sesse. On gardera bien en mémoire que l’incubation du virus
est courte (de 1 à6 jours) et qu’une sérologie négative
précoce ne doit pas éliminer le diagnostic.
Les tests «types-spécifiques »sont basés sur la détection
des anticorps dirigés contre la protéine gG du virus ce qui
permet de distinguer les deux sous-types d’HSV. Ces
derniers tests n’ont un réel intérêt que dans la prise en
charge de l’herpèsgénital àHSV-2, tout particulièrement
dans le contexte de la grossesse. En effet, compte tenu de la
forte prévalence d’HSV-1 dans la population générale, la
sérologie HSV-1 spécifique ne permet pas d’évaluer préci-
sément l’existence d’un herpèsgénital àHSV-1 [1]. Les
anticorps anti-gG du HSV apparaissent plus tardivement
que les anticorps détectés par les techniques conventionnel-
les (entre 6 à8 semaines). Les indications de ces tests sont
àdiscuter au cas par cas au cours de la prise en charge du
risque d’herpèsgénital pendant une grossesse si les antécé-
dents sont imprécis ou qu’aucun diagnostic de certitude n’a
pu être établi : identifier les couples séro-différents, distin-
guer un herpèsgénital non primaire d’une récurrence en cas
de primo-manifestation d’herpèsgénital [2-4].
1.2. Les outils moléculaires : effet de mode ou nécessité?
Le développement des outils moléculaires, basés histori-
quement sur les techniques d’amplification génique (PCR
ou polymerase chain reaction), a contribuélargement à
améliorer la qualitédu diagnostic virologique, grâce notam-
ment àla très forte sensibilitéde cette méthode. Cette
propriétéaétéappliquée avec bonheur dans le diagnostic
des encéphalites herpétiques au point de faire de la PCR
l’examen gold standard dans ce type d’infection. Des études
récentes, visant essentiellement àmieux comprendre l’his-
toire naturelle de la maladie, ont également largement utilisé
la PCR (qualitative, quantitative, PCR en temps réel) dans
les formes cutanéo-muqueuses de l’herpès[5]. Avant d’ima-
giner généraliser l’utilisation de ces techniques àtoutes les
formes d’herpès, il convient de bien cerner les avantages
mais surtout les limites du diagnostic moléculaire.
De nombreux auteurs s’accordent pour dire que la PCR
est la technique la plus sensible, la plus spécifique et
probablement la plus simple àmettre en œuvre. La spécifi-
citéintrinsèque n’est pas remise en cause. Par contre, il
convient d’être très vigilant sur la réalitéde contamination
externe, soit par des amplicons (on privilégiera les protoco-
les utilisant un système anti-contamination), soit par des
particules virales excrétées par le manipulateur ou le préle-
veur (port du masque en cas de récurrences cliniques). La
sensibilitéde la PCR a étéévaluéeà10 pfu/ml sur des
préparations virales de titre connu. Il existe cependant peu
de trousses diagnostiques complètes enregistrées àl’AFS-
SAPS et il est ainsi difficile de comparer les résultats entre
eux (choix des amorces, PCR simple, consensus ou multi-
plex). De plus, même si le concept de PCR en temps réel
améliore les choses, il faut garder àl’esprit que la PCR est
une technologie nécessitant du personnel entraîné, des
locaux adaptés, des normes de qualité(contrôles de qualité
interne notamment) et que PCR en temps réel ne veut hélas
pas encore dire PCR au lit du malade ou PCR en urgence.
Enfin, la signification d’une recherche positive dans une
pathologie chronique souvent asymptomatique doit bien
être pesée et la valeur prédictive positive devrait être
évaluée dans chaque situation clinique. A titre d’illustration,
nous pouvons nous interroger sur la signification d’une PCR
positive chez une femme en travail en l’absence de toute
lésion. Peut être que le développement d’une PCR quanti-
tative standardisée permettra de répondre àcertaines de ces
questions.
2. Diagnostic d’un herpèsgénital
Plusieurs arguments incitent àfaire le diagnostic d’her-
pèsgénital. Il s’agit d’une infection chronique, gênante, au
retentissement psychologique important et dont le caractère
souvent asymptomatique voire atypique conduit àla diffu-
sion de l’infection [6]. En outre, il s’agit d’une infection qui,
dans le contexte d’une grossesse, peut avoir des conséquen-
ces sévères pour le nouveau-néen cas de transmission au
moment de l’accouchement. Selon la localisation et le type
des lésions, la valeur prédictive positive du diagnostic
clinique est variable et augmente en cas de récurrences :
76 % en cas d’antécédents d’ulcères génitaux, 48 % en cas
de dysurie, 88 % en cas d’ulcération vulvaire et 91 % au
niveau du col [7,8]. Parallèlement, la sensibilitéde la culture
virale est de 77 % en cas de premier épisode d’herpès
génital, plus faible en cas de récurrence, probablement en
raison d’une charge virale plus faible et d’une moins longue
période d’excrétion virale [8].
De ce fait, il faudra être capable de proposer largement
un diagnostic virologique chez tout patient présentant un
épisode d’ulcération génitale et/ou périnéale atypique clini-
quement mais également dans les situations àrisque, tout
particulièrement chez la femme en âge de procréer (recom-
mandation forte). Les outils conventionnels du diagnostic
(culture et/ou détection d’antigène) sont habituellement
suffisants pour établir le diagnostic [9]. On oppose àcette
stratégie trois types d’arguments.
2.1. Le virus est fragile et je ne dispose pas
d’un laboratoire de virologie àproximité
La sensibilitéde la méthode est étroitement dépendante
de la qualitédu prélèvement et de l’acheminement au
laboratoire. On privilégiera le prélèvement de lésions récen-
tes en insistant sur la nécessitéde prélever des cellules au
B. Chanzy et al. / Pathologie Biologie 50 (2002) 419–424 421