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P
RÉSENTATION : 
P
HILOSOPHIE ET 
L
ANGAGE
 
 
   Notre propos  vise  à  définir  et  à  exposer  la  Philosophie,  soit  à  en  élucider  le  concept  ou  l'idée. 
Tentant de philosopher sur la philosophie, il tourne infailliblement dans un cercle épistémologique. 
Loin de discréditer celui-ci, en le taxant de cercle vicieux, on voudra bien y lire la marque de la nature 
réfléchie du Langage qui délimite la sphère du dicible - pensable et auquel rien par principe n'échappe.
 
La discipline que nous avons en vue se résume-t-elle à autre chose qu'à un Méta-Discours ? 
Que la Philosophie (ne) soit (qu') une modalité du Discours ressort du simple fait qu'elle se donne  
dans et par les mots, seuls instruments au demeurant de la connaissance ou révélation. Nul « objet » ne 
saurait en effet exister pour nous tant qu'il n'a pas été appréhendé ou identifié par un sujet, id est nous, 
ce qui implique qu'il ait été d'abord nommé, sinon on ne pourrait rien en dire et encore moins en 
constituer une science quelconque, faute de savoir de quoi l'on parle au juste et de pouvoir le qualifier. 
Être c'est être dit, telle est l'unique prémisse de toute parole et donc du Verbe philosophique. 
 
   Celui-ci s'inscrit néanmoins dans un registre discursif privilégié, dans la mesure où il va tirer toutes 
les conséquences de cette proposition liminaire. Puisque rien ne préexiste au Langage, il est vain de 
chercher un sens dans le rapport entre les vocables et des choses, ce dernier ne s'originant que de        
la  relation  entre  les  termes  eux-mêmes  ou  de  leur  lien  interne.  L'expérience  la  plus  ordinaire              
du dictionnaire, qui confronte le sujet, parti à la recherche d'une signification, au perpétuel renvoi des 
expressions les unes aux autres, sans nul recours externe, illustre ce point. Partant pour atteindre un 
Sens plein, il faut parcourir le Logos en son entier, sous peine de se condamner à du non-sens, ou, ce 
qui revient au même, à un sens seulement partiel ou partial. Pour dire l'Être il importe de dire le Tout. 
On  n'a  rien  dit,  tant  que  l'on  n'a  pas  tout  dit,  tel  est  le  corollaire  du  postulat  linguistique  et 
conséquemment  philosophique.  L'objectif  de  la  Doctrine  de  la  Sagesse  n'a-t-il  pas  toujours  été 
d'articuler l'intégralité de l'intelligible, soit de former le Système de la Science humaine et de dire ainsi 
la Vérité, le Vrai ou mieux le Véri-dique ? 
 
   Encore convient-il de s'accorder sur le contenu du mot « Totalité » qui s'avère pour le moins ambigu. 
Selon qu'on en retient une notion extensionnelle ou compréhensive, on dessinera une tout autre figure 
de  la  Langue  et/ou  Philosophie.  Suivant  la  première  il  suffirait  d'additionner  les  différentes 
significations possibles pour obtenir un savoir intégral ou total. Mais, outre qu'une pure sommation 
d'éléments ne produit jamais un ensemble, les diverses parties retenues ne méritent l'appellation de 
significations que si elles recèlent déjà un lien, conformément à leur statut. Aussi un authentique Tout 
doit se concevoir, d'après la seconde acception de ce terme, sous la forme d'une Relation a priori entre 
tous  les  sens  découlant  eux-mêmes  directement  de  l'affirmation  ou  position  du  Discours  même  ;        
ce n'est qu'ainsi qu'il a la moindre chance de témoigner de l'absoluité, autonomie ou systématicité      
du Langage - Pensée et/ou du Philosopher en particulier. 
 
   Or celui-ci, méconnaissant toute extériorité, ne profère finalement et exclusivement que soi-même. 
Le propre du dire, philosophique surtout, est d'être fondamentalement auto-référentiel ou sui-réflexif. 
De sorte qu'une étude qui prétend à la conscience exhaustive de l'exprimable (signifiable) présentera 
nécessairement  une  figure  circulaire  ou  cyclique.  Véritable  Encyclopédie,  le  Texte  du  Philosophe 
épousera donc les contours du procès discursif effectif, signant par là-même son caractère véri-dique. 
Loin de faire nombre avec les autres discours possibles ou de proposer une vérité inédite ou originale, 
la science philosophique se contente de les englober tous et de réfléchir du coup rétrospectivement     
la vérité, à la fois profonde et banale, du Langage -Parole et Écriture indistinctement- en général.      
En quoi elle correspond à notre « vocation » d'Homo loquens et/ou sapiens. 
 
   Plutôt  que  d'ouvrir  à  des  mystères  insondables,  la  Philosophie nous  délivre  un  message  clair  et 
pourtant  fréquemment  oublié,  qu'il  n'y  a  pas  d'autre  secret  que  celui  que  suscite  notre  parole. 
Reconduisant nos interrogations à leur lieu de naissance -origine, elle démontre leur unité et solubilité. 
Quel sens aurait du reste une question sans une réponse adéquate ou, mais c'est la même chose, que 
voudrait dire une recherche qui ignorerait tout de ce qu'elle cherche ? Pour le vérifier, engageons-nous 
derechef dans le philosopher, son cheminement - méthode nous révélera de lui-même ce dont il s'agit. 
On n'en trouvera ici qu'un abrégé, son exposé complet étant réservé à la Philosophie en Cours.