Madame D. bénéficie d’un traitement anti-parasitaire par IVERMECTINE® associé à
l’application de BENZOATE DE BENZYLE® sur tout le tégument. La persistance de multiples parasites
sur les prélèvements effectués à 7 jours puis à 14 jours d’un traitement bien conduit motive le
renouvellement du traitement à J7 puis J14 permettant l’éradication du parasite lors du contrôle
effectué deux semaines après le diagnostic. On associe à ce traitement les mesures d’hygiène du linge.
L’EHPAD est informée du diagnostic, selon elle, il n’y a pas d’autres cas au sein de l’EHPAD.
L’évolution lors de l’hospitalisation est marquée par une franche altération de l’état général
associée à un syndrome confusionnel. Le syndrome confusionnel est favorisé par l’isolement de
contact, la iatrogénie : antihistaminique pour le prurit et morphine pour les douleurs d’ulcères
notamment, des épisodes de rétention aiguë d’urine et de fécalome ainsi que des troubles cognitifs
sous-jacents.
On note aussi des troubles de l’humeur avec un syndrome dépressif marqué probablement
favorisés par les représentations de la gale portées par la patiente et les soignants. Madame D.
présente une perte d’autonomie progressive avec des chutes multiples dans sa chambre.
L’équilibration du traitement anticoagulant par anti-vitamine K est complexe et nécessite un
traitement par héparine (CALCIPARINE®) concomitant prolongé associé à une surveillance biologique
itérative.
La patiente présente une décompensation cardiaque aiguë dans le service avec majoration
importante des œdèmes et nette aggravation des ulcères. Les soins d’ulcères toutes les 48h voire
quotidiens sont très douloureux et angoissants pour la patiente, avec une évolution de moins en moins
favorable. L’insuffisance rénale se majore.
Après un mois d’hospitalisation, la patiente rentre à son EHPAD, où elle décède 10 jours plus
tard, sous morphine IVSE, avec un INR parfaitement équilibré…
Cette patiente, dont je me suis occupée pendant 1 mois, m’a fait beaucoup réfléchir sur
plusieurs plans de la prise en charge globale d’un patient.
Tout d’abord, ce temps perdu à faire le diagnostic de gale (même si c’était une forme peu
typique) m’a semblé avoir été très délétère pour la patiente, elle est ainsi arrivée dans le service « à
bout », très asthénique, se trouvant laide avec toutes ces lésions cutanées, et lassée du prurit
permanent. On nous apprend lors de nos études que tout prurit en collectivité doit nous faire penser
à une gale, mais on se rend bien compte que la réalité est souvent beaucoup plus difficile à gérer que
la théorie. C’est pourquoi, je vais développer un point sur la gale, son diagnostic et sa prise en charge
pour faire le point sur cette parasitose de plus en plus fréquente en médecine de ville.
Ensuite, la prise en charge de cette patiente fut formatrice pour moi en ce qui concerne la prise
en charge des plaies en général, mais surtout des ulcères veineux. Toutes les 48h, j’étais appelée
pendant ma visite pour voir les pansements que les infirmières étaient en train de lui faire, et je me
trouvais très souvent démunie lorsqu’elles me demandaient ce que je voulais qu’elles fassent comme
pansement. Je leur disais souvent de faire comme bon leur semblait, mais cette réponse ne me
satisfaisait jamais assez, par conséquent, je décrirai dans ma seconde partie la prise en charge des
ulcères veineux particulièrement, que prescrire et quelle attitude adopter en ville.
Enfin, le mois passé avec Madame D. fut un mois compliqué et difficile sur le plan
psychologique, tant sur la prise en charge directe avec la patiente, ma relation médecin-patient,
qu’avec l’équipe soignante. Beaucoup de facteurs rentraient en compte : une psychose s’est installée
dans le service avec une peur de tous d’attraper la gale, la souffrance psychologique de la patiente qui
se sentait exclue, « pestiférée » avec du coup un syndrome dépressif secondaire, et en même temps