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rien étant le néant absolu. Rien, d'où nous sommes tirés, selon le midrash, se situe comme un média,
entre Dieu et la Création, ou encore un symbole qui nous permet de comprendre d'où vient la
Création (ex nihilo, et non pas d'un monde informe préexistant). "Aleph" est équivalent au chiffre
"1", et il désigne l'Unité ou le Tout, le monde de Dieu, avant le monde créé. Le monde créé, le nôtre,
répond au chiffre "2" (soit l'équivalent hébreu du "b", la lettre beth), et il est en effet le monde de la
dualité (qui est à la fois celui de la contradiction permanente et de la complémentarité, l'un n'allant
pas sans l'autre), où tout fonctionne par couples. Entre aleph et beth, le midrash observe des mondes
intermédiaires qui ont été créés, mais dont Dieu n'était pas satisfait et qu'il détruisait au fur et à
mesure, au contraire du nôtre, dont il dit être satisfait, au moins dans l'instant et au lieu (si l'on peut
dire!) de la Création, signifiant, entre autres, que :
• Dieu a un plan, dont il poursuit la mise en œuvre,
• la Création est duelle, car elle se sépare de Dieu, la créature et Dieu étant "autres" et en
quelque sorte complémentaires, de même que toute la Création : le ciel et la terre,
l'ombre et la lumière, l'homme et la femme, etc.,
• le "principe" de la Création (ou de son plan, ce que nous appelons "le Grand dessein de
Dieu") est entièrement inscrit dans son commencement puisque "berechit" contient
"rechit", qui signifie "principe",
• commencement et plan signifient "évolution", soit que la Création évolue et que la
Révélation se dévoile progressivement, l'un et l'autre processus étant concomitants.
• commencement est présenté comme contenant un projet, une promesse, comme si le
principe de la rédemption n'était pas dû à une "chute", ou un "péché", mais au fait de
l'altérité, condition fondamentale de la Création entre un Dieu d'un autre ordre
(transcendant) et une création immanente,
• l'altérité nécessite un mode de gestion réciproque : Dieu planifie, dessine, et l'homme
réalise. L'homme est créateur à l'image de Dieu, mais il y une limite qu'il ne pourra pas
dépasser, par exemple se prendre pour le Créateur, et cette limite sera celle de l'Arbre
de la connaissance.21
- UN DEUXIÉME EXEMPLE DE MIDRASH AUTOUR DE GN 1-2,4a : "Telle fut l'histoire…"
"Telle fut l'histoire du ciel et de la terre, quand ils furent créés."22
En exégèse chrétienne, on note que "histoire" (en hébreu "toledot") signifie "descendance", et que,
"par l'emploi de ce mot ici, la création est démythisée, elle est le commencement de l'histoire, elle
n'est plus, comme en Sumer et en Egypte, une suite d'engendrements divins"23. Nous sommes bien
mis face à face avec un Créateur, Dieu unique, universel, éternel, transcendant, dans une relation
21 Cf. EISENBERG Josy et ABÉCASSIS Armand, op. cit. Paris, 2004, page 28
22 Gn 2,4a
23 Note c, ad Gn 2,4a