dialogue culturel Fr 2013 - Accueil

publicité
XÄ @[|ÉâtÜx XÄ @gt~ty|
" Le dialogue culturel "
Revue scientifique des études contemporaines en sciences humaines et sociales
Revue périodique académique réglementée spécialisée Prend en charge des recherches scientifiques en sciences humaines et sociales. Edition Automne Et Hiver 2013
Publiée par le laboratoire de recherche scientifique : « Dialogue des civilisations, la diversité culturelle et la philosophie de la paix » Mostaganem, Algérie. 1 " Le dialogue culturel "
Publié par le Laboratoire :Dialogue Des Civilisations, La Diversité Culturelle Et La Philosophie De La Paix à l'Université de Mostaganem, Algérie (DIACICULT) Edition Automne Et Hiver 2013 ISSN 2253‐0746 Edition AGP
Adresse : Bière El Djire, Oran, Algérie
Téléphone: 0770968335
E‐mail: [email protected]
Droit d'auteur: Conformément à la réglementation en vigueur, tous droits de reproduction sont
réservés. Toute reproduction des articles, même partielle, ou sur un support électronique quel qu’il
soit est strictement interdite sauf autorisation écrite du directeur de la publication de la revue
EL-HIWAR EL TAKHAFI.
2 Président d'honneur de la revue: Pr. Seddiki M’Hamed Mohamed Salah Eddine (Recteur de
L’Université)
Directeur de la Revue : Dr. Brahim Ahmed
Secrétaire de la rédaction: Dr. Radjri Mostapha
Comité de lecture scientifique
Prof/ MOULFI Mohammed
Prof / EL ZAOUI El Hocine
Prof / ABD ELAOUI Mohammed
Prof / MOHAMED MASSOUD Kirate
Prof / DAHOM Abdelmajid
Prof/ BOUSSAHA Omar
Prof / MOKHTAR Lazaar
Prof / HUSSEIN Al-ansari
Prof / ABDERRAZAK Guessoum
D / ABDL KARIM Ziani
D / SAHBI Ben Nablia
D / JANE Dahi
D / MUSTAPHA Al-Kilani
D / RACHID Al-Hadj Saleh
D / LAYADI Nacer-Eddin
D / ABDELJALIL El Azadi
D / HAMADI Mohammed
D / MARGOUMA Mansour
D / BEN JEDDIA Mohammed
D / MALFI Abdelkader Mansour
(Université d'Oran, Algérie).
(Université d'Oran, Algérie).
(Université d'Oran, Algérie) .
(Sharjah, Emirats Arabes Unis).
(Université d'Alger).
(Université d'Alger).
(Université de Mostaganem, Algérie).
(Université de La Haye).
(l'université d'Alger).
(Université de Tripoli/ Libye).
(Université du Québec. Montréal, Canada).
(Université de Copenhague).
(Université de Sousse, Tunisie).
(Université El-furat , Syrie).
(Sharjah, Emirats Arabes Unis).
(Université de Marrakech, Maroc).
(Université de Mostaganem, Algérie).
(Université de Mostaganem, Algérie).
(Université de Mostaganem, Algérie).
(Université de Mostaganem, Algérie)
3 Conditions de publication d’articles
1- L’article doit être rédigé dans l’un des trois langues : arabe, français, ou anglais.
2- -L’aspect procédural a également fait l’objet d'une attention particulière ; douze
recommandations ont été retenues pour faciliter l’exploitation des articles :
2-1 – Article inédit avec précision du nom de l’auteur, sa qualité scientifique avec mention de
son adresse dans les trois langues.
2-2 –Rédaction sur feuille distincte du nom du chercheur, son adresse, sa qualité scientifique
avec résumé ne dépassant pas 150 mots.
2-3 –L’article doit être imprimé sur feuille 21/27 suivant caractère NEW ROMAN 12
Microsoft Word XP, et remis accompagné de CD.
2-4 –L’article ne doit pas dépasser 15 pages y compris schémas, tableaux, références.
2-5 – Références biographiques en fin d’article avec agencement alphabétique.
2-6 –Les abréviations doivent être explicitées.
2-7 – La présentation des graphes et schémas doit être claire et ne dépassant pas les limites de
la feuille normalisée.
2-8 – La présentation éventuelle des photos doit être sur papier approprié et en format réduit.
2-9 – Tout article est soumis à l’évaluation avant la publication.
2-10 – Les articles remis ne sont
publication.
pas restitués à leurs auteurs même en cas de non
2-11 – Chaque auteur reçoit gratuitement une copie de la revue dans laquelle il a contribué par
un article.
2-12 –L’envoi des articles se fait sur adresse e-mail en document attaché.
E-mail : [email protected]
Important : Les opinions émises dans les articles publiés par la revue n’engagent que la
responsabilité de leur auteur.
4 Terms of use (articles publication)
Cultural Dialogue : an intellectual space, may be called an academy for scientific journal
publication, that came into being recently. It welcomes fruitful contributions to its journal
via articles and scientific drafts. As its’ label indicates, it is mainly focalized on original,
purposive, and update researches in the field of human and social science which, despite its
appealing need, have not received much attention.
The authors who are interested in the journal should respect the parameters indicated
below:
 Each draft (article) should submit to following patterns:
 The articles should be written in Microsoft Word format. As to the languages, an
appropriate font needs to be selected. For Arabic, the required font is “Teraditional Arabic”
whose seize should be 14. As to foreign languages (French or English), the font type is Times
New Roma whose seize should be 12.
 The article should not exceed 15 pages and should have:
 The bibliography (references):
 As is comes to the bibliography, authors should follow a specific style (APA, MLA, etc.)
Books, articles and others’ references should be listed separately, respecting the order of the
bibliographical data.
 The footnotes (more information about some concepts, key words and details about the
abbreviations),
 Each page of the article should be numbered,
 The article should be accompanied by the name of the writer, a summary of the article who
size should be bound to 5 lines. (is should be written in Traditional Arabic whose size
should be 12.
 The article should include the name of the writer, his scientific backgrounds (in terms of
previous researches), and his address in three languages ( Arabic, French, and English).
 The graphs, the tables, and figures have to be clear and should not go beyond the borders
of the article’s pages.
 In case, there are photos, they should be attached to appropriate papers and should be
presented in a reduced format.
 Each article will be submitted to an evaluative process before its publication. The journal
has the right to adjust some articles formats when necessary, however the contents are will be
kept as they are.
 Each contributor (author) will automatically receive a copy of the journal.
 In case, there is a need to bring some changes to the articles’ format to fit some parameters
of publication, the journal will do that maintaining the content intact.
 *The participants’ drafts ( articles) should be sent on time in an email form to the
electronic address below ( written in bold).
 The articles should be sent to the following electronic address: “moltaka. Mostaganem 27
yahoo.fr
 Important: it is important to note that all the ideas expressed in this journal represent the
authors’ points of view and noone else
Important:
All the ideas that figure in the journal reflect but the authors’ points of view ; the journal is
just a mediator between the authors and the readers.
5 SOMMAIRE Titre d'intervention
La page
OUATMANI Settar : La personnalité de l'émir Abdelkader et son gouvernement
07
D’après le témoignage de Léon Roches
SIRAT Fethi : Métamorphose de l’anthropologie :Enjeux et perspectives d’une
discipline en quête de sa légitimité.
6 20
La personnalité de l'émir Abdelkader et son gouvernement
D’après le témoignage de Léon Roches
OUATMANI Settar
1
En 1884, Léon Roches, publia ses mémoires intitulés "Trente-deux ans à travers
l'Islam". En dehors du récit qu'il donne sur toute sa riche et aventureuse carrière, celui
qu'on appelait Sidi Omar consacra une partie de son ouvrage à son séjour auprès de
l'émir Abdelkader comme conseiller entre 1837 et 1839. Au passage, il inséra des lettres
qu'il adressait régulièrement à l'époque à un de ses amis, et qu'il a récupérées, selon ses
dires, auprès de la famille de l'intéressé. Son œuvre a surpris le grand public et les
spécialistes de l'histoire de l'émir Abdelkader par les révélations qu'elle apporte sur un
personnage qui est déjà fort connu.
I -Une vie aventureuse et mouvementée
Né le 27 novembre 1809 à Grenoble (France), Léon Roches est doté d'une grande
énergie et d'une haute intelligence. En dépit de ses études brillantes, il s'intéressa dès
son jeune âge à l'aventure. A l'âge de 21 ans, il effectua une mission en Italie pour le
bénéfice de quelques négociants, amis de son père. En 1832, il débarqua à Alger pour
l'aider dans ses exploitations agricoles. Au cours de ses premières années du périple
algérien, Léon Roches s'initia aux coutumes du pays conquis ; il apprit la langue arabe,
s'habilla à l'allure algérienne et prit un nom local. Sa carrière connut aussi quelques
succès : traducteur assermenté (à partir de mars 1835) et soldat volontaire dans le corps
des spahis. 2
Cependant, homme d'aventure et de mouvement, Léon de Roches surprit tout son
entourage en 1837, lorsqu'il prit la décision de rejoindre l'émir Abdelkader. Ce dernier
venait alors de signer le traité de la Tafna avec les Français. Léon Roches expliqua alors
les raisons qui se cachent derrière cette décision importante dans sa vie, dans une lettre
à son ami d'enfance datée du 15 juillet 1837 : " Je crois moi-même qu’Abd el Kader
pourra et voudra accomplir cette grande œuvre (transformer son peuple en nation polie
et instruite). Frappé de la pensée qu’il ne réussira dans ces nobles desseins qu’autant
qu’il aura auprès de lui un homme qui puisse l’initier à la connaissance de notre
civilisation, qui lui en fasse comprendre la puissance et apprécier les bienfaits, qui soit
enfin, entre lui et la France, un intermédiaire utile pour prévenir les malentendus et
surtout le dispenser d’avoir recours à la diplomatie ignoble, avide et perfide des juifs de
1
2
Maître de conférences A à l'Université de Béjaia.
NARCISSE Faucon, Le livre d'Or de l'Algérie, tome 1, Challamel et Cie éditeur, Paris, 1889, p 522.
7 l’Algérie, j’ai la pensée de devenir cet homme."1 Tout est dit, l'auteur de ce passage veut
être une sorte d'éclaireur qui amènerait l'émir Abdelkader sur le chemin qu'il lui a
choisi. Durant plus de deux ans, Léon Roches se présentait comme chrétien qui s'est
converti à l'Islam et qui servait alors fidèlement son nouveau chef.
En 1839, la guerre reprit entre le leader de la résistance algérienne et les Français.
Léon Roches rejoignit les forces de son pays. Sa carrière administrative s'est relancée :
interprète militaire de deuxième classe (1839), attaché à l'état-major général (1840),
interprète militaire de première classe (1840). Quelques années après, le général
Bugeaud lui confia une mission spéciale : il se rendrait à la Mecque, au moment du
pèlerinage pour arracher une fetwa des grands savants de l'Islam incitant la population
algérienne à accepter le fait accompli c'est-à-dire l'occupation française. Il réussit
parfaitement sa mission. A son retour, son goût pour l'aventure l'amena à vouloir
adhérer aux ordres religieux à Rome. L'intervention du roi Louis Philipe le contraint à
réintégrer les rangs de l'armée française en Algérie. Désigné interprète en chef, il
participa en 1845, à la campagne marocaine du général Bugeaud au cours de laquelle,
après la bataille d'Isli, il participa à la délimitation des frontières algéro-marocaine.
Léon Roches poursuivit depuis une carrière dans les représentations diplomatiques
françaises à l'étranger : secrétaire de légation à Tanger (1846), consul à Trieste (1849),
consul général à Tripoli (1852), consul général chargé d'affaires à Tunis (1855) et au
Japon (1863), ministre plénipotentiaire (1868) et admis à la disponibilité de son grade
en 1870. 2Il mourut en 1900.
II - L'État de l'émir Abdelkader
L'existence de l'État de l'émir Abdelkader, quelle qu’en soit sa forme, ne fait pas
de doute même chez une partie des historiens étrangers qui ont travaillé sur ce sujet.
Léon Roches, apporte sur ce point une large contribution dans le sens de l'émergence
d'une nation sous l'égide du chef de la résistance algérienne à l'occupation française.
Tour à tour, l'auteur de "trente-deux ans à travers l'Islam", évoque l'organisation de
l'armée (régulière et irrégulière), l'industrie, le conseil consultatif et surtout le
comportement de l'émir Abdelkader en homme d'État.
Sur l'armée de l'émir Abdelkader, lors d'une expédition à l'Est, en 1838, Léon
Roches avance le chiffre 3000 soldats, 400 cavaliers, 60 artilleurs et 1000 cavaliers du
1
ROCHES Léon, Trente-deux ans à travers l'Islam, nouvelle édition, Librairie académique Didier, Paris,
p 32.
2
NARCISSE Faucon, op cit, p 524 à 528.
8 makhzen de l'ouest pour l'armée régulière et 10000 soldats irréguliers.1 On ne saurait
que partager l'avis de l'auteur lorsqu'il parle du courage et de la discipline du soldat
régulier. Des questions se posent par contre sur le passage suivant : "Mais j’ai pu m’en
convaincre, et Abd el Kader l’a déploré souvent devant moi, peu d’Arabes sont disposés
à mourir pour leur foi…Ils (les soldats irréguliers) sont capables d’un grand effort dans
le premier moment de surexcitation religieuse, mais une résistance énergique les
démoralise. Si l’on se retire devant eux, ils deviennent autant de lions affamés ; leur
montre-t-on les dents, ils fuient comme des daims" .2 L'utilisation de certaines formules
(lions affamés) ne fait que diminuer la valeur de cet écrit. Et puis, on pourra se
demander comment l'émir Abdelkader a pu résister de longues années à la conquête
française avec des soldats irréguliers si faibles. Toujours est-il, la présence même de
cette armée régulière avec son régime militaire stricte que décrit l'auteur est un signe
fort du degré d'organisation atteint par l'État de l'émir Abdelkader.3
L'industrie d'armement avait sa place dans le récit de Léon Roches. Celle-ci est
concentrée dans les principales villes créées ou fortifiées par l'émir Abdelkader comme
Taza (située à 65km au sud de Miliana), Boghar (située à 82km au sud de Médéa),
Taqdamet (située 12 km au sud de Tiaret)…En effet, des ouvriers français étaient
recrutés pour aider à l'installation des fonderies d'armes. Léon Roches était le principal
superviseur et qui va accompagner ses travailleurs jusqu'à la fin de leur mission. Le
résultat est, de l'avis de l'auteur, dérisoire : " Vers la fin du mois d’octobre, écrit-il, Abd
el Kader vint à Tagdempt et me témoigna sa satisfaction au sujet de l’installation de sa
fabrique d’armes dont je mis quelques produits sous ses yeux ; installation bien
élémentaire, qui ne devait donner que d’insignifiants résultats, mais qui avait nécessité
de ma part une grande somme d’énergie et d’activité."4 Cette situation est fortement
liée à la conjoncture de l'époque. Les difficultés du terrain sont énormes avec la noncollaboration des caïds à ce projet. Et puis la période de paix entre les deux forces est
1
Les armes provenaient de la contrebande marocaine, de ses propres fonderies et des Français lorsque
l'émir Abdelkader était en paix avec les Français. On note que contrairement aux autres résistants
algériens du 19e siècle (à l'exception d'Ahmed Bey), l'émir Abdelkader utilisait l'armement lourd
(l'artillerie).
2
Léon ROCHES, op cit, p 87.
3
Le grand souci de l'émir Abdelkader est de mettre en place une armée moderne. Léon Roches nous cite
un exemple de cette organisation : l'émir a mis en place une décoration (richa) pour chaque soldat qui
se distingue en combat. "La décoration de la Richa, poursuit-il, est une plaque d’argent sur laquelle
sont gravées, trois, cinq ou sept plumes, suivant le grade. Cette plaque est retenue sur le turban ou
autour de la corde de chameau par deux chaînettes d’argent, qui s’accrochent l’une à, l’autre". Voir
Léon Roches, op cit, p 149.
4
Léon ROCHES, op cit, p 189.
9 courte ; il est quasiment impossible de mettre en place une industrie d'armement capable
de faire ses preuves en temps de guerre.
Pour les besoins de son État et de la résistance à l'occupation française, l'émir
Abdelkader imposa la Zakat et l'achour (impôts coraniques) et instaura un impôt spécial
de guerre en plus des amendes que payaient les tribus insoumises. Léon Roches évoque
un impôt qu'il appelle al-dhiffa (l'hospitalité) où chaque tribu parcourue par les l'émir et
ses troupes vint lui apporter toutes sortes d'aides (paille, orge…) Le tout se termine par
des plats de couscous et de viandes que les membres de la tribu tâchent d'offrir à leur
visiteur et ses partisans.1 Ce que faisaient les tribus à l'approche des troupes de l'émir
Abdelkader ne pouvait être qu'une forme d'hospitalité, vieille de plusieurs siècles. Ce
n'était donc pas un impôt. On imagine difficilement que les membres des tribus
puissantes puissent laisser passer les forces de l'émir Abdelkader sans présenter le
devoir d'hospitalité à un homme dont la célébrité a fait le tour du Maghreb.
III - La Personnalité de l'émir Abdelkader
Derrière cet État se dresse un homme religieux, politique et militaire. L'émir
Abdelkader est un homme de foi et de science. Roches voit en lui "un des théologiens
les plus érudits de l’époque". Une fois son devoir religieux accompli, il s'occupait des
affaires de son État et de sa population. De temps à autre, l'émir écoutait lui-même les
doléances de ses compatriotes et apportait systématiquement des réponses sur les
questions soulevées."Quand il prie, écrit l'auteur, c’est un ascète. Quand il commande,
c’est un souverain. Quand il parle guerre, ses traits s’illuminent; c’est un soldat. "
En homme militaire, l'émir était le chef de son armée. Son courage et sa bravoure
ont laissé une forte impression chez ses adversaires. A cela, certains auteurs joignirent
les exploits de son cheval noir. Léon Roches rapporte ce fait survenu en 1836 dans
lequel l'émir Abdelkader, poursuivi par le célèbre colonel Yusuf et des militaires
français, "il eût été atteint si ce même cheval noir n’avait franchi un escarpement
devant lequel s’arrêtèrent les chevaux des officiers qui le poursuivaient". Conscient de
l'apport psychologique que pouvait apporter sa présence sur le terrain, il assista souvent
aux combats. Pour une meilleure efficacité, il attaqua souvent avec des troupes légères
loin de son camp principal qu'il plaçait en sécurité loin de lui. Il lui arriva de bivouaquer
avec sa petite troupe une ou deux nuits avant de regagner son camp.
2
Grâce à son
savoir-faire et son activité, il imposa le respect d'une grande partie de ses compatriotes.
1
2
Ibid, p 90.
Léon ROCHES, op cit, p 88.
10 En homme politique, il réagit intelligemment. "Il se garde bien, écrit l'auteur, de
communiquer aux Arabes la teneur entière du traité (la Tafna); il porte seulement à
leur connaissance les articles favorables à l’exécution de ses desseins."1 Quoi de plus
normal pour un souverain de communiquer à son peuple ce qu'il lui paraît nécessaire et
qui est dans l'intérêt de l'État. Durant deux ans, l'émir Abdelkader sillonna une partie de
l'Algérie, de l'Est à l'Ouest, pour asseoir son autorité. Il arriva même jusqu'aux portes du
Sahara. Dans la vie de tous les jours, tout en gardant sa modestie, il s'afficha comme un
véritable sultan. Lorsqu'il est en déplacement, le camp, où il résidait avec ses troupes,
est organisé d'une manière efficace. Toute une cérémonie précédait par exemple, le
départ des soldats. Voici comment Léon Roches décrit un de ses moments : "Le sultan
seul décide du jour et de l’heure du départ ; aussitôt après la prière de l’aurore, le
sultan fait appeler le khaznadar en second, et lui donne l’ordre de préparer la levée du
camp. Ce dernier va prévenir l’agha de l’armée régulière qui fait battre la diane
d’abord ; puis une nouvelle batterie annonce à tous le départ. Une heure s’est à peine
écoulée que toutes les tentes sont pliées et chargées, ainsi que le matériel et les vivres;
les compagnies sont formées sur l’emplacement qu’occupaient leurs tentes… Au
moment où le cheval est lâché, il fait deux ou trois bonds en avant sur les jambes de
derrière, et la nouba fait retentir dans le camp le chant bruyant du départ."2
La description de Léon Roches du portrait physique de l'émir Abdelkader est
certainement la plus importante et la plus précise. Lui-même, il dit que c'est le résultat
d'un séjour de deux ans au cours duquel il a côtoyé l'émir de plus près. Il dira à ce
propos : " Sa main, maigre et petite, est remarquablement blanche, des veines bleues la
sillonnent ses doigts longs et effilés sont terminés par des ongles roses parfaitement
taillés ; son pied, sur lequel il appuie presque toujours une de ses mains, ne leur cède ni
en blancheur ni en distinction. Sa taille n’excède pas cinq pieds et quelques lignes, mais
son système musculaire indique une grande vigueur. Quelques tours d’une petite corde
en poils de chameau fixent autour de sa tête un kaïk de laine fine et blanche ; une
chemise en coton et par-dessus une chemise en laine, de même couleur, le kaïk, qui
après avoir fait le tour de la tête enveloppe le corps, et un burnous blanc recouvert d’un
burnous brun, voilà tout son costume. Il tient toujours un petit chapelet noir dans sa
main." 3On sait que la condition physique d'une personne peut être d'un bon apport au
1
Ibid, p 75.
Ibid, p 84 et 85.
3
Léon ROCHES, op cit, p 66.
2
11 moment de guerre et de paix. Autrefois, les gens étaient impressionnés par l'allure
extérieure d'une personne avant ses caractères humains. D'après le récit de Léon
Roches, l'émir Abdelkader a laissé une forte impression sur lui dès le premier regard.
Quoi qu'il en soit, le portrait physique d'une personne ne peut subsister en l'absence
d'une forte personnalité.
En juillet 1860, le monde entier découvre l'humanisme de l'émir Abdelkader.
Résident à Damas, cet homme intervint pour porter secours aux chrétiens menacés de
mort par les Druzes. Durant des jours et aidé par des Algériens se trouvant en Syrie, il
se déplaçait sur les quartiers chrétiens pour recueillir ses populations chez lui avant de
les faire diriger, sous escorte, dans une citadelle située à l'extérieur de la Ville. En tout,
15000 chrétiens furent sauvés de la mort.1 Pour ceux qui connaissaient l'émir
Abdelkader, son humanisme ne datait pas de 1860. Il fut ancré chez lui depuis son jeune
âge. Léon Roches qui le suivit dans ses déplacements était témoin des faits qui dénotent
l'attachement de l'émir Abdelkader à la vie humaine et au pardon. Voici un exemple
concret auquel a assisté Léon Roches. Un vieillard est condamné à mort. La sentence
devait être exécutée en présence du sultan. Au moment où le supplicié est ramené, un
évènement a renversé la situation. " Le tour du vieillard à face vénérable et à la longue
barbe blanche était venu. Il avait si froid, le pauvre vieux, qu’il ne pouvait faire un pas,
on fut obligé de le soutenir; il n’allait pas tarder à être frappé, lorsqu’une troupe de
petits enfants se précipita dans la tente; les uns se jetèrent entre le vieillard et les
exécuteurs. Les autres vinrent se prosterner devant l’émir; une petite fille surtout, belle
comme un ange, s’était emparée de ses mains qu’elle baisait et arrosait de ses larmes. «
Au nom de ta mère, de la mémoire de ton père, au nom de tes enfants, au nom de Dieu,
pardonne à mon père ! »2 A l'appel des enfants du vieillard, l'émir a ordonné son
pardon. L'humanisme l'a emporté sur la justice.
L'évènement qui va marquer à jamais Léon Roches et qui va impressionner le
lecteur de "Trente-deux ans à travers l'Islam" est celui relatif à la séparation des deux
hommes. Au début du mois de novembre 1839, à la veille de la reprise de la guerre
entre le sultan et les Français, Léon Roches, doté d'un courage sans limites, affronta son
chef par la vérité : il n'a jamais été musulman au fond de lui-même bien qu'il s'est
comporté comme un musulman depuis deux ans. Après avoir entendu la confirmation
1
CHURCHILL Charles Henry, La vie d'Abdelkader, traduction de Michel Habart, 4e édition, ENAL,
Alger, 1991, p 303 à 316.
2
Léon ROCHES, op cit, p 99..
12 de ces paroles, l'émir Abdelkader a eu comme réponse : " « Va t’en, me dit-il, écrit
l'auteur, d’une voix sourde. Je laisse à Dieu la punition de ton âme. Que ton corps
disparaisse de ma présence. Va-t’en et garde-toi de répéter devant un musulman le
blasphème que viennent d’entendre mes oreilles, car je ne serais plus maître de ta vie ;
va-t’en ! »
1
Sur un geste du sultan, Léon Roches aurait payé de sa vie le mal qu'il
venait de subir à son chef. Léon Roches n'a pas touché uniquement les sentiments
personnels de son chef (les deux hommes sont devenus presque amis), il a joué aussi
avec une religion, celle que suivait son chef avec beaucoup de rigueur. Pourtant, homme
de cœur, l'émir a laissé partir son ancien conseiller rejoindre son pays. Rares sont les
souverains qui se comporteraient de la sorte.
Homme de cœur, l'émir Abdelkader dirigeait cependant son gouvernement avec
beaucoup d'autorité. L'auteur mentionne des faits dans lesquels l'émir a exercé son
pouvoir avec beaucoup de rigueur. Il cite l'exemple d'un caïd accusé d'être l'ami des
Français qui est exécuté devant lui. Le fait auquel il s'arrête longuement fut celui relatif
au siège de Ain Madhi. Centre de la confrérie Tidjani où résidait son chef Si
Mohammed Tidjani, l'émir assiégea l'oasis de Ain Madhi durant 06 mois. Devant les
difficultés du terrain, l'émir Abdelkader s'est toujours résigné à continuer son siège
jusqu'à la capitulation de Ain Madhi. Connaissant ses compatriotes, il savait qu'une
défaite soulèverait une bonne partie des tribus contre lui. Avant l'assaut final, un
arrangement fut conclu entre le frère de l'émir Abdelkader en l'occurrence Sidi
Mohammed Said et le chef de la Tidjania. Ce dernier aura 40 jours pour quitter le
village avec ses partisans et leurs richesses et devait aussi payer une amende de guerre.2
Après le départ de Mohammed Tidjani, le village de Ain Madhi fut détruit et pillé par
les soldats du sultan. Par ce comportement, ce dernier voulait donner un message aux
villages encore insoumis pour rejoindre ses rangs. Les résultats n'avaient pas tardé à
tomber : avant son retour, les tribus situées non loin de Ain Madhi se bousculèrent
autour de lui, pour présenter leurs soumissions.
Sur la bonté de l'émir Abdelkader, sa simplicité et sa modestie, le récit de Léon
Roches est édifiant. Au cours d'une marche, l'émir rencontra des individus qui
souffraient du froid. Il enleva son burnous pour le donner à l'un d'entre eux. Parmi ses
compagnons, personne ne le suivit dans ce geste. Chef d'un État, il n'abusa pas de sa
position. Sa fortune fut celle que posséda sa famille depuis longtemps. "La fortune
1
2
Léon ROCHES, op cit, p 192.
Ibid, voir le chapitre intitulé siège d'Ain Madhi.
13 personnelle d’Abd el Kader, écrit l'auteur, se compose de l’espace de terre que peuvent
labourer dans une saison deux paires de bœufs. Il a un troupeau de moutons dont la
chair sert aux hôtes qui viennent demander l’hospitalité à sa tante et dont la laine suffi t
pour tisser ses vêtements et ceux de sa famille, burnous, haïk... Il possède en outre
quelques vaches qui lui fournissent le lait et le beurre nécessaires à ses hôtes et à sa
consommation; quelques chèvres et quelques chameaux. Sa mère, qui vit avec lui, sa
femme et les femmes de .ses serviteurs intimes qui composent sa maison particulière,
tissent elles-mêmes ses vêtements. Il se nourrit donc, même quand il est en tournée ou
en campagne, de ses produits personnels."1 Son attachement à sa famille était sans
limites. Un jour, se trouvant à Takdemet où il était de retour d'une expédition lointaine à
Ain Madhi, il apprit la maladie de sa mère Lalla Zohra qui se trouvait à Boukharchoufa,
près de Miliana. Il prit son cheval pour la rejoindre à Miliana. A ses amis, il a dit : "Je
ne force personne à me suivre". En quinze heures, l'émir et son entourage parcoururent
150 km. 2
Sur beaucoup de questions politiques, l'émir Abdelkader restait inflexible. C'est
ainsi qu'il a refusé de céder à toutes les pressions le persuadant d'accepter la
modification du traité de la Tafna. Il a également donné une fin de non-recevoir aux
conseils de Léon Roches par rapport à l'attitude à suivre vis-à-vis de Benduran et
Miloud Ben Arache. Néanmoins, en dehors de la politique et de la religion, Le sultan
était d'une grande sensibilité. D'après l'auteur, il a même un penchant pour la
plaisanterie et "sa gaieté est franche et communicative."3
Quoi qu'il en soit, l'émir Abdelkader était le contraire d'un despote. Il aimait réunir
un petit conseil de guerre avec ses collaborateurs pour trancher sur les questions
militaires et politiques qui se posaient de temps à autre. Il savait écouter les gens autour
de lui. Presque tous les soirs, selon l'auteur, le sultan le questionnait sur divers sujets en
rapport avec la France et ses potentialités. Lorsqu'il fallait reprendre la guerre, c'est la
décision de tous ses khalifats qui était engagée. Devant Ain Madhi, c'est l'avis de son
frère pour une solution à l'amiable qui a pris le dessus. Sa réussite, durant de longues
années, avait un rapport avec "la gestion démocratique" de son gouvernement.
1
Léon ROCHES, op cit, p 112.
Ibid, p 171.
3
Ibid, p 112.
2
14 IV - L'émir Abdelkader et le traité de la Tafna
Le ralliement de Léon Roches à l'émir Abdelkader coïncida avec la signature du
traité de la Tafna en mai 1837 entre l'émir Abdelkader et le général Bugeaud. Durant
plus de deux ans, l'auteur écouta attentivement l'avis de l'émir sur les causes de la guerre
avec les Français, sur la paix et sur d'autres questions politiques. De temps à autre,
l'émir laissait libre choix à l'auteur pour donner son point de vue sur tel ou tel sujet.
À propos des causes de la guerre contre les Français, l'émir Abdelkader afficha
nettement le fond de sa pensée. Voici ce qu'il a dit à Léon Roches sur ce sujet : " nous
avons été forcés de leur faire la guerre pour défendre notre sol, nos femmes, nos
enfants, et plus que tout cela, notre religion, et cette guerre est une guerre sainte. Le
sang musulman qui a coulé et qui coulera dans cette glorieuse lutte nous lavera de nos
souillures, notre foi attiédie se réchauffera au feu des combats, et nos bras se
fortifieront en frappant sur l’infidèle. Nous serons alors moins indignes des illustres
devanciers qui ont conquis notre patrie et fait triompher la loi de Dieu de l’Orient à
l’Occident." 1
Dans cette réponse, l'émir Abdelkader n'a pas tout dit. Il ne suffit pas de combattre
les Français pour la guerre sainte, il fallait encore penser à ce peuple en le dirigeant dans
un organisme qui ne pouvait être que l'État. Justement l'une des causes qui l'ont amené à
signer une deuxième trêve avec les Français fut le besoin constant de mettre en place les
institutions de son jeune État. Des discussions des deux hommes sur le traité de la
Tafna, il se dégage une certitude qui consiste à considérer ce traité comme une trêve qui
ne pouvait durer que l'espace de quelque temps. Léon Roches ne cache pas sa vérité à
savoir qu'il a tout essayé pour dicter à l'émir une certaine conduite par rapport au
comportement de l'émir vis-à-vis du traité de la Tafna. L'auteur a voulu en fait le
manipuler et il a échoué dans ses desseins. Plus exactement son objectif est d'amener
l'émir à ratifier l'additif proposé par le maréchal Valée en 1839 qui enlèverait à l'émir
une partie de son territoire. Il le sollicita encore pour ne pas écouter les conseils de ses
consuls à Alger (Ben Duran et Miloud Ben Arrache). Doté d'une grande personnalité,
l'émir Abdelkader ne céda pas aux pressions de son conseiller. Dans ses réponses, il se
tint à la parole donnée. Les Français devraient respecter les clauses du traité comme luimême les a respectés. Les démarches françaises auprès de lui ne changèrent pas sa
position. D'ailleurs, les membres influents de son gouvernement étaient du même avis.
1
Léon ROCHES, op cit, p 71.
15 Convoqués à un conseil extraordinaire le 03 juillet 1839, ces derniers refusèrent toute
rectification du traité de la Tafna et se dirent prêts à reprendre la lutte au cas où les
Français violeraient ce pacte.1 Ce qui devait arriver arriva en octobre 1839, le maréchal
Vallée, déçu par le refus de l'émir de ratifier l'additif qu'il lui a proposé, franchit les
portes de fer, dans les Bibans : un territoire qui appartient à l'émir Abdelkader.
Quelques jours après, ce dernier attaqua les positions des colons à la Mitidja. La
troisième phase de la résistance de l'émir venait de commencer.
Regard critique
L'ouvrage de Léon Roches est important sur le plan historique. Les historiens du
passé et du présent lui sont redevables du témoignage apporté sur l'attitude de l'émir
dans la vie de tous les jours, sur les aspects de son gouvernement et les caractéristiques
de sa personnalité. Plus précisément, qui pouvait décrire l'intérieur de sa tente et
reconstituer ses dialogues avec ses amis si ce n'est un homme qui a vécu auprès de lui
en tant que conseiller et observateur. L'idée de partir, un jour, laisser son chef est un
élément qui l'a aidé certainement à rassembler une multitude de renseignements sur
l'émir Abdelkader, des renseignements qu'ils pensaient livrer aux Français, une fois de
retour chez lui. Cette masse d'informations est livrée aux lecteurs, quarante-cinq ans
après les faits. C'est la raison pour laquelle, le récit de l'auteur est discutable sur certains
points.
L'auteur a écrit son texte avec beaucoup de passion. Ce qui frappe le lecteur de
"Trente deux ans à travers l'Islam" c'est le type de relation qui lie Léon Roches à l'émir
Abdelkader. " J’étais venu pour faire pénétrer dans l’esprit d’Abdelkader des idées
civilisatrices et c’est lui qui voulait m’inspirer la foi musulmane"2. Pensa-t-il vraiment à
l'époque qu'il pouvait facilement manipuler le chef de toute une nation ? En tout cas, il
avoua à maintes reprises son échec dans sa tentative de changer l'attitude de l'émir
Abdelkader vis-à-vis des Français.3
Le récit de Léon Roches est parfois subjectif. Pour le traité de la Tafna, il évoque
"la générosité" des Français. Pourquoi donc les Français accepteraient-ils de proposer
un traité à leur ennemi si ce n'est pour sortir d'une impasse dans laquelle ils se
trouvaient. Les historiens sont unanimes sur ce point ; les Français à l'époque
1
Ibid, Voir le chapitre : préparatifs de guerre.
Léon ROCHES, op cit, p 106.
3
L'émir Abdelkader a essayé de lui inculquer les principes de l'Islam. Cette tâche est confiée selon Léon
Roches à Hadj Bouzian, un des connaisseurs préférés de l'émir. L'histoire dira que cette mission a
échoué.
2
16 concentraient leur force pour mettre fin à la résistance d'Ahmed Bey à Constantine et il
fallait donc cesser la guerre avec leur principal opposant. 1
Son jugement sur l'émir Abdelkader est contradictoire. Dans l'ensemble, il ne
cache pas son admiration pour cet homme. "J’aimais ce héros de la nationalité arabe,
écrit-il, j’étais prêt à lui donner des preuves d’un entier dévouement et pourtant je le
trompais."2 Le paradoxe est là ! Il déclare estimer un personnage, mais il le trahit au
même temps.
Son séjour auprès de l'émir Abdelkader a coïncidé avec des évènements
importants en rapport avec l'émir Abdelkader et dont on trouve peu ou aucune trace
dans son récit. Nulle évocation de la division administrative de l'État, du commerce et
de la culture. Les passages sur l'organisation de l'armée sont insuffisants de même pour
l'élargissement du gouvernement de l'émir vers le centre et l'Est du pays. Lorsqu'il
consacre quelques lignes sur le voyage de l'émir Abdelkader en Kabylie c'est pour dire
ce qui suit : "Là je constatais que, si, comme marabout et guerrier saint, Abd el Kader
avait lieu de s’applaudir de la réception qui lui avait été faite par les populations de ces
contrées, il devait se convaincre que, comme sultan, il ne pouvait guère compter sur la
soumission effective des Kabyles qui, passionnés pour leur indépendance, n’étaient
nullement disposés à lui faire le sacrifice de leur liberté qu’ils défendaient bravement
depuis tant de siècles contre tous les conquérants qui se sont succédé en Afrique."3
Contrairement à cette affirmation, la réaction de la Kabylie à la proposition de l'émir
Abdelkader de rejoindre le camp de la résistance a pris deux facettes : d'après la version
de Daumas,4 certaines tribus l'ont accueilli comme un passager célèbre du surcroit hadj
et homme de religion et de sciences. Celles-ci observèrent donc le devoir d'hospitalité
sans s'engager dans sa lutte. Il s'agit des tribus résidentes dans les lieux suivants que
l'émir a parcourus durant l'été 1838: Tizi Ouzou, Dellys, Issers, Tizi N'Aith Aicha,
Timzit, Tigounatine, Tamdirt des Flissas et Sidi Naamane. L'autre catégorie de tribus fut
celle qui s'est résignée à le suivre. C'est l'exemple des Beni Jaâd et son chef Ahmed
1
BOUTALEB Abdelkader, L'émir Abdelkader et la formation de la nation algérienne, Editions Dahlab,
Alger, 1990, p 85 et 86.
2
Léon ROCHES, op cit, p 109.
3
Ibid, p 185.
4
DAUMAS M ET FABAR M, La Grande Kabylie, études historiques, L.Hachette et Ci, Paris, 1847, voir
le chapitre 5.
17 Taieb Ben Salem. De 1837 à 1847, ce dernier était le représentant de l'émir Abdelkader
en Kabylie.1
Le récit de Léon Roches n'a pas convaincu Marcel Emerit, un des chercheurs qui
ont beaucoup travaillé sur l'histoire de l'Algérie contemporaine. C'est pour lui, un récit
romancé qui ne fournit presque rien à l'historien à part tout ce qui a un rapport avec la
vie personnelle de l'émir. Marcel Emerit apporta des preuves sur des faits cités par Léon
Roches, mais qui n'avaient pas eu lieu de cette façon. Ainsi par rapport aux négociations
entre l'émir et le chef Tidjani sur le dénouement du siège de Ain Madhi, Marcel Emerit
écrit que d'après le témoignage de Nicolas Blan, un déserteur qui a assisté au fameux
siège, c'est "le khalifat moustapha ben thami et non Roches qui fut introduit dans la
place pour négocier les conditions de la reddition. Roches, ajoute t-il, ne vint que le
lendemain avec douze officiers pour ramener l'ambassadeur dans le camp de l'émir. Il
est évident, conclut-il, que Roches a voulu amplifier son rôle et écrire sur ses missions
auprès du chef religieux du désert un de ces récits mélodramatiques dont son livre est
abondamment truffé."2
Le témoignage contribue à l'écriture de l'histoire. De ceux qui ont vécu auprès de
l'émir Abdelkader, on distingue deux types de personnes : ceux qu'ils l'ont connu au
moment de sa lutte contre les Français et ceux qu'ils l'ont côtoyé pendant la période qui
a suivi sa reddition. Léon Roches appartient à la première catégorie et c'est là, une des
raisons qui rend son récit plus important. Son texte est également riche en évènements
militaires et politiques, en anecdotes et surtout par les commentaires qu'il donne sur tel
ou tel fait. En dépit de la longue distance qui nous sépare de la publication de "Trentedeux ans à travers l'Islam", les historiens peuvent à tout moment relire cet ouvrage pour
dénicher des renseignements susceptibles de connaître celui qui a laissé à jamais une
grande impression chez Léon Roches en l'occurrence l'émir Abdelkader.
1
FEREDJ Mohammed Seghir, Histoire de Tizi Ouzou et sa région des origines à 1954, éditions
Hammouda, Alger, 1999, p 68 à 71.
2
EMERIT M, "La légende de Léon Roches", Revue africaine, volume 91, Alger, 1847, p 81-105.
18 Bibliographie:
1 - DAUMAS M ET FABAR M, La Grande Kabylie, études historiques, L.Hachette et Ci,
Paris, 1847, 489 p.
2 - BOUTALEB Abdelkader, L'émir Abdelkader et la formation de la nation algérienne,
Editions Dahlab, Alger, 1990.
3 - CHURCHILL Charles Henry, La vie d'Abdelkader, traduction de Michel Habart, 4e
édition, ENAL, Alger, 1991.
4 - EMERIT M, "La légende de Léon Roches", Revue africaine, volume 91, A, Jourdan,
Alger, 1847, p 81-105.
5 - FEREDJ Mohammed Seghir, Histoire de Tizi Ouzou et sa région des origines à
1954, éditions Hammouda, Alger, 1999.
6 - NARCISSE Faucon, Le livre d'Or de l'Algérie, tome 1, Challamel et Cie éditeur,
Paris, 1889.
7 - ROCHES Léon, Trente-deux ans à travers l'Islam, nouvelle édition, Librairie
académique Didier, Paris.
19 Métamorphose de l’anthropologie :Enjeux et perspectives d’une
discipline en quête de sa légitimité.(*)
Sirat Fethi (**)
«…..si je n’ai pas cessé de travailler à réconcilie
l’ethnologie et la sociologie, c’était sans doute
parce que je suis profondément convaincu que
cette division, scientifiquement tout a fait
funeste, doit être radicalement abolie…... Mais
je ne puis néanmoins m’empêcher de souhaiter
voir
l’unité des
sciences
de
l’Homme
s’affirmer sous le drapeau d’une Anthropologie
désignant à la fois, dans toutes les langues des
mondes, ce que l’on entend aujourd’hui par
ethnologie
et
par sociologie. » (1)
Je commencerai par remercier et bien entendu, par rendre hommage, en mon
nom personnel, et au nom de l’ensemble de mes collègues enseignent-chercheurs et
doctorants Algériens qui ‘ont connus Pierre Bidart, à toutes celles et ceux qui ‘ont donné le
meilleur d’eux même pour que nous soyons la aujourd’hui dans ce symposium.
Cette contribution ne prétend pas faire un bilan exhaustif et général de
l’Anthropologie sur l’échelle globale ou bien local; je souhaite simplement, mettre à plat
quelques réflexions qui peuvent alimenter la construction d’un champ de savoir qui joindre
l’utile l’agréable, dans l’ensemble de ses processus.
L’Homme, en temps qu’être social en premier lieu, à fait l’objet de plusieurs approches,
et parmi ces derniers bien évidement l’approche Anthropologique. Par voie de conséquence,
des questions légitimes, mérite d’être posées : qu’est ce que c’est l’Anthropologie quel est sa
*
Ce texte est présenté à l’occasion, du colloque internationale qui c’est déroulé à Bucarest du 29-30 octobre 2011, sous le
thème « les sciences sociales dans les pays en transition?»; en hommage à Pierre Bidart.
** Enseignent chercheur, département de sociologie, université de Mostaganem, Algérie.
1
Bourdieu (P). 2008: Esquisses algériennes. Paris, seuil. P 239. (L’objectivation participante) In: revue Acte de la
recherche en sciences sociales. Pp 43-58, N° 150, décembre 2003 «participante objectivation» (discours prononcé le 06
décembre 2000 lors de la remise de la Huxley Mémorial Medal For 2000. au Royal Anthropological Institute de
Londres.), Texte original en anglais in : The journal of the Royal Anthropological Institute (09-02 juin 2003, pp 281294).
20 relation avec les autres disciplines en sciences sociales et humaines (Sociologie, Ethnologie,
Sciences politiques…etc.)? Quelle est sa place, dans un champ intellectuel et universitaire
qui doute même sur les objectifs de leur existence ? La pensée Anthropologique est
intimement lié au travail du terrain (The fieldwork), mais quelle(s) est le(s) terrain(s) idéal de
cette discipline en voie de révolution ? En d’autre terme : est ce que c’est toujours l’exotisme
aveugle et funeste qu’il soit en priorité (Affergan .F : 1997), ou bien de faire aller vers le plus
proche, donc vers l’Anthropologues de chez soi (l’Endotisme) (En France voir notamment :
Augé.M : 1992 et Althabe.G : 1998) ? Aujourd’hui notre monde relève de ce qu’il est
désormais convenu d’appeler la globalisation. Cette globalisation qui nos interpelle nous les
Anthropologue, et plus que jamais, à repenser les échelles de production de l’humain et
de son ordre social (Kilani. M : 2009), par voie de conséquence, à revoir les modalités et les
paradigmes de production des savoirs sur ce (s) dernier (es) (Geertz.C : 1996)? Dans ce
processus, le projet d’une nouvelle anthropologie est invité à vérifier ses schèmes et ses
modèles d’analyses, et de faire dépasser certains concepts prédéfinies, tel que : clan, tribu,
parenté etc.…?
Bref, l’objectif de cette intervention est de faire une très modeste contribution, dans
un mégaprojet de repenser l’Anthropologie. Notre grand souhait est de voir cette discipline
réconcilié avec elle-même et avec l’ensemble de l’humanité et
qui pense à une
éthique possible dans ses démarches.
Histoire de la pensée anthropologique
(L’inconscient d’une discipline, c’est son Histoire.)
Il serait vain de prétendre donner une définition succincte et claire de l’anthropologie.
Une présentation de la discipline ne prend véritablement de sens qu’ à partir d’un examen
de son contenu ou plus précisément de ses contenus expérimentaux et intellectuels.
Pendent longtemps, l’anthropologie est considéré comme l’héritier légitime
de l’ethnographie et l’ethnologie classique. Donc fait la science par excellence des sociétés
dites : «archaïque», «sauvage» et «exotique» pour se transformer graduellement en sciences
des sociétés «primitives». Récemment cette discipline a accolé aux sociétés quelles étudiait le
caractère primitif, les qualificatifs des sociétés «froides», «sans histoire», «orale et sans
écritures» et «acéphale et sans Etat» pour les distinguer souvent positivement des sociétés
occidentales. Et elle a fini par utiliser le terme vague et plus générale celle de «sociétés
traditionnelles», dans le but est à la fois pour garder certaine neutralité positive dans la
21 caractérisation de ses objets et un certain souci d’élargir son champ d’étude à d’autre types de
sociétés historiques et modernes.
En effet, la nature de l’objet d’étude nous interpelle à faire le point sur
d’autre démarches intimement liée à l’anthropologie, en occurrence : sociologie, ethnologie
et ethnographie.
L’anthropologie peut être définie étymologiquement comme la science de l’Homme,
le concept est
latin (Anthropologia), mais d’origine grecque (Anthropologos) qui
signifie science de l’Homme. L’émergence de cette spécialité à commencé a partir du 16 et 17
siècle, mais a partir de la fin du 18 siècle la discipline à pris d’autres dimensions dans sont
parcoure. Il à eu tout d’abord la dimension naturelle (Diderot - L’encyclopédie : 1751) et
l’allemand (Blumenbach - 1795), et qui ont insisté sur le caractère naturel avant tout de cette
spécialité naissante. Cette approche à devenu, la plus dominante en France jusqu’au 20 siècle.
Or, l’autre signification de l’Anthropologie (qui devenu synonyme de l’ethnologie) à
pris sa nature de science des sociétés lointaines géographiquement, socialement et
surtout culturellement avec le théologien suisse (A.C de Chavannes), qui à publié en 1788
son fameux ouvrage (Anthropologie ou sciences générale de l’Homme), et notamment avec
le philosophe allemand (Kant .E) qu’il à publié dans la même année (1788) son dernier
ouvrage (L’Anthropologie du point de vue pragmatique).
En générale, l’utilisation de la notion d’Anthropologie est notamment dans les
sociétés anglo-saxonnes (Grand Bretagne et Usa), pour la tradition Françaises c’est surtout la
notion de l’ethnologie qu’elle était largement utilisée. Cependant, c’est grâce à Claude LéviStrauss et son séjour au Etats Unis dans les années 40 du siècle écoulé (1940-1948), qui à
introduit le concept d’anthropologie au lieu d’ethnologie dans les champs disciplinaires et
universitaires Française, et ca, ce manifeste intelligiblement dans le titre qu’il à choisi pour
l’un de ses premiers ouvrages (Anthropologie structurale : 1958).5
Ethnographie et ethnologie :
Les deux concepts (ethnologie : ethnos + logos & ethnographie : ethnos + graphie)
ont fait leur première apparition dans la fin du 18 et le début du 19 siècle. Le
concept d’ethnologie c’est toujours avec le suisse (A.C de Chavannes : 1788) qui à utilisé la
premier fois la notion d’ethnologie, et qu’elle à définie comme la science qu’institutionnalise
l’histoire des peuples. Concernent l’ethnographie c’est avec l’allemand (shwzer : 1772) et
dans sont ouvrage (présentation d’une histoire universelle) qu’il introduit démarches utilisées
dans les réflexions sur l’être humain et les sociétés. ; Mais la signification descriptive c’est
avec (Balbi : 1824) dans son encyclopédie (Atlas ethnographique du globe).
22 En effet, dans l’état actuel de l’utilisation de ses concepts, c’est plutôt comme
des démarches voire des méthodes au sein de la discipline anthropologique (voir notamment
Lévi-Strauss-C : 1955). Mais à partir des premiers travaux de terrain fait par les
ethnologues américains et britanniques (Boas. F – Malinowski .B – Frazer. J – Mead
.M….etc.). L’ethnologie et l’ethnographie ont devenu le grand manifeste du travail du
terrain (scientifique et empirique).
Actuellement,
l’ethnographie
correspond
à
la
première
phase
du
travail
de l’anthropologie de la collecte des documents, des données et de leur première description
sous la forme d’enregistrement, de classement, de traduction, etc. Elle correspond à la
recherche de terrain proprement dite. Pour ce qui concerne l’ethnologie est la phase ou l’on
analyse, synthétise et interprète ce que l’on observe dans une culture donnée - travail qu’est
déjà largement effectué sur le terrain – en rapport avec les connaissances dont on dispose sur
les autres sociétés, et on rapport avec les généralisations théoriques que l’on a construites à
partir de ces connaissances (Lévi-Strauss-C : 1958).
Anthropologie et Sociologie :
Les traditions en sciences sociales, ont imposée d’une façon purement arbitraire
et abusive, une dichotomie funeste pour ces dernières, dans les conséquences ont été très
graves sur les processus de légitimation de leur discoures voir sur leur existence. Dans cette
tradition, les champs ou le périmètre d’étude de chaque spécialité à était balisé par
des références
évolutionnistes
et
ethnocentrique.
Par
voie
de
conséquences,
les
premiers sociologues européens ont construits toutes leurs démarches épistémologiques, dans
cette discipline naissante et embryonnaire à travers la distinction sociétés modernes et
industrielles et sociétés traditionnelles et exotiques. Par exemple avec le sociologue allemand
Ferdinand Tönnies (1887), est née la fameuse distinction :
Gemeinschaft/Gesellschaft
(Communauté - société)
Et affinée par E. Durkheim (1893) sous la forme :
Solidarité mécanique – solidarité organique
En effet, la sociologie c’est spécialisé dans les sociétés ou l’ordre sociétal est de caractère
individualiste (L. Dumont: 1983), dans le type de solidarité est organique (E. Durkheim:
1893),
et
l’Anthropologie
à
fait
pour
objet
l’étude
des
sociétés
dite
primitives, communautaire et Holiste (L. Dumont), ou la solidarité est de caractère
mécanique. Cette dichotomie à eu un impact sur les démarches théoriques, méthodologiques
et épistémologiques des deux disciplines ; initialement la sociologie - et d’une façon implicite
23 - à été conçue pour l’étude des sociétés occidentales industrielles (Endotisme), avec toutes
ces conséquences sur l’ensemble des processus de production de ses savoirs. Pour
l’ethnologie -Anthropologie c’est notamment (Exotisme), donc l’étude des sociétés
éloignés géographiquement mais surtout culturellement ; ces études ont été effectué
généralement par des occidentaux soit des guerriers conquérants (Cortés, Cabeza de Vaca
…etc.) soit des 6 marchands (Tavernier, Long…etc.) soit des missionnaires (Las Casas,
villotte…etc.) soit des militaires (Capitaine Cook, les deux généraux Lanterneaux et
Hanotaux…),soit des administrateurs coloniaux (le cas des bureaux arabes pour la
colonisation Française en Algérie).
Dans ce cadre, et
à la différence de la sociologie, l’anthropologie se
caractérise principalement par la taille et les échelles de ses études et ses analyses, a savoir
des unités de recherche restreintes et locales, qui se traduit par le caractère simple et personnel
des relations sociales (par opposition à la société globale et généralisée) (Kilani .m : 2009).
En générale la sociologie, reste l’étude des sociétés industrielles globale, même si elle
travaille sur des petites unités (au Etats unis il a une grande influence de l’école de Chicago
dans l’émergence de la micro sociologie) ; si la convergence entre la sociologie et
l’anthropologie est heuristique et historique, il a d’autre dimension qui caractérise cette
dichotomie, à savoir, le principe de la comparaison pour la sociologie et l’universalité pour
l’anthropologie. Enfin, si le constat est alarmant, pour la divergence entre la sociologie
et l’anthropologie, ses deux disciplines sont invitées plus que jamais à trouver un
terrain d’entente afin de procéder à l’unification des deux disciplines sous le drapeau d’une
seule spécialité synthétique pour les deux. Cette démarche ne peut être atteinte que par
une concession mutuelle dans l’ensemble des processus de production de ses savoirs
(terrain, épistémologie et méthode, objet de recherches, modèles d’analyse, relation chercheur
opération de la recherche, observateur - observé…etc.).
Les fondements du savoir anthropologique
Pendant longtemps, l’anthropologie a été associée à l’étude des sociétés exotiques,
ce qui ce fait que l’ensemble de ses démarches ont été construit avec et autours de ce
principes ; comme en à développé là-dessus, sur l’histoire de l’émergence de cette
discipline, c’est surtout quelle est une science occidental par excellence. Si l’ethnologie –
anthropologie sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, est née dans la deuxième
moitié du XIX siècle, mais ses origines et sa filiation continuer jusqu'à l’antiquité grecque
(donc européenne occidentale). L’identification de cette discipline, comme occidentale de
24 naissance et de vocation est primordiale pour comprendre le caractère césarienne de sa
naissance et défiguré de sa évolution.
Dans ce sens, l’histoire de l’anthropologie est entièrement guidée par la nature sociale et
culturelle de son épanouissement, à savoir la nature (voir la personnalité) de
l’homme occidental ; même si elle veut une science générale de l’humain. Cette discipline,
jadis appelée ethnologie à fait ses premières étapes embryonnaires sur la base de la supériorité
de l’Homme et la civilisation occidental, qui ce traduit notamment par la théorie
évolutionniste (le volet historico-biologique avec Darwin et ethnologique par les pères
fondateurs de l'ethnologie Morgan .L H & Taylor & Frazer. j & Boas. F).
En effet, c’est ses fondements la qui ont dominé les différents étapes et mécanismes
de production du savoir ethno-anthropologique (choix du terrain: exotisme et altérité,
objets d’étude : toutes ce qui traditionnels, observation participante et observation directe,
choix des problématiques…etc.). Donc, ses fondements qui ont été les socles culturels,
économiques et politiques de l’anthropologie, et qu’en peut le résumer dans le concept de
l’altérité
ou l’expression de «l’extérieur-autre» selon le l’expression de l’anthropologue
français spécialiste sur le monde créole des iles des Martinique (Francis Affergan) dans un
excellent ouvrage qui traite de la question intitulé (Exotisme et altérité : 1987).(d’autres
ouvrages notamment: La pluralité des mondes: vers une autre anthropologie…). Ensuite, c’est
grâce aux études ethno-anthropologiques que les sociétés occidentales ont fait une autoanalyse et une auto critique (selon le terme du sociologue et anthropologue français Pierre
Bourdieu : 2004) de leurs cultures, leurs idéologies, et de leurs modèles et paradigmes. Donc,
par voie de conséquence l’émergence au sein du l’univers scientifique - académique et
intellectuel occidental lui-même un doute sur le principe de l’européocentrisme et l’occident
– centrisme, et qu’il n’est pas une seule rationalité, celle de la rationalité occidentale, mais il
d’autres potentielles rationalité dans d’autres sociétés et d’autres cultures classé auparavant
comme des types de sociétés et de cultures archaïques. En fait, ces mutations dans les
principes fondateurs de la discipline, qui ont eu un impact direct sur les aspects
épistémologiques, méthodologiques, théoriques de l’anthropologie.
25 Les lieux du savoir anthropologique :
«La
démarche
anthropologique
prend
comme
objet
d’investigation des unités sociales de faible ampleurs à partir
desquelles elle tente d’élaborer une analyse de porté plus
générale, appréhendent d’un certains points de vue la totalité
de la société ou des unités s’insèrent.»(1) Augé. M :
Symbole, fonction, histoire (1979 : 197-198).
En effet, c’est grâce à cette introduction critique de l’histoire de l’émergence de
cette discipline, qu’on peut faire une analyse sincère de l’état des lieux de la spécialité. Si ce
bilan historique nous à montré le caractère Exotique et Ethnocentrique de la discipline, il
pourra nous expliquer aussi, la crise aigue qui secoue la légitimité même de cette dernière. Au
début l’ethno-anthropologie à privilégié l’étude des sociétés dites sauvage et primitive,
mais progressivement et après le début de disparition de ces sociétés (notamment comme un
model socioculturel) (le contact avec les autres civilisations notamment l’occident Balandier
–acculturation- Balandier. G: 1985), la discipline à trouvé elle dans un imbroglio celle
du trouver des nouveaux objets et nouveaux terrains d’étude pour la discipline. Face a
cette situation d’impasse, les uns ont fait le recours à quelques procédures de modifications
dans l’ordre méthodologique, théorique et conceptuel de la spécialité (appelé tout court
un processus de renouvellement de la pensée anthologique), dans le principe de
l’altérité (Exotisme). Tandis que d’autres ont choisi le retour à leurs sociétés occidental
d’origine (Endotisme) pour devenir nouveaux objets et nouveaux terrain et avec une
nouvelle conception de l’anthropologie (Augé. M : 1979 & Althabe. G : 1992).
Or, le savoir anthropologique est intimement lie au lieu de production de l’humain et
son ordre social, culturel, économique et politique...etc. pour Pierre Bourdieu le monde social
de l’humain à fait l’objet trois approches fondamentales dans le processus de son
déchiffrement dans toute l’histoire de la pensée ethno-anthropologique (03):
A- L’approche praxéologique.
B- L’approche Objectiviste.
C- L’approche phénoménologique : ethnosociologie & interactionnisme.
Mais pour ce dernier (Bourdieu. P), il insiste reconnaitre implicitement que la seule approche
pour déchiffré le monde social c’est bien l’approche phénoménologique (interactionnisme et
interactionnisme symbolique en particulier).
En effet, pour l’ethno-méthodologue américain (Harold Garfinkel: 1967) et l’un
des piliers de cette approche, résume l’interactionnisme dans une phrase :
26 «L’ordre social est localement produit, naturellement organisé, interactionnellement réflexif… »
Cette démarche, qui a mis l’accent sur l’importance du local est en fait au cœur de
l’anthropologie Maghrébine, qui ce résume notamment dans le constat fait par le
penseur, sociologue et anthropologue français (Jacques Berque : 1956) dans sa thèse de
doctorat sur les structures sociales au Maroc qui ce résume dans la phrase suivante :
«…Au Maghreb seul le local est vrai, mais seul le générale est juste … »
Par voies de conséquence, ce discours
est maintenant
et
plus
que
jamais
sur
au
la
relation
centre
du
d’une
local
très
et du
grand
global
débat
en
anthropologie, notamment outre atlantique. « Voir notamment les travaux de l’éminent
anthologues Américain Clifford Geertz. » - (Geertz. C : 1996).
Bref, l’anthropologie de cette troisième (III) millénaire il faut qu’elle soit et plus
que jamais engagé vers le fait social local dans sa dimension global (un processus de va et
vient entre le particulier et le général), qui a pour objectif final de comprendre la mosaïque
sociale et culturelle globale à travers les micros composante (locales).
Méthodes, théories et pratique : quelques illustrations :
«…Pour pratiquer la théorie il faut une théorie de la pratique.» Karl Marx. (1) in: Karl Marx: la
thèse de Marx sur féorbah.
Après cette introduction générale de l’anthropologie, il est impératif de savoir
quelles
sont les conditions épistémologiques, méthodologiques et théoriques de production
et reproduction de savoir humain sur l’humain ?
En effet, l’histoire de la pensée anthropologue est intimement liée aux études des
unités sociales restreintes (le local), qui c’est traduit notamment par l’identité même de la
discipline, comme une spécialité qui ce caractérise par le travail du terrain (the fieldwork). Il
faut noter que, toute l’histoire de la discipline et des disciplines en sciences sociales en
générale ce résume dans le principe du (mimétisme), c’est-a-dire sur la fondation des
sciences sociales et l’anthropologie en particulier sur les même fondements des sciences dites
exactes ou bien dures ; ces principes et ces fondements ce focalise particulièrement dans le
principe de la causalité (les même causes produisent les même effets) et aussi sur le principe
de l’observation et la généralisation des résultats sur l’ensemble de l’échantillon de
recherche. Cette logique à été au cœur des premiers fondateurs de la sociologie et de
l’anthropologie, qui étaient en premier lieu des spécialistes en sciences exactes, ce qui ce
27 manifeste d’une façon plus intelligible Dans premiers travaux en sciences sociales.
En
sociologie c’est avec (spencer, Durkheim. e, compte. A…etc.), en ethnologie-anthropologie
avec (Malinowski. B, Durkheim. E & Mauss. M…etc.).
En suite, cette logique ce traduise par le chosisme dans la sociologie durkheimienne
notamment dans son travail les règles de la méthode sociologiques, qui considère les
faits sociaux comme des choses, donc peut subir a l’expérimentation. Maintenant, et si le
chosisme est mort, il reste beaucoup de question en attente a une réponse sur l’alternatif du
chosisme, est ce que dans l’interactionnisme (les faits sociaux comme des accomplissements
pratiques) ou bien dans d’autres logiques d’analyse !?
En effet, l’histoire de l’épanouissement de la discipline d’ethnologie – anthropologie est
intiment liée au mythe de notion l’observation-participante (Malinowski .B: 1985), donc des
questions légitimes mérite d’être posée sur la nature de la technique voir de la démarche :
- Qui ce que c’est cette l’observation participante ?
- La nature de la relation observation-participante avec l’ethnologue-anthropologue ?
- Le rôle de cette démarche dans la distinction des terrains ?
Ce qui est à signaler, que cette méthode ou bien cette démarche est au cœur la
pratique d’ethnologie-anthropologie exotique qui consiste dans le déplacement de l’ethnoanthropologue (souvent un Homme blanc et d’une culture occidentale) vers des
sociétés éloignés géographiquement mais sur tout culturellement, et qui se traduise par la
présence physique et de longue durée du chercheur sur son « terrain ».cette relation du
chercheur avec les (recherchés) et avec l’objet d’étude dans climat générale guidé par le souci
de voir tous et comprendre tous (ethnologue omniprésent). La règle de l’observationparticipante est de vivre au moins pendant quatre (04) ans (Mauss. M : 1948), bien que ce
dernier il n’a jamais fait le terrain. Pour le socio-anthropologue Français (Jean Pierre Olivier
de Sardane : 1995) rappelle que « cette expression à forte connotation anthropologique –
aurait- été inventée en 1924 par le sociologue, Lindemann, lié à l’école de Chicago ».
03- De l’observation participante a l’objectivation participante :
Parmi les démarches fondamentales de l’anthropologie est l’observation participante, qui ce
traduit généralement par la présence physique, et pendant une langue durée sur le « terrain ».
Cette relation particulière, avec l’objet d’étude signifie une observation en profondeur de la
réalité concernée et une attention particulière a la qualité des rapports sociaux on groupe.
Cependant,
l’observation
en
anthropologie,
désigne
notamment
le
séjour
dans
une communauté, et d’être en contact direct avec ses membres afin d’établir une
description satisfaisante. L’observation est considéré participante, par ce qu’elle sous-entend
28 la participation a la vie sociale, culturelle, rituelle telle qu’elle es, ce qui, par définition un
second non-sens puisque l’observateur participant doit se faire accepter et établir des relations
normales avec les autres « participants » qui n’ont aucune idée de ce qu’est, de ce que fait un
ethno-anthropologue. Cette simple démarche confirme évidement l’artificialité de sa présence
et de sa volonté de participer pour tout simplement observer, écouter et comprendre.
En effet, l’observation participante désigne, la conduite d’un Ethno-anthropologue
qui s’immerge dans un univers social étranger pour y observer une activité, un rituel
une cérémonie, et, dans l’idéal tout en y participant. On insiste souvent sur la difficulté d’une
telle posture qui suppose une sorte de dédoublement, difficile à tenir, de la conscience.
Comment être à la fois sujet et objet, celui qui agit et celui qui en quelques sorte, se regard
agir? Ce qui est sur, c’est qu’on a raison de mettre en doute la possibilité de participer
vraiment a des pratiques étrangers, inscrite dans la tradition d’une autre société, et supposant a
ce titre, un autre apprentissage, différent de celui dont l’observateur et ses dispositions sont le
produit, donc une toute autre manière d’être et de vivre les expériences auxquelles il entend
participer.
Afin, de résoudre cet imbroglio Pierre Bourdieu (Bourdieu. P : 2001), propose une
nouvelle politique et stratégie dans la démarche de l’observation, il s’agit de la notion
de l’objectivation participante (Bourdieu. P : 2003).Donc, qui est ce que c’est l’objectivation
participante pour Pierre Bourdieu :
« Par objectivation participante, j’entends l’objectivation du sujet de l’objectivation, du
sujet analysent, bref, du chercheur lui-même. Ce qui pourrait faire croire que je me réfère
a cette pratique…: celle qui consiste a s’observer observant, a observer l’observateur dans
sont travail d’observation ou de transcription de ses observations, dans et par un
retour sur l’expérience du terrain, sur le rapport aux informateurs et last but not least sur
le récit de toutes cela n’est jamais en définitive que discours, texte, ou pire prétexte a
texte. ». (Bourdieu. P : 2008. pp 323-324).
Bref, on n’a pas à choisir entre l’observation participante immersion nécessaire
fictive dans un milieu étranger, et l’objectivisme du « «regard éloigné » d’un observateur qui
reste aussi distant de lui-même que de son objet. L’objectivation participante se donne pour
objet d’explorer non « l’expérience vécue » du sujets connaissent, mais conditions sociales de
possibilité (donc les effets et les limites) de cette expérience et, plus précisément, de
l’acte d’objectivation. Elle vise à une objectivation du rapport subjectif à l’objet qui, loin
29 d’aboutir a un subjectivisme relativiste et plus ou moins antiscientifique, est une des
conditions de l’objectivité scientifique. (Bourdieu. P : 2001).
Conclusion
(Quelle Anthropologie pour quelle société.)
Il convient de rappeler ici en fin de compte que le but de la connaissance anthropologique est
avant tout l’élargissement de l’univers du discours sur l’humain. C’est par ce que l’horizon de
sa démarche est constitué de la comparaison que chaque fragment ethnographique doit
représenter une contribution pour penser les collectifs. Donc en un mot l’anthropologie de
cette III millénaire ne peut être que comparative, c’est-a-dire une opération de va et vient
entre le local et le global, du particulier et de l’universel; cette constat mettre la pratique
anthropologique dans une situation de face a face avec sont univers social, culturel, politique,
économique…etc. et dans un contexte mondial globalisé, et avec l’émergence d’une « culture
globale
»
selon
le
terme
utilisé
par
l’anthropologue
indo-américain
Arjun
Appadurai (Appadurai. A : 2001), dont les caractéristiques principales sont l’hybridité et le
métissage.
E n effet, pour faire face a cet imbroglio, les disciplines des sciences sociales
en générale et l’anthropologie en particulier
sont invitées et plus que jamais à suivre
une nouvelle politique de production de ses savoirs. Il est aujourd’hui convenu parmi
les anthropologues que leur discipline ne peut être que réflexive. A ce moment-là,
cette problématique vient sur des sphères outre-Atlantique essentiellement de l’Amérique du
nord, du courent dit « postmoderne ». Cette nouvelle inspiration en anthropologie s’est traduit
dans l’anthropologie nord-américaine par le courent « interprétatif » ou « textualiste » dont
l’uns de ses leaders Clifford et Marcus (Clifford. J et Marcus. G.E: 1986).
C’est dans ces considérations épistémologiques de la situation actuelle de la
discipline abordées ci-dessus, qui doit affronter cette III millénaire avec touts ses problèmes
et ses défis : surpopulation de la planète (défi majeur pour l’ensemble de la population actuel
et avenir selon Claude Lévi-Strauss), l’instabilité politique (notamment dans la moitié sud de
la planète, l’exemple des révoltes arabes et ses conséquences sur la stabilité sociétales
dans toutes la région), crise financière, guerres civiles, réfugies, famine…etc.
Historiquement,
le
projet
ethno-anthropologique
est
né
en
coïncidence
avec
l’émergence d’une nette domination de la civilisation européenne et occidentale, et avec tout
ce qu’il porte comme valeurs et idéaux (politique: démocratie et droit de l’Homme, le
triomphe de l’Etat de droit; le triomphe du capitalisme et naissance des marchés, MC World,
30 impôt et monnaie…etc.). Bien que tout ce processus à coïncidé avec la naissance d’un
nouveau ordre mondial caractérisé par l’expansion de l’ordre colonial direct.
Actuellement on assiste à un âge caractérisé par « la fin de l’histoire » selon le terme de
Francis Fukuyama (Fukuyama. F : 1989), autrement dit son achèvement par le
triomphe définitif des valeurs occidentales, et de la démocratie Anglo-Saxonnes, le marché
sous le commandement des Etats unis d’Amérique, une révolution numérique occidentale
caractérisé par la notion du « village global », par la création des chaines satellitaires
mondiales accessible à toute l’humanité, internet et réseaux sociaux (Facebook,Twitter )
…etc.
Last but not least, une question légitime d’être posée : est-ce-que l’anthropologie
de cette III millénaire est capable de relever ce défi ? Seul l’Histoire est en mesure de nous
fournir des réponses ..!
31 Bibliographie (*)
1. Affergan. F (1997) : La pluralité des mondes, vers une autre anthropologie.
Paris, Puf.
2. Affergan. F (1987): Exotisme et altérité. Pari, Puf.
3. Althabe.
G
et
Selim.
M
(1998):
démarches ethnologiques
au
présent.
Paris, l’harmattan.
4. Appadurai. A (2001): Après le colonialisme. Les conséquences culturelles de
la globalisation. Paris, Payot (1° édition en anglais 1996).
5. Augé.
M
(1979):
symbole,
fonction,
histoire.
Les
interrogations
de
l’anthropologie. Paris, Hachette.
6. Augé. M (1992) : Non- lieu, introduction à
une anthropologie de la sur
modernité. Paris, Seuil.
7. Balandier. G (1985) : Le détour, pouvoir et modernité. Paris, Fayard.
8. Berque. J (1956) : Les structures sociales du haut atlas. Paris, Puf.
9. Bourdieu. P (2001) : science de la science et réflexivité. Paris, Raison d’agir.
10. Bourdieu. P (2008) : Esquisse Algérienne, Paris, Seuil.
11. Bourdieu. P (2004) : esquisse pour une auto-analyse. Paris, Raison d’agir.
12. Bourdieu. P (2004): «L’objectivation participante». Acte de la recherche en
sciences sociales. Pp 43-58, N° 150, décembre 2003.
13. Dumont.
L
(1983):
Essai
sur
l’individualisme,
une
perspective
anthropologique sur idéologie moderne. Paris, Seuil.
14. Durkheim. E (1983) : De la division du travail social. (1° édition 1893), Paris,
Alcan.
15. Fukuyama. F (1992) : La fin de l’histoire. Paris, Puf. (Titre original en anglais
: The end of the History. The national insert, 1989.)
16. Garfinkel.
H
(1967):
Studies
in
ethnométhodologie.
NG,
prentice
hall,
engelewood cliffs, 1967.
17. Geertz. C (1996): Savoir local, savoir global: les lieux du savoir. Paris, Puf.
(1°édition en anglais - Local Knowledge: Further Essays in Interpretative
Anthropology. Basic books, Inc New York, 1983).
18. Kilani. M (2009): Anhropologie: du local au global. Paris, Armand colin.
19. Lévi-Strauss. C: (1973): Tristes tropiques. (1ère édition 1955).Paris, Plon.
20. Malinowski. B (1985) : Journal d’ethnographe. Paris, Seuil. (1° édition 1967).
32 21. Mauss. M (1950) : Sociologie et Anthropologie. Paris, Puf.
22. Tönnies. F (1977): communauté et société. Paris, Retz-CEOL. (1° édition
1887).
23. Clifford. J & Marcus. G.E -: (1986): Writing culture. The poetics and politics
of ethnography.Berkeley, los angles, university of California press.
Les mots clés :
Les sciences sociales – la sociologie – anthropologie – ethnologie – épistémologie
– méthodologie – histoire des sciences sociales – cultures – sociétés humaines changement social - globalisation.
Un résumé :
L’objectif de ce travail est de faire une esquisse sur l’état des lieux des sciences sociales
en générale et la sociologie et l’anthropologie en particulier. Qui ce c’est la sociologie ? Qui
ce c’est l’anthropologie ou l’ethnologie ? Quelles sont les démarches épistémologiques,
méthodologiques et théoriques de chaque discipline de ces derniers ? Bref il s’agit d’une
tentative académique et scientifique de dresser un tableau sur le passé, le présent et l’avenir
du champs des sciences sociales.
33 
Téléchargement