On remarque que ces pays sociaux-démocrates figurent parmi les plus dépensiers
pour les dépenses sociales, mais que le niveau des transferts directs aux familles
est plus bas en Suède, au Danemark et en Norvège, même si les politiques
sociales de ces pays prévoient des allocations pour toutes les familles avec enfants.
En revanche, ils dépensent beaucoup plus que les autres en matière de services de
garde et d’éducation préscolaire. La social-démocratie équivaut à une certaine
forme de communautarisme, qui met l’accent sur la solidarité sociale et qui
reposait sur des politiques renforçant l’unité sociale et la solidarité. Par
conséquent, cette idée fait en sorte que même les classes les plus aisées de la
société doivent bénéficier des programmes sociaux. La solidarité sociale en arrive
ainsi à signifier solidarité de l’ensemble du peuple et non seulement de la classe
ouvrière. On n’est pas ici dans un contexte de lutte des classes.
b) Ensuite, le modèle social-démocrate s’engage à limiter les effets négatifs de
l’économie de marché sans la remplacer ou sans tenter de la contrôler. On a donc
une attitude positive à l’égard du libre-échange et de la libre entreprise avec le
constat qu’une économie de marché efficace doit également être encadrée par
certaines régulations publiques pour fonctionner adéquatement. Contrairement au
populisme, la social-démocratie n’entreprend pas de redistribuer la richesse en la
prélevant directement des riches pour la donner aux pauvres.
c) Enfin, la social-démocratie s’est engagée à adopter des politiques sociales
progressives. Cela veut dire qu’on ne tente pas de maintenir les sociétés dans un
état d’équilibre idéal ou de stabilité. Au contraire, les politiques sociales-démocrates
ont toujours été implantées avec l’intention explicite de faire évoluer les sociétés.
Que ce soit en matière de droits des femmes, de droits des travailleurs ou de droits
des enfants. Les pays scandinaves se distinguent des autres modèles d’États-
providence par le fait que l’État est un agent de changement social explicite.
État-providence et social-démocratie : deux réalités différentes
Le modèle social-démocrate se distingue des autres modèles par sa structure plus
que par le niveau relatif des dépenses publiques. Par exemple, le régime
d’imposition et de taxes est relativement « plat » ou uniforme d’une catégorie de
revenus à l’autre par opposition à des systèmes de taxation très progressistes.
Pareillement, lorsque l’on compare le modèle social-démocrate avec les États-
providence des États-Unis ou du Royaume-Uni, on peut remarquer la rareté des
programmes d’aide ciblée conçus pour permettre aux plus pauvres d’améliorer leur
situation.
Comme autres traits particuliers du modèle social-démocrate, ces pays conservent
un haut niveau de taxation ; un haut niveau de dépenses sociales – à l’intérieur
desquelles un haut pourcentage des dépenses va aux familles et aux jeunes, plutôt
que seulement aux retraités et aux pensionnés ; un bas niveau des dettes publiques
et de faibles déficits budgétaires ; de fortes dépenses en éducation et en soins de
santé ; un haut niveau d’égalité sociale ; un haut niveau d’égalité des sexes ; un
haut niveau d’investissement privé ; des citoyens très éduqués.