Introduction
L’évaluation traditionnelle de la fonction cardiaque fait appel à l’électrocardiographie, à la
radiographie et à l’échocardiographie, examens longs, coûteux et pas nécessairement disponibles
dans toutes les structures vétérinaires. Ces dix dernières années, les marqueurs biologiques
cardiaques – ou bio-marqueurs cardiaques – ont pris une place au premier rang dans le diagnostic
et le suivi des cardiopathies chez l’homme, et de nombreux articles ont montré de belles
perspectives pour ces marqueurs chez le chien également.
Pour les cardiologues, il a pu sembler injuste que le cœur, contrairement au foie ou aux
reins, ne puisse pas être évalué par des tests sanguins rapides et largement disponibles. Pendant
des années, les seuls candidats potentiels pour explorer le cœur par voie sanguine ont été la
créatine kinase dans sa fraction MB (CK-MB) ou la myoglobine, sans que ces deux marqueurs ne
donnent entière satisfaction dans leurs résultats ou leur utilisation. La découverte des peptides
natriurétiques a été un grand pas en avant dans l’étude des affections cardiaques chez l’homme,
puis chez l’animal, jusqu’à ce que leur dosage devienne aujourd’hui un examen de routine en
médecine humaine, pour l’établissement du diagnostic ou du pronostic, en Cardiologie, comme en
Urgentologie.
L’intérêt croissant pour ces tests sanguins en médecine vétérinaire repose sur leur large
disponibilité, une méthode peu invasive, un coût faible et le besoin de peu d’équipements
spécialisés puisqu’une prise de sang suffit. Les résultats sont également obtenus rapidement et
peuvent être donnés par un laboratoire d’analyse décentralisé ou un laboratoire d’analyse propre
pour les plus grosses structures.
En médecine vétérinaire, on trouve de nombreuses applications aux bio-marqueurs
cardiaques chez le chien où ils peuvent servir au diagnostic de maladies cardiaques (Maladie
Valvulaire Dégénérative, Dirofilariose, Insuffisance Cardiaque Congestive, Cardiomyopathies
hypertrophiques, Epanchements péricardiques, etc.), comme outil pour faire la distinction entre
des animaux présentant des symptômes respiratoires d’origine cardiaque ou non, ou même lors
d’affections touchant d’autres systèmes (syndrome dilatation-torsion de l’estomac, Piroplasmose)
L’utilisation de ces bio-marqueurs chez le chat n’en est encore qu’à ses tous débuts. Ce
travail se propose de faire le point sur les différents marqueurs disponibles et utiles à l’heure
actuelle en cardiologie vétérinaire féline. Une part importante de ce travail sera également
consacrée aux analyses de ces bio-marqueurs et à la difficulté d’interprétation des résultats des
dosages dans certains cas de figure. Nous développerons par la suite deux enjeux majeurs de
l’utilisation de ces bio-marqueurs cardiaques chez le chat en pratique clinique courante : en
cardiologie, dans le dépistage des cardiopathies et l’optimisation des examens complémentaires
traditionnels ; et en urgentologie, dans la prise en charge d’un chat dyspnéique présentant de
l’œdème ou un épanchement pleural. Enfin, nous terminerons en évoquant des perspectives
concernant l’utilisation de ces bio-marqueurs cardiaques chez le chat, en pratique vétérinaire
courante.