TECHNIQUE INSTRUMENTALE
36 SPECTRA ANALYSE n° 261 • Avril - Mai 2008
Par contre, si l’échantillon, c’est-à-dire la cathode, est
isolant, il va se charger en raison du bombardement
continu par les ions Ar+ et la décharge luminescente
s’éteindra, les ions positifs ne pouvant plus attein-
dre la cathode. Ce problème peut être contourné
en appliquant une tension alternative, la fréquence
la plus utilisée étant de 13,56 MHz, entre les deux
électrodes de façon à ce que chaque électrode joue
alternativement le rôle de cathode et d’anode. De
façon simplifi ée, on peut considérer que les charges
accumulées durant un demi cycle seront neutralisées
par les charges de signe opposé accumulées pendant
le demi cycle suivant.
La décharge luminescente RF peut ainsi être utilisée
pour l’analyse directe de solides isolants mais aussi de
solides conducteurs.
Enfi n, le mode de fonctionnement peut être pulsé
et consiste à appliquer une tension, à partir d’une
décharge continue ou RF, sous forme d’impulsions
discrètes dont les durées sont comprises entre la ms
et la μs (1, 2). Ce mode de fonctionnement off re la
possibilité de travailler en résolution temporelle, le
plasma obtenu est transitoire et ses caractéristiques
sont fonction du temps. Les courtes durées d’impul-
sions de ce type de décharge seront donc parfaite-
ment adaptées à l’analyse de surface et à l’étude de la
composition élémentaire des « couches minces » et
des matériaux « fragiles ».
1.2 – Lampes à décharge luminescente
Parmi les diff érentes géométries de lampes à déchar-
ge luminescente développées pour la GDMS, trois
sont particulièrement utilisées (fi gure 3). La lampe à
cathode creuse, similaire à celles employées en ab-
sorption atomique, permet une pulvérisation et une
ionisation plus élevées en raison de sa confi guration.
Son inconvénient majeur est l’éventuelle incompati-
bilité des échantillons avec cette géométrie.
La lampe à échantillon bâtonnet utilise des échan-
tillons préalablement mis sous forme d’électrodes
de 10 à 20 mm de longueur et de 1 à 3 mm de dia-
mètre, l’électrode étant placée au centre de l’anode.
Ce type de source est destiné à l’analyse de traces en
volume dans les solides. Enfi n, la dernière lampe per-
met l’analyse d’échantillons plans. Outre l’analyse en
volume d’échantillons homogènes, cette lampe per-
met l’analyse résolue en profondeur. Le contrôle de la
puissance permet de maîtriser la vitesse d’érosion par
les ions Ar+ ainsi que la forme du cratère. En créant
un cratère de la dimension de l’anode, 4 mm par
exemple, à une vitesse de l’ordre de quelques μm/min
on peut ainsi suivre l’évolution de la concentration
d’un élément en fonction de la profondeur analysée.
Pour une géométrie donnée, trois paramètres con-
trôlent le fonctionnement de la décharge : le courant
(1 à 10 mA), la tension (0,5 à 2 kV) et la pression (0,1
à 10 mbar), deux d’entre eux étant imposés. Le taux
de pulvérisation obtenu dans les conditions classi-
ques d’utilisation de ces lampes est de l’ordre de 0,1 à
1 μg/s selon les matériaux.
Dans tous les cas de fi gure, les ions, représentatifs de
l’échantillon, sont ensuite extraits vers le spectromè-
tre de masse par l’intermédiaire d’une interface mu-
nie d’un pompage diff érentiel. Une tension est égale-
ment appliquée pour apporter l’énergie nécessaire à
l’extraction des ions. Les ions extraits sont ensuite fo-
calisés sur la fente d’entrée du spectromètre de masse
qui va séparer ces ions en fonction de leur rapport
masse sur charge (m/z). On obtient ainsi un spectre
de masse représentant le nombre d’ions relatif de dif-
férents rapports m/z, caractéristiques des isotopes
des éléments présents dans l’échantillon.
2 - Séparateurs de masse
La source à décharge luminescente a été associée
avec les principaux types de séparateurs de masse :
quadripôle, secteur magnétique et temps de vol.
Les quadripôles ont été couplés à la source à dé-
charge luminescente dès la fi n des années 1970 (3,
4) comme alternative à la spectrométrie de masse à
étincelles pour l’analyse élémentaire des échantillons
conducteurs.
Une des principales limitations de la GDMS quadri-
polaire est sa résolution en masse, de l’ordre d’une
unité de masse atomique, qui ne permet pas de ré-
soudre les interférences isobariques dues aux ions
polyatomiques.
La décharge luminescente a également été couplée
avec l’analyseur à secteur magnétique. Outre les ap-
pareils développés dans des laboratoires de recher-
che, un GDMS, le VG 9000, a été commercialisé au
milieu des années 1980 par la société britannique VG
Elemental (acquise par le groupe ermo en 1996).
Il s’agit d’un spectromètre de masse à double foca-
lisation (secteur électromagnétique + secteur élec-
trostatique) qui présente une résolution de l’ordre de
4 000 en routine permettant de résoudre la plupart
des interférences avec les ions polyatomiques.
Le spectromètre à temps de vol est particulièrement
bien adapté au couplage avec une source pulsée où
l’échantillonnage par « paquets » d’ions est adapté au
fonctionnement du spectromètre de masse. La réso-
lution en masse est de l’ordre de 2 000 à 3 000 et per-
met de discriminer de nombreux ions interférants
des ions d’intérêt.
En raison des possibilités d’acquisition de spectres
extrêmement rapides (typiquement 20 kHz), ce cou-
plage présente des perspectives intéressantes pour
l’analyse résolue en profondeur dans les solides et
l’analyse de surface (5) ainsi que pour la mesure de
rapports isotopiques.
Figure 3
Schémas de diff érentes
géométries de lampes à
décharge luminescente.