LA SOURIS B7.2 TRANSGÉNIQUE: UN MODÈLE POUR L'ÉTUDE DE L'HOMÉOSTASIE DES LYMPHOCYTES B JOSÉE PARADIS DÉPARTEMENT DE MICROBIOLOGIE ET D'IMMUNOLOGIE UNIVERSITÉ MCGILL, MONTRÉAL SEPTEMBRE 2004 MÉMOIRE PRÉSENTÉ EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE ÈS SCIENCES (IMMUNOLOGIE) © Josée Paradis, 2004. 1+1 Library and Archives Canada Bibliothèque et Archives Canada Published Heritage Branch Direction du Patrimoine de l'édition 395 Wellington Street Ottawa ON K1A ON4 Canada 395, rue Wellington Ottawa ON K1A ON4 Canada Your file Votre référence ISBN: 0-494-06437-4 Our file Notre référence ISBN: 0-494-06437-4 NOTICE: The author has granted a nonexclusive license allowing Library and Archives Canada to reproduce, publish, archive, preserve, conserve, communicate to the public by telecommunication or on the Internet, loan, distribute and sell th es es worldwide, for commercial or noncommercial purposes, in microform, paper, electronic and/or any other formats. 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Page 1 1.1 Le système de costimulation B7/CD28/CTLA-4 .......... . Page 1 1.2 Les effets d'une expression constitutive de la molécule B7.2 par les lymphocytes B .................................. . Page 5 1.3 Le développement et la maturation des lymphocytes B. .. Page 9 1.4 But et objectifs de ce projet de maîtrise .................... . Page 12 2. ~atériels et méthodes ............................................. . Page 14 2.1 Souris ........................................................... , Page 14 2.2 Détermination du génotype des souris ...................... . Page 14 2.3 Préparation des suspensions cellulaires .................... . Page 16 2.4 Marquage des cellules et cytométrie de flux ............... . Page 17 3. Résultats .............................................................. . Page 19 3.1 La déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques est indépendante de la voie apoptotique TNF/TNFR-l ................................................... Page 19 3.2 Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes en CMH de classe 1 ou en CMH de classe II... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Page 23 3.3 La déplétion des lymphocytes B dans les souris B7.2 transgéniques ne semble pas être un évènement prénatal. Page 30 3.4 Cinétique de l'ontogénie et analyse phénotypique des lymphocytes B de la moelle osseuse des souris B7.2 transgéniques de la lignée 27................................. Page 34 iv 3.5 Cinétique de l'ontogénie et analyse phénotypique des lymphocytes B de la rate des souris B7.2 transgéniques de la lignée 27................................................ ... Page 37 3.6 Cinétique de l'ontogénie et analyse phénotypique des lymphocytes B des ganglions lymphatiques des souris B7.2 transgéniques de la lignée 27........................ ... Page 44 3.7 Retard de la maturation des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 7 âgées de vingt Jours.............................................................. Page 51 3.8 La déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques est dépendante de la spécificité antigénique ...................................................... Page 54 3.9 Immaturité des lymphocytes B chez les souris OT-11 B7.2 double transgéniques âgées de vingt Jours............... .............................. ................. Page 58 4. Discussion et conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Page 62 4.1 La contrepartie physiologique de l'étude des souris B7.2 transgéniques................................................... Page 62 4.2 L'implication d'un mécanisme apoptotique dans la déplétion des lymphocytes B B7.2 transgéniques......... Page 63 4.3 La participation des lymphocytes T CD4+ et CD8+ dans la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques......... ... ... ... ... ... ... ......... ............... Page 66 4.4 La cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques..................................... Page 67 4.5 L'importance de la spécificité antigénique dans la déplétion des lymphocytes B B7.2 transgéniques......... Page 74 4.6 Conclusion...................................................... Page 76 5. Remerciements Page 78 6. Bibliographie Page 79 v 7. Annexe 1: Compliance of certification for mouse methodology workshop............................................................ Page 87 vi Résumé La souris B7.2 transgénique: Un modèle pour l'étude de l'homéostasie des lymphocytes B. La protéine B7.2, exprimée par les cellules présentatrices de l'antigène, serait la principale molécule de la famille B7 impliquée dans l'initiation de la réponse immunitaire dépendante des lymphocytes T par son interaction avec le récepteur CD28 exprimé à la surface des cellules T. La molécule B7.2 peut aussi se lier avec le récepteur CTLA-4 qui, contrairement à la molécule CD28, agit à titre de régulateur négatif de l'activation des lymphocytes T. Normalement, l'expression de la protéine B7.2 est fortement régulée afin d'assurer la disponibilité transitoire de ce signal de costimulation menant à l'activation des lymphocytes T. Il a été démontré à l'aide de plusieurs modèles expérimentaux que le blocage du système B7/CD28 prévient l'initiation de réponses immunitaires contre des molécules exprimées par le Soi. Il a donc été postulé que l'expression dérégulée de la molécule B7.2 à la surface des cellules présentatrices de l'antigène pourrait briser la tolérance vis-à-vis du Soi et induire des désordres auto-immuns systémiques. C'est en se basant sur cette hypothèse que des souris transgéniques (Tg), dans lesquelles la molécule B7.2 est exprimée de façon constitutive à la surface des lymphocytes B, ont été générées. Les souris B7.2 Tg ont révélé un rôle tout à fait inattendu du système B7.2/CD28 dans le maintien de l'homéostasie des cellules B. En effet, ces souris présentent une réduction drastique du nombre de lymphocytes B au niveau de la moelle osseuse et des organes lymphoïdes périphériques. Cette déplétion des cellules B est dépendante de la présence des lymphocytes T et de l'expression du récepteur CD28. vii Le but principal de ce projet de maîtrise était d'étudier plus en profondeur les processus impliqués dans la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. Nous avons démontré que la déplétion des lymphocytes B qui expriment de façon constitutive la molécule B7.2 n'implique pas la voie apoptotique activée par le TNFR-I et peut être induite par les lymphocytes T CD8+. L'étude du développement des lymphocytes B au cours de l'ontogénie a révélé qu'un défaut de maturation des lymphocytes B se produit très tôt lors du développement des souris B7.2 Tg. Ce phénotype est observé même chez les souris B7.2 Tg qui possèdent un répertoire de récepteurs des cellules T (TcRs) restreint. Par contre, à l'âge adulte ces souris montrent un compartiment lymphocytaire B tout à fait normal, contrairement aux souris B7.2 Tg qui possèdent un répertoire de TcRs polyclonal. Ces études suggèrent que deux mécanismes immunologiques distincts sont impliqués dans la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. Un premier mécanisme induirait un arrêt de la maturation des lymphocytes B dans la rate très tôt au cours de l'ontogénie et se produirait même en présence d'une population de lymphocytes T dont le répertoire de TcRs est restreint. Le second mécanisme se produirait uniquement en présence d'un répertoire de TcRs polyclonal, indiquant la nécessité d'une reconnaissance de peptides du Soi présentés par les molécules du CMH exprimées à la surface des lymphocytes B par certains TcRs. viii Abstract The B7.2 transgenic mouse: A model for studing B cell homeostasis. The B7.2 molecule, which is mainly expressed on antigen-presenting cells, is well known to provide a costimulatory signal for the initiation of antigen-specific T cell responses through its interaction with CD28 expressed on T cells. B7.2 also binds to CTLA-4 which, in contrast to CD28, is a negative regulator of T cell activation. Normally, tightly regulated expression of B7.2 ensures the transient availability of this costimulatory signal. Because blockade of the CD28 pathway was able to inhibit the activation of self-reactive T cells in several experimental models, it has been postulated that deregulated expression of B7.2 on antigen-presenting cells may break self-tolerance and induce systemic auto immune diseases. To test this hypothesis, transgenic (Tg) mice that constitutively express the costimulatory ligand B7.2 on B lymphocytes have been generated. These mice revealed an unforeseen role for the B7.2/CD28 costimulatory pathway in the maintenance of lymphocyte homeostasis. Adult transgenic mice expressing constitutively B7.2 on B lymphocytes have very low number of B cells in bone marrow and peripheral lymphoid organs. This mechanism requires the expression of CD28 on syngeneic T lymphocytes. This master degree project helped us to understand sorne aspects by which the B7.2/CD28 interaction leads to the B cell elimination in B7.2 Tg mlce. First, we show that the TNF/TNFR-I apoptotic pathway is not involved in the depletion of B7.2 Tg B cells. We report also that the two T cell subsets, CD4+ and CD8+, are able to mediate the elimination ofB7.2 Tg B cells. Then, the kinetic of B cell ontogeny in B7.2 Tg mice and their wildtype littermates reveals that, early in life, B7.2 Tg mi ce exhibit a delay in B ix cell maturation. This delay in B cell maturation early in ontogeny is also observed in B7.2 Tg mice that express a monoclonal specificity of the T cell antigen receptor (TcR) (B7.2/0T-I double Tg mice). However, adult B7.2/0T-I double Tg mice have a normal B cell compartment in lymphoid organs. From our study, we conclude that there are two mechanisms by which B7.2/CD28 interaction leads to the depletion of B cells. One involves the induction of a developmental arrest that can occur even in the presence of a restricted TcR repertoire. The other involves an active process, which occurs only in the presence of a polyclonal TcR repertoire. Thus, B7.2/CD28 interaction, in addition to its critical role as a mediator of T cell proliferation in response to foreign antigens, has a functional role in the regulation of B cell homeostasis. x Liste des tableaux Tableau 1 Nombres absolus des lymphocytes B de la moelle osseuse chez différentes souris âgées de vingt jours... Page 59 xi Liste des figures Figure 1 Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes pour la molécule TNFR-l.... Page 22 Figure 2 Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes en CMH de classe II....... .... Page 27 Figure 3 Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes en CMH de classe 1.. . . . . . . .... Page 29 Figure 4 Population des lymphocytes B du foie chez les souris néonatales B7.2 transgéniques.............................. Page 33 Figure 5 Population des lymphocytes B de la moelle osseuse chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges..................................... ......... ............... Page 36 Figure 6 Population des lymphocytes B de la rate chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges ............... Page 41 Figure 7 Caractérisation phénotypique des lymphocytes B de la rate des souris B7.2 transgéniques à différents âges.. ... Page 43 Figure 8 Population des lymphocytes B des ganglions lymphatiques périphériques chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges.......................... .... Page 48 Figure 9 Caractérisation phénotypique des lymphocytes B des ganglions lymphatiques périphériques chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges...................... Page 50 Figure 10 Caractérisation phénotypique des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 7 âgées de vingt jours............................................................ Page 53 Figure 11 Population des lymphocytes B chez les souris adultes OT-IIB7.2 double transgéniques ........................... Page 57 Figure 12 Caractérisation phénotypique des lymphocytes B chez les souris OT-IIB7.2 db Tg âgées de vingt jours Page 61 XlI Liste des abréviations, sigles et symboles ACK: Solution "Ammonium-Chloride Killing" ADN: Acide désoxyribonucléique ADNc: Acide désoxyribonucléique complémentaire ARNm: Acide ribonucléique messager B7.2 mod: Expression constitutive modérée (moderate) de B7.2 B7.2 hi: Expression constitutive élevée (high) de B7.2 BcR: Récepteur de cellule B (B Cell Receptor) CD: Groupe de différentiation (Cluster Differentiation) CLIP: Peptide de la chaîne invariante associée au CHM de classe II (Class II-Associated Invariant-Chain Peptide) CMH: Complexe majeur d'histocompatibilité CPA: Cellule présentatrice de l'antigène CTLA-4: Antigène 4 associé au lymphocyte cytotoxique (Cytotoxic T Lymphocyte- Associated Antigen 4) Ctrl: Contrôle dbTg: Double transgénique D.O.: Densité optique dNTPs: Desoxynucléotides tri-phosphate FACS: Solution "Fluorescence Activated Cell Sorting" FSC: Taille cellulaire (Forward scatter) FasL: Fas ligand Fc: Région constante de la chaîne lourde d'immunoglobuline FITC: Fluorescéine isothiocyanate HBSS : Milieu Hank's Balanced Salts Solution HSA: Heat-Stable Antigen Ig: Immunoglobuline Igll: Chaîne lourde d'immunoglobuline INF -y: Interféron gamma IL: Interleukine L: Ligand n: Nombre NK: Cellule Natural Killer PBS: Tampon phosphate salin PCR: Réaction de polymérase en chaîne (Polymerase Chain Reaction) PE: Phycoerythrine R: Récepteur SSC: Granulosité cellulaire (Side scatter) TcR: Récepteur de cellule T (T Cell Receptor) TE: Tampon Tris-EDTA Tg: Transgénique TNF: Facteur de nécrose tumorale (Tumor Necrosis Factor) Va: Chaîne variable alpha du TcR Vp: Chaîne variable beta du TcR 1. Introduction 1.1 Le système de costimulation B7/CD28/CTLA-4. Le développement d'une réponse immunitaire acqUIse dépend de l'activation des lymphocytes T. L'activation des cellules T requiert un premier signal, ou signal 1, qui est fourni par le récepteur des cellules T (TcR) suite à la liaison d'un peptide antigénique présenté par les molécules du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) de classe 1 ou de classe II. Un deuxième signal, ou signal 2, est également nécessaire. Celui-ci est assuré par des récepteurs dits de costimulation. L'existence du signal 2 permet une meilleure supervision de la réponse des lymphocytes T, puisque l'absence du signal de costimulation entraîne l'anergie, un état dans lequel les cellules T ne sont plus réceptives à une stimulation antigénique (Jenkins et Schwartz, 1987). La molécule CD28, exprimée constitutivement par la majorité des cellules T CD4+ et CD8+ naïves, est le récepteur de co stimulation le mieux caractérisé (Slavik et al., 1999). La costimulation via la molécule CD28 permet l'augmentation et le soutien de la réponse des lymphocytes T initiée lors de l'engagement du TcR par le complexe CMH/peptide. Le signal via le récepteur CD28 assure la survie des lymphocytes T par l'induction de gènes anti-apoptotiques tels que bel-XL (Boise et al., 1995). De plus, il favorise la prolifération des cellules T par la production d'IL-2, cette dernière résultant de l'induction de la transcription du gène codant pour cette cytokine et de la stabilisation de son ARNm (Greenfield et al., 1998). La prolifération des lymphocytes T est également facilitée par la progression à travers le cycle cellulaire grâce à l'expression de certaines kinases de la phase G1 (Nagasawa et al., 1997) et à la dégradation de l'inhibiteur du cycle cellulaire p27Kip (Firpo et al., 1994). De plus, l'engagement du récepteur CD28 diminue le seuil d'activation des lymphocytes T en réduisant le nombre de molécules 2 TcR qui doivent être engagées pour induire l'expansion clonale des cellules T (Viola et Lanzavecchia, 1996). Ceci serait le résultat de signaux intracellulaires induits via le récepteur CD28 qui conduisent à la réorganisation des microtubules d'actine du cytosquelette et au recrutement de radeaux lipidiques lors de la formation de la synapse immunologique (Viola et al., 1999; Wulfing et Davis, 1998). L'importance de la costimulation via le récepteur CD28 a été démontrée in vivo. En effet, si on empêche l'interaction de la molécule CD28 avec ses ligands, on prolonge la durée des greffes et on réduit la sévérité de certaines maladies auto-immunes chez plusieurs modèles expérimentaux (Salomon et Bluestone, 2001). De plus, on constate, chez les souris possédant une délétion du gène codant pour le récepteur CD28, une absence de centres germinatifs lors d'une immunisation avec un antigène protéique étranger, ce qui indique que le récepteur CD28 est important dans la collaboration entre les lymphocytes B et les lymphocytes T lors de la réponse immune (Shahinian et al., 1993; Ferguson et al., 1996). Paradoxalement, le récepteur CD28, qm transmet des signaux intracellulaires lors de l'activation des lymphocytes T qui répondent aux antigènes du Soi, serait aussi important pour maintenir la tolérance des lymphocytes T. En effet, on a montré que le récepteur CD28 est nécessaire pour la génération et/ou la maintenance des cellules T régulatrices, qui sont d'une importance capitale dans le maintien de la tolérance périphérique (Tang et al., 2003). Finalement, l'engagement du récepteur CD28 en absence d'un signal au niveau du TcR pourrait aussi avoir un effet physiologique. Il a en effet été démontré qu'une stimulation de la molécule CD28 augmente la transcription des gènes codant pour l'IL-2 et l'IL-4 indépendamment de l'engagement du TcR (Raab et al., 2001). Le récepteur CD28 est structurellement homologue à la molécule CTLA-4, un récepteur exprimé à la surface des cellules T activées par la stimulation de leurs TcRs (Brunet et al., 1987; Harper et al., 1991). Contrairement au 3 récepteur CD28, la molécule CTLA-4 agit à titre de régulateur négatif de l'activation des lymphocytes T. Un des effets de l'engagement du récepteur CTLA-4 est d'empêcher la transcription du gène codant pour l'IL-2 en inhibant la translocation du facteur de transcription NF-AT au niveau du noyau cellulaire (Brunner et al., 1999). De plus, la costimulation via la molécule CTLA-4 freine la progression à travers le cycle cellulaire en inhibant la production de la cycline 03 et des kinases cdk4 et cdk6, ainsi qu'en empêchant la dégradation de l'inhibiteur p27Kip (Brunner et al., 1999). Malgré le fait que les récepteurs CD28 et CTLA-4 possèdent des fonctions opposées, ceux-ci partagent deux ligands communs, soit les molécules B7.l (CD80) et B7.2 (CD86), qui font partie de la grande famille des molécules B7 (Sharpe et Freeman, 2002). Les molécules B7.l et B7.2 présentent une grande homologie structurale et sont exprimées principalement par des cellules spécialisées dans la présentation de l'antigène (CPA), soit les cellules dentritiques, les monocytes, les macrophages et les lymphocytes B activés (Chambers, 2001). La molécule B7.2 est exprimée faiblement à la surface des CPAs au repos, alors que la protéine B7.1 est absente. Suite à l'activation des CPAs, l'expression de la molécule B7.2 est rapidement augmentée à leur surface, alors que la protéine B7.1 est induite plus lentement et est exprimée sur une plus longue période de temps (expression maximale après 48h versus 4-5 jours, respectivement) (Lenschow et al., 1994). Dans cet ordre d'idées, il a été démontré que l'expression de la molécule B7.2, contrairement à celle de la molécule B7.l, est rapidement augmentée à la surface des lymphocytes B matures suite à l'engagement de leurs récepteurs des cellules B (BcRs) par un antigène (Lenschow et al., 1994). Il a donc été proposé que B7.2 serait la principale molécule costimulatrice impliquée dans l'initiation de la réponse immune dépendante des cellules T via l'interaction avec le récepteur CD28, alors que l'interaction B7.lICD28 servirait plutôt à soutenir l'activation des lymphocytes T. 4 Il a récemment été démontré que les molécules B7.1 et B7.2 ne sont pas seulement exprimées par les lymphocytes B au stade mature. En effet, B7.1 est détectable à la surface des cellules pro-B et pré-B de la moelle osseuse fraîchement isolées, et l'expression de B7.2 est observée lorsque ces cellules sont mises en présence d'IL-7 (Gray et al., 2002). De plus, l'expression du récepteur CD28 a été décelée à la surface des cellules stromales (Gray et al., 2002). Ces résultats suggèrent que ces molécules co stimulatrices pourraient jouer un rôle fonctionnel dans le développement des lymphocytes B au niveau de la moelle osseuse. Des études récentes indiquent que les protéines B7.1 et B7.2 ne semblent pas agir uniquement comme ligands pour les récepteurs CD28 et CTLA-4, mais peuvent aussi générer eux-mêmes des signaux intracellulaires. Il a été démontré que l'engagement des molécules B7.1 et B7.2 par des anticorps monoclonaux chez les lymphocytes B purifiés modifie la prolifération des cellules B induite par différents stimuli, la production d'IgG, l'expression de molécules anti- et pro-apoptotiques ainsi que la phosphorylation protéique (Hirokawa et al., 1996; Suvas et al., 2002). D'ailleurs, la molécule B7.2 possède une longue queue cytoplasmique comprenant jusqu'à trois sites potentiels de phosphorylation par la protéine kinase C ainsi qu'un résidu tyrosine (Lenschow et al., 1996). De plus, il a été rapporté que B7.2 devient phosphorylée suite à l'activation des cellules B (Lenschow et al., 1996). Il a aussi été montré que les molécules B7.1 et B7.2 exprimées à la surface des cellules dentritiques peuvent délivrer des signaux intracellulaires, qui conduisent à l'augmentation de la production d'INF-y et de TNF-a (Grohmann et al., 2002). 5 1.2 Les effets d'une expression constitutive de la molécule B7.2 par les lymphocytes B. Il a été mentionné à la section 1.1 que la molécule B7.2 serait la principale molécule de la famille B7 impliquée dans l'initiation de la réponse immunitaire dépendante des lymphocytes T. Normalement, l'expression de la protéine B7.2 est fortement régulée afin d'assurer la disponibilité transitoire de ce signal de costimulation menant à l'activation des lymphocytes T. En effet, il a été démontré qu'en absence de lymphocytes T présentant la spécificité appropriée, l'expression de la molécule B7.2 est rapidement diminuée à la surface des cellules B matures stimulées in vivo avec un antigène (Constant, 1999). De plus, l'expression de la protéine B7.2 est réprimée sur les lymphocytes B anergiques spécifiques pour des molécules du Soi (Hodgkin et Basten, 1995). Il a aussi été publié que la restauration sélective de l'expression de la molécule B7.2 sur des lymphocytes B auto-réactifs anergiques amène une prolifération massive et une production d'anticorps dirigés contre des molécules du Soi durant l'interaction avec des cellules T CD4+ spécifiques (Rathrnell et al., 1998). Il a été démontré à de multiples repnses que le blocage du système B7/CD28 prévient l'initiation de réponses immunitaires contre des molécules exprimées par le Soi (Salomon et Bluestone, 2001). Une expression accrue de la molécule B7.2 a en effet été détectée à la surface des lymphocytes B sanguins chez des patients souffrant du lupus érythémateux disséminé, maladie qui consiste en une production chronique d'IgG dirigées contre l'ADN et plusieurs autres molécules exprimées dans le noyau cellulaire (Folzenlogen et al., 1997; Roth et al., 1997). De plus, la production d'anticorps dirigés contre l'ADN chez les souris atteintes du lupus est dépendante de l'expression de la protéine B7.2 (Nakajima et al., 1995). 6 Par ces observations, il a donc été postulé que l'expression dérégulée de B7.2 à la surface des cellules présentatrices de l'antigène pourrait briser la tolérance vis-à-vis du Soi et induire des désordres auto-immuns systémiques. C'est en se basant sur cette hypothèse que deux groupes de recherche indépendants ont généré des souris transgéniques dans lesquelles la molécule B7.2 est exprimée de façon constitutive à la surface des lymphocytes B, et ce dès les premiers stades de leur développement dans la moelle osseuse (Fournier et al., 1997; Van Parijs et al., 1997). Le transgène utilisé par Fournier et al. contient la région codante de l'ADNc de B7.2 sous le contrôle transcriptionnel d'un promoteur de la molécule CMH de classe· 1 et d'un élément "enhancer" de la chaîne lourde Il des immunoglobulines. Ce transgène permet l'expression constitutive de B7.2 chez les lymphocytes B et T ainsi que chez les cellules NK (Fournier et al., 1997). Le groupe de Van Parijs et al. utilise un transgène contenant la région codante de l'ADNc de B7.2 ou de B7.1 dont la transcription est contrôlée par un promoteur et un élément "enhancer" de la chaîne lourde Il des immunoglobulines. L'expression constitutive des molécules B7.2 et B7.l est observée à la surface des lymphocytes B de la moelle osseuse et des cellules T (Van Parijs et al., 1997). Les souris B7.2 Tg générées par Fournier et al. ainsi que par Van Parijs et al. ont révélé un phénomène tout à fait inattendu. En effet, les lignées transgéniques qui expriment de façon constitutive les molécules B7.1 et B7.2 sur les lymphocytes B présentent toutes une réduction drastique de ces cellules au niveau de la moelle osseuse (Fournier et al., 1997; Van Parijs et al., 1997). Dans les deux lignées B7.2 trangéniques générées par Fournier et al., soit les lignées 27 et 7 (expression à la surface des lymphocytes B matures de la molécule B7.2 à un niveau modéré ou élevé respectivement), cette déplétion des lymphocytes B de la moelle osseuse conduit à une diminution marquée des lymphocytes B dans les organes lymphoïdes périphériques tels que la rate et les ganglions lymphatiques (Fournier et al., 7 1997). Par contre, les souris transgéniques générées par Van Parij s et al. et qui expriment de façon constitutive B7.l ou B7.2 dans la moelle osseuse ne montrent pas de réduction du nombre de lymphocytes B au niveau des organes lymphoïdes périphériques (Van Parijs et al., 1997). Cette différence entre les deux systèmes transgéniques n'est pas claire mais pourrait s'expliquer par le fait que chez les souris générées par Van Parijs et al., une fraction des précurseurs de cellules B n'expriment pas le transgène et peuvent migrer vers la périphérie pour compléter leur programme de différentiation. Selon un mécanisme homéostatique inconnu, ces lymphocytes B pourraient remplir la niche allouée aux lymphocytes B. Le mécanisme qui conduit à la déplétion drastique des lymphocytes B dans les souris B7.2 Tg n'est pas encore complètement connu. Fournier et al. ont montré que ce processus dépend de la présence des lymphocytes T et de l'expression du récepteur CD28. En effet, les souris B7.2 Tg qui sont déficientes en lymphocytes T (souris B7.2 Tg TcRP -/-) ou dans l'expression de la molécule CD28 (souris B7.2 Tg CD28 -/-) ont un nombre normal de lymphocytes B dans la moelle osseuse, la rate et les ganglions lymphatiques (Fournier et al., 1997). Le transfert de lymphocytes T de type sauvage dans les souris B7.2 Tg TcRP -/- a conduit à l'élimination des lymphocytes B de la moelle osseuse, ce qui a permis de montrer que l'expression du transgène B7.2 par les lymphocytes T n'est pas requise pour l'élimination des lymphocytes B dans les souris B7.2 Tg (Fournier et al., 1997). Cette observation est d'ailleurs supportée par les résultats de Van Parijs et al. qui montrent que la lignée transgénique exprimant la molécule B7.l uniquement sur les lymphocytes B et non sur les lymphocytes T présente aussi une perte importante des lymphocytes B au niveau de la moelle osseuse (Van Parijs et al., 1997). Le processus d'élimination des lymphocytes B dans les souris B7.2 Tg implique donc l'interaction entre la molécule B7.2 exprimée par les lymphocytes B et la molécule CD28 exprimée par les lymphocytes T. 8 Le mécanisme par lequel l'interaction B7.2/CD28 conduit à la perte des lymphocytes B n'implique pas les molécules Fas et FasL (Fournier et al., 1997). Par contre, il est clair qu'il s'agit d'un mécanisme apoptotique puisque l'expression constitutive de la molécule anti-apoptotique Bcl-2 dans les lymphocytes B des souris B7.2 Tg permet de restaurer la population de cellules B dans la moelle osseuse, la rate et les ganglions lymphatiques périphériques (Blanchette, 2001). Cependant, il est important de préciser que les lymphocytes B qui se retrouvent dans les organes lymphoïdes périphériques des souris B7.2 Tg et qui expriment le transgène bcl-2 démontrent en grande majorité un phénotype immature (Blanchette, 2001). Même si les lymphocytes B sont à peme détectables dans la moelle osseuse des souris B7.2 Tg, ces animaux ne sont pas tout à fait dépourvus de lymphocytes B matures dans la rate. L'examen des différents sous-types de lymphocytes B au niveau splénique a révélé que les populations de cellules B transitionnelles de type 2 (T2) et folliculaires sont fortement diminuées chez les souris B7.2 Tg, alors que le nombre de lymphocytes B de la zone marginale est augmenté chez ces animaux comparativement aux souris de type sauvage (Blanchette, 2001). De plus, la génération des lymphocytes de type B-l qui peuplent la cavité péritonéale n'est pas affectée chez les souris B7.2 Tg (S. Fournier, résultats non-publiés). Ces analyses démontrent que l'interaction B7.2/CD28 affecte particulièrement la génération d'une population spécifique de lymphocytes B, soit les lymphocytes B folliculaires. Ces études révèlent donc que le système B7/CD28, bien connu pour jouer un rôle important dans l'activation des lymphocytes T, est aussi impliqué dans la régulation de l'homéostasie des lymphocytes B. La contrepartie physiologique du phénomène observé chez les souris B7.2 Tg n'est pas claire. Il est possible que l'expression des molécules B7.l et/ou B7.2 par les cellules immatures de la moelle osseuse serve à identifier les cellules répondant aux antigènes du Soi et à les éliminer. 9 1.3 Le développement et la maturation des lymphocytes B. Les travaux qui ont conduit à la rédaction de ce mémoire de maîtrise ont impliqué l'analyse de différentes sous-populations de lymphocytes B. Afin de faciliter la présentation des résultats expérimentaux, il est opportun de rappeler les étapes du développement des lymphocytes B. Chacun des stades du développement des cellules B est caractérisé par le réarrangement séquentiel et l'expression des gènes codant pour les chaînes lourdes et légères des immunoglobulines ainsi que par l'expression de différentes molécules de surface (Hardy et Hayakawa, 2001). La génération des lymphocytes B a lieu dans le foie foetal et se poursuit par la suite dans la moelle osseuse à la naissance. Le premier sous-type de lymphocyte B à être généré est la cellule pro-B, celle-ci étant dérivée d'une cellule souche hématopoiétique pluripotente. C'est à ce stade que le réarrangement des différents segments des gènes codant pour la chaîne lourde des immunoglobulines débute, où les portions DH et J H se joignent lorsque la cellule pro-B est au stade précoce, et où les segments VH et DJ H se réarrangent quand la cellule pro-B a atteint le stade tardif. On assiste alors à l'expression de la chaîne ~, caractérisant le second sous-type de lymphocyte B à survenir dans le développement, soit la cellule pré-B. La cellule pré-B passe par un premier stade dit "cellule pré-B large", où la chaîne ~ est exprimée à la surface cellulaire en combinaison avec une chaîne légère substitutive, ce qui forme le pré-BcR. Ensuite, la cellule pré-B large se divise et devient la cellule "pré-B petite", où le réarrangement des segments V L et a lieu. h de la chaîne légère d'immunoglobuline Les lymphocytes pro-B et pré-B peuvent se différencier par l'expression du marqueur CD43, où les cellules pro-B sont CD43+ et les cellules pré-B CD43-. Dès que l'assemblage d'une chaîne légère est terminé et qu'une molécule complète d'IgM tenant lieu de récepteur des cellules B (BcR) est exprimée à la surface cellulaire, la cellule est alors définie en tant que cellule B immature. Les cellules B immatures sont sujettes à la sélection négative si leur BcR a la capacité de se lier à des antigènes du Soi. La 10 délétion des cellules B immatures réagissant contre le Soi peut être évitée par un mécanisme appelé le traitement du récepteur, qui consiste en un second réarrangement des gènes codant pour la chaîne légère des immunoglobulines afin de produire un nouveau BcR. Si, à la suite du traitement du récepteur, la cellule B immature exprime à nouveau un BcR qui se lie à des antigènes du Soi, cette cellule B sera exclue du répertoire. Dans le cas de la reconnaissance d'un antigène du Soi multivalent (par exemple les molécules du CMH présentes en grand nombre à la surface cellulaire), la cellule B immature mourra par apoptose; si l'antigène du Soi est soluble, la cellule pourra migrer en périphérie mais sera anergique (Janeway et al., 2001). Les cellules B immatures ne réagissant pas contre le Soi quittent la moelle osseuse et poursuivent leur maturation en périphérie au niveau de la rate. Il existe quatre sous-types de lymphocytes B au niveau splénique: les cellules B transitionnelles de type 1 (Tl), les cellules B transitionnelles de type 2 (T2), les cellules B folliculaires et les cellules B de la zone marginale (Loder et al., 1999). Ces différentes sous-populations de lymphocytes B peuvent se différencier par l'expression différentielle des molécules IgM, CD21 et CD23. Les lymphocytes B Tl (IgMéleVé CD21" CD23-) représentent les cellules B nouvellement émigrées de la moelle osseuse. Si elles reçoivent les signaux appropriés, ces cellules B Tl se développent alors en cellules B T2 (IgMéleVé CD21 élevé CD23élevé). Ces signaux sont jusqu'à présent indéterminés, mais la différentiation des cellules B Tl en cellules B T2 serait dépendante d'un signal au BcR (Loder et al., 1999). Les cellules B T2 migrent dans les follicules et se différencient en cellules B folliculaires (IgM+ CD21 + CD23élevé). Les lymphocytes B folliculaires pourraient également avoir comme précurseurs les cellules B Tl (Loder et al., 1999). Finalement, l'origine des cellules B de la zone marginale (IgMéleVé CD21 élevé CD23 bas) reste obscure: elles pourraient dériver des cellules B T2 (Roark et al., 1998; Amano et al., 1998), des lymphocytes B folliculaires (Dammers et al., 1999) ou avoir pour origine le foie fœtal (Carvalho et al., 2001). Il Les lymphocytes B folliculaires et les cellules B de la zone marginale représentent les deux populations de lymphocytes B matures au niveau splénique. Ces deux populations de lymphocytes B correspondent respectivement à 80-90 % et 5-10 % des cellules B comprises dans la rate d'une souris adulte (Oliver et al., 1997). Les lymphocytes B folliculaires sont juxtaposés aux gaines lymphoïdes périartériolaires de la pulpe blanche, celleci composée en majorité de cellules T. Les cellules B folliculaires peuvent donc facilement participer à la réponse immunitaire dépendante des cellules T (Liu et Arpin, 1997). Les lymphocytes B de la zone marginale, comme leur nom l'indique, sont situés dans la zone marginale à proximité du sinus marginal et d'une panoplie de macrophages bordant les follicules (Martin et Keamey, 2000). Par leur situation anatomique, les cellules B de la zone marginale sont exposées aux antigènes véhiculés par la circulation sanguine et font partie de la première ligne de défense dans les réponses immunes indépendantes des lymphocytes T contre les antigènes bactériens (Martin et al., 2001; Balâzs et al., 2002). Les lymphocytes B folliculaires ne sont pas sessiles, mais font partie du pool de lymphocytes matures recirculants, passant du sang dans les follicules lymphoïdes primaires des ganglions lymphatiques, de la rate, de même que vers d'autres tissus lymphoïdes périphériques (plaques de Peyer de l'intestin grêle, amygdales, appendice) et de là retournent dans le sang via le système lymphatique (Janeway et al., 2001). Si les cellules B rencontrent un antigène et des lymphocytes T auxiliaires appropriés lors de leur passage dans un tissu lymphoïde, elles deviennent activées et migrent au centre des follicules lymphoïdes pour y établir des centres germinatifs, qui sont des sites d'intense prolifération des lymphocytes B où a lieu l 'hypermutation somatique des gènes réarrangés des régions variables des anticorps (Janeway et al., 2001). Ces cellules B se transforment alors en plasmocytes sécréteurs d'anticorps, qui sont surtout retrouvés dans les cordons médullaires des ganglions 12 lymphatiques, dans la pulpe rouge de la rate, dans la moelle osseuse et dans la lamina propria des muqueuses (Janeway et al., 2001). Un autre sous-type de lymphocytes B, les cellules B-l, sont aussi des lymphocytes B matures résidant majoritairement dans les cavités pleurale et péritonéale (Hayakawa et Hardy, 2000). Ces lymphocytes B sont classés en deux sous-types, soit les cellules B-l a (CD5+) et B-l b (CDS-) (Berland et Wortis, 2002). Au même titre que les lymphocytes B de la zone marginale, les cellules B-l semblent contribuer significativement aux réponses immunes indépendantes des cellules T contre les antigènes multivalents (Martin et al., 2001). Les précurseurs de ces cellules sont un sujet controversé. La plupart des cellules B-l dériveraient de cellules souches résidant dans le foie fœtal, alors que certaines cellules B B-l seraient générées à partir des cellules B folliculaires (aussi appelées cellules B-2) en réponse à une activation indépendante des cellules T de type 2 (Wortis et al., 1995; Clarke et Arnold, 1998). 1.4 But et objectifs de ce projet de maîtrise. Le but principal de ce projet de maîtrise était d'étudier plus en profondeur les processus impliqués dans la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. Un des objectifs de ce projet était de déterminer si l'interaction entre les molécules TNF-a et TNFR-I est impliquée dans la déplétion des cellules B B7.2 Tg, le système TNF/TNFR-l étant une des voies apoptotiques bien connue chez les lymphocytes (Smith et al., 1994; Sedger et al., 2002). Nous avons donc croisé les souris B7.2 Tg avec des souris déficientes pour la molécule TNFR-l. Nous avons aussi voulu déterminer si la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg est dépendante des lymphocytes T CD4+ et/ou CD8+. Pour répondre à cette question, nous avons généré des souris B7.2 Tg qui sont déficientes dans la génération de l'une ou l'autre de ces sous-populations de lymphocytes T. Ensuite, nous avons dressé la 13 cinétique de l'ontogénie des cellules B chez les souris B7.2 Tg à partir de la naissance afin de mieux comprendre le processus de déplétion des lymphocytes B chez ces animaux. Finalement, nous avons voulu étudier l'importance de l'interaction entre le TcR et le complexe CMH/peptide dans l'élimination des lymphocytes B B7.2 Tg engendrée par l'interaction entre la molécule B7.2 et son récepteur CD28 exprimé par les lymphocytes T. Nous avons donc généré des souris B7.2 Tg dont la spécificité des TcRs exprimés par les lymphocytes T est restreinte en croisant celles-ci avec les souris OT-1 Tg, qui expriment un TcR transgénique spécifique pour un peptide de l'ovalbumine. Toutes ces analyses ont été effectuées dans le cadre des souris B7.2 Tg de la lignée 27, où la molécule B7.2 est exprimée à un niveau modéré à la surface des lymphocytes B matures. Certains résultats ont aussi été corroborés par l'utilisation des souris B7.2 Tg de la lignée 7, où la molécule B7.2 est exprimée de façon élevée à la surface des lymphocytes B matures. 14 2- Matériels et méthodes 2.1 Souris La génération des souris C57Bl/6- B7.2 Tg a été décrite par Fournier et al. (Fournier et al., 1997). Les souris C57BI/6-p2-m -/-, C57B1/6- I-Ap -/- et C57BI/6-0T-1 Tg ont été obtenues de Jackson Laboratory (Bar Harbor, ME, États-Unis). Les souris C57BI/6-TNFR-1 -/- ont été fournies par le Dr Trevor Owens (Université McGiIl, Montréal, Canada). Les souris OT-l Tg et TNFR-l -/- ont été croisées avec des souris B7.2 Tg de la lignée 27. Les souris p2-m -/- et I-Ap -/- ont été croisées avec des souris B7.2 Tg de la lignée 7 et de la lignée 27. Les souris négatives pour le transgène B7.2 ont été employées à titre de contrôles dans les expériences. 2.2 Détermination du génotype des souris Afin de vérifier la présence ou l'absence du transgène B7.2, du transgène OT-l, des cellules T CD8+ dans les souris potentiellement p2-m-/- ou des cellules T CD4+ dans les souris potentiellement I-Ap -/-, environ 0.3 mL de sang a été prélevé de la veine de la queue dans 1 mL de solution Alsevier (144 mM dextrose/ 71 mM NaCl/ 27 mM citrate de sodium). Les échantillons sanguins ont été lavés dans 3 mL de solution FACS (154 mM NaCI/ 8,1 mM Na2HP04/ 2,68 mM KCI/ 1,47 mM KH2P04/ 1 % sérum de boeuf (Sigma) inactivé par la chaleur, 0.1 % NaN3), et les érythrocytes ont été lysés dans 3 mL de tampon de lyse ACK (150 mM NH4Cl/ 1 mM KHC0 3 / 0.1 mM Na2EDTA). Après un lavage dans la solution FACS, les cellules ont été resuspendues dans 50 ).tL de solution FACS et ensuite incubées avec les anticorps fluorescents pendant 25 min dans la glace et à la noirceur. Un antiCD8-FITC (10 ).tg/mL, clone Ly2, Pharmingen) a été utilisé afin de détecter la présence de cellules T CD8+ chez les souris potentiellement p2-m -/-, un anti-CD4-FITC (10 ).tg/mL, clone L3T4, Pharmingen) a été employé afin de 15 . vérifier la présence de cellules T CD4+ chez les souris potentiellement I-Ap -/-, un anti-Va2-FITC (10 Ilg/mL, clone B20.1, Pharmingen) a été utilisé afin de détecter le transgène OT-I et/ou un anti-B7.2-PE (4 Ilg/mL, clone RMMP2, Cederlane) a été employé afin de détecter la présence du transgène B7.2. Les cellules ont été lavées une première fois dans la solution FACS et une seconde fois dans la solution PBS IX (154 mM NaCl/ 8,1 mM Na2HP04e12H20/ 2,68 mM KCI/ 1,47 mM KH2P04/ 0.1 % NaN3) avant l'analyse en cytométrie de flux sur un FACScan (Becton Dickinson). 5 XI03 évènements cellulaires ont été collectés, en excluant les cellules mortes par leurs caractéristiques FSC/SSC. L'analyse des données a été effectuée à l'aide du programme Cell Quest (Becton Dickinson). Afin de vérifier la présence ou l'absence de la délétion du gène codant pour TNFR-I, environ 1 cm de queue de souris a été digéré avec 0.4 mg de protéinase K (ICN Biomedicals) dans 700 ilL de solution de digestion (50 mM Tris pH 8.0/ 100 mM EDTA/ 0.5 % SDS) toute la nuit à 55 oc. 700 ilL de phénol (pH 7.9, Sigma) a été ajouté au matériel digéré, et le mélange a été soumis au vortex pendant 2 min et centrifugé à 13 000 rpm pendant 20 min à la température ambiante. La phase aqueuse a ensuite été transférée dans 700 ilL de phénol-chloroforme 1: 1 (pH 7.9, Sigma! Fisher Scientific), soumise au vortex pendant 2 min, et centrifugée de nouveau à 13 000 rpm pendant 20 min à la température ambiante. La nouvelle phase aqueuse a été transférée dans 700 ilL d'éthanol 95 %, et 70 ilL de 3M sodium-acétate (pH 5.2) a été ajouté afin de faire précipiter l'ADN génomique. L'ADN a ensuite été lavé dans 1 mL d'éthanol 70 %, asséché pendant 30 min à l'air ambiant, resuspendu dans 100 ilL de tampon TE (10 mM Tris-HCl pH 7.4/ 1 mM Na2EDTA pH 8.0) et chauffé à 60 oC pendant 10 min afin de favoriser la solubilisation de l'ADN. La concentration en Ilg/mL a été déterminée par analyse spectrophotométrique (où une D.O. de 1 à 260 nm= 50 Ilg/mL d'ADN double-brin). 400 ng d'ADN génomique a été utilisé afin d'effectuer une 16 analyse par PCR à l'aide des amorces spécifiques pour la séquence codante de TNFR-l (Dr Trevor Owens, Université McGill, Montréal, Canada): TNFR-I5' GGC TGC AGT CCA CGC ACT GG (amorce commune spécifique aux gènes de type sauvage et mutant), TNFR-I-3' TGT GAA AAG GGC ACC TTT ACG GC (amorce spécifique au gène de type sauvage) et TNFR-I-3' ATT CGC CAA TGA CAA GAC GCT GG (amorce spécifique au gène de type mutant). Les concentrations finales des réactifs utilisés lors du PCR étaient les suivantes: 0,8 /lM des amorces énumérées ci-dessus, 50 U/mL Taq polymérase (Amersham Pharmacia Biotech), 0,2 mM dNTPs (Amersham Pharmacia Biotech), tampon PCR IX sans MgCh (Perkin Elmer) et 2 mM MgCh (Perkin Elmer). Les conditions de PCR étaient les suivantes: 94 oC 5 min; pour 29 cycles: 94 oC 1 min, 63 oC 30 sec et 72 oC 1,5 min; 72 oC 10 min; 4 oc. Les résultats du PCR ont été visualisés par électrophorèse sur gel d'agarose 0.8 % (Sigma) contenant 0.5 /lg/mL de bromure d'éthidium (Sigma). 2.3 Préparation des suspensions cellulaires Les cellules de la moelle osseuse ont été libérées des fémurs et des tibias par l'injection dans les cavités osseuses de milieu HBSS complet (milieu "Hank's Balanced Salts Solution" (Sigma) enrichi de 5 % de sérum de boeuf (Sigma) inactivé par la chaleur, 0.2 mM de 2-mercaptoéthanol (BioShop), 400 U/mL de pénicilline G (Sigma) et 0.4 mg/mL de streptomycine (GibcoBRL» à l'aide d'une seringue comprenant une aiguille de jauge 21 dans le cas d'os provenant de souris adultes et de jauge 26 dans le cas d'os provenant de jeunes souris (âgées de 2 à 20 jours). Les cellules de la rate, des ganglions lymphatiques (axillaires, brachiaux et inguinaux) et du foie ont été préparées dans du milieu HBSS complet en écrasant doucement les tissus entre les extrémités givrées de deux lames de microscope en verre. Les cellules des ganglions lymphatiques ont été lavées dans du HBSS complet. Les cellules hépatiques ont été resuspendues dans une solution de 44 % 17 Percoll (Amersham Biosciences) préparée dans du HBSS complet, et centrifugées sur un gradient de 67.5 % Percoll préparé dans l'eau à 600 rcf pendant 20 min à la température ambiante. Afin de lyser les érythrocytes, les cellules de la moelle osseuse, de la rate et du foie ont été traitées avec le tampon ACK- dans le cas de cellules provenant de souris adultes- ou avec la solution de Oey (resuspension de maximum 108 cellules dans 1 mL de solution FACS, et traitement avec 5 mL de solution de Oey: 131 mM NH4Cl/ 13,4 mM NaHC03 / 5,55 mM dextrose/ 4,96 mM KCl/ 2, Il mM Na2HP04e12 H20/ l,53 mM CaCh/ 1,03 mM MgCh e6 H20/ 0,283 mM MgS0 4e7 H20/ 0,2 mM KH2P04)- dans le cas des cellules provenant de jeunes souris. Ces cellules ont ensuite été lavées dans du HBSS complet. Les suspensions cellulaires ont finalement été filtrées à travers une membrane de nylon afin de retirer les agrégats tissulaires. Le compte cellulaire a été effectué à l'aide d'un hémacymètre en excluant les cellules mortes par coloration au Trypan bleu (Sigma- solution 0,4 % préparée dans du PBS IX). 2.4 Marquage des cellules et cytométrie de flux Après un lavage dans la solution FACS, les cellules (l0 6) ont été incubées pendant 15 min sur la glace en présence de 20 ,...g/mL d'un anti-CD32/CD16 afin de bloquer les récepteurs Fc, lavées dans la solution FACS, resuspendues dans cette solution aux concentrations appropriées à chacun des anticorps utilisés et marquées avec les anticorps couplés à la biotine pendant 25 min sur la glace. Les cellules ont ensuite été lavées dans la solution FACS, resuspendues dans cette solution aux concentrations appropriées à chacun des anticorps utilisés et marquées avec les anticorps fluorescents pendant 25 min sur la glace et à la noirceur. Les cellules ont ensuite été lavées une première fois dans la solution FACS et une seconde fois dans la solution PBS IX avant d'être analysées en cytométrie de flux sur un FACScan (Becton Dickinson). 104 évènements cellulaires ont été collectés, en excluant les cellules mortes d'après leurs caractéristiques FSC/SSC. 18 L'analyse des données a été effectuée à l'aide du programme Cell Quest (Becton Dickinson). Les anticorps qui ont été utilisés dans cette étude sont les suivants: anti-B220-FITC et PE (6 Ilg/mL, clone Ly5; Cederlane), antiIgM-biotine (10 llg/mL, clone 11/41; Pharmingen), anti-B7.2-PE (4 llg/mL, clone RMMP-2; Cederlane), anti-CD21/CD35-FITC (10 Ilg/mL, clone 706; Pharmingen), anti-CD23-PE (6 Ilg/mL, clone B3B4; Pharmingen), anti-IgDFITC (10 Ilg/mL, clone 11-26c.2a; Pharmingen), anti-CD62L-biotine (10 Ilg/mL, clone MEL-14; Pharmingen), anti-CD l-biotine (10 Ilg/mL, clone 1B1; Pharmingen), anti-CD4-FITC (10 Ilg/mL, clone L3T4; Pharmingen), anti-CD8-PE (10 Ilg/mL, clone Ly2; Pharmingen), anti-CD43-FITC (10 Ilg/mL, clone Ly-48, leukosialin; Pharmingen) et anti-Va2-FITC (10 Ilg/mL, clone B20.1; Pharmingen). Le Cy-Chrome conjugué à la streptavidine (2 Ilg/mL, Pharmingen) a été employé afin de révéler les anticorps couplés à la biotine. 19 3. Résultats 3.1 La déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques est indépendante de la voie apoptotique TNFITNFR-l. Il a été démontré auparavant que la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg est dépendante de la présence des lymphocytes T (Fournier et al., 1997). De plus, la population de cellules B chez les souris B7.2 Tg est restaurée lorsque la molécule anti-apoptotique Bc1-2 est exprimée de façon transgénique par les lymphocytes B (Blanchette, 2001). Ces observations nous ont donc amené à poser l'hypothèse que la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg pourrait être causée par l'induction d'un mécanisme apoptotique chez les cellules B B7.2 Tg, celui-ci étant directement engendré par l'interaction avec les lymphocytes T. Plusieurs mécanismes peuvent être utilisés par les cellules T afin d'induire l'apoptose chez d'autres lymphocytes. Le principal mécanisme utilisé par les cellules T CD8 + cytotoxiques qui conduit à la mort par apoptose de leurs cellules cibles est le relâchement de granules lytiques contenant les protéines perforine et granzymes (Shresta et al., 1998). Un autre mécanisme bien connu menant à l'apoptose des lymphocytes activés implique l'interaction entre FasL, récepteur exprimé par les lymphocytes T, et la molécule Fas exprimée par la cellule cible (Krammer, 2000). Finalement, la production de cytokines par les cellules T, telles que l'INF-y, le TNF-a et le TNF-p, peuvent engendrer l' apoptose d'autres lymphocytes par leur liaison au récepteur d'INF-y (Garvy et Riley, 1994) ainsi qu'aux récepteurs du TNF-a, soit TNFR-l et TNFR-2 (Sedger et al., 2002). Il a été observé précédemment chez les souris B7.2 Tg lprllpr (souris ayant une mutation dans le gène codant pour la molécule Fas qui empêche celle-ci de générer un signal intracellulaire) que le nombre de lymphocytes B est égal 20 au nombre de cellules B chez les souris B7.2 Tg, ce qui a permis de conclure que la déplétion des cellules B B7.2 Tg est indépendante de la voie apoptotique Fas/FasL (Fournier et al., 1997). En se basant sur le fait que le TNF-a est une cytokine induite chez les lymphocytes T suite à l'interaction B7/CD28 (Thompson et al., 1989) et que le TNFR-l peut être exprimé par les cellules B de la moelle osseuse (Sedger et al., 2002), nous avons croisé des souris déficientes pour le TNFR-l avec les souris B7.2 Tg de la lignée 27 afin de vérifier si l'interaction TNF/TNFR-1 est impliquée dans la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. Les cellules provenant de la moelle osseuse, de la rate et des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec un anticorps anti-B220, B220 étant une molécule exprimée par les lymphocytes B à chaque stade de leur développement dans la moelle osseuse ainsi que lors de leur maturation en périphérie. On observe que le nombre absolu des lymphocytes B dans la moelle osseuse, la rate et les ganglions lymphatiques des souris TNFR-l -/B7.2 Tg est grandement diminué comparativement aux souris de type sauvage et aux souris TNFR-l -/- (figure 1). De plus, le nombre absolu des cellules B dans les organes lymphoïdes des souris TNFR-l -/- B7.2 Tg est comparable au nombre absolu des lymphocytes B dans les tissus lymphoïdes des souris B7.2 Tg (figure 1). Ces résultats démontrent que le mécanisme apoptotique conduisant à la déplétion des cellules B B7.2 Tg n'implique pas la voie TNF/TNFR-l. 21 Figure 1- Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes pour la molécule TNFR-l. Les cellules de la moelle osseuse (provenant d'un fémur et d'un tibia) (A), de la rate (B) et des ganglions lymphatiques périphériques (C) ont été marquées avec un anticorps anti-B220 et analysées en cytométrie de flux. La fréquence des cellules B220+ (panneaux de gauche) est indiquée sur les profils B220 versus FSC pour les souris Ctrl, TNFR-I -/-, B7.2 Tg de la lignée 27 et TNFR-I -/- B7.2 Tg de la lignée 27. Le nombre absolu de cellules B (panneaux de droite) est représenté pour chaque type de souris. Le nombre de souris analysées dans le cadre de ces expériences est: Ctrl n=2, TNFR-I -/- n=l, B7.2 Tg n=2 et TNFR-I -/- B7.2 Tg n=3. Les souris étaient âgées de huit semaines. 22 Figure 1 A) Moelle osseuse Ctrl TNFR·l·l· 20 ~ - • • 0 K '-' 0 N 15 N al '" <1) + 10 ] '0 u .. <1) "c::I 1::! -S 0 Z FSC-Height "'0 _ _....:C:.:l:.:rl_ _~ TNFR·l·l· 75 ........---------~ c:! 541 P::;1." ,~~~~ ~ Ctrl TNFR-I 87.2 TNFR-I -1Tg -187.2 Tg FSC-Height B) Rate 0 co..:- .-i.:,.....:. .:,•.•. ·.·.·Y o ~ :··f~:':·' o -I".,........~~'--' O o ... 87.2 Tg 1000 0 + j..... <•.. .~ . , W;'~". hiIJ. •. '. r:::: i", '. 1000 TNFR·l ·1· 8T.2 Tg o-----~ € 60 ~ • ~ • ~ 45 + '" <1) ] - 30 ~ 15 8 ~ : . T O~_r--._-~--~~ Ctrl TNFR-I 87.2 TNFR-I -1-1Tg 87.2 Tg 1000 FSC-Height C) Ganglions lymphatiques "'0 M o ~ NO œ.,..:- -r-_....;C;..;l;..;rl_---. TNFR·l·l· ~ 39 ~ 3.5 oN 2.5 N al '" <1) ] "8 1.5 .$5 ~o Z 0.5 -r------------I .. • • • • • 1 Ctrl TNFR-I 87.2 TNFR-I -1-1Tg 87.2 Tg 23 3.2 Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes en CMH de classe 1 ou en CMH de classe II. Il a été démontré précédemment que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg est dépendante de l'interaction avec les cellules T (Fournier et al., 1997). Afin de déterminer la sous-population de lymphocytes T, CD4+ et/ou CDS+, qui est impliquée dans la déplétion des cellules B B7.2 Tg, nous avons croisé les souris B7.2 Tg de la lignée 7 et 27 avec des souris p2-m -/- (souris déficientes pour les protéines du CMH de classe I) ou I-Ap -/- (souris déficientes pour les protéines du CMH de classe II). Lors de la sélection positive dans le thymus, les thymocytes doublepositifs (CD4+ CDS+) se différencient en thymocytes simple-positifs et perdent soit le co-récepteur CD4 si leurs TcRs sont sélectionnés par des molécules du CMH de classe l, soit le co-récepteur CDS si leurs TcRs sont sélectionnés par des molécules du CMH de classe II. Ces thymocytes deviennent alors des lymphocytes T CDS+ et T CD4+ respectivement. Les souris p2-m -/- sont déficientes pour la molécule p2-microglobuline, protéine liée de façon non-covalente à la chaîne a du CMH de classe 1. Les cellules de ces animaux n'expriment pas de molécules du CMH de classe 1 à leur surface puisque la chaîne p des protéines du CMH 1 doit s'associer à la molécule p2-microglobuline pour être exprimée à la surface cellulaire. Les souris p2-m -/- ne possèdent donc pratiquement pas de cellules T CDS+, puisque ces lymphocytes ne peuvent être sélectionnés positivement par l'interaction de leurs TcRs avec les molécules du CMH de classe 1 lors de leur développement dans le thymus. Chez les souris I-Ap -/-, la chaîne p des molécules du CMH de classe II de type H2-A n'est pas exprimée. Les molécules du CMH de classe II de type H2-E n'existant pas chez la lignée de souris C57BL/6, l'expression de la molécule du CMH de classe II est presque totalement éliminée chez ces animaux. Ces souris ne possèdent donc que très peu de lymphocytes T CD4+, ces cellules ne pouvant subir la sélection 24 positive thymique par la restriction de leurs TcRs aux molécules du CMH II. Les croisements avec ces souris mutantes nous ont permis de générer des souris B7.2 Tg qui ne contiennent pratiquement qu'une seule des deux souspopulations de lymphocytes T, soit les lymphocytes T CD4+ dans le cas des souris p2-m -/- B7.2 Tg et les lymphocytes T CD8+ chez les souris I-Ap -/B7.2 Tg. Les cellules provenant de la moelle osseuse, de la rate et des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM. En premier lieu, on observe que le nombre absolu des lymphocytes B provenant de la moelle osseuse des souris I-Ap -/- B7.2 Tg est de quatre fois inférieur au nombre absolu des cellules B compris dans la moelle osseuse des souris I-Ap -/- (figure 2A). Le nombre absolu des cellules B au niveau splénique est de sept à dix fois plus bas chez les souris I-Ab -/- B7.2 Tg que chez les souris I-Ab -/- (figure 2B). Par contre, de façon surprenante, le nombre absolu des lymphocytes B compris dans les ganglions lymphatiques des souris I-Ap -/- B7.2 Tg est égal ou supérieur au nombre absolu des cellules B dans les ganglions lymphatiques des souris I-Ab -/- (figure 2C). La déplétion des lymphocytes B en présence de cellules T CD4+ semble beaucoup plus drastique qu'en présence de cellules T CD8+. En effet, le nombre absolu de lymphocytes B compris dans la moelle osseuse des souris p2-m -/- B7.2 Tg est d'environ dix fois plus bas que le nombre absolu des lymphocytes B des souris p2-m -/- provenant de ce même tissu (figure 3A). Cette déplétion marquée des cellules B B7.2 Tg est aussi observée en périphérie, où le nombre absolu des lymphocytes B provenant de la rate et des ganglions lymphatiques des souris p2-m -/- B7.2 Tg est de vingt à quatrevingt fois inférieur au nombre absolu des cellules B comprises dans ces organes lymphoïdes chez les souris p2-m -/- (figures 3B et 3C). 25 Ces résultats démontrent qu'une déplétion des cellules B B7.2 Tg a lieu lorsque celles-ci interagissent soit avec des lymphocytes T CD4+ ou avec des cellules T CD8+. De plus, la diminution de la population de lymphocytes B B7.2 Tg semble beaucoup plus drastique chez les souris p2-m -/- B7.2 Tg que chez les souris I-Ap -/- B7.2 Tg. 26 Figure 2- Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes en CMU de classe II. Les cellules de la moelle osseuse (provenant d'un fémur et d'un tibia) (A), de la rate (B) et des ganglions lymphatiques périphériques (C) ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM et analysées en cytométrie de flux. La fréquence des cellules B220+ chez les souris I-Ab -/- (panneaux de gauche) et I-Ab -/- B7.2 Tg de la lignée 27 (panneaux médians) est indiquée sur les profils B220 versus IgM. Les nombres absolus (panneaux de droite) des cellules B220+ sont illustrés pour les souris I-Ab -/-, I-Ab -/- B7.2 Tg de la lignée 7 et I-Ab -/- B7.2 Tg de la lignée 27. La moyenne (-) des nombres absolus est indiquée. Le nombre de souris utilisées est: I-Ab -/- B7.2 Tg de la lignée 7 n=ll et I-Ab -/- n=7; I-Ab -/- B7.2 Tg de la lignée 27 n=lO et I-Ab -/- n=9. Les souris utilisées dans le cadre de ces expériences étaient âgées de cinq à neuf semaines. 27 Figure 2 A) Moelle osseuse 8 §;' ~ bN 6 N i%l .,'" :3 4 '8 ~ ~ ,Q • • 2 1 • t El 0 z • • • .1 0 I-A~ -1- I-A~ -187.2 Tg lignée 7 t I-A~ -1- I-A~ -187.2 Tg lignée 27 H) Rate ~ ~ >< 80 •.a... 6' 60 N N •• i%l .,'" :3 40 Q) .,u "0 ] 20 t• El -1- -1- 0 z 0 I-A~ -1- I-A~ -1- I-A~ -1- I-A~ -187.2 Tg 87.2 Tg lignée 7 lignée 27 C) Ganglions lymphatiques V01===============~ .. . ", . <'>0 .. •••.•. :·i'i;i:I. ':':"~~:'T~~~::" , ON ~ ~ co ',. " '. 1 -: . . . . ,e • •• "•• . :' :,"44 % 011.---.-::.....-.....,.:....-:....--'------' §;' 15 ~I2.5 ~ ~ '" :ê Q) u ~ ~ ~ IgM IgM • ID • • 7.5 T 5 2.5 • • • ..a. •• • • • • t• o..l..-~----,r---_r_---r----' I-A~ -1- I-A~ -1- I-A~ -1- I-A~ -187.2 Tg 87.2 Tg lignée 7 lignée 27 28 Figure 3- Population des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques déficientes en CMH de classe I. Les cellules de la moelle osseuse (provenant d'un fémur et d'un tibia) (A), de la rate (B) et des ganglions lymphatiques périphériques (C) ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM et analysées en cytométrie de flux. La fréquence des cellules B chez les souris p2-m -/- (panneaux de gauche) et p2-m -/- B7.2 Tg de la lignée 27 (panneaux médians) est indiquée sur les profils B220 versus IgM. Les nombres absolus des cellules B220+ (panneaux de droite) sont illustrés pour les souris p2-m -/-, p2-m -/- B7.2 Tg de la lignée 7 et p2-m -/- B7.2 Tg de la lignée 27. La moyenne (-) des nombres absolus est indiquée. Le nombre de souris utilisées est: p2-m -/- B7.2 Tg de la lignée 7 n=8 et p2-m -/- n=5; p2-m -/- B7.2 Tg de la lignée 27 n=8 et p2-m -/- n=5. Les souris utilisées dans le cadre de ces expériences étaient âgées de cinq à neuf semaines. 29 Figure 3 A) Moelle osseuse v o_-_.....r:::~::.:.:........:..._---. B2-m -1- 10 B2-m -1- B7.2 TI! , ,":'<:;' .. ',:.." " :. " • 7.5 ..... 7% • ....... 5 ..... • 'j" :.5 • 0 ~2-m . /. ~2-m -1B7.2 Tg lignée 7 ~2-m ~2-m·l· ./. B7.2Tg lignée 27 B) Rate -1- 2-m -1- B7.2 T v01.=============;===~ M 100 ~ :. ...;:.:~.~. ;::~.~.q:~~: . ~::. . ... o . :'. '. ,', ..... .. ~ 2% ...•• 75 6N N ~ '" ]'" " 50 • T Q) u - .l;j o :5 ] E z0 .a- ~ 0 ~2-m -1- ~2-m -1B7.2Tg lignée 7 ~2-m ~2-m -1- -1B7.2Tg lignée 27 C) Ganglions lymphatiques :l0 6 ~ + 0 15 N N ~ '" ]'" 10 • . • • T • Q) u '" '0 ~ .D 5 E 0 z 10 4 0 ~2-m ./- IgM ~2-ln ./. ~2-m ~2~./. B7.2 Tg lignée 7 ./. B7.2 Tg lignée 27 30 3.3 La déplétion des lymphocytes B dans les souris B7.2 transgéniques ne semble pas être un évènement prénatal. Nous avions auparavant observé dans notre laboratoire que l'expression constitutive de la molécule anti-apoptotique Bcl-2 dans les lymphocytes B des souris B7.2 Tg inhibait leur délétion mais conduisait à l'accumulation de lymphocytes B ayant un phénotype immature dans les organes lymphoïdes périphériques (Blanchette, 2001). Ce phénotype est identique à celui observé chez les souris dans lesquelles on a bloqué, par l'expression transgénique de la molécule Bcl-2, la délétion des lymphocytes B qui expriment un récepteur de lymphocyte B (BcR) reconnaissant un antigène du Soi membranaire (Young et al., 1997). Dans ce cas, l'accumulation de lymphocytes B avec un phénotype immature avait été expliquée par le fait que bien que la molécule Bcl-2 peut empêcher la mort des lymphocytes B qui reconnaissent des antigènes du Soi multivalents, elle ne peut pas prévenir l'arrêt de développement induit dans ces lymphocytes B auto-réactifs. Nous avons donc posé l'hypothèse que les lymphocytes B exprimant le transgène B7.2 pouvaient de façon similaire subir un arrêt de développement, ce qui causerait leur mort par apoptose. Afin d'évaluer si le développement des cellules B est perturbé dans les souris B7.2 Tg, nous avons déterminé la cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B et le portrait phénotypique de ceux-ci de la naissance jusqu'à l'âge adulte. Il est bien connu que la lymphopoïèse des lymphocytes B a lieu dans le foie avant la naissance (Janeway et al., 2001). Nous avons donc voulu déterminé si la proportion des cellules B B7.2 Tg est normale dans le foie des souris âgées de deux jours à l'aide d'un marquage avec des anticorps antÎB220, anti-IgM et anti-CD43. Cette analyse nous permet de différencier les lymphocytes B immatures/matures (IgM+ B220+) des lymphocytes pré-B (B220+ IgM- CD43-) et des lymphocytes pro-B (B220+ IgM- CD43+) (Janeway et al., 2001). 31 En premier lieu, le nombre absolu des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg et Ctrl est similaire (figure 4A). De plus, la fréquence des lymphocytes B immatures/matures (IgM+ B220+) n'est pas différente chez les souris Ctrl et B7.2 Tg (figure 4A). Finalement, les cellules pro-B (B220+ IgM- CD43+) et pré-B (B220+ IgM- CD43-) sont en proportions similaires chez les souris B7.2 Tg et Ctrl (figure 4B). Ces résultats indiquent que la génération des lymphocytes B au cours de la vie fœtale n'est pas perturbée chez les souris B7.2 Tg. 32 Figure 4- Population des lymphocytes B du foie chez les souris néonatales B7.2 transgéniques. Les cellules du foie des souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27 âgées de deux jours ont été marquées avec des anticorps anti-B220, anti-IgM et anti-CD43 et analysées en cytométrie de flux. A) Expression des molécules B220 et IgM sur les cellules du foie. Les nombres situés au coin supérieur indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant, et le nombre situé au coin inférieur indique le nombre absolu des cellules B220+ Ctrl et B7.2 Tg B) Expression des molécules IgM et CD43 sur les cellules exprimant le marqueur B220. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant. Ces résultats sont représentatifs des analyses effectuées sur 4 souris Ctrl et 6 souris B7.2 Tg. 33 Figure 4 A) v Ctrl D7.2 Tg 0 16 10 M 0 N 0 0 = N N 0 0 = IgM D) v D7.2 Tg Ctrl 0 M 0 N 0 0 * 74 3 * 72 3 34 3.4 Cinétique de l'ontogénie et analyse phénotypique des lymphocytes B de la moelle osseuse des souris B7.2 transgéniques de la lignée 27. Nous avons analysé les populations de lymphocytes B dans la moelle osseuse puisque c'est dans ce tissu que le développement des cellules B survient après la naissance. La cinétique de l'ontogénie ainsi que le phénotype des lymphocytes B provenant de la moelle osseuse ont été déterminés chez les souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27 âgées de dix jours et plus, les fémurs et tibias étant de taille minime avant cet âge. Les cellules ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM aux jours 10, 20, 30,60 et 90. On observe une déplétion des cellules B B7.2 Tg dès le jour 10, où leur nombre absolu est de seulement 3 X10 6 cellules, alors que l'on atteint un nombre absolu de 6 X10 6 chez les souris Ctrl (figure SB). De plus, le nombre absolu de cellules B n'augmente pas malgré la croissance de la souris B7.2 Tg en demeurant à une valeur fixe d'environ 3 X10 6 cellules (figure SB). Finalement, on constate que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg touche autant les pro-B/pré-B (B220+ IgM-) que les cellules B immatures/matures (B220+ IgM+) dans cet organe lymphoïde central, car la fréquence de ces sous-populations de lymphocytes B est plus basse dans la moelle osseuse des souris B7.2 Tg que dans celle des souris Ctrl, et ce à toutes les périodes analysées (figure SA). On peut donc conclure que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg dans la moelle osseuse s'avère drastique tôt dans leur ontogénie. 35 Figure 5- Population des lymphocytes B de la moelle osseuse chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges. Les cellules de la moelle osseuse (provenant de deux fémurs et deux tibias) ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM, et analysées en cytométrie de flux. A) Expression des molécules IgM et B220 sur les cellules de la moelle osseuse. La fréquence des cellules B220+ IgM- et B220+ IgM+ chez les souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27 est indiquée sur les profils B220 versus IgM. B) Cinétique de la moyenne des nombres absolus des cellules B220+ en fonction de l'âge des souris Ctrl (0) et B7.2 Tg de la lignée 27 (-). Les valeurs représentées sur ce graphique ont été obtenues par analyse en cytométrie de flux en sélectionnant les cellules B220+ comprises dans la population des cellules vivantes. Les moyennes ont été obtenues à partir de l'analyse de: jour 10 (Ctrl n=5 et B7.2 Tg n=7), jour 20 (Ctrl n=8 et B7.2 Tg n=IO), jour 30 (Ctrl n=6 et B7.2 Tg n=ll), jour 60 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=2) et jour 90 (Ctrl n=9 et B7.2 Tg n=8). 36 Figure 5 A) 10 jours v<:) 20 jours 30 jours 60 jours _-r---~-~ M <:) ~ Ctrl ~ <:) <:) <:) v<:) -r--r---""':"':--:-1 M <:) ~ B7.2Tg ~ <:) IgM IgM B) ,-. ... ""Q 30 ~ ~ '-' + N N =:1 Ctrl T Q 20 (Il .!! :5 ~ ("J ~ "Cl 10 ~ ~ e CI Z .-- - ..... • ..... 0 0 V) N 0 V) V) r--- Âge des souris (jours) 0 0 ..... 37 3.5 Cinétique de l'ontogénie et analyse phénotypique des lymphocytes B de la rate des souris B7.2 transgéniques de la lignée 27. Afin d'étudier les lymphocytes B dans les tissus lymphoïdes périphériques des souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27, nous avons marqué les cellules de la rate et des ganglions lymphatiques périphériques avec des anticorps antiB220, anti-IgM et anti-B7.2. De plus, nous avons caractérisé le niveau de maturité des cellules B dans ces tissus à l'aide des anticorps anti-IgM, antiCD21 et anti-CD23. Ces analyses permettent de caractériser les différentes sous-populations de lymphocytes B qui y sont présentes: les cellules B Tl (IgMélevé CD2 r CD23-), les cellules B T2 (lgMé\evé CD21 élevé CD23élevé), les cellules B folliculaires (IgM+ CD21 + CD23élevé) et les cellules B de la zone marginale (IgMélevé CD21 élevé CD23 bas) (Loder et al., 1999). Lorsque les souris sont âgées de deux jours, on observe que le nombre absolu des lymphocytes B n'est pas différent entre les souris B7.2 Tg et Ctrl (figure 6B). De plus, la proportion des cellules B220+ qui expriment le marqueur IgM est identique entre les deux types de souris (figure 6A). Cependant, parmi les cellules B220+ IgM+, on observe une différence dans la fréquence des lymphocytes B qui expriment le marqueur CD23. En effet, la fréquence des cellules B220+ IgM+ CD23+ est diminuée de façon significative dans les souris B7.2 Tg par rapport aux souris Ctrl (figure 7A). Au jour 10, on constate que le nombre absolu des cellules B220+ n'est pas différent dans la rate des souris B7.2 Tg et Ctrl (figure 6B). Par contre, le phénotype des cellules B est drastiquement différent. Alors que la majorité (environ 75 %) des cellules B220+ dans les souris de type sauvage expriment le marqueur IgM à leur surface, la plupart des lymphocytes B dans la rate des souris B7.2 Tg sont IgM- (figure 6A). De plus, on voit que la fréquence des lymphocytes B IgM+ exprimant les marqueurs CD21 et CD23 chez les souris B7.2 Tg est très faible comparativement aux souris Ctrl (figure 7A). 38 On observe ensuite au jour 20 que le nombre absolu des cellules B220+ est plus bas dans la rate des souris B7.2 Tg par rapport aux souris de type sauvage (figure 6B). Cependant, les lymphocytes B B7.2 Tg expriment le marqueur IgM à un niveau semblable que celui observé chez les souris Ctrl (figure 6A). De plus, on constate qu'une plus grande proportion de lymphocytes B IgM+ expriment la molécule CD23 dans la rate des souris B7.2 Tg par rapport au jour 10, mais la grande majorité de ces cellules n'expriment toujours pas le marqueur CD21 comparativement aux souris Ctrl (Figure 7A). Au jour 30, on observe que le nombre absolu des lymphocytes B est toujours plus bas dans la rate des souris B7.2 Tg que dans celle des souris Ctrl (figure 6B). Ensuite, le profil B220 versus IgM est toujours comparable entre les deux types de souris (figure 6A). De plus, on constate qu'une population de cellules IgM+ CD21élevé CD23 bas est maintenant apparente dans la rate des souris Ctrl et B7.2 Tg (figure 7A). Ce profil correspond au phénotype des lymphocytes B de la zone marginale de la rate (Loder et al., 1999). On observe que la fréquence des cellules B de la zone marginale est beaucoup plus élevée dans la rate des souris B7.2 Tg que chez les souris Ctrl âgées de trente jours (figure 7A). Des marquages additionnels à l'aide des anticorps anti-CD21 et anti-CD23 en combinaison avec un anticorps antiIgD, anti-CD62L ou anti-CDl ont permis de confirmer que le profil de cette population cellulaire correspond bel et bien à celui des lymphocytes B résidant dans la zone marginale de la rate. En effet, les cellules CD21 élevé démontrant une expression faible du marqueur CD23 à leur surface ont un profil typique des cellules B de la zone marginale, soit IgD bas , CD62Lbas et CD1élevé, et la proportion de ces cellules est toujours plus importante dans la rate des souris B7.2 Tg que chez les souris Ctrl (figure 7B; Loder et al., 1999). 39 Finalement, on observe aux JOurs 60 et 90 que le nombre absolu des lymphocytes B B7.2 Tg est toujours grandement diminué comparativement aux souris Ctrl (figure 6B). La proportion des cellules B220+ qui expriment la molécule IgM est encore identique entre les deux types de souris au jour 60 (figure 6A). De plus, la fréquence des lymphocytes B de la zone marginale (IgM+ CD21 élevé CD23 bas) est toujours grandement augmentée chez les souris B7.2 Tg par rapport aux souris de type sauvage à cette période (figure 7A). Un autre point intéressant est le profil d'expression de B7.2 à la surface des lymphocytes B chez les jeunes souris B7.2 Tg. On observe que plusieurs cellules B B7.2 élevé , autant IgMéleVé que IgM+ /bas se retrouvent dans la rate de ces souris au jour 2 (figure 7C). De plus, la population de cellules B observée au jour 10 chez les souris B7.2 Tg semble y être composée en grande partie de cellules IgM- B7.2élevé (figure 7C). Ensuite, on voit que les cellules B présentes dans la rate des souris B7.2 Tg au jour 20 sont presque exclusivement IgM+ et qu'une très grande proportion de ces cellules B exprime constitutivement B7.2 à un niveau allant de faible à modéré (figure 7C). Finalement, la majorité des lymphocytes B IgM+ spléniques démontrent un niveau faible de B7.2 à leur surface au jour 30 (figure 7C). On peut donc conclure que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg dans la rate a lieu tôt dans leur ontogénie, comme il a été aussi observé dans la moelle osseuse (section 3.4, figure 5). De plus, cette déplétion s'accompagne d'un défaut de la maturation des cellules B au niveau splénique. Finalement, le profil d'expression de la molécule B7.2 chez les souris B7.2 Tg amène l'idée que le système de déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg semble de plus en plus efficace à mesure que ces souris deviennent plus âgées. En effet, on observe que plus la croissance de la souris B7.2 Tg augmente, moins on retrouve de cellules B exprimant la protéine B7.2 de façon élevée à leur surface dans la rate de ces animaux. 40 Figure 6- Population des lymphocytes B de la rate chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges. Les cellules de la rate ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM et analysées en cytométrie de flux. A) Expression des molécules IgM et B220 sur les cellules de la rate. La fréquence des cellules B220+ IgM- et B220+ IgM+ chez les souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27 est indiquée sur les profils B220 versus IgM. B) Cinétique de la moyenne des nombres absolus des cellules B220+ en fonction de l'âge des souris Ctrl (0) et B7.2 Tg de la lignée 27 (-). Les valeurs représentées sur ce graphique ont été obtenues par analyse en cytométrie de flux en sélectionnant les cellules B220+ comprises dans la population des cellules vivantes. Les moyennes ont été obtenues à partir de l'analyse de: jour 2 (Ctrl n=7 et B7.2 Tg n=6), jour 10 (Ctrl n=5 et B7.2 Tg n=7), jour 20 (Ctrl n=8 et B7.2 Tg n=lO), jour 30 (Ctrl n=6 et B7.2 Tg n=ll), jour 60 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=2) et jour 90 (Ctrl n=9 et B7.2 Tg n=8). 41 Figure 6 A) 2 jours v 10 jours 0 (') 0 ~ NO Ctrl cn..:- 0 0 0 v 0 (') 0 B7.2 Tg B) ,-. >e = 80 '"'" ~ '-' ~ M M = 60 ~ G.I -= = 40 G.I \J G.I "d G.I ~ .Q 20 e ~ 0 0 Âge des souris (jours) 20 jours 30 jours 60 jours 42 Figure 7- Caractérisation phénotypique des lymphocytes B de la rate des souris B7.2 transgéniques à différents âges. A) Expression des molécules CD21 et CD23 sur les cellules exprimant le marqueur IgM. Les cellules de la rate ont été marquées avec des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23 aux jours 2, 10, 20, 30 et 60 et analysées en cytométrie de flux. Les profils CD21 versus CD23 chez les souris Ctrl (panneaux de gauche) et les souris B7.2 Tg de la lignée 27 (panneaux de droite) ont été obtenus en sélectionnant les cellules IgM+. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant. Le nombre de souris utilisées pour chaque période analysée est: jour 2 (Ctrl n=7 et B7.2 Tg n=6), jour 10 (Ctrl n=5 et B7.2 Tg n=7), jour 20 (Ctrl n=8 et B7.2 Tg n=lO), jour 30 (Ctrl n=6 et B7.2 Tg n=ll) et jour 60 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=2). B) Expression des molécules CD23, IgD, CD62L et CDl sur les cellules exprimant le marqueur CD21. Les cellules de la rate ont été marquées au jour 30 avec des anticorps anti-CD21 et anti-CD23 en combinaison avec un anticorps anti-IgD, anti-CD62L ou anti-CDl et analysées en cytométrie de flux. Les profils CD23 versus IgD (panneaux de gauche), CD23 versus CD62L (panneaux médians) et CD23 versus CDl (panneaux de droite) chez les souris Ctrl et les souris B7.2 Tg de la lignée 27 ont été obtenus en sélectionnant les cellules CD21 élevé. Ces résultats sont représentatifs des analyses effectuées sur une souris Ctrl et une souris B7.2 Tg. C) Expression des molécules IgM et B7.2 sur les cellules exprimant le marqueur B220. Les cellules de la rate ont été marquées avec des anticorps anti-B220, anti-IgM et anti-B7.2 aux jours 2, 10, 20 et 30 et analysées en cytométrie de flux. Les profils IgM versus B7.2 chez les souris Ctrl (panneaux de gauche) et les souris B7.2 Tg de la lignée 27 (panneaux de droite) ont été obtenus en sélectionnant les cellules B220+. Le nombre de souris utilisées pour chaque période analysée est: jour 2 (Ctrl n=7 et B7.2 Tg n=6), jour 10 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=3), jour 20 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=3), jour 30 (Ctrl n=4 et B7.2 Tg n=5). 43 Figure 7 A) 2joun 10 jours v_ ;.' . o~ ...... '. - ~ { : "., . 10 jours ~IC·'... ·· ,. 1.·.f.~.fi... : .~~~...,.....J . :. . ,.~.::;'.' 20 jours . v!'! -r----r-~...___. r--~~~ M v!'! -r--.--..........., ......--..---~~ o M o N<'! 0 0 30jours ~!'! 30 jours v':-o e~~~~ b-~~~ B) Ctrl CD62L B7.2 Tg 2 jours ...... ,',!' . JI~~~I Ui2.i Ctrl C) ~~~~~.J ~. ~!M] !'! ' ............'. 20 jours B7.2 Tg Ctrl CDl 44 3.6 Cinétique de l'ontogénie et analyse phénotypique des lymphocytes B des ganglions lymphatiques des souris B7.2 transgéniques de la lignée 27. Afin de compléter la cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 27, nous avons finalement étudié les cellules B des ganglions lymphatiques périphériques. Ces cellules ont été marquées avec des anticorps anti-B220, anti-IgM et anti-B7.2, et leur niveau de maturité a ensuite été caractérisé par un marquage avec des anticorps antiIgM, anti-CD21 et anti-CD23. Nous avons dû effectuer les analyses chez des souris âgées d'au moins dix jours, les ganglions lymphatiques étant de taille minime avant cette période. De façon surprenante, on constate au jour lOque le nombre absolu des cellules B220+ est semblable dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg et Ctrl (figure 8B). De plus, la proportion des cellules B220+ qui n'expriment pas la molécule IgM à leur surface est beaucoup plus élevée dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg comparativement aux souris de type sauvage (figure 8A). Ensuite, on observe que la fréquence des lymphocytes B IgM+ CD23+ qui expriment le marqueur CD21 est drastiquement différente. En effet, alors qu'environ 60 % de ces cellules expriment la molécule CD21 dans les souris de type sauvage, la plupart des cellules B IgM+ dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg sont CD21" (figure 9A). On observe ensuite au jour 20 que le nombre absolu des cellules B220+ est toujours équivalent dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg et Ctrl (figure 8B). De plus, la proportion des cellules B220+ n'exprimant pas le marqueur IgM est maintenant identique entre les deux types de souris (figure 8A). On constate aussi à cette période qu'une grande proportion des lymphocytes B IgM+ CD23+ n'expriment toujours pas le marqueur CD21 45 dans les souris 87.2 Tg par rapport aux souris Ctrl, quoique la fréquence des cellules 8 IgM+ CD23+ CD21 + augmente dans les ganglions lymphatiques des souris 87.2 Tg comparativement au jour 10 (figure 9A). On voit aussi qu'une plus grande proportion des cellules 8 IgM+ CD2r expriment la molécule CD23 chez les souris 87.2 Tg par rapport au jour 10 (figure 9A). Lorsque les souris sont âgées de trente jours, on observe que le nombre absolu des cellules 8 dans les ganglions lymphatiques est encore semblable chez les souris 87.2 Tg et Ctrl (figure 88). De plus, le profil 8220 versus IgM est similaire chez ces deux types de souris (figure 8A). Cependant, on constate que la plupart des lymphocytes 8 IgM+ CD23+ expriment maintenant le marqueur CD21 dans les souris 87.2 Tg et Ctrl (figure 9A). Finalement, le nombre absolu des cellules 8220+ diminue de façon significative dans les ganglions lymphatiques des souris 87.2 Tg âgées de soixante jours comparativement aux souris Ctrl à la même période (figure 88). Par le suite, le nombre absolu des lymphocytes 8 reste toujours grandement diminué au jour 90 dans les souris 87.2 Tg par rapport aux souris Ctrl (figure 88). De plus, le profil 8220/IgM reste similaire chez ces deux types de souris au jour 60 (figure 8A). En outre, la proportion des cellules 8 IgM+ CD23+ CD21 + est identique dans les deux types de souris à cette période (figure 9A). Pour ce qui est du profil IgM/87.2 des cellules 8220+ dans les ganglions lymphatiques des souris 87.2 Tg, on n'observe pratiquement pas de cellules IgM- au jour 10 et une grande proportion des cellules 8 IgM+ qui s'y trouvent expriment déjà à leur surface un niveau allant de faible à modéré de la molécule 87.2 (figure 98). Finalement, les lymphocytes 8 87.2 Tg expriment presque tous un niveau faible de 87.2 à leur surface au jours 20 et 30 (figure 98). 46 On constate donc qu'il n'y a pas de déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg dans les ganglions périphériques aux jours 10, 20 et 30 et ce malgré le fait que la déplétion des cellules B est visible dans la moelle osseuse et la rate des souris B7.2 Tg tôt dans leur ontogénie. Par contre, on observe un retard de la maturation des lymphocytes B compris dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg aux jours 10 et 20, ce qui a aussi été dénoté au niveau splénique chez ces animaux. 47 Figure 8- Population des lymphocytes B des ganglions lymphatiques périphériques chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges. Les cellules des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM et analysées en cytométrie de flux. A) Expression des molécules B220 et IgM sur les cellules des ganglions lymphatiques. La fréquence des cellules B220+ IgM- et B220+ IgM+ chez les souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27 est indiquée sur les profils B220 versus IgM. B) Cinétique de la moyenne des nombres absolus des cellules B220+ en fonction de l'âge des souris Ctrl (0) et B7.2 Tg de la lignée 27 (-). Les valeurs représentées sur ce graphique ont été obtenues par analyse en cytométrie de flux en sélectionnant les cellules B220+ comprises dans la population des cellules vivantes. Les moyennes ont été obtenues à partir de l'analyse de: jour 10 (Ctrl n=5 et B7.2 Tg n=7), jour 20 (Ctrl n=8 et B7.2 Tg n=lO), jour 30 (Ctrl n=6 et B7.2 Tg n=ll),jour 60 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=2) et jour 90 (Ctrl n=9 et B7.2 Tg n=8). 48 Figure 8 A) 10 jours vo _ _ ~_~~~ M 20 jours 30 jours 60 jours IgM IgM IgM o o o o ~--~----, M o ~ B7.2Tg 00...:o IgM B) -:>' 4 = ~ ~ ~ M M T 3 =:1 tIJ ~~ 2 u ~ "l:I ... e z= ~ ,.Ci 1 0 0 V'l N 0 V'l V'l t"'- Âge des souris (jours) 0 0 49 Figure 9- Caractérisation phénotypique des lymphocytes B des ganglions lymphatiques périphériques chez les souris B7.2 transgéniques à différents âges. A) Expression des molécules CD21 et CD23 sur les cellules exprimant le marqueur IgM. Les cellules des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23 aux jours 10, 20, 30 et 60 et analysées en cytométrie de flux. Les profils CD21 versus CD23 chez les souris Ctrl (panneaux de gauche) et les souris B7.2 Tg de la lignée 27 (panneaux de droite) ont été obtenus en sélectionnant les cellules IgM+. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant. Le nombre de souris utilisées pour chaque période analysée est: jour 10 (Ctrl n=5 et B7.2 Tg n=7), jour 20 (Ctrl n=8 et B7.2 Tg n=10), jour 30 (Ctrl n=6 et B7.2 Tg n=ll) et jour 60 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=2). B) Expression des molécules IgM et B7.2 sur les cellules exprimant le marqueur B220. Les cellules des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec des anticorps anti-B220, anti-IgM et anti-B7.2 aux jours 10, 20 et 30 et analysées en cytométrie de flux. Les profils IgM versus B7.2 chez les souris Ctrl (panneaux de gauche) et les souris B7.2 Tg de la lignée 27 (panneaux de droite) ont été obtenus en sélectionnant les cellules B220+. Le nombre de souris utilisées pour chaque période analysée est: jour 10 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=3), jour 20 (Ctrl n=2 et B7.2 Tg n=3) et jour 30 (Ctrl n=4 et B7.2 Tg n=5). 50 Figure 9 A) B) Ctrl 10 jours ~0 u..:- 0 B7.2 Tg 10 jours 0 0 ~ V V ;:! ~ - M M ~ 0 20 jours ~0 20 jours 0 U..:~ 0 ~o - !P- ~ 0 0 ~ V ~ - M 0 30 jours N 30 jours ~o !P- O U M o 60 jours ~0 u..:-0..;-~~~--1 0 CD23 B7.2 t8 .:;~. ).::;;,:~:.: ~ . . . .. ')'\', ":: .. .. ' 51 3.7 Retard de la maturation des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques de la lignée 7 âgées de vingt jours. Afin de vérifier si le retard de la maturation des lymphocytes B chez les jeunes souris B7.2 Tg de la lignée 27 n'est pas causé par un défaut de développement relié à une insertion aberrante du transgène B7.2 dans le génome des animaux de cette lignée, nous avons analysé la population de cellules B chez des souris B7.2 Tg de la lignée 7 âgées de vingt jours. Rappelons que la molécule B7.2 est exprimée à des niveaux modéré et élevé à la surface des lymphocytes B matures chez les souris B7.2 Tg des lignées 27 et 7 respectivement. En premIer lieu, il est important de mentionner qu'une déplétion des lymphocytes B est observée dans la moelle osseuse et la rate des souris B7.2 Tg de la lignée 7 au jour 20, mais pas dans les ganglions lymphatiques de ces même animaux (résultats non-montrés). Ces résultats concordent avec ceux obtenus chez les souris B7.2 Tg de la lignée 27 à cette période (sections 3.4 à 3.6). Nous avons caractérisé le niveau de maturité des cellules B comprises dans les organes lymphoïdes secondaires des jeunes souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 7 à l'aide d'un marquage avec des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23. On constate qu'un retard de maturation des cellules B est dénoté chez les jeunes souris de la lignée 7 âgées de vingt jours. En effet, on observe beaucoup plus de cellules B immatures (IgM+ CD21- CD23- et IgM+ CD21- CD23+) dans la rate et dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg de la lignée 7 que dans les organes lymphoïdes périphériques des souris Ctrl (figure 10). Le délai au niveau de la maturation des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 27 ne découle donc pas d'une insertion aberrante du transgène B7.2 dans le génome de ces animaux. 52 Figure 10- Caractérisation phénotypique des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 7 âgées de vingt jours. Les cellules de la rate (A) et des ganglions lymphatiques périphériques (B) ont été marquées avec des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23 au jour 20 et analysées en cytométrie de flux. Les profils CD21 versus CD23 chez les souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 7 ont été obtenus en sélectionnant les cellules IgM+. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant. Ces résultats sont représentatifs des analyses effectuées sur 1 souris Ctrl et 2 souris B7.2 Tg. 53 Figure 10 A) Rate Ctrl B7.2 9 60 19 12 11 17 54 18 B) Ganglions lymphatiques 51 32 CD23 54 3.8 La déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques est dépendante de la spécificité antigénique. Il a été démontré auparavant que la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg est dépendante de l'interaction entre la molécule B7.2 et le récepteur CD28 exprimé par les lymphocytes T (Fournier et al., 1997). Afin d'évaluer 1'importance de l'interaction entre le TcR et le complexe CMH/peptide dans l'élimination des lymphocytes B B7.2 Tg engendrée par le système B7.2/CD28, nous avons croisé les souris B7.2 Tg de la lignée 27 avec des souris OT-1 Tg. Les souris OT-1 Tg sont originellement générées en introduisant par transgénèse des inserts codant pour des éléments Va2 et Vp5 du TcR, ce qui facilite par la suite la visualisation en cytométrie de flux des cellules ayant acquis le transgène OT-1 par 1'utilisation d'anticorps anti-Va2 ou anti-Vp5. Ces souris possèdent des TcRs transgéniques spécifiques aux résidus 257 à 264 de la molécule d'ovalbumine présentés dans le contexte H2Kb . Ce système permet donc de vérifier si la spécificité de l'antigène présenté par les lymphocytes B aux cellules T CD8+ est importante dans le mécanisme de déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. On peut voir en figure lIA que la quasi-totalité des lymphocytes T CD8+ dans les ganglions lymphatiques des souris OT-1 Tg et OT-I1B7.2 db Tg expriment le marqueur Va2, ce qui signifie que ces cellules ont acquis le transgène OT-1. De plus, il est important de mentionner que la génération des lymphocytes T CD8+ est favorisée lors du développement des cellules T dans les souris ayant acquis le transgène OT-l, où les cellules T CD8+ y sont d'environ 8 à 13 fois plus nombreux que les cellules T CD4+ (résultats nonmontrés). La contribution des cellules T CD4+ à un éventuel signal 1 est donc minime chez les souris OT-1 Tg et les souris OT-I1B7.2 db Tg. On constate que contrairement aux souris B7.2 Tg adultes où la déplétion des lymphocytes B est apparente autant dans la moelle osseuse, la rate et les 55 ganglions lymphatiques périphériques, le nombre absolu des lymphocytes B dans ces trois organes lymphoïdes est normal chez les souris adultes OT-I Tg et OT-lIB7.2 db Tg, (figure lIB). De plus, on constate que les profils IgM/CD211CD23 sont assez semblables dans la rate et les ganglions lymphatiques des souris adultes OT-I Tg et OT-lIB7.2 db Tg (figure IIC). On peut donc conclure que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg semble se produire seulement lorsque le répertoire de cellules Test polyclonal. De plus, une plus grande proportion de lymphocytes B folliculaires est observée dans la rate des souris adultes OT-lIB7.2 db Tg comparativement aux souris adultes B7.2 Tg. 56 Figure 11- Population des lymphocytes B chez les souris adultes OT-ll B7.2 double transgéniques. A) Expression des molécules CD8 et Va2 sur les cellules des ganglions lymphatiques. Les cellules ont été marquées avec des anticorps anti-CD8 et anti-Va2 et analysées en cytométrie de flux. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant pour les souris OT-l Tg, OT-1IB7.2 db Tg et B7.2 Tg de la lignée 27. B) Expression des molécules B220 et IgM sur les cellules de la moelle osseuse (provenant d'un fémur et d'un tibia), de la rate et des ganglions lymphatiques périphériques. Les cellules ont été marquées avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM et analysées en cytométrie de flux. Les nombres situés au coin supérieur indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant et le nombre situé au coin inférieur indique le nombre absolu des cellules B220+ pour les souris OT-l Tg, OT-l Tg!B7.2 db Tg et B7.2 Tg de la lignée 27. C) Expression des molécules CD21 et CD23 sur les cellules exprimant le marqueur IgM. Les cellules de la rate et des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23 et analysées en cytométrie de flux. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant pour les souris OT-l Tg, OT-1IB7.2 db Tg et B7.2 Tg de la lignée 27. Ces résultats sont représentatifs des analyses effectuées sur 1 souris OT-l Tg, 1 souris OT-l Tg! B7.2 db Tg et 1 souris B7.2 Tg de la lignée 27. Les souris étaient âgées de . SIX . semames. 57 Figure 11 A) OT·I Tg B) _--.----1--, "'0 M OT·II B7.2 db Tg B7.2Tg OT.l/B7.2 db Tg B7.2 Tg o Ne_~ Moelle osseuse o Rate ....o -.......--~-. M e "'o~~ Ganglions lymphatiques OT·l Tg C) 'V"o _---.--+---. M o N Rate o 'V"O _ - _ - - - I I - -.... (') Ganglions lymphatiques e N o .-4 ë CD23 58 3.9 Immaturité des lymphocytes B chez les souris OT-IIB7.2 double transgéniques âgées de vingt jours. Il a été démontré précédemment chez les souris adultes OT-IIB7.2 db Tg que le nombre absolu des lymphocytes B est normal et que leur phénotype est mature. Afin de vérifier si les lymphocytes B B7.2 Tg présentaient un retard de maturation chez les souris OT-IIB7.2 db Tg âgées de vingt jours, nous avons analysé les cellules B de la moelle osseuse, la rate et les ganglions lymphatiques de ces animaux par un premier marquage avec des anticorps anti-B220 et anti-IgM ainsi que par un second marquage à l'aide des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23. En premier lieu, on peut voir au tableau 1 que le nombre absolu des cellules B n'est pas réduit de façon significative dans la moelle osseuse des souris OT-l/B7.2 db Tg âgées de vingt jours, où celui-ci est de 22 Xl 06 cellules B chez ces souris comparativement à 28 XIQ6 cellules B chez les souris OT-l Tg du même âge. De plus, aucune déplétion significative n'est dénotée au niveau splénique et dans les ganglions lymphatiques des souris OT-IIB7.2 db Tg au jour 20 (résultats non-montrés). Par contre, l'analyse de l'expression des marqueurs CD21 et CD23 montre que les cellules IgM+ présentent toujours un retard de maturation dans la rate et les ganglions lymphatiques des souris OT-IIB7.2 db Tg âgées de vingt jours (figure 12). On peut donc conclure que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg semble se produire en présence d'un réceptoire polyclonal de cellules T mais que le délai de la maturation des cellules B peut être observé lorsque le répertoire des cellules T est restreint chez les souris OT-IIB7.2 db Tg âgées de vingt jours. 59 Tableau 1 Nombres absolus des lymphocytes B de la moelle osseuse chez différentes souris âgées de vingt jours. Moelle osseuse Souris Ctrl n 8 ! 15 ± 3 1 B7.2Tg 10 1 3±2 -------------------------------------------------- --------------------------1------------------------------------------------------------------------OT-I Tg 2 1 28 ± 1 _________g_!:lL~.z:~_~~_I_~__________ ____________~__________J________________________________ ~_~_i__~____________________________ Les résultats ont été obtenus par l'analyse en cytométrie de flux des cellules de la moelle osseuse marquées avec un anticorps anti-B220-FITC. Le nombre absolu de cellules B a été obtenu en sélectionnant les cellules B220+. n représente le nombre de souris analysées pour chaque génotype. 60 Figure 12- Caractérisation phénotypique des lymphocytes B chez les souris OT -11B7.2 db Tg âgées de vingt jours. Les cellules de la rate et des ganglions lymphatiques périphériques ont été marquées avec des anticorps anti-IgM, anti-CD21 et anti-CD23 au jour 20 et analysées en cytométrie de flux. Les nombres indiquent la fréquence des cellules retrouvées dans chaque quadrant pour les souris Ctrl et B7.2 Tg de la lignée 27 des génotypes normal et OT-1 Tg. Les profils CD21 versus CD23 ont été obtenus en sélectionnant les cellules IgM+. Ces résultats sont représentatifs des analyses effectuées sur 8 souris Ctrl, 10 souris B7.2 Tg, 2 souris OT-1 Tg et 3 souris OT-1 Tg/B7.2 db. 61 Figure 12 Rate Normale OT-l Tg CD23 Ganglions lymphatiques 62 4- Discussion et conclusion 4.1 La contrepartie physiologique de l'étude des souris B7.2 transgéniques. Les recherches effectuées par deux groupes de recherche indépendants (Fournier et al., 1997; Van Parijs et al., 1997) sur les souris B7.2 Tg ont révélé une nouvelle fonction attribuée au système B7.2/CD28, soit la régulation de l 'homéostasie des cellules B. En effet, l'expression transgénique et constitutive de la molécule B7.2 par les lymphocytes B chez ces souris cause une déplétion marquée de ceux-ci dans la moelle osseuse (Fournier et al., 1997; Van Parijs et al., 1997) et en périphérie (Fournier et al., 1997). Physiologiquement, la déplétion des cellules B B7.2 Tg reflèterait un moyen utilisé par le système immunitaire afin d'éliminer les lymphocytes B exprimant un niveau trop élevé de la molécule B7.2, ces derniers pouvant occasionner d'éventuels désordres auto-immuns en périphérie (Van Parijs et al., 1997). Il a été démontré récemment que CD80 est détectable à la surface des cellules pro-B et pré-B fraîchement isolées et que l'expression de CD86 est induite chez ces mêmes populations cellulaires suite à une stimulation à l'IL-7 (Gray et al., 2002). L'étude des souris B7.2 Tg, où la molécule B7.2 est exprimée à un degré élevé à la surface des lymphocytes B de la moelle osseuse, est donc un modèle ayant une pertinence physiologique. Le système de déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg, rapporté originellement par Fournier et al., n'est pas la seule molécule de costimulation à être impliquée dans la régulation de l 'homéostasie des cellules B. En effet, Van Parijs et ses collègues ont relaté un phénomène similaire chez les souris B7.l Tg, et ce en plus de corroborer les résultats de Fournier et al. en ce qui a trait aux souris B7.2 Tg (Van Parijs et al., 1997). De plus, Gray et al. rapportent que les cellules stromales ont la capacité d'exprimer CD28, et que l'engagement de ce récepteur aurait un effet négatif 63 sur l'habileté des cellules stromales à supporter l'expansion in vitro des cellules pro-B (Gray et al., 2002). Un autre groupe, Arens et al., observe quant à lui que l'interaction entre CD27 et son ligand CD70 cause une expansion des cellules T effectrices, ces dernières éliminant les lymphocytes B CD70 Tg dans les organes lymphoïdes primaires et secondaires par leur production d'INFy (Arens et al., 2001). De plus, Zhu et al. démontrent aussi une déplétion des cellules B dans la rate et les ganglions lymphatiques chez les souris 4-1 BBL Tg (Zhu et al., 2001). En outre, la protéine CD24, ou HSA, peut agir à titre de régulateur négatif dans le développement des cellules B en causant l'apoptose de celles-ci (Taguchi et al., 2003). Finalement, Martinez-Barnetche et al. proposent l'implication du système CD40/CD40L dans le processus de sélection négative des lymphocytes B, ayant observé l'absence de cellules pro-B dans la moelle osseuse des souris adultes CD40L Tg ainsi que le manque de cellules B dans les organes lymphoïdes périphériques de ces souris (Martinez-Barnetche et al., 2002). L'implication des molécules costimulatrices dans la régulation de l'homéostasie des lymphocytes B s'observe donc dans plusieurs systèmes, ce qui renforce la pertinence de l'étude du modèle de souris B7.2 Tg de Fournier et al. 4.2 L'implication d'un mécanisme apoptotique dans la déplétion des lymphocytes B B7.2 transgéniques. La section 3 de ce mémoire de maîtrise s'intéresse en premier lieu à l'implication d'un mécanisme apoptotique dans la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg. Il a été démontré préalablement que la population de cellules B dans les souris B7.2 Tg est restaurée lorsque la molécule Bcl-2 est exprimée de façon constitutive chez les lymphocytes B (Blanchette, 2001). En effet, la protéine Bcl-2 est une molécule anti-apoptotique régulant l'activation des caspases dans le processus d'apoptose, établissant ainsi une balance entre la 64 survie et la mort cellulaire programmée chez les lymphocytes (Cory et Adams, 2002). Nous avons donc voulu connaître la voie apoptotique jouant le rôle de médiatrice dans la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg. Un mécanisme bien connu conduisant à l'apoptose des lymphocytes implique l'interaction entre Fas et FasL (Krammer, 2000). Il a en effet été rapporté que les cellules T CD4+ peuvent induire la mort cellulaire programmée des lymphocytes B activés par cette voie (Rathmell et al., 1995; Nagata et Golstein, 1995). Cependant, il a été démontré par Fournier et ses collègues que le nombre de lymphocytes B est le même chez les souris B7.2 Tg que chez les souris B7.2 Tg lpr/lpr, ces dernières ayant une mutation dans le gène codant pour la molécule Fas qui empêche celle-ci de générer un signal intracellulaire. Ceci a permis de conclure que la déplétion des cellules B B7.2 Tg est indépendante de la voie apoptotique Fas/FasL (Fournier et al., 1997). Un autre système pouvant engendrer la mort cellulaire programmée des lymphocytes B est celui impliquant les molécules TNF-a et TNFR-l (Sedger et al., 2002). Tel que décrit à la section 3.1, une déplétion des cellules B est toujours observée chez les souris TNFR-l -/- B7.2 Tg (figure 1), ce qui nous amène donc à rejeter l'hypothèse voulant que la voie apoptotique TNF/TNFR-l soit la médiatrice de la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg. En outre, nous avons écarté la possibilité que le second récepteur pour la molécule TNF-a, soit TNFR-2, soit impliqué dans la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg, car ce récepteur n'est pas exprimé par les lymphocytes B de la moelle osseuse (Smith et al., 1994). Plusieurs possibilités peuvent être explorées en ce qui concerne l'apoptose des cellules B enclenchée par des réactions récepteurs-ligands produites entre les lymphocytes B et les cellules T chez les souris B7.2 Tg. Le principal mécanisme dont se servent les cellules T cytotoxiques pour induire l' apoptose chez leurs cellules cibles est le relâchement de granules lytiques contenant les protéines perforine et granzymes (Shresta et al., 1998). Ensuite, il a été démontré que la sécrétion d'INFy par les cellules T dans la moelle osseuse 65 peut empêcher la production d'IL-7 par les cellules stromales, stopper la prolifération des cellules pré-B et causer la mort de ces dernières par apoptose (Garvy et Riley, 1994). De plus, un nouveau mécanisme menant au suicide cellulaire des lymphocytes B a été découvert récemment, soit la liaison de la cytokine IL-2l produite par les cellules T au récepteur IL-2IR exprimé par les cellules B. En effet, il a été publié que la stimulation in vitro de lymphocytes B au repos ou activées à l'aide d'IL-2l peut amener la mort cellulaire programmée de ceux-ci (Mehta et al., 2003). En outre, la protéine CD24, ou HSA, peut réguler de façon négative le développement des cellules B en causant leur apoptose (Taguchi et al., 2003). Finalement, il ne faut pas omettre la possibilité que l'apoptose des cellules B B7.2 Tg soit causée par une molécule encore inconnue. Afin de tester si les molécules énumérées dans le paragraphe précédent sont à l'origine de la mort par apoptose des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg, il aurait été pertinent de mettre au point un système in vitro qui simulerait la déplétion des cellules B observée chez ces animaux. Ce système aurait permis de bloquer directement les récepteurs de ces molécules à la surface de cellules B de la moelle osseuse de souris B7.2 Tg et de voir si cette action peut contrer leur déplétion. Nous avons tenté à de multiples reprises de reproduire in vitro ce mécanisme en mettant en culture des cellules stromales de la lignée S 17 (Collins et Dorshkind, 1987), des cellules T de type sauvage et des lymphocytes B de la moelle osseuse provenant de souris TcR~ -/- B7.2 Tg. Ce système in vitro incluait aussi du surnageant contenant de l'IL-7 préalablement sécrété par un hybridome J558L-IL-7 mis en culture (Winkler et al., 1995). Nous avons testé plusieurs concentrations de ce surnageant IL-7 ainsi que diverses conditions prenant en ligne de compte la quantité de cellules à mettre en culture et différentes périodes d'incubation. Malheureusement, nous n'avons pas observé la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg par cette méthode in vitro. 66 4.3 La participation des lymphocytes T CD4+ et CDS+ dans la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques. Une variable indispensable dans l'accomplissement de la déplétion des cellules B B7.2 Tg est la présence des lymphocytes T (Fournier et al., 1997). Nous avons donc voulu connaître la contribution des sous-populations de cellules T CD4+ et CD8+ dans ce mécanisme. Il est décrit à la section 3.2 de ce manuscrit que les deux sous-populations de lymphocytes T semblent participer à la déplétion des cellules B B7.2 Tg. Par contre, les cellules T CD4+ sembleraient plus efficaces que les cellules T CD8+ dans l'élimination des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. En effet, on observe une déplétion beaucoup plus marquée des cellules B chez les souris p2-m -/- B7.2 Tg que chez les souris I-Ap -/- B7.2 Tg (figures 2 et 3). Nous avons réalisé par la suite que les souris p2-m -/- B7.2 Tg n'étaient peut-être pas le meilleur modèle pour analyser la déplétion des cellules B B7.2 Tg en présence exclusive de cellules T CD4+. En effet, la théorie du "missing self' propose que l'interaction entre une cellule NK et sa cellule cible mène à la lyse de la cellule cible sauf si cette dernière exprime les molécules du CMH de classe l, ces dernières ayant pour effet d'engager des récepteurs inhibiteurs spécifiques à la surface de la cellule NK (Natarajan et al., 2002). Chez les souris p2-m -/-, les molécules du CMH de classe 1 ne sont pas exprimées à la surface des cellules B, ce qui pourrait causer leur lyse cellulaire par les cellules NK. De plus, le récepteur CD28 est présent à la surface des cellules NK et a donc la possibilité d'interagir avec la molécule B7.2 exprimée sur les lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. Ces éléments pourraient peut-être expliquer la déplétion si sévère des lymphocytes B observée chez les souris p2-m -/- B7.2 Tg. Dans le but de mesurer l'effet réel causé par la présence exclusive de lymphocytes T CD4+ sur la déplétion des cellules B B7.2 Tg, il serait approprié d'utiliser un modèle de souris déficientes pour la molécule CD8. 67 Une critique peut être apportée en ce qui a trait aux résultats observés lors de l'analyse des cellules B comprises dans les ganglions lymphatiques périphériques des souris I-Ap -/- B7.2 Tg. En effet, une déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg est visible en terme de fréquence dans les ganglions lymphatiques de ces souris, alors que le pourcentage des cellules B y est de 18 % comparativement à 44 % chez les souris I-Ap -/- (section 3.2, figure 3C). Par contre, cette déplétion n'est pas claire en terme de nombre absolu, où les valeurs fluctuent dans un intervalle très large. Ces résultats confus pourraient être expliqués en partie par le fait qu'une expansion des cellules T CD8+ a lieu dans les souris I-Ap -/- B7.2 Tg, ce qui peut fausser les données en nombre absolu des lymphocytes B dans ces souris (Nicol, 2001). On peut donc conclure sur ce volet du projet que les lymphocytes T CD8+ semblent avoir la capacité de participer à la déplétion des cellules B dans la moelle osseuse et la rate des souris I-Ap -/- B7.2 Tg. Par contre, on ne peut pas tirer de conclusion définitive en ce qui a trait au rôle joué par les lymphocytes T CD4+ dans le mécanisme de déplétion des cellules B B7.2 Tg. 4.4 La cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 transgéniques. Une grande partie de ce mémoire de maîtrise est consacrée à l'hypothèse voulant que la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg soit due à un arrêt du développement des cellules B exprimant de façon constitutive B7.2. En effet, nous avions observé que la population de lymphocytes B restaurée chez les souris Bcl-2/B7.2 db Tg est en majorité composée de cellules immatures (Blanchette, 2001). Nous avons donc effectué la cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 27 de la naissance à l'âge adulte afin de mieux comprendre la déplétion des cellules B chez ces souris. 68 En premier lieu, on ne voit pas de déplétion des cellules B dans le foie des souris B7.2 Tg néonatales, ce qui suggère que ce processus n'est pas un événement prénatal (section 3.3, figure 4). Ensuite, on observe que les cellules B provenant de la rate des souris B7.2 Tg montrent déjà un retard de maturation au jour 2, et ce alors qu'aucune déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg ne soit observée à cette période (section 3.5, figure 7A). Puis on constate qu'une déplétion des lymphocytes B se produit dans la moelle osseuse des souris B7.2 Tg âgées de dix jours ainsi que dans la rate au jour 20 (section 3.4, figure 5; section 3.5, figure 6), mais seulement au jour 60 dans les ganglions lymphatiques périphériques (section 3.6, figure 8). De plus, l'immaturité des cellules B est flagrante dans la rate et les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg âgées de dix et vingt jours (section 3.5, figure 7A; section 3.6, figure 9A). Le nombre absolu de cellules B dans la rate et la moelle osseuse des souris B7.2 Tg demeure par la suite toujours plus bas que le nombre absolu des cellules B dans la moelle osseuse et la rate des souris Ctrl suivant le jour 10 et 20 (section 3.5, figure 6; section 3.4, figure 5), alors qu'une réduction du nombre des cellules B B7.2 Tg n'est observée qu'à partir du jour 60 dans les ganglions lymphatiques (section 3.6, figure 8). Finalement, les lymphocytes B présentent un phénotype mature dans la rate et les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg aux jours 30 et 60 (section 3.5, figure 7A; section 3.6, figure 9A). À la lumière de ces observations, il est clair que les cellules B chez les jeunes souris B7.2 Tg de la lignée 27 présentent un retard de maturation comparativement aux lymphocytes B chez les jeunes souris de type sauvage. Notre première hypothèse était que la déplétion des lymphocytes B en périphérie chez les souris B7.2 Tg découlerait d'un arrêt du développement de ceux-ci dans la moelle osseuse. À la suite de l'élaboration de la cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg, on constate qu'effectivement un système visant à éliminer les lymphocytes B exprimant 69 un niveau trop élevé de la molécule B7.2 semble se produire au niveau de la moelle osseuse. Une première observation suggérant qu'un arrêt du développement des lymphocytes B B7.2 Tg se produit dans cet organe lymphoïde central est le fait qu'au jour 10, on observe très peu de cellules B IgM+ au niveau splénique (section 3.5, figure 6A). L'expression des chaînes lourdes et légères du BCR étant des évènements se produisant initialement au niveau du développement des lymphocytes B dans la moelle osseuse (Janeway, 2001), cette pénurie de cellules B220+ IgM+ dans la rate des souris B7.2 Tg au jour 10 est probablement due à une déplétion préalable des lymphocytes B dans la moelle osseuse. Il est important ici de mentionner une fois de plus qu'aucune déplétion des cellules B n'est observée dans la rate des souris B7.2 Tg âgées de deux et dix jours, alors que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg est constatée au jour 10 dans la moelle osseuse (section 3.4, figure 5; section 3.5, figure 6). Il est regrettable que nous n'ayons pu étudier les cellules B comprises dans la moelle osseuse avant le jour 10, car nous y aurions peut-être observé une déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg. Dans ce même ordre d'idées, il est surprenant d'observer autant de cellules B IgM- au jour 10 dans la rate des souris B7.2 Tg (section 3.5, figures 6A et 7C). En effet, il a été démontré que l'expression de la chaîne lourde d'immunoglobuline du pré-BcR ainsi que des chaînes lourdes et légères du BcR sont des étapes primordiales dans le développement des lymphocytes B afin d'assurer leur survie et leur passage en périphérie (Torres et a!., 1996; Lam et al., 1997). Une question émerge alors: quel sera le destin de ces cellules B IgM - ayant atteint la rate des souris B7.2 Tg au jour 10? D'un point de vue spéculatif, ces lymphocytes B pourraient être éliminés, car il est difficile d'imaginer qu'ils puissent atteindre le pool de cellules matures s'ils n'expriment pas de récepteurs de cellules B (BcR). Les lymphocytes B IgM+ observés aux périodes analysées suivant le jour 10 dans la rate et les ganglions lymphatiques périphériques des souris B7.2 Tg (section 3.5, figures 70 6A et 7C; section 3.6, figures 8A et 9B) pourraient dériver de deux précurseurs: soit elles proviennent de la maturation des quelques cellules B IgM+ observées au jour 10 dans la rate (section 3.5, figures 6A et 7C), soit elles découlent de nouvelles cellules B B7.2 Tg exprimant la molécule IgM qui ont été générées dans la moelle osseuse entre les jours 10 et 20. Finalement, il est possible que ces cellules B IgM+ observées après le jour 10 dans la rate et les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg proviennent des deux précurseurs mentionnés ci-haut. Le fait qu'aucune déplétion des cellules B de la zone marginale de la rate ne soit observée chez les souris B7.2 Tg est une seconde observation qui suggère qu'un arrêt du développement des lymphocytes B se produit au niveau de la moelle osseuse de ces animaux. En effet, on constate que la fréquence des cellules IgM+ CD21 élevé CD23 bas , phénotype correspondant ici aux lymphocytes B de la zone marginale de la rate, est beaucoup plus élevée chez les souris B7.2 Tg que chez les souris Ctrl (section 3.5, figure 7A). D'autres modèles murins, présentant des perturbations au niveau du développement central des lymphocytes B et rapportés dans la littérature, ont aussi démontré que les cellules B de la zone marginale de la rate peuvent survivre malgré un problème de développement des lymphocytes B dans la moelle osseuse de ces animaux. En premier lieu, on peut citer le modèle de souris déficientes pour la molécule IL-7, où une déplétion des cellules B est observée dans la moelle osseuse et la rate de ces souris dès la naissance, et où les lymphocytes B persistant à l'âge adulte sont des cellules B activées correspondant au phénotype des cellules B de la zone marginale (Carvalho et al., 2001). Ensuite, on peut mentionner le système de souris transgéniques RAG-2 tl/dei, où le gène codant pour la molécule Rag-2 peut être inactivé de façon permanente au moment voulu, ce qui résulte en l'absence de production de lymphocytes B par la moelle osseuse (Hao et Rajewsky, 2001). On constate que la déplétion des cellules B folliculaires mais la maintenance des cellules B de la zone marginale dans la rate se produisent chez ces souris 71 adultes (Hao et Rajewsky, 2001). En outre, il est important de mentionner que l'observation des cellules de la zone marginale dans la rate au jour 30 chez les souris B7.2 Tg et de type sauvage est un phénomène physiologiquement valable, car il a été démontré que ce type de lymphocytes B est initialement visible chez la souris lorsque celle-ci est âgée d'un mois (Loder et al., 1999). La maintenance des cellules B de la zone marginale de la rate chez les souris B7.2 Tg, le modèle murin déficient pour la molécule IL-7 (Carvalho et al., 2001) et les souris RAG-2 tl/dei (Hao et Rajewsky, 2001) semble refléter une riposte défensive de la part du système immunitaire dans ces modèles expérimentaux. En effet, un manque de lymphocytes B folliculaires, causé par un défaut dans le développement central des lymphocytes B, amènerait le système à compenser cette perte d'effectifs en se dotant d'un arsenal de lymphocytes B pouvant répondre vivement à d'éventuelles attaques. Les cellules B de la zone marginale de la rate représentent des candidates idéales dans l'accomplissement de cette tâche, celles-ci étant situées dans un site anatomique idéal (Martin et al., 2001) et ayant la capacité de se convertir rapidement en cellules effectrices (Oliver et al., 1999). Les résultats obtenus lors de l'élaboration de la cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg nous suggèrent donc qu'un arrêt du développement des cellules B semble se produire au niveau de la moelle osseuse de ces animaux. Cependant, ces observations proposent aussi qu'un autre système, visant à éliminer les lymphocytes B IgM+ exprimant un niveau trop élevé de la molécule B7.2 et ayant échappées à la déplétion dans la moelle osseuse, se produise au niveau de leur maturation dans la rate. En premier lieu, on observe qu'effectivement une large proportion de cellules B exprimant un niveau élevé de la molécule B7.2 se retrouvent dans la rate des souris B7.2 Tg âgées de deux, dix et vingt jours (section 3.5, figure 7C). En parallèle, on voit aussi que plusieurs lymphocytes B B7.2élevé sont observés 72 dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg aux jours 10 et 20 (section 3.6, figure 9B). De plus, on constate que les cellules B IgM+ CD21CD23-, qui présentent le phénotype des lymphocytes B transitionnels de type 1 ou Tl de la rate (Loder et al., 1999), semblent avoir de la difficulté à atteindre un degré de maturation plus avancé car leur fréquence est beaucoup plus élevée dans la rate des souris B7.2 Tg aux jours 2,10 et 20 qu'au niveau splénique des souris Ctrl à ces mêmes périodes (section 3.5, figure 7A). De plus, on observe que les cellules IgM+ se retrouvant dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg âgées de dix et vingt jours ne représentent pas pour la plupart des lymphocytes B matures ou folliculaires ayant un phénotype IgM+ CD21+ CD23+, mais sont soit des lymphocytes B Tl (IgM+ CD2r CD23-) ou des cellules immatures IgM+ CD21- CD23+ (section 3.6, figure 9A). Ces derniers résultats nous incitent donc à considérer l'hypothèse que deux systèmes pourraient agir chez les souris B7.2 Tg afin d'éliminer les lymphocytes B exprimant un niveau trop élevé de la molécule B7.2, soit un premier système se déroulant dans la moelle osseuse et un second processus agissant au niveau de la maturation des cellules B dans la rate. Un autre point intéressant observé dans la cinétique de l'ontogénie des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg est le niveau d'expression variable de la molécule B7.2 par les cellules B en périphérie aux différentes périodes analysées. En effet, la proportion observée de lymphocytes B B7.2élevé dans la rate et les ganglions lymphatiques est inversement proportionnelle au vieillissement de la souris B7.2 Tg (section 3.5, figure 7C; section 3.6, figure 9B). On constate donc que plus la souris B7.2 Tg prend de l'âge, plus la déplétion des cellules B exprimant la molécule B7.2 à un niveau élevé devient efficace. Ce phénomène pourrait être expliqué par le fait que très peu de cellules T ont quitté le thymus et atteint la circulation chez les souris B7.2 Tg néonatales (résultats non-montrés). Fournier et al. ayant démontré que les lymphocytes T sont essentiels à l'accomplissement de la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg adultes (Fournier et al., 1997), on peut 73 donc supposer que les cellules T ne seraient pas en nombre suffisant dans la circulation des souris B7.2 Tg âgées de deux et dix jours, ce qui expliquerait l'absence de déplétion observée dans la rate de ces animaux à cette période. Dans cet ordre d'idées, on constate que plus l'influx de cellules T dans la circulation augmente avec la croissance de la souris, plus on observe une amélioration de l'efficacité du mécanisme de déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg. En outre, il a été démontré que les cellules T ont atteint un état fonctionnel leur permettant d'interagir avec les lymphocytes B chez les souris néonatales (Astori et al., 1999). Il est donc peu probable que la capacité des cellules T à interagir avec les lymphocytes B B7.2 Tg serait la cause de l'absence de déplétion des lymphocytes B dans la rate des souris B7.2 Tg âgées de deux et dix jours. Un dernier aspect important à considérer dans cette section de la discussion est le fait que la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg ne soit visible dans les ganglions lymphatiques périphériques qu'au jour 60 (section 3.6, figure 8). En effet, il est surprenant d'observer que la déplétion des cellules B B7.2 Tg dans cet organe lymphoïde secondaire soit constatée à une période aussi tardive, alors qu'elle est apparente dans la moelle osseuse au jour 10 et dans la rate au jour 20 (section 3.4, figure 5; section 3.5, figure 6). Il a été démontré dans un autre modèle murin que la déplétion des lymphocytes B en périphérie, causée par l'absence d'un influx de cellules B provenant de la moelle osseuse, a un effet beaucoup plus lent sur la baisse du nombre de lymphocytes B dans les ganglions lymphatiques que dans la rate (Hao et Rajewsky, 2001). Ceci pourrait peut-être expliquer que l'on observe une déplétion aussi tardive des cellules B dans les ganglions lymphatiques des souris B7.2 Tg. 74 4.5 L'importance de la spécificité antigénique dans la déplétion des lymphocytes 8 87.2 transgéniques. La dernière partie de ce manuscrit se consacre à l'importance de la spécificité antigénique dans la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg de la lignée 27. Notre présomption initiale était que ce processus ne nécessitait pas l'engagement du TcR par le complexe CMH Ipeptide. Cependant, nous n'observons pas de déplétion des lymphocytes B dans les souris adultes OT-ll B7.2 db Tg (section 3.8, figure liB). Ayant démontré au préalable, par le biais des souris I-Ap -1- B7.2 Tg, que les lymphocytes T CD8+ sont impliqués dans la déplétion des cellules B B7.2 Tg, nous sommes en mesure d'affirmer que la spécificité de l'antigène présenté par le CMH de classe 1 au TcR est importante dans l'accomplissement de ce mécanisme. Il peut sembler étrange qu'aucune déplétion des lymphocytes B ne soit observée chez les souris OT-l/B7.2 db Tg, car il a été démontré auparavant que des antigènes du Soi existent chez les souris OT-I Tg (Hogquist et al., 1997; Santori et al., 2002). Cette observation est d'ailleurs logique, car la présence d'antigènes du Soi est nécessaire à la sélection positive des cellules T dans le thymus, et des lymphocytes T sont générés chez les souris OT-I Tg. Certaines raisons peuvent expliquer l'absence de déplétion des cellules B chez les souris OT-l/B7.2 db Tg malgré l'existence d'antigènes du Soi chez ces souris, soit la rareté de ces molécules exprimées par le Soi dans ce système, l'incapacité éventuelle des lymphocytes B à présenter ces peptides ou la présentation à un degré insuffisant de ces antigènes du Soi par les cellules B. Certaines expériences pourraient faire suite aux études effectuées sur les souris OT-l/B7.2 db Tg adultes. Par exemple, des souris OT-2/B7.2 db Tg, qui possèderaient des TcRs transgéniques spécifiques aux résidus 323-339 de la molécule d'ovalbumine dans un contexte I-Ab, nous permettraient d'évaluer si une déplétion des cellules B B7.2 Tg a lieu en présence de 75 lymphocytes T CD4+ exprimant un TcR transgénique, et donc si la spécificité antigénique est importante dans ce cas-ci. De plus, il serait intéressant de croiser les souris B7.2 Tg de la lignée 27 avec des souris déficientes pour la molécule H-2M afin d'étudier la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg lorsqu'un seul type de molécule du Soi est présenté par les cellules Baux lymphocytes T CD4+. En effet, le rôle de la protéine H-2M est de catalyser la dissociation du fragment protéique CLIP de la chaîne invariante associée au CMH de classe II, cette dernière étant impliquée dans le transport des molécules du CMH II du réticulum endoplasmique aux endosomes (Janeway et al., 2001). La molécule H-2M étant absente chez ces souris, il n'y a pas de clivage entre le peptide CLIP et la chaîne invariante associée au CMH de classe II. Les autres peptides ne peuvent donc pas s'associer avec la chaîne invariante et être présentés par le CMH II à la surface cellulaire, et il en résulte donc que les APCs de ces souris présentent aux cellules T CD4+ uniquement le complexe peptide CMH II/CLIP. Toutefois, avant d'entreprendre des expériences avec des souris OT-2/B7.2 db Tg et des souris B7.2 Tg déficientes pour la molécule H-2M, il serait important de déterminer si les lymphocytes T CD4+ ont bel et bien un rôle à jouer dans la déplétion des cellules B chez les souris B7.2 Tg. Les expériences chez les souris OT-IIB7.2 db Tg âgées de vingt jours nous ont fourni des éléments très intéressants. En effet, on observe que malgré le fait qu'aucune déplétion des lymphocytes B ne soit constatée au jour 20 dans la moelle osseuse des souris OT-l/B7.2 db Tg (section 3.9, tableau 1), on dénote quand même un retard de maturation des lymphocytes B dans la rate et les ganglions lymphatiques de ces animaux (section 3.9, figure 12). Il semblerait donc que 1'hypothèse voulant que deux mécanismes distincts soient impliqués dans la déplétion des lymphocytes B B7.2 Tg soit pertinente. Un premier système impliquerait les lymphocytes T, représentés dans un répertoire de TcRs polyclonal, dans un processus actif d'élimination des cellules B B7.2 Tg à la suite des signaux 1 (CMH:peptide/TcR) et 2 76 (B7.2/CD28) véhiculés entre les lymphocytes B et les cellules T. L'autre système aurait pour effet de retarder la maturation des lymphocytes B B7.2 Tg et ne nécessiterait pas l'engagement du TcR par le complexe CMH/peptide. 4.6 Conclusion En résumé, ces travaux de maîtrise ont permis de préciser certains aspects du phénomène de déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. En premier lieu, le mécanisme apoptotique conduisant à la déplétion des cellules B B7.2 Tg n'implique pas la voie TNF/TNFR-l. Ensuite, les lymphocytes T CD8+ sont impliqués dans l'élimination des cellules B chez les souris B7.2 Tg. De plus, on observe un retard de la maturation des lymphocytes B au niveau de la rate et des ganglions lymphatiques chez les jeunes souris B7.2 Tg. Ce délai de maturation des cellules B chez ces jeunes souris se produit autant en présence d'un répertoire de TcRs restreint que polyclonal. Finalement, un déficit de lymphocytes B matures folliculaires est observé chez les souris adultes B7.2 Tg, alors que les cellules B de la zone marginale de la rate ne sont pas affectées. Cette déplétion de lymphocytes B chez les souris adultes B7.2 Tg se produit seulement en présence d'un répertoire de TcRs polyclonal. Deux processus immunologiques pourraient donc être à l'origine de la déplétion des lymphocytes B chez les souris B7.2 Tg. Un premier processus causerait un arrêt de maturation des cellules B au niveau de la rate et pourrait s'avérer indépendant de l'interaction entre le TcR et le complexe CMH/peptide. Un second processus, quand à lui, impliquerait l'engagement des TcRs par les complexes CMH/peptide et le signal de costimulation véhiculé entre la molécule B7.2 et son récepteur CD28. 77 En conclusion, les expériences effectuées sur le modèle de souris B7.2 Tg mettent en évidence le rôle du système B7.2/CD28 dans le contrôle de l 'homéostasie des lymphocytes B. 78 5. Remerciements En premier lieu, j'aimerais remercier chaleureusement ma directrice de recherche, Mme Sylvie Fournier, pour m'avoir permis d'évoluer au sein de son laboratoire, pour m'avoir fait bénéficier de sa grande expertise durant mes études graduées à l'Université McGill ainsi que durant mes stages effectués lors de mon baccalauréat dans son laboratoire de l'Université de Sherbrooke, et pour les nombreux conseils prodigués lors de la rédaction et de la correction de ce mémoire ainsi que lors de la préparation de séminaires. Ensuite, je tiens à remercier M. Marcel Brisebois, étudiant au doctorat que j'ai eu le plaisir de côtoyer durant ces années passées au laboratoire, pour ses multiples conseils dans le cadre de mes expérimentations. Je tiens aussi à remercier Mlle Lei Zhu, étudiante à la maîtrise, qui m'a offert son aide à de multiples reprises lors de mes expériences. l'aimerais aussi remercier Mlle Cindy Chan ainsi que M. Dominic Martel, étudiants au baccalauréat honorifique, qui m'ont également beaucoup aidé dans le cadre de mon projet. De plus, je tiens à remercier M. Jonathan Nicol ainsi que M. Alexandre Blanchette, anciens étudiants gradués du laboratoire de Mme Fournier à l'Université de Sherbrooke, pour m'avoir consacré de leur temps lors de mes stages coopératifs. Je voudrais aussi remercier le Dr Martin Olivier d'avoir participé à la correction de ce mémoire de maîtrise. Finalement, j'aimerais remercier les professeurs ainsi que les étudiants du département de microbiologie et d'immunologie de l'Université McGill pour leur aide et leur soutien durant mes études graduées. 79 6. Bibliographie Amano,M., Baumgarth,N., Dick,M.D., Brossay,L., Kronenberg,M., Herzenberg,L.A., and Strober,S. (1998). CD1 expression defines subsets of follicular and marginal zone B cells in the spleen: beta 2-microglobulindependent and independent forms. J. Immunol. 161, 171 0-1717. Arens,R., Tesselaar,K., Baars,P.A., van Schijndel,G.M., Hendriks,J., Pals,S.T., Krimpenfort,P., Borst,J., van Oers,M.H., and van Lier,R.A. (2001). Constitutive CD27/CD70 interaction induces expansion of effectortype T cells and results in IFN gamma-mediated B cell depletion. Immunity. 15,801-812. Astori,M., Finke,D., Karapetian,O., and Acha-Orbea,H. (1999). Development of T-B cell collaboration in neonatal mice. Int. Immunol. 11, 445-451. Balazs,M., Martin,F., Zhou,T., and Keamey,J. (2002). 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