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Localisation dAnderson
datomes ultrafroids
Article proposé par:
Alain Aspect , alain.aspect@institutoptique.fr
Philippe Bouyer ,philippe.bouyer@institutoptique.fr
VincentJosse ,vincent.josse@institutoptique.fr
LaurentSanchez-Palencia ,lsp@institutoptique.fr
LaboratoireCharlesFabry de lInstitut dOptique, CNRS /Univ.Paris-Sud, Palaiseau
Lesgazquantiques ultrafroidspermettentaujourdhui de réaliserdes systèmesmodèles, à lafois trèsbien
contrôlésexrimentalement,etcalculables sur le planthéorique. Alaide d’un désordrecontrôlé,réaliséavec
des taveluresoptiques,ilsontpermisen 2008 lobservation directe de lalocalisation dAnderson d’une onde de
matre. Leremarquable accord entre lesdonnéesexrimentalesetlesprédictions théoriquesouvre des
perspectives sansprécédentpour réaliserdes simulateurs quantiquesdansdes situationsplus délicatesàtraiter
théoriquement.
ès sesorigines,lathéorie quantiquea connudeux
succèsmajeurs :laphysiqueatomique etlaphy-
sique de lamatrecondensée. Ainsi,lapremière
apermisdexpliquerlastructure desatomesetlaseconde
celle destaux.Desquestions restentpourtantouvertes
etde nombreux phénomènes sontencoreaujourdhui
malcompris.Parexemple,pourquoi certainsmatériaux
sont-ilsdesisolants ?Cette question,simple en appa-
rence,s’avère en faitparticulièrementardue etlétude des
transitionstal-isolantasuscité de nombreux travaux,
tant théoriquesqu’exrimentaux.Dupointde vuethéo-
rique,on distinguetrois typesdisolants fondamentaux :
i) lesisolants de bandesquirésultentde labsencedecanal
de diffusion pour lesélectronsà certainesénergies,ii) les
isolants de Mott danslesquelslesélectrons,interagissant
fortemententre eux par répulsion coulombienne,empê-
chentmutuellementleurs mouvements,etiii) lesisolants
dAnderson quirésultentde lalocalisation forte desélec-
tronsparinterrence destructive de cheminsde diffusion
multiple sur lesimperfectionsdu solide (voirlarticle « La
localisation forte dAnderson » danscevolume). Dupoint
de vue exrimental,malheureusement,lobservation
directe de cesdifférents typesdisolants est pratiquement
impossible dansles systèmes usuelsde lamatrecon-
densée car structure de bandes,interactionsetsordre
jouentgénéralementdes rôlesimbriqués.Parailleurs,
desphénomènesparasitestelsque linteraction avecles
phonons thermiquesviennent souventperturberforte-
mentces systèmes.Enfin,lesparatrespertinents sont
généralementmalcontrôlés,rendantdifficilesles tests
quantitatifsde lathéorie. A celas’ajoute le faitque les
mesures sontlimitéesàdesgrandeurs macroscopiques
tellesque la conductivité,tandisque latermination de
lacroissance exponentielle duprofil spatial,emblémati-
que de lalocalisation dAnderson,reste inaccessible.
Commentalors faire le lien entre lesmodèles théori-
quesetlaréalité exrimentale ? De manièreremarqua-
ble,larencontre de laphysiqueatomique etde laphysique
de lamatrecondensée ouvreaujourdhui desperspecti-
ves sansprécédent.Danslesannées1980,desprogrès
spectaculairesontétéréalisésdansles techniquesde
refroidissementetde piégeage desatomes, ce quiaouvert
lavoie àlaréalisation despremiers condensats de Bose-
Einstein etde gazde Fermi dégénérésdansladeuxième
moitié desannées1990(voirlesarticles«La condensation
de Bose-Einstein en phase gazeuse »,Imagesde laphysique
2000,et«Lesgazde fermions ultrafroids»,Imagesde la
physique2005). Ces techniques sontaujourdhui extrême-
mentbien maîtriséesetlaphysique desatomes ultra-
froidsa atteintaubut desannées 2000 une nouvelle
frontre en établissant un lien aveclamatrecondensée.
On peut ainsiréaliserdes systèmescrits exactementpar
desmodèles suffisamment simplespour êtretraitéspar
desapproches théoriques,souventprochesdesmodèles
introduits en physique de lamatrecondensée. De plus,
ces systèmes sont remarquablementbien contrôléset
D
Localisation dAnderson datomes ultrafroids
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mesurablespardes techniquesoriginalesetcomplémen-
tairesdesoutils traditionnelsde laphysique de lamatre
condensée,parexemple parlamesure directe desfonc-
tionsdonde. Danscecontexte,laphysique desatomes
ultrafroidsadéjàobtenuplusieurs succès spectaculaires,
avec, parexemple,lobservation disolants de Mott (équi-
pesde T.nsch, J.Bloch etT.Esslinger) etde lasuper-
fluidité fermionique (équipe de W.Ketterle). Dautres
travaux se focalisent sur lesgazen basse dimension etont
permislobservation de gazde bosons1D(dits de Tonks-
Girardeau) qui ontlaproprtéremarquable dêtre
dautantplus fortementcorrélésqu’ils sontplus dilués
(équipe de D.Weiss),etde latransition de Berezinskii-
Kosterlitz-Thouless correspondantàune forme de super-
fluiditébosonique liée non pasàla condensation de Bose-
Einstein maisàlaprolifération de paires vortex-antivortex
dansdesgazde bosons 2D(équipe CNRS de J.Dalibard).
Une nouvelle étape aété franchie en 2008aveclapre-
mière observation directe de lalocalisation dAnderson
d’une onde de matreàlaide datomes ultrafroidsà
lInstitut dOptique de Palaiseauainsi qu’auLENS de
Florence. Danscetarticle,nous crivonslexrience de
lInstitut dOptique. Nous verronsnotammentque lesato-
mes ultrafroids,loin de secantonneràlaseule réalisation
de systèmesmodèles,offrentde nouvellesapproches
maisaussi desperspectives tout àfaitoriginales.
Une onde de matre
dans un désordre optique
AlInstitut dOptique,nous nous sommesattaquésà
lalocalisation dAnderson àune dimension, cest-à-dire
danslasituation oùelle est laplus forte etlamieux
comprise (voirencadré1 ). Pour ce faire,il nous afallu
relever uncertain nombre de défis:i) réaliser un guide
atomiqueunidimensionnel,ii) créer une onde de matre
etinduireuntransport avecune énergie contrôlable,
iii) annulerlesinteractions,etiv)créer un désordre
contrôlé. Danscesconditions,nous avonspunon seule-
mentobserverlalocalisation d’une manière directe,mais
aussi démontrer unaccord quantitatif aveclesprédictions
théoriques.
Danslexrience,nous utilisons un faisceaulaser
horizontalsuffisammentsaccorsur le rouge de la
transition atomique. La force dipolaire induite parlinte-
raction dulaseraveclesatomescontraintcesderniers à
resterconfinésau voisinage dumaximum dintensité,
cest àdireaucentre dufaisceaulaser.Onréaliseainsiun
guide atomiqueunidimensionnel :lesatomes sontconfi-
s transversalement,mais sontlibresde se déplacerle
long de laxe dufaisceau(voirfigure1 ).
Londe de matre est créée àpartird’uncondensatde
Bose-Einstein datomesde rubidiumtrèsdilués.Le
condensatest réalisé directementdansle guide optique en
ajoutant un piégeage magnétique dansladirection longitu-
dinale (voirfigure 1a ). En éteignantle champ magnétique,
on déclenche alors lexpansion ducondensatdansle
guide (voirfigure 1b ). Lénergie de londe de matreainsi
créée est un paratrecrucial pour lalocalisation
dAnderson (voirlencadré1 ). Elle est en faitterminée
parlesinteractions répulsivesinitialementprésentesdans
le gazpiégé car,lors despremiers instants de lexpansion,
lénergie dinteraction est rapidementconvertie en éner-
gie cinétique dexpansion. On montreainsi que londe de
matre en expansion est formée d’un grand nombre de
composantesde nombre donde k ,dontladistribution
est une parabole inversée de nombre donde maxi-
mumk max .Il est pratique de quantifierk maxparle poten-
tiel chimiqueµducondensatqui peut êtreajusté en
contrôlantladensité initiale oulaforce desinteractions.
Danslexrience,oùmest lamasse
atomique, correspond àune vitesse maximale de quel-
quesmm/s.
Lexpansion dansle guide est alors observée en ima-
geantdirectement– parfluorescencesur une cara
CCD ultra-sensible – ladensité de lafonction donde ato-
miqueàdifférents tempsde propagation. Comme le
montre linsert de lafigure2a ,en labsence de désordre,
lexpansion est balistique, cest-à-dire que lataille du
nuage atomiqueaugmente linéairementavecle temps.
Resteàintroduire le désordre. Pour agir sur lapropa-
gation de londe de matre,il suffitd’utiliserànouveaula
force dipolaire qui permetde réaliser une grande varté
de situations.Parexemple,en utilisant un nouveaufais-
ceaulasersaccorcette fois sur le bleude latransition
atomique,on crée une force quirepousse lesatomesdes
zonesde lumière. En focalisant une simple nappe de
lumière perpendiculairementauguide,on crée ainsiune
lame semi- ou totalement réfléchissantesuivantlinten-
sité lumineuseappliquée. Une succession régulière
(périodique) de lameslumineusespeut aussi être obtenue
en faisantinterrerdeux faisceaux faisant unangle
Figure 1 – Principe de lexrience. a)Uncondensatde Bose-Einstein (en
vert-orange) est initialement réalisé dansle guide optique (en rouge) auquel
on ajouteunchamp magnétique (en gris). b)Encoupantle champ magné-
tique,on crée une onde de matrese propageantle long duguide en pré-
sence de désordre (en bleu). La densitéatomique est directementimagée
parfluorescenceaprès untempsdexpansion donné.
D()
k
km
max∼-4/
µ
2
θ
89
Localisation dAnderson datomes ultrafroids
entre eux, créant unréseaude diffraction de pas
.Onréaliseainsi lanalogueatomique dufiltre
de Bragg en optique fibrée,qui peut réfléchirlesondesde
matre de vecteur donde . Si maintenant
on superpose plusieurs filtres,lasituation s’enrichitnota-
blement.Parexemple,en ajoutantaupremier réseau un
deuxième de pasincommensurable,on crée unréseau
ariodique (ouquasi-périodique). Untel réseaupartage
certainesproprtésavecles systèmescomplètement
sordonnésetpeut conduireaussiàdes situationsde
blocage du transport comme cela a été observéà Florence.
Dansnotre exrience,nous avons réaliséunvrai
sordre optique. Pour cela, nous avons utilisé ladiffrac-
tion d’un faisceaulaserpar un diffuseur, ce quicrée un
champ de taveluresoptiques(speckle en anglais). Celui-ci
est constitué de « grains» de lumière de taille etde forme
contrôlablesmaisde répartition spatiale etdintensitéaa-
toires(voirencadré2 ). Danslexrience,nous avons utilisé
unspeckle danslequel lesgrains sont trèsanisotropes,en
forme de lamesperpendiculairesauguide donde (en bleu
sur lafigure1 ). Ensuivantladiscussion précédente,on
peut voirce désordrecomme résultantde lasomme d’une
distribution de réseaux indépendants entre eux (cest-à-dire
de positionnements relatifsindépendants). Le pointessen-
tiel est quece désordre est trèsbien contrôlé. Parexemple
son amplitude est proportionnelle àlintensité laser,un
paratre facile à contrôlerdanslesexriences.
Observation de lalocalisation
d’Anderson
Nous avonsàprésent tous lesingrédients pour obser-
verlalocalisation dAnderson. Il nous faut pourtant
encore prendre quelquesprécautions.Tout dabord,le
champ de tavelurescontientde « hautes»barrresde
potentiel, ce qui oblige àtravailleravecdesamplitudesde
sordretrèsfaiblesdevantlénergie typique desparticu-
les(cest-à-direV Rpetitdevantµvoirencadré2)afin
que laprobabilité que londe soit stoppée classiquement
par un grand picuniquesoitcomplètementnégligeable.
Cest seulementà cettecondition que larrêtde lexpan-
sion peut résulterde linterrence–quantique!–
destructive entre lesmultiplescheminsde diffusion de
londe sur lesmodulationsdupotentiel désordonné,
conformémentau scénario de lalocalisation dAnderson.
Localisation dAnderson àune dimension
Encadré 1
Considérons une particule se propageantdans un milieu
sordonné,représenté par un potentiel statique mais spa-
tialementaatoire. Pour simplifierladiscussion,supposons
que le potentiel est formé dimpuretés toutesidentiques
maisdisposéesde manièrecomplètementaatoireselon
une direction (voirfigureE1 ). Introduisonsalors laparticule
avecune énergie Eetdemandons-nous commentelle se pro-
page dansle milieu.
En mécanique quantique,laparticule est diffusée par
chaque impureté,quelle quesoit son énergie, créant une
superposition cohérente d’une onde transmise etd’une onde
réfléchie. Ainsi, à lapremière impuretérencontrée,elle se
sépare en deux.Chaque onde partielle vaensuiterencontrer
une nouvelle impureté qui lasépareànouveauen deux et
ainsi de suite. La densitéatomiquerésultealors de lasomme
de toutescescontributions.
Pour crirece processus de multi-diffusion,on pourrait
envisager une approche semi-classiqueconsistantàrepré-
senterchaque diffusion par une probabilité de transmission
etànégligerlesphases relativesdesdifférents chemins
quantiquespossibles.Ceciconduitàune dynamique diffu-
sive,où un nuage de particulesindépendantes s’étale de
manièresub-balistique maisindéfiniment, comme dans un
mouvementbrownien classique.
En fait,on peut seconvaincre facilementque laphase
relative desdifférents cheminsde diffusion multiple est
terminante. L’un de cescheminsconsisteàtraverserle
sordresansmodification,unautreàsubir une première
diffusion par une impureté quirenversesavitesse puis une
deuxième par une autre impureté qui larelance dansla
direction initiale (voirfigureE1 ).
La phaserelative de cescheminsest alors terminée par
la corrélation entre lesdeux processus élémentairesde diffu-
sion,doncparlafonction de corrélation dusordre.
Plus précisément,uncalculcompletmontre que ladiffu-
sion de laparticule peut êtretotalement supprimée etque le
profil de densité présenteune décroissance exponentielle,
ln(n ( z )) 2| z |/ L loc,oùL locest lalongueur de localisation.
Ce qui est remarquable, cest que,en 1D(ainsi qu’en 2D,
maispasen 3D), cette localisation – dite dAnderson – alieu
même pour desénergies très surieuresàlamplitude
desimpuretés.Plus précisément,on trouve que
,oùest le vecteur donde
de laparticule etest latransformée de Fourierde lafonc-
tion de corrélation dupotentiel désordonné. Cette formule
illustrebien àlafoisle rôle descorrélationsetdesprocessus
de rétro-diffusion mentionnésci-dessus.
FigureE1 – Processus élémentairesde diffusion dans un potentiel uni-
dimensionnel formé dimpuretésaatoires.
122
/() ˆ()/LE Ckk
toc
kmE=2/-
+kk
λθ
/2sin
k=2/
πθλ
sin
Localisation dAnderson datomes ultrafroids
90
Les taveluresoptiques,un désordrecontrôlé
Encadré 2
Un « champ de tavelures» (ou«speckle » en anglais) est
ladistribution spatiale aatoire dintensité quirésulte de la
diffusion d’un faisceaulasercohérentpar une surface
rugueuse. Selon le montage,ladiffusion peut se fairesoiten
réflexion soiten transmission,induisantdanslesdeux cas
une modulation spatiale de laphase etde lamplitude du
champ lumineux.Danslexrience,nous avonschoisiun
dispositif en transmission :un faisceaulaserest diffracté par
unverre dépoli parattaquechimique. Les variationslocales
de son épaisseur induisent une modulation de phase dufais-
ceaudiffracté (voirfigureE2a ). Limage de ce dernierdansle
plan focal d’une lentille résulte doncde lasuperposition de
nombreusescomposantesde phasesaatoires.La figure de
diffraction est alors spatialementaatoire etformée de
grainsdintensité lumineusevariable (voirfigureE2b ).
Desatomesplacésdanscechamp lumineux ressentent
un potentiel dipolaire proportionnel àlintensité laser
où1/ Γest ladurée de vie duniveauato-
mique excité,I sat,lintensité de saturation de latransition
atomique etδ ,ladifférence entre lafréquence laseretcelle
de latransition atomique. Le potentiel V ( r ) est doncspatiale-
mentaatoire (cest-à-dire désordonné).
Ce qui est remarquable, cest quece potentiel désor-
donné est complètementcontrôlé,lesdifférents paratres
étantterminésparlesloisde loptique etlinteraction
lumière-matre,tout deux trèsbien connus.Tout dabord,la
distribution de probabilité de lintensité en chaque pointdes
grainsde lumière est une exponentielle décroissante,
,oùIest lintensité moyenne dans
le plan focal. Comme celle-ci est proportionnelle àlintensité
dulaserincident,on contrôle facilementlamplitude du
potentiel désordonné,.Ensuite,la
nature de Vdépend d’unautre paratreajustable,le désac-
cordδ .Pour δ>0(décalage vers le bleude latransition ato-
mique),lesmaximadintensitécorrespondentàdesmaxima
dupotentiel optique,de sorte que lesgrainsformentdesbar-
rresde potentiel (voirfigureE2b ). Aucontraire,pour δ<0
(décalage vers le rouge),lesgrainsformentdespuits.Enfin,
lataille maisaussi laforme desgrainsde tavelure,définies
parlafonction de corrélation ,dépen-
dentde lagéométrie de lazone éclairée sur le diffuseur.On
peut doncréaliseràfon lesgrainssirés.
Danslexrience,nous utilisons un laserargon,de lon-
gueur donde λ=514 nm et une ouverture nurique
NA =0,3 suivantlaxez(voirfigureE2a ). La taille desgrains
de tavelure est alors Δ z=λ /(2NA)=0,82µ m. Afin dobtenir
desgrainsde lumière fortementanisotropes,on peut éclai-
rerle diffuseur avecune ouverture nuriquevariable sui-
vantladirection. Enutilisant une ouverture nurique plus
petitetransversalementàz ,nous obtenonsdesgrainsplus
gros selon ladirection x(97µ m) queselon la
direction y(10µ m).
La transformée de Fourierde lafonction de corrélation
dupotentiel désordonné joueunrôle fondamental dansla
localisation dAnderson (voirencadré1 ). Dansle casd’un
verre dépoli douverturecarrée etéclairéuniformément,on
trouve que est une fonction triangle (voirfigureE2c ).
Ontrouve doncques’annule pour k>k c=π/ Δ z
( k c=3,85 µ m –1 danslexrience) quicorrespond aumaxi-
mum desdifférence des vecteurs donde laserissus dudiffu-
seur (voirfigureE2a ). Lexistence d’unseuil k cest doncune
proprté générale deschampsde tavelure dueàlouverture
nurique finie dudispositif optique.
IrVrI
Ir
sat
():() ()
=- Γ2
8
δ
P() exp(/)
II II=〈 〉〈
1
VIII
R=〈〈〉〉 〈〉(– ) 2
CrVVrV() ()()=〈 〉〈02
ˆ()Ck2
ˆ()Ck2
FigureE2(a)Dispositif optique permettantde réaliser unchamp de tavelures.Un faisceaulaserest focalisé par une lentille sur lesatomes ultrafroids
aprèsavoirété diffusé par unverre dépoli. Il en résulteune distribution aatoire dintensité,etdoncun potentiel désordonné pour lesatomes,repré-
senté iciselon ladirection z . (b)Champ de taveluresobtenudansle plan focal de lalentille pour une ouverture nuriqueanisotrope. Il présenteune
distribution aatoire de grainsde lumière fortementanisotropes. (c)Fonction de corrélation dupotentiel de tavelureset satransformée de Fourier.Cette
dernièreaunsupport fini,terminé parlouverture optique dudispositif (=0pour k>k c ).
ˆ()Ck2
91
Localisation dAnderson datomes ultrafroids
Ensuite,le désordrecréé par taveluresoptiquesest
sensiblementplus complexe quecelui décritdans
lencadré1oùlesimpuretés sontétroitesetpositionnées
de fon aatoire. Notre désordre possède de fortescorré-
lations spatiales, ce quisetraduitnotammentparle fait
quesadistribution de fréquences spatiales, , pos-
sède laproprtétrèsparticulière davoir unsupport fini
de valeur maximale k c(voirencadré2 ). Or,en 1D, la
longueur de localisation secomportecomme
(voirlencadré1 ). Doit-on en conclure
que lalongueur de localisation diverge pour k>k c?Pas
tout àfaitcomme nous lavonsmontré dans untravail
théoriquerécent.En fait,il faut tenircompte de corré-
lationsaux ordres surieurs, ce qui montre que lalon-
gueur de localisation ne diverge pasmais subit unsaut
trèsabruptqui peut atteindre plusieurs ordresde
grandeur en . En pratique, alors que lalongueur
de localisation peut êtreraisonnablementpetite (etdonc
mesurable) pour k<k c ,elle devientgigantesque (quel-
quesmm,doncinobservable àléchelle de lexrience)
pour k>k c .On parle alors de seuil effectif de mobilité 1D,
car– en pratique – il secomportecomme unvraiseuil de
mobilité3D(voirlarticle « La localisation forte
dAnderson » danscevolume).
Enfin, comme nous lavons signaci-des-
sus,londe de matre en expansion que nous
créonsdansle guide nest pasformée d’une
seule maisd’un grand nombre de composan-
tesk .Ainsi, chaquecomposantevase locali-
seravecsapropre longueur de localisation et
le profil de londe de matrerésulterade leur
superposition. Rappelonsque ladistribution
de kdanslonde de matre est caractérisée
par un nombre donde maximalk max .Nous
pouvonsdoncnous attendreàobserverdes
régimesdistincts suivantles valeurs relatives
de k cetk max .
Que ditlexrience ? Pour répondreà
cette question,nous avons répété lexpé-
rience de lexpansion ducondensat,mais
cette foisen présence dusordre. La valeur
de k cest terminée parle dispositif optique
(voirencadré2 ). Afin de contrôlerlavaleur de
k max ,nous pouvonsjouer sur le nombre
datomesdansle condensat:plus il est
grand,plus lénergie dinteraction dansle
condensatinitial est grande,doncplus k max
est grand.
Pour un petitnombre datomes
(1,7×10 4 ),nous avonsk max<k c .Nous
observonsalors larrêt total de lexpansion
aprèsenviron une seconde (voirlinsert de la
figure2a ), ce quiconstitueune première
indication de lalocalisation. Néanmoins,
pour démontrer sansambiguïté lalocalisa-
tion dAnderson,il nous faut rechercher un
profil exponentiel stationnaire. La figure2b
montre le profil obtenuaprèsarrêtde
lexpansion,quicorrespond à ce qui est attendu.De plus,
nous avons vérifié que lapente–qui donne lalongueur de
localisation L locrestebien inchangée aucours du temps
(figure2c );cest lapreuve directe de lalocalisation
dAnderson. Cerésultat s’interprète facilement.Toutes
lescomposanteskdunuage en expansion sontefficace-
mentdiffuséesparle désordre etacqurentaucours du
temps une enveloppe exponentielle dontlalongueur
caractéristique dépend de k .La fonction donde totale
résulte de leur superposition eton montre facilement
qu’elle est elle-même exponentiellementcroissante.
Insistons sur le faitque nos résultats ne peuvent
s’expliquerpar un modèle classique. On pourraitimagi-
ner unblocage parde grandspicsdusordre. Nous
avonsanmoinsécartécette possibilité en travaillant
avecde trèsfaiblesamplitudesde désordre. Ceci est
confirmé parle faitque le profil de densité (même en
labsence de moyennage sur diverses réalisationsde
sordre) ne montreaucune chuteabrupteàdespositions
particulièrescomme on lattendraitpour unblocage
classique. On pourraitaussi envisager un modèle semi-
classique,maiscelui-ciconduitàune diffusion (voir
encadré1 ),incompatible aveclarrêtde lexpansion. Ce
ˆ
Ck(2)
LkkCk
loc() /(2)
2
ˆ
kk
c
B
Figure2Observation de lalocalisation dAnderson dansle régime k max<k c.a)Profil de densité
desfonctionsdonde pour différents tempsdexpansion en présence de faible désordre
( V R / µ=0,12). Insert :évolution de lataille rmsdesprofilsen présence ounon de désordre.
b)Profil de densité en échelle semi-logarithmiqueaprèsarrêtde lexpansion ( t=1 s ). La ligne
bleuecorrespond àlajustementd’une fonction exponentielle aux ailes.c)Evolution de la
pente desprofilsL cen fonction du temps:lavaleur stationnairecorrespond àlalongueur de loca-
lisation L loc . d) Longueur de localisation en fonction de lamplitude dusordreV R .La courbe
pointillée correspond aux prédictions théoriquesetlescourbesen traitplein représententlesincer-
titudesliéesàlatermination desparatresexrimentaux.
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