En TDM simple source, le krypton n’a été utilisé que dans des travaux expérimentaux
(6,7).
Deux expériences préliminaires d’étude de la ventilation en TDM double énergie avec
xénon ont été rapportées par une équipe coréenne chez 12 patients et dans un cas pédiatrique;
les auteurs démontrent la faisabilité de l’extraction du xénon en double énergie mais
rapportent des effets secondaires chez deux patients, à type de difficultés respiratoires durant
la phase d’inhalation du gaz (8,9).
Parce qu’il n’existait jusqu’à ce jour aucune méthode d’imagerie susceptible d’utiliser
du krypton, l’inhalation d’un mélange krypton-oxygène n’a jamais été testé, ni chez des sujets
volontaires ni chez des patients atteints de bronchopneumopathie. Il est donc important
d’apporter des éléments sur l’innocuité du mélange que cette étude se propose de tester en
TDM double énergie : (a) en ce qui concerne le krypton, il s’agit d’un gaz rare qui, comme les
autres gaz rares tels que l’argon, le néon et le xénon, est un gaz non toxique (source
« Toxicologie Clinique » [10] ; source Poisindex [11] ; sources internet [12], recherchées en
collaboration avec le Dr Linke –Centre Antipoison – CHRU de Lille et le Pr Lhermitte –
Centre de Biologie – CHRU de Lille); sa couche externe étant saturée en électrons, toute
recombinaison entre du krypton et une autre substance est impossible ; il existe donc
seulement en tant qu’élément; (b) le mélange gazeux comporte 20% d’oxygène, proportion
similaire à celle de l’air ambiant évitant toute baisse de la FiO2 chez le patient. Le mélange
reconstitue, de manière artificielle, un mélange proche de l’air où l’azote est remplacé, dans
les mêmes proportions, par le krypton. Il n’y a donc pas d’effet négatif à attendre sur la
fonction respiratoire du patient de l’inhalation de ce mélange, compte-tenu de sa composition,
du caractère non toxique du krypton, et du faible volume inhalé par le patient pour les besoins
de l’examen TDM. Supérieures aux proportions oxygène-xénon (70%-30%), les proportions
80%/20% du mélange sont celles qui doivent permettre d’obtenir, dans des conditions de
sécurité pour le patient, le meilleur signal en TDM double énergie en raison du numéro
atomique du krypton (Z=36), inférieur à celui du xénon (54). Par ailleurs, la faible
concentration en xénon dans les études citées est rendue impérative en raison des effets
secondaires de ce gaz.
En ce qui concerne le mélange krypton/oxygène, les concentrations de l’étude
envisagée ont été testées chez l’animal et chez l’homme sans effet délétères, en particulier
sans effet sur la fonction respiratoire [16].
Ainsi, le projet de recherche envisagé dans le cadre de la thèse d’université du Dr
Hachulla a pour objectif d’utiliser les possibilités de la technologie double énergie pour
étudier la ventilation pulmonaire régionale après inhalation de krypton chez les sujets
atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) post-tabagique afin d’étudier
la ventilation en fonction de différents états morphologiques du poumon. Chez tout fumeur
BPCO, la structure du poumon peut être normale, et l’on attendra une ventilation normale
dans ces zones, ou le siège d’une destruction par emphysème, et l’on attendra une réduction
de la ventilation dans ces zones anatomiques. Cette hétérogénéité de distribution de la
ventilation est importante à analyser car elle permet de juger de l’efficacité de l’échangeur