent surtout l’accès aux produits alimentaires et à leur consommation. Pour les ménages qui vivent de l’agriculture de subsistance sans source de revenus de remplacement ou sans accès aux marchés, de tels chocs peuvent aussi réduire la disponibilité alimentaire. Des événements du cycle de vie, comme les funérailles ou les mariages, entraînent souvent d’importantes dépenses supplémentaires qui réduisent les ressources disponibles pour l’achat des produits alimentaires. De même, les maladies, l'infirmité et les blessures entraînent des dépenses supplémentaires et la baisse des emplois et des revenus et peuvent conduire à la consommation d’aliments pauvres en nutriments. Risques le long de la chaîne de valeur agricole 1.2 Les intermédiaires s’exposent à des risques divers à différents stades de la chaîne de valeur agricole. Les agriculteurs burkinabés et les intermédiaires de la chaîne d'approvisionnement sont particulièrement vulnérables aux risques du taux de change et de la volatilité des prix des matières premières. 1.3 La compétitivité de la filière coton est devenue plus vulnérable face aux chocs des facteurs extérieurs en raison de la fluctuation des taux de change du CFA par rapport au dollar US et des multiples transferts financiers relatifs aux recettes d'exportations et aux paiements à l'importation. Le taux de change est l'une des principales variables macroéconomiques qui influent sur la compétitivité globale de l'économie ainsi que la dynamique de la filière coton et la performance du secteur. Le coton est commercialisé en dollars sur les marchés mondiaux, mais les producteurs ouest-africains sont payés en francs CFA. L'appréciation de l'euro par rapport au dollar amoindrit la compétitivité des producteurs de coton en raison de l'érosion de leurs marges bénéficiaires. L'appréciation de l'euro ajoutée à une hausse de l'IPC a conduit aux difficultés fiscales des producteurs de coton. Un taux de change défavorable menace la viabilité financière du secteur et intensifie les effets néfastes de la pauvreté. Actuellement, il n'existe aucun mécanisme de compensation des paiements des importations en dollars US sur les recettes des exportations en dollars US avant la conversion des devises en CFA par les sociétés d'égrenage de coton du Burkina Faso, ce qui leur permettrait d’atténuer les coûts de transaction assez élevés de la conversion des devises au détriment de la rentabilité du secteur du coton. (Voir la section sur la Dynamique des taux de change et la compétitivité) 1.4 Les agriculteurs burkinabés font face à deux problèmes distincts des risques de prix. Le premier se rapporte à l'incertitude des prix de la campagne agricole en cours : les agriculteurs consacrent du temps et des apports matériels selon leurs attentes au début de la campagne agricole. D’une part, si les prix d’achat se révèlent au dessous des prévisions, les producteurs ne pourront pas couvrir les coûts matériels et d’autre part, si les prix augmentent, les agriculteurs auront raté des opportunités de marché. Le second problème se rapporte à la chute durable des prix qui compromet leurs moyens d'existence. Le refus du risque conduit les agriculteurs à réduire les apports si bien que les prix des récoltes sont soumis à l'incertitude. Par conséquent, l'incertitude des prix tend à réduire les rendements et donc les revenus. Étant donné que les chocs négatifs sont susceptibles d’avoir un impact sur l’investissement ainsi que la consommation, ces effets peuvent s’étendre à long terme et continuer après le rétablissement des prix (Raddatz, 2005). 1.5 Les intermédiaires sont sensibles à la variabilité des prix et même une légère baisse des cours du coton sur une période peut facilement réduire les marges bénéficiaires. Les exportateurs font face à la fois aux risques de change et aux risques politiques, en particulier aux risques liés à la disponibilité et aux conditions des permis d'exportation. Les banques ont une exposition indirecte au risque, résultant du risque d’insolvabilité associé au prêt aux intermédiaires exposés à des risques précis. Une baisse du prix des matières premières peut entraîner un déficit de remboursement de l'intermédiaire qui a beaucoup de matières premières et a emprunté pour financer les opérations de la chaîne d'approvisionnement. Lorsque les banques ont connu ces cessations de paiements, elles deviennent réticentes à prêter au secteur. La réduction de l'accès au crédit dans la chaîne d'approvisionnement et l’augmentation du coût du crédit (où il est disponible) deviennent ainsi des résultats directs des risques de prix mal gérés. 1.6 Les gouvernements sont eux aussi exposés directement ou indirectement à la profitabilité du secteur du coton. L’exposition directe vient des recettes fiscales ou des subventions budgétaires qui dépendent du niveau des prix. L’exposition peut être indirecte lorsque les gouvernements agissent soit implicitement soit explicitement comme garants des fonds de stabilisation et des organismes parapublics. C'est certainement le cas au Burkina Faso où la recapitalisation du Fonds de lissage a entraîné un passif de prévoyance sur le bilan gouvernemental de près de 1 % du PIB et une quote-part de 65 %. En outre, le gouvernement garantit l'apurement de la dette des sociétés cotonnières. À la fin de l'année 2006, 44 milliards de francs CFA ont été restructurés sur une période de cinq ans (PASF, 2008). Le Burkina Faso et le Fonds de lissage 1.7 Le Fond de lissage (FdL), qui est géré par l'Association du Fonds de lissage (AFDL), a été créé en accord avec l'association de commercialisation du coton burkinabé (qui rassemble les producteurs et les sociétés cotonnières). Un nouveau mécanisme de fixation du prix plancher garanti aux producteurs de coton fut introduit au début de la saison en avril 2007, déterminé à partir des moyennes mobiles quinquennales du prix mondial de l'Indice Cotlook A exprimé en francs CFA au niveau FOB. L'écart entre le prix plancher et le prix du marché international est financé par le fonds de lissage. Toutefois, après paiement du prix de soutien du marché aux producteurs après la crise sévère de la saison 2005/2006, les estimations actuelles donnent à penser qu'à moins que des capitaux additionnels soient constitués, une ligne de crédit d'au moins 30 millions d'euros sera nécessaire pour que le fonds de lissage puisse être crédible dans la fourniture du prix de soutien dans l'avenir (PASF, 2008). 1.8 Les fonds de lissage ne gèrent pas les risques. Les fonds de lissage, dont le but est d’atténuer l’effet des chocs de prix, ne visent pas à empêcher ces chocs ou à remédier la tendance à la baisse. L'objectif est double. À court terme, ces fonds permettent d'éviter une explosion possible du lien entre les coûts fixes et les coûts variables en cas de chute spectaculaire de la production. L'objectif à moyen terme est de maintenir l'évolution prévisible de la production. Les fonds de lissage ne peuvent absorber qu'une partie limitée des effets potentiels des chocs de prix. Les fonds de lissage ne suppriment pas les problèmes de gestion des risques ; ils transfèrent tout simplement l'exposition à court terme des agriculteurs au fonds sans gérer le risque ainsi transféré. 1.9 Les régimes de stabilisation couverts sont plus susceptibles d'être financièrement viables que les régimes de stabilisation non couverts. La stabilisation des prix (ou lissage) est fondamentalement différente de la gestion des risques de prix (Gilbert, 2007). La stabilisation est une activité qui se rapporte à l'épargne tandis que la gestion des risques est une activité contractuelle. Le fonds de lissage du coton du Burkina Faso est structuré comme un mécanisme de stabilisation puisqu’il offre un programme d'épargne collective qui fonctionne selon le principe de limitation des versements par le niveau de l'épargne accumulée par rapport aux années précédentes. Cependant, le fonds de lissage du coton lui-même n’a pas encore couvert son exposition au risque, que ce soit au prix, aux fluctuations des taux de change ou aux précipitations. Se rapprocher de la détermination des prix aux producteurs basée sur le marché 1.10 La résolution de la tendance à la baisse des cours mondiaux du coton passe inévitablement par des stratégies de diversification et d'amélioration de l'efficacité. Le manque d'incitations des sociétés cotonnières à réduire leurs coûts ou maximiser leur prix de vente est une préoccupation lorsque le prix de vente réel (par opposition aux prix du marché) détermine le niveau du Fonds de soutien du prix ainsi que la prime versée aux producteurs. Le coton n’est plus rentable pour les petits agriculteurs qui ne peuvent pas atteindre un rendement rentable minimum de 900 kg / ha. (Gergely, 2008) Le fonds de lissage doit être clair dans son objectif de réduction de l'impact de la volatilité des prix sur les producteurs de coton sans ingérence des signaux du marché relatifs à l'impact de la croissance mondiale de l'approvisionnement en coton associée à une demande morose qui a entraîné une baisse des prix à l'exportation de l'industrie mondiale du coton. 1.11 La garantie d’un prix plancher aux producteurs, non couvert, et soutenu par le fonds de lissage introduit l’exposition aux prix des matières premières pour l'industrie cotonnière burkinabé et par conséquent pour le gouvernement du Burkina Faso. Les prix à la production fixés sans mécanismes d'ajustement deviennent insoutenables quand les prix mondiaux chutent nettement en dessous du prix plancher. La réduction du mécanisme de soutien des prix à plusieurs reprises et le déficit actuel du fonds de lissage laissent suggérer qu'un mécanisme plus robuste de couverture doit être institué. Toutefois, les alternatives proposées jusqu'à présent ont tendance à faire appel à plus de capitalisation du fonds de stabilisation et un meilleur accès aux lignes de crédit pour contenir l'écoulement régulier des fonds de ce qui est en fait un mécanisme de stabilisation des revenus aux producteurs de coton par rapport à la baisse des prix du coton sur le marché mondial. 1.12 Évoluer vers la détermination du prix basée sur le marché en fixant le prix au producteur au début de la saison sur la base du prix coté à la bourse des matières premières à terme. Le fonds de stabilisation devrait utiliser les marchés à terme mondiaux pour déterminer l'engagement du prix au producteur pour l'année de récolte. Une annonce du prix au producteur basé sur les prix du coton sur les marchés à terme mondiaux réaffirme l'engagement des autorités à réduire la dépendance du secteur coton des subventions et des appels répétés des sociétés d’égrenage à la capitalisation. Les avantages d'un prix au producteur basé sur les prix des marchés à terme devront assurer que le mécanisme de signalisation du prix du marché ne soit pas atténué par l'annonce du prix au producteur. Ainsi, les incitations au producteur au début de la saison seront alignées sur les forces du marché de l'offre et de la demande du coton sur les marchés mondiaux, stimulant ainsi les efforts de production par des mesures telles que l'utilisation efficace des sous-produits du coton ainsi que l’adoption de la technologie du coton génétiquement modifié (CGM). Le gouvernement du Burkina et la filière coton burkinabé recevront également l’impulsion nécessaire pour promouvoir les stratégies de diversification et pour accroître la flexibilité de la filière coton à s'adapter aux changements de profitabilité relative. Inversement, il se pourrait que les GPC résistent au changement du mécanisme existant pour aller vers une nouvelle méthodologie de détermination du prix au producteur qui ne garantit pas un prix minimum et au moins un revenu minimum de subsistance à la récolte. En fait, les risques sont transférés du fonds de stabilisation et des sociétés d'égrenage aux GPC. Gestion des risques des prix agricoles par les marchés à terme des matières premières 1.13 Les problèmes actuels concernant l'accès aux crédits et aux réglementations donnent aux acteurs de la chaîne d'approvisionnement des multinationales et à leurs affiliés des pays en développement un avantage concurrentiel indéniable par rapport aux intermédiaires situés dans les pays producteurs eux-mêmes. La réglementation du marché mondial limite la capacité du Burkina Faso à profiter des instruments de gestion des risques. Les acteurs de la chaîne d'approvisionnement doivent utiliser les marchés des matières premières et les contrats à terme pour compenser les risques de taux de change et la volatilité des prix des matières premières. Mais l'accès à ces instruments est plus difficile pour les acteurs situés dans les pays en développement. Une marge suffisante de ligne de crédit dans une monnaie convertible est une condition préalable pour prendre des positions sur le marché de change à terme d’un pays développé. En l'absence d'une ligne de crédit, les acteurs sont limités aux options sans marge de couverture avec paiement complet à l’avance. 1.14 Surmonter les contraintes de l'accessibilité des pays en développement à utiliser des instruments de change à terme en maximisant l’effet de levier des fonds de lissage du Burkina à un niveau de taux de change libellé en euro par rapport à une ligne de crédit en dollar US. Les marchés à terme exigent des lignes de crédit substantielles et le suivi au quotidien contre les appels de marge des courtiers en contrats à terme. Les appels de marge sont basés sur une marque du processus du marché qui ouvre des positions par rapport au prix du marché en cours pour établir une valeur en dollars du passif net au courtier en contrats à terme et limite ce passif en exigeant soit un dépôt en espèces soit une ligne de crédit pour permettre la couverture d'un pourcentage de tous les passifs. (Dana et al. 2008) Le Fonds de lissage peut être utilisé comme une garantie libellée en euro pour établir une ligne de crédit en dollars US et permettre à la filière coton du Burkina d’être une contrepartie digne de crédit sur le marché à terme. Cette structure jouera aussi le rôle de levier d’appréciation de l’euro par rapport au dollar US au profit du Burkina Faso. Le contrat à terme limite l'utilisation du Fonds de lissage pour soutenir les prix aux producteurs qui ont peu de chances de se matérialiser sur les marchés mondiaux du coton à la récolte et assure ainsi sa pérennité financière à long terme. En outre, le prix à terme fera en sorte que les producteurs de coton reçoivent un signal précoce au moment des semis sur la rentabilité de leur production à la récolte. 1.15 Externaliser l'exécution annuelle du contrat à terme avec l'assistance des sociétés de négoce qui sont également des actionnaires dans les sociétés d'égrenage du coton. La capacité locale des pays en développement pour les stratégies de gestion des risques est généralement limitée. Le contrat à terme peut être exécuté par la banque locale qui gère actuellement les opérations du Fonds de lissage avec l'assistance d'un consultant extérieur. En outre, pour répondre aux préoccupations résultant des risques liés (i) aux prix du coton (le marché, la qualité), (ii) aux pertes en cours de stockage et du transport local, et (iii) à l'expédition et la livraison finale, le Burkina devrait couvrir au moins 80 % à 85 % (ou une autre estimation des pertes prévues) de ses estimations de production, laissant le volume de production restant non couvert. Ce système servira de mécanisme de sécurité vis-à-vis des opérations de couverture à terme des sociétés d’égrenage pour le règlement en espèces à l'échéance du contrat à terme. Cependant, il faudra renforcer les capacités de l'administration bancaire au niveau local pour gérer la ligne de crédit en dollars US vis-à-vis des appels de marge pendant la durée du contrat à terme. 1.16 Répondre aux contraintes liées aux risques de base et à l'impact de la crise financière sur les marchés à terme du coton. L’établissement des lettres de crédit à l’exportation, libellées en dollars US par les sociétés d'égrenage du coton, permettra de minimiser les préoccupations concernant les risques de base. L'établissement d'un régime d'exportation basé sur des lettres de crédit à l’exportation libellées en dollars US fait partie d'une stratégie élargie de gestion du taux de change qui est actuellement proposée en vue de faciliter la compensation des paiements à l'importation en dollars US par rapport à un produit à l'exportation en dollars US en fin d'année. La disponibilité des contrats à terme qui dépassent quatre mois dans ce nouvel environnement de l'après-crise financière reste une contrainte majeure qui entrave la stratégie de couverture de l'industrie cotonnière du Burkina Faso. Cependant, l'industrie du coton existe depuis plus d'un siècle et lorsque les marchés internationaux se stabilisent, les marchés à terme devront offrir plus d’alternatives en ce qui concerne les échéances à disposition des contrats à terme. 1.17 Des alternatives aux stratégies de couverture des marchés à terme comprennent l’achat d’assurance contre les catastrophes sous la forme d’une option hors du cours qui pourrait garantir un prix minimum pour éviter l'épuisement du Fonds de lissage. Les prix planchers offerts par le gouvernement peuvent être couverts naturellement par l’achat d’options hors du cours qui sont réglées dans les circonstances mêmes requises par la garantie requise du gouvernement. Cependant cette stratégie est coûteuse et ne répond pas aux appels annuels de recapitalisation après épuisement du Fonds de lissage. 1.18 Le Burkina Faso gagnerait à utiliser les instruments financiers de gestion des risques au niveau macroéconomique, en dépit des restrictions existantes imposées par l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) sur les produits de couverture. Dans les pays de l'UMOA, la réglementation des changes interdit l'utilisation des instruments financiers comme fonds de couverture. Toutefois, l’exposition des gouvernements aux prix à l’exportation est élevée. Les gouvernements offrent souvent des taux plafonds plus ou moins explicites. Un fonds de stabilisation des prix comme le Fond du lissage au Burkina Faso est onéreux en termes des capitaux immobilisés en réserve, la détérioration et la bureaucratie. Le poids total des subventions du prix des produits alimentaires aux consommateurs est élevé et difficile à maintenir dans le temps, comme les autorités du Burkina en ont fait l’expérience. En outre, il existe déjà un cadre initialement proposé par l'AFD, qui vise à utiliser les instruments de marché tels que le marché hors cote (OTC) pour faire en sorte que les égreneurs puissent offrir les prix fixés au producteur. Des publications récentes du FMI (PASF, 2008) soutiennent également des recommandations demandant aux sociétés d'égrenage du coton d'utiliser des instruments de couverture de marché et d’améliorer les capacités de gestion des risques qui leur permettront d'assurer le financement du secteur du coton. 1.19 Le gouvernement burkinabé devrait également renforcer la capacité de l'administration dans la gestion des risques tout en poursuivant un meilleur accès aux instruments de gestion des risques dans le temps. Les intermédiaires de transmission possibles incluent les coopératives de producteurs, les banques et les exportateurs. Les sociétés cotonnières du Burkina Faso ont la taille nécessaire pour se regrouper. Elles achètent les matières premières auprès des coopératives de producteurs et les exportent après l'égrenage. Elles fournissent aussi des intrants aux coopératives au début de l’année de récolte, à crédit. Les sociétés cotonnières peuvent vendre le produit ou bien établir une position à terme courte, qui leur permet d’offrir un prix fixe aux agriculteurs au début de l’année de récolte. Lorsque ce système est exécuté correctement, il donne aux agriculteurs la sécurité nécessaire pour décider des quantités d’intrants à acheter et du temps de travail à fournir. Mais l’accès aux marchés internationaux à terme reste limité. Peu de grandes banques et de courtiers sont prêts à investir et tisser des liens privilégiés avec les sociétés cotonnières d'un pays en développement et à collaborer avec elles en vue de surmonter les obstacles réglementaires. Certaines de ces sociétés n’ont pas eu la sophistication financière et comptable nécessaire pour utiliser la gamme complète des produits des marchés financiers. L'assistance technique offerte aux sociétés cotonnières du Burkina Faso pourrait les aider à bénéficier de l'amélioration des compétences dans le domaine de la gestion des risques. Les risques météorologiques et la production agricole 1.20 Si les risques de précipitations sur la production de coton s'avèrent difficile à évaluer quantitativement, la sécheresse ne semble pas constituer un risque systémique à l'échelle nationale ou récurrente pour le secteur du coton. La majorité de la production cotonnière au Burkina Faso est centrée dans les zones fiables à pluviométrie élevée du pays plutôt que dans les zones sahéliennes plus sujettes au climat de sécheresse. Par conséquent, les données de rendement du coton au Burkina Faso montrent une faible variabilité remarquable pour une culture pluviale. Les rendements interannuels de la période 1978 à 2007 sont présentés dans la figure 1-11. Les risques de sécheresse ne semblent pas avoir d'impact dans la zone SOFITEX, qui couvre 85 % de la production de coton du pays et dispose d'un réseau plus dense de stations météorologiques, ni dans les Vieux Bassins et les Zones Nouvelles, les deux autres régions productrices de coton du pays. La corrélation existant entre les données sur le rendement au niveau provincial et les données sur les précipitations suggère que la variabilité de la pluviométrie de ces dernières années n'a pas eu un impact significatif sur le rendement global. Les sécheresses, dans l'ensemble, ont un impact plus systémique et périodique sur la production des aliments de base que sur le coton, en particulier au nord du pays. La récente saison pluvieuse défavorable en 2007 a bien plus gravement touché les cultures de céréales et par conséquent la sécurité alimentaire du pays. Figure 1-11: Cumul des précipitations saisonnières par rapport au rendement national du coton, 1978-2007 1 1200 1600 1400 1000 1200 Cumul des précipitations saisonnières mm) Rendement National du Coton (kg/hect) 800 1000 600 800 600 400 Cumul des précipitations saisonnières (Moyenne nationale par zones) (mm) 400 Cumul des précipitations saisonnières (Moyenne nationale) (mm) 200 Rendement national du coton (FAOSTAT) (kg/hect) 200 0 0 197819791980198119821983198419851986198719881989199019911992199319941995199619971998199920002001200220032004200520062007 Année de récolte Source: Syroka et al (2009). 1 La fine ligne en pointillé représente une moyenne simple de la pluviométrie saisonnière cumulée chaque année aux 47 stations météorologiques ; la fine ligne continue représente une moyenne nationale pondérée des précipitations, selon laquelle les précipitations saisonnières des stations météorologiques sont d’abord cumulées et ensuite pondérées par la moyenne de 5 ans (2003-2007) de la zone de plantation cotonnière de cette province, afin qu’on accorde plus d'importance aux stations régionales du pays qui produisent plus de coton. Quarante stations météorologiques sur les 47 se situent dans la région SOFITEX, 3 se situent dans la région FASO COTON, 3 se situent dans la région SOCOMA ; 1se situe dans les zones de croissance marginales du nord. 1.21 Les risques de précipitations, cependant, sont plus répandus au niveau local, notamment dans la plupart des régions productrices de coton au nord. Les données météorologiques ventilées au niveau sous-provincial montrent comment les conditions pluviométriques moyennes varient à travers le pays avec des conditions très favorables dans les zones de culture de coton de la SOFITEX les plus importantes du sud-ouest et les zones plus marginales du nord. Les données globales montrent également que la fréquence des mauvaises conditions météorologiques augmente avec la latitude de la zone (elles sont plus fréquentes au nord). Bien qu’on n’ait que des preuves très limitées de risques de sécheresse catastrophique relative à la production du coton sur la période des 30 dernières années sur le plan national, voire régional, un événement climatique majeur pourrait encore se produire dans l'avenir, surtout si la production du coton continue de se développer dans les zones sujettes à la sécheresse. Le changement climatique pourrait également avoir un impact négatif sur l'agriculture à moyen et à long terme. 1.22 Les risques liés aux précipitations peuvent également provenir d'un excès plutôt que d'un déficit de pluies. Les graves inondations de 2007/2008 constituent une illustration significative de ce phénomène : la saison des pluies commença en retard mais connut des inondations excessives suivies d'un arrêt brusque des pluies ; ce phénomène affecta sévèrement la production du coton. Développer une assurance agricole commerciale: Vers une assurance météo pilote au Burkina Faso? 1.23 La mutualisation des risques permet d’assumer les risques de base qui sont inévitables dans le domaine de l'agriculture. Les pertes mineures constituent une partie normale de la production agricole et doivent être gérées par la rétention de risques. La promotion de fonds mutuels, de systèmes d'épargne et d'assurance liés à la mutualisation communautaire, devrait accroître la résistance au niveau de l'individu et du groupe. Au niveau de la filière coton burkinabé, cela se fait déjà au niveau des GPC (décrits dans la section du coton dans le deuxième chapitre de ce rapport). Les petites sommes en surplus sont officiellement placées dans des fonds mutuels, permettant aux producteurs de mieux répondre aux paiements de solidarité interne au sein des GPC, et à améliorer la capacité des GPC à maintenir leur statut de crédit externe. 1.24 Assurer le seul secteur agricole commercial en dehors des subventions peut s’avérer inefficace dans les économies en développement si cette assurance ne fait pas partie d’un ensemble de services aux agriculteurs. L’assurance agricole commerciale est un produit que les agriculteurs ont le droit d’acheter pour pouvoir participer plus activement aux marchés au moment des chocs. Pour que cet instrument soit viable et durable, des services supplémentaires tels que le crédit, les intrants, le contrôle de la qualité et l'accès aux marchés doivent être fournis pour améliorer son rendement pour les agriculteurs. Cela constitue souvent une condition nécessaire pour que les agriculteurs soient disposés à payer une prime pour un événement qui n'arrive que rarement. 1.25 Compte tenu de son organisation d'ensemble autour de la prestation de services aux producteurs, le secteur du coton burkinabé pourrait envisager un cas pilote pour établir un marché durable d’assurance contre les intempéries. Au Burkina, le coton égrené est commercialisé par les sociétés cotonnières qui semblent bien positionnées dans la chaîne de valeur pour offrir des produits d'assurance structurés aux agriculteurs. Des liens solides existent pour la fourniture d'intrants, la collecte, la vente de la production et la fourniture de crédit (tels que décrits dans le chapitre du coton). Cela offre une excellente possibilité d'intégration de l'ensemble des services financiers et d'assurance offerts à l'agriculteur, bien que, quantitativement, la corrélation entre les précipitations et la production soit plus importante pour les cultures vivrières que pour le coton. 1.26 L’assurance indicielle peut résoudre les problèmes de mise en œuvre de l’assurance traditionnelle des récoltes. Les formes traditionnelles d'assurance-récolte, qui reposent sur une évaluation des pertes sur le terrain (encadré 1-2), ne sont pas réalisables là où il ya un grand nombre de petits agriculteurs, une capacité limitée des assureurs, une prise de conscience faible des producteurs sur les questions d’assurance, et des données limitées. L’assurance indicielle surmonte un bon nombre de ces contraintes, puisque les paiements d’assurance se basent uniquement sur les mesures de la moyenne des rendements ou des pluies enregistrées à des stations météorologiques spécifiques. Pour l'assurance indicielle météorologique, l'indice est conçu de sorte que la corrélation soit aussi étroite que possible entre la perte prévue des cultures et le montant et le calendrier de déficit ou d'excès de précipitations mesurées à la station. Ceci a l'avantage d'accroître la transparence pour l’assureur et le producteur, et de réduire encore davantage les coûts administratifs et d'évaluation de l'assurance. Du point de vue des agriculteurs, le principal avantage de l’assurance indicielle de rendement comparée à l’assurance indicielle météorologique est que, puisqu'elle mesure la moyenne du rendement final 2 sur une zone donnée (par le biais de l'échantillonnage des cultures), elle capture toutes les causes de la perte, plutôt que seulement les pertes dues au manque ou à l’excès de pluies. C’est également un produit abordable avec des coûts de pertes moindres. Au Burkina, les données cruciales de rendement par secteur sur lesquelles on pourrait établir un indice sont absentes et il serait difficile de transférer ces risques au marché de l'assurance commerciale. 1.27 La perspective de mettre en œuvre une assurance commerciale pilote basée sur des indices de l'excès et du déficit des précipitations au Burkina Faso est possible. Sur le plan organisationnel, de nombreuses questions doivent être résolues, notamment celles concernant les capacités limitées pour traiter un produit techniquement complexe et l'existence de mécanismes solides pour atteindre les agriculteurs et leur fournir la formation nécessaire concernant un produit commercial. Une unité d'appui technique devrait fournir l'assistance et la coordination nécessaires au projet, initialement pour un projet pilote. La dissémination de l'information au globalisateur de risques, aux producteurs et à toutes les parties prenantes de l'assurance indicielle 2 Les compagnies d'assurance n’offriront pas une assurance sur le rendement d'une exploitation agricole particulière puisque ceci engendre une incitation à réduire l’effort de l’agriculteur (aléa moral). Toutefois, il est pratique d'offrir une assurance sur le rendement d’une zone administrative bien définie, si elle peut être mesurée, puisque un seul agriculteur aura un impact négligeable sur le rendement dans son ensemble. météorologique devrait constituer un aspect essentiel de la mise en œuvre d’un tel programme. Les parties prenantes d'un tel projet sont l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB), les sociétés cotonnières, les assureurs, les responsables de la réglementation d'assurance, la Direction de la Météorologie et les institutions techniques. 1.28 Il est plus réaliste de concevoir des produits d'assurance météorologique au niveau de “du globalisateur" dans un système où une société cotonnière, une banque ou toute autre entité avec une exposition financière à l’ensemble de la production de nombreux producteurs soit le preneur d’assurance. Le globalisateur détient la police d’assurance, paie la prime, et perçoit le règlement des sinistres. Le globalisateur est chargé d'établir les principes du règlement ultérieur des versements à ses clients, dans ce cas les GPC, le cas échéant. Cette approche, avec ses aspects de bénéfices donnés aux agriculteurs en période de paiement, pourrait constituer une solution intérimaire plus appropriée et plus simple pour gérer les défis du marketing et de l'éducation au début de l'élaboration d'un programme d'assurance. 1.29 Étant donné que le climat constitue seulement l’un des nombreux risques auxquels les producteurs de coton sont confrontés, greffer une solution indicielle de gestion des risques, qui a un potentiel d'assurance et de réassurance commerciale, dans un cadre de fonds mutuel, pourrait être une solution pour les GPC. Sur le plan opérationnel, un tel arrangement réduirait au minimum les exigences en matière d'éducation et de formation des principaux décisionnaires qui assureront la gestion des fonds communautaires, plutôt que de nombreux groupes GPC. Un produit d'assurance aux prêteurs agricoles au niveau du GPC pourrait protéger contre les écarts extrêmes de la pluviométrie tels que reflétés par les variations interannuelles locales, et en même temps protéger les pertes agrégées, lorsque ces risques se manifestent sur un plus grand nombre de stations dans la même année. La couverture contre les écarts extrêmes, les déficits, et les déviations irrégulières des précipitations devrait être prise en considération dans la conception des produits d’assurance adéquats. 1.30 Des conditions préalables sont nécessaires dans les stations météorologiques locales avant toute opérationnalisation d'un système d'assurance. Le manque de capacité à communiquer les données en temps réel de la majorité des stations météorologiques locales fait que celles-ci ne sont pas actuellement à la hauteur des normes de transfert des risques, et un investissement dans radios ou téléphones cellulaires serait nécessaire pour les stations météorologiques choisies si on devait utiliser les données qu’elles fournissent de façon opérationnelle. Les pluviomètres ne sont pas assez solides pour le transfert des risques. Par conséquent, si les pluviomètres devaient être utilisés à des fins opérationnelles ou à des fins de transfert des risques, ils devraient être mis à niveau au préalable par l'installation de stations météorologiques automatiques ou de systèmes d'enregistrement de précipitations (c’est-à-dire des pluviomètres automatiques) à côté de l'équipement de pluviomètre existant afin que les données puissent être communiquées en temps réel via le réseau GSM. Un tel investissement serait également nécessaire si les pluviomètres de la SOFITEX devaient être mis à profit pour les besoins des compagnies d’assurance. Dans une telle situation, un accord serait également nécessaire entre la SOFITEX et la Direction de la Météorologie pour permettre à cette dernière de gérer et de maintenir ces nouvelles stations et pour recevoir et assurer le contrôle de la qualité des données fournies. La densité des stations de surveillance de la pluviométrie constitue un autre point de préoccupation au Burkina Faso. La densité est adéquate pour effectuer une analyse des risques des intempéries au niveau national, provincial, et dans certains cas, au niveau départemental et pour capturer les événements météorologiques extrêmes à ces échelles spatiales. Toutefois, le réseau actuel n'est pas suffisant pour capturer les événements de précipitations localisées pour tous les producteurs de coton actuels au Burkina Faso, en particulier ceux situés hors de la zone SOFITEX. En règle générale, la distance maximale entre les stations météorologiques et les agriculteurs assurés doit être insignifiante, par exemple 20 km, pour réduire les risques de base (les différences entre les précipitations à la station météorologique la plus proche et au GPC). Les investissements visant à étendre le réseau d'observation météorologique à d'autres stations météorologiques automatiques locales seraient nécessaires si on devait établir un programme d'assurance flexible au niveau de l’agriculteur dans tout le pays en dehors d'un projet pilote limité basé sur les stations existantes. Cela pourrait prendre beaucoup de temps et d'investissements. 1.31 Les assureurs commerciaux devraient fournir une assurance météorologique qui transfère les risques de catastrophe aux réassureurs internationaux. Les GPC ou les sociétés cotonnières seraient assurés dans le cadre de l'offre de crédit pour les intrants, avec une prime à payer. Les risques couverts seraient le déficit pluviométrique (la sécheresse) et les précipitations excédentaires. Le produit nécessaire serait relativement complexe, et certains risques de base seraient maintenus. Les risques potentiels de base ne peuvent être pleinement définis avant la conception du produit. 3 En revanche, la démarche de mutualisation reconnaît qu'une solution plus étendue que l'assurance indicielle météorologique est nécessaire, et que les précipitations ne constituent qu’un seul des dangers auxquels les agriculteurs font face. Sous le régime proposé, chaque GPC ou société cotonnière serait assuré contre les précipitations telles que mesurées à la station météorologique la plus proche. Sur le plan local, des stations météorologiques automatiques supplémentaires s’ajouteraient au réseau au fil du temps pour réduire les risques de base (les différences entre les précipitations à la station météorologique et au niveau du regroupement des risques). Les remboursements d'assurance seraient déclenchés lorsque la pluviométrie est supérieure ou inférieure aux seuils énoncés dans la police d’assurance, au cours des périodes de temps spécifiées, sur une échelle établie dans la police d'assurance. Les paramètres du contrat seraient fixés de telle façon qu’ils puissent refléter aussi étroitement que possible la perte prévue du rendement des récoltes résultant d'un déficit ou d’un excès de pluviométrie. Il n'y aurait pas d'évaluation de pertes sur le terrain, le paiement étant effectué seulement sur les mesures des précipitations à la station météorologique désignée. 3 D’autres causes de perte existent qui peuvent affecter les producteurs. Ce sont principalement les inondations (par exemple, les inondations sont difficiles à indexer et les paiements découlant de l’excès des précipitations ne refléteront pas toutes les pertes dues aux inondations) ; les insectes ravageurs incontrôlables (par exemple les criquets); les insectes ravageurs contrôlables ; et puis il y a une série de risques liés aux infrastructures (approvisionnement en intrants, semence de qualité, désorganisation du marché, les risques liés à la modification génétique, et autres) La vulnérabilité des ménages 1.32. Les burkinabés sont exposés à des chocs sévères qui rendent la plupart des pauvres et des presque pauvres vulnérables aux déficits sévères de consommation. Au Burkina Faso, la plupart des ménages ruraux sont vulnérables aux chocs en termes de l'échange ou à ceux provoqués par le climat. Ces chocs constituent un facteur majeur de l'aggravation de la vulnérabilité des pauvres aux déficits graves de la consommation et la hausse saisonnière de l'incidence de la pauvreté. L'étude sur la vulnérabilité des ménages (Banque mondiale, 2002) montre que tous les ménages, sans exception, ont subi un ou plusieurs chocs au cours de la période 1999-2002. Ainsi, leur capacité limitée à se remettre des chocs contribue à leur état de pauvreté. 1.33 L’idiosyncrasie des ménages peut mettre en évidence la vulnérabilité. Que les individus ou les ménages soient exposés aux risques, ou susceptibles d’être exposés aux risques, dépend de divers facteurs tels que la santé et le statut nutritionnel des individus, leurs actifs tels que le logement, les infrastructures et l’environnement des ménages, ainsi que leur niveau d'éducation et la disponibilité de l'information, et leurs pratiques culturelles et comportementales. Les pauvres sont plus vulnérables que les autres groupes de population car ils sont généralement plus exposés aux risques, font face à de nombreux risques simultanément, et ont moins d'actifs et de ressources pour faire face si les risques se réalisent (tableau 1-3). Un ménage est plus susceptible d'être exposé aux chocs défavorables et présente des perspectives de gains et de capacité génératrices de revenus limités s’il • a de faibles niveaux de capital humain, de savoir-faire et d'accès à l'information ; • souffre d'un handicap physique et psychologique ; • a peu de moyens financiers et de production ; • souffre d’exclusion sociale ou de réseaux de soutien social inadéquats ; • a un accès limité au crédit et aux instruments de gestion des risques ; • vit dans un environnement climatique défavorable avec des ressources naturelles limitées ; • vit dans une communauté ou il n’y a pas suffisamment d’activité entrepreneuriale et de création d’emplois ; • travaille dans un secteur qui est particulièrement sensible à la volatilité des chocs macroéconomiques et sectoriels. 1.34 L'accès à la terre, aux moyens de transport, et l'alphabétisation ont tendance à réduire la vulnérabilité. Des villageois interrogés citent comme principaux facteurs qui déterminent la vulnérabilité les facteurs suivants : (i) le manque de travail, (ii) l'absence de capital social, (iii) les lourdes charges qui pèsent sur les familles nombreuses, (iv) la famine, et (v) les sécheresses. L'enquête montre également que des ménages plus petits, une meilleure dotation des actifs, l'accès à la terre et aux moyens de transport, l'alphabétisation et la proximité des écoles et dispensaires sont de nature à réduire la vulnérabilité. Par contre, l'éloignement des marchés et des écoles augmente la variance de la consommation tant dans les zones rurales qu’urbaines. Tableau 1-3: Différences des caractéristiques des ménages par état de vulnérabilité Indices de la vulnérabilité des ménages Non vulnérable Vulnérable Vulnérable passager chronique Taille du ménage 6,0 10,5 11,8 Total 7,58 Chef de famille homme 89 % 96 % 98 % 91 % Age du chef de famille 43,6 51,8 53,0 46,2 Homme adulte instruit 11 % 1% 1% 8% Femme adulte instruite 6% 1% 1% 4% Mauvais matériel de travail 57 % 94 % 94 % 68 % Possède une moto 31 % 6% 9% 24 % Possède une radio 61 % 34 % 33 % 53 % Chambre par personne 0,64 0,38 0,37 0,57 Bénéficie de formation 29 % 24 % 22 % 26 % Utilise des engrains 33 % 21 % 18 % 28 % Possède une charrue/des bœufs 27 % 24 % 21 % 25 % Possède une charrette 25 % 21 % 23 % 24 % Reçoit de l’argent de l’étranger 22 % 33 % 35 % 27 % Reçoit de l’argent localement 16 % 16 % 15 % 16 % Précipitations 94 % 94 % 93 % 94 % Distance au centre de santé 2,6 2,7 2,6 2,6 Distance à l’école primaire 2,0 1,9 1,9 2,0 Distance au marché 2,0 1,8 1,9 1,9 Distance au centre de santé 1,3 1,6 1,7 1,3 Distance à l’école primaire 1,1 1,3 1,2 1,1 Distance au marché 1,2 1,6 1,7 1,2 Dans les zones rurales : Dans les zones urbaines : Source: Wodon, Nouvé (2009). 1.35 Dans tous les groupes démographiques au Burkina, les femmes, les enfants et les personnes âgées sont les plus vulnérables aux différents risques socioéconomiques du pays. Lorsqu'on a demandé aux personnes interrogées leurs impressions, deux sur trois villageois ont déclaré que les personnes les plus vulnérables sont les personnes âgées, suivies des personnes handicapées, les veufs/ veuves et les orphelins. Les femmes sont vulnérables parce qu'elles font face à une inégalité de traitement à plusieurs niveaux, allant du manque de contrôle sur les ressources du ménage à l'acceptation sociale de la violence envers les femmes et la discrimination légale. Les différences entre les sexes sont finalement visibles à travers (i) des taux plus élevés de pauvreté parmi les femmes chefs de ménage comparés à ceux chez les hommes chefs de ménage ; (ii) les niveaux d'analphabétisme plus élevés chez les femmes que chez les hommes ; et (iii) des taux d'activité économique plus faibles chez les femmes que les hommes. Les femmes n'ont pas le même niveau d'outils et de biens pour faire face aux chocs et gérer les risques. Les enfants, surtout les orphelins, sont également victimes de la pauvreté, la malnutrition, la forte prévalence du VIH / SIDA et d’autres maladies transmissibles. La pauvreté généralisée force les parents à envoyer leurs enfants travailler dans les exploitations agricoles ou vendre dans la rue. Cette activité économique précoce des enfants se fait au détriment de l'éducation. L'exposition précoce à un travail physique dur dans les exploitations agricoles a aussi des effets négatifs à long terme sur la santé des enfants et leur capacité à faire face aux difficultés. 1.36 La taille des ménages et la polygamie ont tendance à augmenter la vulnérabilité. Si tous les ménages ruraux sont vulnérables aux chocs dus au climat, les caractéristiques des ménages ont tendance à augmenter ou à réduire la vulnérabilité. Par exemple, il existe une corrélation positive entre la taille des ménages et l'incidence de la pauvreté. Les ménages de familles nombreuses sont les plus touchés par les chocs et réagissent moins bien une fois touchés par les chocs. La vulnérabilité varie aussi selon la situation matrimoniale. Les ménages polygames sont plus vulnérables que les ménages monogames, et ils ont tendance à représenter la majorité des ménages vulnérables. 1.37 L'éducation est un atout important pour les individus, augmentant leur capacité de gestion des risques. Les ménages dont le chef est analphabète représentaient jusqu'à 85 % de la pauvreté totale en 2007. L'analyse des déterminants de l'insécurité alimentaire montre clairement une incidence plus faible parmi les ménages dont le chef a atteint un niveau d'instruction secondaire et plus. En 2005, par exemple, la probabilité d'insécurité alimentaire était d'environ 24 points plus faible dans les ménages ruraux dont le chef avait atteint un niveau d'instruction secondaire supérieur (lycée) par rapport aux ménages dont le chef n'a aucune instruction du tout. Cette probabilité tombe à 13 points dans les zones urbaines pour la même année et les ménages ayant le même niveau d'instruction. En fait, au cours des enquêtes sur la vulnérabilité, les groupes de discussion ont clairement identifié l'analphabétisme comme un risque. 1.38 La santé est un atout crucial dans la maîtrise des risques. La littérature empirique met en évidence le lien étroit entre les chocs climatiques et non climatiques et l'état de santé des individus. Ces chocs ont tendance à influer sur le revenu des ménages et donc leur capacité à produire et à demander des services de santé. À titre d'exemple, Hoddinott et Kinsey (2000, 2001) et Hoddinott (2006) ont noté que la sécheresse a un effet négatif et permanent sur la taille des enfants âgés de 12 à 24 mois. Ils pourraient perdre de 1,5 à 2 cm de taille à cause de la sécheresse, et ce retard de croissance n'est pas compensé par la croissance ultérieure de l'enfant. Yamano, Alderman et Christiaensen (2005) ont observé les mêmes effets dans les zones rurales d'Éthiopie et ont indiqué en outre que l'aide alimentaire avait contribué à corriger le retard de croissance des enfants provoqué par la sécheresse. Le retard de croissance qui n'est pas compensé entraîne des conséquences permanentes sur la capacité d'apprentissage des enfants, sur leur productivité et sur leurs niveaux de revenus à l'avenir. 1.39 Les stratégies d'adaptation des risques des ménages sont peu efficaces à long terme. Les villageois burkinabés interrogés au cours de l'enquête de 2002 sur la vulnérabilité ont indiqué que la plupart des mécanismes qu’ils utilisaient lorsqu’ils faisaient face à un ou plusieurs chocs étaient peu efficaces. Alors que les ménages essayaient activement de gérer les risques, seule une amélioration partielle du bien-être et de la nutrition était atteinte. Leur subsistance et leur capacité à générer des revenus dans le futur étaient affectées. Les choses empirent en cas de catastrophes naturelles, car les usuriers locaux ont tendance à augmenter les taux d'intérêt puisque de nombreux ménages sont à la recherche de crédit, les salaires locaux chutent en raison de l’excédent de main d’œuvre, et les prix du bétail diminuent à cause des ventes de détresse auxquelles de nombreux éleveurs sont forcés. Parmi les 80 ménages interrogés dans le cadre de l'enquête sur la vulnérabilité, 62 % n'ont pas été en mesure de récupérer leur niveau de vie initial avant les chocs, quels que soient les mécanismes d'adaptation choisis (Banque mondiale, 2002). Ce résultat ne s'explique pas seulement par un appauvrissement initial, mais aussi par la répétitivité et le caractère chronique des chocs. 1.40 Des sentiments d'insécurité découragent les ménages pauvres de se lancer dans des activités plus profitables et réduisent leur capacité d’établir des plans à long terme. L'enquête sur la vulnérabilité montre que 80 % des ménages burkinabés avaient peur de ne pas être en mesure de faire face aux risques futurs (Banque mondiale, 2002). De nombreux ménages considèrent le fait de rassembler les ressources financières et humaines nécessaires pour améliorer leurs conditions de vie comme une prise de risques excessive dans un contexte où tout malheur exogène - comme la maladie, la perte d'emploi ou des mauvaises récoltes - pourrait les précipiter dans la misère. Les ménages préfèrent la liquidité plutôt que l'investissement, appartenir à des réseaux diversifiés, en multipliant les emplois et le report des décisions. Les ménages refusent d'introduire des modifications, et préfèrent traiter avec un quotidien pas forcément satisfaisant mais facilement prévisible. Le sentiment d'insécurité résultant d'une exposition élevée aux risques explique en grande partie la réticence des populations à faible revenu à se livrer à des activités plus rentables qui se révèlent être aussi plus risquées. 1.41 Le risque est une importante cause de pauvreté et un piège de maintien dans la pauvreté. Les ménages pourraient choisir de rester relativement pauvres pour éviter que les chocs ne provoquent privations et misère encore plus graves. Le refus du risque rend les ménages pauvres incapables de profiter des activités rentables, même si des opportunités de croissance se présentent dans l'économie. Nouvé et al. (2009) montrent, dans le cas du Burkina Faso, que les risques existants augmentent la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Malgré les opportunités de croissance, certains ménages sont laissés pour compte, incapables d'assumer des activités risquées rentables, ce qui affecte la possibilité d'une croissance à large assise. Des programmes d’investissements sociaux et de filets de sécurité 1.42 Il faut des interventions politiques pour réduire la vulnérabilité des ménages. Le fait que les ménages à faibles revenus s’engagent dans des stratégies de réduction de risques mais aussi de faible rapport pour réduire leur vulnérabilité, ajouté à la manifestation de chocs à effets durables, suggère que le risque non assuré entraîne les pièges de la pauvreté : il y a persistance dans la pauvreté, causée par les imperfections du marché, la présence de risques et les réactions des ménages à ces risques. Par conséquent, les ménages sont pris au piège de l’équilibre de la pauvreté dont ils ne peuvent sortir sans intervention externe. Ce soutien temporaire pourrait les empêcher de tomber dans le piège et pourrait aussi les aider à en sortir. Étant donné que les défaillances du marché contribuent à l'existence de ces pièges, les interventions pourraient entraîner des gains d'efficacité, si bien que les transferts axés sur ces groupes pourraient renforcer la productivité, sans entraîner l’échange efficacité - équité (Dercon, 2005). 1.43 Les stratégies de réduction de la pauvreté doivent intégrer à la fois l'atténuation et la prévention. À des fins politiques, ce qui importe réellement c’est le risque ex ante qu’un ménage, s'il est actuellement non-pauvre, tombera en dessous du seuil de pauvreté, ou s’il est actuellement pauvre, restera dans la pauvreté. Alors qu’une participation de l’état est une option évidente mais coûteuse, il est également nécessaire de concevoir des politiques de réduction de la pauvreté qui réduisent les risques et la vulnérabilité grâce à des interventions qui devront traiter la nature dynamique des incitations aux ménages. 1.44 Les instruments informels de gestion des risques peuvent être relativement efficaces pour gérer les risques individuels de basse fréquence et de faible intensité. Dans l’idéal, cela marche mieux dans des communautés très unies par des relations interpersonnelles à long terme basée sur la confiance et l'égalité. Toutefois, les assurances informelles semblent être inadéquates dans la gestion des risques socioéconomiques car elles n'offrent qu'une protection limitée contre les catastrophes répétitives et / ou les chocs de basse fréquence et de haute intensité. En outre, il se pourrait que les liens de solidarité requis par ce système informel soient inégalement répartis. Les ménages les plus pauvres peuvent se retrouver dans l'impossibilité de rendre la pareille ou de payer les investissements ex ante (en actifs sociaux) requis par le système. En conséquence, certains membres de la communauté reçoivent plus de soutien que d'autres et certains groupes sont exclus sur la base de l'ethnicité, la situation, le sexe ou le statut socioéconomique. Les conséquences peuvent être que les instruments informels de gestion des risques servent les intérêts des élites les plus influentes d’une communauté et / ou marginalisent les moins puissants. De plus, si ce système peut temporairement absorber certains chocs, le prix payé en termes à la fois financiers et sociaux est le plus souvent prohibitif. 1.45 La micro-assurance formelle peut améliorer les stratégies de lutte contre la pauvreté. Grâce à un réseau d'institutions et d’organisations locales qui deviennent les partenaires logiques des acteurs de la micro-assurance, la micro finance peut surmonter des obstacles tels que les coûts de transaction élevés et la difficulté de se prémunir contre la sélection adverse et les phénomènes d’aléa moral lors de la couverture des personnes les plus vulnérables et / ou pauvres. Au Burkina Faso, les institutions de la micro finance se sont rapidement développées au cours des dernières années et jouent un rôle toujours plus important. En décembre 2005, la BCEAO a enregistré près de 600 000 personnes qui utilisaient les services des principaux réseaux des institutions de la micro finance. Depuis le début de ses opérations au début des années 1990, le secteur a évolué vers un professionnalisme accru. Le taux moyen de perte de portefeuille s'est amélioré au cours des cinq dernières années pour atteindre 5 % en 2005, contre 12,5 % en 1999. Nouvé et al. (2009) ont évalué la taille du marché potentiel de la microassurance par rapport aux déficits de la consommation au Burkina Faso. Sur la base des données au niveau des ménages recueillies pour le compte d’un projet de développement communautaire (DC) développé pour le Burkina Faso (PNGT-2), ils ont conclu qu'un opérateur privé aurait pu satisfaire les besoins d’un marché de 40 milliards de FCFA (environ 1,5 % du PIB). 1.46 Pour les plus pauvres parmi les pauvres et pour les ménages qui ne peuvent pas participer de manière efficace aux marchés, les politiques publiques de promotion des investissements sociaux et des filets de sécurité vont contribuer plus efficacement à réduire la vulnérabilité des ménages. Le rôle idéal d'un filet de sécurité est de protéger les personnes vulnérables contre les chocs et d'aider les pauvres chroniques à sortir de la pauvreté. Toutefois, compte tenu des contraintes budgétaires du Burkina, une stratégie judicieuse des filets de sécurité doit viser à réduire les formes les plus extrêmes de dénuement et d'insécurité alimentaire et cibler les plus pauvres des pauvres. Les meilleures pratiques internationales 4 mettent l'accent sur le rôle des programmes de filet de sécurité à encourager et à fournir des ressources aux ménages pauvres pour que ceux-ci puissent faire les investissements nécessaires en développement du capital humain (comme dans le cas des bourses scolaires et autres programmes similaires) ou du capital physique (par le biais des travaux publics). De cette façon, les dépenses non seulement aident à réduire la pauvreté aujourd'hui, elles aident aussi à éliminer les obstacles à la croissance et à réduire la pauvreté dans l'avenir. 1.47 La sécurité alimentaire est un bien public particulièrement pertinent. Elle a un impact sur la croissance économique, la pauvreté et la productivité, principalement en raison des questions de malnutrition et de sous nutrition qu'elle engendre (Banque mondiale, 2006). La nécessité de corriger l'asymétrie d'information plaide pour une intervention audacieuse du gouvernement (des programmes communautaires de grande envergure destinés à l'apprentissage de la nutrition par exemple). En outre, le consensus de Copenhague classe la fourniture de micronutriments comme le deuxième meilleur investissement potentiel des pays pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Les instruments de la stabilisation de la disponibilité alimentaire doivent contribuer à assurer l'approvisionnement en aliments nutritionnellement appropriés. Ceci peut être réalisé par la production nationale, les changements des réserves alimentaires nationales et les importations alimentaires. Des études empiriques montrent que, parmi ces instruments, l’amélioration de la productivité alimentaire et les 4 Voir “For Protection and Promotion: The Design and Implementation of Effective Safety Nets” (“Pour la protection et la promotion : La conception et la mise en œuvre de filets de sécurité efficaces”); Grosh, del Ninno, Tesliuc, Banque mondiale, 2008; et Smith et Subbarao, 2003. importations non concessionnelles sont plus utiles à stabiliser la volatilité de la disponibilité de la nourriture que les importations concessionnelles (Barrett, 2001). Des instruments d’amélioration de la production nationale sont décrits dans la section sur l'agriculture dans le deuxième chapitre de ce rapport. 1.48 Au Burkina Faso, les instruments de politique existants se concentrent principalement sur la pauvreté, la sécurité alimentaire, les risques sanitaires, la faible scolarisation, le chômage et le travail des enfants. Un système formel de protection sociale existe également, mais il ne fournit qu'une gamme limitée d'avantages sociaux aux employés du secteur public et leurs personnes à charge, ne ciblant pas les plus pauvres du pays. Administrés par différents ministères, la majorité de ces instruments de protection sociale se concentrent seulement sur comment faire face aux risques et, à ce titre, ces programmes ne sont pas toujours durables. Le gouvernement assiste surtout les pauvres à faire face à un choc lorsqu’il s’est produit. De plus, dans la mesure de ce qu’on peut évaluer, la plupart des programmes semblent avoir un impact limité, principalement en raison d'un financement inadéquat, d’un manque de structures institutionnelles pour les mettre en œuvre, et du manque de coordination entre les ministères et parmi les donateurs. La plupart des programmes dépassent l’autorité du gouvernement, et donc la capacité et la volonté des donateurs à coordonner et à collaborer au niveau du programme et de la stratégie globale sont essentielles. Le fait que les programmes publics dépendent fortement de sources de financement externes montre clairement qu’il est très difficile d’assurer leur durabilité. Assurer la viabilité des programmes actuels publics de filets de sécurité, qui à présent dépendent presque exclusivement des financements extérieurs, constitue un défi important pour le gouvernement. Le manque de données, même de base, sur les profils des bénéficiaires, les coûts et l'efficacité du ciblage constitue un autre problème. À ce titre, il est difficile d'en dire beaucoup sur soit la rentabilité soit l’efficacité du ciblage de la plupart des programmes existants. 1.49 Toutefois, le Burkina ne dispose pas d'une politique cohérente en matière de filets de sécurité sociale. La réduction de la vulnérabilité et la sécurité alimentaire figurent en bonne place sur le programme du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) du gouvernement. Actuellement, le Burkina dispose de plusieurs programmes gérés par le gouvernement, les donateurs et les ONG, mais il est essentiel d’adopter une approche plus cohérente vis-à-vis de la protection sociale, surtout au lendemain de la crise alimentaire, pétrolière, économique, et financière. Un examen du DSRP en 2009 a souligné que (i) il existe une déconnexion entre la croissance et la réduction de la pauvreté, (ii) la croissance démographique freine l'impact de la croissance économique, et (iii) le pays ne dispose pas d'une politique efficace de protection sociale. Le cadre réglementaire prévoit une base juridique solide pour la protection sociale, y compris la Constitution, le Code du travail, le Code pénal, le Code de la famille, les lois garantissant l'accès à l'éducation et la santé, et dans le tribunal pour enfants, le Code sur les collectivités locales. 1.50 Toutefois, le Burkina a adopté deux documents stratégiques pour la protection sociale. La Stratégie nationale pour la protection sociale (2003) vise essentiellement à fournir une protection sociale aux individus, ménages et communautés pauvres afin de réduire leur vulnérabilité. Le principe essentiel de la stratégie considère la protection sociale comme un investissement et non pas comme un type d'assistance ou d'aide, pour faire en sorte que les coûts soient réduits pour les pauvres et la société (sur la base de la redistribution sociale des ressources). La stratégie a trois objectifs principaux : (i) assurer l'accès des populations et groupes indigents et vulnérables aux services sociaux de base, (ii) assurer une couverture sociale adaptée aux opérateurs du secteur informel, et (iii) réformer et renforcer les institutions de la sécurité sociale. De même, la Politique nationale de soutien social (2007) vise à promouvoir le bien-être de la population, en général, et celui des individus, familles et groupes vulnérables, en particulier. Son principe directeur est la prévention et la promotion de la sécurité sociale et pas nécessairement la résolution des crises ou des situations difficiles. Ses objectifs sont les suivants : (i) améliorer les conditions de vie des ménages, (ii) promouvoir la solidarité nationale, (iii) assurer la protection et la promotion des groupes sociaux marginalisés, (iv) contribuer à la lutte contre le VIH / SIDA, et (v) renforcer les capacités institutionnelles. Toutefois, certains de ces objectifs sont difficiles à mesurer ou sont trop généraux, ce qui rend leur mise en œuvre ainsi que leur suivi et évaluation difficiles au gouvernement. 1.51 Plusieurs autres stratégies incluent des objectifs similaires de protection sociale et de sécurité alimentaire. Par exemple, la Stratégie nationale pour la sécurité alimentaire (2001) vise principalement à réduire de 50 % le nombre de personnes souffrant de la faim et de malnutrition d'ici 2010 par les moyens suivants : (i) assurer la durabilité de la production alimentaire nationale, (ii) renforcer les marchés et aborder les fluctuations des prix pour garantir l'accès aux produits alimentaires à toutes les populations: (iii) améliorer les conditions économiques et nutritionnelles des groupes pauvres et vulnérables; (iv) renforcer les mécanismes de prévention et de gestion des crises, tout en consolidant la sécurité alimentaire structurelle, (v) renforcer les capacités institutionnelles et promouvoir la bonne gouvernance dans le domaine de la sécurité alimentaire. En outre, un Plan d'urgence visant à assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle (2008) a été mis en place pour résoudre la flambée des prix des produits alimentaires en 20072008 et assurer la sécurité alimentaire à moyen et à long terme sur la base d’une production nationale suffisante de certains produits stratégiques, tels que le riz, les légumes et la viande. En outre, la Politique nationale sur la population (1992 et en cours de révision en 2009) vise à identifier des mesures visant à lutter contre la croissance démographique récente (le taux de croissance démographique de 3,1 % selon le recensement de 2006), en particulier grâce à l'éducation de la population féminine. 1.52 Toutefois, dans la pratique, les nombreux programmes de filets de sécurité sociale n'ont pas toujours réussi à fournir un soutien généralisé, en particulier aux groupes sociaux les plus défavorisés. Il existe cinq grands types de ces programmes qui couvrent (i) l’éducation ; (ii) la santé, (iii) le principe de «vivres contre travail» ; (iv) la sécurité alimentaire, et (iv) les activités de protection sociale ciblant les groupes vulnérables. 1.53 Les programmes de protection sociale dans le domaine de l'éducation visent à renforcer le principe du libre accès à l'éducation, mais une meilleure coordination entre les programmes est nécessaire. En particulier, ils visent à réduire l'abandon scolaire, améliorer l'environnement de l'éducation, réduire les coûts de scolarisation pour certaines catégories sociales, faciliter l'accès aux cantines scolaires et à l'eau potable, et développer des écoles satellites et centres informels d'éducation pour faciliter les cours de rattrapage aux enfants plus âgés (de 9-10 ans), l'alphabétisation des jeunes (de plus de 15 ans) et des fournitures scolaires dans 20 provinces défavorisées. Dans 34 provinces, le secteur public est responsable d’un programme de repas chauds aux enfants des écoles (56 % de la population cible est couverte). Le programme est conçu pour accroître la fréquentation scolaire, et des évaluations de son impact sont en préparation. Certains programmes, comme les cantines scolaires, sont gérés à la fois par les donateurs internationaux (Programme alimentaire mondial - PAM) et le gouvernement, mais la qualité et la teneur en calories des aliments varient considérablement, ce qui rend nécessaire le développement d’un programme unique. De même, il existe plusieurs programmes ciblant les femmes et les jeunes filles, qui sont gérés par des bailleurs de fonds internationaux et complètent l'appui du gouvernement dans ce domaine. Par exemple, le PAM a piloté un projet de soutien à l'alphabétisation des femmes (« vivres contre éducation »), tandis que le programme BRIGHT de l’organisme appelé Millenium Challenge Corporation (MCC) prend en charge l'éducation primaire des jeunes filles. Néanmoins, les programmes ciblant les catégories sociales défavorisées n'ont bénéficié que de fonds limités. 1.54 Les programmes du secteur de la santé accompagnent la politique nationale de santé, mais plusieurs défis se rapportent au financement du programme et à l’identification des populations les plus défavorisées. La politique de santé est basée à la fois sur le recouvrement des coûts et la subvention de certaines mesures en faveur des populations défavorisées. Les programmes de sécurité sociale soutiennent financièrement principalement les populations indigentes à travers des subventions. Par exemple, le système d'assurance santé qui couvrira toute la population devra comporter des actions spécifiques visant les groupes indigents (par le biais d'une taxe sur le téléphone mobile qui servira à couvrir ces groupes). En outre, le gouvernement couvre le traitement du paludisme pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, et prend également en charge la distribution de moustiquaires. Une initiative similaire vise à résoudre la malnutrition et est complétée par plusieurs autres programmes organisés par des ONG. Des programmes semblables accordent des subventions destinées à soutenir les orphelins et les enfants vulnérables. Très souvent, cependant, le financement des subventions du secteur de la santé semble difficile. Le gouvernement ne rembourse pas toujours les centres de santé qui sont les principaux prestataires de services, tandis que l'offre de produits subventionnés est irrégulière. Plusieurs défis portent sur la définition des critères d'indigence et d'identification des populations indigentes. Le Centre de Recherche en Santé de Nouna s’est lancé dans une étude destinée à identifier les populations les plus démunies, et plusieurs bailleurs de fonds ont également initié une étude visant à comparer l'efficacité des programmes qui ciblent les plus pauvres. 1.55 Les programmes «vivres contre travail» sont destinés à compléter la politique nationale de l'emploi, mais plusieurs d’entre eux ont été interrompus en raison du manque de financement et d'un impact insatisfaisant. Dans le sillage de la récente crise économique et financière internationale, le Burkina a lancé plusieurs programmes de protection sociale afin d'accroître le capital humain et la formation professionnelle des jeunes et d'encourager la création d'entreprises agricoles. De même, le gouvernement évalue maintenant la possibilité de mettre en œuvre deux programmes de « vivres contre travail » dans le domaine de la construction. Le programme « Routes rurales » (2002-2008), financé avec le soutien des donateurs, est un exemple de ce type de projet. Le programme vise à construire des routes dans la partie est du pays en vue d’accroître son accessibilité. Le programme couvre neuf villages dans trois provinces isolées (Gnagna, Gourma et Tapoa) et crée des emplois rémunérés aux habitants locaux. Il fournit également une formation sur le VIH / SIDA, l’équité entre les hommes et les femmes, la décentralisation et la gouvernance. Néanmoins, seul un nombre limité d’individus ont bénéficié de ce soutien, principalement parce que les coûts administratifs se sont révélés considérablement plus élevés que les fonds transférés aux groupes bénéficiaires. Le principal défi est de reproduire ce modèle dans d'autres régions et de créer un cadre juridique qui encourage les opérateurs de la construction d'embaucher la main-d'œuvre locale et, partant, d'assurer la pérennisation des emplois à plus long terme. Cela ajouterait une dimension dynamique à ces programmes de protection sociale. 1.56 Les programmes de sécurité alimentaires fournissent un soutien aux communautés locales et les aident à constituer des stocks de céréales. La Stratégie nationale de sécurité alimentaire (2003) propose, entre autres, une plate-forme pour le suivi et l'évaluation de l'impact des différentes politiques sectorielles sur la sécurité alimentaire et comprend une forte composante de protection sociale. Le système de sécurité alimentaire fonctionne à partir d'un système d'alerte précoce destiné à identifier les groupes vulnérables, l'intervention d'urgence (pour 300 000 personnes), les stocks alimentaires (mil, sorgho et maïs) gérés par SONAGESS 5, les stocks financiers, et un stock d'intervention pour les zones isolées. Le PAM a lancé un programme de tickets alimentaires en 2007, a établi un programme « vivres contre biens » (mieux connu sous le nom anglais de « Food For Assets ») et a mis en œuvre un Programme d’urgence de tickets alimentaires dans les zones urbaines pour répondre à l'augmentation des prix des produits alimentaires en 2007. Le PAM a également créé des « banques de céréales » en principe avec l’appui de SONAGESS, mais sans grand succès. De même, en janvier 2009, la Fondation Bill et Melinda Gates a lancé un programme « Achats pour le progrès » (ou « Purchase for Progess ») pour renforcer les producteurs alimentaires locaux. Le gouvernement (par l'intermédiaire de la CONASUR) 6 et les programmes du PAM distribuent des allocations de vivres aux victimes de catastrophe, aux populations indigentes, aux enfants et aux femmes enceintes souffrant de malnutrition, et aux patients souffrant du VIH et de la tuberculose. Certains des défis concernent l'identification des groupes cibles, les retards de financement, les activités incompatibles, l'absence de données fiables et le manque d'impact sur les populations les plus pauvres. En outre, fixer un prix social pour certains produits alimentaires (les banques de céréales) n’intéresse pas les producteurs alimentaires. 1.57 Les programmes ciblant les populations vulnérables sont nombreux et dispersés. Plusieurs programmes traitent de la gestion des risques et des catastrophes, le relogement des populations déplacées, la distribution des denrées alimentaires en cas de famine, et la réintégration des rapatriés. Certains programmes soutiennent la réinsertion sociale des jeunes en difficulté dans les établissements d'enseignement scolaire. D'autres ciblent les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants des rues et les orphelins. Malgré l'ampleur de ces programmes, leur mise en œuvre est entravée principalement par le fait que la demande d'assistance doit être formulée directement par les personnes touchées. Ceci, ajouté au manque 5 La Société nationale de gestion du stock de sécurité Le Comité national de secours d’urgence et de réhabilitation est une unité au sein du ministère de l'Action Sociale et de la Solidarité Nationale (MASSN) chargé d’identifier les populations les plus défavorisées dans les zones rurales et urbaines et de leur distribuer des vivres 6 d'information, rend difficile aux populations qui sont loin des centres de décision de bénéficier d'un soutien en temps opportun. L’introduction d’instruments de transfert d’argent par l’intermédiaire du téléphone mobile pourrait peut-être aider à résoudre ces problèmes. Encadré 1-2: Les investissements publics pour traiter de la vulnérabilité des ménages au Burkina Faso Les dépenses du secteur social montrent que le gouvernement consacre des fonds importants à l’accès aux services sociaux de base (données sur les dépenses d'exécution du budget national). Il existe trois types de programmes qui traitent des risques sanitaires : (i) le projet du paludisme qui cible plus de 2,4 millions d’individus (20 % de la population totale), (ii) le programme de vaccination qui vise à vacciner près de 75 % des jeunes enfants qui ont besoin de vaccins , et (iii) les programmes de santé contre la filariose lymphatique et le ver de Guinée (qui ont atteint une couverture de plus de 80 %) et un programme contre la bilharziose qui a bénéficié à 10 % du nombre estimé de personnes porteuses de la maladie. Les risques d'abandon scolaire sont atténués grâce aux programmes gérés par le ministère de l'Éducation de Base tels que (i) le programme de cantine scolaire qui fournit des repas chauds à 530 000 enfants environ, et (ii) le programme PHS qui vise à fournir de l'eau potable aux écoles. Quatre programmes principaux traitent des risques liés à la pauvreté rurale et à l'insécurité alimentaire: (i) le PNGT2 est un programme de gestion des sols visant à améliorer l'utilisation des terres arables et à augmenter la production agricole, (ii) la SONAGESS, qui vise à stocker 30 000 tonnes de différents grains par mesure de sécurité alimentaire pour prévenir la pénurie alimentaire pendant la saison sèche, (iii) le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) qui fait la promotion des nouvelles technologies de production agricole pour accroitre la production agricole, et (iv) le Programme d'aide alimentaire qui est un programme « vivres contre travail ». Le Fonds d'appui au secteur informel (FASI), l’Office national de la promotion de l'emploi (ONPE) et le Fonds d'appui à la promotion de l'emploi (FAPE) traitent des différents risques du marché de l'emploi en faisant la promotion de la création d'emplois, offrant des cours de formation sur l'entreprenariat ou des fonds pour les projets lancés par de jeunes entrepreneurs. Tous trois ont un petit nombre de bénéficiaires. Plusieurs programmes s’occupent des risques sociaux tels que la traite des enfants (LUTRENA), le travail des enfants (IPEC), les orphelins et les enfants des rues, la promotion des femmes et des rapatriés. Le secteur de l'éducation de base a bénéficié de nombreuses initiatives à l'échelle nationale et internationale parmi lesquelles on peut citer (i) la mise à l'essai des écoles bilingues et des écoles satellites, (ii) l'initiative 25/2015 de l'UNICEF qui vise à réaliser l'égalité de scolarisation entre les filles et les garçons d'ici 2015, (iii) l’Initiative pour l'accélération de l'éducation pour tous («Fast Track») qui a permis de mobiliser 23 milliards de francs CFA supplémentaires des donateurs. Environ 15,6 % du budget national (notamment sur un financement externe) est alloué à l'éducation de base en 2006, comparé à 11 % en 2003. Des efforts plus importants ont été déployés avec les dépenses d'investissement atteignant plus de 42 % en 2006 contre 17 % seulement en 2003. Depuis les années 2000, le gouvernement burkinabé a intensifié ses efforts visant à renforcer la provision d’infrastructures sanitaires et à faciliter l'accès des populations aux services de santé publics. Par exemple, les services de prévention gratuits existants ciblant les enfants et les soins prénataux améliorent l'accès financier aux soins de santé. En outre, les services de prévention et de traitement se sont améliorés et la couverture du taux de vaccination a augmenté. Les initiatives locales et les expériences telles que le développement des mutuelles de santé et d’autres mécanismes de partage des risques visent également à améliorer l’accessibilité financière de la population aux services de santé existants. Enfin, il se pourrait que les actions et les mesures d'accès aux services de santé bénéficient de l'appui financier des partenaires techniques et financiers qui soutiennent les efforts du gouvernement. Le secteur de la santé, sans oublier celui de l'éducation et celui du développement rural, figure parmi les secteurs qui bénéficient le plus des ressources publiques. Conclusions et recommandations de politiques 1.58 Les risques qui affectent les ménages sont variés au Burkina Faso, allant des risques économiques, sociaux, sanitaires et naturels, à la stabilité régionale et la sécurité alimentaire. Les agriculteurs burkinabés et autres intermédiaires de la chaîne d'approvisionnement sont vulnérables aux taux de change et à la volatilité des prix des matières premières. L'appréciation du taux de change de l'euro face au dollar US a réduit la rentabilité des exportations. Le prix des intrants a augmenté avec les prix des engrais fortement touchés par les prix élevés du pétrole et les marges réduites des producteurs de coton. En outre, le prix du coton sur le marché international baisse régulièrement par suite de l’augmentation de l’offre mondiale résultant de la productivité accrue dans les pays producteurs concurrents. Par ailleurs, les ménages ruraux pauvres exposés aux déficits de consommation provenant des termes de l’échange ou des chocs dus aux conditions météorologiques, peuvent trouver leur capacité à se sortir de leur état de pauvreté amoindrie. Les ménages polygames ont également tendance à être plus vulnérables que les ménages monogames. Néanmoins, l'accès à la terre, aux moyens de transport, et à l’alphabétisation a tendance à réduire la vulnérabilité. 1.59 L'efficacité des transactions visant à réduire l'impact de la volatilité des taux de change sur les frais de commercialisation des sociétés d'égrenage de coton peut se traduire par des avantages immédiats pour le secteur du coton au Burkina. Les marchés internationaux du coton ainsi que les marchés des engrais sont libellés en dollars US. Les sociétés d'égrenage de coton devraient institutionnaliser un régime de financement commercial qui compense le paiement des importations en dollars US face aux recettes d'exportation en dollars US avant la conversion des devises en CFA, ce qui permettrait d’éviter les coûts de transaction substantiels de la conversion des devises au détriment de la rentabilité du secteur du coton. 1.60 La couverture du prix au producteur de coton par l'utilisation des instruments du marché de gestion des risques devrait résoudre l’épuisement répété du Fonds de lissage. Bien que le Fonds de lissage du coton actuel permette la stabilisation des prix, il n’existe pas encore de fonds de couverture contre les risques de fluctuation des prix des matières premières. Le Burkina gagnerait à accéder aux marchés à terme pour annoncer son prix au producteur. À la fin de la saison cotonnière, le Fonds de lissage ne sera responsable que du prix à la production qu’elle a couvert sur les marchés mondiaux du coton. En servant de relais à l'industrie cotonnière pour accéder aux marchés à terme, le Fonds de lissage peut donc servir de levier pour résoudre durablement et efficacement la volatilité des prix des matières premières. 1.61 Accéder aux mécanismes d'assurance contre les risques naturels qui affectent le pays. La mutualisation des risques par la création de fonds mutuels, de systèmes d’épargne et d'assurance liés à la mutualisation communautaire devrait offrir une protection contre les risques au niveau des individus et des groupes. Toutefois, du temps et des investissements considérables pourraient être nécessaires pour étendre le réseau d'observation météorologique de la gestion des risques météorologiques à d'autres stations météorologiques automatiques locales pour réussir la flexibilité dans tout le pays. En outre, tandis que les risques de précipitations prévalent dans les régions productrices de coton du nord, les sécheresses ont un impact plus important sur la production des aliments de base plutôt que sur le coton. 1.62 En plus d'être pauvres, les ménages sont vulnérables aux différents types de chocs. Aussi, ils évoluent dans un contexte d'incertitude qui a fortement réduit leur horizon temporel. Par conséquent, ils ont tendance à préférer la liquidité afin de maintenir leur avenir aussi ouvert que possible et s'adapter à leur situation, même précaire soit elle, plutôt que de faire des choix et d’investir. 1.63 Enfin, mais non le moindre, les interventions politiques sont nécessaires pour réduire la vulnérabilité des ménages et assurer la pérennité des filets de sécurité existants. La sécurité alimentaire, l'irrigation et les filets de sécurité doivent être au cœur de la stratégie du gouvernement burkinabé. Bien que le Burkina ait adopté des programmes de lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire, les risques sanitaires, la faible scolarisation, le chômage et le travail des enfants, ces programmes semblent n’avoir eu qu'un impact limité en raison du financement inadéquat, du manque d'infrastructures institutionnelles appropriées, de l'absence de données sur les profils des bénéficiaires, et du manque de coordination entre les ministères et parmi les donateurs. Le gouvernement devra également traiter la viabilité des filets de protection sociale existants, car ils dépendent actuellement des financements extérieurs. 1.64 Enfin, le rapport recommande les actions suivantes : • Incorporer à la fois les actions de prévention et de réduction de la pauvreté ainsi que les mécanismes de gestion des risques ex-ante dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) pour la période 2011-2015 (SCADD). • Traiter les questions concernant la pérennité, le financement inadéquat, le manque d'infrastructures institutionnelles appropriées et le manque de coordination entre les ministères et parmi les donateurs en vue d’améliorer l'efficacité des filets de sécurité sociale. En particulier, il est recommandé de : o Recueillir systématiquement des données détaillées sur les profils des bénéficiaires, les coûts pour améliorer l'efficacité et le ciblage des programmes actuels de filets de sécurité sociale ; o S'assurer que les filets de sécurité ciblent les ménages les plus pauvres, réduisent les formes extrêmes de dénuement et d'insécurité alimentaire et fournissent un minimum de ressources pour soutenir le capital humain ou physique. • Les sociétés d'égrenage de coton devraient : o Développer leurs capacités dans le domaine du financement commercial pour pouvoir négocier et gérer le calendrier des paiements entrants et sortants via des lettres de crédit relatives aux besoins du secteur du coton en ce qui concerne l’importation et l’exportation ; o Demander une autorisation d'ouverture de comptes en dollars US et des paiements nets à l'importation par rapport aux recettes d'exportation avant toute conversion en monnaie locale des recettes ; o Demander une autorisation d’exécuter des opérations à terme en devises pour protéger les recettes nettes à l’exportation en dollars US en mars / avril après avoir placé les commandes d’importation d’engrais par rapport aux recettes à l'exportation prévues à partir des estimations annuelles de production de coton. • Les sociétés de négoce qui sont également actionnaires des sociétés d'égrenage de coton du Burkina devraient utiliser le marché à terme de façon plus systématique pour faciliter la couverture annuelle des prix à la production. À plus long terme, on pourra développer cette capacité au niveau local de l'entreprise d'égrenage du coton. • Les banques locales et internationales qui participent au pool de financement du coton devraient ouvrir une ligne de crédit libellée en dollars US par rapport au Fonds de lissage en euros. • Piloter une assurance indicielle commerciale contre l'excédent et le déficit des précipitations dans le secteur du coton. Encourager l'utilisation de la micro-assurance formelle en y ajoutant l'expansion récente de