des différents pays du monde d’alors, et ce, en fonction de l’autorité qui dirigeait le pays et
de la condition dans laquelle se trouvaient les musulmans qui y résidaient. Voici quelques
uns des termes que l’on retrouve dans les ouvrages de jurisprudence islamiques:
« Dâr-oul-Islâm » (espace de l’Islam): Les juristes désignaient ainsi le pays qui
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appartenaient aux musulmans, au sein duquel la législation islamique était en vigueur et où
les musulmans étaient en sécurité et pouvaient pratiquer librement leur religion.
« Dâr-oul-Harb » (espace de guerre): Etait ainsi désigné le pays gouverné par les
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non musulmans, au sein duquel la législation islamique n’était pas appliquée et où les
musulmans étaient privés de leurs droits fondamentaux et ne pouvaient pas pratiquer leur
religion. Selon les savants, il est obligatoire pour le musulman qui réside dans le « Dâr-oul-
Koufr » de le quitter dès que possible et d’émigrer vers un autre pays.
« Dâr-oul-Amn » (espace de sécurité), aussi appelé « Dâr-oul-‘Ahd »
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(espace du traité): Ce terme était employé pour faire allusion au pays non musulman
au sein duquel les musulmans jouissaient entièrement de l’ensemble de leurs droits
fondamentaux, et plus particulièrement de la liberté de foi et de pratique religieuse. De
même, dans ce genre de pays, les musulmans pouvaient œuvrer pour la propagation de
l’Islam et faire la « Da’wah ». Il n’est pas obligatoire pour les musulmans qui
vivent dans le « Dâr-oul-Amn » d’émigrer vers une autre contrée.On
pourrait considérer l’Abyssinie à l’époque de la Révélation comme un exemple de « Dâr-
oul-Amn » pour les musulmans. Après l’émigration du Prophète Mouhammad (sallâllâhou
alayhi wa sallam) vers Médine, de nombreux Compagnons (radhia Allâhou anhoum) sont
pourtant restés là bas. Il est rapporté par exemple que Abou Moûssa Ach’ari (radhia Allâhou
anhou) ne quitta l’Abyssinie pour Médine qu’en l’an 7 de l’Hégire.
La question qui se pose maintenant est de savoir si cette classification peut encore être
actualisée telle quelle avec les différents pays du monde de nos jours, ou s’il est nécessaire
de définir de nouveaux concepts qui correspondent mieux à la réalité géo-politique actuelle…
Ensuite, la seconde étape consiste à déterminer à quelle (s) catégorie (s) appartiennent les
pays non musulmans maintenant.
A ce sujet, il y a eu des débats poussés entre certains savants contemporains (pour avoir
un aperçu de la complexité du problème, voir notamment la synthèse de Târiq
Ramadan à ce sujet dans son ouvrage « Etre musulman européen » – Pages 195 à
246). Tandis que certains sont d’avis que la classification élaborée par les anciens juristes a
tout lieu d’être appliquée dans le monde actuel, d’autres pensent qu’il convient à présent
d’élaborer de nouveaux concepts, et ce, en raison notamment des mutations très
importantes qu’ont connus les pays musulmans (au niveau de la sécurité, de la paix, du
respect des droits fondamentaux, mais aussi de la liberté de pratique religieuse, la
situation donne à réfléchir…), mais aussi les pays non musulmans (où il n’est pas rare