RECOMMANDATIONS DE LA SFC
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ARCHIVES DES MALADIES DU CŒUR ET DES VAISSEAUX, tome 99, n° 2, février 2006
patients qui ont refusé l’implantation d’un défibrillateur) ont été suivis pendant une
moyenne de 29 ± 14,4 mois. Chez un patient, un défibrillateur a été explanté et chez un
autre, un défibrillateur inactivé, 28 patients du groupe défibrillateur sont décédés pen-
dant le suivi contre 40 dans le groupe contrôle mais la différence en termes de survie
n’est pas significative (p = 0,08; HR = 0,65 ; IC à 95 % : 0,4 – 1,06). La mortalité à deux
ans était de 14,1 % dans le groupe contrôle et de 7,9 % dans le groupe défibrillateur. Si
l’on considère l’objectif secondaire, chez 17 patients le décès était d’origine arythmique
dans le groupe contrôle contre 3 dans le groupe défibrillateur (HR = 0,2 ; IC à 95 % :
0,006 – 0,71 ; p = 0,006). L’analyse des sous-groupes préspécifiés est intéressante: les
hommes ont présenté un risque relatif de mortalité globale de 0,49 (p = 0,018) ; par
ailleurs, les patients en classe III de la NYHA avaient un risque relatif de décès après l’im-
plantation d’un défibrillateur de 0,37 (p = 0,02).
En résumé, chez les patients atteints d’une cardiomyopathie dilatée non ischémique
sévère traitée par IEC et β-bloquants, l’implantation d’un défibrillateur réduit de façon
non significative le risque de mortalité globale, mais réduit de façon significative le risque
de mort subite arythmique. Par conséquent, l’implantation routinière d’un défibrillateur
ne peut être recommandée systématiquement pour ces patients, et la décision l’indica-
tion doit faire l’objet d’une analyse au cas par cas.
La plupart des études de prévention primaire de la mort subite par le défibrillateur
ciblaient uniquement des patients coronariens. Seules les études AMIOVIRT et CAT
avaient tenté d’évaluer le rôle d’un défibrillateur implanté à titre prophylactique chez des
populations de cardiomyopathie dilatée non ischémique (AMIOVIRT, CAT). Leur taille (une
centaine de patients) ou le choix d’une population à trop faible risque de décès (CAT),
n’ont pas permis de mettre en évidence un effet même modéré du défibrillateur sur le
risque de décès dans ces populations. Dans DEFINITE, l’efficacité du défibrillateur sur la
mort subite est confirmée. La différence non significative observée en termes de morta-
lité globale entre le groupe contrôle et le groupe défibrillateur est presque entièrement
due à une différence entre le nombre de morts subites arythmiques dans les deux
groupes. Le taux de morts subites arythmiques plus bas que prévu (environ 30 % dans le
groupe standard au lieu de 50 % attendus), est peut-être dû en partie à une observance
très élevée du traitement β-bloquant et IEC (supérieure à 85 %). L’analyse de sous-
groupes, qui met en évidence un groupe de patients (NYHA classe III) bénéficiant du défi-
brillateur, mérite bien sûr confirmation, car il s’agit, pour l’instant, de la seule étude qui
ait mis en avant cet élément. En effet, si dans DEFINITE l’analyse de sous-groupes avait
été prévue, elle ne s’avère pas assez puissante pour détecter une différence. Par ailleurs,
la taille du sous-groupe des patients en classe III de la NYHA était extrêmement petite,
comparant respectivement 49 patients dans le groupe contrôle et 47 patients dans le
groupe DAI.
INSUFFISANCE CARDIAQUE
L’étude SCD Heft (Sudden Cardiac Death in Heart Failure Trial) [15] est une étude de
prévention primaire de la mortalité dans l’insuffisance cardiaque légère ou modérée
(classe NYHA II ou III) par un défibrillateur implantable (DAI), fondée uniquement sur la
fraction d’éjection sans tenir compte de l’étiologie. L’objectif principal était la mortalité
toutes causes confondues. Elle a randomisé 2521 patients avec une fraction d’éjection
⭐35 % (médiane 25 %) et en classe NYHA II (70 %) ou III (30 %), avec un traitement
conventionnel optimal, auquel on rajoutait un placebo (847 pts) ou de l’amiodarone (845 pts)
en double aveugle, ou un défibrillateur monochambre (829 pts). Après un suivi médian
de 45,5 mois (en notant que la durée de l’étude a été prolongée d’un an par rapport au
plan d’étude initial), la mortalité a été identique dans les groupes placebo (29 %) et
amiodarone (28 %), alors qu’elle était plus faible dans le groupe avec défibrillateur
(22 %), soit une diminution du risque relatif de 23 % (RR à 0,77 ; IC à 97,5 % 0,62 – 0,96 ;
p = 0,007), soit en 5 ans une diminution absolue de 7,2 %. Dans cette étude, le taux de
complication lors de la pose d’un défibrillateur était de 5 %, et de 9 % au cours du suivi.
Cette étude confirme après beaucoup d’autres et avec un long suivi l’efficacité du DAI
dans la prévention de la mort subite et surtout quand la FE est < 30 % (MADIT I [8], AVID
[2], CASH [4], CIDS [3]) que ce soit en prévention primaire ou secondaire. Le gain relatif
de 23 % est moins important que lors des études portant sur des patients avec des
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