La moelle de St Thomas - 2 Epiphanie
le Thomatique ? Une base de données d’articles de fond touchant à la foi catholique.
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Saint Augustin, dans ses Questions sur les Évangiles, ex-
plique le verset de saint Matthieu (11, 18) : La sagesse a été
justiée par ses enfants, de la façon suivante : « Les saints
Apôtres ont compris que le royaume de Dieu
consistait, non dans le boire et le manger, mais
dans une parfaite égalité d’âme », eux que l’abondan-
ce n’exalte pas, non plus que la disette ne les déprime. »
Et dans son troisième livre De la Doctrine Chrétienne, saint
Augustin écrit encore : « En toutes ces sortes de choses, ce
n’est pas l’usage, mais le désir de celui qui en use, qui peut
être coupable ». Or, il est également licite et louable, ou de
garder l’abstinence en se séparant du commun des hom-
mes, ou de se ranger à une vie commune, en demeurant
dans la société des humains. Aussi, le Seigneur a-t-il vou-
lu donner l’exemple de ces deux modes de vie. Saint Jean
Chrysostome l’observe, « tandis que Jean n’avait à son
service que sa vie et sa justice, le Christ avait le té-
moignage de ses miracles. Tout en laissant Jean
briller par son jeûne, lui-même a donc procédé par
une vie contraire : il a pris place à la table des pu-
blicains, et il y a mangé et bu ».
C’est le même Docteur qui dit encore : « Si le Christ
a jeûné, c’est pour que l’on apprenne quel est le
bienfait du jeûne, quel bouclier il constitue contre
le démon, et combien après le baptême, il est né-
cessaire de se livrer, non à l’intempérance, mais au
jeûne. Ce n’est pas par besoin que le Christ a jeû-
né, mais pour notre instruction. Son jeûne ne dépas-
sa pas celui de Moïse et d’Élie, pour qu’on ne refusât pas
de croire qu’il avait pris une chair humaine ».
Cependant, ce ne fut pas sans raison que le Christ,
après avoir jeûné dans le désert, revint au mode habituel
de vivre. N’est-ce pas là, en eet, une obligation pour ceux
dont le rôle est de transmettre aux antres les vérités qu’ils
ont contemplées ? Ce rôle, le Christ ne l’a-t-il pas rempli ?
Aussi bien, après s’être adonné à la contemplation,
est-il descendu sur le terrain de l’action, en vivant
avec les autres hommes : « Le Christ a jeûné, écrit saint
Bède, an que vous n’en violiez pas le précepte ; mais il a
mangé avec les pécheurs, an que, devant sa grâce, vous
reconnaissiez son pouvoir ».
(III q., XL, a. XI.)
Jeudi
LE CHRIST DEVAIT MENER
UNE VIE PAUVRE.
Il est dit en saint Matthieu (8, 20) : Le Fils de
l’Homme n’a pas où reposer sa tête : comme s’il disait,
selon saint Jérôme : « Pourquoi tenez-vous à me suivre, à
cause des richesses et des gains du siècle, alors que si gran-
de est ma pauvreté, que je n’ai pas à moi, ni le plus petit
logement, ni le plus petit abri ».
Et sur ce passage de saint Matthieu (17) : an que nous
ne scandalisions pas, va à la mer, etc., saint Jérôme dit enco-
re : « Cette parole si simple édie l’auditeur, quand
on comprend que le Seigneur était si pauvre, qu’il
n’avait pas de quoi payer le tribut pour lui et ses
Apôtres ».
I
Il convenait que le Christ menât une vie pauvre sur la
terre :
a) C’était favorable au ministère de la prédica-
tion, pour lequel il dit être venu. Allons ailleurs dans les bour-
gades voisines an que j’y prêche aussi ; car, c’est pour cela que je
suis venu. (Marc 1, 38.) Or, il faut que les prédicateurs
de la parole de Dieu, pour se donner tout à fait à
la prédication, soient complètement aranchis de
tout souci des choses séculières : ce que ne peuvent
pas faire les possesseurs de richesses. Aussi le Christ lui-
même, quand il envoie ses Apôtres prêcher, leur dit : Ne
prenez ni or ni argent. (Matth. 10, 9.) Et les Apôtres diront
eux-mêmes : Il ne convient pas que nous laissions la parole de
Dieu pour servir aux tables. (Act. 6, 2.)
b) De même que le Christ a pris la mort corpo-
relle, pour nous faire bénécier de la vie spirituel-
le, de même il a supporté la pauvreté corporelle,
pour nous faire bénécier des richesses spirituel-
les, selon cette parole : Vous savez la grâce de Notre-Seigneur
Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était,
an de vous faire riches par sa pauvreté. (2 Cor. 8, 9.)
c) S’il avait eu des richesses, on aurait attri-
bué sa prédication à la cupidité. C’est ce que dit saint
Jérôme : « Si les disciples avaient eu des richesses, ils auraient pa-
ru prêcher pour le gain, et non pour le salut des hommes ». La mê-
me raison vaut pour le Christ.
d) La vertu de sa Divinité devait d’autant plus
éclater, qu’il paraîtrait plus vil par la pauvreté.
C’est ce qui a été dit dans un discours au Concile d’Éphè-
se : « Le Christ s’est plu dans les choses pauvres et viles,
dans la médiocrité et dans l’obscurité, an qu’il parût évi-
dent que c’est sa Divinité qui transformait le monde. A
cause de cela, il a voulu une mère pauvre, une petite pa-
trie : il s’est fait dénué d’argent ; sa crèche nous prêche tout
cela ».
(3, q. 60, a. 3.)
II
Il n’était pas expédient que le Verbe incarné
menât, dans ce monde, une vie opulente, et super-
be par les honneurs et les dignités.
a) Parce qu’il était venu pour arracher aux cho-
ses terrestres, les esprits des hommes, adonnés au