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réalités Cardiologiques # 283_Janvier 2012
Le dossier
Evaluation de l’ischémie myocardique
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IVA moyenne entraînant des troubles
apicaux limités masqués par l’asyn-
chronisme d’un bloc de branche gauche
(BBG) associé…
Pourquoi un stress jugé positif peut-il
être associé à une coronarographie
normale ? Positivité douteuse ou limi-
tée au cours du test ; forte HTA au pic
du stress (contrainte élevée) ; obstruc-
tion dynamique apicale intra-VG sous
dobutamine pouvant induire une fausse
positivité apicale. Dans certains cas, il
existe une dysfonction étendue “incon-
testable”, confirmée par plusieurs lec-
teurs malgré l’absence de sténose à la
coronarographie. Cet aspect rapporté
en général à une altération de la réserve
coronaire n’est pas rare et semble avoir
des implications pronostiques péjo-
ratives malgré l’absence de lésions
coronaires avérées. Ainsi, un taux de
32,5 % de “faux positifs” (coronarogra-
phie normale ou lésions avec sténose
< 50 %) a été retrouvé récemment chez
1 477 patients, avec un taux de survie à 1
an et 3 ans comparables entre les patients
ayant un stress “vrai positif” et un stress
“faux positif” [9].
Méconnaître une sténose monotroncu-
laire de la droite, de la circonflexe ou
d’une IVA distale n’a pas d’implica-
tion sérieuse, en ce sens que le pronos-
tic est comparable entre une stratégie
médicamenteuse et une stratégie de
revascularisation [10]. En revanche, il
est essentiel de ne pas méconnaître des
lésions à haut risque : lésions dont on
sait que la revascularisation améliore le
pronostic vital, lésions dont les consé-
quences en périopératoire de chirurgie
non cardiaque peuvent être graves. C’est
le cas des atteintes du tronc commun et
des atteintes tritronculaires (surtout avec
une atteinte associée de l’IVA proxi-
male). Une méta-analyse récente portant
sur 23 études montre que l’échographie
de stress est plus performante que la
scintigraphie en termes de sensibilité
dans ce type d’atteintes coronaires : sen-
sibilité de 94 % pour l’échographie de
invasif, en considérant comme positive
une coronarographie montrant une sté-
nose à plus de 50 %. La performance de
chaque test est exprimée par une sensibi-
lité (% de vrais positifs chez ceux ayant
une coronarographie pathologique) et
une spécificité (% de vrais négatifs chez
ceux ayant une coronarographie nor-
male). En général, les données publiées
montrent des performances globales
comparables de l’échographie de stress
et de la scintigraphie [6]. Toutefois,
un échographiste ne résistera pas aux
charmes d’importantes méta-analyses
dégageant une meilleure spécificité
de l’échographie de stress. Ainsi, une
méta-analyse portant sur 44 études [7]
(patients sans antécédent de corona-
ropathie et bénéficiant d’une corona-
rographie en raison d’un test positif) a
montré pour l’échographie de stress une
sensibilité de 85 % et une spécificité de
77 % pour détecter une coronaropathie,
contre une sensibilité de 87 % et une
spécificité de 64 % de la scintigraphie.
La coronarographie est donc le juge
de paix : à chaque fois que l’on rend
un stress positif, elle dira en filigrane
que le travail a été bien fait si les deux
examens concordent, mais dans le cas
contraire… alors que l’on sait bien que la
mise en évidence d’une lésion coronaire
significative n’est pas pour autant syno-
nyme d’ischémie, et que des anomalies
de réserve coronaire peuvent entraîner
une ischémie malgré l’absence de sté-
nose significative.
Pourquoi un stress jugé négatif peut-il
être associé à une coronarographie
pathologique [8] ? Parce que le stress est
techniquement insuffisant (mauvaise
échogénicité, mauvaise lecture, épreuve
sous-maximale en raison d’une capacité
d’exercice insuffisante ou du maintien
d’un traitement bêtabloquant) ; atteinte
monotronculaire, notamment de la
coronaire droite ou de la circonflexe,
en particulier sous dobutamine, où la
grande hypercontractilité VG peut mas-
quer des lésions limitées ; une lésion
Mais l’échographie n’est pas exempte de
reproches :
– la qualité technique est parfois insuffi-
sante. Dans ces cas assez rares, l’utilisa-
tion de produits de contraste [3], prônée
presque systématiquement par certaines
équipes (mais obligeant alors à perfuser
les malades en échographie d’effort),
permet d’améliorer la performance dia-
gnostique ; dans notre équipe, le recours
au contraste est extrêmement rare ;
– la lecture des examens est très opéra-
teur-dépendante [4] (mais l’IRM en est
très proche, et le côté “automatique” du
diagnostic scintigraphique n’est qu’ap-
parent), et l’absence de critères “chiffrés”
rend l’interprétation subjective, surtout
en situation d’échogénicité médiocre. Il
nous paraît indispensable de recourir
à une double lecture à chaque fois que
l’interprétation est difficile. C’est ce que
nous faisons dans notre laboratoire, alors
que les 15 à 20 stress qui sont pratiqués
quotidiennement pourraient (à tort) nous
faire croire que nous n’avons pas besoin
de confronter nos lectures !! Les outils
modernes de communication peuvent
permettre aux stressistes “isolés” de
transmettre leurs images à des centres
plus experts, afin d’en discuter l’inter-
prétation. Certains proposent d’utiliser
des critères de déformation pour rendre
l’interprétation plus objective. Cette pers-
pective semble séduisante en diastole,
puisque, dans un territoire ischémique,
on peut mettre en évidence une atteinte
de la relaxation plus de 10 minutes après
l’arrêt de l’effort (on s’affranchit donc
largement de la tachycardie) dans 85 %
des cas [5] ; toutefois, ces approches sont
encore du domaine de la recherche cli-
nique, et l’aspect qualitatif reste encore
la clé du diagnostic en routine.
[
Performance de
l’échographie de stress
et des autres techniques
La coronarographie est utilisée comme
technique de référence pour préciser la
valeur diagnostique de chaque test non