« Par exemple: on veut du meilleur savon dans les toilettes? Pourquoi ne pas mettre
des caisses à savon dans toute l’école et demander à tout le monde de faire un don.
Pour moi, c’est un acte performatif, actif, qui devient une sorte de théâtre, qui devient
aussi une sorte de manipulation. »
—Outils et techniques
« De quels médiums, de quels objets, de quelles choses tangibles est-ce que je veux
me servir pour créer mon art? Ça peut être du plastique, ça peut être du texte—et je
m’en sers comme objets de propagande, comme outils de persuasion. Mes gestes
peuvent être mes outils. Mes yeux aussi. Si je choisis de ne pas te tourner le dos. Qui
dit que l’acteur doit toujours regarder les spectateurs?
« Souvent, au Canada, on se laisse prendre par une certaine idée du théâtre—et c’est
ce que j’appelle le théâtre réaliste—une idée qui remonte aux années 50, que le
théâtre doit être strictement présentationnel, ce qui n’est pas nécessairement vrai.
« Quand on pense à Peter Brook, un homme que tu devrais connaître, que tu
adorerais, on voit que c’est une de ces personnes pour qui les objets ne sont pas
vraiment des accessoires. Ce sont de vrais personnages qui font partie du tout. Pour
moi, c’est une technique de manipulation. La chaise n’est pas seulement une chaise,
elle peut devenir beaucoup de choses.
« Alors dans ton cas, dans ton école, pense aux objets que tu peux utiliser comme
symbole. On en revient au symbole, ce qui nous ramène à la propagande—comment
ça peut marcher pour toi. »
7. DRAMA
Interpeler l’auditoire
«Quand est-ce qu’une pièce commence, quand est-ce qu’elle finit et pourquoi est-ce
qu’il faut que tu le saches? Pourquoi est-ce que tu penses que tu dois être organisé et
en faire tout un plat quand tu vas voir quelque chose? Combien as-tu vu de spectacles
spontanés dans la rue, qui te font t’arrêter, qui t’interpellent? Moi, c’est ce petit moment-là
qui m’intéresse.
« Pour moi, le 4e mur, ça n’existe pas. Je ne me dis pas, ooh, voilà l’interprète et voilà le
spectateur. Non. J’arrive et je me mets à parler. Parfois je mets mon costume devant le
public. Parfois je suis déjà en costume et tu ne t’en rends même pas compte. Et puis, je
vais parler, te demander comment ça va et ensuite je rentre dans mon personnage.
« J’aime bien te mettre dans un état de déséquilibre pour que tu sois obligé de décider où
tu veux être. Parce que quand tu regardes un spectacle, quand tu vas dans un musée ou à
un concert, quand tu es dans un endroit où tu dois prendre une décision, c’est là que je
vais—boum ! Tu es pris avec moi et ton imagination se met au travail. »
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