UNE EUROPE POLITIQUE
I – 1945-1950 : L’APRES-GUERRE, LA NAISSANCE D’UNE EUROPE POLITIQUE
A – 1945-1947 – Les origines de l’Europe politique
Le traumatisme de la guerre est un des points de départ de la volonté de construire l’Europe. Si l’idée
européenne est ancienne, elle connaît un renouveau pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment
chez les résistants. En rapprochant les peuples, la construction européenne semble être le meilleur
moyen de garantir une paix durable et de permettre la réconciliation franco-allemande. Elle est aussi un
facteur de reconstruction et de prospérité dans une Europe profondément meurtrie par la guerre.
L’Europe est conçue comme un mouvement d’avenir. C’est pourquoi les associations européistes se
multiplient après 1945. Ainsi, l’Union européenne des fédéralistes, qui regroupe une cinquantaine
d’associations, est créée en 1946. L’idée européenne est principalement portée par deux familles
politiques : la démocratie chrétienne et la social-démocratie.
La bipolarisation du monde accentue la construction d’une Europe à l’Ouest. L’Europe est, dès 1947,
confrontée à la guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS. Sous la pression américaine, les pays de
l’Europe de l’Ouest se rapprochent pour éviter l’expansion du communisme. La construction européenne
est aussi un moyen pour les pays européens affaiblis de conserver un certain poids politique face aux
deux Grands (Etats-Unis et URSS)
B – Plusieurs projets pour l’Europe
L’objectif commun est la construction d’une Europe démocratique et libérale. Marqués par les
totalitarismes, les européistes voient dans la construction européenne un moyen de promouvoir la
démocratie libérale et les droits de l’homme. Ouverte à tous les pays européens, l’aventure européenne
se limite en réalité, dans un premier temps, aux pays d’Europe de l’Ouest. L’URSS empêche en effet les
pays d’Europe de l’Ouest d’y participer.
Deux courants européistes s’opposent : fédéralistes et unionistes. Les unionistes sont partisans d’un
sumple coopération entre les gouvernements, respectant la souveraineté des Etats. Les fédéralistes
désirent une Europe supranationale dans laquelle les Etats renonceraient à une large part de leur
souveraineté. Cette différence persiste jusqu’à nos jours.
C – 1948 – Le congrès de La Haye et ses conséquences
Le congrès de La Haye en 1948 est le lieu de réunion de tous les européistes. En mai 1948, sous la
présidence de W. Churchill, ancien Premier ministre britannique, 800 délégués de 18 pays se réunissent à
La Haye. Les débats sont organisés autour de trois commissions (économique et sociale, politique,
culturelle). Elles réfléchissent chacune dans leur domaine aux moyens d’unifier l’Europe. Malgré les
divergences entre fédéralistes et unionistes, ce congrès marque le renouveau de l’idée européenne. Un
« message aux Européens » est alors rédigé qui définit l’esprit de la construction européenne ultérieure.
De ce congrès naît en mai 1949, le Conseil de l’Europe, première réalisation à l’importance cependant
limitée. Le Conseil de l’Europe est la première institution européenne intergouvernementale. Son but est
de favoriser la coopération politique, économique et culturelle entre les pays européens et de défendre la
civilisation européenne, notamment les droits de l’homme.
Les adversaires de la construction européennes sont nombreux. Il existe un fort sentiment anti-européen.
Les partis communistes, sous la pression de l’URSS, sont très hostiles à la construction européenne qu’ils
jugent trop influencée par les Etats-Unis. En France, les gaullistes s’opposent à toute construction
fédérale qui nuirait à la souveraineté nationale. Enfin, si Winston Churchill se prononce pour les Etats-
Unis d’Europe, il ne souhiate pas que le Royaume-Uni y participe, pour ne pas nuire aux liens avec le
Commonwealth.