Partie 1 chap 1

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Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
Chap. 1
LA GUERRE DE 1939-1945 ET LE ROLE DE L’AFRIQUE
- Présenter les origines de la guerre ;
- Décrire le déroulement1 de la guerre ;
- Identifier les principales forces en présence ;
- Relever le rôle de l’Afrique
1
INTRODUCTION
- Caractériser la seconde guerre mondiale.
La seconde guerre mondiale est un conflit2 militaire mondial qui se déroula de 1939 à 1945.
Elle éclata en 1939 sous la forme d’un conflit européen opposant principalement l’Allemagne
à la coalition franco-britannique, mais se généralisa bientôt, impliquant presque toutes les
nations du globe.
I- LES ORIGINES3 DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
1- Les héritages de la Première Guerre mondiale : des traités de paix contestés
Les traités de Versailles du 28 juin 1919 et ceux signés en 1919-19204 n’ont pas supprimé les
ressentiments, les haines entre les peuples et portent une part de responsabilité dans la marche
à la Seconde Guerre mondiale.
Le traité de Versailles « a privé l’Allemagne de tous ses navires marchands de haute mer, de
toutes ses colonies… il lui a enlevé les houillères de la Sarre, et le minerai de fer de la partie
de la Lorraine qui avait été annexée en 1871 (…) » L’Allemagne fut aussi soumise au
paiement, pour des décennies, d’énormes réparations5. L’opinion publique allemande ressent
comme une humiliation les amputations territoriales et le paiement de très lourdes réparations.
Dans ces conditions, la politique étrangère de l’Allemagne à partir de 1919 fut portée sur la
remise en cause des stipulations du traité de Versailles, jugées iniques ou excessives.
L’Europe centrale et orientale se retrouvait morcelée6 : la disparition de l’Autriche-Hongrie se
traduisant par la création de nombreux petits États7 souvent très fragiles, mécontents de
1
Enchaînement (d'événements) dans la durée Synonyme: progression Synonyme: marche Exemple : suivre le
déroulement des opérations
2
Lutte armée entre deux ou plusieurs États Synonyme: guerre
3
Ce qui explique ou détermine (un phénomène ou un processus) Ex : des troubles d'origine nerveuse • un conflit
qui a de lointaines origines
4
Traité de Saint-Germain du 10 octobre 1919 avec l’Autriche ; traité de Trianon du 4 juin 1920 avec la Hongrie ;
traité de Neuilly du 27 novembre 1919 avec la Bulgarie et traité de Sèvres du 10 août 1920 avec la Turquie.
5
Le montant de celles-ci est fixé en 1921 à 132 milliards de marks-or, payables en annuités.
6
Voir carte pp. 62-63 dans Histoire :d’une guerre à l’autre (1914-1939)
7
Jusqu’en 1919 existaient quatre empires multi-ethniques :austro-hongrois, allemand, russe et ottoman.
L’empire hongrois disparait totalement, pour éclater en nouveaux Etats : Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Autiche
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frontières qui ne tenaient que fort peu compte des problèmes de nationalités8 — autant de
germes potentiels pour de nouveaux conflits. Les vainqueurs s’étaient surtout préoccupés de
construire "un cordon sanitaire" contre l’extension de l’idéologie révolutionnaire hors de
l’URSS.
2
L’Italie, bien que victorieuse, était elle aussi mécontente de son sort, estimant la victoire
"mutilée", car ses revendications territoriales en Dalmatie et en Albanie n’étaient pas
satisfaites. Il faut dire qu’au sortir de la guerre, l’Italie souffre d’abord d’une profonde crise
morale et nationale. Les principes wilsoniens du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
aboutissent à priver l’Italie de la Dalmatie, de peuplement slave, attribuée à la Yougoslavie ;
Le port de Fiume et sa région, revendiqué par les deux Etats, sont constitués, sous la pression
des puissances, en territoire indépendant. Les traités de paix violent ainsi la promesse faite à
l’Italie en 1915 pour l’inciter à entrer en guerre. L’Italie ne reçoit que 10% des réparations,
n’a aucun mandat sur les ex-colonies allemandes ou turques et son gouvernement se voit
contraint de faire évacuer Fiume, occupé par les volontaires dirigés par d’Annunzio. La
propagande nationaliste dénonce la « victoire mutilée ».
Aux Etats-Unis, Wilson se heurte à une violente opposition républicaine au sénat. Il refuse
toutes les modifications qui auraient rendu le traité acceptable à la majorité requise des 2/3 du
sénat. Le 19 novembre 1919, le traité est repoussé une première fois par le congrès, et le 19
mars 1920, il l’est définitivement. La rupture est donc totale entre le rôle prééminent des
Etats-Unis dans la construction de la paix et leur abstention dans leur application.
2- La division des vainqueurs de la Première Guerre mondiale ou les intérêts divergents des
Etats européens
La France et la Grande-Bretagne ont des intérêts divergents après la guerre ; ce qui favorise le
retour en puissance des vaincus.
A l’opposé de Wilson, Georges Clemenceau, chef du gouvernement français, est animé par un
mobile essentiel : la sécurité de la France. La neutralisation militaire de la rive gauche du
Rhin complétée par une Pologne anti-allemande et anti-bolchevique, ainsi que le
développement des tendances fédéralistes au sein de la nouvelle Allemagne sont, selon lui,
les meilleurs garants pour la l’avenir de la France. Il se heurte toutefois à Wilson et au premier
ministre britannique Lloyd George.
Le chef du gouvernement britannique tient avant tout au maintien de l’équilibre en Europe
pour éviter la renaissance d’un conflit dans lequel serait entraînée l’Angleterre. Or, il estime à
et Hongrie. Quant à la Pologne, elle est reconstituée à partir de territoires pris à l’Allemagne, à l’AutricheHongrie et à la Russie. L’ex empire allemand est amputé de 15% de son territoire et de 10% de sa population.
L’immense empire ottoman, réduit à l’Anatolie intérieure, laisse la place à de nouveaux Etats : Arabie, Palestine,
Irak, Transjordanie, Syrie, Liban, placés sous la tutelle de la Grande-Bretagne ou de la France.
8
Le principe wilsonien des nationalités, qui voulait que chaque Etat créé repose sur une base nationale, n’a pas
été totalement respecté. Le nouveau tracé des frontières a laissé subsister de nombreuses entorses à ce
principe. Ainsi la T6chécoslovaquie compte-t-elle 3 millions d’Allemands –les Sudètes – sur le pourtour de la
Bohème et 700 000 Hongrois en Slovaquie. De même, la Roumanie a annexé 1,3 millions de Hongrois et la
Yougoslavie 460 000. La Prusse orientale est séparée de l’Allemagne par le corridor de Dantzig peuplé
majoritairement d’Allemands, qui ouvre à la Pologne un étroit accès à la mer.
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juste titre que le danger allemand est éliminé, d’autant plus que la flotte de guerre est
internée à Scapa-Flow sous le contrôle de la « Royal Navy ». Au contraire la première
puissance sur le continent est désormais la France. Par un jeu de bascule très anglais, le
gouvernement de Londres, hier allié de la France contre l’Allemagne, se rapproche de celleci. Comme Wilson, Lloyd George attache beaucoup d’importance au droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes ; il a, en fait, quatre objectifs : éliminer la menace bolchevique, « faire
payer » l’Allemagne, renforcer la cohésion de l’empire britannique et ne pas laisser dominer
l’Europe par la France.
3- L’échec de la sécurité collective et du désarmement (SDN)
3
Dans son programme en 14 points, Wilson avait fait figurer la constitution d’ « une
association générale des nations … ayant pour objet d’offrir des garanties mutuelles
d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands Etats. » Cette
idée est matérialisée dans le traité de Versailles en son article 1 er qui crée la SDN. Cette
organisation voit le jour en 1920 et se voit attribuer la mission de régler pacifiquement les
conflits par la « sécurité collective9 » et l’arbitrage et de conduire à un désarmement
général.
Mais, ce double objectif n’a pu être atteint. L’échec de la sécurité collective se manifeste des
agressions des pays fascistes que la SDN n’a pas pu enrayer.
L'attitude du Japon qui agresse la Chine et occupe la Mandchourie en Septembre 1931 le
même Japon qui est membre du conseil de sécurité de la SDN quitte l'organisation le 27 mars
1933 et c'est là un grave échec pour la SDN
L'attitude d'Hitler qui ne songe qu'à réaliser son programme écrit dans "Mein Kamf" ou "Mon
combat". Premier point du programme: Annuler le traité de Versailles ; Créer un espace vital
pour le surplus de la population Allemande. C'est pourquoi l’Autriche est annexée le 13 mars
1938 ; les Sudètes le sont en octobre 1938 alors que le reste de la Tchécoslovaquie est
démantelée en mars 1939 par l’Allemagne ; le 1er septembre 1939, Hitler lance son armée
sur la Pologne.
L'attitude de l'Italie fasciste qui envahit l'Ethiopie en Octobre 1935 pays membre de la SDN
depuis 1923. Les sanctions économiques décidées contre l'Italie deviennent par la suite
inutiles car non appliquées. L'empereur d'Italie Victor Emmanuel II devient empereur
d'Ethiopie le 9 Mai 1936. La SDN lève le 4 Juillet 1936 des sanctions inutiles.
L’échec du désarmement viendra sonner le glas de la SDN. Certes lors de la conférence de
Washington (novembre 1921-février 1922), les principales puissances décident de limiter leur
armement naval10, mais les délibérations de la commission de désarmement mise sur pied en
1926 ont laissé entrevoir des divergences de conception au sujet du désarmement. La France
9
Système politique international reposant sur la garantie mutuelle des Etats contre toute agression et sur la
promotion des moyens pacifiques de règlement des contentieux éventuels.
10
Le Japon se voit reconnaitre le droit à une flotte égale aux trois cinquièmes de celles des Etats-Unis et du
Royaume-Uni (dont les flottes sont égales), mais très supérieure à celles de la France et de l’Italie, mises sur un
pied d’égalité.
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qui est une puissance militaire terrestre préoccupée de sa sécurité, n’envisage de désarmer
qu’une fois la sécurité collective assurée. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis, abrités derrière
de profonds glacis maritimes, ne redoutent aucune invasion et ne disposent que d’armées
réduites ; ils préconisent un désarmement immédiat et inconditionnel pour les armements
terrestres ; non pour les armements navals qui leur tiennent plus à cœur. L’URSS préconise,
elle, un désarmement total, mais s’oppose à tout contrôle. Quant à l’Allemagne, elle réclame
l’égalité des droits avec ses partenaires. Lors de la grande conférence sur le désarmement
tenue en février 1932, tous les plans de désarment successivement présentés sont donc rejetés
l’un après l’autre. Puis, en 1933 l’Allemagne hitlérienne annonce son retrait de la conférence
et de la SDN. En avril 1934, la France déclare qu’elle assurera elle-même sa sécurité. C’est
l’échec de la sécurité collective et de la SDN.
Cet échec de la SDN sur ces deux volets s'explique surtout par les causes internes:
- La SDN n'a pas été universelle dès le début, l’appui des Etats Unis lui a manqué. Et l'URSS
entre à la SDN à l'heure où elle agonisait déjà. En effet, Le traité de Versailles et le pacte de la
SDN qui y est incorporé n’ont pas été ratifiés par le sénat américain. Les Etats-Unis ne sont
donc pas membres de cette organisation à la création de laquelle ils avaient contribué. Aussi,
la SDN perd son principal soutien politique et militaire.
- L’exclusion provisoire des Etats vaincus et la mise à l’écart de la Russie ne peuvent
qu’affaiblir l’autorité morale et l’efficacité de l’institution. L’opinion publique allemande, en
particulier, ressent la SDN comme une machination contre l’Allemagne vaincue, dépouillée
de ses colonies au profit des vainqueurs, sous le couvert des « mandats » confiés par la SDN.
Celle-ci prend ainsi l’allure d’un instrument politique au service des alliés, hypocritement
abrités derrière de grands principes généreux pour mieux écraser les vaincus. Quant à la
Russie, elle ne peut aucunement éprouver le désir de défendre un ordre international défini en
dehors d’elle et souvent contre ses intérêts.
- La SDN a accueilli en son sein des Etats totalitaires au lieu d'admettre les Etats qui se
gouvernent librement (cas de l'Italie, du Japon et de l'Allemagne).
L’absence de toute force armée capable de faire respecter les décisions de la SDN, une
fois celles-ci votées à l’unanimité.
4- Le rôle de la crise économique de 1929
La crise économique de 1929 menace la paix en suscitant parmi les nations des agresseurs
potentiels. La paralysie du système monétaire international, l’effondrement des échanges
commerciaux accentuent les clivages entre les « nations nanties » -Etats-Unis, Royaume-Uni,
France- et celles qui affirment être « prolétaires » : Allemagne, Italie, Japon. Les premières
disposent de réserves d’or ; elles peuvent compter sur leurs empires coloniaux. Chez les
autres, la crise est catastrophique. Dès 1931, par exemple, l’Allemagne n’est plus en mesure
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d’assurer le règlement de ses échanges extérieurs. En Allemagne, en Italie et au Japon11, la
conquête d’un « espace vital12 » est présentée par les nationalistes comme la première
nécessité. La lutte contre le chômage s’appuie sur le réarmement 13. La Seconde Guerre
Mondiale plonge donc ses racines dans l’âpreté des antagonismes économiques. Par ailleurs,
la crise affaiblit les démocraties qui sont désormais incapables de stopper les menaces de
guerre que les régimes fascistes font peser sur le monde.
5- Les agressions fascistes et passivité14 et pacifisme15 des démocraties occidentales
5
La crise a suscité au Japon, en Italie et en Allemagne une volonté d’expansion 16 afin de se
doter de l’espace vital. Face aux actes d’agression des pays fascistes, les démocraties
occidentales ont brillé par leur passivité et leur pacifisme.
La crise de 1929 n’a eu qu’un impact amorti sur le Japon qui se sort plus rapidement que les autres de ses
difficultés. Le recul de la production n’a pas dépassé 15% et la reprise s’amorce dès 1931. L’abandon de
l’étalon-or, en décembre 1931, et la forte dépréciation du yen – près de 60% - stimulent les exportations.
12
Pour Hitler, la conquête du Lebensraum procurera à la race des seigneurs les vivres, les matières premières,
les terres et les esclaves nécessaires à son destin d’exception. Raison pour laquelle en 1938 les tropues
allemandes pénètrent en Tchécoslovaquie qui lui barre l’accès de l’Europe orientale, et notamment du précieux
pétrole roumain.
Quant à Mussolini, il est décidé désormais de mener une grande politique extérieure sur trois principaux
théâtres : mécontent de sa « collection de déserts », il revendique pour l’Italie des colonies de peuplement,
capables d’accueillir ses enfants en surnombre. Il entend ensuite que son peuple, héritier des Romains, joue un
rôle prépondérant en Méditerranée, la Mare Nostrum. Il considère enfin les régions danubiennes comme
l’ « hinterland européen de l’Italie », une zone d’expansion économique naturelle en même temps qu’un bouclier
protecteur pour Trieste, dont Hitler souhaite faire le débouché méditerranéen de son Reich. Aussi se fait-il
notamment le champion de l’indépendance de l’Autriche. Lui aussi entreprend de réarmer. En 1935, l’Iatlie, au
nom des « nations prolétaires », envahit l’Ethiopie.
Le Japon a tiré profit de la Première Guerre mondiale pour étayer son influence et accroître sa puissance :
fourniture aux Alliés, conquêtes de nouveaux clients asiatiques –en Inde et en Chine – aux dépens de leurs
anciens fournisseurs occidentaux. Le Japon a occupé les territoires allemands de la Chine et du Pacifique. Il a
manœuvré pour se faire reconnaitre des droits sur ces nouvelles possessions extérieures (l’abstention de
l’Europe, accaparée par la guerre, lui a permis d’imposer un quasi-protectorat à la Chine, contrainte d’accepter
ses « 21 demandes » en 1915. Mais après 1919, le Japon doit renoncer à la plupart de ses avantages, abandon
précisé par une politique conciliante à l’égard de la Chine et par l’adhésion à la sécurité collective. Il se résigne à
accepter les clauses de la conférence navale de Washington en 1922. Ces signes de bonne volonté lui ont permis
de multiplier ses investissements en Chine. Avec la crise devient rapidement populaire l’idée de substituer à la
conciliation un panasiatisme actif dont le résultat serait d’assurer un débouche inépuisable aux produits japonais,
et de remplacer les Anglo-saxons comme puissance prépondérante en Asie. Le Japon rompt donc toutes les
contraintes internationales en 1933-1936 : en 1931, il envahit la Mandchourie qu’il annexe en 1933 ; en 19331935, il contrôle la Chine du Nord-Est ; puis la guerre sino-japonaise, à partir de du 7 juillet 1937, permet la
conquête programmée de toute la Chine centrale et méridionale.
13
Pour résorber le chômage massif, les gouvernements totalitaires se sont lancés tout d’abord, comme ailleurs,
dans une politique de grands travaux : construction d’autoroutes, drainage de régions marécageuses,
défrichements. Mais, c’est le réarmement qui assure à ces pays la reprise de leur activité industrielle. La
production d’armements, l’orientation des biens de consommation vers l’armée, la constitution de stocks de
vêtements, de chaussures, d’aliments de conserve permettent en effet de résoudre une des contradictions
fondamentales manifestées alors par le système capitaliste, à savoir le déséquilibre entre la production et le
marché.
14
Manque de réactivité ou d'énergie Synonyme: inertie Exemple : la passivité d'une personne dépressive
15
Politique doctrine qui s'oppose à la guerre comme à la violence et défend la paix négociée
16
Accroissement du territoire ou de la domination (d'un pays au détriment d'autres pays) expansion coloniale •
lutter contre l'expansion d'un pays belliciste
11
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a) Les agressions japonaises en Chine et la passivité de la SDN et des Etats-Unis (voir carte
page 304, Histoire : d’une guerre à l’autre (1914-1939), Hachette,)
6
La passivité des puissances démocratiques se révèle lors de l’attaque japonaise sur la Chine en
1930. Dès cette année, le Japon ressent durement les effets de la crise. Avec la chute des
exportations, il craint de ne pouvoir financer l’achat du ravitaillement et des matières
premières indispensables. Le chômage dans les villes et la misère des campagnes, consécutive
à l’effondrement des cours agricoles, favorisent la propagande nationaliste qui prône comme
solution à la crise un politique de conquête. En revanche, les libéraux, partisans d’une
expansion économique pacifique, perdent du terrain. En septembre 1931, un attentat sur le
chemin de fer mandchourien17, provocation montée18 de toutes pièces, sert de prétexte au
déclenchement d’une vaste opération de conquête ; toute la Mandchourie et les provinces
frontières chinoises du Jehol et du Tchahar sont occupées. En mars 1932, le Japon organise sa
conquête sous la forme d’un empire détaché de la chine, le « Mandchoukouo » ; à sa tête, il
place Pou Yi, le dernier empereur de Chine, détrôné à l’âge de 3 ans, en 1912.
Par son attaque contre la Chine, le Japon s’est livré à une agression qui viole le pacte de la
SDN dont les deux pays sont membres et le pacte Briand-Kellogg19 de 1928. En principe, la
condamnation du Japon par la SDN, à laquelle la Chine s’est empressée de faire appel,
comme l’opposition des Etats-Unis, ne font aucun doute. Les fonctionnaires de la SDN sont à
ce point persuadés de l’efficacité de l’institution qu’ils voient sans trop de déplaisir le
nouveau conflit. Ils espèrent le désamorcer et le résoudre aussi vite et aussi bien que les
précédents et donner ainsi à l’organisation genevoise une autorité sans égale, fondée
désormais sur une expérience décisive, et la preuve de son aptitude à régler toute tension entre
puissances, qu’elles soient petites comme de 192 à 1931, ou grande comme dans le conflit
sino-japonais. Mais la requête présentée au Japon par la SDN de procéder au repli de ses
troupes dans la zone du chemin de fer se heurte à un refus qui prend de court la plupart des
hommes 20politiques. La SDN, dès lors, ne sait plus que faire ; elle n’ose ni appliquer des
sanctions, ni même déclarer le Japon coupable d’agression. Le 17 mars 1933, le Japon, qui
n’avait adhéré à la SDN qu’avec beaucoup d’hésitation et sur l’insistance de Wilson, s’abrite
derrière le premier prétexte venu pour annoncer, à la stupéfaction générale, qu’il quitte la
Les nationalistes, nombreux dans l’armée, sont impatients d’agir dans la province chinoise de Mandchourie.
Cette importante région minière et agricole est limitrophe de la Corée, un quasi-protectorat de Tokyo. La victoire
de 1905 sur la Russie a donné au Japon, en Mandchourie même, la concession de la presqu’île du Leao-tong,
Port-Arthur, et celle de la zone du chemin de fer sud-mandchourien avec le privilège d’y assurer la police. Vers
1930, l’influence japonaise s’est encore affirmée par des investissements, l’installation de colons et la présence
dans la zone de la voie ferrée d’environ 30 000 soldats ; mais elle paraît menacée par le réveil de la Chine sous
l’action du parti nationaliste le Guomindang.
18
Après l’échec, au printemps, d’une tentative de coup d’Etat à Tokyo, des membres de l’état-major de l’armée
de Mandchourie décident d’accomplir une véritable provocation, sans l’aval de leur gouvernement. Dans la nuit
du 18 au 19 septembre 1931, des Japonais déguisés en Chinois sabotent la voie ferrée.
19
Il s’agit d’un traité signé le 27 août 1928 par une soixantaine d’Etats dont l’Allemagne et l’URSS et auquel
presque tous les Etats existant à l’époque ont fini par adhérer. Il fut une initiative du ministre français des
affaires étrangères, Briand (qui voulait faire progresser la sécurité collective par d’autres voies que la SDN, et
surtout, introduire dans le système les Etats-Unis, sans lesquels la sécurité ne serait pas effective.) et du
secrétaire d’Etat américain, Kellogg, qui proposait d’ouvrir le pacte à toutes les nations. Ce pacte condamne « le
recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux ».
20
Voir cours précédent sur l’affaiblissement des démocraties libérales.
17
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SDN. Quant aux Etats-Unis, où la crise renforce l’isolationnisme, ils se bornent à une
condamnation morale de l’agression nippone. Le prestige de la SDN est ruiné. Le Japon est
encouragé à pousser son avantage par la passivité des puissances occidentales.
La conquête de la Chine du Nord se poursuit discrètement, et, au début de 1933, le Jehol,
entre la Mandchourie et la Grande muraille, est envahi ; les troupes de Tokyo menacent Pékin.
7
En 1937, Tokyo prend la décision capitale d’entreprendre, au prix d’une guerre véritable, la
conquête systématique de la Chine. Il lui parait urgent, devant le réveil de la Chine sous
l’impulsion de Tchang Kai Chek, d’y établir un protectorat, et de couper court à une
industrialisation dont le Japon souffrirait. Internationalement, le moment est propice :
l’empire nippon est allié à l’Allemagne qui, par ses agissements, monopolise l’attention de
l’Occident. Le 7 juillet 1937, le Japon saisit le prétexte d’un incident près de Pékin pour
déclencher une offensive générale : c’est le début de la guerre en Extrême-Orient et le
véritable point de départ de la Seconde guerre mondiale. Son but est de contrôler toute la
« Chine utile », c’est-à-dire les régions les plus actives de l’Est, les vallées très peuplées, les
villes, les ports. Couper la Chine du monde extérieur et de l’aide qu’elle pourrait en recevoir –
soviétique jusqu’en 1938, américaine ensuite- est réalisé à la fin de 1938. Pékin conquise (2627 juillet), les Japonais envahissent toute la Chine du Nord-Est y compris la presqu’île du
Shantoung ; à la fin de 1937, ils contrôlent en outre tous les ports importants, dont Shanghai.
De là, ils remontent le cours du Yang Tsé Kiang sur plus de 1000 km et s’emparent en 1938
des villes de Nankin et de Hankéou. A la fin de 1938, les Japonais ralentissent leur
progression : ils tiennent l’essentiel de la Chine utile. Devant l’impossibilité d’en finir avec la
résistance chinoise, par une attaque frontale, Tokyo décide de l’asphyxier en coupant le
ravitaillement en armes de Tchang Kai Chek ; ce qui suppose de futures offensives contre les
empires coloniaux britannique et français et même contre les Etats-Unis.
b) L’agression italienne en Ethiopie et la timide réaction des Occidentaux
Depuis 1933, Mussolini sonde à s’emparer du dernier Etat indépendant d’Afrique, l’Ethiopie.
Mussolini espère écraser sans mal cet Etat encore médiéval, et effacer ainsi l’humiliation
subie en 1896 lors du désastre d’Adoua. Bien que l’Ethiopie soit membre de la SDN, le Duce
ne redoute pas la réaction des démocraties occidentales, ses partenaires de Stresa : il prétend
que Laval, qui l’a toujours nié, lui aurait laissé les mains libres dans la région ; quant à
l’Angleterre, il connait son profond pacifisme.
200 000 soldats italiens bien armés attaquent, le 3 octobre 1935, les guerriers démunis de
l’empereur éthiopien, le Négus Hailé Salassié. Les difficultés du terrain retardent la victoire
finale jusqu’au début de mai 1936 : le 2, le Négus s’enfuit ; le 5, sa capitale, Addis Abéba,
tombe. Le 9, l’Italie Annexe l’Ethiopie : le roi d’Italie ajoute à ses titres celui d’ « empereur
d’Ethiopie ».
Sur l’initiative de l’Angleterre qui redoute le voisinage italien pour le Soudan égyptien et le
canal de Suez, la SDN déclare, le 7 octobre 1935, l’Italie coupable d’agression et passible de
sanctions financières et économiques. Mais, dans la pratique, on cherche à ménager
Mussolini : ainsi certaines marchandises intéressant l’effort de guerre, notamment le charbon,
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sont l’objet d’un embargo, mais d’autres, aussi essentielles, comme l’acier, les textiles et le
pétrole, ne le sont pas Ces demi-mesures irritent donc l’Italie sans la gêner. Trop heureuse de
l’occasion21, l’Allemagne s’empresse de lui fournir le charbon qui lui est nécessaire.
Le 28 décembre 1935, Mussolini dénonce les accords de Stresa. Une tentative franco-anglaise
d’alourdir les sanctions en élargissant l’embargo aux produits pétroliers manque encore son
but : Les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de la SDN, poursuivent leurs livraisons à
l’Italie. Les démocraties sont jouées : Mussolini a réussi son coup de force et rompu avec
elles ; la diplomatie nazie a toute liberté d’agir.
8
c) Le soutien germano-italien à Franco et la dérobade22 des démocraties
De monarchie, l’Espagne est devenue, en 1931, une république ; mais la vie politique y est
toujours aussi agitée. Depuis février 1936, un Front populaire regroupant la gauche gouverne
à Madrid ; mais, le 17 juillet, un putsch militaire, né au Maroc espagnol, déclenche la guerre
civile ; dès le 25 juillet, un gouvernement rebelle dirigé par le général franco s’installe à
Burgos. L’Allemagne et l’Italie se proclament solidaires des putschistes : ce sont d’ailleurs
des avions italiens obligeamment23 prêtés qui ont transporté les troupes de Franco du Maroc
en Espagne. En revanche, l’URSS et la France, elle aussi gouvernée depuis juin par un Front
populaire, soutiennent les républicains de Madrid. Sans réelle sympathie pour ce
gouvernement de gauche, les conservateurs britanniques l’appuient cependant. L’Espagne
peut donc devenir le champ de bataille entre les pays fascistes d’une part, les démocraties et
l’URSS de l’autre.
Mais, les démocraties se dérobent. En France, la gauche au pouvoir tient pour les républicains
espagnols, la droite presque unanime pour Franco. Craignant le déclenchement d’une guerre
civile entre Français, Léon Blum, le président du conseil, se résigne en août 1936 à proposer
aux puissances une politique de « non-intervention »en Espagne : il s’agit de ne fournir à
aucun des camps du matériel de guerre ou des volontaires. Tous, y compris les Etats fascistes
s’y engagent.
Dès la fin de 1936, cependant, la « non-intervention » a échoué. L’Italie et l’Allemagne aident
puissamment Franco ; en 1937, Mussolini lui a envoyé 40 000 « chemises noires », formant
Hitler s’était auparavant heurté à Mussolini au sujet de l’Autriche. En effet, Hitler voulait être l’artisan de
l’Anschluss, l’union entre l’Allemagne et l’Autriche, sa patrie. Dès 1933, le parti nazi autrichien de SeyssInquart, soutenu par le Reich, entretient l’agitation. Mais Mussolini tient à l’indépendance de l’Autriche. En
cherchant à y mettre fin, le Führer teste la détermination italienne. LE 25 juillet 1934, un commando nazi investit
la chancellerie à Vienne et tue le chancelier Dollfuss, un ami personnel de Mussolini. Aussitôt le Duce envoie
trois divisions sur le col de Brenner, à la frontière italo-autrichienne : par ce geste, Mussolini manifeste que
l’Italie souhaite dans la région le maintien de l’état territorial établi en 1919-1920. Hitler, encore insuffisamment
armé, doit renoncer et désavouer l’initiative des nazis autrichiens. Il est désormais convaincu de la nécessité
d’attirer l’Italie dans son camp, en l’amenant, par des concessions ailleurs, à renoncer à ses ambitions en Europe
centrale. Au reste, s’il méprise les italiens, il estime le Duce, l’un de ses maîtres à penser.
22
Attitude qui consiste à éviter d'affronter les situations difficiles ou les obligations pénibles Exemple : la
dérobade des parents devant leurs responsabilités
23
Avec courtoisie et le souci de rendre service (soutenu) Synonyme: complaisamment Exemple : renseigner
obligeamment un étranger
21
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
quatre divisions complètes de « volontaires » commandées par leurs propres officiers. Hitler
n’a dépêché que quelques milliers d’hommes, mais spécialistes, pilotes de chars et d’avions,
avec leur matériel dont il veut éprouver la qualité. En comparaison, l’aide fournie au régime
légal par les démocraties et l’URSS – des armes convoyées clandestinement ou les volontaires
des « Brigades internationales » - est plus modeste. Aussi, les républicains, affaiblis par leurs
divisions, ne cessent-ils de reculer. Dans l’hiver 38-39, la chute de Madrid sonne le glas de
l’Espagne républicaine.
d) La violation des clauses militaires de Versailles (1934-1936), faiblesse et démission des
démocraties
9
- Officialisation du réarmement par Hitler et faible réaction des démocraties
Le 16 mars 1935, Hitler annonce brutalement le rétablissement du service militaire
obligatoire24 de deux ans en Allemagne et la création d’une aviation militaire la Luftwaffe,
confiée à Goering. L’effectif de l’armée, désormais appelée Wehrmacht, est fixé à 36
divisions en temps de paix. C’est une violation évidente du traité de Versailles25. Hitler
justifie son initiative par le réarmement général, et surtout par une loi française, votée le 15
mars, portant le service militaire de 18 mois à deux ans26.
Comme Hitler l’avait prévu, la première réaction des puissances est faible : Paris, Rome et
Londres protestent, mais n’interrompent pas les relations diplomatiques avec Berlin ; la SDN
condamne une Allemagne qui n’en a cure27. Pourtant l’accord franco-italien de Stresa28, signé
le 14 avril 1935 en Italie, esquisse la formation d’un front anti-hitlérien. Cependant, dès juin
1935, la communauté de vues dégagée entre les démocraties et l’Italie à Stresa est ébranlée
par une initiative anglaise : sans avertir ses partenaires, Londres conclut avec l’Allemagne un
accord naval, l’autorisant à se doter d’une marine de guerre égale à 35% de la flotte
britannique et comportant des sous-marins. C’était renoncer librement à la clause de
désarmement naval inscrite dans le traité de Versailles. Ce front n’a donc rien pour effrayer
Hitler.
- La démission des démocraties face à la remilitarisation de la Rhénanie
Depuis 1930, les troupes alliées ont achevé d’évacuer la Rhénanie. Mais, le traité de
Versailles prévoit la démilitarisation définitive de la rive gauche du Rhin et d’une bande
profonde de 50 km sur la rive droite ; les Allemands ne peuvent y tenir garnison, ni y élever
des fortifications, ce qui permet à l’armée française d’envisager de porter éventuellement
secours aux alliés d’Europe centrale. Hitler entend se délivrer de cette menace.
24
Le traité parle de « volontaires ».
Selon ce traité, l’armée allemande est limitée à 100 000 volontaires, dont 4000 officiers ; elle se voit interdire
les matériels offensifs, tanks, avions, armements lourds…
26
En fait cette décision française vise à compenser seulement l’arrivée des classes creuses et à maintenir ainsi
l’effectif de l’armée.
27
Ne pas se soucier de (quelque chose) (soutenu) Exemple : il n'a cure d'étudier
28
Dans cet accord, la France, l’Italie et la Grande-Bretagne « constatent leur complet accord pour s’opposer par
tous les moyens appropriés à toute répudiation unilatérale de traités… »
25
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
La ratification par le parlement français du traité franco-soviétique29 conclu le 2 mai 1935, lui
sert de prétexte : selon lui, ce traité viole le pacte de Locarno30. Hitler dénonce, le 7 mars
1936, ce pacte ; aussitôt, 30 000 soldats allemands pénètrent dans la zone démilitarisée. Lors
du plébiscite du 29 mars, 99% des Allemands approuvent leur Führer.
10
Là encore, on assiste à la démission des démocraties. En France, le gouvernement Sarraut
semble décidé à réagir31. Mais, ce sont des velléités32 : le ministre de la guerre et le chef
d’État-major, le général Gamelin, surestiment la force de l’armée allemande ; pour l’attaquer,
il faut, selon eux, soit disposer du soutien britannique, soit procéder à une large mobilisation.
Or, Londres refuse son accord formel, et à deux mois des élections législatives, le cabinet
français ne peut se résoudre à une mesure aussi impopulaire que la mobilisation. Il se
contente d’en appeler à nouveau à la SDN impuissante. Hitler a gagné son pari.
Cette victoire allemande est sans doute le tournant de l’entre-deux-guerres. Les démocraties
ont laissé passer la dernière occasion d’arrêter Hitler, et peut-être même d’en finir avec son
régime. Staline et Mussolini sont désagréablement impressionnés.
e) Les annexions allemandes en Europe et le pacifisme des démocraties
- L’Anschluss (mars 1938) et la molle protestation des démocraties
En novembre 1937, Hitler projette, quitte à risquer la guerre, l’annexion prochaine de
l’Autriche et des Sudètes. Depuis la conclusion de l’Axe Rome-Berlin et l’adhésion de
Mussolini au pacte anti-Komintern, l’Italie ne s’oppose plus à l’Anschluss : le Duce a renoncé
à ses prétentions danubiennes pour se consacrer à la Méditerranée. Le 12 février 1938, le
chancelier autrichien, Schuschnigg, se voit signifier un ultimatum exigeant la nomination de
Traité d’aide et d’assistance « immédiate » en cas d’agression contre l’un des deux signataires et d’incapacité
de la SDN
30
série de sept accords destinés à garantir les frontières établies à l'issue de la Première Guerre mondiale par le
traité de Versailles et à assurer la sécurité de l'Europe occidentale, ainsi nommés du nom de la ville de Suisse où
ils ont été signés.
Ces accords sont signés par des représentants de la Belgique, de la Tchécoslovaquie, de la France, de
l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie et de la Pologne, le 16 octobre 1925. Signé par le Français Aristide
Briand, l’Allemand Gustav Stresemann et le Belge Émile Vandervelde, le principal accord de Locarno garantit
les frontières communes de la France, de l'Allemagne et de la Belgique. La Rhénanie, région frontalière de la
Belgique, de la France et de l'Allemagne, est déclarée zone démilitarisée en confirmation des articles 42 et 43 du
traité de Versailles. Le recours aux armes est prévu en cas d'invasion de la région par l'Allemagne. Les
Britanniques et les Italiens garantissent cet accord, sans avoir toutefois l'obligation militaire de le faire respecter.
Bien que la France signe des traités de sécurité avec la Pologne et la Tchécoslovaquie, ces traités n'offrent pas les
mêmes garanties quant à la reconnaissance de leurs frontières avec l'Allemagne. Celle-ci, en effet, quoique
prenant l'engagement de ne pas violer les frontières tchèques et polonaises, ne les reconnaît pas. Des accords sont
néanmoins signés pour prévoir l'arbitrage des conflits entre l'Allemagne et ses voisins belges, français, tchèques
et polonais. Ils doivent être respectés dans le cadre de la Société des Nations (SDN), que l'Allemagne rejoint en
1926.
31
Le 8 mars, le président du conseil déclare : « Nous ne sommes pas disposés à laisser Strasbourg sous le feu
des canons allemands ».
32
1. intention passagère qui ne se réalise pas [Remarque d'usage: parfois péjoratif] Exemple : abandonner ses
velléités de réforme
2. tentative timide Exemple : avoir des velléités de riposte
29
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
Seyss-Inquart au poste de ministre de l’intérieur. Sous la menace, il cède. Mais, de retour à
Vienne, il décide de montrer la volonté d’indépendance de l’Autriche, et annonce pour le 13
mars un référendum sur ce thème. Les ultimatums de Hitler le font démissionner et Seyss-Inquart,
devenu premier ministre, appelle dans la nuit les troupes allemandes. L’Anschluss proclamé le 13
mars est plébiscité par 97% des Allemands et des Autrichiens. Comme le Führer l’a prévu, les
démocraties se bornent à protester mollement.
- Le désabusement33 des démocraties face à la crise des Sudètes et au démantèlement34 de la
Tchécoslovaquie
11
L’Anschluss réalisé, la presse allemande accuse la Tchécoslovaquie de maltraiter sa minorité
de langue allemande, les 3 millions de Sudètes qui vivent, mêlés aux Tchèques, dans les
montagnes qui encadrent le quadrilatère de Bohême. En avril 1938, le président du Sudeten
Deutsche Partei, Henlein, ouvre la crise en réclamant l’autonomie.
Les démocraties tentent d’abord de limiter la crise : elles favorisent une négociation entre
Prague et Henlein, qui pratique une savante surenchère. A la suite d’une révolte des Sudètes le
12 septembre, réprimée dès le lendemain, le Führer internationalise l’affaire en invoquant le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Chamberlain, premier ministre britannique, use de son influence pour convaincre la France
d’accepter le projet d’annexion des Sudètes à lui présenté par Hitler. Londres et Paris finissent
par obliger Prague à céder. Mais le 22 septembre, Hitler présente de nouvelles exigences : les
Tchèques des zones annexées doivent évacuer avant le 1er octobre en abandonnant tous leurs
biens. La guerre paraît imminente.
Appréhendant une guerre trop précoce, Mussolini propose une conférence entre l’Allemagne,
la France, l’Italie et le Royaume-Uni ; ce que les démocraties s’empressent d’accepter. La
conférence se tient donc le 29 septembre sans participation de la Tchécoslovaquie et de
l’URSS. Elle entérine l’annexion le 30.
Mais, à Munich, Hitler et Mussolini ont exigé que les revendications polonaises et hongroises
en Tchécoslovaquie soient satisfaites : en octobre 1938 Varsovie s’empare de la zone de
Teschen en Silésie, tandis que la Hongrie acquiert, en novembre, le Sud de la Slovaquie ; De
leur côté les Slovaques exigent l’autonomie, voire l’indépendance. La désintégration de la
Tchécoslovaquie est donc amorcée.
Hitler entend accélérer le processus car l’existence d’un Etat tchèque, même diminué, lui
barre l’accès de l’Europe orientale, et notamment du précieux pétrole roumain. Le 14 mars
1939, il somme le nouveau président tchécoslovaque d’appeler l’armée allemande à Prague,
sous peine de voir sa capitale bombardée. Le 15, sans coup férir, la Wehrmacht pénètre en
Bohême et en Moravie, immédiatement réduites à l’état de protectorat allemand, tandis que la
33
Sentiment de déception ou de dégoût lié à la perte de certaines illusions (soutenu) Exemple : sombrer dans le
désabusement
34
1. anéantissement (d'une structure organisée) Exemple : le démantèlement d'un réseau de prostitution
2. destruction (des murailles) Exemple : le démantèlement d'un territoire
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
Slovaquie, érigée en Etat indépendant, n’est en réalité qu’un satellite. En Occident, on
comprend qu’Hitler vient de commencer la conquête du Lebensraum. La Pologne est la
prochaine victime désignée. Chamberlain, enfin désillusionné, estime désormais la guerre
préférable à toute nouvelle capitulation. Les deux démocraties activent leur réarmement tout
en préparant les préparatifs diplomatiques.
- Les raisons du pacifisme des démocraties face à Hitler
(Voir Histoire du 20e siècle 1939-1953, pp.10-12)
12
d) L’ultime course aux alliances35
- Dans le camp allemand
L’ « Axe Rome-Berlin » (Oct. 1936)
L’Allemagne et l’Italie ont vu leur solidarité s’affirmer sur le champ de bataille espagnol.
Cette solidarité va donner lieu à un rapprochement qui ne va pas tarder à se concrétiser par un
texte politique. Le comte Galeazzo Ciano, gendre de Mussolini et ouvertement germanophile,
est nommé ministre des affaires étrangères italiennes en juin 1936. En octobre, il signe à
Berlin un traité d’amitié assez vague. Le Duce répugne encore à s’engager plus avant. C’est
lui qui le baptise du nom d’ « axe » dans le discours de Milan qui l’annonce aux Italiens le 1 er
novembre : « Cette entente…, cette verticale Rome-Berlin n’est pas un diaphragme, c’est
plutôt un axe, autour duquel peuvent s’unir tous les Etats européens animés d’une volonté de
collaboration et de paix. »
Le pacte anti-Komintern (25 novembre 1936)
Au même moment l’anticommunisme permet à l’Allemagne de se rapprocher du Japon, dont
l’armée se heurte, depuis 1935, aux troupes soviétiques sur les confins36 de Sibérie et de
Mongolie. Les deux Etats, le 25 novembre 1936, concluent pour cinq ans le pacte dit « antiKomintern ». Selon le texte rendu public, cet accord n’est pas dirigé contre l’URSS, mais
contre l’Internationale communiste, accusée de vouloir détruire de l’intérieur les régimes
existants. Mais un protocole secret contient une promesse réciproque d’aide si l’un des deux
signataires est attaqué par l’URSS. Implicitement, l’Allemagne reconnait la prépondérance
japonaise en Chine.
Berlin multiplie les démarches pour décider Mussolini à adhérer à ce pacte. Finalement, après
une visite à Berlin et à Munich, impressionné par la puissance du Reich et le bon accueil
qu’Hitler lui a réservé, Mussolini se laisse convaincre : l’Italie adhère le 6 novembre 1937 au
pacte anti-Komintern. Le voyage que le Führer accomplit à Rome en mai 1938 resserre encore
les liens entre les deux dictateurs.
Le pacte d’Acier (22 mai 1939)
35
Entente officielle ou solennelle, faisant l'objet d'un accord, unissant des personnes ou des États Exemple :
l'Alliance atlantique • faire alliance avec un ancien adversaire
36
Régions les plus éloignées Exemple : aux confins de la France
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
Ayant décidé d’attaquer la Pologne avant la fin de l’été 1939 pour épargner à la Wehrmacht
en campagne l’automne pluvieux et boueux des plaines polonaises, et le facile coup de force
sur l’Albanie ayant mis Mussolini en appétit, Hitler le persuade enfin de conclure une
véritable alliance avec l’Allemagne : le 22 mai 1939, le « pacte d’Acier », alliance défensive
et offensive, est conclu. Mais, apprenant en août 1939 l’imminence de l’offensive contre la
Pologne, le Duce doit avouer à Hitler l’impréparation de l’Italie, et l’incapacité où elle se
trouve de participer à une guerre avant 1943. Le Führer, déçu, se résigne37.
Le pacte de non-agression germano-soviétique (23 août 1939)
13
En signant, le 23 août 1939, un pacte de non-agression avec l’URSS qui stupéfait le monde,
Hitler remporte un succès décisif. Depuis Munich au moins, Staline, inquiet de l’attitude des
démocraties, qu’il soupçonne de vouloir détourner vers l’URSS l’expansionnisme allemand,
songe à se rapprocher de l’Allemagne pour laisser l’URSS en dehors du conflit menaçant.
Sous le couvert d’une négociation commerciale, il a lui-même, prudemment, lancé en avril
1939 les négociations politiques. Hitler, méfiant, ne décide qu’en mai de les faire aboutir. Ce
pacte, conclu pour 10 ans, est une catastrophe pour les démocraties : leurs propres
négociations avec Moscou sont évidemment rompues, la Pologne étant livrée par l’URSS à
l’Allemagne, la guerre devient inévitable, et elles devront la faire dans les pires conditions,
sur un seul front. Elles ignorent encore l’existence d’un protocole secret qui décide du futur
partage de la Pologne et permet à Staline de récupérer les territoires abandonnés par Lénine à
Brest-Litovsk en 1918. Quant aux mobiles profonds de ce pacte, ils sont encore de nos jours
l’objet de débats.
- Dans le camp occidental
En rupture avec ses traditions diplomatiques, la Grande-Bretagne s’engage à maintenir
l’équilibre de l’Europe centrale et balkanique jugé particulièrement menacé. Le 31 mars 1939,
Chamberlain garantit solennellement l’intégrité du territoire polonais ; en août, il signe avec
Varsovie un traité d’alliance. Dès le 13 avril 1939, la France confirme son alliance de 1921
avec la Pologne. En outre, les deux démocraties accordent leur garantie à la Roumanie et à la
Grèce et concluent une alliance avec la Turquie. Elles espèrent ainsi intimider Hitler.
6- L’attaque allemande sur la Pologne : le déclenchement de la guerre en Europe
Le 1er septembre à l’aube, après un dernier incident frontalier mis en scène par les Allemands
eux-mêmes, Hitler lance son armée contre la Pologne après avoir fait bombarder toutes les
bases de son aviation militaire. Malgré leur résistance désespérée, les troupes polonaises sont
rapidement écrasées et l’entrée des Soviétiques en Pologne, le 17 septembre, leur donne le
coup de grâce.
Après une ultime tentative de conciliation, le 3 septembre, l’Angleterre, à 11 heures, et la
France, déclarent la guerre à l’Allemagne. C’est donc par une dernière reculade que les
démocraties entrent dans la seconde Guerre. Mondiale.
37
accepter sans protester
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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II- LES GRANDES PHASES38 MILITAIRES DE LA GUERRE
(Pour illustration, voir carte pp. 62-6 dans Histoire d’une guerre à l’autre (1914-1939))
1- Les victoires de l’Axe (1939-1942)
Blitzkrieg en Europe du Nord et en France (1939-1940)
14
Le second conflit mondial s’ouvre à l’aube du 1 er septembre 1939 lorsque, utilisant le
prétexte d’un simulacre39 polonais en territoire allemand, la Wehrmacht (armée de terre du
Reich) pénètre sur le territoire de son voisin oriental. La campagne de Pologne sera
foudroyante. En 7 jours l’armée allemande parvient devant Varsovie en utilisant la tactique de
la guerre éclair (BlitzKrieg). Celle-ci est l’œuvre de la Panzerdivision (division cuirassée)
composée de 300 chars, de troupes d’assaut motorisées et d’une artillerie tractée. Son rôle est
d’enfoncer les lignes ennemies avec l’appui étroit de l’aviation qui précède sa marche en
bombardant le dispositif adverse. Une bataille décisive commence à Varsovie dès le 8
septembre. Partout les Polonais, encerclés, se rendent, tandis que leur Etat se décompose
(fuite des fonctionnaires, exode des populations).
Le 18 septembre, arguant du danger que constitue pour elle la fin de la souveraineté
polonaise, l’URSS, qui honore en fait les clauses secrètes du pacte germano-soviétique,
attaque à son tour la Pologne sans rencontrer de résistance. Son intervention sonne le glas de
Varsovie. La ville se rend le 27 septembre. La Pologne est partagée entre l’Allemagne et
l’URSS.
Sitôt la Pologne tombée, Staline, pour redonner à l’URSS ses anciennes frontières et
renforcer son glacis défensif, a imposé aux pays baltes (Estonie, Lettonie Lituanie) des traités
d’assistance mutuelle. Confrontée aux mêmes exigences, la Finlande, qui refuse
l’établissement des bases militaires et navales sur son territoire, se rebiffe40. Aussi l’Armée
Rouge envahit-elle son territoire41 le 30 novembre 1939. Elle capitule le 12 mars 1940.
Les Alliés sont soucieux d’empêcher la livraison à l’Allemagne de minerai de fer suédois par
la Norvège. Aussi Churchill préconise-t-il la pose d’un barrage de mines dans les eaux
norvégiennes, afin de couper cet axe nourricier. Le 8 avril, les Anglais commencent à
mouiller leurs mines. Mais, 24 heures après, l’opération est interrompue par une offensive
foudroyante des Allemands sur Oslo et 5 autres ports norvégiens. Le Danemark est victime
d’une attaque simultanée. Moins de 8 jours après l’affrontement, Hitler brosse, devant ses
proches, un portrait de la mer Baltique comme « mer intérieure libre sur laquelle les 8 Etats
qui la bordaient pourraient commercer librement et sans contrôle… »
38
Période incluse dans le déroulement (d'un processus)
Mise en scène destinée à faire croire, par l'apparence, à une réalité fictive Exemple : un simulacre d'exécution
40
Refuser d'obéir (familier) Exemple : se rebiffer contre son père
41
En novembre 1939, la Finlande est envahie par l’URSS cependant que les Alliés envisagent l’envoi d’un corps
expéditionnaire et un raid de l’aviation française, stationnée en Syrie, sur les puits de pétrole du Caucase. Le
projet n’aura pas de suite.
39
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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Le 10 mai 1940, Hitler lance les blindés allemands vers les Pays-Bas et la Belgique au
moment où la force combinée franco-anglo-polonaise est envoyée devant Narvik pour aider la
résistance en Norvège sans parvenir toutefois à retourner la situation. Le fiasco scandinave
met en relief l’improvisation brouillonne des Alliés. Il aboutit, en Angleterre, au
remplacement de Chamberlain par Churchill. Libéré à l’Est et doté de nouvelles bases
d’attaque en Scandinavie (notamment contre l’Angleterre), Hitler peut porter tous ses efforts
dans la guerre à l’Ouest.
15
Au même moment (le 10 mai), la France subit une attaque foudroyant de l’Allemagne, tandis
que la Hollande est écrasée en 5 jours. Le 28 mai, les Belges capitulent, tandis que jusqu’au 3
juin, 200 000 soldats britanniques et 130 000 Français réembarquent à Dunkerque pour
l’Angleterre sous le feu de l’aviation allemande. A partir du 5 juin, les Allemands lancent une
nouvelle offensive vers l’Ouest et le Sud de la France ; aussi, le gouvernement français est-il
contraint de se réfugier à Tours, puis à Bordeaux. Le 10 juin, Mussolini, qui veut aborder les
futures négociations de paix en position de force, déclare la guerre à la France. Quand les
troupes italiennes interviennent, à partir du 21 juin, la résistance française, tant militaire que
politique, a cessé. Le 22 juin, à Rethondes, la France signe l’armistice.
La bataille d’Angleterre (août 1940-octobre 1940)
Ayant abandonné l’idée, longtemps poursuivie, d’une entente avec l’Angleterre, Hitler met au
point l’opération « Otarie » (Seelôwe) de débarquement outre-Manche. Le 13 août 1940
s’engage la « Bataille aérienne d’Angleterre » et, à la surprise générale, l’Angleterre y fait
face. Les Allemands ne parviennent pas à venir à bout des défenses antiaériennes du Sud du
pays. Aux bombardiers du Reich, lents et vulnérables, les Anglais opposent leurs chasseurs
modernes, plus rapides et mieux armés. Grâce aux radars, innovation technique dont ils ont le
monopole et qui permet de déceler l’arrivée des avions ennemis, ils peuvent plus aisément
faire face aux attaques. Aussi, l’Allemagne décide-t-elle de lancer une « offensive de
terreur ». A partir du 7 septembre et pendant plusieurs semaines, Londres est bombardée
toutes les nuits. Mais, les Londoniens font face avec discipline et courage. Et le 12 octobre
1940, Hitler abandonne son projet d’invasion. Devant l’échec de toute attaque directe contre
l’Angleterre, Hitler essaie, vainement également, de monter contre elle une coalition
méditerranéenne.
Pour l’heure, le territoire britannique apparaît comme l’espoir et le symbole de toute
résistance. A Londres se sont réfugiés les gouvernements belge, hollandais, tchécoslovaque et
polonais en exil, tandis que le général de Gaulle y a regroupé les Forces Françaises Libres,
auxquelles se sont ralliés l’Afrique équatoriale française, le Cameroun et les établissements de
l’Inde et de l’Océanie. Enfin, le ralliement de l’Indonésie, l’appoint des flottes danoise,
norvégienne et hollandaise qui ont rejoint les ports alliés, constituent pour l’Angleterre des
atouts non négligeables.
L’expansion méditerranéenne (octobre 1940- mai 1941)
A la charnière des années 1940 et 1941, l’axe de la guerre se déplace vers les Balkans et la
Méditerranée. Déjà, craignant de voir s’ouvrir un nouveau front en Europe centrale ou
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méridionale, le Führer, qui prépare l’offensive contre l’URSS, a obligé, courant hiver et
automne 1940, la Hongrie à rallier les rangs de l’Axe. Mussolini, faisant fi42 des
préoccupations de son allié, jalousant ses réussites, décide de lancer sa propre guerre éclair.
Le 28 octobre 1940, 11 divisions italiennes, stationnées en Albanie, se lancent à l’assaut du
territoire grec. Mais, à partir de la mi-novembre 1940 et en moins de 10 jours, les Grecs
refoulent les Italiens en Albanie. Ils ont par ailleurs, le 8 février 1941, fait appel aux
Britanniques et dès le 4 mars suivant, ce sont 68 000 hommes prélevés sur le front de Libye
qui pénètrent en Grèce après avoir occupé la Crète. La mort dans l’âme, Mussolini est
contraint de faire appel à Hitler.
16
Celui-ci met au point une offensive de grande envergure contre la Grèce. Dans un premier
temps, Bulgarie et Yougoslavie, dont la Wehrmacht doit traverser le territoire pour attaquer la
Grèce collaborent. Mais, le 27 mars, un coup d’Etat militaire (peut-être inspiré par les Alliés)
renverse le régent Paul et dénonce l’accord avec Hitler. Furieux, celui-ci attaque en force la
Yougoslavie le 6 avril 1941.Celle-ci succombe en 11 jours. Elle est démantelée au profit de
l’Italie (Dalmatie) et de la Hongrie (une partie du Banat), tandis que la Croatie et le
Monténégro proclament leur indépendance. Attaquée simultanément, la Grèce est envahie : le
27 avril, le drapeau à croix gammée flotte sur l’Acropole d’Athènes et les troupes
britanniques doivent réembarquer en toute hâte. Le 20 mai 1941, les Allemands reprennent la
Crète.
L’invasion de l’URSS (22 juin 1941-5 décembre 1941)
L’échec allemand devant l’Angleterre, les difficultés pour stabiliser un front méditerranéen
réactivent en quelque sorte les vieux fantasmes du Führer : espace vital, croisade contre le
bolchevisme associé selon lui à « cette tumeur morbide juive ». LA préparation de l’opération
contre l’URSS est confiée au général Brauchitsch dès le 21 juillet 1940. LA guerre des
Balkans retardera d’un mois l’attaque prévue initialement pour mai 1941. Depuis la défaite
française, une sourde lutte d’influence oppose Russes et Allemands en Europe orientale.
Le 22 juin 1941 est engagée l’opération « Barbarossa » qui met en action 4 millions
d’hommes, 3 300 chars et 5 000 avions contre la Russie soviétique. Surprise et mal préparée,
l’armée russe semble d’abord subjuguée43. De fait, l’aile Nord du dispositif allemand fonce
sur Leningrad, pratiquement investie, tandis que l’aile sud gagne l’Ukraine où Kiev tombe le
19 septembre. Mais, l’arrivée de l’hiver, l’organisation de la résistance populaire et l’entrée en
ligne de renforts en provenance de Sibérie, font échouer la grande offensive sur Moscou.
Contrainte à organiser la défensive, la Wehrmacht subit, dès le 5 décembre, la première
contre-offensive soviétique. Une terrible guerre d’usure44 commence.
La mondialisation du conflit (déclenchement des opérations en Afrique et l’entrée en guerre
des belligérants asiatiques et américains)
42
Considérer avec un mépris désinvolte (soutenu) Synonyme: dédaigner Exemple : faire fi de la vie
Séduire irrésistiblement (quelqu'un) Synonyme: émerveiller Synonyme: éblouir Exemple : la virtuosité de la
pianiste subjugue l'assistance
44
Conflit qui vise à affaiblir peu à peu les forces ennemies faute de pouvoir emporter rapidement la victoire
43
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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L’objectif de l’Axe est de couper aux Anglais l’accès aux puits pétroliers et à la route de
Suez. Une première offensive italienne en Egypte à la mi-septembre 1941 fait reculer les
britanniques de 100 km. A partir du mois de décembre, ceux-ci reprennent l’avantage, et
quand le front se stabilise en février 1941, les Anglais occupent la moitié du territoire libyen,
après avoir fait 130 000 prisonniers. Pour secourir Mussolini, Hitler envoie en Libye le
général Rommel et une division cuirassée. En deux semaines, l’ « Africa Korps » refoule les
Britanniques sur la frontière égyptienne où le front est fixé en avril. Au même moment, un
coup d’Etat antianglais éclate en Irak et les Allemands obtiennent de Vichy l’usage des ports
et aérodromes syriens. Les Anglais occupent alors l’Irak et, avec l’aide des Français Libres, la
Syrie, le Liban. A l’été 1941, le Moyen Orient se ferme aux initiatives de l’Axe.
Les conséquences néfastes de la crise économique de 1929 et l’arrivée au pouvoir des
militaires en 1931 conduisent à l’émergence de comportements impérialistes au Japon. L’idée
d’une conquête de la Chine se fait jour dans l’esprit des militaires. Celle-ci commence en
1931 et se poursuit en 1937. Aussi, les ambitions japonaises s’orientent-elles définitivement
vers l’Asie du Sud-Est, ce qui écarte l’éventualité d’un conflit avec l’URSS mais laisse le
Japon face aux Etats-Unis.
Le pays de Roosevelt, non préparé économiquement et psychologiquement, se contente de
répondre à l’expansionnisme nippon par des mesures de rétorsion économique et l’admission
de la Chine au bénéfice du prêt-bail (mai 1941). A partir de juin, des négociations s’ouvrent
entre Japonais et Américains, dont il est difficile de démêler la sincérité du calcul. C’est en
pleine négociation que le Japon envahit l’Indochine du Sud en juillet. Persuadé de la
duplicité45 de ses interlocuteurs, Roosevelt durcit ses positions : il ordonne le « gel » des
crédits japonais aux Etats-Unis, la mise en place d’un embargo pétrolier et la nomination du
général MacArthur comme commandant d’un théâtre d’opérations extrême-oriental. Décidé à
la rupture, Tokyo soumet à Washington des propositions inacceptables : cessation de l’aide à
la Chine nationaliste, engagement de ne rien entreprendre contre le Japon. En octobre 1941, le
président du conseil, Konoye, est démis de ses fonctions et remplacé par le général Tojo qui
forme un gouvernement à majorité militaire.
Le 8 décembre 1941, un raid aérien japonais sur la base de Pearl Harbour détruit la plus
grande partie de la flotte américaine. L’attaque a lieu avant même l’arrivée, à Washington, de
la note japonaise considérée comme déclaration de guerre. Le projet, élaboré par l’amiral
Yamamoto, avait été définitivement adopté en octobre, la marine gardant le secret jusqu’au
dernier moment.
Forts de leur supériorité initiale, les Japonais obtiennent des victoires rapides et totales. En
quelques mois, ils s’emparent de Hong-Kong, des Philippines, de l’Indonésie, de la Malaisie
et de Singapour (février 1942). Après s’être introduits pacifiquement au Siam, ils occupent la
Birmanie, aux portes de l’Inde. Présents dans les atolls46 du centre-pacifique, ils peuvent
45
Comportement (d'une personne) hypocrite (soutenu) Synonyme: hypocrisie Synonyme: fourberie Exemple
déceler la duplicité de quelqu'un
46
Île tropicale formée d'un anneau ouvert de récifs coralliens entourant un lagon central
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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couper les Etats-Unis de l’Australie, nœud défensif des Alliés. La Chine, isolée, ne peut plus
être ravitaillée que par les airs. Mais, en avril 1942, les Américains bombardent Tokyo.
Atteints dans l’euphorie de la victoire, les Japonais décident de renforcer le glacis défensif de
l’archipel en avançant vers le Sud de la Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Calédonie et les îles
Aléoutiennes. Toutefois la rudesse de l’occupation japonaise, la crise économique qu’elle
suscite du fait des exportations forcées vers l’archipel nippon, favorisent l’émergence, un peu
partout, de mouvements de résistance.
2- Les victoires des Alliés (1942-1945)
18
Les coups d’arrêt de l’Axe (avril 1942-février 1943)
- A la fin de 1942, un renversement de tendance s’amorce sur tous les fronts au profit des
Alliés. Il se manifeste d’abord dans les guerres navales. Dans l’Atlantique, une lutte sans
merci oppose les sous-marins allemands aux convois qui ravitaillent l’Angleterre. Les navires
d’escorte anglais sont peu à peu dotés du radar « centimétrique » qui permet de mieux
détecter les sous-marins. En octobre 1942, les Allemands en perdent 13, qu’ils ne peuvent
remplacer, au moment où les Américains parviennent à construire un destroyer par jour.
L’année 1943 marque le temps des défaites navales pour l’Allemagne qui perd ses plus belles
unités de surface (Bismarck, Scharnhorst, Gneisenau), tandis que 60 convois parviennent à
acheminer en Angleterre un million d’hommes et du matériel. En mai, l’amiral Doenitz
abandonne l’Atlantique et rapatrie ses sous-marins dans l’Arctique.
- La bataille de Midway (4-5 juin 1942) apparaît comme le tournant décisif de la guerre du
Pacifique. Pour étendre leur « périmètre défensif » vers les îles Aléoutiennes et Hawaii, les
Japonais lancent sur l’îlot de Midway une armada de 200 navires et plus de 700 avions. Mais,
grâce à leur supériorité aérienne et à l’effet de surprise, les Américains infligent une lourde
défaite aux Japonais qui perdent 4 porte-avions, 275 avions et près de 5 000 hommes. Ils
reprennent l’initiative des opérations : tandis qu’une offensive japonaise échoue en NouvelleGuinée, les Américains débarquent à Guadalcanal, dans l’archipel des Salomon, stoppant
l’avance nippone du Sud (août 1942).
- De son côté, la victoire anglaise d’El Alamein accélère, à l’automne 1942, le processus de de
reflux des puissances de l’Axe. Au printemps précédent, Rommel a réalisé son avancée
maximum en Egypte en portant ses troupes à 60 km d’Alexandrie que les flotte britannique
doit évacuer. Mais, les navires de l’Axe sont durement éprouvés par l’aviation et la marine
britanniques opérant à partir de Gibraltar et de Malte. De plus les forces britanniques
d’Egypte reçoivent des renforts substantiels et du matériel américain. A la fin octobre 1942, le
général Montgomery lance l’offensive : le 23 octobre, il rencontre Rommel devant El
Alamein. Après 12 jours de durs combats, Montgomery parvient à percer les « jardins du
diable » de son puissant adversaire, ligne défensive semée de mines et de barbelés, tenue en
permanence sous le feu de l’ennemi. Il a perdu 13 000 hommes, mais la déroute de l’Axe est
totale : sa retraite vers l’Ouest s’achève 6 mois plus tard par la capitulation de Tunis (13 mai
1943).
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
Mais, c’est le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie qui assure le succès
définitif aux Alliés. Churchill avait préconisé une attaque combinée en Norvège et en Afrique
du Nord pour prendre l’Europe en tenailles. Sous la pression des Soviétiques, soucieux de
voir s’ouvrir un front à l’Ouest pour soulager la résistance soviétique, les Anglo-américains
débarquent n Afrique du nord : le 8 novembre 1942, 100 000 hommes, essentiellement des
Américains, sous le commandement du général Eisenhower, prennent pied en Algérie et au
Maroc, malgré la résistance des troupes françaises de Vichy. Les troupes germano-italiennes
ont été contraintes à la reddition dans leur réduit tunisien. L’Italie du Sud est désormais à la
portée des bombardements alliés.
19
C’est en Russie, où il a engagé le plus gros de ses forces, qu’Hitler subit son échec le plus
grave, à court et à long terme. En tentant de prendre Moscou et couper les Russes du pétrole
caucasien, les Allemands sont pris en tenaille au Nord et au Sud de la Volga le 22 novembre
1942 : 330 000 hommes de l’Axe sont encerclés, tandis que l’armée italienne bat en retraite
sur 200 km. Le 2 février 1943, Von Paulus capitule. La bataille a coûté à l’Axe un demimillion d’hommes. Tandis que les rapports italo-allemands se détériorent, la Hongrie et la
Roumanie tentent de négocier avec les Alliés.
La défaite italienne (1943)
Les 9 et 10 juillet 1943, le débarquement des Alliés a lieu en Sicile. Les opposants à
Mussolini préparent une motion demandant le « rétablissement immédiat de toutes les
fonctions de l’Etat ». Cette motion est présentée le 24 juillet devant le Grand Conseil du
Fascisme réuni, à leur demande par Mussolini. Elle est votée à la majorité. Le lendemain, le
roi Victor Emmanuel III désigne le maréchal Badoglio comme le chef du gouvernement avec
pleins pouvoirs militaires et fait arrêter Mussolini. Le 3 septembre, le gouvernement Badoglio
signe l’armistice avec les Alliés. En échange de sa bonne volonté, l’Italie obtient le statut de
cobelligérant actif contre l’Allemagne qui réagit en occupant le Nord et le centre de la
péninsule. Ce n’est qu’n avril 1945 qu’elle est définitivement libérée.
La victoire finale des Alliés
- En novembre 1943, lors de la conférence de Téhéran, les Alliés s’accordent pour lancer une
attaque contre l’Allemagne à partir de la France. Le « plan overlord » prévoit un
débarquement anglo-américain en Normandie, sous la direction du général Eisenhower. Le 6
juin 1944, en 5 points de la côte française, 6 divisions venues par mer et 3 divisions
aéroportées mettent pied à terre. A la fin juillet, les Américains contrôlent la Bretagne et la
Normandie. Le 15 août s’effectue un débarquement complémentaire en Provence. La France
est libérée et les Anglo-saxons obliquent vers la frontière allemande.
- L’Armée Rouge a entamé de son côté, à partir de juillet 1943, une longue marche vers
l’Ouest qui la conduit à Berlin en avril 1945. Après avoir libéré leur territoire, ils contraignent
la Roumanie, la Bulgarie et la Finlande à l’armistice de juin à septembre 1944. Trois mois
après, c’est au tour de la Pologne d’entrer dans la sphère d’influence soviétique. En janvier
1945, les Russes sont à 70 km de Berlin. Le 7 mars 1945 les Alliés franchissent le Rhin. A
l’Est, les Russes contraignent la Hongrie à l’armistice et marchent sur Vienne. La jonction
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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avec les Américains se fait sur l’Elbe. Les 7 et 8 mai 1945, les Allemands signent la
capitulation sans conditions, à Reims devant les Américains, à Berlin devant les Russes.
20
- Dans la guerre du Pacifique, l’équilibre s’est rompu au profit des Américains à l’été 1943.
Commandées par l’amiral Nimitz dans le Pacifique central et par le général MacArthur dans
le Sud-Ouest, les forces aéronavales américaines entament une reconquête des possessions
japonaises par bonds successifs grâce à une tactique de débarquement fondée sur des actions
de commandos (les Marines) appuyés par l’aviation. Successivement sont reprises, de janvier
à septembre 1944, les îles Marshall, Marianne, Carolines. En janvier 1945, les troupes de
MacArthur occupent les Philippines. Au printemps, les Américains débarquent à Okinawa, au
sud de l’archipel nippon. Les Japonais ont perdu l’essentiel de leur flotte. Il ne leur reste plus
que les assauts menés par les « kamikaze » (avions-suicides) sur les navires ennemis.
Pour en finir avec un conflit qui risque de se prolonger, le président Truman, qui succède à
Roosevelt mort le 1é avril, décide d’utiliser la bombe atomique. LE 6 août 1945, une 1ere
bombe atomique tombe sur Hiroshima, suivie le 9 d’un nouveau tir sur Nagasaki. Cependant,
les Russes pénètrent en Mandchourie. Le Japon est contraint à la capitulation le 2 septembre
1945.
III- UNE GUERRE TOTALE
La Seconde Guerre mondiale fut une guerre totale. En effet, au cours de celle-ci, non
seulement l’appareil de production était mis au service des impératifs militaires, mais les
intérêts économiques des pays en guerre devenaient des cibles privilégiées. Dans le 1er cas, il
s’agit de l’économie de guerre et dans le second de la guerre économique.
1- L’économie de guerre
Il s’agit de l’ensemble des stratégies internes utilisées par les nations engagées pour financer
l’effort de guerre, assurer la bonne marche des industries –voire leur reconversion –
promouvoir le ravitaillement, mobiliser le corps social, etc., Bref, il s’agit d’orienter la
puissance économique vers la satisfaction des besoins de guerre.
Chaque pays concerné a promu une économie de guerre. En Grande-Bretagne, la défaite de la
France marque une rupture avec la période d’attentisme et débouche sur une mobilisation
économique totale. Dans un premier temps sont prises des mesures d’urgence, comme la
production exclusive de 5 types d’avions, essentiellement des chasseurs. Elles sont suivies de
dispositions plus larges : rationnement, réglementation des importations, fiscalité accrue, mise
en place d’un groupe ministériel restreint chargé de rationnaliser et d’administrer l’effort
économique, chasse aux superprofits industriels par l’adoption d’une législation drastique47.
En décembre 1941, un décret sur le service national ordonne la « conscription industrielle » :
au milieu de 1944, 33% de la main d’œuvre britannique travaille pour la guerre.
47
Qui agit énergiquement ou avec violence Exemple : un plan de restructuration drastique
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21
21 juin 2014
Avant leur entrée en guerre, les Etats-Unis étaient déjà l’ « arsenal48 des démocraties ».
Roosevelt s’était efforcé d’aider les Alliés européens en prenant des dispositions juridiques
comme la loi du prêt-bail (mars 1941) qui autorisait le gouvernement américain à prêter du
matériel de guerre à un pays dont la défense lui paraissait nécessaire à la sécurité américaine.
Après Pearl Harbour, une grande industrie de guerre doit être improvisée à l’aide d’un
dirigisme souple. On met en place des « agences spéciales » pour la répartition des matières
premières et l’on instaure un « Conseil des ressources de guerre » pour organiser la
production. Ce victory program aboutit à un « boom » économique considérable : le nombre
de bateaux de commerce construits – les Liberty Ships tankers - passe de 746 en 1942 à 2 242
en 1943. Au total, le quart de la production peut être envoyé aux Alliés. Pour financer ce
programme tout en jugulant l’inflation, on émet des emprunts à intérêts peu élevés en
instaurant des impôts pour la « victoire ».
L’URSS a adopté des mesures économiques et sociales spectaculaires. Avant la rupture du
pacte germano-soviétique en juin 1941, un accord commercial prévoyait l’échange de
produits de base soviétiques (pétrole, céréales, fer) contre des produits manufacturés
allemands (munitions, équipement naval, etc.). On assiste parallèlement au développement
des régions industrielles de l’Est, et ce depuis 1938, date du début du troisième plan
quinquennal. Ouverture de voies ferrées et construction d’usines se multiplient si bien qu’en
juin 1941, 39% de l’acier russe provient de l’Est du pays. Ces nouvelles bases industrielles de
l’Oural et de Sibérie vont permettre d’amortir le choc de l’attaque allemande.
De juillet à novembre 1941, 1500 unités de production sont démontées, transportées et
reconstruites. 10 millions de travailleurs sont déplacés. LA population se voit mobilisée dans
sa totalité, notamment les femmes qui, en 1942, représentent 53% de la population active.
Aussi assiste-t-on à une croissance continue de la production industrielle jusqu’à la fin de la
guerre. Le peuple russe accepte l’accroissement de la durée de travail, la limitation de sa
consommation et les augmentations d’impôts.
Ce n’est qu’en 1942 que l’Allemagne se dote d’une économie de guerre longue, abandonnant
l’économie de guerre éclair. Ainsi, en avril est mis en place un Conseil restreint de
planification chargé de répartir les matières premières. La production d’armement triple de
1942 à 1944, le nombre de chars passant de 40 000 entre ces deux dates. En juin 1944,
l’Allemagne s’oriente vers une production massive de biens standardisés. Mais en octobre,
l’instauration du Volksturm (mobilisation de tous les hommes de 15 à 60 ans dans l’armée)
rend son application impossible – plus de 12 millions d’hommes sont appelés sous les
drapeaux – au moment où la chute de l « Empire aboutit à la pénurie de matières premières.
2- La guerre économique
Il s’agit des efforts des protagonistes49 pour utiliser l’arme économique (blocus,
bombardements d’objectifs industriels, etc.) au service de la guerre classique. Cette guerre n’a
48
Entrepôt d'armes et de munitions
Personne qui intervient au premier plan (dans une affaire, un mouvement ou une entreprise) Exemple : les
protagonistes du conflit
49
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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eu que des résultats limités. Elle a été menée aussi bien par les puissances de l’Axe que par les
Alliés. Ainsi l’Allemagne n’est pas parvenue à gagner la guerre de l’Atlantique destinée à
isoler l’Angleterre des ressources américaines. Le blocus, le contrôle allié des exportations
des pays neutres, la préemption des matières premières, les bombardements sur la Ruhr n’ont
affaibli l’Allemagne qu’à la fin de la guerre.
IV- LA PARTICIPATION DE L’AFRIQUE A LA SECONDE GUERRE MONDIALE
22
L’Afrique a pris part aux hostilités qui ont opposé forces de l’Axe et forces alliées entre 1939
et 1945. Mais, avant que de relever le rôle qu’elle y a joué, il est d’abord judicieux50 de
déceler les raisons de l’implication de l’Afrique dans ce conflit qui au premier abord ne le
concernait.
1- Les raisons de l’implication51 de l’Afrique dans le conflit
A première vue, il était plus probable que l’Afrique fût épargnée par cette nouvelle guerre
dans la mesure où au début de 1939, l’Afrique est sous l’emprise quasi-totale des forces
alliées. En effet, les colonies jadis appartenant à l’Allemagne et à l’Empire ottoman, ont été
placées sous mandat de la S.D.N. et leurs administrations confiées à la France et à la GrandeBretagne. Il en n’en fut rien pour au moins deux raisons :
La première tient à la présence des forces de l’Axe sur le sol africain, à proximité des forces
britanniques d’Egypte-une confrontation était donc inévitable. Certes, l’Italie, à l’aube de
1939, était dans le camp des vainqueurs de la Première Guerre Mondiale. Seulement, déçue
par les accords de paix signés entre 1919 et 1922 et frappée durement par la crise économique
de 1929, elle finit par se rapprocher de l’Allemagne en signant le 21 mai 1939 le « Pacte
d’acier52 », alliance défensive et offensive. Ainsi, lorsque débute la guerre mondiale en 1939,
l’Axe est présente sur le sol africain à travers les colonies italiennes de Somalie (constituée
en 1905), de Libye (créée en 1934), l’Ethiopie (constituée en 1936) et l’Erythrée (devenue
colonie en 1890). Celles-ci forment, exception faite de la Libye, l’Afrique-Orientale italienne.
La seconde résulte de la défaite française contre l’Allemagne en 1940, l’armistice qui s’en
suivit avec pour corollaire l’établissement à Vichy d’un gouvernement de collaboration ; cette
conjonction de faits a fondé l’appel du 18 juin 1940 destiné entre autres aux gouverneurs des
colonies pour les inviter à rejeter l’armistice. En effet, envoyé en mission auprès du Premier
ministre Churchill par Paul Reynaud, le général de Gaulle, alors sous-secrétaire d’Etat à la
guerre, rentre en France le 16 juin 1940 pour apprendre la démission du gouvernement auquel
50
Qui sait juger d'une façon juste et pertinente Exemple : un élève très judicieux dans ses remarques
1. participation cachée (à une action inavouable) Exemple : les complices dont il a été prouvé l'implication
2. engagement, par sensibilisation à la responsabilité, de (quelqu'un ou un groupe dans une action) Exemple :
l'implication du personnel dans les performances de l'entreprise
52
Les deux puissances de l’Axe, représentées par Ribbentrop et Ciano, s’engagent à se soutenir mutuellement en
cas de guerre et à collaborer dans les domaines militaire et de l’économie de guerre. Le pacte stipule que les
deux pays garantissent la sécurité de l’« espace vital » de leurs peuples et les « intérêts » de ceux-ci. Par ailleurs,
une convention annexée au pacte fixe les limites du Tyrol méridional de façon irrévocable. Le pacte d’Acier met
ainsi en place des relations diplomatiques qui, avec le futur pacte germano-soviétique (23 août 1939), constituent
une condition essentielle de l’offensive allemande sur la Pologne, le 1er septembre 1939.
51
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
il appartenait, l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain et la demande d’armistice. Il repart
aussitôt pour Londres où, grâce à Churchill, il peut lancer le 18 juin, à la radio britannique, un
appel à la résistance. En fait, cet appel s’adresse aux chefs militaires et aux gouverneurs des
colonies pour les inviter à rejeter l’armistice et à rejoindre Londres où se trouvent des troupes
françaises rapatriées de Dunkerque.
Telles sont donc les origines de l’implication de l’Afrique dans un conflit auquel elle était
étrangère. Son rôle y sera divers.
2- Le rôle de l’Afrique dans la guerre
23
La participation de l’Afrique à la Seconde Guerre mondiale revêt plusieurs aspects : l’Afrique
a servi de lieu d’organisation à la Résistance française ; elle a été une terre d’affrontements
entre l’Axe et les Alliés ; elle a contribué à l’effort de guerre.
2.1. L’Afrique comme lieu d’organisation de la résistance extérieure française
L’Afrique a été le ferment53 de la résistance de la France à l’occupation allemande.
Contrairement aux espoirs du général de Gaulle et de Churchill, aucun des grands chefs de
l’Empire, aucun homme politique de premier plan ne répond à l’appel du 18 juin. Dès lors,
Churchill accepte de reconnaitre le général de Gaulle comme chef des français qui combattent
les allemands. Mais, celui-ci n’a guère d’audience ni d’indépendance. La plupart des soldats
français qui se trouvent en Angleterre refusent de se rallier et demandent à être rapatriés en
France. D’autre part, il n’a d’existence que grâce aux britanniques qui l’accueillent sur leur
territoire, lui donnent accès à la B.B.C. et financent ses activités. Néanmoins, la « France
libre », nom officiel du mouvement gaulliste, place à sa tête un Comité National Français qui
se dote d’organes gouvernementaux, enregistre le ralliement de certaines colonies d’Afrique
Equatoriale à, la suite du Tchad que le gouverneur Félix Eboué entraine derrière le général de
Gaulle, et, grâce au ralliement54 de petits contingents coloniaux, telle l’unité du colonel
Leclerc55, réussit à équiper une petite armée qui prend le nom de Forces Françaises Libres
(été-automne 1940)56. Sous le commandement du général Koenig, des éléments de cette
armée s’illustreront aux côtés des britanniques en juin 1942, à la bataille de Bir Hakeim, en
Libye. Mais le Comité National Français n’est pas reconnu par les Alliés comme un
gouvernement et il n’a longtemps aucune relation avec les résistants de l’intérieur qui sont nés
en dehors de lui.
Le général de Gaulle s’efforce alors d’entrer en contact avec ces mouvements de résistance,
de les organiser et de leur faire admettre son autorité. Il envoie en France l’ancien préfet Jean
Moulin ; à l’instigation de celui-ci, quelques-uns des chefs des mouvements de résistance se
rendent à Londres pour rencontrer le général de Gaulle dont ils se méfient car ils voient en lui
un officier d’extrême-droite et doutent de ses sentiments républicains (avril 1942). Le général
les rassure sur ses conceptions démocratiques en promettant de « rendre la parole au peuple »
53
Facteur interne qui est à la source (de quelque chose) Exemple : un ferment de haine
Ainsi que le ralliement des gouverneurs du Moyen-Congo et de l’Oubangui-Chari (du 26 au 30 août 1940).
55
Qui se trouve au Cameroun.
56
En revanche, Dakar repousse un débarquement anglo-gaulliste.
54
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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dès la libération. Les dirigeants des mouvements, y compris les communistes du Front
National, acceptent alors le principe d’une allégeance au général de Gaulle. Celui-ci renvoie
en France Jean moulin, avec le titre de délégué général, et le charge d’unifier et d’organiser la
résistance, ce qu’il réussit57 à faire en zone sud et zone nord. Ainsi unifiée et organisée, la
Résistance va, outre son action militaire, donner naissance à un contre-pouvoir qui, face à
Vichy, sera celui de la « France Combattante », nouveau nom du mouvement gaulliste après
le ralliement de la résistance intérieure.
24
Considérant qu’elle n’a pas été désignée par un vote populaire qui lui donnerait une
estampille58 démocratique, les Alliés refusent de voir dans la France Combattante un pouvoir
politique légal. Il en résulte d’innombrables conflits entre le général de Gaulle, qui exige
d’être reconnu comme le seul dépositaire de la légitimité française, et les anglo-américains, en
particulier sur le problème de l’administration des territoires coloniaux occupés par les
anglais : Syrie et Liban en 1941, Madagascar en 1942… En 1942, les Forces Françaises
Libres s’emparent de Saint-Pierre-et-Miquelon, à la grande fureur des américains qui avaient
négocié le maintien en place de l’administration nommée par Vichy. Aussi, lorsqu’ils
débarquent en Afrique du Nord, en novembre 1942, les américains écartent les prétentions du
général de Gaulle et préfèrent installer au pouvoir l’amiral Darlan, ancien chef du
gouvernement de Vichy, puis, après son assassinat en décembre 1942, le général Giraud qui
laisse en place les lois de Vichy et gouverne avec les fidèles du maréchal Pétain. Après avoir
vainement tenté de subordonner de Gaulle à Giraud, les américains finissent par accepter, en
mai 1943, que les deux généraux constituent à Alger un Comité Français de Libération
Nationale (C.F.L.N.) dont ils deviennent coprésidents. Mais, en quelques mois, le général de
Gaulle, plus politique, prend le pas sur le général Giraud qui abandonne la coprésidence du
C.F.L.N. pour conserver le commandement en chef de l’armée, puis s’incline lorsque de
Gaulle le démet de cette fonction.
Ces difficultés avec les Alliés poussent le général de Gaulle à affirmer son caractère
représentatif en formant un véritable contre-pouvoir étatique de la Résistance. En mai 1943,
Jean Moulin, délégué national du général de Gaulle, crée en France le Conseil National de la
Résistance qui comprend les dirigeants des principaux mouvements notamment. Le C.N.R
porte Jean Moulin à sa présidence, annule les lois de Vichy et reconnait de Gaulle comme
chef politique de la Résistance. Après sa mort des suites de torture, Jean Moulin est remplacé
par un résistant de l’intérieur, le démocrate-chrétien Georges Bidault. A Alger, est formée une
Assemblée Consultative comprenant, aux côtés de résistants de l’intérieur, d’anciens
parlementaires et des représentants du parti communiste. Quant au C.F.L.N., il est élargi de
manière à accueillir des représentants de ces divers groupes.
Dès le printemps 1944, le pouvoir de la Résistance est donc prêt à se substituer à celui de
Vichy. Il comprend un gouvernement, le C.F.L.N. qui, en juin 1944, prend le nom de
Gouvernement Provisoire de la République Française (G.P.R.F.), disposant de délégués civils
et militaires en métropole et appuyé sur deux organes représentatifs, le C.N.R. en France,
l’Assemblée Consultative à Alger. La Résistance dispose de forces armées, les Forces
57
58
Mais le Front National demeure autonome
Marque caractéristique Exemple : porter l'estampille d'un parvenu
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
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Française Libres qui combattent aux côtés des Alliés, et en métropole, les Forces Françaises
de l’Intérieur (FFI)
L’Afrique a donc été le lieu d’organisation et d’unification de la Résistance française contre
l’occupant allemand. Entre temps, elle était aussi le théâtre d’opérations militaires.
2.2. L’Afrique comme terre d’affrontements entre l’Axe et les Alliés
25
C’est surtout le pourtour de la Méditerranée qui fut l’objet d’affrontements militaires entre les
belligérants ; l’objectif de l’Axe étant de couper aux Anglais l’accès aux puits pétroliers et à
la route de Suez. C’est le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie qui viendra
sceller le sort des forces de l’Axe dans cette partie du continent : Les troupes germanoitaliennes ont été contraintes à la reddition dans leur réduit tunisien : les troupes germanoitaliennes ont été contraintes à la reddition dans leur réduit tunisien.
En marge du conflit mondial, l’Afrique noire n’en participe pas moins localement à l’effort de
guerre. Dès août 1940, sous l’impulsion du gouverneur Félix Eboué, le Tchad adhère à la
cause de la France Libre, prélude au ralliement de toute l’A.E.F59 entre septembre et
novembre 1940. Le 27 août 1940, le colonel Leclerc débarque à Douala pour rallier les
troupes de l’Afrique Equatoriale Française. En mars 1941, une contre-offensive britannique,
en Somalie et en Erythrée, entraîne la libération de l’Ethiopie et le retour du Négus au
pouvoir.
2.3. La contribution de l’Afrique à la victoire des Alliés
Les contingents60 levés en Afrique du Nord, mais aussi au Sénégal, participent aux victoires
alliées en Italie (Cassino) et en France. Winston Churchill, le premier ministre britannique,
demanda de l’aide aux colonies. 146 000 soldats furent alors envoyés d’Afrique occidentale
anglaise pour soutenir cette guerre. On appela cette armée « Forces Combattantes de l’Afrique
Occidentale61 ». De nombreux camerounais en firent partie. Ils combattirent en Ethiopie, en
Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.
L’Afrique a aussi fourni des produits stratégiques : caoutchouc et métaux rares (l’uranium de
la première bombe atomique venait du Katanga). Le Nigeria et le Cameroun établirent un
fonds de solidarité destiné à gagner la guerre. Il permit à la Grande-Bretagne d’avoir de
l’argent et des vivres. On récolta du caoutchouc pour fabriquer des pneus et diverses choses
dont les armées avaient besoin. Les ports et les aéroports africains furent utilisés par l’armée
anglo-américaine.
CONCLUSION
Comme la Première, la seconde Guerre mondiale fut d’abord un conflit européen qui a fini
par toucher toutes les parties du monde. C’est l’attaque de la Pologne par l’Allemagne le 1 er
Le ralliement des gouverneurs du Moyen-Congo et de l’Oubangui-Chari (du 26 au 30 août 1940).
1. militaire troupe envoyée à l'étranger en cas de conflit Exemple: rappeler le contingent
2. militaire ensemble des appelés recrutés en même temps pour effectuer leur service militaire Exemple :
l'appel du contingent
61
BWAFF: British West African Fighting Forces.
59
60
Partie 1 LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE ET SES CONSEQUENCES
21 juin 2014
septembre 1939 qui marque le point de départ des hostilités qui ne cesseront que le 2
septembre 1945 par la reddition du Japon ; ce qui consacre la victoire des Alliés. Mais avant
cette victoire, les Alliés et les soviétiques avaient déjà commencé à esquisser la figure du
monde d’après-guerre.
BIBLIOGRAPHIE
26
- Groupe de recherche pour l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie, Histoire, d’une
guerre à l’autre (1914-1939), Hachette, Paris, 1982, 384 pages.
- Berstein (S) et Milza (P), Histoire du vingtième siècle, 1939-1953, Hatier, Paris, janvier
1987, 333 pages.
Sujets de réflexion
1- La crise économique de 1929 et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
TAF : le candidat démontrera comment la crise de 1929 a poussé les démocraties à se replier
sur elles-mêmes et les régimes fascistes à opter pour le réarmement et la quête d’un espace
vital.
2- Est-il vrai que l’Angleterre fut, durant la Seconde Guerre mondiale, l’espoir et le symbole
de toute résistance ?
(L’Angleterre symbole de résistance par la mise à l’échec du projet de son invasion par
l’Allemagne ; l’Angleterre espoir de la résistance car elle a accueilli de nombreux
gouvernement en exil, ainsi que de nombreuses forces armées étrangères)
3- Peut-on dire que la Seconde Guerre mondiale fut aussi une guerre africaine ?
4- L’Afrique est-elle restée à l’écart de la Seconde Guerre mondiale ?
Travail sur le web
Recherchez sur le web les cartes illustrant les grandes phases militaires de la Seconde Guerre
mondiale
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