Système documentaire dans une approche processus – Généralités

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Système documentaire
dans une approche
processus – Généralités
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CATTAN Michel – Ancien responsable de la définition et de la maîtrise des systèmes qualité au sein de la Direction des réalisations nucléaires de Framatome. Expert en organisation et gestion de la documentation et de la configuration technique. Expert en matière d’analyse et de maîtrise des processus de l’entreprise.
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Logique hiérarchique
1.1 Une organisation
source de dysfonctionnements
Absence de connaissance globale de l’activité
de l’entreprise
La logique hiérarchique dite verticale, largement répandue
dans les entreprises, correspond à une structure où chaque
individu ne connaît qu’un domaine restreint de l’activité de
l’entreprise et n’est responsable que d’une faible partie de
ce domaine.
Cela a au moins deux conséquences importantes :
– chacun tend à imaginer son propre modèle pour
le fonctionnement de l’organisme, ce qui conduit
à de nombreuses incompréhensions, voire à des
dysfonctionnements ;
– très fréquemment, pour se faciliter la tâche, et après
avoir pensé qu’une procédure pouvait être simplifiée,
déformée ou encore tout bonnement oubliée, l’agent,
qui n’a qu’une vision restreinte de l’enchaînement des
tâches conduisant à un produit ou un service, sera tenté
de prendre des raccourcis.
Mauvaise maîtrise des interfaces internes
et externes
Une organisation purement hiérarchique facilite, voire
encourage, l’attitude qui consiste à défendre son territoire.
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L’organisme qui choisit une telle organisation doit mettre
en œuvre des moyens importants pour éviter que de trop
forts cloisonnements entre les différentes unités soient
totalement paralysants.
La logique hiérarchique conduit alors à multiplier les fonctions et actions de coordination pour assurer une bonne
maîtrise des nombreuses interfaces, internes comme
externes.
Or, l’expérience montre que la majorité des dysfonctionnements (transmission des informations et délimitation des
responsabilités) est la conséquence d’une mauvaise
maîtrise des interfaces internes – entre deux acteurs d’un
même processus –, comme externes – entre l’organisme et
ses clients. La non-qualité résulte d’un déficit de communication et de l’absence de relations basées sur l’écoute et
la compréhension des contraintes de chacun. Proportionnellement, peu de dysfonctionnements résultent de la
mauvaise réalisation d’une tâche.
1.2 Déperdition de l’information
Aux différentes grandes étapes de la conception et de la
réalisation d’un produit, le manque de précision dans la
définition des interfaces conduit à un niveau de non-qualité
dont l’importance peut, dans bien des cas, aboutir à un
produit totalement insatisfaisant pour le client final.
Définition du besoin
C’est ainsi que le client, dans un premier temps, aura
tendance à définir son besoin en ne mettant en exergue que
ce qui a le plus d’importance pour lui. Il omettra le plus
souvent de préciser ce qui, à son sens, est évident et donc
implicite. Il en résultera, si l’implicite n’est pas exprimé,
un écart entre la qualité exprimée et la qualité souhaitée.
Cet écart constitue un élément de non-qualité.
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Écart entre qualité exprimée et qualité définie
À l’étape suivante, le chargé d’affaires devra définir le
produit au bureau d’études ou au bureau des méthodes. Il
ne rapportera que ce qu’il a compris du désir du client. Là
encore, la traduction risque d’être infidèle. De plus, si le
chargé d’affaires est le seul à avoir rencontré le client, il
dispose d’informations concernant son comportement et
son environnement qui ne sont pas toujours facilement
traduisibles dans une spécification. D’où, de nouveau, un
écart entre ce que l’on peut appeler qualité exprimée et
qualité définie.
Qualité perçue
Et ainsi de suite jusqu’à la qualité perçue par le client, à
la livraison du produit, qui fera apparaître une distorsion
importante avec ses besoins explicites et implicites
(Figure 1.1).
Figurele1.1
entre
besoin
Déperdition
du clientde
et qualité
le produit réceptionné
Figure 1.1 Déperdition de qualité
entre le besoin du client et le produit réceptionné
La somme de tous ces écarts peut conduire à un pourcentage de non-qualité important qu’on s’efforce de réduire :
– en utilisant des outils tels que la relation client-fournisseur interne (RCFI) à l’intérieur de l’organisme ;
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– en créant de véritables partenariats avec les fournisseurs et les clients de l’organisme pour faciliter, entre
autres, la communication des informations et la
compréhension mutuelle.
Mais il est difficile d’obtenir des résultats significatifs dans
une structure purement hiérarchique où chaque unité de
l’organisme n’est responsable que de son activité. Il n’y a
pas en général, dans une telle structure, de responsables
des processus qui veillent à ce que ces écarts ne soient que
l’exception.
2
Approche processus
2.1 Principes
Définir l’organisation à partir des produits
Adopter une approche processus, c’est abandonner la
primauté d’une logique hiérarchique basée sur les métiers.
Dans cette approche, l’organisation est définie, pour
l’essentiel, à partir des produits plutôt que des fonctions ou
des métiers.
L’approche processus suppose la mise en œuvre d’un
management transversal qui aura une bonne visibilité de
l’enchaînement des tâches et une capacité accrue pour agir
rapidement. Dans une telle logique, les produits ou
services finaux déterminent les processus les mieux à
même de donner entière satisfaction aux clients avec pour
principal objectif la fourniture de produits de bonne qualité
au moindre coût pour le client et pour l’organisme.
L’approche processus préconisée par les normes ISO 9001
et ISO 9004 vise à obtenir des gains significatifs en termes
de performances des produits et services mais aussi en
termes de coûts. Cette approche est, entre autres, fondée
sur :
– la prévention des erreurs ;
– la détection et la correction des dysfonctionnements ;
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– l’utilisation optimale des ressources ;
– l’efficacité et si possible l’efficience du fonctionnement de l’organisme.
Prévention
La prévention constitue un des fondements du management de la qualité. Elle est d’autant plus efficace que
chaque acteur d’un processus s’intéresse au fonctionnement et au résultat global du processus et non plus uniquement à la tâche qu’il doit réaliser. Dans une organisation
par processus, le personnel comprend la finalité de son
travail, a connaissance des besoins et des attentes de ses
clients internes, n’ignore pas les contraintes de ses fournisseurs internes, et sa responsabilité va au-delà de la réalisation d’une tâche.
Le personnel, plus impliqué et responsabilisé, est plus
motivé, ce qui favorise les prises d’initiatives et la créativité mais limite aussi les erreurs. Chaque erreur devient
d’ailleurs une opportunité d’amélioration.
Détection des dysfonctionnements
La détection des dysfonctionnements est facilitée par une
coopération constante des acteurs du processus, en particulier aux interfaces. Le travail en équipe, qui est une des
caractéristiques de l’approche processus, est un facteur
important dans la détection des dysfonctionnements et la
recherche de solutions pour les faire disparaître.
Une approche processus conduit à faire la chasse aux
tâches qui n’apportent pas de valeur ajoutée, ce qui permet
de réduire, sinon de faire disparaître, une cause importante
de non-qualité.
Maîtrise des données et de l’information
Dernier point et non des moindres, l’approche processus
contribue pour une bonne part à la maîtrise des données et
de l’information associée aux activités qui composent le
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processus. Elle facilite et incite à la définition de supports
de données (documents, bordereaux, imprimés, etc.) ergonomiques et efficaces.
2.2 Documentation du système
de management de la qualité
et processus
Les pièges à éviter
• Une documentation trop volumineuse
Dans un schéma classique d’organisation hiérarchique, le
rôle principal de la documentation descriptive du système
de management de la qualité est de préciser qui fait quoi et
surtout les responsabilités de chacun aux interfaces. Il en
résulte que cette documentation sera d’autant plus volumineuse qu’il y aura d’interfaces à traiter.
• Une rédaction problématique
Au problème de volume se greffent les difficultés inhérentes à la rédaction de textes qui doivent satisfaire des
personnes ou des unités de l’organisme aux intérêts parfois
divergents. L’expérience montre que mettre d’accord les
unités de l’organisme sur leurs rôles respectifs au niveau
des interfaces relève souvent du parcours du combattant,
chaque unité défendant son propre intérêt sans en mesurer
les conséquences sur le produit ou le service à fournir.
• Des procédures redondantes
Les procédures décrivent alors ce qui doit être fait au sein
d’une unité, d’où le risque de traiter une interface sous des
formes différentes dans plusieurs procédures et donc
d’aboutir à des incohérences.
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Exemple : surveillance exercée
sur les fournisseurs
Cette surveillance est en général exercée par différentes
entités de l’organisme. Dans une structure hiérarchique, cela
conduit à ce que chaque unité concernée traite de la
surveillance dans une ou des procédures qui lui sont propres.
C’est ainsi que le prescripteur décrira les types de contrôles
qu’il exerce sur la documentation du fournisseur. La direction
des Achats précisera dans une procédure qui lui est propre
comment elle procède pour suivre l’avancement des
réalisations chez le fournisseur. La direction Qualité décrit
quant à elle la méthode et les moyens mis en œuvre pour
assurer un contrôle des réalisations. Cette multiplicité rend
indispensable la vérification régulière de la cohérence de ces
différentes procédures.
Dans une approche processus, on rédige une seule procédure à laquelle chaque unité apporte sa contribution. On
évite ainsi les redondances et, par voie de conséquence, on
réduit les risques d’incohérence.
Parmi les nombreux avantages que présente un management des processus, l’un des plus importants est une clarification et, par suite, une simplification de la
documentation descriptive du système de management de
la qualité.
La clarification vient de ce que les interfaces entre les
différents intervenants sont parfaitement identifiées, ce qui
en facilite considérablement le traitement.
2.3 Quelques définitions
Acteur d’un processus : toute fonction ou tout métier
amené à intervenir dans le déroulement du processus.
Il faut noter que l’on parle de fonction plutôt que de
personne ou d’unité pour éviter, autant que faire se peut,
que la description du processus dépende de l’organisation
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mise en place. Une organisation ou des personnes peuvent
changer sans que cela entraîne pour autant une évolution
du processus.
NF EN ISO 9000:2005
§ 3.3.1 Organisme :
Ensemble d’installations et de
responsabilités, pouvoirs et relations.
personnes
avec
des
Exemple : compagnie, société, firme, entreprise, institution,
œuvre de bienfaisance, travailleur indépendant, association ou
partie ou combinaison de celles-ci.
Note 1. Cet ensemble est généralement structuré.
Note 2. Un organisme peut être public ou privé.
Note 3. La définition ci-dessus est valable pour les besoins des
normes relatives aux systèmes de management de la qualité.
Dictionnaire Petit Robert
Procédé : méthode mise en œuvre pour aboutir à un certain
résultat.
Note : Il arrive assez souvent que l’on utilise indifféremment
les termes « processus » et « procédé ». Cela vient
probablement de ce qu’ils se traduisent tous deux par
« process » en anglais.
Cependant, dans le domaine industriel, comme le montrent
les deux définitions, il y a une différence sensible. C’est ainsi
que l’on parlera du processus de fabrication d’une pompe, qui
est un enchaînement de tâches faisant intervenir plusieurs
corps de métiers, et d’un procédé de soudage, qui est la
méthode que le soudeur doit appliquer pour réaliser sa
soudure.
NF EN ISO 9000:2005
§ 3.4.5 Procédure :
Manière spécifiée d’effectuer une activité ou un processus.
Note 1. Les procédures peuvent ou non faire l’objet de
documents.
Note 2. Lorsqu’une procédure fait l’objet de documents, les
termes « procédure écrite » ou « procédure documentée » sont
fréquemment utilisés. Le document contenant une procédure
peut être appelé « document de procédure ».
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§ 3.4.1 Processus :
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NF EN ISO 9000:2005
Ensemble d’activités corrélées ou interactives qui transforme
des éléments entrants en éléments de sortie.
Note 1. Les éléments d’entrée d’un processus
généralement les éléments de sortie d’autres processus.
sont
Note 2. Les processus d’un organisme sont généralement
planifiés et mis en œuvre dans des conditions maîtrisées afin
d’apporter une valeur ajoutée.
Note 3. Lorsque la conformité du produit résultant ne peut être
immédiatement ou économiquement vérifiée, le processus est
souvent qualifié de « procédé spécial ».
On pourrait aussi dire qu’un processus est une succession d’activités réalisées à l’aide de moyens (personnel,
équipement, matériels, informations) et dont le résultat
final attendu est un produit. Un processus (Figure 2.1)
présuppose :
– des éléments entrants mesurables ;
– une valeur ajoutée ;
– des éléments de sortie mesurables, conformes à des
critères d’acceptation ;
– un caractère reproductible.
Figure 2.1 Schématisation d’un processus
Figure 2.1 Schématisation d’un processus
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Cette représentation peut tout aussi bien s’appliquer à
l’intérieur même de l’entreprise où chaque agent doit
pouvoir identifier ses fournisseurs et ses clients internes.
NF EN ISO 9000:2005
§ 3.4.2 Produit :
Résultat d’un processus.
Note 1. Il existe quatre catégories génériques de produits :
– les services (par exemple transport) ;
– les « softwares » (par exemple logiciel, dictionnaire) ;
– les produits [matériels] (par exemple pièces mécaniques
de moteur) ;
– les produits issus de processus à caractère continu
(par exemple lubrifiant).
3
Construction du système
documentaire
3.1 Principes fondamentaux
Il n’y a rien de plus dangereux que de définir au coup par
coup la structure de la documentation décrivant le système
de management de la qualité et son contenu. En effet, il en
résulte en général des coûts élevés de mise à jour et des
difficultés importantes pour maintenir la cohérence
d’ensemble.
Comme pour toute autre activité de l’organisme, il est
souhaitable, pour définir et mettre en œuvre une documentation décrivant le système de management de la qualité :
– de se fixer des principes fondamentaux qui concernent,
par exemple, la conception et la rédaction de cette
documentation ;
– de se doter d’une méthode pour mettre en œuvre les
principes retenus ;
– de se donner les moyens de vérifier l’efficacité du
système de documentation et de faire en sorte qu’il
s’améliore en permanence.
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À noter
Le système documentaire doit faciliter le travail des différents
agents de l’organisme, assurer la cohérence des actions,
garantir l’obtention de la qualité et enfin renforcer la confiance
des clients de l’organisme.
Pour la documentation comme pour toute autre activité,
faire de la sur-qualité ou, en d’autres termes, se faire
plaisir, est un facteur de non-qualité. C’est pourquoi il est
indispensable d’éliminer de la rédaction d’un document
qualité tout ce qui n’est pas absolument nécessaire à la
compréhension de son contenu.
Pour être efficaces, les informations doivent être données
sous une forme claire et facilement décryptable. Évitez par
exemple la profusion de sigles. Un effort de présentation
permet souvent d’améliorer la clarté et la lisibilité des
documents.
Pour chaque type de document, des modalités de gestion
(enregistrement, diffusion, classement…) doivent être
définies.
L’ensemble des documents du système de management de
la qualité comprend deux catégories de documents qui se
distinguent par leur objet :
– les documents qui décrivent le système de management de la qualité. On y trouve la description des
options retenues par l’organisme en matière d’application de sa politique qualité, en d’autres termes les
points d’ancrage du management de la qualité de
l’organisme. On y trouve aussi le « qui fait quoi » dans
l’organisme ;
– les enregistrements, qui précisent dans un premier
temps le comment faire puis, dans un second temps,
le comment cela a été fait.
Il faut ajouter à ces deux catégories un document exigé
par la norme NF EN ISO 9001 version 2008 qui concerne
la politique et les objectifs qualité de l’organisme. Ce
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document peut être inclus dans le manuel de management
de l’organisme ou faire l’objet d’un document séparé.
C’est cette seconde façon de procéder que nous recommandons, pour en faciliter la mise à jour.
Documents descriptifs
du système de management de la qualité
Il y a d’abord lieu de distinguer la documentation justificative de la documentation opérationnelle. La documentation
justificative est celle qui va permettre à un client ou toute
autre entité externe de prendre connaissance de la politique
de l’organisme en matière de management de la qualité et
des moyens mis en œuvre pour fournir des produits ayant
la qualité requise (manuel de management de la qualité,
par exemple). La documentation opérationnelle est celle
qu’un agent de l’organisme utilise au quotidien dans le
cadre de ses activités (procédures et instructions, par
exemple). Les différences essentielles entre ces deux types
de documents résident dans leurs niveaux de détail respectifs et, en général, dans leurs structures qui doivent être
adaptées à l’utilisation que l’on souhaite en faire.
Les documents qui décrivent le système de management de
la qualité n’ont d’intérêt que s’ils sont effectivement
utilisés. Il faut donc que des documents tels que les procédures, qui constituent des documents de référence pour le
travail quotidien, soient toujours et facilement accessibles.
Pour ce faire, il est important que la présentation de ces
documents soit telle que le destinataire ait envie de les
conserver à portée de main plutôt qu’au fond d’une
armoire trois bureaux plus loin. Ces documents doivent
cependant pouvoir être mis à jour sans difficulté, d’où la
nécessité d’éviter les impressions coûteuses et longues
à mettre en œuvre.
Attention !
Si ces documents ne constituent pas une référence
couramment utilisée, une tradition orale s’y substituera qui va
se développer et, petit à petit, aboutir à des déviations par
rapport aux règles écrites.
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Pour être appliquées, les exigences internes et externes,
regroupées dans un ensemble de documents décrivant le
système qualité de l’organisme, doivent être largement
diffusées. Il faut se donner les moyens de vérifier le bon
fonctionnement de cette diffusion. L’utilisation d’intranet
peut faciliter ces diffusions, à condition que le système soit
tel que le destinataire soit informé par un moyen quelconque qu’un nouveau document a été mis à disposition et
en application.
Enregistrements
La documentation constituant les enregistrements qualité
doit être structurée de telle sorte qu’une information se
trouve dans un document et un seul. C’est aussi vrai pour
les données informatiques qui, même si elles sont dupliquées dans différents fichiers ou bases de données, ne
doivent être créées et mises à jour que par un seul canal.
L’application de ce principe permet d’éviter les incohérences et, bien sûr, réduit le nombre de documents à modifier en cas d’évolution d’une information.
Pour appliquer ce principe, chaque type ou nature d’enregistrement du système de management de la qualité doit
faire l’objet d’une description écrite succincte mais
précise, de façon à faciliter la recherche d’une information.
À noter
Le système d’identification des enregistrements revêt une
importance particulière car c’est lui qui va permettre d’assurer
la traçabilité des informations. Il s’agit donc de définir des
règles d’identification simples et fiables.
3.2 Méthode
La cohérence et la qualité de la documentation seront
d’autant mieux assurées que la documentation aura été
construite en appliquant une méthode telle que celle
proposée dans ce paragraphe.
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Documents descriptifs du système qualité
Dans le cadre de l’approche processus, la construction du
système documentaire descriptif du système de management de la qualité se fait en suivant sept étapes.
1. Définir le (ou les) domaine(s) de l’organisme dans
lequel le système est applicable. Dans la plupart des cas,
le domaine est défini par les limites (début et fin) des
processus stratégiques et de réalisation de l’organisme qui
doivent être couverts par la documentation qualité.
Au-delà de l’établissement de la liste des processus de
l’entreprise, l’identification des processus stratégiques est
du ressort de la direction de l’organisme. Il s’agit en effet
de préciser les processus qui contribuent le plus à l’application de la stratégie et à la réalisation des objectifs fixés
par la direction.
Différents cas peuvent cependant se présenter selon la
structure de l’organisme. Il se peut en effet, pour les organismes disposant de plusieurs établissements, que la direction décide que chaque établissement doive disposer de
son propre système de management de la qualité et, donc,
de sa propre documentation pour le décrire.
Il est alors recommandé de mettre en place des règles
communes aux établissements de façon à maintenir une
certaine unité et un maximum de cohérence entre les différents systèmes. Cela peut aller jusqu’à établir un manuel au
niveau société pour fixer les principes applicables à tous.
Cette façon de procéder est assez courante dans les
groupes qui souhaitent mettre en œuvre puis maintenir une
culture commune à l’ensemble de leurs unités, filiales ou
établissements.
À l’inverse, un processus peut traverser les structures
hiérarchiques et donc être commun, par exemple, à
plusieurs établissements d’un même organisme. Le
domaine d’application du système peut alors couvrir tout
ou partie de plusieurs entités.
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2. Fixer la politique et les objectifs qualité de l’organisme. La définition d’une politique est facilitée par le fait
que, dans une organisation en processus, le management a
une bonne lisibilité de l’organisme en termes d’organisation,
de fonctionnement et, surtout, de résultats opérationnels
(dysfonctionnements, satisfaction des clients…).
Une fois les processus décrits et leur management mis en
place, la direction doit disposer de tableaux de bord opérationnels qui vont lui permettre, à travers les revues de
processus et de direction, de fixer, puis de faire évoluer ses
objectifs et sa politique qualité.
C’est sur la base de cette politique qualité, reprise dans la
documentation décrivant le système de management de la
qualité, que les règles de management des processus ou de
mesure de leur efficacité seront élaborées.
3. Définir les points d’ancrage du système qualité. Il
s’agit de faire des choix stratégiques en termes de
méthodes et de moyens. La définition des points d’ancrage
permet de mettre en exergue les éléments qui constituent
l’ossature du système de management de la qualité. Elle
doit tenir compte de plusieurs facteurs parmi lesquels on
peut citer :
– les exigences particulières relatives au métier (normes
spécifiques, environnement dans lequel se situe
l’organisme…) ;
– la culture d’entreprise ;
– la politique et la stratégie de l’organisme.
Exemples de points d’ancrage
–
–
–
Nécessité pour l’industrie nucléaire de faire vérifier ses
études par un vérificateur indépendant (exigence de
l’Agence internationale pour l’énergie nucléaire).
Mise en œuvre de groupes de progrès pour assurer une
amélioration continue de la qualité (si le management participatif fait partie de la culture de l’organisme).
Définition de relations partenariales avec les fournisseurs
(politique visant à associer les fournisseurs à la conception
du produit ou du service).
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4. Réaliser une analyse des processus de l’organisme
en se limitant dans un premier temps aux processus
stratégiques.
Conseil
Il existe différentes méthodes d’analyse des processus.
Certaines de ces méthodes sont très complexes et
nécessitent l’intervention de « spécialistes ». Il est préférable
dans un premier temps de mettre en œuvre une méthode
aussi simple que possible. Il sera toujours temps, lorsque le
management des processus aura été parfaitement intégré
dans le mode de management de l’entreprise, d’affiner les
premières analyses en utilisant des méthodes plus
sophistiquées.
Une analyse des processus de l’entreprise peut se dérouler
selon le schéma suivant :
– Identifier le processus. Il faut pour cela, au-delà du
choix d’un intitulé, préciser où commence et où finit le
processus et, surtout, définir le produit résultant de ce
processus.
– Lister toutes les actions nécessaires au bon déroulement du processus : pour chaque action, s’assurer
qu’elle produit une valeur ajoutée.
– Lister les acteurs (fonctions) potentiels du processus. Il
s’agit, à partir des fonctions et des métiers connus, de
définir ceux qui sont les mieux placés pour intervenir
dans le processus. Cette liste peut contenir des fonctions et des métiers qui n’existent pas dans l’organisme
au moment de l’analyse.
– Construire le processus en associant à chaque tâche
l’acteur (la fonction) le mieux à même de l’effectuer :
pour que l’analyse soit complète, il est recommandé de
s’assurer que tous les dysfonctionnements connus ou
supposés sont susceptibles de disparaître dans le cadre
du nouveau processus.
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Remarque
L’analyse d’un processus sera d’autant plus efficace qu’elle
aura été réalisée par un groupe dans lequel sont représentés
les différents acteurs connus de ce processus.
Contrairement à ce qui se passe trop souvent dans le cas
d’une organisation qui ne prend pas en compte le management des processus, établir la documentation descriptive
du système de management de la qualité ne doit pas être
considéré comme une affaire de spécialiste.
Il est d’ailleurs souhaitable que la direction (ou la fonction)
du management de la qualité ne prenne pas à sa charge cette
analyse. Son rôle doit consister à mettre à la disposition des
groupes de travail les outils qui leur sont nécessaires et à en
faciliter la mise en application.
La direction (ou la fonction) de management de la qualité
doit par contre s’assurer de la cohérence des résultats des
différentes analyses.
5. Définir l’organisation la mieux à même de répondre
aux choix politiques et stratégiques. Cette organisation
doit prendre en compte les résultats de l’analyse des
processus et faire apparaître les responsabilités en matière
de management des processus.
La structure métier nécessaire pour permettre une évolution
du niveau technique doit être conçue de façon à faciliter la
mise à disposition des moyens nécessaires au bon fonctionnement des processus.
L’expérience montre que la gestion de la complexité est
considérablement facilitée dans une telle structure.
6. Établir les règles à suivre aux interfaces externes. La
maîtrise des interfaces externes conditionne pour une part
non négligeable la qualité du produit. Ces interfaces
doivent donc être clairement identifiées au cours de
l’analyse des processus.
Les règles d’échange au niveau de ces interfaces doivent
être fixées, si possible, conjointement par les deux parties.
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Il va de soi que les règles seront de nature totalement différente selon que l’interface concerne un fournisseur, un
client ou un partenaire de l’organisme.
7. Préciser, uniquement lorsque c’est nécessaire, les
conditions de réalisation d’une tâche ou d’un groupe
de tâches. Pour que tous les besoins soient couverts en
matière de documentation, il y a lieu d’identifier, dans les
différents processus, les tâches ou groupes de tâches qui
doivent faire l’objet d’une description détaillée et précise.
Enregistrements
Il n’y a pas de méthodes relatives à la conception, à la réalisation et à l’utilisation des enregistrements qualité qui
soient spécifiques d’une approche processus. Elles résultent en général d’une pratique propre à un métier ou à une
fonction.
4
Fiabilité et efficacité
du système documentaire
4.1 Prendre en compte
les évolutions à venir
Une fois construit, un système documentaire ne reste pas
figé. Il doit évoluer en fonction de nombreux paramètres :
– environnement dans lequel se situe l’organisme ;
– évolution des techniques ;
– nouvelles méthodes de management et de gestion de la
qualité.
Il faut donc se donner les moyens de prendre en compte ces
évolutions, tout en améliorant en permanence le système
pour le rendre plus efficace et en conservant une bonne
fiabilité.
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SYSTÈME DOCUMENTAIRE
Système documentaire dans une approche processus – Généralités
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4.2 S’assurer de la fiabilité
de la documentation
Utiliser des check-lists
La fiabilité de la documentation résulte de la qualité des
méthodes et de l’organisation mises en œuvre pour assurer
qu’elle répond bien aux attentes des utilisateurs. Cela
suppose que son contenu ait été vérifié et accepté selon une
méthode qui laisse le moins de place possible à l’improvisation. L’utilisation de check-lists facilite grandement les
vérifications et permet d’en assurer la traçabilité (voir
Tableau 4.1).
C’est particulièrement vrai pour les enregistrements. Il est
souhaitable d’établir une check-list type pour chaque
nature d’enregistrement.
À noter
Les listes de vérification peuvent aussi être utilisées dans le
cadre de la documentation descriptive du système de
management de la qualité.
Revues de processus
et participation du personnel
Deux autres éléments vont permettre d’assurer une bonne
fiabilité de la documentation :
– les revues de processus (de cohérence, de conception)
et les tableaux de bord de processus, qui mettent
parfois en évidence des manques ou des imprécisions
dans la documentation ;
– la participation active de tout le personnel concerné à
son amélioration.
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Tableau 4.1 Exemple de check-list de vérification
Identification du document
N° révision :
Titre :
Auteur :
Vérifié par :
Signature :
Date :
Identification des annexes éventuellement jointes :
Vérification de la forme
Désignation
Commentaires
Texte
Graphisme
Plan type
Page de garde
Pagination
Identification
Annexes
Signatures
Repérage des parties modifiées
Temps des verbes correct
Sigles définis
Utilisation de la forme passive
Vérification du fond
Désignation
Commentaires
Références correctes
Titre explicite
Jugement global sur le contenu
Cohérence entre les différents documents
Les interfaces internes sont-elles correctement traitées ?
Les interfaces externes sont-elles correctement traitées ?
Le document couvre-t-il toutes les exigences client ?
Le document couvre-t-il toutes les exigences de l’organisme ?
Le document couvre-t-il tous les impératifs de la réglementation ?
Les observations des audits ont-elles été prises en compte ?
Existe-t-il une liste de diffusion ?
Autres points à vérifier
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Mises à jour
Pour que l’amélioration du système de documentation soit
permanente et continue, en dehors de grandes opérations
coûteuses de mise à niveau, il faut que les mises à jour
puissent se faire aussi simplement que possible et que tout
agent de l’organisme contribue par ses propositions à
l’amélioration du système.
4.3 Conception de la documentation :
une étape déterminante
L’efficacité de la documentation résulte de la qualité de sa
conception.
Pour que la documentation décrivant le système qualité
soit efficace, il est indispensable que chaque agent de
l’organisme :
– la connaisse et pas uniquement pour la partie qui le
concerne. Tous les agents de l’organisme doivent être
sensibilisés et, lorsque nécessaire, formés pour que
les règles communes soient appliquées de façon
homogène ;
– la respecte parce qu’elle correspond parfaitement à ses
besoins et qu’il y retrouve bien ce qu’il connaît ;
– s’implique dans sa mise à jour et son amélioration
permanente.
À noter
Les documents qui décrivent le système de management de
la qualité ne seront bien appliqués que si la hiérarchie est
fortement impliquée dans leur rédaction comme dans leur
mise en application.
De plus, avant adoption définitive d’un document décrivant le
système de management de la qualité, et tout particulièrement
dans le cas d’une procédure, l’avis des agents qui auront à
l’appliquer permet d’améliorer la précision, la compréhension
et la cohérence du document.
Cela peut être l’occasion d’expliquer les objectifs d’un tel
document et éventuellement de convaincre de son utilité.
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