COMMUNIQUER À TRAVERS LES ARTS

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COMMUNIQUER À TRAVERS LES ARTS
1.
DRAMA
Comprendre la communication
« On me dit souvent, tu dois vraiment aimer ce que tu fais. Tu en as de la chance. C’est
vrai que j’aime ce que je fais et c’est vrai que je suis vraiment chanceuse parce d’une
certaine façon, pour moi, il n’y a pas de différence entre l’art et la vie. Ils ne font qu’un.
« Ce que je veux vraiment que les étudiants apprennent, c’est que le théâtre vous aide à
communiquer. Ce que je veux dire, c’est que quand on joue dans une pièce et qu’on
interprète des relations humaines et des idées, ça peut vous aider à savoir quoi faire dans
la vraie vie. Je crois que c’est pour ça qu’on est fasciné par le cinéma, le théâtre, que ça
nous attire.
« Le théâtre te permet de prendre conscience de toi-même, de la manière dont tu penses,
tu ressens. Qu’est-ce que ton instinct te dit? Comment est-ce que ton imagination est reliée
à la manière dont tu interprètes les choses? Comment est-ce que tu vois les choses? En
jouant un rôle, tu découvres comment tu penses, comment tu sens, comment tu bouges.
« Il y a un exercice où je demande à un étudiant d’essayer d’imiter la démarche d’une
autre personne. Comment est-ce que tu te sens quand tu marches comme cette personne?
Qu’est-ce qui t’empêche d’imiter cette personne? Il n’y a pas de bonne ni de mauvaise
réponse. Je te demande tout simplement de prendre conscience de ta façon d’agir, parce
que c’est lié à la manière dont tu développes ton cheminement créatif. »
2.
DANSEUSE
Le langage de l’art
« La création part d’émotions, de souvenirs ou d’images très profondes. Il y a comme un
poids, une résonance qui est plus forte et qui est aussi universelle.
« J’ai souvent remarqué que quand je regarde un tableau abstrait—il ne veut rien dire,
il n’est pas sensé vouloir dire quelque chose—je ressens ça. Et si j’en parle à cinq
personnes, elles aussi vont me dire qu’elles ressentent aussi quelque chose. Ce n’est
peut-être pas ce que, moi, je ressens. Mais c’est très profond. C’est quelque chose qui
remonte à très, très loin ou qui a un lien très précis avec un moment de l’histoire ou une
partie de la vie.
« Je ne crois pas que ce soit par hasard que les artistes exploitent ça et le font depuis des
siècles. Il y a un langage des arts qui remonte au début des temps. »
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3.
LES ARTS VISUELS
Le langage visuel
« Je pense qu’avec le langage visuel, avec les gestes associés à la peinture, il y a
certaines choses que tu peux exprimer beaucoup mieux qu’avec le langage écrit.
« Pour moi, il y a le langage de la forme. Quand tu regardes un tableau, il existe des liens
entre la forme et le travail. Il existe aussi des relations—parce que d’une certaine façon,
c’est ce qui fait que c’est un langage, une série de relations—il y a donc aussi des relations
entre toutes les couleurs; elles jouent toutes les unes avec les autres. Et si c’est une
peinture assez réussie, ces éléments vont s’harmoniser. Alors, je pense que la couleur et la
forme, ça aussi c’est une forme d’expression à laquelle nous ne pensons pas toujours.
« Quand nous regardons une œuvre visuelle, je pense que cette œuvre peut nous aider à
prendre conscience d’une partie de nos expériences, auxquelles nous ne pensons pas,
parce que parfois la langue écrite et parlée peut nous limiter. Nous devenons trop conscient
des choses. Tandis que, du moins dans mon expérience—si je te parlais de mes
peintures—la peinture te permet d’aller sous la surface et d’explorer la signification, les
symboles, les expériences auxquels nous ne pensons pas toujours. »
--
Les symboles
« Sur la route qui va de la maison à l’école ou au travail, nous sommes bombardés
par des images. Nos sens sont saturés. Nos rêves aussi sont pleins d’images.
« J’aime utiliser les symboles, entre autres parce qu’ils aident à organiser toutes ces
expériences parce qu’autrement, ce serait le chaos. Ce serait un flot incessant de
couleurs et de formes tandis qu’un symbole, à mon avis, aide à organiser tout ça.
« Je pense que tous les artistes—selon l’éducation qu’ils ont reçue, l’endroit où ils ont
vécu, leurs expériences—possèdent toute une banque de symboles auxquels ils et
elles peuvent faire appel.
« Pour moi en tant que peintre, quand tu regardes ma peinture, un des défis c’est que
je voudrais que tu connaisses la signification des symboles que j’utilise. Parce qu’il se
peut que tu ne sois pas Cri. Il se peut que tu ne saches pas ce qu’est un wîhtiko, ou un
oiseau-tonnerre, ou qui était Big Bear. Alors je pense que dans une bonne peinture, la
signification de tous ces symboles sera claire pour les gens qui regardent. »
--
Raconter une histoire
« Je ne fais pas un art qui est à ce point intellectuel et mystérieux et symbolique que
seulement trois personnes au monde comprendront après trois heures d’explication.
« Ce qui à mon avis est plus intéressant, c’est l’œuvre avec laquelle les gens peuvent
établir un rapport dès qu’ils pénètrent dans la pièce. Si je réussis à te raconter une
histoire, et bien, j’aurai fait ce que j’appelle une bonne peinture; la peinture devient
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alors tout simplement une autre façon de raconter une histoire, de transmettre de
l’information—pas du tout comme écrire un essai savant ou un livre.
« Ce qui est beau avec la peinture, c’est que c’est immédiat. Tu n’as pas besoin de
passer deux heures à lire un livre. Tu n’as qu’à pénétrer dans une pièce et voilà, tu as
ton histoire. »
4.
DRAMA
Le langage
« Je trouve ça fascinant de parler de langage et de théâtre. C’est une autre chose qui
m’excite et c’est relié à la question de symbole.
« On croit que c’est par le langage, les mots, qu’on comprend une pièce de théâtre. Moi, je
suis aussi fascinée par ce que j’appelle le langage du regard, et celui du geste et de la
communication silencieuse. Il y a aussi le langage de l’énergie et de l’expérience. C’est ce
qu’on ressent, par exemple, quand on entre dans une pièce où deux personnes s’arrêtent
tout à coup de parler. Tu sais que quelque chose s’est passé parce que tu le sens. Pour
moi, c’est aussi un langage. Et j’aime jouer avec ça.
« Parfois, dans mon travail, on parle beaucoup, beaucoup. Parfois, on communique par la
gestuelle. D’autres fois, c’est par le regard qu’on communique. On peut dire que je ne suis
pas persuadée que les mots expriment toujours ce qu’on veut. Voilà ce que j’ai à dire sur
le langage. »
—
Les symboles
« Il y a un poème dans le livre où elle se rend compte que son amant la trompe. Alors
j’ai pris une plaque de bois en forme de cercle—parce que je joue avec le cercle du
désir—et je la place au dessus de mon cœur et je place le vase dessus. Je chante le
poème comme si c’était un tango puis je mets le vase au milieu du cercle que forme le
tapis rouge. Je fais mon tango. Ensuite, j’écrase le vase avec mes chaussures de
tango et je le laisse là. Chaque action symbolise quelque chose. C’est aux spectateurs
de les interpréter. Je ne leur dis rien. Je veux qu’ils regardent et se disent, hmmmm…
C’est ce que je veux dire quand je parle de ce qui te provoque, te dérange, te fait
réfléchir. C’est votre réaction viscérale.
« Quel rôle est-ce que le symbole joue dans l’œuvre? Comment se fait-il que je suis
attachée à l’idée de symbole au lieu de tout t’expliquer, de te dire, voilà avec quoi tu
dois travailler, ne te fatigue pas à interpréter ou te servir de ton imagination. Toutes les
idées sont expliquées.
« Je te demande, est-ce que tu aimes ce genre d’expérience? Est-ce que c’est comme
ça que tu vas faire travailler ton imagination? Comment est-ce qu’il va y avoir cette
relation entre le spectateur et l’acteur, le public et l’interprète? Quand je me sers de
symbole, ce que j’essaie de faire, c’est de te faire pénétrer dans l’expérience pour que
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tu ressentes quelque chose. Parce que c’est ça le théâtre pour moi. Je crois vraiment
que c’est ce qui fait la force de l’art. »
5.
LA MUSIQUE
Communiquer une émotion
« Tu sais, ce qui est ironique—la musique est un langage universel et si je joue une pièce
musicale pleine de suspense pour n’importe quelle personne de n’importe quelle culture
sur la planète, je susciterai la même émotion de suspense et peut-être de peur chez toutes
ces personnes.
« Donc, c’est un langage universel mais c’est aussi abstrait. Je veux dire, il n’y a pas de
mots, tu ne communiques pas une idée spécifique, tu communiques une émotion. Tu sais,
c’est une relation bien étrange. La musique communique avec tellement de force mais
comment mettre le doigt sur le sens exact; il n’y a pas de mots. »
6.
DRAMA
Transmettre une idée
« Comment je me sers de mon médium—qui est le théâtre—comment je m’en sers pour
transmettre aux spectateurs une idée qui me semble importante, ça revient une fois de plus
à la question de ce que c’est qu’une interprétation, à l’expérience que ça représente. Ça
me ramène à la notion d’espace public et d’espace privé. »
—
L’espace
« On a tous des espaces privés, des espaces bien à nous. Et puis, il y a l’espace
public qui appartient à tout le monde. Qu’est-ce qu’on peut faire dans un espace
public? Est ce que je peux tout simplement faire une pièce dans la rue? Est-ce qu’il me
faut un permis pour jouer dans la rue puisqu’après tout, la rue est un espace public?
« Quand j’ai fait Frozen Lady—c’est une pièce qui parle de la terre, des relations qu’on
a avec elle, et aussi du sens de communauté—j’ai découvert que, d’après la
municipalité rurale, le fossé appartient à tout le monde. Personne n’en est le
propriétaire. Il va du centre de la route de section à la limite de la propriété du fermier.
Alors je me suis demandé comment ça se faisait qu’on le traitait si mal quand il nous
appartient à nous tous. C’est ce qui m’a donné l’idée du spectacle.
« Donc, jouer avec l’idée d’où on peut monter un spectacle. »
—
Qu’est-ce qu’on peut faire?
« Qu’est-ce qu’on peut faire avec une représentation? Disons qu’il y a un message
que le conseil des élèves veut faire passer. Au lieu de ne faire qu’une bannière,
pourquoi ne pas se servir de toute l’école comme médium? Quel est le problème le
plus important pour toi?
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« Par exemple: on veut du meilleur savon dans les toilettes? Pourquoi ne pas mettre
des caisses à savon dans toute l’école et demander à tout le monde de faire un don.
Pour moi, c’est un acte performatif, actif, qui devient une sorte de théâtre, qui devient
aussi une sorte de manipulation. »
—
Outils et techniques
« De quels médiums, de quels objets, de quelles choses tangibles est-ce que je veux
me servir pour créer mon art? Ça peut être du plastique, ça peut être du texte—et je
m’en sers comme objets de propagande, comme outils de persuasion. Mes gestes
peuvent être mes outils. Mes yeux aussi. Si je choisis de ne pas te tourner le dos. Qui
dit que l’acteur doit toujours regarder les spectateurs?
« Souvent, au Canada, on se laisse prendre par une certaine idée du théâtre—et c’est
ce que j’appelle le théâtre réaliste—une idée qui remonte aux années 50, que le
théâtre doit être strictement présentationnel, ce qui n’est pas nécessairement vrai.
« Quand on pense à Peter Brook, un homme que tu devrais connaître, que tu
adorerais, on voit que c’est une de ces personnes pour qui les objets ne sont pas
vraiment des accessoires. Ce sont de vrais personnages qui font partie du tout. Pour
moi, c’est une technique de manipulation. La chaise n’est pas seulement une chaise,
elle peut devenir beaucoup de choses.
« Alors dans ton cas, dans ton école, pense aux objets que tu peux utiliser comme
symbole. On en revient au symbole, ce qui nous ramène à la propagande—comment
ça peut marcher pour toi. »
7.
DRAMA
Interpeler l’auditoire
« Quand est-ce qu’une pièce commence, quand est-ce qu’elle finit et pourquoi est-ce
qu’il faut que tu le saches? Pourquoi est-ce que tu penses que tu dois être organisé et
en faire tout un plat quand tu vas voir quelque chose? Combien as-tu vu de spectacles
spontanés dans la rue, qui te font t’arrêter, qui t’interpellent? Moi, c’est ce petit moment-là
qui m’intéresse.
« Pour moi, le 4e mur, ça n’existe pas. Je ne me dis pas, ooh, voilà l’interprète et voilà le
spectateur. Non. J’arrive et je me mets à parler. Parfois je mets mon costume devant le
public. Parfois je suis déjà en costume et tu ne t’en rends même pas compte. Et puis, je
vais parler, te demander comment ça va et ensuite je rentre dans mon personnage.
« J’aime bien te mettre dans un état de déséquilibre pour que tu sois obligé de décider où
tu veux être. Parce que quand tu regardes un spectacle, quand tu vas dans un musée ou à
un concert, quand tu es dans un endroit où tu dois prendre une décision, c’est là que je
vais—boum ! Tu es pris avec moi et ton imagination se met au travail. »
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