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Où va l’imagerie du vivant ?
Introduction
Maurice Goldman
Membre de l'Académie des sciences, directeur de recherche honoraire au
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)
L’imagerie a fait son entrée en médecine à la fin du XIXème siècle, en l’espèce de la
Radiographie, à la suite de la découverte des rayons X. Elle s’est dès l’abord révélée
comme un outil révolutionnaire pour la médecine et la chirurgie. Elle a par la suite
continuellement évolué au gré de l’évolution des techniques, des sophistications de sa
pratique et de ses applications, ainsi que des progrès dans la compréhension des
dangers radiologiques. Le contraste des images résulte de l’absorption des rayons X
par les tissus, différente pour les diverses espèces atomiques. La radiographie
demeure jusqu’à nos jours la méthode d’imagerie médicale la plus répandue et la plus
utilisée. Au début des années 1970 sont apparues et se sont développées
essentiellement trois nouvelles techniques d’imagerie rendues possibles par les
progrès de l’informatique. La scannographie (ou scanner) utilise encore des rayons X,
mais avec un générateur tournant, et permet d’obtenir des images à deux, puis à trois
dimensions, en particulier des tissus mous mal discriminés par la radiographie
habituelle.
L’imagerie par résonance magnétique (IRM), pratiquée dans un aimant et utilisant
des rayonnements électromagnétiques dans la gamme des ondes radio, consiste à
observer la résonance magnétique de spins nucléaires, essentiellement ceux des
protons de l’eau, sous application successive de gradients de champs appropriés. Le
contraste des images dépend de la concentration des espèces de spins et de la mobilité
locale du milieu. Enfin, l’échographie utilise la réflexion d’ondes ultrasonores
incidentes par les tissus vivants. Le contraste provient de l’influence de la viscosité
de ces tissus sur leur réflectivité. La particularité, et grand avantage, de ces deux
dernières méthodes est que, n’utilisant pas de rayonnements ionisants, elles ne
provoquent pas de dommages sur les tissus : elles sont dites « non-invasives ».
Dans la présente conférence-débat seront présentés et discutés les progrès et
perspectives de trois méthodes d’imagerie extrêmement innovantes : l’IRM
fonctionnelle, essentiellement du cerveau, basée sur la production naturelle d’agents
de contraste ; l’imagerie ultrasonore ultrarapide de l’élasticité des tissus ou des flux
sanguins, utilisant entre autres des ondes acoustiques de cisaillement ; une imagerie
de super-résolution permettant la détection et le suivi de molécules uniques, illustrée
par l’étude de récepteurs de neurotransmetteurs sur les synapses.