CD4+ et la charge virale moyens se situaient respectivement à 750 cellules et à moins de 50 copies.
Les médecins ont enlevé les amygdales des volontaires suivants :
5 personnes séronégatives en bonne santé
6 personnes séropositives non traitées
4 personnes séropositives en multithérapie
Des échantillons de sang et de tissu lymphatique ont été prélevés chez cinq singes infectés par le VIS avant et après
l’amorce d’un traitement anti-VIH.
Résultats—dans le sang
Les personnes séropositives qui ne prenaient pas de médicaments présentaient des taux élevés de deux protéines
appelées TRAIL et FasL. Ces protéines peuvent pousser les cellules du système immunitaire à se suicider dans le
cadre d’un processus appelé apoptose. Les personnes qui suivaient une multithérapie présentaient des taux
quasiment normaux de TRAIL et de FasL.
Les amis de la mort
Pour être capables de faire leur travail, c’est-à-dire provoquer l’apoptose cellulaire, les protéines TRAIL et FasL
doivent repérer sur la surface des cellules les récepteurs qui leur correspondent et s’y attacher. Les récepteurs en
question sont, respectivement, le DR5 (
death receptor
5 en anglais) et le Fas.
De façon générale, les cellules CD4+ dans le sang des personnes qui ne suivaient pas de multithérapie présentaient
beaucoup de ces récepteurs à leur surface.
Résultats—dans le tissu lymphatique (amygdales)
Les taux de TRAIL et de FasL étaient élevés dans le tissu lymphatique des personnes séropositives qui ne recevaient
pas de médicaments anti-VIH. Il en était de même pour le nombre de récepteurs DR5 et Fas présents à la surface de
leurs cellules.
Les chercheurs se sont toutefois étonnés de constater que le nombre de récepteurs DR5 et Fas dans les tissus et
les ganglions lymphatiques était deux fois plus élevé chez les personnes en multithérapie, comparativement aux
personnes séronégatives en bonne santé. Ce résultat est surprenant parce que le nombre de récepteurs présents
dans le sang des patients en multithérapie était presque normal.
Stupéfaits, les chercheurs ont répété leurs expériences sur des singes porteurs du VIS et ont obtenu les mêmes
résultats.
Un mot au sujet du VIH
Lorsque le VIH pénètre dans le corps humain, il s’achemine vers les ganglions et les tissus lymphatiques et se met à
infecter et à détruire directement des cellules du système immunitaire. La destruction immunologique causée par le
VIH peut se produire indirectement aussi, cependant. Le virus induit en effet une hyperactivation du système
immunitaire qui rend celui-ci plus vulnérable aux dommages. Cette hyperactivation a également pour effet d’inciter le
système immunitaire à s’attaquer à lui-même, notamment par le biais de l’apoptose (suicide) des cellules T et autres.
Malgré le recours à une multithérapie antirétrovirale, un système immunitaire hyperactif dans lequel on trouve un
nombre excessivement élevé de récepteurs DR5 et Fas risque de subir des dommages importants s’il est ciblé par
d’autres pathogènes envahissants. Par exemple, la co-infection par un virus de la famille des herpès (VHS-1, VHS-2,
CMV, EBV, HHV-8, etc.), le virus de l’hépatite C ou la bactérie responsable de la syphilis pourrait augmenter les taux
des protéines destructrices TRAIL et FasL. Puisque les cellules d’un système immunitaire hyperactif manifestent déjà
une tendance suicidaire en présentant des récepteurs DR5 et Fas à leur surface, toute co-infection qui accroîtrait
l’exposition des cellules aux protéines TRAIL et FasL pourrait affaiblir davantage le système immunitaire.
Les résultats obtenus par cette équipe américo-suédoise contribuent à expliquer pourquoi plusieurs années de
multithérapie ne parviennent que partiellement à réparer le système immunitaire.