La Cellule radioprotection a été créée en 2009 pour
assurer le suivi administratif des activités nucléaires
de l’Université. Sylvie Deloof et Pascale Brivoal, qui la
font vivre, ont répondu à nos questions.
Qu’est-ce que la radioprotection?
La radioprotection, définie comme « la protection contre les
rayonnements ionisants », vise à empêcher ou à réduire les
effets nocifs des rayonnements produits sur les personnes par
des règles, des procédures et des moyens de prévention et de
surveillance. Elle prend en compte les effets directs ou indirects,
y compris par les atteintes portées à l’environnement.
Quel est votre rôle?
Nous devons gérer les déchets radioactifs produits et apporter
une aide à la constitution des dossiers d’autorisation. Nous
avons une mission de conseil et nous assurons le lien entre
les autorités (Ministères, Autorité de Sûreté Nucléaire) et la
direction de l’Université. En 2009, pour mettre l’Université en
conformité avec la réglementation, un dossier de demande
d’autorisation auprès de l’ASN a dû être constitué pour de
nombreuses activités nucléaires. Pour chaque installation, il
a souvent fallu une mise en conformité, puis nommer une
personne compétente en radioprotection (PCR) formée par
un organisme agréé et mettre en place un contrôle annuel
par un organisme agréé.
Comment votre action est-elle perçue?
Au départ, les actions à mettre en œuvre sont vécues comme
des contraintes administratives qui vont à l’encontre des
activités de recherche ou d’enseignement : acquisition de
matériel conforme, suivi médical des personnels, des uti-
lisateurs, rédaction de rapports internes, de consignes de
sécurité, mesures mensuelles des rayonnements ambiants,
traçabilité des contrôles et des déchets, déclaration annuelle
auprès de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté
Nucléaire)…
Comment ce regard a-t-il évolué?
En clarifiant des démarches quotidiennes ou exceptionnelles
(incident/accident) et en organisant la radioprotection, notre
action a mis en avant la responsabilité des décideurs et
l’importance de l’intérêt commun. Par exemple, à la cessa-
tion d’une activité nucléaire, il faut convaincre de gérer le
dossier de demande d’abrogation de l’activité nucléaire et
d’éliminer la radioactivité selon les règles de la radioprotec-
tion alors qu’il est plus facile de ne rien faire. De même, la
responsabilité vis-à-vis d’un stagiaire ou d’un étudiant exer-
çant une activité nucléaire et des risques qu’il peut encourir
si l’installation est non conforme doit être opposée à une
réticence face à une demande d’autorisation.
Au bout de trois ans, quel est votre bilan?
Nous pouvons nous appuyer sur un réseau de PCR motivés.
Grâce à lui, les activités nucléaires à l’Université Lille 1 sont
aujourd’hui très bien encadrées et suivies. Si la sensibilisa-
tion sur le terrain reste un impératif constant, nous consta-
tons avec satisfaction que cette gestion du risque, rigoureuse
et conforme à la réglementation, a permis de changer le re-
gard d’un certain nombre d’utilisateurs sur leurs pratiques.
La recherche et la formation dans le domaine
nucléaire à Lille 1
Les recherches menées au sein de quatre unités mixtes de
recherche (UMR) de l’Université Lille 1 sont au cœur des
enjeux posés par le maintien, voire le développement de
la production énergétique d’origine nucléaire. La présen-
tation de ces travaux, en lien avec le cycle «À propos du
nucléaire», permet de pointer les domaines variés dans
lesquels la sécurité nucléaire est concernée et de pré-
senter rapidement en quoi ils constituent des sujets de
recherche fondamentale ou appliquée pour ces équipes
de recherche.
L’accident de Fukushima et l’éventualité qu’un tel accident
survienne de nouveau dans une installation nucléaire
rendent essentiel d’en limiter les conséquences en terme de
contamination des populations et du territoire. Le laboratoire
PC2A (UMR 8522 CNRS/Lille 1) collabore depuis 2006
avec l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
(IRSN) et développe des programmes de recherche visant,
dans le cadre d’un accident nucléaire majeur, d’une part, à
réduire les possibles émissions d’espèces chimiques radioactives
dans l’atmosphère, telles que l’iode, le bore, le césium et le
ruthénium et, d’autre part, à mettre en œuvre des procé-
dures d’urgence permettant d’informer et de protéger les
populations. Pour cela, la réactivité des espèces chimiques
doit être prédite au sein du réacteur nucléaire lors de l’acci-
dent, mais également dans l’atmosphère à la suite de leur
éventuelle émission. Dans cette deuxième situation, l’étude
de l’impact potentiel d’un incendie amène à étudier la
cinétique de formation des particules de suies qui jouent
un rôle prépondérant dans la dissémination des espèces
chimiques. Cette collaboration s’est concrétisée, en septembre
La radioprotection et les activités nucléaires à Lille 1
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vie de l'université : rubrique dirigée par Jean-Philippe Cassar / LNA#63 LNA#63 / vie de l'université : rubrique dirigée par Jean-Philippe Cassar