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LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES DÉPLACEMENTS
Les termes et les concepts tels que
migrations environnementales, migrations
provoquées par les changements
climatiques, réfugiés environnementaux
ou écologiques, migrants dus aux
changements climatiques et migrants
forcés par l’environnement sont dispersés
tout au long des textes. La raison
principale de ce manque de dénition
concernant les migrations dues à la
dégradation environnementale ou aux
changements est liée à la diculté
d’isoler les facteurs environnementaux
des autres causes de migrations. Un
autre obstacle important réside dans la
confusion entre les migrations forcées et
les migrations volontaires. Les migrations
environnementales sont-elles une forme
de déplacement forcé en soi ? Peuvent-
elles prendre la forme de réinstallation
volontaire ? Que penser des plans
de réinstallation gouvernementaux
en anticipation, ou à la suite d’un
bouleversement environnemental ? La
distinction entre forcée et volontaire
est-elle pertinente ? Ces questions
ont un impact sur les typologies des
migrations environnementales et il
n’est pas facile de les contourner.
Mis à part les cas évidents où le
déclenchement soudain de changements
environnementaux tels que ceux causés
par les tremblements de terre ou les
inondations mènent à des déplacements
forcés, le problème est que les migrations
environnementales se produisent lors
d’un déclenchement lent des changements
environnementaux ou du processus de
dégradation (come la désertication)
qui touche les personnes dépendant
directement de l’environnement pour
leur subsistance et qui cause la précarité
de leurs moyens de subsistance. Lorsque
la dégradation environnementale est un
facteur additionnel mais non un facteur
majeur, la question peut se poser si le
terme ‘migrations environnementales’ est
approprié pour de telles migrations. La
complexité accrue des mouvements de
migration contribue aussi à la diculté
d’arriver à un consensus sur les dénitions.
Depuis les années 1970, il existe une
division nee entre ceux qui prédisent des
vagues de ‘réfugiés environnementaux’
et ceux qui adoptent une position plus
sceptique. En termes généraux, on peut
décrire les premiers, qui ont tendance
à isoler les facteurs environnementaux
comme causes majeures de migration,
comme ‘alarmistes’ et les derniers, qui
ont tendance à insister sur la complexité
des processus de migration, comme
‘sceptiques’. Il est intéressant de noter
que les alarmistes viennent souvent
de disciplines comme les études sur
les désastres environnementaux et
les conits, alors que les sceptiques
appartiennent presqu’exclusivement
au domaine des études sur les
migrations forcées et sur les réfugiés.
Il n’est pas surprenant que les rapports
faisant le lien entre les changements
climatiques et la sécurité se rangent
généralement du côté des alarmistes.
A l’instar de la plupart des théories
classiques sur les migrations qui ont
tendance à ignorer les environnements
comme cause des migrations, la
plupart des théories sur la gouvernance
environnementale ignorent les
mouvements de migrations. La
priorité la plus urgente dans un
agenda de recherches dans ce domaine
serait de combler cee carence.
Progresser
Dans un but académique, l’intérêt porté au
développement d’une dénition demeure
de comprendre les facteurs sous-jacents
aux décisions de migrer. Tandis que
ceci intéresse et inquiète les preneurs de
décisions, ils ont aussi besoin de savoir
de quels droits bénécient les personnes
touchées. Sans dénition précise, il
n’est pas facile pour les praticiens et
les preneurs de décisions d’établir des
plans et d’accomplir les progrès ciblés.
Les migrants et les personnes déplacées
tombant sous la dénition ne sont pas
facilement identiables et il est donc
possible qu’ils ne reçoivent pas d’assistance
appropriée. Sous cet angle, alors qu’une
grande partie des débats académiques
et des recommandations politiques ont
jusqu’à présent mis en garde contre la
confusion entre les personnes déplacées
par des causes environnementales
et les personnes reconnues comme
réfugiés par la convention de Genève
de 1951, il existe de nombreux éléments
aidant au processus de dénition des
personnes au titre de la Convention
de Genève qui peuvent contribuer à la
dénition des personnes déplacées par
les changements environnementaux.
En ce qui concerne la question des
migrations environnementales, la
concentration à ce jour tient à prouver
d’une manière ou d’une autre que les
facteurs environnementaux peuvent
être une cause majeure unique de
déplacements et de migrations. Toutefois,
il est intéressant de noter que, pour
déterminer si une personne est un ‘Réfugié
selon la Convention’ ou non, il n’est pas
nécessaire de déterminer si la raison
menant à la persécution (opinion politique,
race, nationalité, religion ou appartenance
à un groupe social particulier) est le
facteur principal du déplacement, mais
si le déplacement a eu lieu. Une fois ce
lien établi, le preneur de décisions peut
alors accorder le statut de réfugié à cee
personne sans prendre en considération
si cee raison était la cause principale
qui a mené à la persécution, ou non.
Peut-on / faut-il en faire de même pour
les personnes déplacées par les facteurs
environnementaux ? Est-il susant
de prouver le rapport causal entre
l’environnement et le déplacement, ou
faudrait-il que le rapport causal ait comme
résultat un certain degré de détresse ou
une brèche des droits humains avant
qu’il puisse y avoir quelque forme de
protection internationale à long terme ?
Conclusion
La nécessité d’une dénition est une étape
cruciale dans la conceptualisation des
migrations environnementales, et dans
l’élaboration de politiques en réponse à ces
ux. Cependant, deux facteurs principaux
poussant à la nécessité d’une dénition
peuvent entraver son élaboration.
Dénir les ‘migrations
environnementales’
Olivia Dun et François Gemenne
Actuellement, il n’existe pas de consensus sur les dénitions dans
ce secteur d’études. Par conséquent, la variété de termes est non
seulement gênante mais elle crée aussi la confusion.