Étude sur l`amplification en ligne des systèmes de communication

Résumé- Le but de cette étude est dévaluer la
contribution de lamplification optique dans lamélioration
des performances dun système de communication optique
à longue distance. Nous présentons quelques résultats
dune étude menée pour guider la conception des systèmes
de transmission optique performants. Une présentation des
systèmes amplifiés est faite. Des résultats de simulation
permettant de comparer lamplification en ligne avec
lamplificateur à fibre dopée à lerbium et lamplificateur
optique à semiconducteur sont présentés.
I. INTRODUCTION
La conception des systèmes de transmission mettant en
oeuvre des éléments optiques divers nécessite l'appui d'outils
de simulation. En effet, le coût d'équipement requis pour
effectuer une étude expérimentale d'un système de
communication optique reste élevé. L'analyse et l'évaluation de
tels systèmes par la simulation peut s'avérer comme une
avenue intéressante de par la flexibilité et le coût relativement
peu élevé de cette méthode. Les travaux théoriques et
expérimentaux sur les éléments optiques permettent
actuellement de disposer de modèles dont la maturité assure
une concordance tout à fait appréciable entre l'expérimentation
et les résultats de simulation [1].
Un des souhaits dun concepteur de systèmes de
transmission est de pouvoir allonger au maximum la distance
séparant un émetteur optique du récepteur optique. La
technologie a évolué dans cette direction en passant de la fibre
multimode à la fibre monomode, supprimant ainsi la dispersion
intermodale et en passant de la longueur donde de 1330 nm à
1550 nm, minimisant ainsi latténuation. Celle-ci demeure
pourtant la première limitation des liaisons à longue distance.
Dès lors que la distance sur laquelle on doit transmettre devient
supérieure à la portée du système, on est obligé dutiliser des
répéteurs régénérateurs optoélectroniques qui convertissent le
signal optique en signal électrique, le régénèrent et le
convertissent à nouveau en signal optique en vue de le
transmettre vers un autre répéteur ou terminal de ligne.
Le régénérateur optoélectronique comprend un laser, une
photodiode et un grand nombre de circuits intégrés. Tous ces
composants devant fonctionner à grands débits sont chers,
complexes, délicats à réaliser et à interfacer. Malgré les
progrès incontestables de l'électronique à large bande, il y a
lieu de penser que le développement de ce type de
régénérateurs à des débits supérieurs à 2.5 Gbits/s sera
coûteux. Pourtant, les besoins en débit ne cessent daugmenter.
Cette course à la capacité semble devoir se ralentir pour des
raisons technologiques liées à la faisabilité des régénérateurs
optoélectroniques [2]; doù le grand engouement vers les
systèmes non régénérés avec lutilisation de lamplification
optique.
II. INTÉRÊT DE LAMPLIFICATEUR OPTIQUE
Lamplificateur optique est un dispositif qui assure
lamplification du signal tout en restant dans le domaine
optique. Deux types damplificateurs optiques ont aujourdhui
des applications clairement identifées : lamplificateur optique
à semiconducteurs et lamplificateur optique à fibre dopée à
lerbium. Ces deux types damplificateurs optiques
fonctionnement sous le même principe physique : un faisceau
lumineux incident est amplifié grâce à un apport extérieur
dénergie appelé pompage.
Lamplificateur optique présente de nombreux intérêts
qualitatifs par rapport au répéteur régénérateur qui doit être
conçu pour un débit bien spécifique. En effet, dans un
amplificateur optique, la bande passante nest plus limitée par
lélectronique et peut atteindre plusieurs centaines de
gigahertz. Lamplificateur optique offre lavantage damplifier
les signaux dont la longueur donde correspond à leur plage de
sensibilité sans tenir compte du débit de transmission et du
format de modulation utilisé. Cependant, lamplificateur
optique ne régénère pas le signal et neffectue pas non plus la
mise en forme du signal à amplifier ; il amplifie le signal au
même titre que son bruit associé.
Lamplification optique peut avoir lieu en trois points
dune liaison qui correspondent aux trois applications
principales dun amplificateur optique comme indiqué à la
figure 1.
Fig. 1 Applications de lamplificateur optique.
Amplificateur de ligne
Amplificateur de ligne
Post-amplificateur
Pré-amplificateur
Module de
Transmission
Module de
Réception
Fibre optique
Étude sur lamplification en ligne des systèmes de communication
optique
A. Boyoguéno Bendé, M. A. Duguay, P. Fortier
Département de génie électrique, Université Laval, Ste-Foy (Québec) Canada, G1K 7P4
Fax : 418 656-3159
Lobjectif des études de système est lidentification des
points de fonctionnement possibles pour le débit à transmettre
et la longueur de la liaison. Le post-amplificateur placé à la
sortie du module de transmission a pour rôle daugmenter la
puissance de sortie de lémetteur et donc daccroître dautant le
budget total de la liaison. Les amplificateurs en ligne ont pour
fonction de compenser latténuation du signal par la fibre et les
différentes pertes encourues. Le pré-amplificateur situé à
lentrée du module de réception permet daugmenter en même
temps la sensibilité du récepteur et le budget de la liaison ; ici
la minimisation du facteur de bruit est très recherchée.
III. CARACTÉRISTIQUES DES AMPLIFICATEURS
OPTIQUES À FIBRE DOPÉE À LERBIUM. (EDFAs)
Le milieu amplificateur est le coeur dune fibre optique
monomode dopée avec des ions de terre rare. Pour
lamplification autour de 1550 nm, fenêtre de faible atténuation
des fibres optiques en silice, les dopants sont des ions Er3+. Le
pompage est réalisé optiquement par couplage dans la fibre
optique dun flux lumineux puissant provenant dune diode
laser de pompe. Les longueurs donde de pompe sont celles qui
permettent les transitions vers les états excités de lerbium. 980
et 1480 nm sont les deux longueurs donde de pompe les mieux
adaptées et, les diodes lasers à ces longueurs donde sont
disponibles. La comparaison de leur intérêt respectif montre
que le pompage à 980 nm permet une inversion de population
maximale et introduit un minimum de bruit, tandis que le
pompage à 1480 nm est aujourdhui le mieux maîtrisé avec des
puissances élevées de pompage et de saturation [3].
Fig. 2 Configuration dun amplificateur optique à fibre dopée à lerbium avec
pompage optique.
La figure 2 donne un exemple de configuration de ce type
damplificateur. LEDFA consiste en un morceau de fibre
optique monomode dopée, de longueur denviron 10 - 20 m et
dun laser de pompe. La lumière provenant de la pompe excite
les ions Er3+ au niveau dénergie supérieur, ce qui permet de
réaliser linversion de population. Le multiplexeur optique
sélectif en longueur donde effectue le couplage dans la fibre
dopée à lerbium du signal à transmettre et du signal de pompe;
celui-ci doit présenter une perte dinsertion faible aux deux
longueurs donde afin doptimiser le rendement optique du
système. Les isolateurs optiques permettent déviter les
oscillations et dassurer la stabilité des caractéristiques de gain
en bloquant tous les faisceaux lumineux susceptibles de revenir
en aval. Le signal de pompe peut être couplé dans la fibre en
co-propagation ou en contre-propagation.
La figure 3 met en évidence une large bande passante
permettant une amplification simultanée de plusieurs signaux
multiplexés en longueur donde. Le multiplexage en longueur
donde permettra daugmenter la capacité sans rendre le
système plus complexe. La transmission dimpulsions de type
soliton est une alternative permettant déviter la déformation
des signaux le long de la ligne.
Fig. 3 Spectres démission et dabsorption
La figure 4 montre le bon comportement du gain en
fonction du signal de pompe dune part et du signal à
transmettre de lautre. Lamplification dépend aussi bien du
signal dentrée que de la longueur donde. À faible puissance
dentrée, le gain est maximum à 1530 nm [4]. Bien que le gain
de lEDFA croît initialement avec la puissance de pompe, il
sature pour les valeurs de pompe élevées. Un gain de 30 - 48
dB est réalisable avec ce type damplificateur [3].
Fig. 4 Gain de lamplificateur optique à fibre dopée Er3+.
IV. CARACTÉRISTIQUES DES AMPLIFICATEURS
OPTIQUES À SEMI-CONDUCTEURS.
En principe, tout laser à semiconducteurs peut servir
damplificateur optique. Il suffit denlever les miroirs et dy
injecter de la lumière dune source externe comme dans
lamplificateur à fibre. Les travaux sur lamplification optique
à semiconducteurs datent dau moins une quinzaine dannées
et ils sont mis à profit depuis longtemps dans le domaine des
lasers de puissance [2]. Les applications couvrent une gamme
de longueurs donde assez étendue incluant 1330 et 1550 nm.
En pratique, les amplificateurs optiques à semiconducteurs
souffrent des problèmes sérieux qui constituent leurs limites
pour certaines applications [4].
Laser
Pompe
Signal
Isolateur
optique Multiplexeur
optique Isolateur
optique
Fibre dopée
à lerbium
Signal
amplifié
Ils permettent dobtenir un gain élevé jusquà 30 dB selon
le semiconducteur, la longueur donde du signal amplifié et le
courant de polarisation et ce, sur une large bande passante (30 -
50 nm) [3].
Fig. 5 Configuration de base dun amplificateur optique à semiconducteurs.
La figure 5 donne une configuration de base dun
amplificateur optique à semiconducteurs. Les deux facettes de
lamplificateur sont recouvertes dun revêtement antireflets
afin de diminuer les réflexions de la lumière vers lintérieur du
circuit intégré. La lumière incidente entre dans le circuit, elle
est amplifiée et sort par lautre bout pour être couplée dans la
fibre. Idéalement, il ny a pas de réflexion du signal vers
lamplificateur. Les pertes de couplage du faisceau incident
dans lamplificateur sont très élevées, car le diamètre du
faisceau est supérieur à lépaisseur de la couche active. En
plus, le gain de lamplificateur dépend de la polarisation de la
lumière incidente; ce qui est difficilement contrôlable, car les
fibres optiques monomodes standards ne sont pas à maintien de
polarisation.
Fig. 6 Gain en fonction de la longueur donde.
La figue 6 présente des résultats de simulation du gain de
lamplificateur en fonction de la longueur donde optique. Les
courbes sont tracées pour une puissance du signal dentrée
fixée (dBm), et pour une longueur donde variant de manière
continue. Lorsque le courant de polarisation augmente, le
maximum de gain est décalé vers de courtes longueurs donde;
ce qui pourrait être attribué à la variation de la polarisation de
la lumière incidente dans la fibre.
Le gain est aussi simulé en fonction de la puissance du
signal dentrée variant de -40 dBm à 0.0 dBm (figure 7). On
remarque une bonne sensibilité du gain aux faibles puissances
du signal incident. Le gain est presque constant pour les faibles
puissances traversant lamplificateur.
Fig. 7 Gain en fonction de la puissance du signal.
Tout comme les amplificateurs optiques à fibre dopée, les
amplificateurs à semiconducteurs peuvent amplifier les
signaux dans une bande de fréquence assez large. Ils
permettent dobtenir un meilleur gain aux deux fenêtres de
télécommunications optiques, à savoir 1300 et 1550 nm.
V. ÉTUDE COMPARATIVE
Les amplificateurs optiques à fibre dopée à lerbium
fonctionnent mieux que leurs homologues à semi-conducteurs
et présentent plusieurs caractéristiques qui les rendent plus
attrayants quant à leur utilisation dans les systèmes de
transmission optique à grandes distances et à débits élevés. Ils
introduisent de faibles pertes dinsertion et ils ont une très
faible distorsion du signal. En effet, le signal à lentrée est
presque similaire à celui qui en sort. La diaphonie et le bruit
sont faibles et de plus, ils sont insensibles à la polarisation de la
lumière incidente.
La supériorité du gain et de la puissance de saturation, les
faibles pertes dinsertion et la réduction du facteur de bruit
conduisent à préférer les EDFAs aux amplificateurs optiques à
semiconducteurs pour les applications de post-amplification,
damplification en ligne et de pré-amplification. Cependant, les
EDFAs sont limités à lamplification du signal autour de 1550
nm, ce qui constitue leur principale limitation intrinsèque. Les
amplificateurs à semiconducteurs présentent quant à eux
lavantage damplifier des signaux sur une plus grande gamme
de fréquences. De plus, les amplificateurs à semiconducteurs
se prêtent à lintégration monolithique, ce qui est difficilement
réalisable avec les EDFAs.
VI. CONTRAINTES DES SYSTÈMES AMPLIFIÉS
Les limites des systèmes non régénérés à grandes
distances sont imposées par le bruit, la puissance de saturation
des amplificateurs optiques et par les phénomènes non
linéaires inhérents à la propagation dans la fibre.
Amplificateur à
semiconducteurs
coeur coeur
Input F.O Output F.O
Revêtements
antireflets
Couche
active Faisceau issu de la fibre optique
Laugmentation du débit binaire entraîne une dégradation du
rapport signal sur bruit en raison de lélargissement de la bande
électrique de réception [5]. Cette augmentation de débit accroît
en outre linfluence des phénomène non linéaires,
principalement leffet Kerr du fait de la réduction de la durée
de lintervalle de temps binaire et de lencombrement spectrale
accru du signal.
Le multiplexage en longueur donde de plusieurs canaux à
débit binaire moins élevé est une alternative attrayante
permettant de repousser les limites précitées. Mais il faudrait
au départ maîtriser lespacement entre les canaux.
Le passage de la longueur donde 1330 nm correspondant
au zéro de dispersion à 1550 nm où le coefficient de dispersion
est denviron 18 ps/km.nm est un autre facteur limitatif surtout
à de grandes distances ou même à des débits élevés. Les
nouveaux systèmes de communication optique devant être
réalisés à cette longueur donde, la compensation de la
dispersion constitue une étape importante à franchir.
Lutilisation des fibres optiques monomodes à dispersion
décalée permet actuellement de minimiser leffet de la
dispersion dans la dégradation du signal. R. Heidemann et al.
[6] présentent des résultats intéressants qui permettent de
croire que les systèmes à 1550 nm ne seront plus limités par la
dispersion.
Comsis [7] et T. Li [8] décrivent très bien les détails du
phénomène permettant lamplification optique du signal.
Lémission stimulée est à lorigine de lamplification optique
dun faisceau de photons incidents. Quant à lémission
spontanée, elle peut être amplifiée à son tour par lémission
stimulée: il sagit alors démission spontanée amplifiée (ASE),
à lorigine du bruit des amplificateurs optiques. Contrairement
à lémission spontanée, lASE dépend de la longueur donde et
de la puissance de pompe injectée dans la fibre. Elle se
comporte comme un bruit vis à vis du signal utile.
Ce bruit est un facteur qui limite la mise en cascade des
amplificateurs optiques puisquà chaque étage damplification,
sajoute le bruit local au bruit amplifié créé par létage
précédent. LASE accumulée est proportionnelle au gain de
chaque amplificateur et à leur nombre. Son spectre est celui de
lémission spontanée modifié par le profil de gain de la chaîne
amplificatrice. Le photocourant résultant de lASE peut être
approximé par [8] :
avec nsp le facteur démission spontanée, m le nombre
damplificateurs, G le gain de chacun deux, lefficacité de
couplage pouvant prendre en compte les pertes de transmission
entre le dernier amplificateur et le récepteur, Bo la bande
passante optique et e la chage dun électron.
Dans un système amplifié de longueur totale L et
despacement entre amplificateurs successifs d, le nombre
damplificateurs m est donné par m = L/d, et le gain de chaque
amplificateur est G=(Gtotal)1/m. Il est évident que le
photocourant dû à lémission spontanée amplifiée est minimisé
si d tend vers zéro ; ce qui améliore le rapport signal sur bruit.
VII. CONCLUSION
En plus des avantages qualitatifs des amplificateurs
optiques (OAs), par rapport aux répéteurs régénérateurs
constitués dun grand nombre de composants électroniques,
ceux-ci permettent de réduire le coût global des installations,
car le coût de maintenance est réduit par la diminution du
nombre déléments. Laugmentation de la puissance
démission grâce à lemploi du post-amplificateur renforcée
par lutilisation du pré-amplificateur engendre un
accroissement de la portée possible des systèmes non
régénérés. Lutilisation de la fibre à dispersion décalée
(recommandation G.653 de lUIT-T) présente lavantage de
repousser la limitation due à la dispersion chromatique. Les
amplificateurs optiques sadaptent à lévolution du réseau vers
les hauts débits jusquà quelques dizaines de Gbits/s.
VIII. BIBLIOGRAPHIE
[1] E. Gay et al. “Modelling of optical components for transmission
systems, L'Onde Électrique, nov./déc. 1994, vol. 74, no. 6.
[2] P. Vandamme et al., “Soliton transmission on optical fibres, Ann.
Télécommun. 50, no. 1, pp. 77-97, 1995.
[3] L. Thibaut, Lamplification optique dans les réseaux terrestres de
transport: la famille 1610 OA”, Communication & Transmission 1, p. 27-
34, janv./fév. 1993.
[4] J. Hecht, “Understanding Fiber Optics”, second edition, Sams
publishing, pp. 161-172, 1993.
[5] P.M. Gabla, O. Scaramucci, “Liaisons par fibres optiques à longue portée
et haut débit avec amplification optique, Communication &
Transmission 3, pp. 67-74, 1992.
[6] R. Heidemann et al. 10-GB/s Transmission and Beyond”, Proc. IEEE,
vol. 81, no. 11, pp. 1558-1567, novembre 1993.
[7] Manuels du logiciel COMSIS Version 6.2, Société I.P.S.I.S, Cesson
Sévigné, France
[8] T. Li, The impact of Optical Amplifiers on Long-Distance Lightwave
Telecommunications, Proc. IEEE, vol. 81 , no. 11, pp. 1568-1579,
novembre 1993.
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