
TRAITEMENT  DE  LA  FIBRILLATION  ET  DU  FLUTTER  AURICULAIRES 
PAR  LES  CHO CS  ÉLECTRIQUES  EXTERNES  TRANSTHORACIQUES 
(COURANT  DIRECT)
A  propos  de  150  cas
P a r   A.  M A T H IV A T ,  D.  CLÉMENT  et  D.  R O SEN T H A L
(Paris)
A  la  fin  d e  l’a im ée  1963,  nous  avons  ex posé  dans  ces   colon nes,  les  résultats  d ’une  étu d e  prélim inaire  intéressant  31  cas 
de  F.  A. (fibrillation  auriculaire)  traités  par  des  ch oc s  électriques  externes  transthoraciques  à  l’aide  d ’un  défibrillateur  utilisant 
le  courant  continu  (D C   103  Se rdal).
Les  prem iers  résultats  avaient  été   très  encoura geants,  ce tt e  nouvelle  th éra peu tique  s’éta nt  révé lée  à  la  fois  in offen sive 
et  rem arquablem ent  effica ce.  Nous  en   a vo ns  d on c  poursuivi  régu lièrem ent  l'application  à  un  grand  nom bre  d e  F.  A.  et  nous 
y  avons  associé  quelqu es   malades  atteints  de  Flut.  A.  (flutter  auriculaire).
N o tr e  attention  n’est  pas  d e  rappeler  ici  les  raisons  trop  conn u es  qu i  doiv ent  inciter  à  traiter  av ec  la  dernière  énergie 
et  qu e lq u efo is   d e  tou te  u rg en ce  les  troubles  du  rythm e  à  point  d e  d épart  auriculaire,  ni  les  d ifféren tes  éta p es  qui  tant  sur 
le  plan  expérim enta l  q u e   cliniqu e  nous  ont  conduits  aux  applications  pratiqu es  d e  c e tt e  tech n iqu e  en c ore  très  nou velle  en 
thérapeutiqu e  cardiologiq ue.  C es  ren seign em ents  figu rent  d a n s  un  p ré céd en t  article,  réd igé  dans  cet te   rev u e  m êm e,  et 
auquel  le  lecteur  pourra  se  reporter.
Nous  voulons  simplement  rendre  compte  aujourd’hui  de  la 
poursuite  de  notre  expérience  personnelle  qui  s’étale  mainte
nant  sur  près  d ’un  an  et  qui  intéresse  un  lot  de  malades  plus 
important.
MATÉRIEL.  MALADES.  MÉTHODES
L'appareil  utilisé  est  un  défibrillateur  autonome  à  courant  direct 
(courant  continu).
Le  choc  de  défibrillation  est  lié  à  la  décharge  d’un  condensateur 
d’une  durée  très  brève  de  3  à  4  millièmes  de  seconde.  Le  choc  inter
vient  en  dehors  de  la  période  vulnérable  du  cycle  cardiaque,  grâce 
à  un  système  de  synchronisation  incorporé.  L’énergie  externe  déve
loppée  est  de  50  à  160  joules.
Les  électrodes  sont  très  larges,  elles  ont  une  surface  de  180  cm2. 
Leur  construction  réalisée  en  matériaux  isolants  de  premier  choix, 
leur  confère  une  grande  sécurité  d’emploi.
Les  malades.  —   150  malades  atteints  de  tachycardie  ou  de 
tachy-arythmie  permanentes  d’origine  auriculaire  ont  été  soumis  à 
l’action  des  chocs  électriques  externes  transthoraciques,  à  l’aide  du 
défibrillateur  utilisant  le  courant  direct  ou  continu.
Ils  se  répartissent  en  84  hommes  et  66  femmes.  L ’âge  moyen 
est  de  57,3  ans.  Le  plus  jeune  a  27  ans.  Le  plus  âgé,  81  ans.
Tous  un  trouble  rythmique  d’origine  supraventriculaire,  135  une 
arythmie  complète  par  fibrillation  auriculaire,  15  une  tachycardie 
ou  une  tachy-arythmie  permanente  par  flutter  auriculaire.
A)  Dans  le  groupe  des  135  F.  A.,  de  beaucoup  le  plus  important, 
on  compte  75  hommes  et  60  femmes,  avec  une  moyenne  d’âge  de 
56,9  ans.
Pour  68  d’entre  eux,  le  trouble  du  rythme  résume  à  lui  seul  toute 
la  cardiopathie.  Il  s’agit  de  F. A:  idiopathique  dont  la  fréquence  ne 
cesse  de  croître  depuis  quelques années,  et  qui  est  aujourd’hui  devenue 
d’observation  courante  chez  les  sujets  de  50  à  60  ans,  apparemment 
indemnes  de  toute  autre  manifestation  cardiaque  organique.
Dans  69  cas  (pour  67  malades),  le  trouble  du  rythme  complique 
une  cardiopathie  préexistante  ou  concomitante  valvulaire,  artérielle, 
de  type  dégénératif,  péricarditique  en  endocrinienne.  Une  affection 
mitrale,  ou  aortique,  ou  l’association  des  deux,  sont  observées  dans 
43  cas.  Une  hypertension  artérielle  ou  un  insuffisance  coronarienne, 
ou  les  deux  associées,  sont  retenues  chez  24  malades.  Enfin,  dans 
2  cas.  l’existence  d’une  péricardite  calcifiée  non  constrictive  et  d’une 
hyperthyroïdie  a  été  individualisée.
En  outre,  une  insuffisance  cardiaque  gauche  ou  globale,  momen
tanément  contrôlée  par  le  traitement  classique,  est  présente  chez 
34  malades.  Elle  est  définie  par  les  signes  cardiaques  et  périphériques
Le  choc  électrique  extern e  par  courant  direct  occupe 
une  place  croissante  dans  le  traitement  de  la  fibrillation 
auriculaire.  L es  résultats  obtenu s  chez  ISO  m alades  per
mettent  d e  préciser  les  indications  et  les  limites  d e  la 
m éth od e qui,  d ès  maintenant,  parait  fournir  d es  résultats 
supérieurs  à  ceu x  du  traitement  médical.
habituels,  la  cardiomégalie  aux  rayons  X,  observée  33  fois,  et  les 
altérations  de  l’électrocardiogramme.  Dans  4  observations,  il  est,  de 
plus,  fait  état  d’une  ou  plusieurs  embolies  de  la  grande  circulation.
B)  Dans  le  groupe  des  15  Flut.  A.  on  compte  9  hommes  et  6  femmes 
dont  l’âge  moyen  est  de  60  ans  avec  comme  extrêmes  39  et  73  ans.
Dans  4  cas,  il  s’agit  de  flutter  idiopathique  :  le  trouble  du  rythme 
est  isolé.
Pour  11  autres  malades,,  il  existe  une  cardiopathie  associée  :  9  ont 
une  valvulopathie  de  type  rhumatismal ;  5  un  rétrécissement  mitral 
prédominant ;  1  une  insuffisance  mitrale  pure  ou  prédominante,
2  une  maladie  mitrale  associée  à  un  rétrécissement  aortique ; 
1  un  rétrécissement  aortique  pur ;  2  ont  une  angiopathie :  1  une 
hypertension  artérielle  modérée ;  1  un  angor  d’effort  par  insuffisance 
coronarienne.
Plus  de  la  moitié  de  ces  malades  ont  une  insuffisance  cardiaque 
avec  gros  cœur  aux  rayons  X.  Dans  la  plupart  des  cas,  cette  insuffi
sance  cardiaque  n’a  pas  pu  être  contrôlée  par  un  traitement  digita- 
lique,  mais  parfaitement  établi  et  poursuivi.
Pour  l’ensemble  de  ces  150  malades,  nous  n’avons  pas  opéré  un 
choix  systématique  dans  les  indications  du  choc  électrique.  Ceci  est 
surtout  vrai  pour  les  débuts  d’application  de  cette  méthode.  Bien 
entendu,  nous  nous  sommes  toujours  attachés  à  faire  bénéficier  par 
priorité  ceux  des  malades  chez  qui  une  ou  plusieurs  tentatives  de 
régularisation  médicamenteuse  avaient  précédemment  échoué,  ou 
ceux  particulièrement  intolérants  à  la  digitaline  ou  à  la  quinidine.
Actuellement,  et  instruits  d ’une  expérience  déjà  longue, 
nous  opérons  plus  volontiers  une  sélection  des  sujets  à  défibriller. 
Non  pas  que  nous  redoutions  une  com plication  ou  un  incident 
imputables  à  la  méthode  dont  l’inocuité  nous  a  paru  entière, 
mais  nous  avons  su  discerner  certains  des  facteurs  qu’il  y  a 
lieu'  de  prendre  en  considération  pour  supputer  avec  une  cer
taine  probabilité  le  succès  ou  l’échec  éventuels.