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PREPARATION A LA QUE STION D’ACTUALITE
DEBAT DU 22 OCTOBRE 2013:
EVOLUTION DU CLIMAT – RAPPORT DU GIEC DE
SEPTEMBRE 2013
Introduction :
Le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, crée en 1988, a
validé le 27 septembre 2013 le volet ‘éléments scientifiques’ du 5ème rapport du groupe
depuis sa création (Volume 1). Il s’agit d’un résumé à l’attention des décideurs (environ
36 pages). 1089 experts de 55 pays ont contribué aux recherches.
La parution complète interviendra en janvier 2014.
Ce 5ème rapport se différentie des précédents par les données qui sont issues de modèles
enrichis. En effet certains modèles prennent en compte les aérosols (qui dans
l’atmosphère absorbent une partie du rayonnement reçu par la terre) et les mailles de
calcul utilisées sont plus petites. Les forçages climatiques, c’est-à-dire dans le sens du
GIEC d'une perturbation du bilan radiatif du système climatique de la Terre sont mieux
étudiés mais nous verrons que certains forçages font débat. Les pertes de glace des
inlandsis du Groenland et de l’Antarctique ont été prises en compte depuis 2007.
Ce rapport renforce les diagnostics antérieurs. Les analyses paru au journal Le Monde
des 27 et 28 septembre montrent le durcissement du diagnostic du GIEC mais aussi qu’il
n’est pas enclin au catastrophisme et que le GIEC par prudence aurait sous-estimé les
effets du réchauffement.
Les sceptiques ont depuis le milieu de l’année mis en exergue le ‘hiatus climatique’ : la
baisse du réchauffement sur la dernière décennie montre que la réalité s’écarte des
résultats des modèles. Bien que le taux de CO2 continue de monter, la moyenne des
températures de surface de la terre augmente très peu. Est-ce que cette contradiction
remet en cause les travaux du GIEC et la nécessaire mobilisation pour réduite les
émissions de gaz à effet de serre (GES en abrégé dans le texte) ?
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Contenu du rapport
Les résultats marquants sont :
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La première décennie du 21 siècle est la plus chaude depuis 1850
Le niveau de la mer est de + 20 cm depuis le début du 20ème siècle
Le taux de CO2 de 400 ppm en 2013 est le plus élevé depuis 800 000 ans
Si le même rythme d’émission des GES est conservé l’élévation moyenne des
températures avoisinera +4°C
Si les émissions des GES sont stabilisées jusqu’en 2020 puis décroissent jusqu’à
des solutions de captage et stockage l’élévation se limitera autour des +2°C
L’acidification des océans est de – 0.1 PH depuis le début de l’ère industrielle soit
une augmentation de 26% de la concentration en ions hydrogène
La couverture neigeuse a diminué de 11.7% de 1967 à 2012
L’élévation du niveau de la mer est de 19 cm en moyenne au 20ème siècle et
actuellement de 3.2 cm par décennie
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La température augmente depuis le milieu du 20ième siècle soit un réchauffement moyen
depuis 1880 de + 0.85 °C (probabilité> à 95%) ; les trois dernières décennies sont les
plus chaudes depuis 4000 ans.
Prévisions :
En fonction des scénarios de développement les prévisions d’augmentation de la
température s’échelonnent de +0.3 à 4.8 °C pour le XXIème siècle. Le doublement du taux
de CO2 par rapport à l’ère préindustrielle induirait un accroissement de +1.5 à 4.5 °C
Il n’y a seulement qu’une probabilité de 50% pour que l’élévation de température soit
inférieure à 2°C pour le scénario le plus sobre. Ce seuil est le point limite à ne pas
dépasser sur lequel s’étaient accordés les représentants des 195 pays à Copenhague en
2009.
Définition des scénarios
Prévisions d'élévation de température
pour chaque scénario
Emissions cumulées de CO2 2012-2100 en moyenne (en GtC)
°C en moyenne
SCENARIOS
RCP2.6
270
+ 1,0
RCP4.5
780
+ 1,8
RCP6.0
1060
+ 2,2
RCP8,5
1685
+ 3,7
Pour se repérer dans les scénarios (en gigatonne de carbone), il faut savoir que depuis le
début de l’ère industrielle les émissions anthropiques sont de l’ordre de 500 GtC
Les objectifs d’émissions de carbone devront être diminuées en fonction des émissions
de GES provenant des pergélisols (ou permafrost) non prises en compte.
La montée du niveau de la mer pourrait aller de 26 à 82 cm d’ici la fin du siècle et la
banquise arctique pourrait disparaître vers le milieu du 21ème siècle. Les phénomènes
climatiques extrêmes s’aggraveront avec notamment dans certaines régions de très
fortes précipitations ou des vagues de chaleur insupportables.
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Degré de confiance des prévisions :
Ce qui frappe à la lecture du rapport est l’emploi quasi systématique du langage
probabiliste pour les résultats (de très probable à un degré de confiance faible). Les
scientifiques du GIEC ne cachent pas les incertitudes : tous les phénomènes climatiques
ne sont pas compris. Par exemple, les aérosols et leurs interactions avec les nuages
continuent de contribuer à la plus grande part des incertitudes dans l’estimation du
forçage radiatif total; le phénomène d’accroissement de la banquise en Antarctique
(avec disparités régionales) est mal compris.
Cependant ces données pour les périodes jusqu’à aujourd’hui ont progressé en fiabilité
et en nombre et permettent d’avoir des degrés de confiance souvent élevés sur les
évaluations.
Ces incertitudes se retrouvent dans les plages de prévisions assez larges suivant les
scénarios mais ne remettent pas en cause le risque majeur d’accroissement des
températures parce que l’accroissement des GES est un facteur prépondérant dans les
évaluations.
Les phénomènes non anthropiques comme les aérosols d’origine volcanique et les
changements de rayonnement solaire, imprévisibles, ont contribué que faiblement au
forçage radiatif net au cours du dernier siècle, à l’exception de brèves périodes suivant
de fortes éruptions volcaniques.
‘Hiatus’ climatique et les ‘climato-sceptiques’
Un ralentissement de la hausse des températures est observé depuis 1998. La courbe
sur la dernière décennie s’éloigne des courbes calculées par les modèles climatiques.
Le GIEC analyse cet écart et l’explique notamment par des forçages radiatifs naturels :
activité solaire plus faible, aérosols volcaniques – les observations du rayonnement
solaire de 1978 à 2011 indiquent que le dernier minimum solaire était inférieur aux
deux précédents – Plusieurs éruptions de faible importance pendant la période 20082011 ont eu un effet (en négatif) du double par rapport à la période 1999-2002.
De plus la chaleur accrue absorbée par l’océan Pacifique s’ajoute à ces phénomènes.
Un article accepté le 8/8/2013 par la revue Nature (chercheurs Yu Kosaka et Shang-Ping
Xie) quantifie la part du hiatus pour le refroidissement par la surface du Pacifique :
« …Ici nos montrons que cette quantification du récent refroidissement dans le Pacifique
équatorial est réconcilie les simulations du climat et les observations ».
Si nous prenons l’exemple de l’article du Huffington Post du Québec qui documente le
hiatus des températures en données scientifiques, il ne parle ni des forçages radiatifs
naturels, ni du refroidissement de surface du Pacifique, ni des variabilités à court terme
qui ne remettent pas forcément en cause une tendance à long terme. La corrélation
entre le taux de GES et l’élévation des températures est contestée comme preuve. Tout le
monde pourrait être d’accord à priori sur la valeur d’une corrélation en général, mais
c’est l’ensemble des mesures, des études et des simulations qui conduisent à une
interprétation.
Ainsi l’opposition du ‘hiatus climatique’ à l’ensemble des résultats du GIEC indiquant
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clairement les degrés de connaissance et de probabilité des prévisions, semble relever
de la mauvaise foi.
Conclusion
Les sciences de la terre et du climat progressent. Les phénomènes complexes et
nombreux, des océans à l’atmosphère, des glaciers aux pôles, dans les profondeurs de
l’océan sont reliés dans des simulations menées par des supercalculateurs qui ne
peuvent rendre l’exactitude d’une expérience de physique sur le réel.
Il faut donc comprendre le langage des scientifiques du GIEC qui affirme des résultats du
peu probable au quasi certain comme une démarche scientifique adapté au sujet. Les
décideurs, les citoyens veulent être éclairés sur les risques futurs et ne peuvent attendre
que tout soit bien compris de notre terre avant d’agir.
Pourtant le politique est sous-jacent : le 5ème rapport a été mis au point entre les
représentants après une nuit de négociation. Comme l’observe le journal Le Monde du
28/9/2013 dans les discussions entre deux termes celui choisi « est clairement le plus
faible des deux ».
Pour la première fois, la géo-ingénierie est mentionnée. Ce terme désigne des dispositifs
de manipulation du climat – une demande des gouvernements…
Les risques de graves conséquences des rejets des gaz à effet de serre apparaissent
clairement. Il ne faut pas compter sur le retour d’une glaciation…pas avant quelques
millénaires !
En 2014 paraitront le volume 2 du rapport (les impacts, les vulnérabilités et
l’adaptation) en mars et le volume 3 (les politiques d’atténuation) en avril.
Les solutions comme la réduction de la consommation énergétique des pays développés,
la diminution des transports par une production plus proche des populations qui la
consomme, les biens plus durables et donc l’abandon de l’obsolescence programmée,
participent d’une nouvelle civilisation. Le débat majeur est politique : comment l’action
publique démocratique peut reprendre la main sur les intérêts des sociétés
commerciales internationales souvent plus puissantes que les états ?
Auteur : Jean-Pierre Viry le 15/10/2013
Sources :
- Contribution du groupe de travail I au 5ème Rapport d’évaluation du GIEC – changements
climatiques 2013 : les éléments scientifiques – Résumé à l’attention des décideurs
- Articles du journal Le Monde des 27 et 28 septembre 2013 : Le silence des puissances
émergentes après le rapport du GIEC, Le rapport du GIEC n’est pas catastrophique,
Réchauffement climatique : les experts du GIEC durcissement leur diagnostic.
- Letter Nature (revue scientifique) : Recent global-warning hiatus tied to equatorial Pacific
surface cooling
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