Analyse économique macro - 2ème année

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HEC Lausanne, 2005/2006
Analyse économique macro - 2ème année
Notes de cours : 1re partie (Pommeret)
Important : ce document ne se substitue ni au cours, ni à l’ouvrage de référence
(Blanchard & Cohen ou un autre livre de référence)
1
L’équilibre macroéconomique
1
Introduction
Toutes les économies sont sujettes à des fluctuations de l’emploi, du chômage,
de la production industrielle, du PIB...Il existe des récessions accompagnées
d’accroissement du chômage, des booms accompagnés de diminution du chômage...
1) d’où proviennent ces fluctuations ?
2) que peut faire le gouvernement pour stabiliser l’économie et supporter l’emploi ?
On a commencé à se poser ces questions dans les années 30 durant la grande
récession. La théorie classique promettait un ajustement du marché du travail
qui préserverait le plein-emploi. Pourquoi cela ne s’est-t-il pas produit ? La
théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de Keynes a contribué
à répondre à cette question (c’est aussi le point de départ de la macroéconomie
moderne).
1.1
Comment allons-nous procéder ?
En construisant un modèle macroéconomique.
Qu’est ce qu’un ”bon modèle” macroéconomique ?
Un ”bon modèle” est celui qui a les cinq caractéristiques suivantes :
(1) les hypothèses et les simplifications effectuées doivent être raisonnables
(2) il respecte des règles de logique interne
(3) il peut être utilisé pour étudier des problèmes réels
(4) on peut comparer ses prévisions aux faits réels observés
(5) lorsque l’on compare les implications du modèle aux faits on n’observe pas de
contradiction majeure
Parvenir à écrire un bon modèle n’est pas facile. Il faut sans cesse faire des allers
et retours entre le modèle théorique et les faits. Pratiquement, la recherche du
bon modèle est une entreprise collective à laquelle participe toute la communauté
scientifique.
2
Exemples de modèles :
• Le modèle IS/LM qui sera exposé dès la deuxième section a été proposé par
John Hicks en 1937 comme une façon pratique (réductrice dirons certains)
de résumer la Théorie Générale de Keynes parue en 1936.
• Dans les années soixante, Mundell et Fleming l’étendent pour tenir compte
de l’ouverture croissante des économies.
• Mais ce modèle, qui n’accorde qu’une maigre place aux comportements des
entreprises et à l’offre de biens n’est pas un outil d’analyse suffisant pour
rendre compte par exemple de ce qui se passe au moment de la brutale
hausse des prix du pétrole en 1973. Il n’est alors pas étonnant que ce
modèle ait été par la suite complété pour intégrer des phénomènes liés à
l’offre. Le résultat est le modèle ” Offre Globale / Demande Globale ” qui
sera présenté ici.
1.2
Les débats entre macroéconomistes
Si on devait simplifier à l’extrême, l’opposition la plus forte se situe
entre les économistes ”keynésiens” et les économistes ”néoclassiques” :
• Pour les économistes keynésiens, le fonctionnement spontané des marchés
ne suffit pas à assurer une évolution régulière de l’économie
⇒ justifie une intervention de l’Etat
• Pour les économistes ”néo-classiques ”, le libre jeu des forces du marché
permet la meilleure allocation possible des ressources
⇒ les interventions de l’Etat ne sont pas souhaitables.
En fait ces conclusions, qui paraissent franchement opposées, peuvent être obtenues
à partir de modèles en tout point semblables, à l’exception d’une ou deux hypothèses fondamentales. C’est pourquoi les débats entre macroéconomistes se
concentrent bien souvent sur la nature des hypothèses de base sur lesquelles sont
construits leurs modèles.
L’opposition entre ”keynésiens” et ”néo-classiques” ne suffit pas à rendre compte des débats entre macro-économistes : des débats surgissent
naturellement lorsqu’une nouvelle question apparaît.
3
Les débats peuvent porter sur la politique économique à mettre en
oeuvre.
1.3
La construction du modèle
Il comprend :
• 3 marchés :
- le marché des biens et services
- le marché de la monnaie
- le marché du travail
et décrit les interactions entre ces marchés
• 3 types d’agent : les ménages, les entreprises et l’Etat.
Les choses sont assez complexes :
Les mêmes agents économiques interviennent des deux côtés des 3 marchés.
La marche à suivre :
1. On identifie les principaux déterminants de l’offre globale (la production
de la totalité des entreprises et des entrepreneurs individuels pendant une
période donnée en fonction des prix). C’est assez complexe car on doit
prendre en compte le fonctionnement du marché du travail. On va identifier
une offre globale et un niveau d’emploi en fonction du niveau général des
prix.
2. On identifie les principaux déterminants de la demande globale (ie. la
demande de biens et services domestiques pendant une période donnée, en
fonction des prix) qui dépend, elle, de ce qui se passe sur le marché de la
monnaie et sur le marché des biens et services. On va identifier un niveau
de demande globale et un niveau du taux d’intérêt en fonction du niveau
général des prix.
3. On confronte offre globale et demande globale. On identifie alors le prix et
le niveau de l’activité économique d’équilibre.
4
On disposera alors d’une représentation très simplifiée (car soumise à beaucoup d’hypothèses simplificatrices) de l’économie qui permettra d’apporter des
réponses (elles aussi conditionnelles à nos hypothèses) aux questions qu’on se
pose : on analysera l’effet de chocs de demande, de choc d’offre ainsi que l’effet
de différentes politiques économiques.
Remarque : Comme cette offre et cette demande de biens ont été obtenues
en prenant en compte le fonctionnement des autres marchés (marché du travail
et marché de la monnaie) on préfère les nommer Quasi Offre Globale et Quasi
Demande Globale, ou plus simplement Offre Globale et Demande Globale.
Pourrait-on procéder autrement ?
Pour bien isoler les différents mécanismes économiques, nous irons du
plus simple au plus compliqué.
1. a) on étudie l’offre globale (donc le marché du travail).
b) en utilisant cette offre globale + en supposant une forme simple et intuitive pour la demande globale (décroissante avec le niveau général des
prix) on obtient l’équilibre macroéconomique : c’est le modèle ”offre globale/demande globale”. On peut déjà analyser l’effet de chocs d’offre + de
politiques d’offre.
2. a) on étudie en détail la demande globale (donc le fonctionnement du
marché des biens et services et celui du marché de la monnaie)
b) on reprend le modèle ”offre globale/demande globale” pour analyser
l’effet de chocs de demande + de politiques de demande.
3. on introduit de la dynamique
4. on ouvre l’économie
...
2
L’offre globale et l’équilibre macroéconomique
Définition 1 : L’offre agrégée est la production que l’ensemble des entreprises et des entrepreneurs individuels mettent sur le marché pendant une période donnée pour un niveau de prix donné.
5
Définition 2 : L’équation d’offre globale exprime la relation entre la
production agrégée (ou offre agrégée) et le niveau général des prix.
Pour prendre leurs décisions de production concernant les mois à venir, les entreprises considèrent le stock de capital (la quantité de machines) dont elles disposent
comme donné ⇒ la principale variable d’ajustement pour l’entreprise est la quantité de travail qu’elle utilise ⇒ sous ces hypothèses, l’offre agrégée provient de
l’équilibre sur le marché du travail.
2.1
2.1.1
Analyse de l’offre et de la demande de travail (voir
Burda & Wyplosz)
Demande de travail par les entreprises
Comment les entreprises déterminent-elles le montant qu’elles souhaitent produire ? Elles cherchent à maximiser leur profit.
max Π(N) = Y P − W N − RK
N
Y = F (L, K) est la production
W : salaire
N : quantité de travail utilisée
R : coût d’usage du capital (taux d’obsolescence+taux d’intérêt...)
On suppose que les entreprises sont preneuses de prix
Condition du premier ordre :
∂Π(N)
=0
dN
∂F (N, K)
W
⇔
=
∂N
P
Sous l’hypohèse de productivité marginale du travail décroissante,
• c’est bien un maximum :
(1)
∂Π2 (N)
<0
dN 2
∂F 2 (N, K)
⇔
<0
∂N 2
• La quantité de travail demandée par l’entreprise et la quantité de production
offerte sont des fonctions décroissantes du salaire réel.
6
α
Dans le cas d’une fonction de production Cobb-Douglas : F (N, K) = AK N 1−α
α
equation (1) ⇔ (1 − α)AK N −α = W/P
1/α
P (1 − α)A
∗
⇔ N =
K
W
W/P
Ys
(Ys)1
(W/P)2
(Ys)2
(W/P)1
(Nd)2
(Nd)1
Nd
(Nd)2
(Nd)1
Nd
Graphique 1 : Demande de travail et offre de biens et services des entreprises
Effets de chocs ou de politiques économiques sur la demande de
travail
• augmentation du stock de capital des entreprises
• augmentation de l’efficacité des techniques de production utilisées (le progrès technique)
⇒ qualitativement les mêmes effets : la productivité du travail est augmentée et
pour un salaire réel donné les entreprises souhaitent utiliser davantage de travail
⇒ déplacement vers la droite de la relation décroissante entre l’emploi désiré par
les entreprises et les salaires réels.
7
W/P
Ys
(Ys)2
(Ys)1
(W/P)1
(Nd)1
(Nd)2
Nd
(Nd)1
(Nd)2
Nd
Graphique 2 : Effet d’une augmentation du stock de capital des entreprises
Remarque : c’est ce type d’argumentation qui a été avancé pour expliquer
les performances de l’économie américaine pendant les sept dernières années du
vingtième siècle.
2.1.2
Offre de travail par les ménages
Les individus souhaitent travailler pour gagner leur vie. L’offre de travail n’est
pas constante, elle varie au cours du temps selon que :
• la population en âge de travailler augmente ou diminue.
• l’environnement social et culturel se modifie : par exemple, les femmes
seront d’autant plus susceptibles de travailler qu’elles trouveront des moyens
de faire garder leurs enfants.
Pour l’analyse des phénomènes de court terme qui nous intéressent, nous pouvons
considérer que ces caractéristiques sont données et nous intéresser au lien qui unit
l’offre de travail et le salaire.
Arbitrage consommation/loisir
Exemple : Imaginez un instant que votre salaire nominal double (passant de
1000 à 2000 euros par mois) alors que tous les autres prix restent identiques.
Quel sera votre réaction ?
• Travailler davantage pour gagner encore plus ?
8
• Travailler moins pour conservez un pouvoir d’achat identique à celui que
vous aviez précédemment et profitez de davantage de temps de loisir ?
La théorie microéconomique a depuis longtemps identifié deux effets qui, dans un
cas pareil, jouent en sens contraire : celui qui vous incite à travailler davantage
est connu sous le nom d’effet de substitution, celui qui vous incite à travailler
moins est connu sous le nom d’effet de revenu et l’effet global dépend de la
conjonction de ces deux effets contraires.
Cela résulte d’un arbitrage entre consommation et loisir :
+
+
max U(N0 − N, C)
C,N0 −N
sous la contrainte
⇔ C = WN + W
C + W (N0 − N) = W N0 + W
N0 : temps disponible
N : temps consacré au travail
N0 − N : temps consacré au loisir
W N0 : revenus salariaux potentiel
W : revenus non salariaux
C
E1
WN0+W
E''
E'
E
W1
W0
N0-N
N0
Graphique 3 : Effets revenu et effet substitution
9
A l’optimum :
Taux marginal de substitution = −
∂U/∂(N0 − N)
dC
|U =U =
=W
d(N0 − N)
∂U/∂C
On suppose que le loisir est un bien normal. Si W augmente, il existe :
• un effet substitution : le loisir devient plus coûteux que la consommation
(réduit le loisir/augmente l’offre de travail) : E → E • un effet revenu indirect : l’accroissement du prix du loisir engendre un effet
revenu négatif (réduit le loisir/augmente l’offre de travail) : E → E • un effet revenu direct : le revenu potentiel (W N0 +W ) augmente (augmente
le loisir/réduit l’offre de travail) : E → E1
L’accroissement de W a un effet ambigu. Si les effets substitution+ revenu
indirect l’emportent, l’offre de travail est une fonction croissante du salaire réel
; si l’effet revenu direct l’emporte, l’offre de travail est une fonction décroissante
de W.
remarque : on parle parfois d’effet de revenu ”global” pour désigner l’effet
total E → E1 . Il correspond alors à la possibilité de consommer la même quantité
en travaillant moins, ce qui incite à réduire l’offre de travail.
• Une forme plausible pour l’offre de travail : avec un point de retournement.
Tout d’abord l’effet substitution l’emporte, puis à partir d’un certain niveau
du salaire réel, c’est l’effet revenu global qui domine.
• Si on suppose qu’il existe un agent représentatif, l’offre de travail agrégée
peut être confondue avec l’offre de travail individuelle (ce n’est pas très réaliste). Au niveau macroéconomique, on considère généralement que l’offre
de travail est d’autant plus élevée que le salaire réel est élevé et que c’est
donc l’effet de substitution qui l’emporte sur l’effet de revenu.
Effets des politiques économiques sur l’offre de travail
Exemples :
• L’Etat prend en charge les frais de garde des enfants ou abaisse l’âge d’entrée
à l’école. La conséquence sera probablement que pour un niveau de salaire
donné, davantage de personnes souhaiteront travailler ⇒ déplacement vers
la droite de la fonction d’offre de travail.
10
• Un crédit d’impôt (comme celui mis en place l’année 2001 en France) a aussi
pour effet d’augmenter, pour un salaire donné, le nombre de personnes qui
souhaitent travailler.
2.1.3
Equilibre du marché du travail, emploi et offre de biens
Nous allons considérer successivement 2 fonctionnements différents du marché du
travail.
• le salaire nominal est parfaitement flexible ⇒ le marché du travail est alors
toujours équilibré ⇔ pas de chômage involontaire.
• le salaire nominal est rigide ⇒ il existe du chômage involontaire.
Définitions :
1. Il existe du chômage involontaire dans la mesure où il existe des individus
qui souhaiteraient travailler plus, compte tenu du salaire en vigueur dans
l’économie.
Le chômage est dit volontaire lorsque certains individus choisissent de ne pas
travailler (ou de ne travailler qu’une fraction de leur temps disponible)
Flexibilité parfaite du salaire nominal
a) L’équilibre sur le marché du travail
On parle de flexibilité parfaite des salaires, lorsque le salaire nominal (et avec
lui le salaire réel) varie de façon à assurer l’égalité entre l’offre et la demande de
travail :
• lorsque l’offre de travail est initialement supérieure à la demande, le salaire
nominal diminue de façon à faire baisser le salaire réel et à rétablir l’égalité
entre offre et demande de travail.
• si la demande de travail est initialement supérieure à l’offre, les salaires
nominaux augmentent de facon à faire s’élever le salaire réel et à rétablir
l’égalité entre l’offre et la demande de travail.
Il y a donc toujours égalité entre l’offre et la demande de travail et il n’y a jamais
de chômage involontaire puisque tous ceux qui veulent travailler au salaire en
vigueur trouvent du travail.
11
W/P
Ns
W0/P0
W1/P0
Nd
Nd
N*
Ns
N
Graphique 4 : Equilibre sur le marché du travail avec flexibilité parfaite du
salaire nominal
b) L’offre agrégée
Une fois déterminé le niveau d’emploi d’équilibre, l’offre dans l’économie est donnée par la fonction de production macroéconomique : Y ∗ = F (N ∗ , K).
c) La courbe d’offre globale
Comment l’offre des entreprises varie-t-elle lorsque le niveau des prix auquel les
entreprises peuvent écouler leur production varie ? Commençons par étudier ce
qui se passe si les prix augmentent (passant de P0 à P1 ) alors que le salaire réel
initial (W0∗ /P0 ) permettait l’équilibre sur le marché du travail.
• Si les salaires nominaux restent inchangés et que les prix augmentent,
le salaire réel diminue à (W0∗ /P1 ), les entreprises souhaitent augmenter
l’emploi et l’offre de biens.
• Cependant, les salariés, face à la hausse des prix qui réduit le pouvoir
d’achat des salaires, diminuent leur offre de travail.
• Il y a donc une augmentation de la demande de travail des entreprises et,
du côté des ménages, une baisse de l’offre de travail. La hausse des prix se
traduit par une pénurie de travail.
12
• La flexibilité des salaires nominaux est le mécanisme qui permet au marché
de retrouver un équilibre : la hausse des salaires nominaux en augmentant
l’offre de travail des ménages et en réduisant la demande de travail des entreprises permet l’ajustement. Le salaire nominal augmente donc jusqu’au
niveau où, de nouveau, l’offre et la demande de travail sont égales.
• La croissance des salaires nominaux est exactement identique à celle des
prix initialement considérée de telle sorte qu’après l’ajustement des salaires
réels l’emploi et la production sont exactement aux même niveaux que ceux
qui prévalaient avant la hausse des prix : W0∗ /P0 = W1∗ /P1
Un raisonnement symétrique s’applique en cas de baisse du niveau général des
prix.
Finalement, lorsque les salaires nominaux sont parfaitement flexibles, une hausse
des prix est sans effet sur l’offre des entreprises, sans effet sur le niveau d’emploi
et sans effet sur le niveau du salaire réel. On dit alors que l’offre globale est
inélastique au prix.
13
Ys
W/P
Ns
Ys*1=Ys*0
W0/P0=W1/P1
W0/P1
Nd
Ns
P
N*
Nd
N
N*
Ys
Ys*1=Ys*0
Y
Graphique 5 : Effet d’une hausse des prix sur le marché du travail, et offre
globale
d) Effets de chocs ou de politiques économiques
Exemples :
• Une politique en faveur de l’offre de travail augmentera le niveau d’offre de
biens et services de la part des entreprises.
• Une augmentation du stock de capital ou le progrès technique ont les mêmes
effets : pour un niveau donné de prix, les entreprises souhaitent produire
davantage.
⇒la courbe d’offre globale se déplace vers la droite.
14
Nd
W/P
Ys
Ns
W1/P0
Nd1
Ys*1
W0/P0
Ys*0
Nd0
N*0
P
Ys*0
N*1
N
Ys*1
N*0
N*1
N
Y
Graphique 6 : Effet d’une augmentation du stock de capital sur l’offre globale
Rigidité des salaires nominaux
Les contrats de travail qui précisent la rémunération nominale annuelle ne font
pas l’objet de renégociation chaque fois que l’environnement change ⇒ introduit
une rigidité dans les salaires nominaux.
a) La détermination du niveau d’emploi effectif
Que se passe-t-il si les salaires ne varient pas toujours de façon à assurer l’équilibre
sur le marché du travail ? Pour un niveau de prix donné, le salaire nominal peut
être au dessus ou au dessous de celui qui équilibrerait le marché du travail. Dans
ce cas, c’est le ”côté court” du marché qui détermine le niveau d’emploi dans
l’économie.
• Si l’offre de travail est inférieure à la demande, le niveau d’emploi de
l’économie s’établit au niveau de l’offre de travail (il n’y a donc pas de
15
chômage mais les entreprises aimeraient embaucher davantage) et l’offre de
biens et services des entreprises est déterminée par cette quantité de travail.
• Si c’est la demande de travail qui est inférieure à l’offre, le niveau d’emploi
s’établit au niveau de la demande de travail (il y a donc du chômage) et
l’offre de biens et services découle de cette quantité de travail. Pour ce
niveau de salaire nominal, les entreprises ne souhaitent pas embaucher et
produire davantage.
W/P
U0
Ns
W0/P0
Nd
N0=Nd0
Ns0
N
Graphique 7 : Marché du travail avec rigidité du salaire nominal
b) L’offre agrégée
Une fois déterminé le niveau d’emploi par le ”côté court” du marché, l’offre
dans l’économie est donnée par la fonction de production macroéconomique :
Y ∗ = F (N, K).
c) La courbe d’offre globale
Dans ce qui suit, on se place dans le cas le plus réaliste pour lequel la demande de
travail est inférieure à l’offre. Une hausse des prix a alors pour effet de diminuer
le salaire réel, les entreprises souhaitent embaucher davantage et produire plus,
le chômage est réduit et l’offre de biens et services des entreprises augmente.
Retenons donc que lorsque les salaires nominaux sont rigides, le niveau d’emploi
et l’offre agrégée sont des fonctions croissantes du niveau des prix et le niveau de
chômage est une fonction décroissante du niveau des prix. Reste à déterminer le
16
niveau de prix. Ceci sera fait un peu plus loin lorsque la demande globale sera
introduite.
W/P
Ys
U0
Ns
U1
W0/P0
Ys1
W0/P1
Ys0
Nd
N0=Nd0
N1=Nd1
Ns1
Ns0
N
N0
N1
Nd
P
Ys
P1
P0
Ys0
Ys1
Y
Graphique 8 : Effet d’une hausse des prix sur le marché du travail et offre
globale
d) Effets de chocs ou de politiques économiques
On se place toujours dans le cas le plus plausible où il existe du chômage involontaire.
Exemples :
• Une augmentation du stock de capital ou le progrès technique ont les mêmes
effets : pour un niveau donné de prix, les entreprises souhaitent produire
davantage ⇒la courbe d’offre globale se déplace vers la droite.
17
• Une politique en faveur de l’offre de travail n’accroît ni l’emploi effectif ni
le niveau d’offre de biens et services de la part des entreprises. Elle accroît
cependant le chômage.
2.2
L’équilibre global
Pour le moment, on considère la modélisation simple basée sur la demande et
l’offre de travail ; nous disposons donc de deux modèles, suivant l’hypothèse
retenue sur l’ajustement des salaires.
2.2.1
La demande globale
La demande de biens et services est composée de la consommation des ménages,
de l’investissement des ménages, des entreprises et des administrations, des variations de stocks, et des flux nets d’exportations (les exportations moins les importations). Nous supposons pour l’instant que la quasi demande globale de biens
et services (Yd ) est une fonction décroissante du niveau général des prix.
2.2.2
L’équilibre
La confrontation de l’offre et de la demande de biens permet d’identifier le niveau
de prix pour lequel l’offre de biens est égale à la demande. Si les prix sont
suffisamment flexibles, le niveau d’activité dans l’économie est celui pour lequel
l’offre de biens (Ys ) est égale à la demande (Yd ). L’équilibre macroéconomique
correspond à l’intersection entre la demande globale et l’offre globale
dans le plan (Y, P). On en déduit les niveaux d’emploi et de chômage dans
l’économie.
Deux cas sont envisageables :
• Dans le cas où les salaires nominaux sont flexibles, l’offre détermine le
niveau d’activité dans l’économie et le niveau des prix est déterminé par la
demande. Rappelons que l’emploi est alors entièrement déterminé par les
conditions du marché du travail et il n’y a pas de chômage.
• Dans le cas où les salaires nominaux sont rigides, les niveaux d’emploi et
d’activité de l’économie dépendent du niveau des prix lequel est déterminé
par la confrontation entre l’offre et la demande de biens.
18
2.3
Effet d’un choc d’offre ou d’une politique économique
visant l’offre
Exemple 1:
Suite à un progrès technique, la productivité du travail augmente ce qui incite
les entreprises à augmenter leur demande de travail. Que les salaires nominaux
soient ou non flexibles ⇒ augmentation conjointe de l’offre des entreprises et
de l’emploi dans l’économie ⇒ déplacement vers la droite de la fonction d’offre
globale.
• Lorsque les salaires sont flexibles, la hausse de l’offre se transforme en hausse
de l’activité économique et en baisse de prix.
• Lorsque les salaires nominaux sont fixes, la hausse de l’activité s’accompagne
aussi d’une baisse des prix ce qui accroît les salaires réels.
Exemple 2 :
Suite à une politique en faveur de l’offre de travail, cette dernière s’accroît.
• Lorsque les salaires sont flexibles, la hausse de l’offre de travail ⇒ augmentation conjointe de l’offre des entreprises et de l’emploi dans l’économie
⇒ déplacement vers la droite de la fonction d’offre globale ⇒ hausse de
l’activité économique et baisse des prix.
• Lorsque les salaires nominaux sont fixes et qu’il y a du chômage dans
l’économie, la hausse de l’offre de travail ne modifie pas l’emploi effectif ;
seul le chômage augmente.
2.4
Le modèle élémentaire de concurrence imparfaite (voir
Blanchard & Cohen)
Le chômage est un sujet central en macroéconomie.
• En ce qui concerne les déterminants de l’emploi moyen sur longue période,
la question principale est de trancher s’il provient d’un échec du marché ou
non (il serait alors sans importance et résulterait simplement de frictions).
• Dans le modèle offre-demande, les chômeurs tirent le salaire vers le bas
jusqu’à ce que demande de travail et offre de travail s’équilibrent. Les
théories du chômage s’attachent à expliquer pourquoi ce mécanisme peut
échouer. Nous allons explorer successivement deux pistes :
19
les entreprises peuvent refuser de baisser le salaire qu’elles proposent →théories
du salaire d’efficience
les entreprises peuvent souhaiter ajuster le salaire mais ce sont des accords
implicites ou explicites entre les travailleurs qui les empêchent de le
faire→ théories des négociations collectives
2.4.1
La fixation des salaires
Les négociations salariales
Les salaires résultent d’un processus de négociations individuelles ou collectives, par l’intermédiaire d’un syndicat. Dans les deux cas, syndicats et individus
se préoccupent de leur salaire réel. Cela signifie que les négociations sont réalisées sur la base du niveau de prix anticipé pour la durée du contrat. Le prix
à la consommation dépend du résultat des négociations de salaire et n’est donc
pas connu avec certitude au moment des négociations. Etant donnée cette anticipation de prix, le niveau du salaire négocié dépend de beaucoup de facteurs,
mais un facteur clef est certainement le taux de chômage. En effet, le pouvoir de
négociation du travailleur dépend de
• la difficulté qu’aurait l’employeur à le remplacer
• la facilité avec laquelle il pourrait trouver un autre emploi
⇒ dépend de la nature de son emploi + des conditions du marché du travail :
pourra d’autant plus exiger un salaire élevé que le chômage est faible
⇒ relation <0 entre chômage et salaire ou encore positive entre emploi et salaire
(comme dans la courbe d’offre de travail)
Le pouvoir de négociation du syndicat est d’autant plus fort que le taux
de chômage est faible : plus le marché du travail est étroit, plus les syndicats
disposent de menaces crédibles de grève. Au contraire, un fort taux de chômage
affaiblit le pouvoir de négociation du syndicat...:
• comme ses membres risquent plus fortement de se retrouver au chômage, la
perte de revenu associée à une grève est davantage préjudiciable
• si ses membres perdent leur emploi, leur chances d’en retrouver un sont
plus faibles
20
...et renforce celui de l’employeur car l’arbitrage entre le coût de la grève et
un accroissement des salaires se déplace lorsque le chômage s’accroît, en faveur
d’une plus forte résistance aux revendications salariales.
Remarque : les courbes représentant la relation entre emploi et salaire négocié
diffèrent suivant les pays.
Les théories du salaire d’efficience
Il peut exister des circonstances dans lesquelles l’entreprise n’a pas intérêt
à réduire le salaire qu’elle propose lorsque l’offre de travail est en excès. Les
modèles de salaires d’efficience supposent que le salaire réel est rigide à la baisse.
L’intuition est que conserver un salaire élevé assure que les employés vont être
plus productifs.
On regroupe sous les termes ”salaire d’efficience” l’ensemble des arguments
permettant de conclure à un lien entre le niveau de salaire d’un individu et celui de
sa productivité. On aboutit alors à une situation de chômage involontaire: si les
entreprises espèrent accroître la productivité en élevant le salaire et qu’en définitive cette opération aboutit finalement à un gain net positif, elles augmenteront
effectivement le salaire. Ce dernier atteindra alors une valeur supérieure à celle
qui équilibrait précédemment le marché du travail, et du chômage involontaire
apparaîtra. Cette description de la formation du salaire est donc très différente
de celle proposée dans le cadre du modèle classique (le salaire était alors une variable d’ajustement). Les théories du salaire d’efficience présentent l’avantage de
rendre compatible une situation de chômage involontaire avec une détermination
endogène des salaires. Leur portée comme explication du chômage involontaire a
cependant été remise en cause (elles décriraient de façon trop fruste les politiques
salariales des entreprises).
Les explications possibles d’une relation croissante entre salaire et productivité
sont en général classées selon quatre catégories :
• les employés, imparfaitement observés par l’employeur, peuvent choisir l’intensité de leur travail et, pour un même risque de licenciement, plus leur
salaire est élevé, plus le coût de ne fournir qu’une faible intensité de travail
est fort. Ils sont donc incités à travailler plus intensément
• l’employeur n’observant qu’imparfaitement les caractéristiques des individus qu’il embauche, une politique de hauts salaires lui permet d’attirer
les meilleurs travailleurs
• une politique de bas salaire accroît la rotation de main d’oeuvre ce qui a
une influence négative sur la productivité du travail à moyen ou long terme
21
• les individus sont sensibles au niveau de leur rémunération car elle traduirait
la mesure dans laquelle la relation salariale peut être considérée comme
équitable (approche sociologique)
On peut finalement résumer la relation entre l’état du marché du travail et
les négociations de salaire comme suit :
W = P e F (u, z )
− +
e
P : niveau anticipé des prix
u : taux de chômage
z : toutes les autres variables affectant la fixation du salaire : le niveau
de l’assurance chômage (plus elle est élevée, plus le pouvoir de négociation des
travailleur est fort) ; les changement structurels dans l’économie ; la legislation
concernant les licenciements ... Si on suppose que le salaire nominal est fonction
du niveau réel des prix, P, la relation devient:
W = P F (u, z )
− +
2.4.2
La fixation des prix
On développe simplement l’analogue en concurrence imparfaite, du modèle précedemment étudié en concurrence parfaite. On considère la théorie standard de la
concurrence imparfaite : le monopole. La maximisation du profit implique que
le revenu marginal soit égal au coût marginal ce qui aboutit à :
∂F (N, K)
= W (1 + µ)
∂N
W
∂F (N, K)
=
(1 + µ)
⇔
∂N
P
P
où µ est la marge du prix par rapport au coût marginal. On rappelle que µ est liée
à l’élasticité prix de la demande (une plus faible élasticité de la demande implique
un taux de marge plus élevé). Si µ est constant, alors le salaire réel induit par la
détermination des prix a la même pente que la productivité marginale du travail.
Les observations empiriques suggèrent au contraire que le taux de marge baisse
lorsque le chômage diminue, ce qui reflète le fait que l’élasticité de la demande
augmente avec l’emploi et l’output ; cela aboutit à une relation inverse entre
22
salaire induit par la détermination des prix et emploi. Dans Blanchard et Cohen,
(N,K)
=1
il est supposé que : ∂F ∂N
23
2.4.3
Emploi et chômage d’équilibre
A l’équilibre sur le marché du travail, le salaire déterminé lors des négociations
salariales est égal au salaire induit par la détermination des prix. Le taux de
chômage d’équilibre, un , est aussi appelé taux de chômage structurel (et aussi
parfois taux de chômage naturel) ; il est tel que le salaire induit par la négociation
soit égal au salaire induit par la détermination des prix:
1
1+µ
On en déduit l’emploi d’équilibre et la production agrégée.
F (un , z) =
2.5
Conclusion
A l’issue de ces développements nous avons donc déjà plusieurs modèles différents
de l’économie.
• Un premier modèle dans lequel les salaires nominaux sont rigides, dans
lequel il y a éventuellement du chômage et où les variations de l’offre et de
la demande affectent le niveau d’activité économique.
• Un second modèle, dans lequel les salaires varient de façon à assurer l’équilibre
sur le marché du travail et où les augmentations de la demande se traduisent
uniquement par de l’inflation et ne stimulent pas l’activité économique.
• Un troisième modèle qui parvient à engendrer du chômage involontaire sans
recours à l’hypothèse de rigidité des salaires nominaux.
3
La demande globale et l’équilibre macroéconomique
Cette section est consacrée à la détermination de la demande agrégée de biens et
services en prenant en compte le fonctionnement du marché des biens et services
et celui de la monnaie pour un niveau de prix donné. On obtient ainsi une fonction de demande globale qui détermine, pour chaque niveau de prix, la quantité
de biens et services demandée dans l’économie.
Le petit modèle que l’on va construire et utiliser pour étudier les déterminants
de la demande est le célèbre modèle IS/LM, proposé par John Hicks sur la base
de fondements théoriques développés par Keynes. Les objectifs sont :
1) d’identifier
24
• d’une part les variables qui déterminent la demande agrégée et peuvent
donc être à l’origine de fluctuations du PIB
• d’autre part, parmi ces variables, celles susceptibles d’être influencées par
le gouvernement pour affecter la demande agrégée.
On ignore donc le côté offre, et pratiquement, on suppose que le niveau général
des prix est constant et que l’offre s’adapte à la demande : elle est parfaitement
élastique ce qui se rapporte au cas ” keynésien extrème ” de la section précédente.
2) d’étudier l’effet des chocs et des politiques économiques sur l’activité d’un pays,
en mettant ensembles les éléments relatifs à l’offre de la section précédente et ceux
relatifs à la demande qui sont développés ici ce qui nous permet de disposer d’un
premier modèle complet de l’économie.
remarque : nous ignorons toujours dans ce chapitre l’ensemble des interactions
de l’économie d’un pays avec celle des pays du reste du monde et nous nous
restreignons ainsi à l’étude d’une économie fermée.
3.1
Le modèle IS/LM
Le modèle IS/LM que nous allons construire considère deux marchés : le marché
des biens et services et celui de la monnaie. La demande agrégée résulte de
l’équilibre simultané sur ces deux marchés.
3.1.1
Equilibre sur le marché des biens et services
Dans n’importe quelle économie, l’équilibre des ressources et des emplois en biens et services est vérifié : la sommes des ressources en marchandises et
en services d’une économie doit être égale à celle de ses emplois en
marchandises et en services.
Y = C + I + G avec G = GC + GI
remarque : Les variations de stocks (différence entre marchandises produites et
marchandises vendues) qui, en valeur absolue -car elles peuvent être positives
ou négatives- représentent environ 0,1% du revenu national sont intégrées dans
l’agregat d’investissement.
On parle d’équation comptable car cet équilibre est toujours vérifié
qu’il y ait une récession ou un boom économique, qu’il y ait du chômage
ou non.
25
450
400
350
300
Y
250
C
G
200
I
150
100
50
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Graphique 9 : La demande agrégée et ses composantes intérieures : exemple de
la Suisse (1990-2002)
Remarque : Comme la Suisse n’est pas une économie fermée (40% de sa
production est exportée), l’équilibre ressources-emplois présenté ci-dessus est bien
sûr incomplet puisqu’il ignore les échanges avec l’extérieur.
On observe que :
• la part de chaque composante est assez stable dans le temps
• la consommation occupe la première place : entre 1990 et 2000, elle représente
en moyenne nettement plus de la moitié (60%) de la demande agrégée tandis que les dépenses publiques et l’investissement représentent en moyenne
respectivement 15% et 25% de la demande agrégée.
Y
= C +I +G
⇔ Y − C − GC = I + GI
26
Comme à l’équilibre de tous les marchés Y est aussi le revenu global d’un pays,
cela signifie que l’épargne (le revenu net de la consommation) est égale
à l’investissement. C’est de là que provient l’appellation ” IS ” (avec I pour
”investment” et S pour ”saving”) de la courbe qui rend compte de l’équilibre
ressource emploi dans le modèles IS/LM.
3.1.2
Les composantes de la demande de biens et services
a) Les dépenses publiques G
Elles regroupent la consommation de biens et services de l’Etat (traitements des
fonctionnaires, achats de fournitures) et ses investissements (achats de bâtiments,
construction de routes...). Elles sont considérées comme exogènes, c’est-à-dire
qu’elles ne sont déterminées par aucune autre variable du modèle ; leur niveau
est simplement fixé par l’Etat.
En revanche, la consommation privée et l’investissement sont endogènes. Ces
variables dépendent du niveau du revenu national, de celui du taux d’intérêt,
eux-mêmes déterminés par le modèle.
b) La consommation des ménages
b.1) La fonction de consommation keynésienne
Dans la Théorie Générale, Keynes considère que la consommation des ménages
peut être approximée par une relation linéaire très simple :
C = c(Y − T ) + C0
• C0 est la consommation incompressible
• La consommation des ménages croît avec leur revenu disponible (Y − T ),
c’est-à-dire avec le revenu net d’impôt. Le montant des impôts prélevé est
décidé par le gouvernement. Nous allons considérer ici que l’Etat prélève
une part constante t du PIB ; le volume des impôts est alors T = tY . Par
ailleurs, c est la propension marginale à consommer le revenu disponible.
∂C
=c
∂(Y − T )
On a c<1 car une augmentation du revenu national se traduit par une
augmentation d’ampleur inférieure de la consommation.
27
Remarque : dans la réalité, la propension marginale à consommer n’est probablement pas constante dans le temps. Elle dépend notamment des anticipations
que forment les consommateurs concernant leur environnement futur : plus ils
sont optimistes plus ils souhaitent consommer une part importante de leur revenu.
• La propension moyenne à consommer s’écrit :
C0
C
=c+
(Y − T )
(Y − T )
b.2) Le choix intertemporel
max U (C1 , C2 )
C1 ,C2
sous la contrainte
C2
C1 +
1 + r
consommation intertemporelle
=
Y2
Y1 +
1 + r
richesse intertemporelle
• la contrainte : le consommateur peut atteindre le taux d’épargne qu’il
souhaite en prêtant ou en empruntant au taux r. La contrainte s’exerce intertemporellement, on parle de contrainte budgétaire intertemporelle
: s’il emprunte le ménage devra rembourser ; s’il prête il se fera rembourser
ce qui lui permettra de consommer davantage ultérieurement. Cela suppose
bien sûr que le ménage a accès, au taux r, au marché financier.
La somme des revenus en valeur actuelle est la ”richesse” du ménage,
mesurée à la date d’aujourd’hui.
• le problème du ménage consiste à choisir le point sur la droite de budget qui maximise son utilité (ie. qui lui permette d’atteindre la courbe
d’indifférence la plus élevée possible).
En fait, on transpose dans le temps l’analyse faite spatialement du ménage
confronté au choix entre plusieurs produits. Le facteur β = 1/(1 + r) est la
valeur à la période 1 de 1CHF disponible à la période 2. A l’optimum :
β=
∂U/∂C2
∂U/∂C1
28
est bien la quantité d’utilité que le consommateur veut recevoir au cours de
la période 2 quand il renonce à 1 unité d’utilité à la période 1. Cela peut se
réécrire :
∂U/∂C1 = (1 + r)∂U/∂C2
C’est l’équation d’Euler. Elle indique que quand l’utilité est maximale, le
consommateur est indifférent entre transférer ou non un petit peu de consommation d’une période à l’autre : si, au voisinage de la solution optimale, il réduit
sa consommation d’une unité à la période 1, il perd (∂U/∂C1 ) en termes de de
satisfaction. Il peut transférer en période 2 l’unité non consommée en période
1 ; il obtient alors (1 + r) unités et gagne alors ((1 + r)∂U/∂C2 ) en termes de
satisfaction.
• Sauf si la consommation d’une période est un bien inférieur, la consommation est une fonction croissante de la richesse et du revenu des deux périodes
: C1 croît avec Y1 et Y2 .
b.3) L’hypothèse de revenu permanent
On vient de voir, dans un modèle à 2 périodes, que la consommation ne dépend
pas seulement du revenu courant mais aussi du revenu futur anticipé. Dès les années cinquante, Milton Friedman (prix Nobel en 1976) développe la théorie du
revenu permanent selon laquelle la consommation courante ne dépendrait pas du
revenu courant mais plutôt du revenu permanent, c’est-à-dire du revenu moyen
que le ménage anticipe sur sa durée de vie. L’intuition est que les ménages
lissent leur consommation dans le temps : ils préfèrent un sentier de consommation stable à un sentier de consommation instable. Ainsi, les ménages
épargnent lorsque leur revenu est plus élevé que leur revenu permanent et consomment plus que leur revenu courant (c’est à dire désépargnent ou empruntent)
lorsque leur revenu courant est inférieur à leur revenu permanent.
Prendre en compte le revenu permanent plutôt que le revenu courant dans la
fonction de consommation introduit une modification de taille dans l’étude de
l’effet des chocs de revenu sur la consommation :
• les ménages n’ajusteront complètement leur consommation qu’en réponse
à des chocs permanents sur leur revenu
• un accroissement temporaire du revenu (dû par exemple à une réduction
temporaire des impôts) qui n’affecte que très peu le niveau du revenu permanent n’aura qu’un effet limité sur le niveau de consommation courante.
29
b.4) Le modèle de cycle de vie
Le modèle de cycle de vie développé par Franco Modigliani (prix Nobel en
1972), repose lui aussi sur la théorie selon laquelle la consommation courante
dépend du revenu anticipé par l’agent sur sa durée de vie. S’y ajoute l’observation
que le revenu tend à fluctuer de façon systématique durant la vie de l’agent et que
son épargne courante dépend donc de l’étape de la vie à laquelle l’agent se trouve.
Ainsi, lorsque l’agent est jeune, son revenu est faible et il s’endette facilement car
il anticipe de gagner mieux sa vie ultérieurement. Lorsqu’il travaille, l’agent
rembourse sa dette et épargne pour sa retraite. Enfin, lorsque l’agent arrive à la
retraite, il consomme son épargne passée.
b.5) Théories intertemporelles de la consommation et contrainte de
liquidité
Il faut remarquer que ces théories intertemporelles de la consommation reposent sur l’hypothèse sous-jacente que l’agent peut à tout moment emprunter
autant qu’il le souhaite. Cependant, si ce n’est pas le cas (par exemple parce que
les prêteurs croient que l’emprunteur ne pourra pas les rembourser) et que les
ménages doivent alors faire face à une contrainte de liquidité, la relation entre
consommation courante et revenu courant retrouve de sa force.
c) L’investissement I
c.1) La fonction d’investissement macroéconomique keynésienne
L’investissement est composé de l’acquisition de biens d’investissement par les
entreprises qui souhaitent accroître leur stock de capital ou remplacer le stock
existant, et des investissements immobiliers des ménages. Quels sont les déterminants de cet l’investissement ? Dans la Théorie Générale, Keynes, comme la
plupart des économistes, considère que les plus importants sont
• les anticipations sur l’évolution future de la demande (les perspectives de
marché dirait-on aujourd’hui) ou plus généralement, les anticipations des
conditions économiques futures,
• le taux d’intérêt réel.
Le taux d’intérêt est le coût de l’emprunt qui permet de financer les investissements (ou le coût d’immobilisation de fonds qui ne pourront pas être placés).
Lorsque le taux d’intérêt augmente le nombre de projets d’investissement rentables (ceux dont le rendement est inférieur au taux d’intérêt) diminue.
30
Remarque : ce n’est pas en fonction du taux d’intérêt nominal mais du taux
d’intérêt réel que les entrepreneurs prennent leurs décisions d’investissement car
l’inflation affecte de la même façon le rendement nominal de l’investissement et
le taux d’intérêt, ce qui revient à comparer des rendements réels. L’investissement
dépend donc négativement du niveau du taux d’intérêt réel (i − π ∗ ), où i est le
taux d’intérêt nominal et π ∗ est le taux d’inflation anticipé.
c.2) Le modèle néo-classique d’investissement
Ce modèle montre comment le niveau d’investissement (l’accroissement de capital) est lié à la productivité marginale du capital et au taux d’intérêt.
max Π(N) = Y P − W N − cK
N
Y = F (N, K) est la production
W : salaire
N : quantité de travail utilisée
R: coût d’usage du capital , constitué de (on raisonne sur une période et on
revend l’investissement à la fin) :
• la perte d’intérêt liée à l’immobilisation d’argent pour acquérir l’investissement
• la variation du prix de l’investissement entre le début et la fin de la période
• la dépréciation liée à l’obsolescence du capital
Les conditions du premier ordre :
∂π
= 0
∂N
∂π
= 0
∂K
∂F (K, N)
=R
∂K
ce qui donne le stock de capital optimal.
La productivité marginale du capital doit être égale au coût d’usage du capital.
Si elle l’excède, les entreprises trouvent un intérêt à accroître leur stock de capital.
Si elle est inférieure à R, les entreprises préfèrent laisser leur capital se déprécier.
⇒P
31
Une augmentation du taux d’intérêt accroît le coût d’usage. Cela réduit le gain
à détenir du capital et donc l’incitation à accumuler du capital.
c.3) Introduction des coûts d’ajustement
En fait le niveau d’investissement désiré et le niveau effectif d’investissement
diffèrent car cela prend du temps de calculer et d’installer ce niveau désiré : il
doit y avoir des études de faisabilité, des analyses marketing, et des négociations
financières. Et une fois que la décision d’investissement est prise, cela prend
du temps de construire une nouvelle usine, d’installer les nouvelles machines, et
de former les travailleurs qui les utiliseront. De plus, les coûts ont tendance à
s’accroître lorsque l’entreprise essaie d’accélérer cette mise en place.
c.4) Le q de Tobin
La théorie du q Tobin (prix Nobel en 1982) part de l’idée que la valeur boursière
d’une entreprise aide à mesurer l’écart entre le capital effectif et le capital désiré.
valeur boursière du capital installé
coût de remplacement du capital installé
coût d’acquérir l’entreprise sur le marché financier
=
coût d’acheter le capital de l’entreprise sur le marché des biens
q =
Tobin a montré que
• si q > 1, le capital désiré est supérieur au capital effectif et l’investissement
doit être positif. En effet, la valeur boursière du capital installé excède son
coût de remplacement. Une valeur de 1.2 du q de Tobin signifie qu’une
entreprise qui investit à hauteur de 100 accroît sa valeur boursière de 120,
ses actifs intangibles revêtant une valeur de 20.
En raison de la productivité marginale décroissante, l’investissement réduit
progressivement le rendement du capital et donc la valeur du q de Tobin.
Les entreprises investissent jusqu’à ramener celui-ci à l’unité.
• si q < 1, il est intéressant pour les actionnaires de revendre les équipements
existants à leur coût de remplacement et l’investissement devrait être négatif
(s’il est impossible de revendre les installations, il convient d’amortir le
capital existant sans le renouveler).
32
3.1.3
La courbe IS
Rappel des principaux déterminants des composantes de la demande
C
Y t ρ∗C
+ - +
I
G = GI + Gc
∗
i π
- +
ρ∗I
+
Y
+
exogène
où π ∗ est le taux d’inflation anticipé. ρ∗C est un indicateur des anticipations que
forment les consommateurs sur leur l’environnement futur et ρ∗I de celles que forment les entrepreneurs. Plus ρ∗C ou ρ∗I sont élevés, plus les agents sont optimistes.
En prenant en compte les principaux déterminants de la consommation et de
l’investissement, l’équilibre ressources-emplois peut être réécrit :
Y = C(Y, t, ρ∗C ) + I(i − π ∗ , Y, ρ∗I ) + G
Pour un taux d’imposition et des anticipations par les consommateurs et les
entrepreneurs de l’inflation et de l’environnement futur donnés, le respect de cet
équilibre définit une relation unique entre Y et i qui donne l’ensemble des couples
(Y, i) pour lesquels le marché des biens et services est à l’équilibre. La courbe IS
représente ces couples dans le plan (Y, i).
a) Variation du taux d’intérêt nominal : déplacement le long de IS
Pour des anticipations d’inflation données, plus le taux d’intérêt nominal est
élevé, plus le taux d’intérêt réel l’est aussi ⇒ plus l’investissement est faible car
le nombre de projets rentables diminue. Cela réduit mécaniquement la demande
et donc le revenu (du fait de l’équilibre ressources emplois). Il existe ainsi une
relation négative entre Y et i et la courbe IS est décroissante. Toute
augmentation du taux d’intérêt nominal se traduit par un déplacement le long
de la courbe IS dans le sens d’une diminution du revenu national.
b) Chocs et politiques économiques : déplacement de la courbe IS
Nous raisonnons maintenant à partir d’un niveau fixe et donné du taux d’intérêt
nominal.
• Si les ménages ou les entreprises deviennent plus optimistes, l’une
des composantes de la demande agrégée (consommation ou investissement)
s’accroît ⇒ la production s’ajuste à la hausse et le revenu national est
plus élevé. Dans le cadre du modèle IS un choc favorable sur l’une des
33
composantes de la demande accroît la demande agrégée pour un niveau
donné du taux d’intérêt réel : dans le plan (Y, i) la courbe IS s’est déplacée
vers la droite.
Que se passe-t-il si les entrepreneurs anticipent une hausse de l’inflation ?
• Si l’Etat décide de mettre en place des politiques budgétaires
ou fiscales, un accroissement des dépenses publiques qui composent la
demande de biens et services va contribuer à accroître cette demande.
Dans tous ces cas, dès que la demande de biens et services s’accroît, la production, qui s’ajuste, augmente elle aussi ce qui conduit à une augmentation du
revenu national. Nous venons de décrire une première réaction de l’économie.
Mais cela ne s’arrête pas là. De façon simultanée, cette première réaction induit
un autre effet qui lui-même en engendre un autre etc. En effet, l’accroissement
de revenu national stimule la consommation des ménages et l’investissement ce
qui, à nouveau accroît la demande de biens et services et le revenu, ce qui favorise
la consommation, et ainsi de suite. Se produisent ainsi une succession d’effets
simultanés qui contribuent à accroître le revenu national. Ils sont connus sous
le nom d’effet multiplicateur. On obtient grâce au modèle IS qu’une politique
budgétaire expansionniste ou une réduction des impôts permet de relancer la
demande : dans le plan (Y, i) la courbe IS s’est déplacée vers la droite
• Que se passe-t-il si le taux d’imposition est augmenté ?
Le multiplicateur dans le modèle keynésien élémentaire :
Comme le taux d’intérêt et donné par le marché de la monnaie, seule la consommation est véritablement endogène lorsqu’on considère IS seule. Quelle est alors
l’ampleur d’une augmentation des dépenses publiques ∆G ?
Y = c(Y − Y t) + C0 + I(r) + G
⇔Y =
⇒ ∆Y =
C0 + I(r) + G
1 − c(1 − t)
1
∆G
1 − c(1 − t)
multiplicateur simple
⇒ ∆Y > ∆G car 0 < c < 1 et 0 < t < 1
34
⇒ on parle d’effet multiplicateur, où 1/(1 − c(1 − t)) est le multiplicateur simple. Il provient de l’existence d’un effet direct et d’effets induits. L’augmentation
des dépenses publiques accroît la demande agrégée ⇒ augmentation directe de
la production et des revenus distribués aux ménages ⇒ augmentation de la consommation des ménages donc de la demande agrégée ⇒ hausse de la production
et des revenus ⇒ augmentation de la consommation etc...Tous ces effets sont
résumés dans le multiplicateur simple.
Remarque : l’effet sur le produit n’est pas infini car les accroissements successifs
du revenu sont de plus en plus petits et tendent vers zéro : 0 < c(1 − t) < 1.
Notion de stabilisateurs automatiques
Choc de demande défavorable ⇒ ↓ Y ⇒↓ impôts ⇒ limite l’effet négatif
initial
1) Les fluctuations engendrées par les variations de la demande privée sont
moins amples grâce à la contracyclicité du déficit budgétaire qui permet une
stabilisation automatique de l’économie
2) Création de déficit ne signifie plus forcément volonté délibérée du gouvernement de relancer l’activité : ce peut être un déficit subi
On appelle stabilisateurs automatiques l’ensemble des mécanismes qui assurent automatiquement une partie de la régulation conjoncturelle de l’activité.
Exemple : On peut considérer que l’augmentation du déficit budgétaire en
France au début des années 90 est largement dû à la récession de l’économie
3.2
Effets des chocs et politiques économiques sur la demande agr égée
La demande agrégée est déterminée par l’équilibre simultané sur le marché des biens et services et sur celui de la monnaie pour un niveau de prix donné. L’équilibre
de chacun des deux marchés implique une relation (positive pour LM et négative
pour IS) entre le revenu national et le taux d’intérêt et finalement un unique
couple (Y,i) permet leur équilibre simultané.
IS : Y = C(Y, t, ρ∗c ) + I(Y, i, π ∗ , ρ∗I ) + G
LM : M/P = L(Y, i)
où t, G, M, ρ∗c , ρ∗I , et π ∗ sont considérés comme exogènes et P , qui provient
de l’équilibre entre offre agrégée et demande agrégée, est pour l’instant considéré
comme donné (nous l’intègrerons plus tard).
35
Le revenu d’équilibre dépend donc non seulement des variables qui affectent
directement le marché des biens et services (dépenses publiques, impôts, optimisme des agents) mais aussi des variables intervenant directement sur le marché
de la monnaie (comme l’offre de monnaie M). Le modèle IS/LM est un modèle d’équilibre général, qui permet d’analyser les interactions du marché de la
monnaie et du marché des biens et services.
On va s’intéresser aux chocs exogènes qui perturbent l’économie, puis aux
politiques économiques que les gouvernements peuvent mettre en place pour contrer l’effet de ces chocs : l’Etat peut jouer sur le niveau des dépenses publiques,
des impôts, de l’endettement public et de la masse monétaire. La contrainte
budgétaire de l’Etat montre cependant clairement qu’il ne dispose en fait que
de 3 instruments indépendants de politique économique (le niveau du 4ème se
déduisant comptablement du niveau des 3 autres).
G=
∆M ∆B
+
+T
P
P
avec : ∆B : titres financiers émis par l’Etat et T , l’ensemble des transferts
nets des ménages vers l’Etat (impôts nets du remboursement de la dette).
On suppose en général que G, T , et M sont les instruments indépendants (et
on en déduit l’émission de titres publics).
3.2.1
Effet des chocs
On va s’intéresser à des chocs de demande défavorable. Exemple : pessimisme
des entreprises : ∆ρ∗I < 0.
1) Agit tout d’abord sur IS qui se déplace vers la gauche : l’investissement
diminue ⇒ la demande agrégée diminue et par effet multiplicateur, la production
et le revenu national sont réduits.
2) Pour le taux d’intérêt initial, le marché de la monnaie n’est plus à l’équilibre
: la demande de monnaie s’est réduite (les agents réalisent moins de transactions
puisque la demande est plus faible) et il existe alors un excès d’offre de monnaie
par rapport à la demande qui tire le taux d’intérêt vers le bas (suite à la diminution de la demande agrégée, les agents, comme ils ont moins de transactions à
réaliser, vont chercher à substituer des titres à la monnaie, ce qui crée un excès
de demande de titres, accroît leur cours et réduit le taux d’intérêt), jusqu’à ce
que l’équilibre soit rétabli.
3) Cette baisse du taux d’intérêt stimule alors l’investissement et accroît la
demande.
36
Remarque 1 : l’effet négatif d’un choc de demande défavorable est tempéré par
la réaction du marché de la monnaie.
Remarque 2 : un choc favorable aurait eu des effets symétriques.
Bilan pour chaque variable :
• ∆ρ∗I < 0, est la seule modification de variable exogène (il ne se passe notamment rien du côté du déficit budgétaire : ∆G = ∆T = 0). Elle provient
d’un choc.
• la consommation décroît car le revenu diminue
• L’effet global sur l’investissement est ambigü car ∆ρ∗I < 0 et ∆Y < 0 le
réduisent mais la baisse du taux d’intérêt nécessaire à l’équilibre sur le
marché de la monnaie le favorise. Tout dépend des sensibilités relatives de
l’investissement à l’optimisme des entreprises et au taux d’intérêt.
L’ampleur de l’effet du choc dépend notamment:
• ”positivement” de la sensibilité de l’investissement aux anticipations des
entreprises concernant leur environnement futur
• ”négativement” de la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt
• ”positivement” de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt
3.2.2
Politique monétaire
2 types de politiques monétaires :
• réduit l’offre de monnaie : ∆M < 0. C’est une contraction monétaire.
• accroît l’offre de monnaie : ∆M > 0. C’est une expansion monétaire.
On s’intéresse à une expansion monétaire. Les autorités monétaires peuvent
accroître l’offre de monnaie en pratiquant une politique d’open market : ∆M =
−∆B : la banque centrale rachète des titres publics pour injecter de la monnaie
dans l’économie. Comme les prix sont supposés fixes, l’offre réelle de monnaire
M/P s’accroît dans les mêmes proportions
1) C’est sur LM que ∆M agit tout d’abord, qui se déplace vers le bas. L’offre
de monnaie est en effet en excès par rapport à la demande de monnaie et le taux
37
d’intérêt est tiré vers le bas : comme l’offre de titres diminue, la demande se
trouve en excès, ce qui provoque une augmentation du cours des titres et donc
une baisse du taux d’intérêt. Cette dernière permet de rééquilibrer le marché des
titres et de la monnaie (la baisse du taux d’intérêt réduit la demande de titre et
accroît celle de monnaie). Cette baisse du taux d’intérêt suite à une expansion
monétaire est parfois appelée effet Keynes.
2) La baisse du taux d’intérêt affecte alors le marché des biens et services car
elle favorise l’investissement privé. La demande agrégée et la production ou le
revenu (par effet multiplicateur) augmentent jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli
sur le marché des biens et services.
3) La hausse du revenu national accroît la demande de monnaie ce qui accroît
le taux d’intérêt.
Remarque : l’effet initial sur les taux d’intérêt est un peu tempéré par la
réaction du revenu national qui vient accroitre la demande de monnaie.
Bilan pour chaque variable :
• ∆M > 0, est la seule modification de variable exogène. Elle provient d’une
politique économique.
• La consommation s’accroît car le revenu augmente.
• L’investissement s’accroît car le revenu national augmente et globalement,
le taux d’intérêt diminue (on n’a plus l’effet ambigü présent dans le cas d’un
choc de demande).
L’efficacité de la politique monétaire dépend notamment :
• positivement de la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt
• négativement de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt.
3 cas particuliers :
a) le cas du modèle keynésien élémentaire (IS verticale)
L’investissement est alors très peu (à la limite, pas du tout) sensible au taux
d’intérêt. L’expansion monétaire est alors totalement inefficace. Cela explique
pourquoi la sensibilité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt est un
important sujet de controverse.
38
b) le cas de la trappe à liquidité
Dans ce cas, la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt est élevée
(à la limite, infinie) : une variation très petite (à la limite infinitésimale) du
taux d’intérêt suffit à résorber le déséquilibre sur le marché de la monnaie ⇒
l’investissement reste inchangé et l’activité économique n’est pas relancée. D’où
provient cette trappe ? Il existerait un taux d’intérêt minimal rm tel que tous les
agents anticipent que le taux d’intérêt ne puisse pas descendre plus bas.
Remarque : cela correspond à une situation conjoncturelle particulière.
c) le cas monétariste (LM verticale)
Il n’y a alors pas de coût d’opportunité à détenir de la monnaie plutôt que
des titres et l’efficacité de la politique monétaire est alors maximale. Le revenu
d’équilibre est uniquement déterminé par le marché monétaire. On peut considérer ce cas comme représentatif de la vision de court terme de Milton Friedman
et de l’école monétariste. Elle renvoie à la théorie quantitative de la monnaie :
les variations du produit nominal sont uniquement déterminées par les variations
de l’offre de monnaie ; et si le niveau général des prix est fixe, c’est le volume des
transactions qui est déterminé par M. Le taux d’intérêt permet alors d’ajuster
la demande de biens à ce niveau de production (donné par M).
3.2.3
Politique budgétaire
On va étudier les effets d’une expansion budgétaire (voir B&C [2001] pour la
consolidation fiscale). 3 modalités de financement peuvent être envisagées :
• par l’impôt : ∆G = ∆T : il n’y a alors pas de déficit budgétaire de créé
• par l’emprunt ∆G = ∆B
: un déficit budgétaire est créé. C’est le mode de
P
financement implicite dans IS/LM standard
• par création monétaire : ∆G =
∆M
P
: un déficit budgétaire est créé
La création d’un déficit budgétaire implique nécessairement une dette publique
plus élevée ou une expansion monétaire. On va étudier le cas standard d’un financement par l’emprunt. Les 2 autres cas peuvent être vus comme une combinaison de politiques économiques qu’on aura étudiées.
1) C’est sur IS que ∆G agit tout d’abord, qui se déplace vers la droite. La
demande agrégée augmente et par effet multiplicateur, la production et le revenu
s’accroissent.
39
2) Pour le taux d’intérêt initial, le marché de la monnaie n’est alors plus à
l’équilibre : la demande de monnaie s’est élevée (suite aux transactions supplémentaires occasionnées par l’accroissement de la demande agrégée) et se trouve
alors en excès par rapport à l’offre. Cela tire le taux d’intérêt vers le haut jusqu’à
ce que l’équilibre soit rétabli (suite à l’augmentation de revenu, les ménages vont
chercher à substituer de la monnaie à des titres pour pouvoir réaliser leurs transactions, ce qui crée un excès d’offre de titres, fait baisser leur cours et augmenter
le taux d’intérêt).
3) la hausse du taux d’intérêt décourage l’investissement ce qui réduit la demande agrégée.
Remarque : cette fois-ci, l’effet positif est partiellement ruiné par la réaction
du marché de la monnaie. On parle d’éviction par les taux d’intérêt.
Bilan pour chaque variable :
• ∆G > 0, est la seule modification de variable exogène. Elle provient d’une
politique économique. Le déficit budgétaire est cependant affecté. ∆(G −
T ) = ∆G − ∆T > 0 : le déficit budgétaire s’accroît.
• la consommation s’accroît car le revenu augmente
• L’effet global sur l’investissement est ambigü car l’augmentation du revenu
national le favorise mais la hausse du taux d’intérêt nécessaire à l’équilibre
sur le marché de la monnaie le décourage. Tout dépend des sensibilités
relatives de l’investissement à la production et au taux d’intérêt.
Une consolidation fiscale (voir B&C [2001]) aurait des effets inverses. Il existerait notamment le même effet ambigü sur l’investissement (lié à ∆Y < 0, et
∆i < 0): on n’est pas sûr qu’en réduisant le déficit, on accroisse l’investissement.
Pourtant, l’idée est répandue que lorsque le déficit public est réduit, cela laisse
plus d’épargne disponible pour l’investissement :
⇔ Y − C − GC = I + GI
⇔ Y
T − C +
− épargne privée
T − GC
= I + GI
épargne publique
⇔ épargne privée = investissement+déficit public
...mais l’épargne privée aussi est affectée (via le revenu national, la consommation -qui baisse moins que le revenu- et les impôts) : si l’épargne privée diminue
plus que le déficit public, l’investissement privé peut finalement se trouver réduit.
40
L’efficacité de la politique budgétaire dépend notamment :
• négativement de la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt ⇒ l’efficacité
est maximale dans le modèle keynésien élémentaire (IS verticale) car dans
ce cas il n’y a pas d’effet d’éviction par le taux d’intérêt.
• positivement de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt :
si l’économie se trouve dans la trappe à liquidité, il n’y a pas d’augmentation
du taux d’intérêt donc pas de baisse de l’investissement.
Remarque : une politique budgétaire expansionniste devrait permettre de rétablir
la demande agrégée suite à un choc de demande défavorable (au moins via la consommation). C’est ce type d’analyse centrée sur la relance par la demande que
mène Keynes dans la Théorie générale en 1935 alors qu’il cherche une réponse
économique à la Grande Dépression.
3.2.4
Aspects dynamiques
Suite à des chocs ou à des politiques économiques, les ajustements sont-ils immédiats ?
a) Sur le marché des biens et services :
L’ajustement du revenu national n’est pas immédiat. En effet, il faut du
temps :
• pour que la production réponde aux variations de la demande
• pour que les consommateurs réagissent aux variations de leur revenu (sans
doute)
• pour que les entreprises modifient leur programme d’investissement suite à
des modifications de la demande
En résumé : il faut du temps pour que la production s’ajuste à la demande
et pour que la demande s’ajuste au revenu (= production) : l’économie gagne
lentement la ”nouvelle” courbe IS.
b) Sur le marché de la monnaie :
41
• Faut-il du temps pour que le taux d’intérêt s’ajuste ? Non, car la banque
centrale vend et achète des titres sur un marché qui ajuste à chaque instant
l’offre à la demande ⇒ le taux d’intérêt s’ajuste presqu’instantanément.
L’économie est toujours sur la courbe LM pertinente.
3.2.5
Le modèle IS/LM est-il un bon modèle ?
Voir le B&C (2001). Ils reprennent l’étude de Christiano, Eichenbaum et Evans
(1996). C’est une étude récente et une référence pour l’étude de l’impact des
chocs de politique monétaire. En résumé ils observent :
• une relation négative immédiate entre niveau des ventes et taux d’intérêt
• une relation négative plus tardive (effet le plus important après 4 trimestres)
de la production
• pas de réaction des prix à court terme.
A court terme, cela ne contredit pas les prévisions qualitatives du modèle
IS/LM. Dès qu’on s’intéresse au moyen terme cependant, l’hypothèse de prix
fixes n’est plus raisonnable ⇒ il faut considérer une offre plus réaliste que l’offre
parfaitement élastique postulée dans IS/LM.
3.2.6
Le chiffrage des multiplicateurs
Pour mesurer précisément les effets à attendre d’une politique ou d’un choc donnés on doit utiliser des modèles chiffrés et incorporant des comportements
économiques plus élaborés que ceux qui sont explicitement pris en compte
dans les petits modèles théoriques. Les modèles macroéconométriques, dont la
tradition remonte à Jan Tinbergen (prix Nobel d’Economie 1969) et à Robert
Klein (Prix Nobel d’Economie 1980) sont l’un des outils dont disposent les économistes pour chiffrer précisément les effets des politiques et des chocs économiques.
Chaque comportement économique (l’investissement des entreprises, l’offre
de travail des ménages, la consommation des ménages) est représenté par une
équation qui décrit les effets des autres grandeurs économiques sur ce comportement. Par exemple, la consommation des ménages dépend généralement du
revenu des ménages (comme c’est le cas dans le modèle étudié dans ce chapitre)
mais aussi du taux de chômage, de l’inflation, du patrimoine des ménages ainsi
que de la distribution des revenus entre les ménages et de la structure par âge de
la population.
42
Les techniques économétriques permettent d’une part, de sélectionner
parmi la très longue liste des variables susceptibles d’influencer un comportement donné celles qui (dans le passé) semblent avoir effectivement influencé ce
comportement, et, d’autre part, de mesurer l’intensité des effets du changement
d’une variable donné (par exemple le taux de chômage) sur une autre variable
(la consommation). L’ensemble des équations représentant les différents comportements sont alors exactement rassemblées (certains modèles comptent plus
de 1000 équations).
On peut alors donner des ordres de grandeur quant aux effets des mesures de
politique économique. Qualitativement cependant, les effets sont de même nature
que ceux prédits par les petits modèles. Le modèle INTERLINK de l’OCDE
évalue qu’un accroissement des dépenses publiques égal à 1% du PIB engendre
un effet multiplicateur de :
• 1,4% en France
• 0,9 au Royaume-Uni
• 1,8% aux Etats-Unis et au Japon
3.3
Détermination de la demande globale
L’ensemble des niveaux de la demande satisfaisant l’équilibre sur les marchés de
la monnaie et des biens et services pour différentes valeurs du niveau général
des prix donne la demande globale YD . Quels mécanismes expliquent sa pente
négative ? On peut apporter une réponse en utilisant le modèle IS/LM.
On part d’un point sur la courbe YD avec un taux d’intérêt implicite qui
équilibre les marchés des biens et services et de la monnaie. Que se passe-t-il si,
pour des raisons liées au côté offre que nous ignorons pour le moment, le niveau
général des prix augmente ?
1) C’est sur LM que ∆P agit tout d’abord. Si le niveau général des prix
augmente et que la masse monétaire reste constante, la quantité de biens que
les ménages peuvent acheter avec la quantité de monnaie en circulation est plus
faible : l’offre réelle de monnaie (M/P) diminue et LM se déplace vers le haut. La
demande de monnaie se trouve en excès par rapport à l’offre et les taux d’intérêt
sont tirés vers le haut.
2) L’augmentation du taux d’intérêt affecte le marché des biens et services :
l’investissement réagit négativement à la hausse du taux d’intérêt ce qui réduit la
43
demande de biens et services, la production et le revenu national jusqu’à ce que
l’équilibre soit rétabli.
3) La baisse du revenu national réduit la demande de monnaie ce qui fait
baisser le taux d’intérêt
On a donc bien une relation négative entre la demande agrégée et le niveau
général des prix : YD est décroissante.
3.4
3.4.1
Effets sur l’activité économique d’un choc sur le marché
des biens
Lorsque l’offre globale est de type keynésien (court terme)
1) Suite à un choc défavorable frappant un élément de IS (brusque pessimisme,
ou anticipations d’inflation révisées à la baisse par les entreprises), la demande
agrégée est réduite (voir précédemment) : YD se déplace vers la gauche.
2) Cela engendre un excès d’offre agrégée par rapport à la demande ⇒ le
niveau général des prix diminue.
3) Comme les salaires nominaux, rigides, ne s’ajustent pas puisque l’offre est
supposée de type keynésien, l’excès d’offre de travail persiste et les salaires réels
augmentent.
4) Les entreprises demandent alors moins de travail, et l’emploi comme la
production chutent et le chômage augmente.
Lorsque les salaires nominaux sont rigides, les chocs défavorables sur IS freinent
effectivement l’activité économique ; ils se traduisent par une réduction de la production, de l’emploi (accroissement du chômage) et du niveau général des prix
(d’où il résulte une diminution du niveau des salaires réels).
44
Ys
P1
P2
Yd
Yd'
Y2
Y1
Graphique 10 : Effet d’un choc de demande défavorable
Remarque 1 : On a vu qu’un choc d’offre défavorable (hausse du prix du
pétrole) freinait l’activité mais avait aussi un effet inflationniste.
Remarque 2 : Les effets défavorables sur le chômage et l’activité passent par
l’augmentation des prix. Les sensibilités de la demande globale et de l’offre globale
au niveau général des prix jouent donc un rôle important dans l’ampleur de ces
effets.
3.4.2
Lorsque l’offre globale est de type classique (+ long terme)
1) Suite à un choc défavorable sur IS, la demande agrégée se contracte (voir
plus haut le cas où l’offre est parfaitement élastique).
2) Cela engendre un excès d’offre agrégée par rapport à la demande agrégée
compte tenu du prix qui prévaut dans l’économie. Le niveau général des prix
s’ajuste alors à la baisse (l’ampleur de cette baisse est plus importante que dans
le cas keynésien).
3) Le salaire réel tend à s’accroître (suite à la baisse du niveau général des
prix), ce qui crée un excès d’offre de travail, mais ce dernier est éliminé grâce
à une diminution du salaire nominal supposé flexible, dans le cas ” classique ”
considéré ici : on obtient finalement une diminution de même ampleur du niveau
général des prix et du salaire nominal, laissant inchangé le salaire réel.
4) Comme le salaire réel retrouve son niveau initial, l’emploi et le niveau de
production reviennent eux aussi à leur valeur de départ.
45
Lorsque les salaires nominaux sont flexibles, un choc défavorable (pessimisme
renforcé des entrepreneurs ou des ménages) réduit donc le niveau général des prix
sans affecter les variables réelles de l’économie.
Ys
P1
P2
Yd
Yd'
Y1=Y2
Graphique 11 : Effet d’un choc de demande défavorable
Remarque : On a vu que dans le cas d’un choc d’offre, les effets ne disparaissent pas à long terme : l’activité économique est déprimée et il y a de l’inflation.
3.4.3
Conclusion : description des effets dans le temps
A court terme un choc sur un élément de IS réduit :
• le niveau d’activité dans l’économie
• l’emploi (accroissement du chômage)
• le niveau général des prix
Au fur et à mesure que les ajustements ont lieu sur le marché du travail, les
effets réels disparaissent, et seul l’effet négatif sur le niveau général des prix est
renforcé.
3.5
3.5.1
Effets d’une politique monétaire sur l’activité économique.
Lorsque l’offre globale est de type keynésien (court terme)
1) Une politique monétaire expansionniste (visant par exemple à contrer
l’effet de chocs de demande défavorables) accroît la demande agrégée : YD se
déplace vers la droite.
46
2) Il existe alors un excès de demande par rapport à l’offre qui engendre une
augmentation du niveau général des prix.
3) Sur le marché du travail, les salaires réels diminuent alors, ce qui stimule
la demande de travail des entreprises, accroît l’emploi ainsi que la production et
réduit le chômage.
Dans ce cas, une expansion monétaire permet donc de relancer l’activité
économique et de réduire le chômage. L’ampleur de l’effet dépend des sensibilités
au prix de l’offre globale et de la demande globale.
3.5.2
Lorsque l’offre globale est de type classique (+ long terme)
1) Suite à une expansion monétaire, la demande agrégée s’accroît
2) La confrontation entre demande globale et offre globale engendre une hausse
du niveau général des prix (de plus large ampleur que dans le cas keynésien).
3) Les salaire nominaux (flexibles) s’ajustent à la hausse pour résorber l’excès
de demande de travail par rapport à l’offre de travail. ⇒ la hausse du salaire
nominal vient compenser la hausse des prix de sorte que le salaire réel reste
inchangé.
4) Le marché du travail se retrouve à son état initial, donc l’emploi comme la
production sont les mêmes qu’initialement.
Remarque : La demande agrégée retrouve elle aussi son niveau initial. Cela
implique que M/P est la même qu’avant la politique économique, donc que suite
à la confrontation entre offre globale et demande globale, le niveau général des
prix s’accroît exactement dans les mêmes proportions que M a augmenté suite à
la politique monétaire et LM retrouve sa position initiale. Aucune variable réelle
du modèle n’est finalement affectée par l’expansion monétaire.
3.5.3
Conclusion
A court terme une expansion monétaire accroît le revenu national et réduit
le chômage, mais à plus long terme les prix augmentent davantage et finalement l’accroissement de la masse monétaire se répercute intégralement dans
l’accroissement des prix et des salaires nominaux et n’a aucun effet réel sur
l’économie. On parle alors de neutralité de la monnaie à moyen-long terme :
une politique monétaire expansionniste peut contrer l’effet d’un choc exogène
défavorable mais les effets positifs disparaîtront à plus long terme.
47
3.6
3.6.1
Effets d’une réduction du déficit budgétaire (∆G < 0
et ∆T = 0) sur l’activité économique.
Lorsque l’offre globale est de type keynésien (court terme)
En ce qui concerne l’emploi, la production et le chômage, cette politique économique
a le même effet dépressif sur l’économie qu’un choc de demande défavorable : une
telle politique freine l’activité économique et accroît le chômage.
3.6.2
Lorsque l’offre globale est de type classique (+ long terme)
De même que lors de l’étude des effets d’un choc de demande défavorable, on
obtient que les prix diminuent (d’une ampleur supérieure à celle observée dans le
cas d’une offre keynésienne) et que l’activité retrouve son niveau initial.
La structure de la demande change cependant d’une façon que nous pouvons
étudier clairement car nous savons ici qu’elle diminue suite à ∆G < 0 (dans
le cas d’un choc de demande défavorable, nous n’avons pas précisé si c’est la
consommation ou l’investissement ou les deux qui sont directement affectés par
le choc). Pour étudier les autres effets sur la demande, il faut analyser plus
précisemment ce qui se passe du côté de la demande :
• suite à ∆G < 0, IS se déplace vers la gauche
• suite à ∆P < 0 (qui résulte de la confrontation entre offre globale et demande globale), LM se déplace vers le bas
La résultante du déplacement de ces deux courbes nous ramène au même
niveau de demande agrégée qu’initialement ; en revanche, le taux d’intérêt
nominal a diminué car 1) le niveau des transactions a diminué, réduisant la
demande de monnaie ce qui tire i vers le bas et 2) l’offre réelle de monnaie
a augmenté suite à la baisse des prix ce qui tire aussi i vers le bas. Cette
baisse du taux d’intérêt stimule l’investissement.
Finalement, la demande agrégée, qui a conservé le même niveau, voit sa structure modifiée comme suit :
• le revenu national, les impôts et (par hypothèse) l’optimisme des consommateurs n’ayant pas changé, la consommation est identique à celle qui prévalait
avant la mise en oeuvre de la politique.
• en revanche, le niveau des dépenses publiques, suite à la politique économique,
est réduit.
48
• l’investissement a augmenté.
L’investissement s’est donc substitué aux dépenses publiques dans la demande
agrégée.
3.6.3
Conclusion
A court terme, une réduction du déficit budgétaire a un effet dépressif. A moyen
terme, le revenu national revient à son niveau d’origine et l’investissement est plus
élevé. Ce n’est pas dans notre modèle, mais on peut penser qu’à encore plus long
terme, lorsque l’hypothèse de capital constant dans la fonction de production
macroéconomique n’est plus soutenable, cet accroissement de l’investissement
favorisera l’offre globale.
49
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